« Elfriede Jelinek » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Bibo le magicien (discuter | contributions)
PHIL34 (discuter | contributions)
 
(47 versions intermédiaires par 35 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Voir homonymes|Jelinek}}
{{Voir homonymes|Jelinek}}
{{Infobox Écrivain
{{Infobox Biographie2
| charte = écrivain
| nom = Elfriede Jelinek
| nom = Elfriede Jelinek
| image = Elfriede jelinek 2004 small.jpg
| image = Elfriede jelinek 2004 small cropped.jpg
| légende = Elfriede Jelinek en 2004.
| légende = Elfriede Jelinek en 2004.
| nom de naissance =
| nom de naissance =
| surnom =
| surnom =
| activités = romancière, dramaturge
| activités =
| date de naissance = {{date de naissance|20|octobre|1946|en littérature|âge=oui}}
| date de naissance = {{date de naissance|20 octobre 1946|en littérature|âge=oui}}
| lieu de naissance = [[Mürzzuschlag]] ([[Styrie (Land)|Styrie]], {{Autriche}})
| lieu de naissance = [[Mürzzuschlag]] ([[Styrie (Land)|Styrie]], [[Occupation de l'Autriche après la Seconde Guerre mondiale|Autriche occupée]])
| date de décès =
| date de décès =
| lieu de décès =
| lieu de décès =
Ligne 18 : Ligne 19 :
| œuvres principales =
| œuvres principales =
| complément =
| complément =
| signature = Elfriede Jelinek Autograph.jpg
| signature = Elfriede Jelinek signature.svg
}}
}}


'''Elfriede Jelinek''', née à [[Mürzzuschlag]] le {{date|20|octobre|1946|en littérature}}, est une [[femme de lettres]] [[Autriche|autrichienne]]. Elle est lauréate du [[prix Nobel de littérature]] en [[2004 en littérature|2004]].
'''Elfriede Jelinek''', née le {{date de naissance|20 octobre 1946|en littérature}} à [[Mürzzuschlag]], est une [[femme de lettres]] [[Autriche|autrichienne]]. Elle fut lauréate du [[prix Nobel de littérature]] en [[2004 en littérature|2004]].


Son œuvre en prose (romans et pièces de théâtre) utilise la [[violence]], le [[sarcasme]] et l'[[incantation]] afin d'analyser et de détruire les [[stéréotype]]s sociaux, l'[[exploitation sociale]] et les archétypes du [[sexisme]]<ref>« [http://www.universalis.fr/encyclopedie/elfriede-jelinek/2-la-deconstruction-des-mythes/ Elfriede Jelinek, la déconstruction des mythes] » par Nicole Bary sur le site de l'[[encyclopædia Universalis]], consulté le 11 novembre 2013.</ref>. Elle met également en accusation l'[[Autriche]] qu'elle juge arriérée et imprégnée de son passé nazi<ref>[http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Jelinek/103399 Elfriede Jelinek] sur l'[[encyclopédie Larousse]], consulté le 11 novembre 2013.</ref>.
Son œuvre en prose (romans et pièces de théâtre) utilise la [[violence]], le [[sarcasme]] et l'[[incantation]] afin d'analyser et de détruire les [[stéréotype]]s sociaux, l'[[exploitation sociale]] et les archétypes du [[sexisme]]<ref>« [http://www.universalis.fr/encyclopedie/elfriede-jelinek/2-la-deconstruction-des-mythes/ Elfriede Jelinek, la déconstruction des mythes] » par Nicole Bary sur le site de l'[[encyclopædia Universalis]], consulté le 11 novembre 2013.</ref>. Elle met également en accusation l'[[Autriche]], qu'elle juge arriérée et imprégnée de son [[Autriche sous le nazisme|passé nazi]]<ref>[http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Jelinek/103399 Elfriede Jelinek] sur l'[[encyclopédie Larousse]], consulté le 11 novembre 2013.</ref>.


Elle entretient vis-à-vis de son pays une haine virulente et réciproque. Elle fut membre du [[Parti communiste d'Autriche|Parti communiste autrichien]] de [[1974]] à [[1991]]. Elle échange des imprécations avec l’[[extrême droite]] (qui fait rimer son nom d’origine tchèque avec ''{{lang|de|Dreck}}'' : « saleté ») et les femmes au pouvoir. Elle s’est toujours violemment positionnée contre les idées et la personnalité de l’ancien leader du [[FPÖ]] [[Jörg Haider]].
Elle fut membre du [[Parti communiste d'Autriche]] de [[1974]] à [[1991]]. Elle est en forte opposition avec l’[[extrême droite]] (qui fait rimer son nom d’origine tchèque avec ''{{lang|de|Dreck}}'' : « saleté ») et les femmes au pouvoir. Elle s’est toujours violemment positionnée contre les idées et la personnalité de l’ancien leader du [[FPÖ]] [[Jörg Haider]].


== Biographie ==
== Biographie ==
Elfriede Jelinek est l'enfant unique de Friedrich Jelinek et Olga Ilona, née Buchner<ref>{{lien web|url=http://www.notablebiographies.com/newsmakers2/2005-Fo-La/Jelinek-Elfriede.html |titre=Elfriede Jelinek: Biography |périodique=notablebiographies.com |date= 23 mars 2005}}</ref>. Son père, [[chimiste]] [[Juifs|juif]] d’origine [[Tchéquie|tchèque]], est employé dans la recherche de matériel de guerre. Ce poste lui permet d'échapper aux persécutions nazies<ref name="Liger2012">{{article|prénom1=Baptiste|nom1=Liger|url=http://www.lexpress.fr/culture/livre/elfriede-jelinek-je-le-revendique-oui-je-suis-un-auteur-comique_1108742.html|titre=Elfriede Jelinek: "Je le revendique : oui, je suis un auteur comique"|périodique=L'Express|jour=07|mois=mai|année=2012}}</ref>. Il est dominé par son épouse d’origine germano-roumaine issue de la bourgeoisie catholique, que la jeune Elfriede décrit comme « despotique et paranoïaque »<ref name="Bary1991">Interview d'Elfriede Jelinek par Nicole Bary pour l'émission « [http://www.worldcat.org/title/ecrire-et-vivre-a-vienne/oclc/691498111 Vivre et écrire à Vienne] », (1991), réalisée par Christian Delage et intégrée aux bonus DVD de ''[[La Pianiste]]'' de [[Michael Haneke]], disque 2, MK2 éditions (EDV 1264), Paris, 2002.</ref>. Elle dit ne s’être jamais libérée du poids de ses « géniteurs », tous deux détestés pour l'avoir privée d'enfance<ref name="Bary1991"/>{{,}}<ref name="Rüf2007">{{article|prénom1=Isabelle|nom1=Rüf|url=http://www.letemps.ch/Facet/print/Uuid/0740bc88-abed-11dd-bf59-ad3d6140ad87/Limpr%C3%A9catrice_dAutriche|titre=L'imprécatrice d'Autriche|périodique=Le Temps|jour=06|mois=janvier|année=2007}}</ref>. Elle ne pardonne pas à son père, mort dans un hôpital psychiatrique, de s'être effacé face à une femme castratrice et d'avoir abandonné sa fille, contrainte de se ranger du côté maternel « sous le poids d’un [[Charles Darwin|darwinisme]] écrasant »<ref name="Bary1991"/>. Sa mère l’empêche dès ses quatre ans de sortir du foyer et la force à apprendre le [[français]], l’[[anglais]], le [[piano]], l’[[orgue]], le [[violon]], la [[flûte à bec]] et l’[[Alto (instrument à cordes)|alto]]<ref name="Bary1991"/>. L'auteur affirme que ce dressage l'a anéantie sur le plan intime mais a nourri sa vocation<ref name="Bary1991"/>. La seule concession qu'obtient son père, engagé à gauche, est de faire défiler sa fille pour le rassemblement viennois du [[1er mai]]<ref name="Rüf2007"/>{{,}}<ref name="Bary1991"/>. Jelinek explique que le seul point de convergence entre ses parents était le goût de la culture, la rhétorique et l'éloquence<ref name="Liger2012"/>.
Elfriede Jelinek est l'enfant unique de Friedrich Jelinek et d'Olga Ilona, née Buchner<ref>{{lien web|url=http://www.notablebiographies.com/newsmakers2/2005-Fo-La/Jelinek-Elfriede.html |titre=Elfriede Jelinek: Biography |périodique=notablebiographies.com |date= 23 mars 2005}}</ref>. Son père, [[chimiste]] [[Juifs|juif]] d’origine [[Tchéquie|tchèque]], est employé dans la recherche de matériel de guerre. Ce poste lui permet d'échapper aux persécutions nazies<ref name="Liger2012">{{article|prénom1=Baptiste|nom1=Liger|url=http://www.lexpress.fr/culture/livre/elfriede-jelinek-je-le-revendique-oui-je-suis-un-auteur-comique_1108742.html|titre=Elfriede Jelinek: "Je le revendique : oui, je suis un auteur comique"|périodique=L'Express|jour=07|mois=mai|année=2012}}</ref>. Le père est dominé par son épouse d’origine germano-roumaine issue de la bourgeoisie catholique, mère que la jeune Elfriede décrit comme « despotique et paranoïaque »<ref name="Bary1991">Interview d'Elfriede Jelinek par Nicole Bary pour l'émission « [http://www.worldcat.org/title/ecrire-et-vivre-a-vienne/oclc/691498111 Vivre et écrire à Vienne] », (1991), réalisée par Christian Delage et intégrée aux bonus DVD de ''[[La Pianiste]]'' de [[Michael Haneke]], disque 2, MK2 éditions (EDV 1264), Paris, 2002.</ref>. Elle dit ne s’être jamais libérée du poids de ses « géniteurs », tous deux détestés pour l'avoir privée d'enfance<ref name="Bary1991"/>{{,}}<ref name="Rüf2007">{{article|prénom1=Isabelle|nom1=Rüf|url=http://www.letemps.ch/Facet/print/Uuid/0740bc88-abed-11dd-bf59-ad3d6140ad87/Limpr%C3%A9catrice_dAutriche|titre=L'imprécatrice d'Autriche|périodique=Le Temps|jour=06|mois=janvier|année=2007}}</ref>. Elle ne pardonne pas à son père, mort dans un hôpital psychiatrique, de s'être effacé face à une femme castratrice et d'avoir abandonné sa fille, contrainte de se ranger du côté maternel « sous le poids d’un [[Charles Darwin|darwinisme]] écrasant »<ref name="Bary1991"/>. Sa mère l’empêche dès ses quatre ans de sortir du foyer et la force à apprendre le [[français]], l’[[anglais]], le [[piano]], l’[[orgue]], le [[violon]], les [[flûte à bec|flûtes à bec]] et [[Alto (instrument à cordes)|alto]]<ref name="Bary1991"/>. L'auteure affirme que ce dressage l'a anéantie sur le plan intime mais a nourri sa vocation<ref name="Bary1991"/>. La seule concession qu'obtient son père, engagé à gauche, est de faire défiler sa fille pour le rassemblement viennois du [[1er mai]]<ref name="Rüf2007"/>{{,}}<ref name="Bary1991"/>. Jelinek explique que le seul point de convergence entre ses parents était le goût de la culture, la rhétorique et l'éloquence<ref name="Liger2012"/>.


À 18 ans, une crise d'[[agoraphobie]] aiguë oblige la jeune Elfriede à rester cloîtrée plus d'un an dans l'appartement familial<ref name="Rüf2007"/>. Elle profite de cette période pour se plonger dans la lecture de classiques philosophiques et littéraires et la [[poésie américaine]]<ref name="Rüf2007"/>. Elle lit également avec avidité des romans d'horreur et des récits sensationnels (faits divers, histoires criminelles ou sordides) qui alimentent, plus tard, ses créations<ref name="Rüf2007"/>. Elle regarde également les séries télévisées autrichiennes grand public de « manière presque scientifique »<ref name="Rüf2007"/>.
À 18 ans, une crise d'[[agoraphobie]] aiguë oblige la jeune Elfriede à rester cloîtrée plus d'un an dans l'appartement familial<ref name="Rüf2007"/>. Elle profite de cette période pour se plonger dans la lecture de classiques philosophiques et littéraires et la [[poésie américaine]]<ref name="Rüf2007"/>. Elle lit également avec avidité des romans d'horreur et des récits sensationnels (faits divers, histoires criminelles ou sordides) qui alimenteront, plus tard, ses créations<ref name="Rüf2007"/>. Elle regarde également les séries télévisées autrichiennes grand public de « manière presque scientifique »<ref name="Rüf2007"/>.


Après des études musicales au conservatoire, Jelinek décide de prendre des cours de [[théâtre]] et d'[[histoire de l’art]] à l’[[université de Vienne]], sans abandonner la musique<ref name="Liger2012"/>. Très tôt, la jeune femme nourrit une grande passion pour l’écriture<ref name="Rüf2007"/>. Au contact des mouvements étudiants, elle franchit le cap et tente de publier ses premiers textes<ref>{{en}} [http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/2004/jelinek-interview_mail.html Interview d'Elfriede Jelinek], Site officiel de la Fondation Nobel, novembre 2004.</ref>. Sa carrière, lancée dans les [[années 1970]], est émaillée d'incidents<ref name="Sisyphe2004">Sisyphe.org, dépêche AFP : « [http://sisyphe.org/spip.php?breve221 Le prix Nobel de littérature à l’Autrichienne Elfriede Jelinek] », 06 octobre 2004.</ref>. Chaque nouvel ouvrage, qu'elle situe dans une [[contre-culture]] et auquel elle donne une couleur de [[pamphlet]] et de critique sociale radicale, provoque chahuts et polémiques en Autriche<ref name="Sisyphe2004"/>. En [[1974]], elle s'inscrit au [[KPÖ]], le [[parti communiste autrichien]], en réaction à sa mère, très à droite, qui dit haïr la « racaille gauchiste »<ref name="Rüf2007"/>.
Après des études musicales au conservatoire, Jelinek décide de prendre des cours de [[théâtre]] et d'[[histoire de l’art]] à l’[[université de Vienne]], sans abandonner la musique<ref name="Liger2012"/>. Très tôt, la jeune femme nourrit une grande passion pour l’écriture<ref name="Rüf2007"/>. Au contact des mouvements étudiants, elle franchit le cap et tente de publier ses premiers textes<ref>{{en}} [http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/2004/jelinek-interview_mail.html Interview d'Elfriede Jelinek], Site officiel de la Fondation Nobel, novembre 2004.</ref>. Sa carrière, lancée dans les [[années 1970]], est émaillée d'incidents<ref name="Sisyphe2004">Sisyphe.org, dépêche AFP : « [http://sisyphe.org/spip.php?breve221 Le prix Nobel de littérature à l’Autrichienne Elfriede Jelinek] », 06 octobre 2004.</ref>. Chaque nouvel ouvrage, qu'elle situe dans une [[contre-culture]] et auquel elle donne une couleur de [[pamphlet]] et de critique sociale radicale, provoque chahuts et polémiques en Autriche<ref name="Sisyphe2004"/>. En [[1974]], elle s'inscrit au [[KPÖ]], le [[Parti communiste d'Autriche]], en réaction à sa mère, très à droite, qui dit haïr la « racaille gauchiste »<ref name="Rüf2007"/>.


Jelinek accède à la notoriété dès ses deux premiers romans, ''{{lang|de|Wir sind lockvögel baby !}}'' et ''{{lang|de|Michael. Ein Jugendbuch für die Infantilgesellschaft}}'', reconnus comme les premières œuvres « pop » de la [[littérature de langue allemande]]<ref>« [http://www.universalis.fr/encyclopedie/elfriede-jelinek/1-une-ecriture-de-rupture/ Elfriede Jelinek, une écriture en rupture] » par Nicole Bary sur le site de l'[[encyclopædia Universalis]], consulté le 11 novembre 2013.</ref>.
Jelinek accède à la notoriété dès ses deux premiers romans, ''{{lang|de|Wir sind lockvögel baby !}}'' et ''{{lang|de|Michael. Ein Jugendbuch für die Infantilgesellschaft}}'', reconnus comme les premières œuvres « pop » de la [[littérature de langue allemande]]<ref>« [http://www.universalis.fr/encyclopedie/elfriede-jelinek/1-une-ecriture-de-rupture/ Elfriede Jelinek, une écriture en rupture] » par Nicole Bary sur le site de l'[[encyclopædia Universalis]], consulté le 11 novembre 2013.</ref>.


Ses relations avec son pays, qu'elle accuse de baigner dans un arrière-plan idéologique, politique et culturel délétère ([[racisme]], [[xénophobie]], [[antisémitisme|néo-antisémitisme]]...), sont exécrables<ref name="Rüf2007"/>. Les passes d'armes et les insultes qu'elle échange avec la presse [[conservatisme|conservatrice]], la droite et l'extrême droite autrichiennes, notamment avec le [[FPÖ]] et son ancien leader [[Jörg Haider]], sont relayées à l'international<ref name="Devarrieux2004">{{article|prénom1=Claire|nom1=Devarrieux|url=http://www.liberation.fr/evenement/2004/10/08/jelinek-la-subversion-primee-a-stockholm_495216|titre=Jelinek, la subversion primée à Stockholm|périodique=Libération|jour=08|mois=octobre|année=2004}}</ref>.
Ses relations avec son pays, qu'elle accuse de baigner dans un arrière-plan idéologique, politique et culturel délétère ([[racisme]], [[xénophobie]], [[antisémitisme|néo-antisémitisme]]...), sont exécrables<ref name="Rüf2007"/>. Les passes d'armes et les insultes qu'elle échange avec la presse [[conservatisme|conservatrice]], la droite et l'extrême droite autrichiennes, notamment avec le [[FPÖ]] et son ancien leader [[Jörg Haider]], sont relayées à l'international<ref name="Devarrieux2004">{{article|prénom1=Claire|nom1=Devarrieux|url=http://www.liberation.fr/evenement/2004/10/08/jelinek-la-subversion-primee-a-stockholm_495216|titre=Jelinek, la subversion primée à Stockholm|périodique=Libération|jour=08|mois=octobre|année=2004}}</ref>.
Ligne 42 : Ligne 43 :
Elle a traduit en [[allemand]], pour subvenir à ses besoins, plusieurs pièces du répertoire traditionnel dont certains vaudevilles d’[[Eugène Labiche]] et [[Georges Feydeau]] ou encore des tragédies de [[William Shakespeare]] et [[Christopher Marlowe]]<ref name="AS"/>. Elle a également traduit des romans de [[Thomas Pynchon]]<ref name="AS"/>.
Elle a traduit en [[allemand]], pour subvenir à ses besoins, plusieurs pièces du répertoire traditionnel dont certains vaudevilles d’[[Eugène Labiche]] et [[Georges Feydeau]] ou encore des tragédies de [[William Shakespeare]] et [[Christopher Marlowe]]<ref name="AS"/>. Elle a également traduit des romans de [[Thomas Pynchon]]<ref name="AS"/>.


