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'''Gedhun Choekyi Nyima''' ({{Bo-twzi|t=དགེ་འདུན་ཆོས་ཀྱི་ཉི་མ་|w=dge ’dun chos kyi nyi ma}}), né le [[25 avril]] [[1989]] à [[Lhari]] dans la préfecture de [[Nagchu]] au [[Tibet]], a [[disparition|disparu]] le {{date|17|mai|1995}}, trois jours après avoir été désigné par le [[Tenzin Gyatso|{{14e|dalaï-lama}}]] comme étant la {{11e|[[tulku|réincarnation]]}} du [[panchen-lama]]<ref>{{Article|langue = français|auteur1 = |titre = Le dernier des dalaï-lamas ?|périodique = Le Monde|numéro = |jour = 15|mois = septembre|année = 2014|issn = |lire en ligne = https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/09/15/le-dernier-des-dalai-lamas_4487922_4355770.html|pages = }}</ref>. Accusé par le [[Administration centrale tibétaine|gouvernement tibétain en exil]] de l'avoir enlevé ainsi que sa famille et de les retenir prisonniers, le gouvernement chinois déclara que ces derniers, craignant pour la sécurité de leur enfant, lui avaient demandé de les protéger. Le [[Gouvernement de la région autonome du Tibet|gouvernement]] de la [[région autonome du Tibet]] affirme que le jeune homme vit désormais comme un citoyen ordinaire. En 2018, le dalaï-lama a déclaré qu'il tenait de source sûre que Gedhun Choekyi Nyima était bien vivant et qu'il faisait des études. Cependant, ce dernier n’est jamais réapparu en public depuis 1995.
'''Gedhun Choekyi Nyima''' ({{Bo-twzi|t=དགེ་འདུན་ཆོས་ཀྱི་ཉི་མ་|w=dge ’dun chos kyi nyi ma}}), né le {{date|25 avril 1989}} à [[Lhari]] dans la préfecture de [[Nagchu]] au [[Tibet]], a [[disparition|disparu]] le {{date|17|mai|1995}}, trois jours après avoir été désigné par le [[Tenzin Gyatso|{{14e|dalaï-lama}}]] comme étant la {{11e|[[tulku|réincarnation]]}} du [[panchen-lama]]<ref>{{Article|langue = français|auteur1 = Delphine Roucaute|titre = Le dernier des dalaï-lamas ?|périodique = Le Monde|numéro = |jour = 15|mois = septembre|année = 2014|issn = |lire en ligne = https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/09/15/le-dernier-des-dalai-lamas_4487922_4355770.html|pages = }}</ref>. Accusé par le [[Administration centrale tibétaine|gouvernement tibétain en exil]] de l'avoir enlevé ainsi que sa famille et de les retenir prisonniers, le gouvernement chinois déclara que ces derniers, craignant pour la sécurité de leur enfant, lui avaient demandé de les protéger. Le [[Gouvernement de la région autonome du Tibet|gouvernement]] de la [[région autonome du Tibet]] affirme que le jeune homme vit désormais comme un citoyen ordinaire. En 2018, le dalaï-lama a déclaré qu'il tenait de source sûre que Gedhun Choekyi Nyima était bien vivant et qu'il faisait des études. Cependant, ce dernier n’est jamais réapparu en public depuis 1995, et des instances des Nations unies soulignent le déficit d'information à son sujet.


== Contexte ==
== Contexte ==
{{article détaillé|Controverse du 11e panchen-lama}}
{{article détaillé|Controverse du 11e panchen-lama}}


La nomination et la disparition de Gehun Choekyi Nyima s'inscrivent dans le contexte du conflit entre et le gouvernement chinois et le gouvernement tibétain en exil au sujet du processus de reconnaissance des réincarnations.
La nomination et la disparition de Gedhun Choekyi Nyima s'inscrivent dans les relations entre le gouvernement chinois et le {{14e}} dalaï-lama notamment au sujet du processus de reconnaissance des réincarnations.

