« Fauconnerie » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Jean Po (discuter | contributions)
m →‎En France : Ajout source
RI: ajout texte ; ajout {latin}, {nb}, liens, titres
Balises : Éditeur visuel Vérification de modification (références) activé Vérification de modification (références) refusée (autre)
(23 versions intermédiaires par 16 utilisateurs non affichées)
Ligne 6 : Ligne 6 :
| ID = 01708
| ID = 01708
| Année = 2010
| Année = 2010
| Réinscription = 2012, 2016 et 2021
}}
}}


La '''fauconnerie''' est l'art de capturer un gibier dans son milieu naturel à l'aide d'un oiseau de proie affaité (dressé). Cet art très ancien est pratiqué dans plus de quatre vingt pays et a été inscrit au [[patrimoine culturel immatériel de l'humanité]] de l'[[UNESCO]] le {{date|16|novembre|2010}}<ref>[http://www.unesco.org/new/fr/media-services/single-view/news/forty_six_new_elements_added_to_representative_list_of_the_intangible_cultural_heritage/La Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité s’enrichit de 46 nouveaux éléments].</ref>, puis avec de nouveaux pays en 2012, 2016<ref name="Unesco">{{Lien web|url=http://www.unesco.org/culture/ich/fr/RL/01209 |titre=La fauconnerie, un patrimoine humain vivant |auteur=[[UNESCO]]}}</ref> et 2021<ref>{{Lien web |url=https://ich.unesco.org/fr/actualites/dcouvrez-les-nouveaux-lments-inscrits-sur-les-listes-de-la-convention-2003-13359 |titre=Découvrez les nouveaux éléments inscrits sur les listes de la Convention 2003... |site=UNESCO - Patrimoine culturel immatériel |date=17 décembre 2021}}</ref>..
La '''fauconnerie''' est l'art de capturer un gibier dans son milieu naturel à l'aide d'un [[Rapace|oiseau de proie]] affaité (dressé). Cet art très ancien est pratiqué dans plus de quatre-vingts pays et a été inscrit au [[patrimoine culturel immatériel de l'humanité]] de l'[[UNESCO]] le {{date|16|novembre|2010}}<ref>{{Lien web |titre=Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel |url=https://ich.unesco.org/doc/src/ITH-10-5.COM-CONF.202-6-FR.pdf |format=pdf |date=6 octobre 2010 |site=ich.unesco.org}}</ref>, puis avec de nouveaux pays en 2012<ref>{{Lien web |titre=Décision du Comité intergouvernemental : 7.COM 11.33 |url=https://ich.unesco.org/fr/decisions/7.COM/11.33 |site=ich.unesco.org}}</ref>, 2016<ref>{{Lien web |titre=Décision du Comité intergouvernemental : 11.COM 10.B.15 |url=https://ich.unesco.org/fr/decisions/11.COM/10.B.15 |site=ich.unesco.org}}</ref> et 2021<ref>{{Lien web |titre=Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.B.14 |url=https://ich.unesco.org/fr/decisions/16.COM/8.B.14 |site=ich.unesco.org}}</ref>.

De nombreuses espèces de rapaces sont utilisées : les [[faucons]], les [[Autour|autours]], l'[[épervier]] pour le vol de la [[caille]], l'[[aigle royal]] au [[Kazakhstan]] pour voler le renard voire le loup, les [[Faucon sacre|faucons sacres]] pour le vol de l'[[outarde houbara]], etc.


== Histoire ==
== Histoire ==
[[Image:Falconry1.jpg|thumb|Illustration du traité de fauconnerie ''De arte venandi cum avibus'']]
[[Image:Falconry1.jpg|thumb|Illustration du traité de fauconnerie {{Latin|De arte venandi cum avibus}}]]
=== Origines ===
=== Origines ===
La fauconnerie semble trouver son origine dans les [[steppe eurasiatique|steppes]] et les hauts-plateaux d'Eurasie centrale, dans des régions où, maintenant encore, se rencontre la plus grande concentration naturelle d'oiseaux de proie aptes à être affaités (dressés). Les [[Kirghizes]], guerriers nomades et chasseurs, sont les héritiers d'une tradition qui remonte à l'Antiquité et qui pourrait être apparue chez les [[Scythes]] ou d'autres peuples plus anciens. Cette pratique reste très vivace en Asie centrale de nos jours malgré la vie moderne. Le monde antique [[grec ancien|grec]] et [[latin]] a connaissance de cet art sans le pratiquer. Une plaque de ceinturon gallo-romain évoque la chasse au vol…
La fauconnerie semble trouver son origine dans les [[steppe eurasiatique|steppes]] et les hauts-plateaux d'Eurasie centrale, dans des régions où, maintenant encore, se rencontre la plus grande concentration naturelle d'oiseaux de proie aptes à être affaités (dressés). Les [[Kirghizes]], guerriers nomades et chasseurs, sont les héritiers d'une tradition qui remonte à l'Antiquité et qui pourrait être apparue chez les [[Scythes]] ou d'autres peuples plus anciens<ref>{{Ouvrage|auteur1=Svetlana Jacquesson|titre=Les oiseaux de chasse en Asie centrale :
savoirs et pratiques. Thèse pour obtenir le grade de docteur.|éditeur=Institut national des langues et civilisations orientales, Paris|date=septembre 2000}}</ref>. Cette pratique reste très vivace en Asie centrale de nos jours malgré la vie moderne. Le monde antique [[grec ancien|grec]] et [[latin]] a connaissance de cet art sans le pratiquer. Une plaque de ceinturon gallo-romain évoque la chasse au vol.
Les [[Faucon pèlerin|faucons pèlerins]] (oiseaux les plus rapides au monde) voleraient jusqu'à plus de {{unité|200|mètres}} au-dessus de leur proie avant de redescendre en piqué à plus de {{unité|300|km/h}} pour percuter leur cible.


=== Développement en Europe ===
=== Développement en Europe ===
C'est au {{VIIe siècle}} que le monde gallo-romain découvre l'art de la fauconnerie. Les Arabes et les [[Gaulois (peuples)|Gaulois]] l'ont appris des Germains par les grandes invasions. Au [[Moyen Âge]], on voit vraiment se développer la fauconnerie dans tous les pays d'[[Europe]], avec un âge d'or en [[France]] sous Louis XIII. Selon les périodes et les régions, elle est largement pratiquée par tous, ou, au contraire, demeure l'expression jalouse de la noblesse, voire privilège royal. La fauconnerie fait partie, avec le chant poétique, la cavalerie et le maniement des armes, des arts nobles donnant lieu à des concours entre tous les jeunes gens nobles d'une région, comme l'atteste la [[cour de l'Épervier]] dans le [[Languedoc]].
C'est au {{s-|V}} que le monde gallo-romain découvre l'art de la fauconnerie. Les mérovingiens en sont épris, les Burgondes également qui créent des lois pécuniaires en remboursement d'un faucon tué<ref>{{Ouvrage|prénom1=Peyré, J. F.|nom1=A.|titre=Lois des Bourguignons vulgairement nommées Loi Gombette|date=1855|oclc=249714070|lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/249714070|consulté le=2022-12-20}}</ref>. Les Arabes et les [[Gaulois (peuples)|Gaulois]] l'ont appris des Germains par les grandes invasions. On distinguait alors la fauconnerie constituée des oiseaux de hauts vols ([[faucons]]) et réservée a une élite de guerrier, de l'autourserie, réservée à une autre élite plus ecclésiastique, qui constituait la chasse à bas vol et employait des [[Épervier|éperviers]], des [[Aigle|aigles]], des [[Autour|autours]]. Encore que l'une et l'autre était pratiquée par les mêmes . Elles demandent une extrême patiente et exigent des connaissances élevées. Au [[Moyen Âge]], on voit vraiment se développer la fauconnerie dans tous les pays d'[[Europe]], avec un âge d'or en [[France]] sous Louis XIII. Selon les périodes et les régions, elle est largement pratiquée par tous, ou, au contraire, demeure l'expression jalouse de la noblesse, voire privilège royal. La fauconnerie fait partie, avec le chant poétique, la cavalerie et le maniement des armes, des arts nobles donnant lieu à des concours entre tous les jeunes gens nobles d'une région, comme l'atteste la [[cour de l'Épervier]] dans le [[Languedoc]].