Dans sa jeunesse, l’auteur a séjourné à [[Rome]] et [[Berlin]]<ref name="AS"/>. Elle s'est aussi régulièrement rendue à [[Paris]] mais son agoraphobie chronique l’a poussée à rester dans la capitale autrichienne<ref name="Liger2012"/>. En [[1974]], à 27 ans, elle a épousé Gottfried Hüngsberg<ref name="nobel">[http://nobelprize.org/mediaplayer/index.php?id=591&view=1 "Portrait of the 2004 Nobel Laureate in Literature"], nobelprize.org; retrieved 13 July 2010.</ref>. Avant son divorce, elle a un temps partagé sa vie entre [[Vienne (Autriche)|Vienne]] et [[Munich]], la ville de résidence de son mari<ref name="nobel"/>.
Dans sa jeunesse, l’auteure a séjourné à [[Rome]] et [[Berlin]]<ref name="AS"/>. Elle s'est aussi régulièrement rendue à [[Paris]] mais son agoraphobie chronique l’a poussée à rester dans la capitale autrichienne<ref name="Liger2012"/>. En [[1974]], à 27 ans, elle a épousé Gottfried Hüngsberg<ref name="nobel">[http://nobelprize.org/mediaplayer/index.php?id=591&view=1 "Portrait of the 2004 Nobel Laureate in Literature"], nobelprize.org; retrieved 13 July 2010.</ref>. Avant son divorce, elle a un temps partagé sa vie entre [[Vienne (Autriche)|Vienne]] et [[Munich]], la ville de résidence de son mari<ref name="nobel"/>.


À la fin des années 1980, elle s'engage, avec d'autres intellectuels, pour la libération<ref>{{Article|langue=de|titre=Jack Unterweger: Der Party-Killer {{!}} PROFIL.at|périodique=profil.at|date=2015-08-29|lire en ligne=https://www.profil.at/gesellschaft/jack-unterweger-party-killer-5834700|consulté le=2017-02-16}}</ref> de [[Jack Unterweger]], condamné à la prison à perpétuité pour le meurtre de Margaret Schäfer. En 1990, l'homme est libéré et devient le symbole de la réhabilitation. Cependant, quatre mois plus tard il recommencera à tuer des prostituées et deviendra un des plus importants tueur en série d'Europe, condamné pour douze meurtres.
À la fin des années 1980, elle s'engage, avec d'autres intellectuels, pour la libération<ref>{{Article|langue=de|titre=Jack Unterweger: Der Party-Killer {{!}} PROFIL.at|périodique=profil.at|date=2015-08-29|lire en ligne=https://www.profil.at/gesellschaft/jack-unterweger-party-killer-5834700|consulté le=2017-02-16}}</ref> de [[Jack Unterweger]], condamné à la prison à perpétuité pour le meurtre de Margaret Schäfer. En 1990, l'homme est libéré et devient le symbole de la réhabilitation. Cependant, quatre mois plus tard, il recommencera à tuer des prostituées et deviendra un des plus importants tueurs en séries d'Europe, condamné pour douze meurtres.


En [[1991]], Jelinek quitte le KPÖ dont elle était devenue une figure connue<ref name="JCLebrun2004">{{article|prénom1=Jean-Claude|nom1=Lebrun|url=https://www.humanite.fr/node/337390|titre=Je ne suis pas une fleur à la boutonnière de l'Autriche|périodique=L'Humanité|jour=08|mois=octobre|année=2004}}</ref>. En [[1999]], elle s'oppose aux bombardements, par l'[[OTAN]], de la [[Serbie]]<ref>{{article|prénom1=Thierry|nom1=Clermont|url=http://www.lefigaro.fr/livres/2011/04/28/03005-20110428ARTFIG00626-peter-handke-l-insaisissable.php|titre=Peter Handke, l'insaisissable|périodique=Le Figaro|jour=28|mois=avril|année=2011}}</ref>. En [[2006]], elle fait partie des artistes et intellectuels qui soutiennent [[Peter Handke]] face à la censure dont il fait l'objet de la part de la [[Comédie-Française]] après s'être rendu aux obsèques de [[Slobodan Milosevic]]<ref>{{article|prénom1=René|nom1=Solis|url=http://www.liberation.fr/culture/2006/05/03/jelinek-soutient-peter-handke_38042|titre=Jelinek soutient Peter Handke|périodique=Libération|jour=03|mois=mai|année=2006}}</ref>.
En [[1991]], Jelinek quitte le KPÖ dont elle était devenue une figure connue<ref name="JCLebrun2004">{{article|prénom1=Jean-Claude|nom1=Lebrun|url=https://www.humanite.fr/node/337390|titre=Je ne suis pas une fleur à la boutonnière de l'Autriche|périodique=L'Humanité|jour=08|mois=octobre|année=2004}}</ref>. En [[1999]], elle s'oppose aux bombardements, par l'[[OTAN]], de la [[Serbie]]<ref>{{article|prénom1=Thierry|nom1=Clermont|url=http://www.lefigaro.fr/livres/2011/04/28/03005-20110428ARTFIG00626-peter-handke-l-insaisissable.php|titre=Peter Handke, l'insaisissable|périodique=Le Figaro|jour=28|mois=avril|année=2011}}</ref>. En [[2006]], elle fait partie des artistes et intellectuels qui soutiennent [[Peter Handke]] face à la censure dont il fait l'objet de la part de la [[Comédie-Française]] après s'être rendu aux obsèques de [[Slobodan Milošević]]<ref>{{article|prénom1=René|nom1=Solis|url=http://www.liberation.fr/culture/2006/05/03/jelinek-soutient-peter-handke_38042|titre=Jelinek soutient Peter Handke|périodique=Libération|jour=03|mois=mai|année=2006}}</ref>.


Elle fait l’objet d’une biographie rédigée par deux jeunes femmes (Mathilde Sobottke et Magali Jourdan) et publiée aux éditions Danger Public, intitulée ''Qui a peur d’Elfriede Jelinek ?'' En [[2005]], son ancienne traductrice et amie, Yasmin Hoffmann, lui avait déjà consacré un ouvrage : ''Elfriede Jelinek, une biographie'', aux éditions Jacqueline Chambon.
Elle fait l’objet d’une biographie rédigée par deux jeunes femmes (Mathilde Sobottke et Magali Jourdan), publiée aux éditions ''Danger Public'' et intitulée ''Qui a peur d’Elfriede Jelinek ?'' En [[2005]], son ancienne traductrice et amie, Yasmin Hoffmann, lui avait déjà consacré un ouvrage : ''Elfriede Jelinek, une biographie'', aux éditions Jacqueline Chambon.


Son roman le plus vendu, ''[[La Pianiste (roman)|La Pianiste]]'', a été adapté au cinéma en [[2001 au cinéma|2001]] par [[Michael Haneke]] avec [[Isabelle Huppert]], [[Annie Girardot]] et [[Benoît Magimel]] dans les rôles principaux. Le film a reçu trois prix lors du [[Festival de Cannes 2001|{{54e}} Festival de Cannes]].
Son roman le plus vendu, ''[[La Pianiste (roman)|La Pianiste]]'', a été [[La Pianiste|adapté au cinéma]] en [[2001 au cinéma|2001]] par [[Michael Haneke]] avec [[Isabelle Huppert]], [[Annie Girardot]] et [[Benoît Magimel]] dans les rôles principaux. Le film a reçu trois prix lors du [[Festival de Cannes 2001|{{54e}} Festival de Cannes]].


Jelinek a participé à l’adaptation de quelques-unes de ses œuvres. En [[1991 au cinéma|1991]], elle avait également cosigné le scénario de ''[[Malina (film, 1991)|Malina]]'', réalisé par [[Werner Schroeter]] et inspiré d'un récit autobiographique d’[[Ingeborg Bachmann]]. Le film était déjà interprété par [[Isabelle Huppert]] qui fut récompensée du [[Prix du film allemand|Lola de la meilleure actrice]] en Allemagne pour ce rôle.
Jelinek participe à l’adaptation de quelques-unes de ses œuvres. En [[1991 au cinéma|1991]], elle cosigne également le scénario de ''[[Malina (film, 1991)|Malina]]'', réalisé par [[Werner Schroeter]] et inspiré d'un récit autobiographique d’[[Ingeborg Bachmann]], avec déjà [[Isabelle Huppert]] qui obtient le prix du [[Prix du film allemand|Lola de la meilleure actrice]] en Allemagne pour ce rôle.


L'auteur compte parmi les premiers à avoir créé un site Internet en [[1996]]<ref name="Lecerf2012"/>. À la fin des [[années 2000]], elle met en ligne ses textes sur son site personnel, en téléchargement gratuit et déclare que ses ouvrages ne seront plus disponibles sous forme de livre imprimé<ref name="Lecerf2012"/>. En [[2013]], elle fait partie des signataires, en compagnie de plusieurs écrivains dont quatre autres lauréats du prix Nobel ([[Günter Grass]], [[J.M. Coetzee]], [[Orhan Pamuk]] et [[Tomas Tranströmer]]), d'un manifeste contre la société de surveillance et l'espionnage des citoyens orchestré par les États<ref>{{article|prénom1=|nom1=|url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2013/12/10/refusons-la-societe-de-surveillance_3528451_3232.html|titre=Refusons la société de surveillance !|périodique=Le Monde|jour=10|mois=décembre|année=2013}}</ref>. En [[2014]], elle signe, parmi {{nombre|1500|auteurs}} de langue allemande, une lettre ouverte au géant américain [[Amazon]] pour dénoncer ses pratiques de distribution et réclamer un marché du livre plus équitable<ref>{{article|prénom1=Sabrina|nom1=Haessler|url=https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/2014/08/20/les-ecrivains-refusent-d-etre-pris-en-otages-par-amazon|titre=Allemagne : les écrivains refusent d'être "pris en otages" par Amazon|périodique=Courrier international|jour=24|mois=août|année=2014}}</ref>. Elle est par ailleurs un soutien de poids de la campagne « {{Lien|langue=de|trad=Stop the Bomb|fr=Stop the Bomb}} » pour un [[Iran]] démocratique et sans bombe atomique<ref>[http://at.stopthebomb.net/en/press/press/article/elfriede-jelinek-und-gruene-bundesraete-protestieren-gegen-veranstaltung-des-iranischen-regimes-in-w.html No support for the Iranian regime!]</ref>.
L'auteure compte parmi les premiers à avoir créé un site Internet en [[1996]]<ref name="Lecerf2012"/>. À la fin des [[années 2000]], elle met en ligne ses textes sur son site personnel, en téléchargement gratuit, et déclare que ses ouvrages ne seront plus disponibles sous forme de livre imprimé<ref name="Lecerf2012"/>. En [[2013]], elle fait partie des signataires, en compagnie de plusieurs écrivains dont quatre autres lauréats du prix Nobel ([[Günter Grass]], [[J.M. Coetzee]], [[Orhan Pamuk]] et [[Tomas Tranströmer]]), d'un manifeste contre la société de surveillance et l'espionnage des citoyens orchestré par les États<ref>{{article|url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2013/12/10/refusons-la-societe-de-surveillance_3528451_3232.html|titre=Refusons la société de surveillance !|périodique=Le Monde|jour=10|mois=décembre|année=2013}}</ref>. En [[2014]], elle signe, parmi {{nombre|1500|auteurs}} de langue allemande, une lettre ouverte au géant américain [[Amazon]] pour dénoncer ses pratiques de distribution et réclamer un marché du livre plus équitable<ref>{{article|prénom1=Sabrina|nom1=Haessler|url=https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/2014/08/20/les-ecrivains-refusent-d-etre-pris-en-otages-par-amazon|titre=Allemagne : les écrivains refusent d'être "pris en otages" par Amazon|périodique=Courrier international|jour=24|mois=août|année=2014}}</ref>. Elle est par ailleurs un soutien de poids de la campagne « {{Lien|langue=de|trad=Stop the Bomb|fr=Stop the Bomb}} » pour un [[Iran]] démocratique et sans bombe atomique<ref>[http://at.stopthebomb.net/en/press/press/article/elfriede-jelinek-und-gruene-bundesraete-protestieren-gegen-veranstaltung-des-iranischen-regimes-in-w.html No support for the Iranian regime!]</ref>.


=== Prix Nobel ===
=== Prix Nobel ===
Jelinek a obtenu plusieurs récompenses de premier ordre dont le [[prix Heinrich Böll]] [[1986]], le [[Georg-Büchner-Preis|prix Georg-Büchner]] [[1998]] et le [[Heinrich-Heine-Preis|prix Heinrich Heine]] [[2002]] pour sa contribution aux [[littérature de langue allemande|lettres germanophones]]<ref name="AS"/>. Puis elle se voit attribuer, en [[2004]], le [[prix Nobel de littérature]] pour {{citation|le flot de voix et de contre-voix dans ses romans et ses drames qui dévoilent avec une exceptionnelle passion langagière l’absurdité et le pouvoir autoritaire des clichés sociaux}}, selon l'explication de l'[[Académie suédoise]]<ref name="JCLebrun2004"/>. Bien qu'[[Elias Canetti]] fût distingué comme auteur autrichien en [[1981 en littérature|1981]], Jelinek devient cependant le premier écrivain de nationalité autrichienne à être honoré par le comité de [[Stockholm]]<ref name="Fillitz2004">{{article|prénom1=Christian|nom1=Fillitz|url=http://www.liberation.fr/evenement/2004/10/08/l-autriche-partagee-entre-joie-et-reprobation_495214|titre=L'Autriche partagée entre joie et réprobation|périodique=Libération|jour=08|mois=octobre|année=2004}}</ref>.
Jelinek a obtenu plusieurs récompenses de premier ordre dont le [[prix Heinrich Böll]] [[1986]], le [[Georg-Büchner-Preis|prix Georg-Büchner]] [[1998]] et le [[Heinrich-Heine-Preis|prix Heinrich Heine]] [[2002]] pour sa contribution aux [[littérature de langue allemande|lettres germanophones]]<ref name="AS"/>. Puis elle se voit attribuer, en [[2004]], le [[prix Nobel de littérature]] pour {{citation|le flot de voix et de contre-voix dans ses romans et ses drames qui dévoilent avec une exceptionnelle passion langagière l’absurdité et le pouvoir autoritaire des clichés sociaux}}, selon l'explication de l'[[Académie suédoise]]<ref name="JCLebrun2004"/>. Bien qu'[[Elias Canetti]] fût distingué comme auteur autrichien en [[1981 en littérature|1981]], Jelinek devient cependant le premier écrivain de nationalité autrichienne à être honoré par le comité de [[Stockholm]]<ref name="Fillitz2004">{{article|prénom1=Christian|nom1=Fillitz|url=http://www.liberation.fr/evenement/2004/10/08/l-autriche-partagee-entre-joie-et-reprobation_495214|titre=L'Autriche partagée entre joie et réprobation|périodique=Libération|jour=08|mois=octobre|année=2004}}</ref>.


Elle se dit d'abord « confuse » et « effrayée » par le poids de la récompense et demande pourquoi son compatriote [[Peter Handke]] n'a pas été couronné à sa place<ref name="Rüf2007"/>{{,}}<ref>{{article|nom = Honegger|prénom = Gitta|titre = How to Get the Nobel Prize Without Really Trying|journal = Theater|volume = 36|numéro = 2|pages = 5–19|éditeur = Duke UP|lieu = Yale School of Drama|année = 2006|consulté le = 2 avril 2013}}</ref>{{,}}<ref>France Culture « [http://www.franceculture.fr/emission-peter-handke-et-elfriede-jelinek-2006-07-23.html Peter Handke et Elfriede Jelinek] », émission du 23 juillet 2007.</ref>.
Elle se dit d'abord « confuse » et « effrayée » par le poids de la récompense et demande pourquoi son compatriote [[Peter Handke]] n'a pas été couronné à sa place<ref name="Rüf2007"/>{{,}}<ref>{{article| langue=en | nom = Honegger|prénom = Gitta|titre = How to Get the Nobel Prize Without Really Trying| périodique = Theater |volume = 36|numéro = 2|pages = 5–19|éditeur = Duke UP|lieu = Yale School of Drama|année = 2006|consulté le = 2 avril 2013}}</ref>{{,}}<ref>France Culture « [http://www.franceculture.fr/emission-peter-handke-et-elfriede-jelinek-2006-07-23.html Peter Handke et Elfriede Jelinek] », émission du 23 juillet 2007.</ref>.


Elle accepte ensuite le prix comme une reconnaissance de son travail<ref name="Rüf2007"/>. Le {{Date|7|octobre|2004}}, elle déclare néanmoins que son état de santé ne lui permet pas de se rendre à [[Stockholm]] pour y chercher sa médaille et son diplôme le [[10 décembre]] : {{citation|Je n’irai certainement pas à [[Stockholm]]. La directrice de la maison d’édition Rowohlt Theater acceptera le prix pour moi. Bien sûr, en Autriche, on tentera d’exploiter l’honneur qui m’est fait, mais il faut rejeter cette forme de publicité. Malheureusement, je vais devoir écarter la foule d’importuns que mon prix va attirer. En ce moment, je suis incapable d’abandonner ma vie solitaire.}}<ref>''[[Courrier international]]'', octobre 2004.</ref>. Dans un autre entretien, elle dit une nouvelle fois qu’elle refuse que cette récompense soit {{citation|une fleur à la boutonnière de l’Autriche}}<ref name="JCLebrun2004"/>. Pour la cérémonie de remise de prix, elle adresse à l’[[Académie suédoise]] et la [[Fondation Nobel]] une vidéo de remerciements<ref name="Liger2012"/>. À l'annonce de la nouvelle, la République autrichienne se partage entre joie et réprobation<ref name="Fillitz2004"/>.
Elle accepte ensuite le prix comme une reconnaissance de son travail<ref name="Rüf2007"/>. Le {{Date|7|octobre|2004}}, elle déclare néanmoins que son état de santé ne lui permet pas de se rendre à [[Stockholm]] pour y chercher sa médaille et son diplôme le [[10 décembre]] : {{citation|Je n’irai certainement pas à [[Stockholm]]. La directrice de la maison d’édition Rowohlt Theater acceptera le prix pour moi. Bien sûr, en Autriche, on tentera d’exploiter l’honneur qui m’est fait mais il faut rejeter cette forme de publicité. Malheureusement, je vais devoir écarter la foule d’importuns que mon prix va attirer. En ce moment, je suis incapable d’abandonner ma vie solitaire.}}<ref>''[[Courrier international]]'', octobre 2004.</ref>. Dans un autre entretien, elle dit une nouvelle fois qu’elle refuse que cette récompense soit {{citation|une fleur à la boutonnière de l’Autriche}}<ref name="JCLebrun2004"/>. Pour la cérémonie de remise de prix, elle adresse à l’[[Académie suédoise]] et à la [[Fondation Nobel]] une vidéo de remerciements<ref name="Liger2012"/>. À l'annonce de la nouvelle, la République autrichienne se partage entre joie et réprobation<ref name="Fillitz2004"/>.