En 1992, [[Orgyen Trinley Dorje]] est reconnu comme le {{17e}} [[karmapa]], {{3e}} dignitaire religieux du Tibet, à la fois par le dalaï-lama et le gouvernement chinois, qui autorisent tous deux son intronisation la même année au [[monastère de Tsourphou]]<ref>[[Sofia Stril-Rever]] et dalaï-lama, ''Appel au monde'', Seuil, 2011, {{ISBN|9782021026757}}, {{p.|241}}.</ref>. Le père du karmapa est même autorisé à porter un badge figurant le dalaï-lama, ce qui suggère qu'en 1993-1994, le dégel opéré dans les années 1980 par [[Hu Yaobang]] au Tibet était encore visible. Le {{3e}} forum sur le travail au Tibet qui se tint à Pékin en 1994 y mit fin<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Gaby Naher |titre=Wrestling The Dragon |sous-titre=In search of the Tibetan lama who defied China |éditeur= |année=2011 |pages totales=320 |passage=126 |isbn=9781446408780 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=ccbb-Q5zC6QC&pg=PT126&printsec=frontcover |consulté le=14-05-2024}}.</ref>.


== La succession du {{10e|panchen-lama}} ==
== La succession du {{10e|panchen-lama}} ==
{{article détaillé|controverse du 11e panchen-lama {{!}} controverse du {{11e|panchen-lama}} }}
Le [[28 janvier]] [[1989]], le {{10e|panchen-lama}} meurt subitement à l’âge de {{nobr|50 ans}}. Les médecins diagnostiquent une crise cardiaque due au surmenage, alors que les gouvernement tibétain en exil affirme qu'il a été empoisonné par le gouvernement chinois quelques jours après son discours historique critiquant la politique chinoise et affirmant sa loyauté envers le dalaï-lama<ref>{{en}} [http://news.bbc.co.uk/2/hi/asia-pacific/2404129.stm BBC NEWS | Asia-Pacific | Profile: Hu Jintao].</ref>.
Le {{date|28 janvier 1989}}, le {{10e|panchen-lama}} meurt subitement à l’âge de {{nobr|50 ans}}. Les médecins diagnostiquent une crise cardiaque due au surmenage, alors que le gouvernement tibétain en exil affirme qu'il a été empoisonné par le gouvernement chinois quelques jours après son discours historique critiquant la politique chinoise et affirmant sa loyauté envers le dalaï-lama<ref>{{en}} [http://news.bbc.co.uk/2/hi/asia-pacific/2404129.stm BBC NEWS | Asia-Pacific | Profile: Hu Jintao].</ref>.


Après sa mort, le [[Parti communiste chinois]] chargea [[Chadrel Rinpoché]], responsable du monastère de Tashilhunpo qu'il croyait, selon [[Tashi Wangdi]], lui être favorable<ref>{{en}} [[Thubten Samphel]], [http://www.tibet.ca/en/newsroom/wtn/archive/old?y=1996&m=5&p=25_1 Chadrel Rinpoche stripped of more posts (CTA)], 25 mai 1996.</ref>, de trouver la réincarnation du panchen-lama. Le dalaï-lama proposa au gouvernement de Pékin de dépêcher une délégation de hauts dignitaires religieux pour « assister » Chadrel Rinpoché, mais l’offre fut rejetée par la Chine, qui la qualifia de « superflue ». Le dalaï-lama et les autorités tibétaines commencèrent à organiser les recherches de leur côté suivant les traditions tibétaines. Au Tibet, Chadrel Rinpoché retint trois enfants aux qualités remarquables, dont le petit Gendhun Choekyi Nyima, fils de nomades tibétains. Selon [[Tempa Tsering]], les communications entre le dalaï-lama et Chadrel Rinpoché étaient officielles et utilisaient les canaux de l'ambassade de Chine en Inde, ou de l'[[association bouddhiste de Chine]]<ref>{{en}} [http://www.tibet.ca/en/newsroom/wtn/archive/old?y=1997&m=5&p=9_1 Tibetan government-in-exile condemns sentencing of Chadrel Rinpoche], [[Press Trust of India]], 9 mai 1997.</ref>. Lors de l'examen, Gendhun reconnut sans hésiter les biens du défunt lama. Il avait d'ailleurs déclaré à ses parents : {{Citation|Je suis le Panchen Lama, mon monastère est le Tashilhunpo.}}<ref>{{en}} [http://www.tibet.com/pl/june15d.html The Panchen Lama's recognition process].</ref>. Le [[14 mai]] [[1995]], ce jeune garçon de six ans fut officiellement désigné par le dalaï-lama comme étant le {{11e|panchen lama}}<ref name=AI1996>{{ouvrage|titre=Chine: Mesures de repression contre les groupes religieux en Chine|sous-titre=ASA 17/069/1996|auteur=[[Amnesty International]]|passage=paragraphe 6.1|date=30 juin 1996|url=https://www.amnesty.org/fr/library/asset/ASA17/069/1996/fr/52f76794-eaf7-11dd-aad1-ed57e7e5470b/asa170691996fr.html}}</ref>, sur les conseils de l'[[oracle de Nechung]]. Il a affirmé qu'il s'agissait d'une « question purement religieuse » et a appelé la Chine « à élargir son accord, sa coopération et son assistance »<ref>{{en}} [[John Powers]], [https://books.google.fr/books?id=EDvKDAAAQBAJ&pg=PA118 ''The Buddha Party: How the People's Republic of China Works to Define and Control Tibetan Buddhism''], Oxford University Press, 2016, {{ISBN|0199358176|9780199358175}}, p. 118</ref>.