Les rapaces font l'objet d'un commerce important et constituent un produit considéré comme précieux et de prestige. Les [[ordre militaire|ordres chrétiens de chevalerie]] créés à partir du {{XIIe siècle}} ont une approche différente de la pratique de la chasse. Au sein de l'[[ordre du Temple]], la fauconnerie est interdite, en revanche c'est la seule méthode de chasse autorisée au sein de l'ordre des [[Ordre de Saint-Jean de Jérusalem|hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem]].
Les rapaces font l'objet d'un commerce important et constituent un produit considéré comme précieux et de prestige. Les [[ordre militaire|ordres chrétiens de chevalerie]] créés à partir du {{XIIe siècle}} ont une approche différente de la pratique de la chasse. Au sein de l'[[ordre du Temple]], la fauconnerie est interdite, en revanche c'est la seule méthode de chasse autorisée au sein de l'ordre des [[Ordre de Saint-Jean de Jérusalem|hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem]].


La technique s'affine peu à peu, en particulier grâce à l'usage du leurre et du [[wikt:chaperon|chaperon]] rapportés d'[[Proche-Orient|Orient]] par les croisés en [[1247]]. Puis apparaît le plus riche et le plus célèbre traité de fauconnerie d'Occident, ''[[De arte venandi cum avibus]]'' de l'empereur [[Frédéric II du Saint-Empire|Frédéric II de Hohenstaufen]], qui pratiquait la chasse avec le faucon dans les bois du [[Vulture]], dans la région italienne de [[Basilicate]].
La technique s'affine peu à peu, en particulier grâce à l'usage du leurre et du [[wikt:chaperon|chaperon]] rapportés d'[[Proche-Orient|Orient]] par les croisés en [[1247]]. Puis apparaît le plus riche et le plus célèbre traité de fauconnerie d'Occident, {{Latin|[[De arte venandi cum avibus]]}} de l'empereur [[Frédéric II du Saint-Empire|Frédéric II de Hohenstaufen]], qui pratiquait la chasse avec le faucon dans les bois du [[Vulture]], dans la région italienne de [[Basilicate]].


=== En France ===
=== En France ===
Ligne 34 : Ligne 37 :
| Domaine4 =
| Domaine4 =
| Localisation = [[France]]<br/>[[Nouvelle-Aquitaine]]<br/> [[Auvergne]]<br>[[Rhône-Alpes ]]<br/>[[Grand-Est]]<br/>[[Normandie]]<br/>[[Bourgogne-Franche-Comté]]<br>[[Franche-Comté]]<br/>[[Bretagne]]<br/>[[Centre-Val de Loire]]<br/>[[Corse]]<br/>[[Guadeloupe]]<br/>[[Normandie]]<br/>[[Île-de-France]]<br/>[[La Réunion]]<br/>[[Occitanie (région administrative)]]<br/>[[Hauts-de-France]]<br/>[[Provence-Alpes-Côte d'Azur]]
| Localisation = [[France]]<br/>[[Nouvelle-Aquitaine]]<br/> [[Auvergne]]<br>[[Rhône-Alpes ]]<br/>[[Grand-Est]]<br/>[[Normandie]]<br/>[[Bourgogne-Franche-Comté]]<br>[[Franche-Comté]]<br/>[[Bretagne]]<br/>[[Centre-Val de Loire]]<br/>[[Corse]]<br/>[[Guadeloupe]]<br/>[[Normandie]]<br/>[[Île-de-France]]<br/>[[La Réunion]]<br/>[[Occitanie (région administrative)]]<br/>[[Hauts-de-France]]<br/>[[Provence-Alpes-Côte d'Azur]]
| url = https://www.pci-lab.fr/fiches-d-inventaire/fiche/67
}}
}}


[[Fichier:Menagier-chasse-epervier.jpg|thumb|Chasse à l'épervier, 1379. Illustration figurant dans le Ménagier de Pichon.]]
[[Fichier:Menagier-chasse-epervier.jpg|thumb|Chasse à l'épervier, 1379. Illustration figurant dans le Ménagier de Pichon.]]
Les rois de France ont toujours eu des équipages de vol et la plupart d'entre eux ont effectivement pratiqué sur le terrain. Les renseignements les plus précis ne remontent qu'au {{XIIIe siècle}}. À cette époque, et jusqu'au début du {{XVe siècle}}, le responsable des équipages royaux portait le titre de fauconnier maître; sous [[Charles VI de France|Charles VI]], on sépara les services de la vénerie et de la fauconnerie en créant, en [[1406]], la charge de grand fauconnier de France qui subsista jusqu'à la Révolution.
La fauconnerie fait son apparition sur le territoire français par les invasions germaniques, et devient depuis une pratique courante chez les élites sociales, dont principalement les nobles et la royauté dès le début du Moyen Âge. Une mention de la chasse au vol est faite dans le livre V de l'''[[Histoire des Francs]]'' par l'évêque [[Grégoire de Tours]], sous la forme d'une anecdote de la mort de Mérovée, fils de Chilpéric Ier : « Pourquoi restons-nous ici, comme des paresseux et des lâches ? Et d’où vient que semblables à des imbéciles , nous nous cachons autour de cette basilique ? Faisons venir nos chevaux, prenons des faucons, allons à la chasse avec des chiens, et jouissons de la vue des lieux ouverts »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Grégoire de Tours|titre=Histoire des Francs, Livre V|date=VIe siècle}}</ref>. Les renseignements les plus précis ne remontent qu'au {{s|XIII}}. À cette époque, et jusqu'au début du {{s|XV}}, le responsable des équipages royaux portait le titre de fauconnier maître; sous [[Charles VI de France|Charles VI]], on sépara les services de la vénerie et de la fauconnerie en créant, en [[1406]], la charge de grand fauconnier de France qui subsista jusqu'à la Révolution.
Sous [[Louis XIII de France|Louis XIII]], fauconnier dans l'âme, cet art connaît son apogée et son second âge d'or ; la fauconnerie française est la première d'Europe<ref>{{lien web |titre=Tunnel |url=http://www.anfa.net/fr/la-fauconnerie-dans-le-monde.html |site=anfa.net |périodique=Association Nationale des Fauconniers et Autoursiers Français |date=13-01-2011 |consulté le=10-09-2020}}.</ref> tant par l'éclat de ses équipages que par sa technique. En [[1616]], la fauconnerie du roi comporte 300 oiseaux subdivisés en six équipages spécialisés : vol pour le héron, vol pour [[milan]] et [[Corneille noire|corneille]], vol pour [[perdrix]], etc. Raffinements et subtilités permettent des prouesses. Les oiseaux volent de compagnie (en équipe), chacun tenant un rôle distinct<ref>Charles d'Arcussia de Caprée, vicomte d'Esparron de Pallières la « Conférence des Fauconniers»".</ref>. Mais dès 1617, Louis XIII a des oiseaux en propre au Louvre (cabinet d'Apollon) qui va composer, indépendamment de la Grande fauconnerie, les « Oiseaux du Cabinet du Roi »<ref>E. Lennel de La Farelle, ''Une famille attachée à la maison de Louis XIII [Du Buisson de La Marsaudière] et sa descendance'', Éd. E. Champion (Paris), 1913</ref> et qu'il emportait continuellement avec lui dans ses déplacements de résidences en résidences ou à la Guerre. La Fauconnerie du [[Maison du roi|Cabinet du Roi]] persistera jusqu'à la Révolution. Sous son règne, la chasse au vol connut son apogée, non seulement en France, mais dans la plupart des cours européennes ([[Allemagne]], [[Grande-Bretagne]], [[Hollande]], etc.).
Sous [[Louis XIII]], fauconnier dans l'âme, cet art connaît son apogée et son second âge d'or ; la fauconnerie française est la première d'Europe<ref>{{lien web |titre=Tunnel |url=http://www.anfa.net/fr/la-fauconnerie-dans-le-monde.html |site=anfa.net |périodique=Association nationale des fauconniers et autoursiers Français |date=13-01-2011 |consulté le=10-09-2020}}.</ref> tant par l'éclat de ses équipages que par sa technique. En [[1616]], la fauconnerie du roi comporte {{Nb|300 oiseaux|}} subdivisés en six équipages spécialisés : vol pour le héron, vol pour [[milan (oiseau)|milan]] et [[Corneille noire|corneille]], vol pour [[perdrix]], etc. Raffinements et subtilités permettent des prouesses. Les oiseaux volent de compagnie (en équipe), chacun tenant un rôle distinct<ref>Charles d'Arcussia de Caprée, vicomte d'Esparron de Pallières la « Conférence des Fauconniers»".</ref>. Mais dès 1617, Louis XIII a des oiseaux en propre au Louvre (cabinet d'Apollon) qui va composer, indépendamment de la Grande fauconnerie, les « Oiseaux du Cabinet du Roi »<ref>E. Lennel de La Farelle, ''Une famille attachée à la maison de Louis XIII [Du Buisson de La Marsaudière] et sa descendance'', Éd. E. Champion (Paris), 1913</ref> et qu'il emportait continuellement avec lui dans ses déplacements de résidences en résidences ou à la Guerre. La Fauconnerie du [[Maison du roi|Cabinet du Roi]] persistera jusqu'à la Révolution. Sous son règne, la chasse au vol connut son apogée, non seulement en France, mais dans la plupart des cours européennes ([[Allemagne]], [[Grande-Bretagne]], [[Hollande]], etc.).