À l'international et notamment en [[France]], les réactions sont contrastées<ref name="Devarrieux2004"/>. La comédienne [[Isabelle Huppert]], lauréate de deux [[Prix d'interprétation féminine|Prix d'interprétation]] à [[Festival de Cannes|Cannes]] dont un pour ''[[La Pianiste]]'', déclare : {{citation|En principe, un prix peut récompenser l'audace, mais là, le choix est plus qu'audacieux. Car la brutalité, la violence, la puissance de l'écriture de Jelinek ont souvent été mal comprises. [...] En lisant et relisant [[La Pianiste (roman)|La Pianiste]], ce qui ressort, c'est finalement beaucoup plus l'impression d'être face à un grand écrivain classique}}<ref>{{article|prénom1=Antoine|nom1=De Baecque|url=http://www.liberation.fr/evenement/2004/10/08/tres-delicate-tres-pale-tres-douce_495210|titre=Isabelle Huppert : "Très délicate, très pâle, très douce"|périodique=Libération|jour=08|mois=octobre|année=2004}}</ref>. Éditrice des six premiers livres de Jelinek, Jacqueline Chambon, pour sa part, ne cache pas son admiration et son amitié pour l’auteur mais affirme malgré tout avoir {{citation|arrêté [de la publier] à cause des traductions qui devenaient de plus en plus lourdes, difficiles. […] Enfin, l’agressivité permanente de ses livres me gênait}}<ref>Entretien de Jacqueline Chambon dans ''[[Le Figaro]]'', 10 août 2004.</ref>. Ce sont les [[Éditions du Seuil]] qui ont pris le relais après la défection de Jacqueline Chambon.
À l'international et notamment en [[France]], les réactions sont contrastées<ref name="Devarrieux2004"/>. La comédienne [[Isabelle Huppert]], lauréate de deux [[Prix d'interprétation féminine|Prix d'interprétation]] à [[Festival de Cannes|Cannes]] dont un pour ''[[La Pianiste]]'', déclare : {{citation|En principe, un prix peut récompenser l'audace mais là, le choix est plus qu'audacieux. Car la brutalité, la violence, la puissance de l'écriture de Jelinek ont souvent été mal comprises. [] En lisant et relisant [[La Pianiste (roman)|La Pianiste]], ce qui ressort, c'est finalement beaucoup plus l'impression d'être face à un grand écrivain classique}}<ref>{{article|prénom1=Antoine|nom1=De Baecque|url=http://www.liberation.fr/evenement/2004/10/08/tres-delicate-tres-pale-tres-douce_495210|titre=Isabelle Huppert : "Très délicate, très pâle, très douce"|périodique=Libération|jour=08|mois=octobre|année=2004}}</ref>. Éditrice des six premiers livres de Jelinek, Jacqueline Chambon, pour sa part, ne cache pas son admiration et son amitié pour l’auteure mais affirme malgré tout avoir {{citation|arrêté [de la publier] à cause des traductions qui devenaient de plus en plus lourdes, difficiles. […] Enfin, l’agressivité permanente de ses livres me gênait}}<ref>Entretien de Jacqueline Chambon dans ''[[Le Figaro]]'', 10 août 2004.</ref>. Ce sont les [[Éditions du Seuil]] qui ont pris le relais après la défection de Jacqueline Chambon.


La décision de l’[[Académie suédoise]] pour l'année [[2004]] est inattendue<ref name="Devarrieux2004"/>. Elle provoque une controverse au sein des milieux littéraires<ref name="JCLebrun2004"/>{{,}}<ref name="Devarrieux2004"/>. Certains dénoncent la haine redondante et le ressentiment fastidieux des textes de Jelinek ainsi que l’extrême noirceur, à la limite de la caricature, des situations dépeintes<ref name="ML2006">Année de littérature 2004 ''in [[Le Magazine littéraire]]'' {{Numéro avec majuscule|459}} : « [http://www.magazine-litteraire.com/mensuel/459/2004-01-12-2006-22014 Quarante ans de littérature] », décembre 2006, page 122</ref>. D'autres y voient la juste reconnaissance d’un grand écrivain qui convoque la puissance incantatoire du langage littéraire pour trouver une manière neuve et dérangeante d’exprimer le délire, le ressassement et l’aliénation, conditionnés par la [[culture de masse]] et la morale régnante<ref name="ML2006"/>.
La décision de l’[[Académie suédoise]] pour l'année [[2004]] est inattendue<ref name="Devarrieux2004"/>. Elle provoque une controverse au sein des milieux littéraires<ref name="JCLebrun2004"/>{{,}}<ref name="Devarrieux2004"/>. Certains dénoncent la haine redondante et le ressentiment fastidieux des textes de Jelinek ainsi que l’extrême noirceur, à la limite de la caricature, des situations dépeintes<ref name="ML2006">Année de littérature 2004 ''in [[Le Magazine littéraire]]'' {{Numéro avec majuscule|459}} : « [http://www.magazine-litteraire.com/mensuel/459/2004-01-12-2006-22014 Quarante ans de littérature] », décembre 2006, page 122</ref>. D'autres y voient la juste reconnaissance d’une grande écrivaine qui convoque la puissance incantatoire du langage littéraire pour trouver une manière neuve et dérangeante d’exprimer le délire, le ressassement et l’aliénation, conditionnés par la [[culture de masse]] et la morale régnante<ref name="ML2006"/>.


La polémique atteint également les jurés du prix Nobel<ref name="ML2006"/>. En [[octobre 2005]], [[Knut Ahnlund]] démissionne de l'Académie suédoise en protestation de ce choix qu’il juge « indigne de la réputation du prix »<ref>{{article|prénom1=|nom1=|url=http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20061012.OBS5378/le-nobel-de-litteratureremis-ce-jeudi.html|titre=Le Nobel de littérature
La polémique atteint également les jurés du prix Nobel<ref name="ML2006"/>. En [[octobre 2005]], [[Knut Ahnlund]] démissionne de l'Académie suédoise en protestation de ce choix qu’il juge « indigne de la réputation du prix »<ref>{{article|url=http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20061012.OBS5378/le-nobel-de-litteratureremis-ce-jeudi.html|titre=Le Nobel de littérature
remis ce jeudi|périodique=Le Nouvel Observateur|jour=12|mois=octobre|année=2006}}</ref>. Il qualifie l’œuvre de l’auteur dans le quotidien national suédois ''Svenska Dagbladet'' de « fouillis anarchique » et de « pornographie », « plaqués sur un fond de haine obsessionnelle et d’égocentrisme larmoyant »<ref>« [http://news.bbc.co.uk/1/hi/entertainment/arts/4329962.stm Nobel judge steps down in protest] », ''BBC News'', 11 octobre 2005.</ref>.
remis ce jeudi|périodique=Le Nouvel Observateur|jour=12|mois=octobre|année=2006}}</ref>. Il qualifie l’œuvre de l’auteure dans le quotidien national suédois ''Svenska Dagbladet'' de « fouillis anarchique » et de « pornographie », « plaqués sur un fond de haine obsessionnelle et d’égocentrisme larmoyant »<ref>« [http://news.bbc.co.uk/1/hi/entertainment/arts/4329962.stm Nobel judge steps down in protest] », ''BBC News'', 11 octobre 2005.</ref>.


Après l'attribution du prix, Jelinek dit profiter de l'argent de la récompense afin de vivre plus confortablement et arrêter les traductions auxquelles elle est astreinte pour subvenir à ses besoins<ref name="Fillitz2004"/>.
Après l'attribution du prix, Jelinek dit profiter de l'argent de la récompense afin de vivre plus confortablement et arrêter les traductions auxquelles elle est astreinte pour subvenir à ses besoins<ref name="Fillitz2004"/>.
Ligne 76 : Ligne 77 :


==== Citations et noirceur ====
==== Citations et noirceur ====
Sensibles à l'expérimentation, les ouvrages de Jelinek jouent sur plusieurs niveaux de lecture et de construction. Proches de l'[[avant-garde (poésie)|avant-garde]], ils empruntent beaucoup à l'[[expressionnisme]], au [[dada]] et au [[surréalisme]]<ref>Gérard Thiériot, [https://books.google.fr/books?id=VohGlvoL8fEC&pg=PA32&lpg=PA32&dq=elfriede+jelinek+dada&source=bl&ots=4ufNUkNd8t&sig=Fd87tN32t6ECgFEQDmetFWC_Lus&hl=fr&sa=X&ei=_g8HVISCOsSm0QW514CABQ&ved=0CFAQ6AEwCA#v=onepage&q=elfriede%20jelinek%20dada&f=false ''Elfride Jelinek et le devenir du drame''], éd. Presses Universitaires du Mirail, {{p.|32-33}}, consulté le 3 septembre 2014.</ref>. Ils mêlent diverses formes d'écriture et multiplient les citations disparates, des grands philosophes aux [[tragédie grecque|tragédies grecques]], en passant par le [[roman policier|polar]], le [[cinéma]], les romans à l'eau de rose et les feuilletons populaires<ref name="Liger2012"/>. L'écrivain affirme se sentir proche de [[Stephen King]] pour sa noirceur, sa caractérisation des personnages et la justesse de son étude sociale<ref>{{article|prénom1=Baptiste|nom1=Liger|url=http://www.lexpress.fr/culture/livre/sept-ecrivains-racontent-leur-king_811068.html|titre=Sept écrivains racontent leur " King "|périodique=L'Express|jour=24|mois=novembre|année=2011}}</ref>. Son univers réfute le [[kitsch]]<ref name="Devarrieux2004"/>. L'idée de grâce salvatrice est exclue et l'existence est perçue comme un rapport de dominants à dominés<ref name="Devarrieux2004"/>. L'auteur fait de la société un terrain de chasse dans lequel les prédateurs triomphent<ref name="Devarrieux2004"/>.
Sensibles à l'expérimentation, les ouvrages de Jelinek jouent sur plusieurs niveaux de lecture et de construction. Proches de l'[[avant-garde (poésie)|avant-garde]], ils empruntent beaucoup à l'[[expressionnisme]], au [[dada]] et au [[surréalisme]]<ref>Gérard Thiériot, [https://books.google.fr/books?id=VohGlvoL8fEC&pg=PA32&lpg=PA32&dq=elfriede+jelinek+dada&source=bl&ots=4ufNUkNd8t&sig=Fd87tN32t6ECgFEQDmetFWC_Lus&hl=fr&sa=X&ei=_g8HVISCOsSm0QW514CABQ&ved=0CFAQ6AEwCA#v=onepage&q=elfriede%20jelinek%20dada&f=false ''Elfride Jelinek et le devenir du drame''], éd. Presses Universitaires du Mirail, {{p.|32-33}}, consulté le 3 septembre 2014.</ref>. Ils mêlent diverses formes d'écriture et multiplient les citations disparates, des grands philosophes aux [[tragédie grecque|tragédies grecques]], en passant par le [[roman policier|polar]], le [[cinéma]], les romans à l'eau de rose et les feuilletons populaires<ref name="Liger2012"/>. L'écrivaine affirme se sentir proche de [[Stephen King]] pour sa noirceur, sa caractérisation des personnages et la justesse de son étude sociale<ref>{{article|prénom1=Baptiste|nom1=Liger|url=http://www.lexpress.fr/culture/livre/sept-ecrivains-racontent-leur-king_811068.html|titre=Sept écrivains racontent leur " King "|périodique=L'Express|jour=24|mois=novembre|année=2011}}</ref>. Son univers réfute le [[kitsch]]<ref name="Devarrieux2004"/>. L'idée de grâce salvatrice est exclue et l'existence est perçue comme un rapport de dominants à dominés<ref name="Devarrieux2004"/>. L'auteure fait de la société un terrain de chasse dans lequel les prédateurs triomphent<ref name="Devarrieux2004"/>.


==== Postmodernité ====
==== Postmodernité ====
La critique universitaire rapproche les productions de Jelinek de la [[Postmodernisme (littérature)|littérature post-moderne]] : [[transdisciplinarité]], rejet partiel du [[Naturalisme (littérature)|naturalisme]], détails polysémiques, [[intertextualité]], relecture critique des genres ou des codes de la fiction, mélange des registres (noirceur dramatique, satire), [[collage (art)|collages]], distorsion du temps, brouillage de la représentation<ref name="Besand">{{article|prénom1=Vanessa|nom1=Besand|url=http://trans.revues.org/356|titre=L’œuvre romanesque d’Elfriede Jelinek : une esthétique de la pop culture ?|périodique=Trans, revue de littérature générale et comparée|jour=01|mois=février|année=2010}}</ref>... Sont également notés dans ses textes un [[pastiche]] de la [[paralittérature]] et une abolition des frontières entre divers niveaux de culture<ref name="Besand"/>. Selon, le jury du prix Nobel, {{citation|les textes de Jelinek sont souvent difficiles à classifier en genre. Ils varient entre prose et poésie, incantation et hymne, ils contiennent des scènes théâtrales et des séquences filmiques. L’essentiel de son écriture s’est cependant déplacé de la forme du roman à celle de l’art dramatique.}}<ref name="AS"/>. Dans ses romans comme dans ses pièces, la chronologie des événements est entrelacée d'images du passé et de digressions<ref name="AS"/>.
La critique universitaire rapproche les productions de Jelinek de la [[Postmodernisme (littérature)|littérature post-moderne]] : [[transdisciplinarité]], rejet partiel du [[Naturalisme (littérature)|naturalisme]], détails polysémiques, [[intertextualité]], relecture critique des genres ou des codes de la fiction, mélange des registres (noirceur dramatique, satire), [[collage (art)|collages]], distorsion du temps, brouillage de la représentation<ref name="Besand">{{article|prénom1=Vanessa|nom1=Besand|url=http://trans.revues.org/356|titre=L’œuvre romanesque d’Elfriede Jelinek : une esthétique de la pop culture ?|périodique=Trans, revue de littérature générale et comparée|jour=01|mois=février|année=2010}}</ref>... Sont également notés dans ses textes un [[pastiche]] de la [[paralittérature]] et une abolition des frontières entre divers niveaux de culture<ref name="Besand"/>. Selon le jury du prix Nobel, {{citation|les textes de Jelinek sont souvent difficiles à classifier en genre. Ils varient entre prose et poésie, incantation et hymne, ils contiennent des scènes théâtrales et des séquences filmiques. L’essentiel de son écriture s’est cependant déplacé de la forme du roman à celle de l’art dramatique.}}<ref name="AS"/> Dans ses romans comme dans ses pièces, la chronologie des événements est entrelacée d'images du passé et de digressions<ref name="AS"/>.


==== Musicalité ====
==== Musicalité ====
D'une radicalité assumée, son œuvre est complexe et difficilement traduisible<ref name="JCLebrun2004"/>. Elle est écrite dans un style péremptoire qui sonde l'abîme sous la langue courante<ref name="JCLebrun2004"/>{{,}}<ref name="Rüf2007"/>. Le langage de l'auteur combine déluge verbal, délire, métaphores aiguisées, jugements universels, distance [[Critique (philosophie)|critique]], forme [[dialectique]] et esprit d'analyse<ref name="Liger2012"/>. L'écrivain n'hésite pas à utiliser la violence, l'outrance, la caricature et les formules provocantes bien qu'elle refuse de passer pour une provocatrice<ref name="Devarrieux2004"/>{{,}}<ref name="JCLerun2003">{{article|prénom1=Jean-Claude|nom1=Lebrun|url=https://www.humanite.fr/node/361225|titre=Elfriede Jelinek Une haine vivifiante|périodique=L'Humanité|jour=21|mois=août|année=2003}}</ref>{{,}}<ref name="Liger2012"/>. Son écriture, à la fois rugueuse et luxuriante, dérive par instants vers le [[fatras]] et joue du [[Nuance (musique)|crescendo]]<ref name="Universalis"/>{{,}}<ref name="JCLerun2003"/>. Jelinek emploie des dissonances et a souvent recours à des [[Maxime (langue)|maximes]], des imprécations et des [[épigramme]]s qui heurtent le lecteur<ref name="Universalis"/>{{,}}<ref name="JCLerun2003"/>. Elle accepte d'être définie comme [[moraliste]] et de qualifier ses ouvrages d'acte politique<ref name="Liger2012"/>. Ses textes concilient en réalité des recherches de langue érudites à un rythme analogue à la [[musique contemporaine]]. Elle affirme : {{citation|J'utilise le son de chaque mot comme s'il s'agissait d'une composition musicale. J'essaie aussi de révéler le caractère idéologique du langage, de le contraindre à lui faire sortir ses contre-vérités, et ce avec beaucoup d'humour}}<ref name="Liger2012"/>.
D'une radicalité assumée, son œuvre est complexe et difficilement traduisible<ref name="JCLebrun2004"/>. Elle est écrite dans un style péremptoire qui sonde l'abîme sous la langue courante<ref name="JCLebrun2004"/>{{,}}<ref name="Rüf2007"/>. Le langage de l'auteure combine déluge verbal, délire, métaphores aiguisées, jugements universels, distance [[Critique (philosophie)|critique]], forme [[dialectique]] et esprit d'analyse<ref name="Liger2012"/>. L'auteure n'hésite pas à utiliser la violence, l'outrance, la caricature et les formules provocantes bien qu'elle refuse de passer pour une provocatrice<ref name="Devarrieux2004"/>{{,}}<ref name="JCLerun2003">{{article|prénom1=Jean-Claude|nom1=Lebrun|url=https://www.humanite.fr/node/361225|titre=Elfriede Jelinek Une haine vivifiante|périodique=L'Humanité|jour=21|mois=août|année=2003}}</ref>{{,}}<ref name="Liger2012"/>. Son écriture, à la fois rugueuse et luxuriante, dérive par instants vers le [[fatras]] et joue du [[Nuance (musique)|crescendo]]<ref name="Universalis"/>{{,}}<ref name="JCLerun2003"/>. Jelinek emploie des dissonances et a souvent recours à des [[Maxime (langue)|maximes]], des imprécations et des [[épigramme]]s qui heurtent le lecteur<ref name="Universalis"/>{{,}}<ref name="JCLerun2003"/>. Elle accepte d'être définie comme [[moraliste]] et de qualifier ses ouvrages d'acte politique<ref name="Liger2012"/>. Ses textes concilient en réalité des recherches de langue érudites à un rythme analogue à la [[musique contemporaine]]. Elle affirme : {{citation|J'utilise le son de chaque mot comme s'il s'agissait d'une composition musicale. J'essaie aussi de révéler le caractère idéologique du langage, de le contraindre à lui faire sortir ses contre-vérités et ce, avec beaucoup d'humour}}<ref name="Liger2012"/>.