Après sa mort, le [[Parti communiste chinois]] chargea [[Chadrel Rinpoché]], responsable du monastère de Tashilhunpo qu'il croyait lui être favorable<ref>{{en}} [[Thubten Samphel]], [http://www.tibet.ca/en/newsroom/wtn/archive/old?y=1996&m=5&p=25_1 Chadrel Rinpoche stripped of more posts (CTA)], 25 mai 1996.</ref>{{,}}<ref>Matt Forney, [https://www.courrierinternational.com/article/1997/12/18/le-temps-joue-en-faveur-de-pekin Le temps joue en faveur de Pékin], 10 février 2005, [[Courrier international]] </ref>, de trouver la réincarnation du panchen-lama. Le dalaï-lama proposa au gouvernement de Pékin de dépêcher une délégation de hauts dignitaires religieux pour assister Chadrel Rinpoché, mais l’offre fut rejetée par la Chine<ref>[[Jean-Claude Buhrer]], [https://www.lemonde.fr/archives/article/1995/06/29/ou-est-passee-la-reincarnation-du-dixieme-panchen-lama_3862477_1819218.html], 29 juin 1995, ''[[Le Monde]]''</ref>, qui la qualifia de « superflue ». Le dalaï-lama et les autorités tibétaines commencèrent à organiser les recherches de leur côté suivant les traditions tibétaines. Au Tibet, Chadrel Rinpoché retint trois enfants aux qualités remarquables, dont le petit Gedhun Choekyi Nyima, fils de nomades tibétains. Selon [[Tempa Tsering]], les communications entre le dalaï-lama et Chadrel Rinpoché étaient officielles et utilisaient les canaux de l'ambassade de Chine en Inde, ou de l'[[association bouddhiste de Chine]]<ref>{{en}} [http://www.tibet.ca/en/newsroom/wtn/archive/old?y=1997&m=5&p=9_1 Tibetan government-in-exile condemns sentencing of Chadrel Rinpoche], [[Press Trust of India]], 9 mai 1997.</ref>. Lors de l'examen, Gedhun reconnut sans hésiter les biens du défunt lama. Il avait d'ailleurs déclaré à ses parents : {{Citation|Je suis le Panchen Lama, mon monastère est le Tashilhunpo}}<ref>{{en}} [http://www.tibet.com/pl/june15d.html The Panchen Lama's recognition process].</ref>. Le {{date|14 mai 1995}}, ce jeune garçon de six ans fut officiellement désigné par le dalaï-lama comme étant le {{11e|panchen lama}}<ref name=AI1996>{{lien web|titre=Chine: Mesures de repression contre les groupes religieux en Chine|sous-titre=ASA 17/069/1996|auteur=[[Amnesty International]]|passage=paragraphe 6.1|date=30 juin 1996|url=https://web.archive.org/web/20141208000129/https://www.amnesty.org/fr/library/asset/ASA17/069/1996/fr/52f76794-eaf7-11dd-aad1-ed57e7e5470b/asa170691996fr.html}}</ref>, sur les conseils de l'[[oracle de Nechung]]. Il a affirmé qu'il s'agissait d'une « question purement religieuse » et a appelé la Chine « à élargir son accord, sa coopération et son assistance »<ref>{{en}} [[John Powers]], [https://books.google.fr/books?id=EDvKDAAAQBAJ&pg=PA118 ''The Buddha Party: How the People's Republic of China Works to Define and Control Tibetan Buddhism''], Oxford University Press, 2016, {{ISBN|0199358176|9780199358175}}, p. 118</ref>.