Peu à peu, à la fin du {{XVIIe s}}, la fauconnerie va passer de mode avec le développement des armes à feu. Louis XIV installe à partir de 1670 la Fauconnerie du [[Maison du Roi|Cabinet du Roi]] à [[Montainville (Yvelines)|Montainville]]<ref>Tréton Jacques, ''Histoire de Montainville, joli village du Pincerais'', 1998.</ref>, village non loin de [[Versailles]]. Les Maitres fauconniers du Cabinet du Roi étaient souvent originaires de la région d'[[Anvers]] en [[Flandre (Belgique)|Flandres]]. [[Louis XIV de France|Louis XIV]], [[Louis XV de France|Louis XV]] et [[Louis XVI de France|Louis XVI]] sont plus veneurs que fauconniers mais les services de la Fauconnerie royale subsistent. La fauconnerie du Cabinet du Roi sera aux mains de la famille Forget durant le {{s mini-|XVII}} et {{s-|XVIII}}. Cette Fauconnerie restera avec tout son personnel dans ce village jusqu'à la [[Révolution française|Révolution]] durant laquelle deux décrets de la Convention vont supprimer tant les charges royales de la fauconnerie que toute pratique de cet art trop évocateur du passé.
Peu à peu, à la fin du {{XVIIe s}}, la fauconnerie va passer de mode avec le développement des armes à feu. Louis XIV installe à partir de 1670 la Fauconnerie du [[Maison du Roi|Cabinet du Roi]] à [[Montainville (Yvelines)|Montainville]]<ref>Tréton Jacques, ''Histoire de Montainville, joli village du Pincerais'', 1998.</ref>, village non loin de [[Versailles]]. Les Maîtres fauconniers du Cabinet du Roi étaient souvent originaires de la région d'[[Anvers]] en [[Flandre (Belgique)|Flandres]]. [[Louis XIV]], [[Louis XV]] et [[Louis XVI]] sont plus veneurs que fauconniers mais les services de la Fauconnerie royale subsistent. La fauconnerie du Cabinet du Roi sera aux mains de la famille Forget durant le {{s mini-|XVII}} et {{s-|XVIII}}. Cette Fauconnerie restera avec tout son personnel dans ce village jusqu'à la [[Révolution française|Révolution]] durant laquelle deux décrets de la Convention vont supprimer tant les charges royales de la fauconnerie que toute pratique de cet art trop évocateur du passé.


[[Napoléon Ier|Napoléon]], qui ne fut pas un grand chasseur, créa les services impériaux de vénerie et de fauconnerie surtout dans un souci de prestige. En fait, la chasse au vol sera officiellement inexistante au {{XIXe siècle}} puisque ne figurant pas parmi les modes de chasse autorisés. La loi de police de [[1844]] continua de l'ignorer.
[[Napoléon Ier|Napoléon]], qui ne fut pas un grand chasseur, créa les services impériaux de vénerie et de fauconnerie surtout dans un souci de prestige. En fait, la chasse au vol sera officiellement inexistante au {{XIXe siècle}} puisque ne figurant pas parmi les modes de chasse autorisés. La loi de police de [[1844]] continua de l'ignorer.


Le flambeau sera néanmoins repris par quelques originaux et amateurs éclairés, dont certains aristocrates, anciens émigrés qui avaient rapporté de l'étranger l'amour de la chasse au vol et surent le transmettre. Cette pratique ignorée des règlements ne fut guère contestée, d'autant que les rapaces, depuis la Révolution, figuraient au bestiaire des nuisibles. En 1865, [[Napoléon III]] donne même au « Club de fauconnerie Champenoise » une autorisation officielle de voler au camp de Châlons, mais l'essai se termina en 1870 avec la chute de l'empire.
Le flambeau sera néanmoins repris par quelques originaux et amateurs éclairés, dont certains aristocrates, anciens émigrés qui avaient rapporté de l'étranger l'amour de la chasse au vol et surent le transmettre. Cette pratique ignorée des règlements ne fut guère contestée, d'autant que les rapaces, depuis la Révolution, figuraient au bestiaire des nuisibles. En 1865, [[Napoléon III]] donne même au « Club de fauconnerie Champenoise » une autorisation officielle de voler au camp de Châlons, mais l'essai se termina en 1870 avec la chute de l'empire.


La renaissance de la fauconnerie en France est due, à la fin de la [[Seconde Guerre mondiale]], au périgourdin Abel Boyer, entouré de quelques amis. Ensemble, ils fondent l'Association nationale des fauconniers et autoursiers français, ils redécouvrent et vulgarisent les techniques de la chasse au vol et entreprennent des efforts pour la reconnaissance légale de ce mode de chasse, obtenue en [[1954]]<ref>Pour plus de précisions sur la Fauconnerie française, consulter le site du club des fauconniers et autoursiers de France [http://www.clubdesfauconniersetautoursiersdefrance.fr/]</ref><ref>{{Article|langue=fr|titre=LA FAUCONNERIE de nouveau autorisée|périodique=Le Monde.fr|date=1954-07-31|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/07/31/la-fauconnerie-de-nouveau-autorisee_2036987_1819218.html|consulté le=2022-03-04}}</ref>.
La renaissance de la fauconnerie en France est due, à la fin de la [[Seconde Guerre mondiale]], au périgourdin Abel Boyer, entouré de quelques amis. Ensemble, ils fondent l'Association nationale des fauconniers et autoursiers français, ils redécouvrent et vulgarisent les techniques de la chasse au vol et entreprennent des efforts pour la reconnaissance légale de ce mode de chasse, obtenue en [[1954]]<ref>Pour plus de précisions sur la Fauconnerie française, consulter le site du club des fauconniers et autoursiers de France [http://www.clubdesfauconniersetautoursiersdefrance.fr/]</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=LA FAUCONNERIE de nouveau autorisée|périodique=Le Monde.fr|date=1954-07-31|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/07/31/la-fauconnerie-de-nouveau-autorisee_2036987_1819218.html|consulté le=2022-03-04}}</ref>.


La fauconnerie moderne est aussi employée par l'[[Force aérienne|armée]] autour de ses [[base aérienne|bases aériennes]] pour éviter les collisions entre oiseaux et [[avion militaire|avions]]<ref>https://www.defense.gouv.fr/air/base/breves/2010/janvier/des_rapaces_a_cognac</ref>.
La fauconnerie moderne est aussi employée par l'[[Force aérienne|armée]] autour de ses [[base aérienne|bases aériennes]] pour éviter les collisions entre oiseaux et [[avion militaire|avions]]<ref>https://www.defense.gouv.fr/air/base/breves/2010/janvier/des_rapaces_a_cognac</ref>.
Ligne 53 : Ligne 57 :
=== Au Maroc ===
=== Au Maroc ===
{{…}}
{{…}}
Au [[Maroc]], les débuts de la pratique de la fauconnerie (''tabiyazt'' ou ''bayzara'') remontent à l'époque des conquêtes islamiques, particulièrement à partir du {{s-|XII|e}}<ref name="IDPCM">{{lien web|url=http://www.idpc.ma/view/pc_immateriel/igpcm:41175|titre=Patrimoine immatériel : Fauconnerie|site=Inventaire et documentation du patrimoine culturel du Maroc|éditeur=ministère de la Culture|lieu=Rabat}}</ref>. Elle s'est diffusée parmi les [[nomadisme|nomades]] et [[semi-nomadisme|semi-nomades]], ainsi que dans la société [[liste des monarques marocains|monarchique]]<ref name="IDPCM" /> ; au sein de cette dernière, l'attention qui y fut portée dès la [[dynastie almohade]] est avérée par des textes historiques<ref name="IDPCM" />.
Au [[Maroc]], les débuts de la pratique de la fauconnerie (''tabiyazt'' ou ''bayzara'')<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La Fauconnerie, Héritage Millénaire de la Culture Arabe au Maroc - The Moorish Times |url=https://moorishtimes.com/articles/fauconnerie |site=moorishtimes.com |consulté le=2024-03-22}}</ref> remontent à l'époque des conquêtes islamiques, particulièrement à partir du {{s-|XII|e}}<ref name="IDPCM">{{lien web|url=http://www.idpc.ma/view/pc_immateriel/igpcm:41175|titre=Patrimoine immatériel : Fauconnerie|site=Inventaire et documentation du patrimoine culturel du Maroc|éditeur=ministère de la Culture|lieu=Rabat}}</ref>. Elle s'est diffusée parmi les [[nomadisme|nomades]] et [[semi-nomadisme|semi-nomades]], ainsi que dans la société [[liste des monarques marocains|monarchique]]<ref name="IDPCM" /> ; au sein de cette dernière, l'attention qui y fut portée dès la [[dynastie almohade]] est avérée par des textes historiques<ref name="IDPCM" />.