==== Mythes populaires et ironie ====
==== Mythes populaires et ironie ====
Jelinek se situe dans une esthétique du choc et de la lutte<ref name="Besand"/>. Sa prose trouve, de manière exhaustive, différentes manières d’exprimer l’obsession et la névrose et vitupère jusqu'à l'[[absurde]] contre la [[phallocratie]], les rapports de forces socio-politiques et leurs répercussions sur les comportements sentimentaux et sexuels<ref>Elfriede Jelinek sur l'[http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Jelinek/103399 encyclopédie Larousse], consulté le 05 novembre 2013.</ref>. La rhétorique pornographique, exclusivement masculine, est déconstruite et dénoncée et le pacte inconscient qui consiste à voir le triomphe de l’homme sur la femme, analysé et fustigé<ref name="Universalis"/>. L’industrie du spectacle, le divertissement et ses propagandes mensongères sont également la cible de ses invectives<ref name="Universalis"/>. Jelinek cherche à représenter les mythes et les icônes de la [[culture populaire]] ([[Jackie Kennedy]], [[Arnold Schwarzenegger]], [[Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois|Bambi]]) afin d'en montrer la face sombre et de les détruire<ref name="Universalis"/>{{,}}<ref>{{article|prénom1=Solis|nom1=René|url=http://www.liberation.fr/culture/2006/09/22/jackie-arrive-bien-a-n-aller-nulle-part_52077|titre=Jackie arrive bien à n'aller nulle part|périodique=Libération|jour=22|mois=septembre|année=2006}}</ref>{{,}}<ref name="Larousse">[http://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Jelinek/174257 Œuvre d'Elfriede Jelinek] sur l'[[encyclopédie Larousse]], consulté le 11 novembre 2013.</ref>. Son langage procède par inventaire des stéréotypes sociaux et psychologiques issues de la presse, de la télévision, du [[roman de gare]] et des discours politiques pour s'en moquer avec virulence et pour les anéantir<ref name="Devarrieux2004"/>.
Jelinek se situe dans une esthétique du choc et de la lutte<ref name="Besand"/>. Sa prose trouve, de manière exhaustive, différentes manières d’exprimer l’obsession et la névrose et vitupère jusqu'à l'[[absurde]] contre la [[phallocratie]], les rapports de forces socio-politiques et leurs répercussions sur les comportements sentimentaux et sexuels<ref>Elfriede Jelinek sur l'[http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Jelinek/103399 encyclopédie Larousse], consulté le 05 novembre 2013.</ref>. La rhétorique pornographique, exclusivement masculine, est déconstruite et dénoncée et le pacte inconscient qui consiste à voir le triomphe de l’homme sur la femme, analysé et fustigé<ref name="Universalis"/>. L’industrie du spectacle, le divertissement et ses propagandes mensongères sont également la cible de ses invectives<ref name="Universalis"/>. Jelinek cherche à représenter les mythes et les icônes de la [[culture populaire]] ([[Jackie Kennedy]], [[Arnold Schwarzenegger]], [[Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois|Bambi]]) afin d'en montrer la face sombre et de les détruire<ref name="Universalis"/>{{,}}<ref>{{article|prénom1=Solis|nom1=René|url=http://www.liberation.fr/culture/2006/09/22/jackie-arrive-bien-a-n-aller-nulle-part_52077|titre=Jackie arrive bien à n'aller nulle part|périodique=Libération|jour=22|mois=septembre|année=2006}}</ref>{{,}}<ref name="Larousse">[http://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Jelinek/174257 Œuvre d'Elfriede Jelinek] sur l'[[encyclopédie Larousse]], consulté le 11 novembre 2013.</ref>. Son langage procède par inventaire des stéréotypes sociaux et psychologiques issues de la presse, de la télévision, du [[roman de gare]] et des discours politiques pour s'en moquer avec virulence et pour les anéantir<ref name="Devarrieux2004"/>.


L'auteur explique que son style a profondément évolué : {{citation|J'ai d'abord touché, dans les [[années 1960]], à des formes assez expérimentales, recyclant la mythologie de bazar - apprise en partie chez [[Roland Barthes]], les séries télé, les romans à l'eau de rose, etc. [...] Je suis passée d'un traitement quasi [[structuralisme|structuraliste]] au [[réalisme (littérature)|réalisme]] encore embryonnaire des Amantes, puis à un style et à une narration vraiment réalistes pour [[La Pianiste (roman)|La Pianiste]]}}<ref name="Liger2012"/>.
L'auteure explique que son style a profondément évolué : {{citation|J'ai d'abord touché, dans les [[années 1960]], à des formes assez expérimentales, recyclant la mythologie de bazar - apprise en partie chez [[Roland Barthes]], les séries télé, les romans à l'eau de rose etc. [...] Je suis passée d'un traitement quasi [[structuralisme|structuraliste]] au [[réalisme (littérature)|réalisme]] encore embryonnaire des Amantes, puis à un style et à une narration vraiment réalistes pour [[La Pianiste (roman)|La Pianiste]]}}<ref name="Liger2012"/>.


Jelinek regrette par ailleurs que la presse et les lecteurs ne décèlent pas assez l'humour et l'[[ironie]] de ses textes<ref name="Liger2012"/>.
Jelinek regrette par ailleurs que la presse et les lecteurs ne décèlent pas assez l'humour et l'[[ironie]] de ses textes<ref name="Liger2012"/>.


=== Romans ===
=== Romans ===
Dans ses romans, l'auteur disloque toute progression dramatique et privilégie une étude sociale acérée, puisant son inspiration dans l'[[Art conceptuel|art expérimental]], les [[sciences humaines]] et le [[structuralisme]]<ref name="Devarrieux2004"/>. La notion de « genre » est transcendée<ref name="Rüf2007"/>. Généralement, elle fait de ses personnages l'incarnation globale d'une idée d'humiliation, d'agression ou de domination tout en explorant une dimension psychologique complexe, sombre et polyphonique<ref name="Besand"/>.
Dans ses romans, l'auteure disloque toute progression dramatique et privilégie une étude sociale acérée, puisant son inspiration dans l'[[Art conceptuel|art expérimental]], les [[sciences humaines]] et le [[structuralisme]]<ref name="Devarrieux2004"/>. La notion de « genre » est transcendée<ref name="Rüf2007"/>. Généralement, elle fait de ses personnages l'incarnation globale d'une idée d'humiliation, d'agression ou de domination tout en explorant une dimension psychologique complexe, sombre et polyphonique<ref name="Besand"/>.


==== Premiers romans ====
==== Premiers romans ====
Ligne 99 : Ligne 100 :
Jelinek déclare dans un entretien accordé à Yasmin Hoffman, l'une de ses traductrices<ref name="Lust1991">''Lust'', Elfriede Jelinek, traduit de l'allemand par Yasmin Hoffmann et Maryvonne Litaize, éditions Jacqueline Chambon (première parution) et Points-Seuil (version poche), Paris, 1991, {{p.|273-275}}, {{ISBN|2020146150}}.</ref> :
Jelinek déclare dans un entretien accordé à Yasmin Hoffman, l'une de ses traductrices<ref name="Lust1991">''Lust'', Elfriede Jelinek, traduit de l'allemand par Yasmin Hoffmann et Maryvonne Litaize, éditions Jacqueline Chambon (première parution) et Points-Seuil (version poche), Paris, 1991, {{p.|273-275}}, {{ISBN|2020146150}}.</ref> :


{{citation bloc|Je dirais que l'évolution est la suivante : mes tout premiers textes (''{{lang|de|Bukolit, Wir sind lockvögel baby !}}'', ''{{lang|de|Michael. Ein Jugendbuch für die Infantilgesellschaft}}'') sont encore très marqués par la culture pop et le [[Wiener Gruppe]] qui ont beaucoup travaillé avec des [[montage]]s et des [[Collage (art)|collages]]. Ces textes avaient un caractère très expérimental, très artificiel (par opposition à un quelconque [[Réalisme (littérature)|réalisme]] ou [[Naturalisme (littérature)|naturalisme]]), il n'y avait guère d'action, mais ils étaient déjà empreints d'un engagement politique, visant une critique sociale à travers l'analyse des « mythes de la vie quotidienne ». À partir de cet univers de magazines, de romans à l'eau de rose, que je m'efforçais de décomposer, je suis passée à un univers plus réaliste. Aussi bien Les Exclus que [[La Pianiste (roman)|La Pianiste]] sont des romans d'une facture plus conventionnelle, ils comportent une structure narrative, des personnages, et s'insèrent dans une tradition plus satirique, plus polémique, où la réalité est soumise à une distorsion, ce qui est le propre de la satire.}}
{{citation bloc|Je dirais que l'évolution est la suivante : mes tout premiers textes (''{{lang|de|Bukolit, Wir sind lockvögel baby !}}'', ''{{lang|de|Michael. Ein Jugendbuch für die Infantilgesellschaft}}'') sont encore très marqués par la culture pop et le [[Wiener Gruppe]] qui ont beaucoup travaillé avec des [[montage]]s et des [[Collage (art)|collages]]. Ces textes avaient un caractère très expérimental, très artificiel (par opposition à un quelconque [[Réalisme (littérature)|réalisme]] ou [[Naturalisme (littérature)|naturalisme]]), il n'y avait guère d'action, mais ils étaient déjà empreints d'un engagement politique, visant une critique sociale à travers l'analyse des « mythes de la vie quotidienne ». À partir de cet univers de magazines, de romans à l'eau de rose, que je m'efforçais de décomposer, je suis passée à un univers plus réaliste. Aussi bien Les Exclus que [[La Pianiste (roman)|La Pianiste]] sont des romans d'une facture plus conventionnelle, ils comportent une structure narrative, des personnages, et s'insèrent dans une tradition plus satirique, plus polémique, où la réalité est soumise à une distorsion, ce qui est le propre de la satire.}}


==== ''La Pianiste'' et ''Lust'' ====
==== ''La Pianiste'' et ''Lust'' ====
Dans ''[[La Pianiste (roman)|La Pianiste]]'' (''{{lang|de|Die Klavierspielerin}}'', [[1983 en littérature|1983]]), récit quasi-autobiographique, Jelinek dépeint, sous des angles multiples, l'intimité d’une femme sexuellement frustrée, victime de sa position culturelle dominante et d'une mère possessive et étouffante, ressemblant à la sienne, morte à 97 ans<ref name="Sisyphe2004"/>. Comme son héroïne, Erika Kohut, l’auteur n'a jamais quitté sa mère et a vécu avec elle jusqu'à son décès, nonobstant un mariage célébré en [[1974]] et rapidement dissout<ref name="Rüf2007"/>{{,}}<ref name="Sisyphe2004"/>. L'ouvrage développe les règles d'expression d’une pornographie exclusivement féminine, ce que son roman suivant ''Lust'' ([[1989 en littérature|1989]]) approfondit<ref name="Larousse"/>. Ce récit est la description, libérée des toutes conventions littéraires, d’une relation pornographique entre une femme et son mari chef d’entreprise<ref name="Universalis">Elfriede Jelinek sur l'[http://www.universalis.fr/encyclopedie/elfriede-jelinek/2-la-deconstruction-des-mythes/ encyclopædia Universalis], consulté le 05 novembre 2013.</ref>. L'écrivain définit son objectif de la manière suivante<ref name="Bary1991"/> :
Dans ''[[La Pianiste (roman)|La Pianiste]]'' (''{{lang|de|Die Klavierspielerin}}'', [[1983 en littérature|1983]]), récit quasi-autobiographique, Jelinek dépeint, sous des angles multiples, l'intimité d’une femme sexuellement frustrée, victime de sa position culturelle dominante et d'une mère possessive et étouffante, ressemblant à la sienne, morte à 97 ans<ref name="Sisyphe2004"/>. Comme son héroïne, Erika Kohut, l’auteure n'a jamais quitté sa mère et a vécu avec elle jusqu'à son décès, nonobstant un mariage célébré en [[1974]] et rapidement dissout<ref name="Rüf2007"/>{{,}}<ref name="Sisyphe2004"/>. L'ouvrage développe les règles d'expression d’une pornographie exclusivement féminine, ce que son roman suivant ''Lust'' ([[1989 en littérature|1989]]) approfondit<ref name="Larousse"/>. Ce récit est la description, libérée des toutes conventions littéraires, d’une relation pornographique entre une femme et son mari chef d’entreprise<ref name="Universalis">Elfriede Jelinek sur l'[http://www.universalis.fr/encyclopedie/elfriede-jelinek/2-la-deconstruction-des-mythes/ encyclopædia Universalis], consulté le 05 novembre 2013.</ref>. L'écrivaine définit son objectif de la manière suivante<ref name="Bary1991"/> :


{{citation bloc|Explorer toutes les possibilités les plus complexes du langage pour déconstruire le programme idéologique à la base des sociétés humaines, à savoir la [[Dialectique du maître et de l'esclave|dialectique maître-esclave]] qui voit le triomphe, sur le plan intime et social, de l’exploitation par un dominant de la force de travail d’entités dominées, en l’occurrence par l’employeur de celle de ses employés et par l’homme, celle de la femme. La figure du mari-patron correspond à une idée normative car la violence exercée physiquement et psychologiquement sur sa femme est la même qu’il inflige symboliquement dans son usine à ses ouvriers.}}
{{citation bloc|Explorer toutes les possibilités les plus complexes du langage pour déconstruire le programme idéologique à la base des sociétés humaines, à savoir la [[Dialectique du maître et de l'esclave|dialectique maître-esclave]] qui voit le triomphe, sur le plan intime et social, de l’exploitation par un dominant de la force de travail d’entités dominées, en l’occurrence par l’employeur de celle de ses employés et par l’homme, celle de la femme. La figure du mari-patron correspond à une idée normative car la violence exercée physiquement et psychologiquement sur sa femme est la même qu’il inflige symboliquement dans son usine à ses ouvriers.}}
Ligne 111 : Ligne 112 :


==== ''Enfants des morts'' et ''Avidité'' ====
==== ''Enfants des morts'' et ''Avidité'' ====
Dans son roman fantasmagorique ''Enfants des morts'' (''{{lang|de|Die Kinder der Toten}}'', [[1995 en littérature|1995]]), que certains critiques considèrent comme son chef-d’œuvre, l'auteur poursuit sa virulente critique de son pays natal, représenté comme un royaume stérile et archaïque, peuplé de morts et de fantômes<ref name="AS"/>{{,}}<ref name="Liger2012"/>. ''Avidité'' (''{{lang|de|Gier}}'', [[2000 en littérature|2000]]), inspiré d'un double fait divers, utilise les codes du [[roman policier]] en trompe-l’œil afin de produire une nouvelle étude critique de la toute-puissance masculine, de l'hypocrisie autrichienne et de ses images d'Épinal<ref name="AS"/>{{,}}<ref name="JCLerun2003"/>.
Dans son roman fantasmagorique ''Enfants des morts'' (''{{lang|de|Die Kinder der Toten}}'', [[1995 en littérature|1995]]), que certains critiques considèrent comme son chef-d’œuvre, l'auteure poursuit sa virulente critique de son pays natal, représenté comme un royaume stérile et archaïque, peuplé de morts et de fantômes<ref name="AS"/>{{,}}<ref name="Liger2012"/>. ''Avidité'' (''{{lang|de|Gier}}'', [[2000 en littérature|2000]]), inspiré d'un double fait divers, utilise les codes du [[roman policier]] en trompe-l’œil afin de produire une nouvelle étude critique de la toute-puissance masculine, de l'hypocrisie autrichienne et de ses images d'Épinal<ref name="AS"/>{{,}}<ref name="JCLerun2003"/>.


=== Théâtre ===
=== Théâtre ===
Ligne 118 : Ligne 119 :
En [[1977 au théâtre|1977]], Jelinek réécrit la pièce ''[[Une maison de poupée]]'' d’[[Henrik Ibsen]], qu’elle transpose à l’époque actuelle, dans une usine et à laquelle elle donne un nouveau titre menaçant : ''Ce qui arriva quand Nora quitta son mari, ou les piliers de la société : rien que du malheur''. Elle y dénonce le sort fait aux femmes dans le monde du travail. En [[1981 au théâtre|1981]], elle revient avec ''Clara S'' sur la vie de l’épouse du compositeur [[Robert Schumann]], [[Clara Schumann]] née Wieck. En [[1985 au théâtre|1985]], elle dépeint, dans ''{{lang|de|Burgtheater}}'', la vie de célébrités du [[Burgtheater]] de Vienne, présentées comme des tyrans superficiels<ref name="Devarrieux2004"/>. Elle y revient également sur les liens passés entre le milieu théâtral et le [[Troisième Reich|{{IIIe}} Reich]]<ref name="Devarrieux2004"/>. La pièce fait scandale<ref name="Rüf2007"/>. Dans ''{{lang|de|Sportstück}}'' ([[1998 en littérature|1998]]), elle explore les domaines de la [[violence]], de la [[chorégraphie]] et de l’apologie du corps viril dans le sport, prémices d’une idéologie fasciste.
En [[1977 au théâtre|1977]], Jelinek réécrit la pièce ''[[Une maison de poupée]]'' d’[[Henrik Ibsen]], qu’elle transpose à l’époque actuelle, dans une usine et à laquelle elle donne un nouveau titre menaçant : ''Ce qui arriva quand Nora quitta son mari, ou les piliers de la société : rien que du malheur''. Elle y dénonce le sort fait aux femmes dans le monde du travail. En [[1981 au théâtre|1981]], elle revient avec ''Clara S'' sur la vie de l’épouse du compositeur [[Robert Schumann]], [[Clara Schumann]] née Wieck. En [[1985 au théâtre|1985]], elle dépeint, dans ''{{lang|de|Burgtheater}}'', la vie de célébrités du [[Burgtheater]] de Vienne, présentées comme des tyrans superficiels<ref name="Devarrieux2004"/>. Elle y revient également sur les liens passés entre le milieu théâtral et le [[Troisième Reich|{{IIIe}} Reich]]<ref name="Devarrieux2004"/>. La pièce fait scandale<ref name="Rüf2007"/>. Dans ''{{lang|de|Sportstück}}'' ([[1998 en littérature|1998]]), elle explore les domaines de la [[violence]], de la [[chorégraphie]] et de l’apologie du corps viril dans le sport, prémices d’une idéologie fasciste.