== Disparition ==
== Disparition ==
Trois jours après sa désignation, Gendhun Choekyi Nyima et ses parents disparurent<ref name="Seth Faison">{{en}} Seth Faison, [https://www.nytimes.com/1999/07/09/world/beijing-seems-to-lose-battle-over-who-is-the-real-lama.html Beijing Seems to Lose Battle Over Who Is the Real Lama], ''[[The New York Times]]'', 9 juillet 1999, reproduit sur le site d'[http://www.savetibet.org/media-center/tibet-news/beijing-seems-lose-battle-over-who-is-real-lama International Campaign for Tibet] : {{Citation étrangère|langue=en|The boy, Gedhun Choekyi Nyima, disappeared later that year into the custody of Chinese authorities, prompting accusations from exiled Tibetan activists that he had become the youngest political prisoner in the world.}}</ref>{{,}}<ref>[http://www.amnesty.fr/index.php/amnesty/agir/actions_en_cours/chine/preoccupations_d_amnesty Préoccupations d'Amnesty International France].</ref> et furent placés dans un lieu tenu secret, à Pékin selon [[Tibet Information Network]]<ref>[[Caroline Puel]], [http://www.liberation.fr/planete/1995/11/30/entre-pekin-et-les-tibetains-la-guerre-des-lamas-continue-la-chine-espere-asseoir-son-controle-sur-l_148494 Entre Pékin et les Tibétains, la guerre des lamas continue. La Chine espère asseoir son contrôle sur le Tibet.], ''[[Libération (journal)|Libération]]'', 30 novembre 1995</ref>. La disparition de l'enfant à l'âge de six ans, souvent qualifiée d'enlèvement<ref>{{Article|langue = Français|auteur1 = Romain Franklin|titre = Le onzième panchen-lama en otage à Pékin. Pour asseoir sa mainmise sur le Tibet, la Chine cherche à contrôler l'autorité religieuse.|périodique = Libération|numéro = |jour = 22|mois = Septembre|année = 1995|issn = |lire en ligne = |pages = |extrait = L'enjeu fut jugé tel par Pékin, que le bureau politique du Parti communiste chinois fit enlever fin mai le petit garçon et ses parents, des pasteurs nomades semi-illettrés.}}</ref>{{,}}<ref name="hilippe Grangereau">{{Article|langue = Français|auteur1 = Philippe Grangereau|titre = Entre le Vatican et Pékin, un bras de fer sans fin|périodique = Libération|numéro = |jour = 17|mois = mars|année = 2014|issn = |lire en ligne = http://www.liberation.fr/monde/2014/03/17/entre-le-vatican-et-pekin-un-bras-de-fer-sans-fin_987748|pages = |extrait = D’une manière générale, les religieux que le Comité central n’approuve pas sont, dans le meilleur des cas, espionnés; mais d’autres sont placés en résidence surveillée, jetés en prison ou en camp de travail, voire disparaissent tout simplement – comme c’est le cas pour le jeune Panchen Lama tibétain Gehdun Choekyi Nyima, ordonné en 1995 par le dalaï-lama. Kidnappé par les autorités à l’âge de 6 ans, celui-ci n’est jamais réapparu depuis.}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue = Français|auteur1 = Caroline Puel|titre = Le rapport post mortem qui accuse Pékin. En 1962, le {{10e}} panchen-lama dénonçait les exactions chinoises au Tibet.|périodique = Libération|numéro = |jour = 14|mois = février|année = 1998|issn = |lire en ligne = http://www.liberation.fr/monde/1998/02/14/le-rapport-post-mortem-qui-accuse-pekin-en-1962-le-10e-panchen-lama-denoncait-les-exactions-chinoise_229899|pages = |extrait = Le jeune panchen-lama choisi par les Tibétains a été enlevé et semblerait se trouver à Pékin en résidence surveillée. Quant au candidat des Chinois, il étudie sous haute surveillance afin d'acquérir les compétences d'un «bon» panchen-lama aux yeux de Pékin"}}</ref>, fit de lui, selon les exilés tibétains et des associations de défense des droits de l'homme dont [[Amnesty International]], « le