De nos jours, cette tradition est toujours fortement ancrée au sein du [[Doukkala (région)|Doukkala]] ({{citation|familles Kouassem}})<ref name="IDPCM" />, et le Maroc fait partie de l'Association internationale de la fauconnerie<ref name="IDPCM" />.
De nos jours, cette tradition est toujours fortement ancrée au sein du [[Doukkala (région)|Doukkala]] ({{citation|familles Kouassem}})<ref name="IDPCM" />, et le Maroc fait partie de l'Association internationale de la fauconnerie<ref name="IDPCM" />.
Ligne 60 : Ligne 64 :
[[Image:Falconry Dubai.jpg|thumb|Des faucons dans l'[[Dubaï (émirat)|émirat de Dubaï]].]]
[[Image:Falconry Dubai.jpg|thumb|Des faucons dans l'[[Dubaï (émirat)|émirat de Dubaï]].]]


Il existe actuellement des associations de fauconnerie dans presque tous les pays d'Europe, de l'est à l'ouest, mais aussi au Moyen-Orient, en [[Asie]], en [[Amérique]] et en [[Afrique]].
Il existe actuellement des associations de fauconnerie dans presque tous les pays d'Europe, de l'est à l'ouest, mais aussi au Moyen-Orient, en [[Asie]], en [[Amérique]] et en [[Afrique]]{{Référence nécessaire|date=14 mai 2024}}.


Hormis l'[[Australie]], la plupart des pays connaissent une fauconnerie locale, traditionnelle et bien souvent séculaire. Pour certains, il aura fallu attendre la deuxième partie du {{XXe siècle}}, et les moyens modernes de communications, pour redécouvrir, bien vivante, leur pratique de la chasse au vol qui n'a guère changé depuis les récits de [[Marco Polo]]. Si chaque région géographique du globe connaît une fauconnerie spécifique, on peut cependant reconnaître deux grandes catégories de chasse au vol dans le monde.
Hormis l'[[Australie]], la plupart des pays connaissent une fauconnerie locale, traditionnelle et bien souvent séculaire. Pour certains, il aura fallu attendre la deuxième partie du {{XXe siècle}}, et les moyens modernes de communications, pour redécouvrir, bien vivante, leur pratique de la chasse au vol qui n'a guère changé depuis les récits de [[Marco Polo]]. Si chaque région géographique du globe connaît une fauconnerie spécifique, on peut cependant reconnaître deux grandes catégories de chasse au vol dans le monde.
Ligne 66 : Ligne 70 :
Dans tous les pays, la fauconnerie est strictement réglementée dans la mesure où pratiquement toutes les espèces d'oiseaux de proie utilisées à la chasse au vol sont protégées. Il est donc vital pour l'avenir de la fauconnerie que les administrations nationales, avant de légiférer, disposent des interlocuteurs fiables que sont les associations de chasse au vol. Ces réglementations nationales varient assez peu d'un pays à l'autre car elles sont le plus souvent dictées par des conventions ou règlements internationaux ([[Convention_sur_le_commerce_international_des_espèces_de_faune_et_de_flore_sauvages_menacées_d'extinction|convention de Washington ou CITES]], [[Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe|convention de Bern]], etc.); la fauconnerie n'échappe pas non plus à la [[mondialisation]].
Dans tous les pays, la fauconnerie est strictement réglementée dans la mesure où pratiquement toutes les espèces d'oiseaux de proie utilisées à la chasse au vol sont protégées. Il est donc vital pour l'avenir de la fauconnerie que les administrations nationales, avant de légiférer, disposent des interlocuteurs fiables que sont les associations de chasse au vol. Ces réglementations nationales varient assez peu d'un pays à l'autre car elles sont le plus souvent dictées par des conventions ou règlements internationaux ([[Convention_sur_le_commerce_international_des_espèces_de_faune_et_de_flore_sauvages_menacées_d'extinction|convention de Washington ou CITES]], [[Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe|convention de Bern]], etc.); la fauconnerie n'échappe pas non plus à la [[mondialisation]].


=== IAF ===
Déjà conscientes de ce phénomène à venir, et quelque peu visionnaires, plusieurs associations de fauconnerie européennes, ont créé, dès 1968, ''International Association for Falconry and Conservation of Birds of Prey'' (IAF), l'IAF représente la fauconnerie dont elle défend les intérêts au niveau international. Elle a également aidé et inspiré de nombreux fauconniers dans le monde pour la création d'une association dans leur pays, en harmonie avec les règlementations internationales et ses règles d'éthique.
À ce jour, l'IAF fédère l'ensemble des fauconniers dans le monde, regroupant 108 associations représentant 80 pays et {{nombre|80000}} membres. Chaque année, les délégués nationaux de tous ces pays se réunissent quelque part dans le monde pour partager leur passion<ref>Voir [http://www.i-a-f.org/ le site ''International Association of Falconry'']</ref>.
Déjà conscientes de ce phénomène à venir, et quelque peu visionnaires, plusieurs associations de fauconnerie européennes, ont créé, dès 1968, {{Anglais|International Association for Falconry and Conservation of Birds of Prey}} (IAF), l'IAF représente la fauconnerie dont elle défend les intérêts au niveau international. Elle a également aidé et inspiré de nombreux fauconniers dans le monde pour la création d'une association dans leur pays, en harmonie avec les règlementations internationales et ses règles d'éthique. À ce jour, l'IAF fédère l'ensemble des fauconniers dans le monde, regroupant {{Nb|108 associations}} représentant {{Nb|80 pays}} et {{nombre|80000 membres}}. Chaque année, les délégués nationaux de tous ces pays se réunissent quelque part dans le monde pour partager leur passion<ref>Voir [http://www.i-a-f.org/ le site ''International Association of Falconry'']</ref>.


=== La méthode ancestrale ===
=== La méthode ancestrale ===
[[Fichier:MongolHuntersSong.jpg|thumb|Cavaliers [[Khitans|khitan]] chassant avec des aigles ([[Dynastie Song]])]]
[[Fichier:MongolHuntersSong.jpg|thumb|Cavaliers [[Khitans|khitan]] chassant avec des aigles ([[Dynastie Song]])]]
[[Fichier:Mirza Ali 001.jpg|thumb|right|Fauconnier [[persan]] ([[Mirza Ali]], [[musée des beaux-arts de Boston]]), 1575]]
[[Fichier:Mirza Ali 001.jpg|thumb|right|Fauconnier [[persan]] ([[Mirza Ali]], [[musée des beaux-arts de Boston]]), 1575]]
Tout d'abord la fauconnerie traditionnelle et ancestrale, avec une multitude de types de chasse et d'oiseaux utilisés, en fonction des proies potentielles du terrain. Cela va de l'utilisation de l'épervier pour le vol de la caille, en Tunisie ou dans la vallée de l'Indus, à celle de l'aigle royal au [[Kazakhstan]] pour voler le renard, voire le loup. Au [[Moyen-Orient]], ce sont traditionnellement des faucons sacres qui sont utilisés pour le vol de l'outarde houbara dans le désert. La liste serait longue tant la fauconnerie traditionnelle représente une mosaïque de cultures et de spécificités. Elle est totalement imprégnée d'usages transmis de génération en génération et se montre peu évolutive.
Tout d'abord la fauconnerie traditionnelle et ancestrale, avec une multitude de types de chasse et d'oiseaux utilisés, en fonction des proies potentielles du terrain. Cela va de l'utilisation de l'[[épervier]] pour le vol de la [[caille]], en Tunisie ou dans la vallée de l'Indus, à celle de l'[[aigle royal]] au [[Kazakhstan]] pour voler le renard, voire le loup. Au [[Moyen-Orient]], ce sont traditionnellement des [[Faucon sacre|faucons sacres]] qui sont utilisés pour le vol de l'[[outarde houbara]] dans le désert. La liste serait longue tant la fauconnerie traditionnelle représente une mosaïque de cultures et de spécificités. Elle est totalement imprégnée d'usages transmis de génération en génération et se montre peu évolutive.