Jelinek s’attarde aussi sur le rôle de la [[Romantisme|culture romantique]] qui, selon elle, a nourri l'[[idéologie nazie]] ([[Friedrich Hölderlin]], [[Richard Wagner]])<ref name="Larousse"/>. Elle revient, de plus, sur la place historique ambiguë d'intellectuels face au pouvoir politique et aux thèses fascistes ; sujet qu’elle expose dans la pièce ''{{lang|de|Totenauberg}}'' ([[1991 en littérature|1991]]) à travers la figure du philosophe [[Martin Heidegger]]. La métaphore du vampirisme, exploitée notamment dans ''La Maladie ou femmes modernes'' et les influences de la philosophie [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|hégélienne]] et [[Karl Marx|marxiste]] ainsi que son goût du [[freudisme]] parachèvent la composition de ses pièces<ref>{{article|prénom1=Cécile|nom1=Chamayou-Kuhn|url=http://www2.univ-paris8.fr/dela/etranger/pages/8/PDF/chamayou-kuhn.pdf|titre=Pour une dé-figuration du politique par la négation de l'intime féminin ?|périodique=Le texte étranger, colloque organisé par l'université Paris 8|jour=|mois=janvier|année=2010}}</ref>.
Jelinek s’attarde aussi sur le rôle de la [[Romantisme|culture romantique]] qui, selon elle, a nourri l'[[idéologie nazie]] ([[Friedrich Hölderlin]], [[Richard Wagner]])<ref name="Larousse"/>. Elle revient, de plus, sur la place historique ambiguë d'intellectuels face au pouvoir politique et aux thèses fascistes ; sujet qu’elle expose dans la pièce ''{{lang|de|Totenauberg}}'' ([[1991 en littérature|1991]]) à travers la figure du philosophe [[Martin Heidegger]]. La métaphore du vampirisme, exploitée notamment dans ''La Maladie ou femmes modernes'' et les influences de la philosophie [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|hégélienne]] et [[Karl Marx|marxiste]] ainsi que son goût du [[freudisme]] parachèvent la composition de ses pièces<ref>{{article|prénom1=Cécile|nom1=Chamayou-Kuhn|url=https://dela.univ-paris8.fr/etranger/pages/8/chamayou-kuhn.html|titre=Pour une dé-figuration du politique par la négation de l'intime féminin ?|périodique=Le texte étranger, colloque organisé par l'université Paris 8|mois=janvier|année=2010}}</ref>.


=== Influences ===
=== Influences ===
Jelinek revendique une filiation avec la culture critique de la littérature et la philosophie autrichiennes, de [[Karl Kraus]] à [[Ludwig Wittgenstein]], en passant par [[Fritz Mauthner]], qui réfléchit le langage et le met à distance<ref name="Liger2012"/>. Elle dit également avoir été influencée par [[Eugène Labiche|Labiche]] et [[Georges Feydeau|Feydeau]] pour leur humour abrasif et leur étude subversive de la [[bourgeoisie]] du {{XIXe siècle}}<ref name="Liger2012"/>.
Jelinek revendique une filiation avec la culture critique de la littérature et la philosophie autrichiennes, de [[Karl Kraus]] à [[Ludwig Wittgenstein]], en passant par [[Fritz Mauthner]], qui réfléchit le langage et le met à distance<ref name="Liger2012"/>. Elle dit également avoir été influencée par [[Eugène Labiche|Labiche]] et [[Georges Feydeau|Feydeau]] pour leur humour abrasif et leur étude subversive de la [[bourgeoisie]] du {{XIXe siècle}}<ref name="Liger2012"/>.


Lorsque l'Académie suédoise décerne le prix Nobel à l'Allemand [[Günter Grass]] en [[1999 en littérature|1999]], elle déclare avoir été largement marquée par sa lecture du ''[[Le Tambour (roman)|Tambour]]'' dont le style a nourri son inspiration littéraire : {{citation|[[Le Tambour (roman)|Le Tambour]] a été pour nous, les auteurs qui nous réclamions d'une activité expérimentale, quelque chose d'incontournable. […] Le début du [[Le Tambour (roman)|Tambour]] est l'une des plus grandes ouvertures de roman dans toute l'histoire de la littérature. [...] Peut-être qu'on a voulu honorer avec le Nobel l'auteur politique, mais l'œuvre aurait mérité de l'être depuis déjà longtemps}}<ref>''Le Magazine littéraire'' {{Numéro avec majuscule|381}}, novembre 1999, « Günter Grass du Tambour au prix Nobel », réaction d'Elfriede Jelinek à l'annonce du prix décerné par Stockholm à Günter Grass, page 41.</ref>{{,}}<ref name="Lecerf2007">{{article|prénom1=Elfriede|nom1=Jelinek|url=http://www.magazine-litteraire.com/mensuel/381/esthetique-du-tambour-ete-nous-incontournable-01-11-1999-30189|titre=L'esthétique du Tambour a été pour nous incontournable|périodique=Le Magazine littéraire|jour=01|mois=novembre|année=1999}}</ref>. En 2004, elle fait part de son admiration pour [[Robert Walser (écrivain)|Robert Walser]] : {{citation|Je cache toujours une phrase de [[Robert Walser (écrivain)|Robert Walser]] dans chacun de mes livres. Comme autrefois, lorsque l’on construisait une cathédrale et que l’on dissimulait un animal dans les fondations. Il faut toujours qu’il y ait quelque part une phrase de [[Robert Walser (écrivain)|Robert Walser]] scellée dans mes écrits}}<ref>{{article|prénom1=Christine|nom1=Lecerf|url=http://www.arte.tv/fr/interview-de-elfriede-jelinek/706788.html|titre=Interview d'Elfriede Jelinek|périodique=Arte|jour=15|mois=janvier|année=2007}}</ref>. Outre [[Robert Walser (écrivain)|Walser]], Jelinek cite [[Franz Kafka]], [[Djuna Barnes]] et [[Walter Serner]] parmi ses écrivains préférés<ref name="Express2004">{{article|prénom1=|nom1=|url=http://www.lexpress.fr/culture/livre/elfriede-jelinek-prix-nobel_809584.html|titre=Questionnaire de Proust, Elfriede Jelinek Prix Nobel|périodique=L'Express|jour=01|mois=novembre|année=2004}}</ref>. Elle dit aussi se sentir proche de [[Paul Celan]], [[Georg Trakl]], [[Friedrich Hölderlin]] et [[Sylvia Plath]]<ref name="Lecerf2007"/>. Sa démarche esthétique est rapprochée de l'[[actionnisme viennois]] et l'auteur avoue admirer les travaux des artistes plasticiens [[Mike Kelley]] et [[Paul McCarthy]]<ref name="Express2004"/>.
Lorsque l'Académie suédoise décerne le prix Nobel à l'Allemand [[Günter Grass]] en [[1999 en littérature|1999]], elle déclare avoir été largement marquée par sa lecture du ''[[Le Tambour (roman)|Tambour]]'' dont le style a nourri son inspiration littéraire : {{citation|[[Le Tambour (roman)|Le Tambour]] a été pour nous, les auteurs qui nous réclamions d'une activité expérimentale, quelque chose d'incontournable. […] Le début du [[Le Tambour (roman)|Tambour]] est l'une des plus grandes ouvertures de roman dans toute l'histoire de la littérature. [...] Peut-être qu'on a voulu honorer avec le Nobel l'auteur politique mais l'œuvre aurait mérité de l'être depuis déjà longtemps}}<ref>''Le Magazine littéraire'' {{Numéro avec majuscule|381}}, novembre 1999, « Günter Grass du Tambour au prix Nobel », réaction d'Elfriede Jelinek à l'annonce du prix décerné par Stockholm à Günter Grass, page 41.</ref>{{,}}<ref name="Lecerf2007">{{article|prénom1=Elfriede|nom1=Jelinek|url=http://www.magazine-litteraire.com/mensuel/381/esthetique-du-tambour-ete-nous-incontournable-01-11-1999-30189|titre=L'esthétique du Tambour a été pour nous incontournable|périodique=Le Magazine littéraire|jour=01|mois=novembre|année=1999}}</ref>. En 2004, elle fait part de son admiration pour [[Robert Walser (écrivain)|Robert Walser]] : {{citation|Je cache toujours une phrase de [[Robert Walser (écrivain)|Robert Walser]] dans chacun de mes livres. Comme autrefois, lorsque l’on construisait une cathédrale et que l’on dissimulait un animal dans les fondations. Il faut toujours qu’il y ait quelque part une phrase de [[Robert Walser (écrivain)|Robert Walser]] scellée dans mes écrits}}<ref>{{article|prénom1=Christine|nom1=Lecerf|url=http://www.arte.tv/fr/interview-de-elfriede-jelinek/706788.html|titre=Interview d'Elfriede Jelinek|périodique=Arte|jour=15|mois=janvier|année=2007}}</ref>. Outre [[Robert Walser (écrivain)|Walser]], Jelinek cite [[Franz Kafka]], [[Djuna Barnes]] et [[Walter Serner]] parmi ses écrivains préférés<ref name="Express2004">{{article|url=http://www.lexpress.fr/culture/livre/elfriede-jelinek-prix-nobel_809584.html|titre=Questionnaire de Proust, Elfriede Jelinek Prix Nobel|périodique=L'Express|jour=01|mois=novembre|année=2004}}</ref>. Elle dit aussi se sentir proche de [[Paul Celan]], [[Georg Trakl]], [[Friedrich Hölderlin]] et [[Sylvia Plath]]<ref name="Lecerf2007"/>. Sa démarche esthétique est rapprochée de l'[[actionnisme viennois]] et l'auteure avoue admirer les travaux des artistes plasticiens [[Mike Kelley]] et [[Paul McCarthy]]<ref name="Express2004"/>.


Grande lectrice de [[Pierre Bourdieu]], [[Guy Debord]], [[Roland Barthes]], [[Georges Bataille]] et [[Antonin Artaud]], elle s’ancre dans une tradition nationale de [[satiriste]] et de [[polémiste]] héritée de [[Karl Kraus|Kraus]] et [[Thomas Bernhard]]<ref name="Liger2012"/>. Par sa critique féroce de la société et la sophistication de son style, elle est également comparée à [[Johann Nepomuk Nestroy]], [[Ödön von Horváth]] et [[Elias Canetti|Canetti]] en plus du [[Wiener Gruppe]] dont elle revendique l'influence<ref name="AS"/>. Son œuvre porte par ailleurs l'empreinte de [[Robert Musil]], [[Marlen Haushofer]], [[Ingeborg Bachmann]] et [[Ilse Aichinger]]<ref>{{article|nom=Honegger|prénom=Gitta|titre=How to Get the Nobel Prize Without Really Trying|journal=Theater|volume=36|numéro=2|pages=5–19|éditeur=Duke UP|lieu=Yale School of Drama|année=2006|consulté le=2 avril 2013}}</ref>. Comme chez [[James Joyce]], [[Virginia Woolf]], [[Samuel Beckett]] et [[Franz Kafka|Kafka]], ses autres modèles littéraires, elle explique que le véritable héros de ses livres est le langage lui-même<ref name="Liger2012"/>.
Grande lectrice de [[Pierre Bourdieu]], [[Guy Debord]], [[Roland Barthes]], [[Georges Bataille]] et [[Antonin Artaud]], elle s’ancre dans une tradition nationale de [[satiriste]] et de [[polémiste]] héritée de [[Karl Kraus|Kraus]] et [[Thomas Bernhard]]<ref name="Liger2012"/>. Par sa critique féroce de la société et la sophistication de son style, elle est également comparée à [[Johann Nepomuk Nestroy]], [[Ödön von Horváth]] et [[Elias Canetti|Canetti]] en plus du [[Wiener Gruppe]] dont elle revendique l'influence<ref name="AS"/>. Son œuvre porte par ailleurs l'empreinte de [[Robert Musil]], [[Marlen Haushofer]], [[Ingeborg Bachmann]] et [[Ilse Aichinger]]<ref>{{article| langue=en | nom=Honegger|prénom=Gitta|titre=How to Get the Nobel Prize Without Really Trying| périodique=Theater |volume=36 |numéro=2|pages=5–19|éditeur=Duke UP|lieu=Yale School of Drama|année=2006|consulté le=2 avril 2013}}</ref>. Comme chez [[James Joyce]], [[Virginia Woolf]], [[Samuel Beckett]] et [[Franz Kafka|Kafka]], ses autres modèles littéraires, elle explique que le véritable héros de ses livres est le langage lui-même<ref name="Liger2012"/>.


== Distinctions et récompenses ==
== Récompenses ==

* [[Prix Heinrich Böll]] 1986
=== Distinction ===
* [[Prix Georg Büchner]] 1998
* 2024 : Commandeur dans l’[[ordre des Arts et des Lettres]]<ref>{{Lien web |langue=fr |nom=Ouest-France |titre=La Nobel autrichienne de littérature Elfriede Jelinek distinguée par la France |url=https://www.ouest-france.fr/europe/autriche/la-nobel-autrichienne-de-litterature-elfriede-jelinek-distinguee-par-la-france-93b1f36f-2c88-4064-a599-01467256bbe1 |site=Ouest-France.fr |date=2024-04-14 |consulté le=2024-04-15}}</ref>
* [[Prix Heinrich Heine]] 2002

* Mülheimer Dramatikerpreis 2002
=== Récompenses ===
* Hörspielpreis der Kriegsblinden 2004 pour ''Jackie''
* [[Prix Franz Kafka]] 2004
* 1986 : [[Prix Heinrich Böll]]
* [[Prix Nobel de littérature]] 2004
* 1998 : [[Prix Georg Büchner]]
* Prix Stig Dagerman 2004
* 2002 : [[Prix Heinrich Heine]]
* [[Mülheimer Dramatikerpreis]] 2004
* 2002 : Mülheimer Dramatikerpreis
* 2004 : Hörspielpreis der Kriegsblinden pour ''Jackie''
* Mülheimer Dramatikerpreis 2011
* 2004 : [[Prix Franz Kafka]]
* [[Prix Nestroy|Nestroyautorenpreis]] 2013 de l'Akademietheater de Vienne pour ''Schatten''
* 2004 : [[Prix Nobel de littérature]]
* 2004 : Prix Stig Dagerman
* 2004 : [[Mülheimer Dramatikerpreis]]
* 2011 : Mülheimer Dramatikerpreis
* 2013 : [[Prix Nestroy]] pour ''Schatten''
* 2020: Prix Nestroy dans la catégorie "Meilleure pièce pour ''Schwarzwasser''
* 2021: [[Prix Nestroy de Théâtre pour l'ensemble de leur œuvre|Prix Nestroy]] pour l'ensemble de son œuvre