plus jeune [[Liste de prisonniers d'opinion tibétains|prisonnier politique]] du monde »<ref>{{Article|langue = Français|auteur1 = |titre = Gyaincain Norbu Le «panchen-lama» chinois à Lhassa|périodique = Libération|numéro = |jour = 21|mois = juin|année = 1999|issn = |lire en ligne = http://www.liberation.fr/monde/1999/06/21/gyaincain-norbu-le-panchen-lama-chinoisa-lhassa_275665|pages = |extrait = Le dalaï-lama, qui dirige le gouvernement tibétain en exil depuis l'Inde, a quant à lui désigné, en 1995, un autre petit garçon pour succéder au panchen-lama. Celui-ci, Gedhun Choekyi Nyima (9 ans), a depuis lors été mis au secret par Pékin. C'est le plus jeune prisonnier politique du monde.}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} Benjamin Kang Lim, [https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2006/04/23/AR2006042301349.html World's youngest political prisoner turns 17], ''Reuters'', April 23, 2006 : {{Citation étrangère|langue=en|considered by rights groups to be the world's youngest political prisoner.}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} [[Thomas Laird]], ''The Story of Tibet: Conversations with the Dalai Lama'', Grove Press, N.Y., 2006, p. 374 {{ISBN|978-0-8021-1827-1}}.</ref>{{,}}<ref name="Seth Faison" />{{,}}<ref>{{en}} Laura Neack, [https://books.google.fr/books?id=KXsU9_zQQREC&pg=PA3 The New Foreign Policy: U.S. and Comparative Foreign Policy in the 21st Century], p. 3</ref>.
Trois jours après sa désignation, Gedhun Choekyi Nyima et ses parents disparurent<ref name="Seth Faison">{{en}} Seth Faison, [https://www.nytimes.com/1999/07/09/world/beijing-seems-to-lose-battle-over-who-is-the-real-lama.html Beijing Seems to Lose Battle Over Who Is the Real Lama], ''[[The New York Times]]'', 9 juillet 1999, reproduit sur le site d'[http://www.savetibet.org/media-center/tibet-news/beijing-seems-lose-battle-over-who-is-real-lama International Campaign for Tibet] : {{Citation étrangère|langue=en|The boy, Gedhun Choekyi Nyima, disappeared later that year into the custody of Chinese authorities, prompting accusations from exiled Tibetan activists that he had become the youngest political prisoner in the world.}}</ref>{{,}}<ref>[http://www.amnesty.fr/index.php/amnesty/agir/actions_en_cours/chine/preoccupations_d_amnesty Préoccupations d'Amnesty International France].</ref> et furent placés dans un lieu tenu secret, à Pékin selon [[Tibet Information Network]]<ref>[[Caroline Puel]], [http://www.liberation.fr/planete/1995/11/30/entre-pekin-et-les-tibetains-la-guerre-des-lamas-continue-la-chine-espere-asseoir-son-controle-sur-l_148494 Entre Pékin et les Tibétains, la guerre des lamas continue. La Chine espère asseoir son contrôle sur le Tibet.], ''[[Libération (journal)|Libération]]'', 30 novembre 1995</ref>. La disparition de l'enfant à l'âge de six ans, souvent qualifiée d'enlèvement<ref>{{Article|langue = Français|auteur1 = Romain Franklin|titre = Le onzième panchen-lama en otage à Pékin. Pour asseoir sa mainmise sur le Tibet, la Chine cherche à contrôler l'autorité religieuse.|périodique = Libération|numéro = |jour = 22|mois = Septembre|année = 1995|issn = |lire en ligne = |pages = |extrait = L'enjeu fut jugé tel par Pékin, que le bureau politique du Parti communiste chinois fit enlever fin mai le petit garçon et ses parents, des pasteurs nomades semi-illettrés.