Dans une décision prise le {{date-|16 novembre 2010}}, le {{5e|comité}} intergouvernemental de l'[[UNESCO]] a inscrit l'art de la fauconnerie au [[patrimoine culturel immatériel de l'humanité]]<ref name="WDL">{{lien web |url = http://www.wdl.org/fr/item/7344/ |titre = Un fauconnier avec son faucon à proximité d'Al-Ain |website = [[World Digital Library]] |date = 1965 |consulté le = 2013-07-07 }}</ref>, en tant qu'« activité traditionnelle qui consiste à conserver et dresser des faucons et autres rapaces pour attraper du gibier dans son environnement naturel », reprenant en cela la définition prônée par l'Association internationale de fauconnerie (IAF).
Dans une décision prise le {{date-|16 novembre 2010}}, le {{5e|comité}} intergouvernemental de l'[[UNESCO]] a inscrit l'art de la fauconnerie au [[patrimoine culturel immatériel de l'humanité]]<ref name="WDL">{{lien web |url = http://www.wdl.org/fr/item/7344/ |titre = Un fauconnier avec son faucon à proximité d'Al-Ain |website = [[World Digital Library]] |date = 1965 |consulté le = 2013-07-07 }}</ref>, en tant qu'« activité traditionnelle qui consiste à conserver et dresser des faucons et autres rapaces pour attraper du gibier dans son environnement naturel », reprenant en cela la définition prônée par l'Association internationale de fauconnerie (IAF).


=== La méthode contemporaine ===
=== La méthode contemporaine ===
Ligne 89 : Ligne 93 :
=== Le bas vol ===
=== Le bas vol ===


On nomme ainsi la chasse pratiquée avec les oiseaux de poing. Selon les oiseaux utilisés, on parle d'autourserie, esparverie, aiglerie ou butéonnerie. L'oiseau part du poing du fauconnier, qui se nomme dans ce cas Autoursier, Esparveteur, Aiglier ou Butéonnier. Au départ du gibier, l'oiseau s'élance à sa poursuite. On utilise pour cela différentes catégories d'[[aigle (oiseau)|aigles]], d'[[Autour des palombes|autours des palombes]], d'[[épervier d'Europe|éperviers]], ainsi que des oiseaux d'origine diverses comme la [[buse de Harris]] ou la [[buse à queue rousse]]. Ces oiseaux ont des ailes courtes et arrondies, et une queue importante leur permettant de brusques changements de direction.<br />
On nomme ainsi la chasse pratiquée avec les oiseaux de poing. Selon les oiseaux utilisés, on parle d'autourserie, esparverie, aiglerie ou butéonnerie. L'oiseau part du poing du fauconnier, qui se nomme dans ce cas Autoursier, Esparveteur, Aiglier ou Butéonnier. Au départ du gibier, l'oiseau s'élance à sa poursuite. On utilise pour cela différentes catégories d'[[aigle (oiseau)|aigles]], d'[[Autour des palombes|autours des palombes]], d'[[épervier d'Europe|éperviers]], ainsi que des oiseaux d'origine diverses comme la [[buse de Harris]] ou la [[buse à queue rousse]]. Ces oiseaux ont des ailes courtes et arrondies, et une queue importante leur permettant de brusques changements de direction.

Les proies d'un oiseau de bas vol sont multiples, à plumes et à poil : du [[chevreuil]] pour l'aigle royal au passereau pour l'épervier. En Asie Centrale (Mongolie, Kirghistan), comme le montrent des films documentaires, ce sont les loups et renards qu'on chasse à l'aide d'aigles{{Citation nécessaire}}.
Les proies d'un oiseau de bas vol sont multiples, à plumes et à poil : du [[chevreuil]] pour l'aigle royal au [[passereau]] pour l'épervier. En Asie Centrale (Mongolie, Kirghizistan), comme le montrent des films documentaires{{Lesquels|date=14 mai 2024}}, ce sont les loups et renards qu'on chasse à l'aide d'aigles{{Citation nécessaire}}.


=== Le haut vol ===
=== Le haut vol ===
Ligne 97 : Ligne 102 :
On nomme ainsi la chasse pratiquée avec des oiseaux de leurre. Elle se divise en deux types de vol : le vol d'amont et le vol du poing.
On nomme ainsi la chasse pratiquée avec des oiseaux de leurre. Elle se divise en deux types de vol : le vol d'amont et le vol du poing.


==== Vol d'amont ====
Vol d'amont : on nomme ainsi le vol d'un oiseau déjà en vol lors du départ du gibier. L'oiseau est ainsi habitué à monter au-dessus du fauconnier et de son chien à l'arrêt. Il fond à très grande vitesse sur sa proie dès qu'elle décolle. On utilise pour ce vol différentes espèces de [[faucon]]s ([[faucon pèlerin|pèlerins]], [[Faucon sacre|sacres]], [[faucon gerfaut|gerfauts]], [[Faucon lanier|laniers]], etc.).<br />
On nomme ainsi le vol d'un oiseau déjà en vol lors du départ du gibier. L'oiseau est ainsi habitué à monter au-dessus du fauconnier et de son chien à l'arrêt. Il fond à très grande vitesse sur sa proie dès qu'elle décolle. On utilise pour ce vol différentes espèces de [[faucon]]s ([[faucon pèlerin|pèlerins]], [[Faucon sacre|sacres]], [[faucon gerfaut|gerfauts]], [[Faucon lanier|laniers]], etc.).

Les proies d'un oiseau de haut vol sont des oiseaux capturés en vol : en effet, la très grande vitesse de l'attaque et de l'impact rendent extrêmement dangereuse la proximité du sol ou d'un obstacle quelconque.
Les proies d'un oiseau de haut vol sont des oiseaux capturés en vol : en effet, la très grande vitesse de l'attaque et de l'impact rendent extrêmement dangereuse la proximité du sol ou d'un obstacle quelconque.


==== Vol du poing ====
Vol du poing : le faucon est lâché à vue sur sa proie qu'il poursuit en montant (il fait carrière), c'était le haut-vol classique du Moyen-Age pratiqué sur le héron, le milan ou la corneille. De nos jours, le « haut-vol » ne se pratique que sur la corneille.
Le faucon est lâché à vue sur sa proie qu'il poursuit en montant (il fait carrière), c'était le haut-vol classique du Moyen Âge pratiqué sur le héron, le milan ou la [[Corneille (oiseau)|corneille]]. De nos jours, le « haut-vol » ne se pratique que sur la corneille.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}
{{Références}}