== Œuvres ==
== Œuvres ==
Ligne 147 : Ligne 155 :
* [[1979 en littérature|1979]] : ''Bukolit. hörroman'' (commencé en [[1968 en littérature|1968]]), Rhombus-Verlag, [[Vienne (Autriche)|Vienne]].
* [[1979 en littérature|1979]] : ''Bukolit. hörroman'' (commencé en [[1968 en littérature|1968]]), Rhombus-Verlag, [[Vienne (Autriche)|Vienne]].
* [[1981 en littérature|1981]] : ''Les Exclus'' (''Die Ausgesperrten''), traduit de l’[[allemand]] par Maryvonne Litaize et Yasmin Hoffmann aux éditions Jacqueline Chambon, [[Nîmes]] [[1989 en littérature|1989]].
* [[1981 en littérature|1981]] : ''Les Exclus'' (''Die Ausgesperrten''), traduit de l’[[allemand]] par Maryvonne Litaize et Yasmin Hoffmann aux éditions Jacqueline Chambon, [[Nîmes]] [[1989 en littérature|1989]].
* [[1983 en littérature|1983]] : ''La Pianiste'' (''Die Klavierspielerin''), traduit de l’[[allemand]] par Maryvonne Litaize et Yasmin Hoffmann, aux éditions Jacqueline Chambon, [[Nîmes]] [[1988 en littérature|1988]].
* [[1983 en littérature|1983]] : ''[[La Pianiste (roman)|La Pianiste]]'' (''Die Klavierspielerin''), traduit de l’[[allemand]] par Maryvonne Litaize et Yasmin Hoffmann, aux éditions Jacqueline Chambon, [[Nîmes]] [[1988 en littérature|1988]].
* [[1985 en littérature|1985]] : ''Méfions-nous de la nature sauvage'' (''Oh Wildnis, oh Schutz vor ihr''), traduit de l’[[allemand]] par Maryvonne Litaize et Yasmin Hoffmann, éditions J. Chambon, [[Nîmes]], [[1995 en littérature|1995]].
* [[1985 en littérature|1985]] : ''Méfions-nous de la nature sauvage'' (''Oh Wildnis, oh Schutz vor ihr''), traduit de l’[[allemand]] par Maryvonne Litaize et Yasmin Hoffmann, éditions J. Chambon, [[Nîmes]], [[1995 en littérature|1995]].
* [[1989 en littérature|1989]] : ''Lust'', traduit de l’[[allemand]] par Maryvonne Litaize et Yasminn Hoffmann aux éditions Jacqueline Chambon, [[Nîmes]] [[1991 en littérature|1991]].
* [[1989 en littérature|1989]] : ''Lust'', traduit de l’[[allemand]] par Maryvonne Litaize et Yasminn Hoffmann aux éditions Jacqueline Chambon, [[Nîmes]] [[1991 en littérature|1991]].
* [[1995 en littérature|1995]] : ''Enfants des morts'' (''Die Kinder der Toten''), traduit de l’[[allemand]] par Olivier Le Lay aux éditions du Seuil, [[Paris]] [[2007 en littérature|2007]].
* [[1995 en littérature|1995]] : ''Enfants des morts'' (''Die Kinder der Toten''), traduit de l’[[allemand]] par Olivier Le Lay aux éditions du Seuil, [[Paris]] [[2007 en littérature|2007]].
* [[2000 en littérature|2000]] : ''Avidité'' (''Gier''), traduit de l’[[allemand]] par Claire de Oliveira aux éditions du Seuil, [[Paris]] [[2003 en littérature|2003]].
* [[2000 en littérature|2000]] : ''Avidité'' (''Gier''), traduit de l’[[allemand]] par Claire de Oliveira aux éditions du Seuil, [[Paris]] [[2003 en littérature|2003]].
Ligne 158 : Ligne 166 :
* [[1977 au théâtre|1977]] : ''Ce qui arriva quand Nora quitta son mari'' (''Was geschah, nachdem Nora ihren Mann verlassen hatte oder Stützen der Gesellschaften''), traduit de l’[[allemand]] par Louis-Charles Sirjacq, l’Arche, [[Paris]] [[1993 en littérature|1993]]
* [[1977 au théâtre|1977]] : ''Ce qui arriva quand Nora quitta son mari'' (''Was geschah, nachdem Nora ihren Mann verlassen hatte oder Stützen der Gesellschaften''), traduit de l’[[allemand]] par Louis-Charles Sirjacq, l’Arche, [[Paris]] [[1993 en littérature|1993]]
* [[1981 au théâtre|1981]] : ''Clara S.'', Prometh-Verlag.
* [[1981 au théâtre|1981]] : ''Clara S.'', Prometh-Verlag.
* [[1985 au théâtre|1985]] : ''Burgtheater'', Prometh-Verlag.
* [[1985 au théâtre|1985]] : ''Burgtheater'', Prometh-Verlag.
* [[1987 au théâtre|1987]] : ''La Maladie ou Femmes modernes: comme une pièce'' (''Krankheit oder Moderne Frauen, wie ein Stück''), traduit de l’[[allemand]] par Patrick Démerin et Dieter Hornig, l’Arche, [[Paris]] [[2001]].
* [[1987 au théâtre|1987]] : ''La Maladie ou Femmes modernes: comme une pièce'' (''Krankheit oder Moderne Frauen, wie ein Stück''), traduit de l’[[allemand]] par Patrick Démerin et Dieter Hornig, l’Arche, [[Paris]] [[2001]].
* [[1987 au théâtre|1987]] : ''Le Président Abendwind'' (''Präsident Abendwind'').
* 1987 : ''Le Président Abendwind'' (''Präsident Abendwind'').
* [[1990 au théâtre|1990]] : ''Wolken.Heim.'', Verlag-[[Göttingen]].
* [[1990 au théâtre|1990]] : ''Wolken.Heim.'', Verlag-[[Göttingen]].
* [[1991 au théâtre|1991]] : ''Totenauberg'', traduit en [[français]] par Louis-Charles Sirjacq, l’Arche, [[Paris]] [[1994 en littérature|1994]].
* [[1991 au théâtre|1991]] : ''Totenauberg'', traduit en [[français]] par Louis-Charles Sirjacq, l’Arche, [[Paris]] [[1994 en littérature|1994]].
* [[1994 au théâtre|1994]] : ''Raststätte''.
* [[1994 au théâtre|1994]] : ''Raststätte''.
* [[1996 au théâtre|1996]] : ''Stecken, Stab und Stangl''.
* [[1996 au théâtre|1996]] : ''Stecken, Stab und Stangl''.
* [[1998 au théâtre|1998]] : ''Sportstück'' (''Ein Sportstück''), traduit de l’[[allemand]] par Maryvonne Litaize, Yasmin Hoffmann et Louis-Charles Sirjacq, l’Arche, [[Paris]] [[1999 en littérature|1999]].
* [[1998 au théâtre|1998]] : ''Sportstück'' (''Ein Sportstück''), traduit de l’[[allemand]] par Maryvonne Litaize, Yasmin Hoffmann et Louis-Charles Sirjacq, l’Arche, [[Paris]] [[1999 en littérature|1999]].
* [[1998 au théâtre|1998]] : ''Désir et permis de conduire'' (comprend les textes: ''Ich möchte seicht sein, Sinn: egal Körper: zwecklos, Begierde und Fahrerlaubnis, Wolken.Heim., Er nicht als er''), traduit de l’[[allemand]] par Maryvonne Litaize, Yasmin Hoffmann et Louis-Charles Sirjacq, l’Arche, [[Paris]] [[1999 en littérature|1999]].
* 1998 : ''Désir et permis de conduire'' (comprend les textes: ''Ich möchte seicht sein, Sinn: egal Körper: zwecklos, Begierde und Fahrerlaubnis, Wolken.Heim., Er nicht als er''), traduit de l’[[allemand]] par Maryvonne Litaize, Yasmin Hoffmann et Louis-Charles Sirjacq, l’Arche, [[Paris]] [[1999 en littérature|1999]].
* [[2000 au théâtre|2000]] : ''Das Lebewohl: 3 Dramen'', Berlin-Verlag, [[Berlin]].
* [[2000 au théâtre|2000]] : ''Das Lebewohl: 3 Dramen'', Berlin-Verlag, [[Berlin]].
* [[2002 au théâtre|2002]] : ''In den Alpen'', Berlin-Verlag.
* [[2002 au théâtre|2002]] : ''In den Alpen'', Berlin-Verlag.
* [[2003 au théâtre|2003]] : ''Le Travail'' (''Das Werk'') [à propos de l’[[accident du funiculaire de Kaprun]] en novembre 2000], Berliner-Taschenbuch-Verlag [[Berlin]].
* [[2003 au théâtre|2003]] : ''Le Travail'' (''Das Werk'') [à propos de l’[[accident du funiculaire de Kaprun]] en novembre 2000], Berliner-Taschenbuch-Verlag [[Berlin]].
* [[2003 au théâtre|2003]] : ''Drames de princesses. La Jeune Fille et la Mort I - V'' (''Der Tod und das Mädchen I – V, Prinzessinnendramen'', Berliner-Tascherbuch-Verlag, Berlin; traduit de l’[[allemand]] par Magali Jourdan et Mathilde Sobottke, L’Arche, Paris [[2006 en littérature|2006]].
* 2003 : ''Drames de princesses. La Jeune Fille et la Mort I - V'' (''Der Tod und das Mädchen I – V, Prinzessinnendramen'', Berliner-Tascherbuch-Verlag, Berlin; traduit de l’[[allemand]] par Magali Jourdan et Mathilde Sobottke, L’Arche, Paris [[2006 en littérature|2006]].
* [[2004 au théâtre|2004]] : ''Bambiland'', Rowohlt Verlag, Reinbek, traduit de l’allemand par Patrick Démerin, Éditions Jacqueline Chambon, Paris 2006.
* [[2004 au théâtre|2004]] : ''Bambiland'', Rowohlt Verlag, Reinbek, traduit de l’allemand par Patrick Démerin, Éditions Jacqueline Chambon, Paris 2006.
* [[2005 au théâtre|2005]] : ''Babel'', Rowohlt Verlag, Reinbek.
* [[2005 au théâtre|2005]] : ''Babel'', Rowohlt Verlag, Reinbek.
* [[2006 au théâtre|2006]] : ''Ulrike Maria Stuart'', Rowohlt Verlag, Reinbek.
* [[2006 au théâtre|2006]] : ''Ulrike Maria Stuart'', Rowohlt Verlag, Reinbek.
* [[2006 au théâtre|2006]] : ''Sur les animaux'' (''Über Tiere''), Rowohlt Verlag, Reinbek.
* 2006 : ''Sur les animaux'' (''Über Tiere''), Rowohlt Verlag, Reinbek.
* [[2008 au théâtre|2008]] : ''Rechnitz (Der Würgeengel)''
* [[2008 au théâtre|2008]] : ''Rechnitz (Der Würgeengel)''
* [[2009 au théâtre|2009]] : ''Die Kontrakte des Kaufmanns. Eine Wirtschaftskomödie''
* [[2009 au théâtre|2009]] : ''Die Kontrakte des Kaufmanns. Eine Wirtschaftskomödie''
* [[2010 au théâtre|2010]] : ''Das Werk/Im Bus/Ein Sturz''
* [[2010 au théâtre|2010]] : ''Das Werk/Im Bus/Ein Sturz''
* [[2011 au théâtre|2011]] : ''Winterreise'', traduit de l’allemand par Sophie Herr, Le Seuil, Paris, 2012.
* [[2011 au théâtre|2011]] : ''Winterreise'', traduit de l’allemand par Sophie Herr, Le Seuil, Paris, 2012.
* [[2011 au théâtre|2011]] : ''Blanche-Neige et La Belle au bois dormant''
* 2011 : ''Blanche-Neige et La Belle au bois dormant''
* [[2012 au théâtre|2012]] : ''Restoroute. Animaux'', traduit de l'allemand par Patrick Démerin et Dieter Hornig, Paris, Verdier, 2012
* [[2012 au théâtre|2012]] : ''Restoroute. Animaux'', traduit de l'allemand par Patrick Démerin et Dieter Hornig, Paris, Verdier, 2012
* [[2012 en littérature|2012]] : ''Die Straße. Die Stadt. Der Überfall.''
* 2012 : ''Die Straße. Die Stadt. Der Überfall.''
* [[2013 en littérature|2013]] : ''Schatten (Eurydike sagt)''
* [[2013 en littérature|2013]] : ''Aber sicher!''
* [[2013 en littérature|2013]] : ''Aber sicher!''
* 2013 : ''Les Suppliants'' (Der Schutzbefohlenen), traduit de l'allemand par Magali Jourdan et Mathilde Sobottke, éditions L'Arche, 2016
* 2017 : ''Sur la voie royale'' (Am Königsweg), traduit de l'allemand par Magali Jourdan et Mathilde Sobottke, L'Arche, 2019
* [[2018 en littérature|2018]] : Ombres (Eurydice parle). Original : ''Schatten (Eurydike sagt)'', 2013)<ref>{{article | langue=fr | url texte=https://www.franceculture.fr/emissions/avignon-2017-fictions/ombre-eurydice-parle-delfriede-jelinek?xtor=EPR-5 | titre= Ombre (Eurydice Parle), d’Elfriede Jelinek | périodique=[[France Culture]] | jour=19 | mois=juillet | année=2018 }}</ref>


=== Poésie ===
=== Poésie ===
* [[1967 en littérature|1967]] : ''L’Ombre de Lisa'' (''Lisas Schatten''), Relief-Verlag Eilers, [[Munich]]
* [[1967 en littérature|1967]] : ''L’Ombre de Lisa'' (''Lisas Schatten''), Relief-Verlag Eilers, [[Munich]].
* 2014 : ''Gesammelte Gedichte / Poésies complètes'', traduit de l'allemand par Magali Jourdan et Mathilde Sobottke, Westphalie Verlag, Vienne.


=== Scénarios ===
=== Scénarios ===
Ligne 200 : Ligne 211 :
== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Yasmin|nom1=Hoffmann|lien auteur1=|prénom2=|nom2=|lien auteur2=|titre=Elfriede Jelinek, une biographie|sous-titre=|numéro d'édition=|éditeur=Jacqueline Chambon|lien éditeur=Jacqueline Chambon|lieu=Paris|jour=|mois=|année=2005|volume=|tome=|pages totales=|passage=|isbn=|lire en ligne=|consulté le=|présentation en ligne=}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Yasmin|nom1=Hoffmann|titre=Elfriede Jelinek, une biographie|lieu=Paris|éditeur=[[Jacqueline Chambon]]|année=2005|isbn=}}.
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Magali|nom1=Jourdan|lien auteur1=|prénom2=Mathilde|nom2=Sobottke|lien auteur2=|titre=Qui a peur d’Elfriede Jelinek ?|sous-titre=|numéro d'édition=|éditeur=Danger Public|lien éditeur=|lieu=Paris|jour=|mois=|année=2006|volume=|tome=|pages totales=|passage=|isbn=|lire en ligne=|consulté le=|présentation en ligne=}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Magali|nom1=Jourdan|prénom2=Mathilde|nom2=Sobottke|titre=Qui a peur d’Elfriede Jelinek ?|lieu=Paris|éditeur=Danger Public|année=2006|isbn=}}.
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Roland|nom1=Koberg|prénom2=Verena| nom2=Mayer|titre=Elfriede Jelinek, un portrait|sous-titre=|numéro d'édition=|éditeur=Le Seuil|lien éditeur=|lieu=Paris|jour=|mois=|année=2009|volume=|tome=|pages totales=|passage=|isbn=9782020909259|lire en ligne=|consulté le=|présentation en ligne=}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|prénom1=Roland|nom1=Koberg|prénom2=Verena|nom2=Mayer|titre=Elfriede Jelinek, un portrait|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Le Seuil]]|année=2009|pages totales=305|isbn=978-2-02-090925-9}}.
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Christine|nom1=Lecerf|lien auteur1=|titre=Elfriede Jelinek, l’entretien|sous-titre=|numéro d'édition=|éditeur=Seuil|lien éditeur=|lieu=Paris|jour=|mois=janvier|année=2007|volume=|tome=|pages totales=|passage=|isbn=|lire en ligne=|consulté le=|présentation en ligne=}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Christine|nom1=Lecerf|titre=Elfriede Jelinek, l’entretien|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|année=2007|mois=janvier|isbn=}}.
* Gérard Thiériot (dir.), Elfriede Jelinek et le devenir du drame, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2006 {{ISBN|978-2-85816-869-9}}.
* Gérard Thiériot (dir.), Elfriede Jelinek et le devenir du drame, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2006 {{ISBN|978-2-85816-869-9}}.
* B. Banoun, Y. Hoffmann, K. Zeyringer (dir.), ''Dossier Elfriede Jelinek'', in : ''Europe'' 933-934, janvier-février 2007.
* B. Banoun, Y. Hoffmann, K. Zeyringer (dir.), ''Dossier Elfriede Jelinek'', in : ''Europe'' 933-934, janvier-février 2007.
*Liza Steiner, ''Sade aujourd'hui. Anatomie de la pornocratie'', Paris, Classiques Garnier, décembre 2019 : étude comparative sur ''Lust'' et ''Les exclus''.


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
{{liens}}
* {{Site officiel|langue=en|http://www.elfriedejelinek.com/}}
* {{Site Fondation Nobel |https://www.nobelprize.org/prizes/literature/2004/jelinek/facts/ |Faits saillants }}
* {{Site Fondation Nobel |https://www.nobelprize.org/prizes/literature/2004/jelinek/facts/ |Faits saillants}}
* {{Autorité}} <!-- Si aucune information, Wikipédia n'affichera rien de cette ligne -->
* {{Dictionnaires}} <!-- Si aucune information, Wikipédia n'affichera rien de cette ligne -->
* {{Bases littérature}} <!-- Si aucune information, Wikipédia n'affichera rien de cette ligne -->


{{Palette|Prix Nobel de littérature|Lauréats des prix Nobel 2004}}
{{Palette|Prix Nobel de littérature|Lauréats des prix Nobel 2004}}
{{Portail|littérature|prix Nobel|théâtre|Autriche}}
{{Portail|littérature|théâtre|prix Nobel|Autriche}}


{{DEFAULTSORT:Jelinek, Elfriede}}
{{CLEDETRI:Jelinek, Elfriede}}
[[Catégorie:Écrivain autrichien]]
[[Catégorie:Naissance dans le district de Bruck-Mürzzuschlag]]
[[Catégorie:Écrivain de langue allemande]]
[[Catégorie:Dramaturge autrichien du XXe siècle]]
[[Catégorie:Dramaturge autrichien]]
[[Catégorie:Dramaturge autrichien du XXIe siècle]]
[[Catégorie:Dramaturge du XXe siècle]]
[[Catégorie:Dramaturge du XXIe siècle]]
[[Catégorie:Femme de lettres autrichienne]]
[[Catégorie:Romancière autrichienne]]
[[Catégorie:Romancière autrichienne]]
[[Catégorie:Romancier du XXe siècle]]
[[Catégorie:Romancier du XXe siècle]]
[[Catégorie:Romancier du XXIe siècle]]
[[Catégorie:Romancier du XXIe siècle]]
[[Catégorie:Femme de lettres autrichienne]]
[[Catégorie:Écrivain de langue allemande]]
[[Catégorie:Auteur publié par les éditions du Seuil]]
[[Catégorie:Auteur publié par les éditions de L'Arche]]
[[Catégorie:Lauréat autrichien du prix Nobel]]
[[Catégorie:Lauréat autrichien du prix Nobel]]
[[Catégorie:Lauréat du prix Nobel de littérature]]
[[Catégorie:Lauréat du prix Nobel de littérature]]
Ligne 235 : Ligne 245 :
[[Catégorie:Membre de l'Académie allemande pour la langue et la littérature]]
[[Catégorie:Membre de l'Académie allemande pour la langue et la littérature]]
[[Catégorie:Naissance en octobre 1946]]
[[Catégorie:Naissance en octobre 1946]]
[[Catégorie:Naissance en Styrie]]

Dernière version du 13 mai 2024 à 10:01

Elfriede Jelinek
Elfriede Jelinek en 2004.
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Pamer (d)
Musik und Kunst Privatuniversität der Stadt Wien (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Période d'activité
depuis Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Friedrich Jelinek (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Gottfried Hüngsberg (d) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Walter Felsenburg (d) (cousin)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Parti politique
Membre de
Instruments
Genre artistique
dramatique
Site web
Distinction
Prononciation
Œuvres principales
La Pianiste, Les amantes (d), Enfants des morts (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature d'Elfriede Jelinek
Signature

Elfriede Jelinek, née le à Mürzzuschlag, est une femme de lettres autrichienne. Elle fut lauréate du prix Nobel de littérature en 2004.

Son œuvre en prose (romans et pièces de théâtre) utilise la violence, le sarcasme et l'incantation afin d'analyser et de détruire les stéréotypes sociaux, l'exploitation sociale et les archétypes du sexisme[1]. Elle met également en accusation l'Autriche, qu'elle juge arriérée et imprégnée de son passé nazi[2].

Elle fut membre du Parti communiste d'Autriche de 1974 à 1991. Elle est en forte opposition avec l’extrême droite (qui fait rimer son nom d’origine tchèque avec Dreck : « saleté ») et les femmes au pouvoir. Elle s’est toujours violemment positionnée contre les idées et la personnalité de l’ancien leader du FPÖ Jörg Haider.

Biographie[modifier | modifier le code]

Elfriede Jelinek est l'enfant unique de Friedrich Jelinek et d'Olga Ilona, née Buchner[3]. Son père, chimiste juif d’origine tchèque, est employé dans la recherche de matériel de guerre. Ce poste lui permet d'échapper aux persécutions nazies[4]. Le père est dominé par son épouse d’origine germano-roumaine issue de la bourgeoisie catholique, mère que la jeune Elfriede décrit comme « despotique et paranoïaque »[5]. Elle dit ne s’être jamais libérée du poids de ses « géniteurs », tous deux détestés pour l'avoir privée d'enfance[5],[6]. Elle ne pardonne pas à son père, mort dans un hôpital psychiatrique, de s'être effacé face à une femme castratrice et d'avoir abandonné sa fille, contrainte de se ranger du côté maternel « sous le poids d’un darwinisme écrasant »[5]. Sa mère l’empêche dès ses quatre ans de sortir du foyer et la force à apprendre le français, l’anglais, le piano, l’orgue, le violon, les flûtes à bec et alto[5]. L'auteure affirme que ce dressage l'a anéantie sur le plan intime mais a nourri sa vocation[5]. La seule concession qu'obtient son père, engagé à gauche, est de faire défiler sa fille pour le rassemblement viennois du 1er mai[6],[5]. Jelinek explique que le seul point de convergence entre ses parents était le goût de la culture, la rhétorique et l'éloquence[4].

À 18 ans, une crise d'agoraphobie aiguë oblige la jeune Elfriede à rester cloîtrée plus d'un an dans l'appartement familial[6]. Elle profite de cette période pour se plonger dans la lecture de classiques philosophiques et littéraires et la poésie américaine[6]. Elle lit également avec avidité des romans d'horreur et des récits sensationnels (faits divers, histoires criminelles ou sordides) qui alimenteront, plus tard, ses créations[6]. Elle regarde également les séries télévisées autrichiennes grand public de « manière presque scientifique »[6].

Après des études musicales au conservatoire, Jelinek décide de prendre des cours de théâtre et d'histoire de l’art à l’université de Vienne, sans abandonner la musique[4]. Très tôt, la jeune femme nourrit une grande passion pour l’écriture[6]. Au contact des mouvements étudiants, elle franchit le cap et tente de publier ses premiers textes[7]. Sa carrière, lancée dans les années 1970, est émaillée d'incidents[8]. Chaque nouvel ouvrage, qu'elle situe dans une contre-culture et auquel elle donne une couleur de pamphlet et de critique sociale radicale, provoque chahuts et polémiques en Autriche[8]. En 1974, elle s'inscrit au KPÖ, le Parti communiste d'Autriche, en réaction à sa mère, très à droite, qui dit haïr la « racaille gauchiste »[6].