}}</ref>{{,}}<ref name="hilippe Grangereau">{{Article|langue = Français|auteur1 = Philippe Grangereau|titre = Entre le Vatican et Pékin, un bras de fer sans fin|périodique = Libération|numéro = |jour = 17|mois = mars|année = 2014|issn = |lire en ligne = http://www.liberation.fr/monde/2014/03/17/entre-le-vatican-et-pekin-un-bras-de-fer-sans-fin_987748|pages = |extrait = D’une manière générale, les religieux que le Comité central n’approuve pas sont, dans le meilleur des cas, espionnés; mais d’autres sont placés en résidence surveillée, jetés en prison ou en camp de travail, voire disparaissent tout simplement – comme c’est le cas pour le jeune Panchen Lama tibétain Gehdun Choekyi Nyima, ordonné en 1995 par le dalaï-lama. Kidnappé par les autorités à l’âge de 6 ans, celui-ci n’est jamais réapparu depuis.}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue = Français|auteur1 = Caroline Puel|titre = Le rapport post mortem qui accuse Pékin. En 1962, le {{10e}} panchen-lama dénonçait les exactions chinoises au Tibet.|périodique = Libération|numéro = |jour = 14|mois = février|année = 1998|issn = |lire en ligne = http://www.liberation.fr/monde/1998/02/14/le-rapport-post-mortem-qui-accuse-pekin-en-1962-le-10e-panchen-lama-denoncait-les-exactions-chinoise_229899|pages = |extrait = Le jeune panchen-lama choisi par les Tibétains a été enlevé et semblerait se trouver à Pékin en résidence surveillée. Quant au candidat des Chinois, il étudie sous haute surveillance afin d'acquérir les compétences d'un «bon» panchen-lama aux yeux de Pékin"}}</ref>, fit de lui, selon les exilés tibétains et des associations de défense des droits de l'homme dont [[Amnesty International]], « le plus jeune [[Liste de prisonniers d'opinion tibétains|prisonnier politique]] du monde »<ref>{{Article|langue = Français|auteur1 = |titre = Gyaincain Norbu Le «panchen-lama» chinois à Lhassa|périodique = Libération|numéro = |jour = 21|mois = juin|année = 1999|issn = |lire en ligne = http://www.liberation.fr/monde/1999/06/21/gyaincain-norbu-le-panchen-lama-chinoisa-lhassa_275665|pages = |extrait = Le dalaï-lama, qui dirige le gouvernement tibétain en exil depuis l'Inde, a quant à lui désigné, en 1995, un autre petit garçon pour succéder au panchen-lama. Celui-ci, Gedhun Choekyi Nyima (9 ans), a depuis lors été mis au secret par Pékin. C'est le plus jeune prisonnier politique du monde.}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} Benjamin Kang Lim, [https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2006/04/23/AR2006042301349.html World's youngest political prisoner turns 17], ''Reuters'', April 23, 2006 : {{Citation étrangère|langue=en|considered by rights groups to be the world's youngest political prisoner.}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} [[Thomas Laird]], ''The Story of Tibet: Conversations with the Dalai Lama'', Grove Press, N.Y., 2006, p. 374 {{ISBN|978-0-8021-1827-1}}.</ref>{{,}}<ref name="Seth Faison" />{{,}}<ref>{{en}} Laura Neack, [https://books.google.fr/books?id=KXsU9_zQQREC&pg=PA3 The New Foreign Policy: U.S. and Comparative Foreign Policy in the 21st Century], p. 3</ref>.


Selon le Centre tibétain pour les droits de l'homme et la démocratie, le même jour [[Chadrel Rinpoché]] fut arrêté et emprisonné pour avoir informé le dalaï-lama (il devait par la suite être relâché et mis en résidence surveillée)<ref>{{en}} [[TCHRD]][http://www.tchrd.org/press/2002/pr20020220.html Chadrel Rinpoche released from prison but under house arrest].</ref>.
Selon le Centre tibétain pour les droits de l'homme et la démocratie, le même jour [[Chadrel Rinpoché]] a été arrêté et emprisonné pour avoir informé le dalaï-lama. Sept ans plus tard, en 2002, il a été relâché et mis en résidence surveillée<ref>{{en}} [[TCHRD]][http://www.tchrd.org/press/2002/pr20020220.html Chadrel Rinpoche released from prison but under house arrest].</ref>.