== Annexes ==
== Annexes ==
Ligne 110 : Ligne 118 :
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
Les ouvrages de fauconnerie ne sont pas que des traités [[ornithologie|ornithologiques]]. Certains ouvrages évoquent le droit décrivant le droit de chasse, le droit de capture ou de vente des faucons. Beaucoup d'ouvrages romanesques distillent également les connaissances de l'époque sur la fauconnerie.
Les ouvrages de fauconnerie ne sont pas que des traités [[ornithologie|ornithologiques]]. Certains ouvrages évoquent le droit décrivant le droit de chasse, le droit de capture ou de vente des faucons. Beaucoup d'ouvrages romanesques distillent également les connaissances de l'époque sur la fauconnerie.
* Le ''traité des Moamin'', traité arabe
* Le ''Traité des Moamin'', traité arabe
* Le ''[[livre de saint Alban]]'' codex anglais du {{s|XV|e}}
* Le ''[[Livre de saint Alban]]'', codex anglais du {{s|XV|e}}
* Stavros Lazaris, « La production nouvelle en médecine vétérinaire sous les Paléologues et l’œuvre cynégétique de Dèmètrios Pépagôménos », in: ''Philosophie et sciences à Byzance de 1204 à 1453 : les textes, les doctrines et leur transmission. Actes de la table ronde organisée au XXe Congrès International d’Etudes Byzantines (Paris, 2001)'', Louvain, 2006, p. 225-267 [https://www.academia.edu/795301/_La_production_nouvelle_en_médecine_vétérinaire_sous_les_Paléologues_et_loeuvre_cynégétique_de_Dèmètrios_Pépagôménos_]
* Stavros Lazaris, « La production nouvelle en médecine vétérinaire sous les Paléologues et l’œuvre cynégétique de Dèmètrios Pépagôménos », in: ''Philosophie et sciences à Byzance de 1204 à 1453 : les textes, les doctrines et leur transmission. Actes de la table ronde organisée au XXe Congrès international d’études byzantines (Paris, 2001)'', Louvain, 2006, p. 225-267 [https://www.academia.edu/795301/_La_production_nouvelle_en_médecine_vétérinaire_sous_les_Paléologues_et_loeuvre_cynégétique_de_Dèmètrios_Pépagôménos_]
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Baudouin van den Abeele|titre=La Fauconnerie dans les lettres françaises du {{Sp-|XII|e|au|XIV|e}}|éditeur=Presse de l'université de Louvain|lieu=Louvain, Belgique|année=1990|pages totales=348|isbn=90-6186-400-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Po9hoLIlZJMC&printsec=frontcover|id=Abeele}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Baudouin van den Abeele|titre=La Fauconnerie dans les lettres françaises du {{Sp-|XII|e|au|XIV|e}}|éditeur=Presse de l'université de Louvain|lieu=Louvain, Belgique|année=1990|pages totales=348|isbn=90-6186-400-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Po9hoLIlZJMC&printsec=frontcover|id=Abeele}}
*Patrick Morel, L'Art de la Fauconnerie, Chaumont, Editions Crépin-Leblond, 2013
*Patrick Morel, ''L'Art de la fauconnerie'', Chaumont, Editions Crépin-Leblond, 2013
*Anne Paulus et Baudouin Van den Abeele, éd. trad. introd. — ''Frédéric II de Hohenstaufen, « L'art de chasser avec les oiseaux ». Le traité de fauconnerie « ''{{Latin|De arte venandi cum avibus}}'' ».'' Nogent-le-Roi, laget, 2001 (Bibliotheca cynegetica, 1)
*Christian Antoine de Chamerlat, ''La fauconnerie et l'art'', ACR Edition - Vilo, 1986


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
Ligne 121 : Ligne 131 :
* [[Jacques-Olivier Travers]]
* [[Jacques-Olivier Travers]]


=== Liens externes ===
{{Palette|Élevage}}
{{Liens}}

{{Palette|Élevage|Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en France}}
{{Portail|ornithologie|chasse|patrimoine culturel immatériel}}
{{Portail|ornithologie|chasse|patrimoine culturel immatériel}}


Ligne 130 : Ligne 143 :
[[Catégorie:Dressage (animaux)]]
[[Catégorie:Dressage (animaux)]]
[[Catégorie:Élevage spécialisé]]
[[Catégorie:Élevage spécialisé]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Europe]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Allemagne]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Allemagne]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Autriche]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Autriche]]
Ligne 146 : Ligne 158 :
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Tchéquie]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Tchéquie]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité au Maroc]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité au Maroc]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Asie]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Arabie saoudite]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Arabie saoudite]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Corée du Sud]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Corée du Sud]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité dans les Émirats arabes unis]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité aux Émirats arabes unis]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité au Kazakhstan]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité au Kazakhstan]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité au Kirghizistan]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité au Kirghizistan]]
Ligne 156 : Ligne 167 :
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité au Qatar]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité au Qatar]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Syrie]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité en Syrie]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité du domaine des connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité du domaine des connaissances et pratiques concernant la nature et l'univers]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité du domaine des pratiques sociales, rituels et événements festifs]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité du domaine des savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel]]
[[Catégorie:Patrimoine culturel immatériel de l'humanité du domaine des traditions et expressions orales]]

Version du 14 mai 2024 à 15:51

La fauconnerie, un patrimoine humain vivant *
Image illustrative de l’article Fauconnerie
Pays * Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau de l'Arabie saoudite Arabie saoudite
Drapeau de l'Autriche Autriche
Drapeau de la Belgique Belgique
Drapeau de la Corée du Sud Corée du Sud
Drapeau de la Croatie Croatie
Drapeau des Émirats arabes unis Émirats arabes unis
Drapeau de l'Espagne Espagne
Drapeau de la France France
Drapeau de la Hongrie Hongrie
Drapeau de l'Irlande Irlande
Drapeau de l'Italie Italie
Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan
Drapeau du Kirghizistan Kirghizistan
Drapeau du Maroc Maroc
Drapeau de la Mongolie Mongolie
Drapeau du Pakistan Pakistan
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas
Drapeau de la Pologne Pologne
Drapeau du Portugal Portugal
Drapeau du Qatar Qatar
Drapeau de la Tchéquie République tchèque
Drapeau de la Syrie Syrie
Liste Liste représentative
Année d’inscription 2010
Réinscription 2012, 2016 et 2021
* Descriptif officiel UNESCO

La fauconnerie est l'art de capturer un gibier dans son milieu naturel à l'aide d'un oiseau de proie affaité (dressé). Cet art très ancien est pratiqué dans plus de quatre-vingts pays et a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO le [1], puis avec de nouveaux pays en 2012[2], 2016[3] et 2021[4].

De nombreuses espèces de rapaces sont utilisées : les faucons, les autours, l'épervier pour le vol de la caille, l'aigle royal au Kazakhstan pour voler le renard voire le loup, les faucons sacres pour le vol de l'outarde houbara, etc.

Histoire

Illustration du traité de fauconnerie De arte venandi cum avibus

Origines

La fauconnerie semble trouver son origine dans les steppes et les hauts-plateaux d'Eurasie centrale, dans des régions où, maintenant encore, se rencontre la plus grande concentration naturelle d'oiseaux de proie aptes à être affaités (dressés). Les Kirghizes, guerriers nomades et chasseurs, sont les héritiers d'une tradition qui remonte à l'Antiquité et qui pourrait être apparue chez les Scythes ou d'autres peuples plus anciens[5]. Cette pratique reste très vivace en Asie centrale de nos jours malgré la vie moderne. Le monde antique grec et latin a connaissance de cet art sans le pratiquer. Une plaque de ceinturon gallo-romain évoque la chasse au vol.

Développement en Europe

C'est au Ve siècle que le monde gallo-romain découvre l'art de la fauconnerie. Les mérovingiens en sont épris, les Burgondes également qui créent des lois pécuniaires en remboursement d'un faucon tué[6]. Les Arabes et les Gaulois l'ont appris des Germains par les grandes invasions. On distinguait alors la fauconnerie constituée des oiseaux de hauts vols (faucons) et réservée a une élite de guerrier, de l'autourserie, réservée à une autre élite plus ecclésiastique, qui constituait la chasse à bas vol et employait des éperviers, des aigles, des autours. Encore que l'une et l'autre était pratiquée par les mêmes . Elles demandent une extrême patiente et exigent des connaissances élevées. Au Moyen Âge, on voit vraiment se développer la fauconnerie dans tous les pays d'Europe, avec un âge d'or en France sous Louis XIII. Selon les périodes et les régions, elle est largement pratiquée par tous, ou, au contraire, demeure l'expression jalouse de la noblesse, voire privilège royal. La fauconnerie fait partie, avec le chant poétique, la cavalerie et le maniement des armes, des arts nobles donnant lieu à des concours entre tous les jeunes gens nobles d'une région, comme l'atteste la cour de l'Épervier dans le Languedoc.

Les rapaces font l'objet d'un commerce important et constituent un produit considéré comme précieux et de prestige. Les ordres chrétiens de chevalerie créés à partir du XIIe siècle ont une approche différente de la pratique de la chasse. Au sein de l'ordre du Temple, la fauconnerie est interdite, en revanche c'est la seule méthode de chasse autorisée au sein de l'ordre des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.