Jelinek accède à la notoriété dès ses deux premiers romans, Wir sind lockvögel baby ! et Michael. Ein Jugendbuch für die Infantilgesellschaft, reconnus comme les premières œuvres « pop » de la littérature de langue allemande[9].

Ses relations avec son pays, qu'elle accuse de baigner dans un arrière-plan idéologique, politique et culturel délétère (racisme, xénophobie, néo-antisémitisme...), sont exécrables[6]. Les passes d'armes et les insultes qu'elle échange avec la presse conservatrice, la droite et l'extrême droite autrichiennes, notamment avec le FPÖ et son ancien leader Jörg Haider, sont relayées à l'international[10].

Titulaire d’un diplôme d’organiste obtenu en 1971, elle collabore avec la jeune compositrice autrichienne Olga Neuwirth (Todesraten, Bählamms Fest, drame musical d’après Leonora Carrington)[11]. Elle travaille également avec Hans Werner Henze[12]. Jelinek a passé son temps à promouvoir en Autriche l’œuvre, qu’elle estime méprisée, d’Arnold Schönberg, Alban Berg et Anton von Webern[5].

Elle a traduit en allemand, pour subvenir à ses besoins, plusieurs pièces du répertoire traditionnel dont certains vaudevilles d’Eugène Labiche et Georges Feydeau ou encore des tragédies de William Shakespeare et Christopher Marlowe[11]. Elle a également traduit des romans de Thomas Pynchon[11].

Dans sa jeunesse, l’auteure a séjourné à Rome et Berlin[11]. Elle s'est aussi régulièrement rendue à Paris mais son agoraphobie chronique l’a poussée à rester dans la capitale autrichienne[4]. En 1974, à 27 ans, elle a épousé Gottfried Hüngsberg[13]. Avant son divorce, elle a un temps partagé sa vie entre Vienne et Munich, la ville de résidence de son mari[13].

À la fin des années 1980, elle s'engage, avec d'autres intellectuels, pour la libération[14] de Jack Unterweger, condamné à la prison à perpétuité pour le meurtre de Margaret Schäfer. En 1990, l'homme est libéré et devient le symbole de la réhabilitation. Cependant, quatre mois plus tard, il recommencera à tuer des prostituées et deviendra un des plus importants tueurs en séries d'Europe, condamné pour douze meurtres.

En 1991, Jelinek quitte le KPÖ dont elle était devenue une figure connue[15]. En 1999, elle s'oppose aux bombardements, par l'OTAN, de la Serbie[16]. En 2006, elle fait partie des artistes et intellectuels qui soutiennent Peter Handke face à la censure dont il fait l'objet de la part de la Comédie-Française après s'être rendu aux obsèques de Slobodan Milošević[17].

Elle fait l’objet d’une biographie rédigée par deux jeunes femmes (Mathilde Sobottke et Magali Jourdan), publiée aux éditions Danger Public et intitulée Qui a peur d’Elfriede Jelinek ? En 2005, son ancienne traductrice et amie, Yasmin Hoffmann, lui avait déjà consacré un ouvrage : Elfriede Jelinek, une biographie, aux éditions Jacqueline Chambon.

Son roman le plus vendu, La Pianiste, a été adapté au cinéma en 2001 par Michael Haneke avec Isabelle Huppert, Annie Girardot et Benoît Magimel dans les rôles principaux. Le film a reçu trois prix lors du 54e Festival de Cannes.

Jelinek participe à l’adaptation de quelques-unes de ses œuvres. En 1991, elle cosigne également le scénario de Malina, réalisé par Werner Schroeter et inspiré d'un récit autobiographique d’Ingeborg Bachmann, avec déjà Isabelle Huppert qui obtient le prix du Lola de la meilleure actrice en Allemagne pour ce rôle.

L'auteure compte parmi les premiers à avoir créé un site Internet en 1996[12]. À la fin des années 2000, elle met en ligne ses textes sur son site personnel, en téléchargement gratuit, et déclare que ses ouvrages ne seront plus disponibles sous forme de livre imprimé[12]. En 2013, elle fait partie des signataires, en compagnie de plusieurs écrivains dont quatre autres lauréats du prix Nobel (Günter Grass, J.M. Coetzee, Orhan Pamuk et Tomas Tranströmer), d'un manifeste contre la société de surveillance et l'espionnage des citoyens orchestré par les États[18]. En 2014, elle signe, parmi 1 500 auteurs de langue allemande, une lettre ouverte au géant américain Amazon pour dénoncer ses pratiques de distribution et réclamer un marché du livre plus équitable[19]. Elle est par ailleurs un soutien de poids de la campagne « Stop the Bomb (de) » pour un Iran démocratique et sans bombe atomique[20].

Prix Nobel[modifier | modifier le code]

Jelinek a obtenu plusieurs récompenses de premier ordre dont le prix Heinrich Böll 1986, le prix Georg-Büchner 1998 et le prix Heinrich Heine 2002 pour sa contribution aux lettres germanophones[11]. Puis elle se voit attribuer, en 2004, le prix Nobel de littérature pour « le flot de voix et de contre-voix dans ses romans et ses drames qui dévoilent avec une exceptionnelle passion langagière l’absurdité et le pouvoir autoritaire des clichés sociaux », selon l'explication de l'Académie suédoise[15]. Bien qu'Elias Canetti fût distingué comme auteur autrichien en 1981, Jelinek devient cependant le premier écrivain de nationalité autrichienne à être honoré par le comité de Stockholm[21].

Elle se dit d'abord « confuse » et « effrayée » par le poids de la récompense et demande pourquoi son compatriote Peter Handke n'a pas été couronné à sa place[6],[22],[23].

Elle accepte ensuite le prix comme une reconnaissance de son travail[6]. Le , elle déclare néanmoins que son état de santé ne lui permet pas de se rendre à Stockholm pour y chercher sa médaille et son diplôme le 10 décembre : « Je n’irai certainement pas à Stockholm. La directrice de la maison d’édition Rowohlt Theater acceptera le prix pour moi. Bien sûr, en Autriche, on tentera d’exploiter l’honneur qui m’est fait mais il faut rejeter cette forme de publicité. Malheureusement, je vais devoir écarter la foule d’importuns que mon prix va attirer. En ce moment, je suis incapable d’abandonner ma vie solitaire. »[24]. Dans un autre entretien, elle dit une nouvelle fois qu’elle refuse que cette récompense soit « une fleur à la boutonnière de l’Autriche »[15]. Pour la cérémonie de remise de prix, elle adresse à l’Académie suédoise et à la Fondation Nobel une vidéo de remerciements[4]. À l'annonce de la nouvelle, la République autrichienne se partage entre joie et réprobation[21].

À l'international et notamment en France, les réactions sont contrastées[10]. La comédienne Isabelle Huppert, lauréate de deux Prix d'interprétation à Cannes dont un pour La Pianiste, déclare : « En principe, un prix peut récompenser l'audace mais là, le choix est plus qu'audacieux. Car la brutalité, la violence, la puissance de l'écriture de Jelinek ont souvent été mal comprises. […] En lisant et relisant La Pianiste, ce qui ressort, c'est finalement beaucoup plus l'impression d'être face à un grand écrivain classique »[25]. Éditrice des six premiers livres de Jelinek, Jacqueline Chambon, pour sa part, ne cache pas son admiration et son amitié pour l’auteure mais affirme malgré tout avoir « arrêté [de la publier] à cause des traductions qui devenaient de plus en plus lourdes, difficiles. […] Enfin, l’agressivité permanente de ses livres me gênait »[26]. Ce sont les Éditions du Seuil qui ont pris le relais après la défection de Jacqueline Chambon.

La décision de l’Académie suédoise pour l'année 2004 est inattendue[10]. Elle provoque une controverse au sein des milieux littéraires[15],[10]. Certains dénoncent la haine redondante et le ressentiment fastidieux des textes de Jelinek ainsi que l’extrême noirceur, à la limite de la caricature, des situations dépeintes[27]. D'autres y voient la juste reconnaissance d’une grande écrivaine qui convoque la puissance incantatoire du langage littéraire pour trouver une manière neuve et dérangeante d’exprimer le délire, le ressassement et l’aliénation, conditionnés par la culture de masse et la morale régnante[27].

La polémique atteint également les jurés du prix Nobel[27]. En octobre 2005, Knut Ahnlund démissionne de l'Académie suédoise en protestation de ce choix qu’il juge « indigne de la réputation du prix »[28]. Il qualifie l’œuvre de l’auteure dans le quotidien national suédois Svenska Dagbladet de « fouillis anarchique » et de « pornographie », « plaqués sur un fond de haine obsessionnelle et d’égocentrisme larmoyant »[29].

Après l'attribution du prix, Jelinek dit profiter de l'argent de la récompense afin de vivre plus confortablement et arrêter les traductions auxquelles elle est astreinte pour subvenir à ses besoins[21].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Style littéraire[modifier | modifier le code]

Citations et noirceur[modifier | modifier le code]

Sensibles à l'expérimentation, les ouvrages de Jelinek jouent sur plusieurs niveaux de lecture et de construction. Proches de l'avant-garde, ils empruntent beaucoup à l'expressionnisme, au dada et au surréalisme[30]. Ils mêlent diverses formes d'écriture et multiplient les citations disparates, des grands philosophes aux tragédies grecques, en passant par le polar, le cinéma, les romans à l'eau de rose et les feuilletons populaires[4]. L'écrivaine affirme se sentir proche de Stephen King pour sa noirceur, sa caractérisation des personnages et la justesse de son étude sociale[31]. Son univers réfute le kitsch[10]. L'idée de grâce salvatrice est exclue et l'existence est perçue comme un rapport de dominants à dominés[10]. L'auteure fait de la société un terrain de chasse dans lequel les prédateurs triomphent[10].

Postmodernité[modifier | modifier le code]

La critique universitaire rapproche les productions de Jelinek de la littérature post-moderne : transdisciplinarité, rejet partiel du naturalisme, détails polysémiques, intertextualité, relecture critique des genres ou des codes de la fiction, mélange des registres (noirceur dramatique, satire), collages, distorsion du temps, brouillage de la représentation[32]... Sont également notés dans ses textes un pastiche de la paralittérature et une abolition des frontières entre divers niveaux de culture[32]. Selon le jury du prix Nobel, « les textes de Jelinek sont souvent difficiles à classifier en genre. Ils varient entre prose et poésie, incantation et hymne, ils contiennent des scènes théâtrales et des séquences filmiques. L’essentiel de son écriture s’est cependant déplacé de la forme du roman à celle de l’art dramatique. »[11] Dans ses romans comme dans ses pièces, la chronologie des événements est entrelacée d'images du passé et de digressions[11].

Musicalité[modifier | modifier le code]

D'une radicalité assumée, son œuvre est complexe et difficilement traduisible[15]. Elle est écrite dans un style péremptoire qui sonde l'abîme sous la langue courante[15],[6]. Le langage de l'auteure combine déluge verbal, délire, métaphores aiguisées, jugements universels, distance critique, forme dialectique et esprit d'analyse[4]. L'auteure n'hésite pas à utiliser la violence, l'outrance, la caricature et les formules provocantes bien qu'elle refuse de passer pour une provocatrice[10],[33],[4]. Son écriture, à la fois rugueuse et luxuriante, dérive par instants vers le fatras et joue du crescendo[34],[33]. Jelinek emploie des dissonances et a souvent recours à des maximes, des imprécations et des épigrammes qui heurtent le lecteur[34],[33]. Elle accepte d'être définie comme moraliste et de qualifier ses ouvrages d'acte politique[4]. Ses textes concilient en réalité des recherches de langue érudites à un rythme analogue à la musique contemporaine. Elle affirme : « J'utilise le son de chaque mot comme s'il s'agissait d'une composition musicale. J'essaie aussi de révéler le caractère idéologique du langage, de le contraindre à lui faire sortir ses contre-vérités et ce, avec beaucoup d'humour »[4].

Mythes populaires et ironie[modifier | modifier le code]

Jelinek se situe dans une esthétique du choc et de la lutte[32]. Sa prose trouve, de manière exhaustive, différentes manières d’exprimer l’obsession et la névrose et vitupère jusqu'à l'absurde contre la phallocratie, les rapports de forces socio-politiques et leurs répercussions sur les comportements sentimentaux et sexuels[35]. La rhétorique pornographique, exclusivement masculine, est déconstruite et dénoncée et le pacte inconscient qui consiste à voir le triomphe de l’homme sur la femme, analysé et fustigé[34]. L’industrie du spectacle, le divertissement et ses propagandes mensongères sont également la cible de ses invectives[34]. Jelinek cherche à représenter les mythes et les icônes de la culture populaire (Jackie Kennedy, Arnold Schwarzenegger, Bambi) afin d'en montrer la face sombre et de les détruire[34],[36],[37]. Son langage procède par inventaire des stéréotypes sociaux et psychologiques issues de la presse, de la télévision, du roman de gare et des discours politiques pour s'en moquer avec virulence et pour les anéantir[10].

L'auteure explique que son style a profondément évolué : « J'ai d'abord touché, dans les années 1960, à des formes assez expérimentales, recyclant la mythologie de bazar - apprise en partie chez Roland Barthes, les séries télé, les romans à l'eau de rose etc. [...] Je suis passée d'un traitement quasi structuraliste au réalisme encore embryonnaire des Amantes, puis à un style et à une narration vraiment réalistes pour La Pianiste »[4].

Jelinek regrette par ailleurs que la presse et les lecteurs ne décèlent pas assez l'humour et l'ironie de ses textes[4].

Romans[modifier | modifier le code]

Dans ses romans, l'auteure disloque toute progression dramatique et privilégie une étude sociale acérée, puisant son inspiration dans l'art expérimental, les sciences humaines et le structuralisme[10]. La notion de « genre » est transcendée[6]. Généralement, elle fait de ses personnages l'incarnation globale d'une idée d'humiliation, d'agression ou de domination tout en explorant une dimension psychologique complexe, sombre et polyphonique[32].

Premiers romans[modifier | modifier le code]

Wir sind lockvögel baby ! (1972), premier roman de Jelinek, trahit son penchant pour le raisonnement corrosif, l’expression obsessionnelle et la diatribe politique[4]. L'œuvre accuse le folklore et la culture de masse d'être l’écho d’une idéologie nauséabonde[4]. Les Amantes (Die Liebhaberinnen, 1975) relate le parcours de deux Autrichiennes qui tombent enceintes afin de se faire épouser sous la pression de la société[6]. L'ouvrage dénonce les lois consuméristes du mariage et la persécution physique, psychique et morale subie par les femmes[10]. Il vaut à la romancière l'étiquette de « sympathisante féministe » qu'elle revendique[4]. Les Exclus (Die Ausgesperrten, 1981) est le portrait d’une bande de jeunes criminels extrémistes dont les exactions s'inscrivent dans une société pressée de dissimuler un passé nazi qu’elle n’a jamais exorcisé[8]. Les Exclus marque une rupture dans son œuvre.

Jelinek déclare dans un entretien accordé à Yasmin Hoffman, l'une de ses traductrices[38] :

« Je dirais que l'évolution est la suivante : mes tout premiers textes (Bukolit, Wir sind lockvögel baby !, Michael. Ein Jugendbuch für die Infantilgesellschaft) sont encore très marqués par la culture pop et le Wiener Gruppe qui ont beaucoup travaillé avec des montages et des collages. Ces textes avaient un caractère très expérimental, très artificiel (par opposition à un quelconque réalisme ou naturalisme), il n'y avait guère d'action, mais ils étaient déjà empreints d'un engagement politique, visant une critique sociale à travers l'analyse des « mythes de la vie quotidienne ». À partir de cet univers de magazines, de romans à l'eau de rose, que je m'efforçais de décomposer, je suis passée à un univers plus réaliste. Aussi bien Les Exclus que La Pianiste sont des romans d'une facture plus conventionnelle, ils comportent une structure narrative, des personnages, et s'insèrent dans une tradition plus satirique, plus polémique, où la réalité est soumise à une distorsion, ce qui est le propre de la satire. »

La Pianiste et Lust[modifier | modifier le code]

Dans La Pianiste (Die Klavierspielerin, 1983), récit quasi-autobiographique, Jelinek dépeint, sous des angles multiples, l'intimité d’une femme sexuellement frustrée, victime de sa position culturelle dominante et d'une mère possessive et étouffante, ressemblant à la sienne, morte à 97 ans[8]. Comme son héroïne, Erika Kohut, l’auteure n'a jamais quitté sa mère et a vécu avec elle jusqu'à son décès, nonobstant un mariage célébré en 1974 et rapidement dissout[6],[8]. L'ouvrage développe les règles d'expression d’une pornographie exclusivement féminine, ce que son roman suivant Lust (1989) approfondit[37]. Ce récit est la description, libérée des toutes conventions littéraires, d’une relation pornographique entre une femme et son mari chef d’entreprise[34]. L'écrivaine définit son objectif de la manière suivante[5] :

« Explorer toutes les possibilités les plus complexes du langage pour déconstruire le programme idéologique à la base des sociétés humaines, à savoir la dialectique maître-esclave qui voit le triomphe, sur le plan intime et social, de l’exploitation par un dominant de la force de travail d’entités dominées, en l’occurrence par l’employeur de celle de ses employés et par l’homme, celle de la femme. La figure du mari-patron correspond à une idée normative car la violence exercée physiquement et psychologiquement sur sa femme est la même qu’il inflige symboliquement dans son usine à ses ouvriers. »

Elle précise également à Yasmin Hoffmann[38] :

« La structure atypique de Lust (qui ne s'intègre dans aucun genre, parce qu'il ne peut y avoir de genre pour ce type de récit), vient de ce que malgré la présence d'une action "racontable", les acteurs ne sont plus les porteurs de leur destin, mais des porte-voix. La structure romanesque du XIXe siècle où l'individu apparaissait comme le maître d'un destin individuel est une structure dépassée, et je tiens comme beaucoup d'autres auteurs à rompre avec cette tradition. […] Dans Lust, la structure narrative est à nouveau brisée, décomposée en éléments selon des principes structuralistes. Dans le sens d'une réduction, mais pas dans celui où l'entendait Beckett. Il s'agit toujours de dénoncer les mythes, mais cette fois le langage même des mythes et non seulement leur contenu. »

Enfants des morts et Avidité[modifier | modifier le code]

Dans son roman fantasmagorique Enfants des morts (Die Kinder der Toten, 1995), que certains critiques considèrent comme son chef-d’œuvre, l'auteure poursuit sa virulente critique de son pays natal, représenté comme un royaume stérile et archaïque, peuplé de morts et de fantômes[11],[4]. Avidité (Gier, 2000), inspiré d'un double fait divers, utilise les codes du roman policier en trompe-l’œil afin de produire une nouvelle étude critique de la toute-puissance masculine, de l'hypocrisie autrichienne et de ses images d'Épinal[11],[33].