La technique s'affine peu à peu, en particulier grâce à l'usage du leurre et du chaperon rapportés d'Orient par les croisés en 1247. Puis apparaît le plus riche et le plus célèbre traité de fauconnerie d'Occident, De arte venandi cum avibus de l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen, qui pratiquait la chasse avec le faucon dans les bois du Vulture, dans la région italienne de Basilicate.

En France

La fauconnerie française *
Domaines Savoir-faire
Pratiques sportives
Lieu d'inventaire France
Nouvelle-Aquitaine
Auvergne
Rhône-Alpes
Grand-Est
Normandie
Bourgogne-Franche-Comté
Franche-Comté
Bretagne
Centre-Val de Loire
Corse
Guadeloupe
Normandie
Île-de-France
La Réunion
Occitanie (région administrative)
Hauts-de-France
Provence-Alpes-Côte d'Azur
* Descriptif officiel Ministère de la Culture (France)
Chasse à l'épervier, 1379. Illustration figurant dans le Ménagier de Pichon.

La fauconnerie fait son apparition sur le territoire français par les invasions germaniques, et devient depuis une pratique courante chez les élites sociales, dont principalement les nobles et la royauté dès le début du Moyen Âge. Une mention de la chasse au vol est faite dans le livre V de l'Histoire des Francs par l'évêque Grégoire de Tours, sous la forme d'une anecdote de la mort de Mérovée, fils de Chilpéric Ier : « Pourquoi restons-nous ici, comme des paresseux et des lâches ? Et d’où vient que semblables à des imbéciles , nous nous cachons autour de cette basilique ? Faisons venir nos chevaux, prenons des faucons, allons à la chasse avec des chiens, et jouissons de la vue des lieux ouverts »[7]. Les renseignements les plus précis ne remontent qu'au XIIIe siècle. À cette époque, et jusqu'au début du XVe siècle, le responsable des équipages royaux portait le titre de fauconnier maître; sous Charles VI, on sépara les services de la vénerie et de la fauconnerie en créant, en 1406, la charge de grand fauconnier de France qui subsista jusqu'à la Révolution.

Sous Louis XIII, fauconnier dans l'âme, cet art connaît son apogée et son second âge d'or ; la fauconnerie française est la première d'Europe[8] tant par l'éclat de ses équipages que par sa technique. En 1616, la fauconnerie du roi comporte 300 oiseaux subdivisés en six équipages spécialisés : vol pour le héron, vol pour milan et corneille, vol pour perdrix, etc. Raffinements et subtilités permettent des prouesses. Les oiseaux volent de compagnie (en équipe), chacun tenant un rôle distinct[9]. Mais dès 1617, Louis XIII a des oiseaux en propre au Louvre (cabinet d'Apollon) qui va composer, indépendamment de la Grande fauconnerie, les « Oiseaux du Cabinet du Roi »[10] et qu'il emportait continuellement avec lui dans ses déplacements de résidences en résidences ou à la Guerre. La Fauconnerie du Cabinet du Roi persistera jusqu'à la Révolution. Sous son règne, la chasse au vol connut son apogée, non seulement en France, mais dans la plupart des cours européennes (Allemagne, Grande-Bretagne, Hollande, etc.).

Peu à peu, à la fin du XVIIe, la fauconnerie va passer de mode avec le développement des armes à feu. Louis XIV installe à partir de 1670 la Fauconnerie du Cabinet du Roi à Montainville[11], village non loin de Versailles. Les Maîtres fauconniers du Cabinet du Roi étaient souvent originaires de la région d'Anvers en Flandres. Louis XIV, Louis XV et Louis XVI sont plus veneurs que fauconniers mais les services de la Fauconnerie royale subsistent. La fauconnerie du Cabinet du Roi sera aux mains de la famille Forget durant le XVIIe et XVIIIe siècle. Cette Fauconnerie restera avec tout son personnel dans ce village jusqu'à la Révolution durant laquelle deux décrets de la Convention vont supprimer tant les charges royales de la fauconnerie que toute pratique de cet art trop évocateur du passé.

Napoléon, qui ne fut pas un grand chasseur, créa les services impériaux de vénerie et de fauconnerie surtout dans un souci de prestige. En fait, la chasse au vol sera officiellement inexistante au XIXe siècle puisque ne figurant pas parmi les modes de chasse autorisés. La loi de police de 1844 continua de l'ignorer.

Le flambeau sera néanmoins repris par quelques originaux et amateurs éclairés, dont certains aristocrates, anciens émigrés qui avaient rapporté de l'étranger l'amour de la chasse au vol et surent le transmettre. Cette pratique ignorée des règlements ne fut guère contestée, d'autant que les rapaces, depuis la Révolution, figuraient au bestiaire des nuisibles. En 1865, Napoléon III donne même au « Club de fauconnerie Champenoise » une autorisation officielle de voler au camp de Châlons, mais l'essai se termina en 1870 avec la chute de l'empire.

La renaissance de la fauconnerie en France est due, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, au périgourdin Abel Boyer, entouré de quelques amis. Ensemble, ils fondent l'Association nationale des fauconniers et autoursiers français, ils redécouvrent et vulgarisent les techniques de la chasse au vol et entreprennent des efforts pour la reconnaissance légale de ce mode de chasse, obtenue en 1954[12],[13].

La fauconnerie moderne est aussi employée par l'armée autour de ses bases aériennes pour éviter les collisions entre oiseaux et avions[14].

Au Maroc

Au Maroc, les débuts de la pratique de la fauconnerie (tabiyazt ou bayzara)[15] remontent à l'époque des conquêtes islamiques, particulièrement à partir du XIIe siècle[16]. Elle s'est diffusée parmi les nomades et semi-nomades, ainsi que dans la société monarchique[16] ; au sein de cette dernière, l'attention qui y fut portée dès la dynastie almohade est avérée par des textes historiques[16].

De nos jours, cette tradition est toujours fortement ancrée au sein du Doukkala (« familles Kouassem »)[16], et le Maroc fait partie de l'Association internationale de la fauconnerie[16].

Associations de fauconnerie

Des faucons dans l'émirat de Dubaï.

Il existe actuellement des associations de fauconnerie dans presque tous les pays d'Europe, de l'est à l'ouest, mais aussi au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique et en Afrique[réf. nécessaire].

Hormis l'Australie, la plupart des pays connaissent une fauconnerie locale, traditionnelle et bien souvent séculaire. Pour certains, il aura fallu attendre la deuxième partie du XXe siècle, et les moyens modernes de communications, pour redécouvrir, bien vivante, leur pratique de la chasse au vol qui n'a guère changé depuis les récits de Marco Polo. Si chaque région géographique du globe connaît une fauconnerie spécifique, on peut cependant reconnaître deux grandes catégories de chasse au vol dans le monde.

Dans tous les pays, la fauconnerie est strictement réglementée dans la mesure où pratiquement toutes les espèces d'oiseaux de proie utilisées à la chasse au vol sont protégées. Il est donc vital pour l'avenir de la fauconnerie que les administrations nationales, avant de légiférer, disposent des interlocuteurs fiables que sont les associations de chasse au vol. Ces réglementations nationales varient assez peu d'un pays à l'autre car elles sont le plus souvent dictées par des conventions ou règlements internationaux (convention de Washington ou CITES, convention de Bern, etc.); la fauconnerie n'échappe pas non plus à la mondialisation.

IAF

Déjà conscientes de ce phénomène à venir, et quelque peu visionnaires, plusieurs associations de fauconnerie européennes, ont créé, dès 1968, International Association for Falconry and Conservation of Birds of Prey (IAF), l'IAF représente la fauconnerie dont elle défend les intérêts au niveau international. Elle a également aidé et inspiré de nombreux fauconniers dans le monde pour la création d'une association dans leur pays, en harmonie avec les règlementations internationales et ses règles d'éthique. À ce jour, l'IAF fédère l'ensemble des fauconniers dans le monde, regroupant 108 associations représentant 80 pays et 80 000 membres. Chaque année, les délégués nationaux de tous ces pays se réunissent quelque part dans le monde pour partager leur passion[17].

La méthode ancestrale

Cavaliers khitan chassant avec des aigles (Dynastie Song)
Fauconnier persan (Mirza Ali, musée des beaux-arts de Boston), 1575

Tout d'abord la fauconnerie traditionnelle et ancestrale, avec une multitude de types de chasse et d'oiseaux utilisés, en fonction des proies potentielles du terrain. Cela va de l'utilisation de l'épervier pour le vol de la caille, en Tunisie ou dans la vallée de l'Indus, à celle de l'aigle royal au Kazakhstan pour voler le renard, voire le loup. Au Moyen-Orient, ce sont traditionnellement des faucons sacres qui sont utilisés pour le vol de l'outarde houbara dans le désert. La liste serait longue tant la fauconnerie traditionnelle représente une mosaïque de cultures et de spécificités. Elle est totalement imprégnée d'usages transmis de génération en génération et se montre peu évolutive.

Dans une décision prise le , le 5e comité intergouvernemental de l'UNESCO a inscrit l'art de la fauconnerie au patrimoine culturel immatériel de l'humanité[18], en tant qu'« activité traditionnelle qui consiste à conserver et dresser des faucons et autres rapaces pour attraper du gibier dans son environnement naturel », reprenant en cela la définition prônée par l'Association internationale de fauconnerie (IAF).

La méthode contemporaine

À l'inverse, des pays comme les États-Unis, sans passé historique en matière de chasse au vol, pratiquent une fauconnerie contemporaine, en perpétuelle évolution. Les Américains ne cessent en effet d'innover, que ce soit dans les méthodes de dressage, d'entraînement et de détention des oiseaux, celles de leur utilisation à la chasse ou encore dans les techniques de reproduction en captivité. Il est vrai que les États-Unis sont un paradis pour la fauconnerie, avec de gigantesques espaces, un gibier nombreux et de haute qualité, ainsi qu'une législation peu contraignante, autant pour la chasse que pour les prélèvements d'oiseaux de vol dans la nature.

Méthodes mixtes

Quant à l'Europe, elle est à la fois très empreinte d'un très riche passé de traditions de fauconnerie, mais aussi de modernité. Les pays qui la composent offrent dès lors un heureux mélange des fauconneries traditionnelles et contemporaines. Les différences observées d'un pays à l'autre relèvent essentiellement de la nature du gibier, de l'environnement et des conditions climatiques.

Si la fauconnerie européenne a retrouvé tout son éclat et son degré de performance, s'il est désormais relativement aisé de se procurer un oiseau né en captivité, son avenir se trouve pourtant très menacé. La diminution alarmante du petit gibier de plaine, voire sa disparition, dans la quasi-totalité des pays de l'Union européenne, risque de porter un coup fatal à la chasse au vol. Mais ce risque ne se limite pas à l'Europe et beaucoup de fauconniers dans le monde s'inquiètent du même phénomène de détérioration des habitats par l'homme.

Techniques employées

Le bas vol

On nomme ainsi la chasse pratiquée avec les oiseaux de poing. Selon les oiseaux utilisés, on parle d'autourserie, esparverie, aiglerie ou butéonnerie. L'oiseau part du poing du fauconnier, qui se nomme dans ce cas Autoursier, Esparveteur, Aiglier ou Butéonnier. Au départ du gibier, l'oiseau s'élance à sa poursuite. On utilise pour cela différentes catégories d'aigles, d'autours des palombes, d'éperviers, ainsi que des oiseaux d'origine diverses comme la buse de Harris ou la buse à queue rousse. Ces oiseaux ont des ailes courtes et arrondies, et une queue importante leur permettant de brusques changements de direction.

Les proies d'un oiseau de bas vol sont multiples, à plumes et à poil : du chevreuil pour l'aigle royal au passereau pour l'épervier. En Asie Centrale (Mongolie, Kirghizistan), comme le montrent des films documentaires[Lesquels ?], ce sont les loups et renards qu'on chasse à l'aide d'aigles[citation nécessaire].

Le haut vol

Faucon crécerellette
Faucon gerfaut

On nomme ainsi la chasse pratiquée avec des oiseaux de leurre. Elle se divise en deux types de vol : le vol d'amont et le vol du poing.

Vol d'amont

On nomme ainsi le vol d'un oiseau déjà en vol lors du départ du gibier. L'oiseau est ainsi habitué à monter au-dessus du fauconnier et de son chien à l'arrêt. Il fond à très grande vitesse sur sa proie dès qu'elle décolle. On utilise pour ce vol différentes espèces de faucons (pèlerins, sacres, gerfauts, laniers, etc.).

Les proies d'un oiseau de haut vol sont des oiseaux capturés en vol : en effet, la très grande vitesse de l'attaque et de l'impact rendent extrêmement dangereuse la proximité du sol ou d'un obstacle quelconque.

Vol du poing

Le faucon est lâché à vue sur sa proie qu'il poursuit en montant (il fait carrière), c'était le haut-vol classique du Moyen Âge pratiqué sur le héron, le milan ou la corneille. De nos jours, le « haut-vol » ne se pratique que sur la corneille.

Notes et références

  1. « Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel » [PDF], sur ich.unesco.org,
  2. « Décision du Comité intergouvernemental : 7.COM 11.33 », sur ich.unesco.org
  3. « Décision du Comité intergouvernemental : 11.COM 10.B.15 », sur ich.unesco.org
  4. « Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.B.14 », sur ich.unesco.org
  5. Svetlana Jacquesson, Les oiseaux de chasse en Asie centrale : savoirs et pratiques. Thèse pour obtenir le grade de docteur., Institut national des langues et civilisations orientales, Paris,
  6. Peyré, J. F. A., Lois des Bourguignons vulgairement nommées Loi Gombette, (OCLC 249714070, lire en ligne)
  7. Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Livre V, vie siècle
  8. « Tunnel », sur anfa.net, Association nationale des fauconniers et autoursiers Français, (consulté le ).
  9. Charles d'Arcussia de Caprée, vicomte d'Esparron de Pallières la « Conférence des Fauconniers»".
  10. E. Lennel de La Farelle, Une famille attachée à la maison de Louis XIII [Du Buisson de La Marsaudière] et sa descendance, Éd. E. Champion (Paris), 1913
  11. Tréton Jacques, Histoire de Montainville, joli village du Pincerais, 1998.
  12. Pour plus de précisions sur la Fauconnerie française, consulter le site du club des fauconniers et autoursiers de France [1]
  13. « LA FAUCONNERIE de nouveau autorisée », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. https://www.defense.gouv.fr/air/base/breves/2010/janvier/des_rapaces_a_cognac
  15. « La Fauconnerie, Héritage Millénaire de la Culture Arabe au Maroc - The Moorish Times », sur moorishtimes.com (consulté le )
  16. a b c d et e « Patrimoine immatériel : Fauconnerie », sur Inventaire et documentation du patrimoine culturel du Maroc, Rabat, ministère de la Culture
  17. Voir le site International Association of Falconry
  18. « Un fauconnier avec son faucon à proximité d'Al-Ain », sur World Digital Library, (consulté le )

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

Les ouvrages de fauconnerie ne sont pas que des traités ornithologiques. Certains ouvrages évoquent le droit décrivant le droit de chasse, le droit de capture ou de vente des faucons. Beaucoup d'ouvrages romanesques distillent également les connaissances de l'époque sur la fauconnerie.

  • Le Traité des Moamin, traité arabe
  • Le Livre de saint Alban, codex anglais du XVe siècle
  • Stavros Lazaris, « La production nouvelle en médecine vétérinaire sous les Paléologues et l’œuvre cynégétique de Dèmètrios Pépagôménos », in: Philosophie et sciences à Byzance de 1204 à 1453 : les textes, les doctrines et leur transmission. Actes de la table ronde organisée au XXe Congrès international d’études byzantines (Paris, 2001), Louvain, 2006, p. 225-267 [2]
  • Baudouin van den Abeele, La Fauconnerie dans les lettres françaises du XIIe au XIVe siècle, Louvain, Belgique, Presse de l'université de Louvain, , 348 p. (ISBN 90-6186-400-3, lire en ligne)
  • Patrick Morel, L'Art de la fauconnerie, Chaumont, Editions Crépin-Leblond, 2013
  • Anne Paulus et Baudouin Van den Abeele, éd. trad. introd. — Frédéric II de Hohenstaufen, « L'art de chasser avec les oiseaux ». Le traité de fauconnerie « De arte venandi cum avibus ». Nogent-le-Roi, laget, 2001 (Bibliotheca cynegetica, 1)
  • Christian Antoine de Chamerlat, La fauconnerie et l'art, ACR Edition - Vilo, 1986

Articles connexes

Liens externes