Théâtre[modifier | modifier le code]

Les pièces de Jelinek dénotent l'influence de Bertolt Brecht[10]. Elles décortiquent le pouvoir du verbe et cite aphorismes, formules publicitaires et expressions idiomatiques que la dramaturge estime être l'instrument de l'idéologie dominatrice, mise en scène par les médias audiovisuels. Jelinek accuse ces derniers d'instruire la doxa par éléments de langage, s’immisçant en chaque individu de manière sidérante afin d'anéantir l'esprit critique et de faire accepter les dogmes écrasants du pouvoir politico-économique ou l'injustice sociale[4],[11],[10]. Son théâtre, qui passe peu à peu du dialogue conventionnelle à la polyphonie et au monologue, dérègle le langage et l'idée d'intrigue[11]. Winterreise approfondit cette démarche expérimentale postdramatique en évacuant personnages, dialogues et didascalies et en présentant des fragments d'images, de réflexions, d'anecdotes et de faits divers dans une prose qui fait du texte l'égal de la musique[12].

En 1977, Jelinek réécrit la pièce Une maison de poupée d’Henrik Ibsen, qu’elle transpose à l’époque actuelle, dans une usine et à laquelle elle donne un nouveau titre menaçant : Ce qui arriva quand Nora quitta son mari, ou les piliers de la société : rien que du malheur. Elle y dénonce le sort fait aux femmes dans le monde du travail. En 1981, elle revient avec Clara S sur la vie de l’épouse du compositeur Robert Schumann, Clara Schumann née Wieck. En 1985, elle dépeint, dans Burgtheater, la vie de célébrités du Burgtheater de Vienne, présentées comme des tyrans superficiels[10]. Elle y revient également sur les liens passés entre le milieu théâtral et le IIIe Reich[10]. La pièce fait scandale[6]. Dans Sportstück (1998), elle explore les domaines de la violence, de la chorégraphie et de l’apologie du corps viril dans le sport, prémices d’une idéologie fasciste.

Jelinek s’attarde aussi sur le rôle de la culture romantique qui, selon elle, a nourri l'idéologie nazie (Friedrich Hölderlin, Richard Wagner)[37]. Elle revient, de plus, sur la place historique ambiguë d'intellectuels face au pouvoir politique et aux thèses fascistes ; sujet qu’elle expose dans la pièce Totenauberg (1991) à travers la figure du philosophe Martin Heidegger. La métaphore du vampirisme, exploitée notamment dans La Maladie ou femmes modernes et les influences de la philosophie hégélienne et marxiste ainsi que son goût du freudisme parachèvent la composition de ses pièces[39].

Influences[modifier | modifier le code]

Jelinek revendique une filiation avec la culture critique de la littérature et la philosophie autrichiennes, de Karl Kraus à Ludwig Wittgenstein, en passant par Fritz Mauthner, qui réfléchit le langage et le met à distance[4]. Elle dit également avoir été influencée par Labiche et Feydeau pour leur humour abrasif et leur étude subversive de la bourgeoisie du XIXe siècle[4].

Lorsque l'Académie suédoise décerne le prix Nobel à l'Allemand Günter Grass en 1999, elle déclare avoir été largement marquée par sa lecture du Tambour dont le style a nourri son inspiration littéraire : « Le Tambour a été pour nous, les auteurs qui nous réclamions d'une activité expérimentale, quelque chose d'incontournable. […] Le début du Tambour est l'une des plus grandes ouvertures de roman dans toute l'histoire de la littérature. [...] Peut-être qu'on a voulu honorer avec le Nobel l'auteur politique mais l'œuvre aurait mérité de l'être depuis déjà longtemps »[40],[41]. En 2004, elle fait part de son admiration pour Robert Walser : « Je cache toujours une phrase de Robert Walser dans chacun de mes livres. Comme autrefois, lorsque l’on construisait une cathédrale et que l’on dissimulait un animal dans les fondations. Il faut toujours qu’il y ait quelque part une phrase de Robert Walser scellée dans mes écrits »[42]. Outre Walser, Jelinek cite Franz Kafka, Djuna Barnes et Walter Serner parmi ses écrivains préférés[43]. Elle dit aussi se sentir proche de Paul Celan, Georg Trakl, Friedrich Hölderlin et Sylvia Plath[41]. Sa démarche esthétique est rapprochée de l'actionnisme viennois et l'auteure avoue admirer les travaux des artistes plasticiens Mike Kelley et Paul McCarthy[43].

Grande lectrice de Pierre Bourdieu, Guy Debord, Roland Barthes, Georges Bataille et Antonin Artaud, elle s’ancre dans une tradition nationale de satiriste et de polémiste héritée de Kraus et Thomas Bernhard[4]. Par sa critique féroce de la société et la sophistication de son style, elle est également comparée à Johann Nepomuk Nestroy, Ödön von Horváth et Canetti en plus du Wiener Gruppe dont elle revendique l'influence[11]. Son œuvre porte par ailleurs l'empreinte de Robert Musil, Marlen Haushofer, Ingeborg Bachmann et Ilse Aichinger[44]. Comme chez James Joyce, Virginia Woolf, Samuel Beckett et Kafka, ses autres modèles littéraires, elle explique que le véritable héros de ses livres est le langage lui-même[4].

Distinctions et récompenses[modifier | modifier le code]

Distinction[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Œuvres[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

  • 1970 : Wir sind lockvögel baby !, Rowohlt, Reinbek.
  • 1972 : Michael. Ein Jugendbuch für die Infantilgesellschaft, Rowohlt, Reinbek.
  • 1975 : Les Amantes (Die Liebhaberinnen), traduit de l’allemand par Maryvonne Litaize et Yasmin Hoffmann aux éditions Jacqueline Chambon, Nîmes 1992.
  • 1979 : Bukolit. hörroman (commencé en 1968), Rhombus-Verlag, Vienne.
  • 1981 : Les Exclus (Die Ausgesperrten), traduit de l’allemand par Maryvonne Litaize et Yasmin Hoffmann aux éditions Jacqueline Chambon, Nîmes 1989.
  • 1983 : La Pianiste (Die Klavierspielerin), traduit de l’allemand par Maryvonne Litaize et Yasmin Hoffmann, aux éditions Jacqueline Chambon, Nîmes 1988.
  • 1985 : Méfions-nous de la nature sauvage (Oh Wildnis, oh Schutz vor ihr), traduit de l’allemand par Maryvonne Litaize et Yasmin Hoffmann, éditions J. Chambon, Nîmes, 1995.
  • 1989 : Lust, traduit de l’allemand par Maryvonne Litaize et Yasminn Hoffmann aux éditions Jacqueline Chambon, Nîmes 1991.
  • 1995 : Enfants des morts (Die Kinder der Toten), traduit de l’allemand par Olivier Le Lay aux éditions du Seuil, Paris 2007.
  • 2000 : Avidité (Gier), traduit de l’allemand par Claire de Oliveira aux éditions du Seuil, Paris 2003.
  • 2007 : Neid (Privatroman)
  • 2013 : Rein GOLD. Ein Bühnenessay.

Théâtre et pièces radiophoniques[modifier | modifier le code]

  • 1977 : Ce qui arriva quand Nora quitta son mari (Was geschah, nachdem Nora ihren Mann verlassen hatte oder Stützen der Gesellschaften), traduit de l’allemand par Louis-Charles Sirjacq, l’Arche, Paris 1993
  • 1981 : Clara S., Prometh-Verlag.
  • 1985 : Burgtheater, Prometh-Verlag.
  • 1987 : La Maladie ou Femmes modernes: comme une pièce (Krankheit oder Moderne Frauen, wie ein Stück), traduit de l’allemand par Patrick Démerin et Dieter Hornig, l’Arche, Paris 2001.
  • 1987 : Le Président Abendwind (Präsident Abendwind).
  • 1990 : Wolken.Heim., Verlag-Göttingen.
  • 1991 : Totenauberg, traduit en français par Louis-Charles Sirjacq, l’Arche, Paris 1994.
  • 1994 : Raststätte.
  • 1996 : Stecken, Stab und Stangl.
  • 1998 : Sportstück (Ein Sportstück), traduit de l’allemand par Maryvonne Litaize, Yasmin Hoffmann et Louis-Charles Sirjacq, l’Arche, Paris 1999.
  • 1998 : Désir et permis de conduire (comprend les textes: Ich möchte seicht sein, Sinn: egal Körper: zwecklos, Begierde und Fahrerlaubnis, Wolken.Heim., Er nicht als er), traduit de l’allemand par Maryvonne Litaize, Yasmin Hoffmann et Louis-Charles Sirjacq, l’Arche, Paris 1999.
  • 2000 : Das Lebewohl: 3 Dramen, Berlin-Verlag, Berlin.
  • 2002 : In den Alpen, Berlin-Verlag.
  • 2003 : Le Travail (Das Werk) [à propos de l’accident du funiculaire de Kaprun en novembre 2000], Berliner-Taschenbuch-Verlag Berlin.
  • 2003 : Drames de princesses. La Jeune Fille et la Mort I - V (Der Tod und das Mädchen I – V, Prinzessinnendramen, Berliner-Tascherbuch-Verlag, Berlin; traduit de l’allemand par Magali Jourdan et Mathilde Sobottke, L’Arche, Paris 2006.
  • 2004 : Bambiland, Rowohlt Verlag, Reinbek, traduit de l’allemand par Patrick Démerin, Éditions Jacqueline Chambon, Paris 2006.
  • 2005 : Babel, Rowohlt Verlag, Reinbek.
  • 2006 : Ulrike Maria Stuart, Rowohlt Verlag, Reinbek.
  • 2006 : Sur les animaux (Über Tiere), Rowohlt Verlag, Reinbek.
  • 2008 : Rechnitz (Der Würgeengel)
  • 2009 : Die Kontrakte des Kaufmanns. Eine Wirtschaftskomödie
  • 2010 : Das Werk/Im Bus/Ein Sturz
  • 2011 : Winterreise, traduit de l’allemand par Sophie Herr, Le Seuil, Paris, 2012.
  • 2011 : Blanche-Neige et La Belle au bois dormant
  • 2012 : Restoroute. Animaux, traduit de l'allemand par Patrick Démerin et Dieter Hornig, Paris, Verdier, 2012
  • 2012 : Die Straße. Die Stadt. Der Überfall.
  • 2013 : Aber sicher!
  • 2013 : Les Suppliants (Der Schutzbefohlenen), traduit de l'allemand par Magali Jourdan et Mathilde Sobottke, éditions L'Arche, 2016
  • 2017 : Sur la voie royale (Am Königsweg), traduit de l'allemand par Magali Jourdan et Mathilde Sobottke, L'Arche, 2019
  • 2018 : Ombres (Eurydice parle). Original : Schatten (Eurydike sagt), 2013)[46]

Poésie[modifier | modifier le code]

  • 1967 : L’Ombre de Lisa (Lisas Schatten), Relief-Verlag Eilers, Munich.
  • 2014 : Gesammelte Gedichte / Poésies complètes, traduit de l'allemand par Magali Jourdan et Mathilde Sobottke, Westphalie Verlag, Vienne.

Scénarios[modifier | modifier le code]

  • 1982 : Les Exclus (Die Ausgesperrten), d’après son roman, écrit en collaboration avec le réalisateur Franz Novotny.
  • 1991 : Malina de Werner Schroeter (d’après le roman éponyme d’Ingeborg Bachmann), coécrit avec le réalisateur.
  • 2000 : Die Blutgräfin (coécrit avec Ulrike Ottinger).
  • 2004 : Le Travail (Das Werk, d’après sa pièce) de Nicolas Stemann.
  • 2007 : Ulrike Maria Stuart (d’après sa pièce) de Nicolas Stemann.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Elfriede Jelinek, la déconstruction des mythes » par Nicole Bary sur le site de l'encyclopædia Universalis, consulté le 11 novembre 2013.
  2. Elfriede Jelinek sur l'encyclopédie Larousse, consulté le 11 novembre 2013.
  3. « Elfriede Jelinek: Biography », notablebiographies.com,
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t et u Baptiste Liger, « Elfriede Jelinek: "Je le revendique : oui, je suis un auteur comique" », L'Express,‎ (lire en ligne)
  5. a b c d e f g et h Interview d'Elfriede Jelinek par Nicole Bary pour l'émission « Vivre et écrire à Vienne », (1991), réalisée par Christian Delage et intégrée aux bonus DVD de La Pianiste de Michael Haneke, disque 2, MK2 éditions (EDV 1264), Paris, 2002.
  6. a b c d e f g h i j k l m n o et p Isabelle Rüf, « L'imprécatrice d'Autriche », Le Temps,‎ (lire en ligne)
  7. (en) Interview d'Elfriede Jelinek, Site officiel de la Fondation Nobel, novembre 2004.
  8. a b c d et e Sisyphe.org, dépêche AFP : « Le prix Nobel de littérature à l’Autrichienne Elfriede Jelinek », 06 octobre 2004.
  9. « Elfriede Jelinek, une écriture en rupture » par Nicole Bary sur le site de l'encyclopædia Universalis, consulté le 11 novembre 2013.
  10. a b c d e f g h i j k l m n et o Claire Devarrieux, « Jelinek, la subversion primée à Stockholm », Libération,‎ (lire en ligne)
  11. a b c d e f g h i j k et l Notice bibliographique d'Elfriede Jelinek sur le site officiel de l'Académie suédoise, consultée le 06 novembre 2013.
  12. a b c et d Christine Lecerf, « Un théâtre de glace », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  13. a et b "Portrait of the 2004 Nobel Laureate in Literature", nobelprize.org; retrieved 13 July 2010.
  14. (de) « Jack Unterweger: Der Party-Killer | PROFIL.at », profil.at,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. a b c d e et f Jean-Claude Lebrun, « Je ne suis pas une fleur à la boutonnière de l'Autriche », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
  16. Thierry Clermont, « Peter Handke, l'insaisissable », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  17. René Solis, « Jelinek soutient Peter Handke », Libération,‎ (lire en ligne)
  18. « Refusons la société de surveillance ! », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  19. Sabrina Haessler, « Allemagne : les écrivains refusent d'être "pris en otages" par Amazon », Courrier international,‎ (lire en ligne)
  20. No support for the Iranian regime!
  21. a b et c Christian Fillitz, « L'Autriche partagée entre joie et réprobation », Libération,‎ (lire en ligne)
  22. (en) Gitta Honegger, « How to Get the Nobel Prize Without Really Trying », Theater, Yale School of Drama, Duke UP, vol. 36, no 2,‎ , p. 5–19
  23. France Culture « Peter Handke et Elfriede Jelinek », émission du 23 juillet 2007.
  24. Courrier international, octobre 2004.
  25. Antoine De Baecque, « Isabelle Huppert : "Très délicate, très pâle, très douce" », Libération,‎ (lire en ligne)
  26. Entretien de Jacqueline Chambon dans Le Figaro, 10 août 2004.
  27. a b et c Année de littérature 2004 in Le Magazine littéraire No 459 : « Quarante ans de littérature », décembre 2006, page 122
  28. « Le Nobel de littérature remis ce jeudi », Le Nouvel Observateur,‎ (lire en ligne)
  29. « Nobel judge steps down in protest », BBC News, 11 octobre 2005.
  30. Gérard Thiériot, Elfride Jelinek et le devenir du drame, éd. Presses Universitaires du Mirail, p. 32-33, consulté le 3 septembre 2014.
  31. Baptiste Liger, « Sept écrivains racontent leur " King " », L'Express,‎ (lire en ligne)
  32. a b c et d Vanessa Besand, « L’œuvre romanesque d’Elfriede Jelinek : une esthétique de la pop culture ? », Trans, revue de littérature générale et comparée,‎ (lire en ligne)
  33. a b c et d Jean-Claude Lebrun, « Elfriede Jelinek Une haine vivifiante », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
  34. a b c d e et f Elfriede Jelinek sur l'encyclopædia Universalis, consulté le 05 novembre 2013.
  35. Elfriede Jelinek sur l'encyclopédie Larousse, consulté le 05 novembre 2013.
  36. Solis René, « Jackie arrive bien à n'aller nulle part », Libération,‎ (lire en ligne)
  37. a b et c Œuvre d'Elfriede Jelinek sur l'encyclopédie Larousse, consulté le 11 novembre 2013.
  38. a et b Lust, Elfriede Jelinek, traduit de l'allemand par Yasmin Hoffmann et Maryvonne Litaize, éditions Jacqueline Chambon (première parution) et Points-Seuil (version poche), Paris, 1991, p. 273-275, (ISBN 2020146150).
  39. Cécile Chamayou-Kuhn, « Pour une dé-figuration du politique par la négation de l'intime féminin ? », Le texte étranger, colloque organisé par l'université Paris 8,‎ (lire en ligne)
  40. Le Magazine littéraire No 381, novembre 1999, « Günter Grass du Tambour au prix Nobel », réaction d'Elfriede Jelinek à l'annonce du prix décerné par Stockholm à Günter Grass, page 41.
  41. a et b Elfriede Jelinek, « L'esthétique du Tambour a été pour nous incontournable », Le Magazine littéraire,‎ (lire en ligne)
  42. Christine Lecerf, « Interview d'Elfriede Jelinek », Arte,‎ (lire en ligne)
  43. a et b « Questionnaire de Proust, Elfriede Jelinek Prix Nobel », L'Express,‎ (lire en ligne)
  44. (en) Gitta Honegger, « How to Get the Nobel Prize Without Really Trying », Theater, Yale School of Drama, Duke UP, vol. 36, no 2,‎ , p. 5–19
  45. Ouest-France, « La Nobel autrichienne de littérature Elfriede Jelinek distinguée par la France », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  46. « Ombre (Eurydice Parle), d’Elfriede Jelinek », France Culture,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Yasmin Hoffmann, Elfriede Jelinek, une biographie, Paris, Jacqueline Chambon, .
  • Magali Jourdan et Mathilde Sobottke, Qui a peur d’Elfriede Jelinek ?, Paris, Danger Public, .
  • Roland Koberg et Verena Mayer (trad. de l'allemand), Elfriede Jelinek, un portrait, Paris, Le Seuil, , 305 p. (ISBN 978-2-02-090925-9).
  • Christine Lecerf, Elfriede Jelinek, l’entretien, Paris, Seuil, .
  • Gérard Thiériot (dir.), Elfriede Jelinek et le devenir du drame, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2006 (ISBN 978-2-85816-869-9).
  • B. Banoun, Y. Hoffmann, K. Zeyringer (dir.), Dossier Elfriede Jelinek, in : Europe 933-934, janvier-février 2007.
  • Liza Steiner, Sade aujourd'hui. Anatomie de la pornocratie, Paris, Classiques Garnier, décembre 2019 : étude comparative sur Lust et Les exclus.

Liens externes[modifier | modifier le code]