La Chine a démenti durant plus d'une année détenir Gendhun et sa famille <ref>http://www.senate.be/www/?MIval=publications/viewPub&COLL=B&PUID=16780522&TID=16788306&POS=1&LANG=fr</ref>{{,}}<ref name="UNPO">{{en}} Interfaith International, [http://www.unpo.org/article/3948 WS on Panchen Lamas Case], Interfaith International : {{Citation étrangère|langue=en|Until the UN Committee on the Rights (CRC) of the Child formally requested information about him, China denied that it held Gedhun Choekyi Nyima and his family.}}</ref>. Le [[28 mai]] [[1996]], son cas fut examiné par le [[Comité des droits de l'enfant]] de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] dépendant du [[Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme]], et les autorités chinoises admirent pour la première fois avoir « pris l'enfant pour sa sécurité »<ref name="autogenerated1">{{en}} TCHRD, [http://www.tchrd.org/publications/brochures/panchen_lama_XI-2005.html Gedhun Choekyi Nyima: the XIth Panchen Lama of Tibet].</ref>. L'Ambassadeur chinois [[Wu Jianmin]] déclara au Comité : « puisque les séparatistes cherchaient à enlever l’enfant, ses parents se sont inquiétés pour sa sécurité et ont demandé la protection du gouvernement chinois, qui leur a été fournie. L’enfant habite avec ses parents dans de bonnes conditions »<ref name="UNPO" />, sans préciser où se trouve l'enfant<ref>{{Article|langue = Français|auteur1 = Pierre Hazan|titre = Pékin reconnaît détenir le garçon choisi pour réincarner le panchen-lama|périodique = Libération|numéro = |jour = 6|mois = juin|année = 1996|issn = |lire en ligne = http://www.liberation.fr/monde/1996/06/06/pekin-reconnait-detenir-le-garcon-choisi-pour-reincarner-le-panchen-lama_175173|pages = }}</ref>. Le Comité demanda à rendre visite à Gendhun Choekyi Nyima, mais les autorités chinoises ne donnèrent jamais suite et le dossier n'a pas avancé depuis, malgré un appel lancé régulièrement par près de 400 associations et personnalités (dont 11 prix Nobel) réclamant cette visite<ref>[http://www.tibet.fr/old/nouvelles_aoutsept_2005.htm#Des_personnalites_demandent Des personnalités demandent qu'une délégation du Comité des Droits de l'Enfant de l'ONU rende visite à un enfant tibétain en résidence surveillée depuis 1995 en Chine], ''France-Tibet'', août-septembre 2005.</ref>.
La Chine a démenti durant plus d'une année détenir Gedhun et sa famille<ref>{{lien web |titre=Bulletin n° 1-20 |url=http://www.senate.be/www/?MIval=publications/viewPub&COLL=B&PUID=16780522&TID=16788306&POS=1&LANG=fr |site=senate.be |consulté le=27-06-2023}}.</ref>{{,}}<ref name="UNPO">{{en}} Interfaith International, [http://www.unpo.org/article/3948 WS on Panchen Lamas Case], Interfaith International : {{Citation étrangère|langue=en|Until the UN Committee on the Rights (CRC) of the Child formally requested information about him, China denied that it held Gedhun Choekyi Nyima and his family.}}</ref>.
=== Demande du Comité des droits de l'enfant ===
Le {{date|28 mai 1996}}, son cas fut examiné par le [[Comité des droits de l'enfant]] de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] dépendant du [[Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme]], et les autorités chinoises admirent pour la première fois avoir « pris l'enfant pour sa sécurité »<ref name="autogenerated1">{{en}} TCHRD, [http://www.tchrd.org/publications/brochures/panchen_lama_XI-2005.html Gedhun Choekyi Nyima: the XIth Panchen Lama of Tibet].</ref>. L'ambassadeur chinois [[Wu Jianmin]] déclara au Comité : « puisque les séparatistes cherchaient à enlever l’enfant, ses parents se sont inquiétés pour sa sécurité et ont demandé la protection du gouvernement chinois, qui leur a été fournie. L’enfant habite avec ses parents dans de bonnes conditions »<ref name="UNPO" />, sans préciser où se trouve l'enfant<ref>{{Article|langue = Français|auteur1 = Pierre Hazan|titre = Pékin reconnaît détenir le garçon choisi pour réincarner le panchen-lama|périodique = Libération|numéro = |jour = 6|mois = juin|année = 1996|issn = |lire en ligne = http://www.liberation.fr/monde/1996/06/06/pekin-reconnait-detenir-le-garcon-choisi-pour-reincarner-le-panchen-lama_175173|pages = }}</ref>. Le Comité demanda à rendre visite à Gedhun Choekyi Nyima, mais les autorités chinoises ne donnèrent jamais suite et le dossier n'a pas avancé depuis, malgré un appel lancé régulièrement par près de 400 associations et personnalités (dont 11 prix Nobel) réclamant cette visite<ref>[http://www.tibet.fr/old/nouvelles_aoutsept_2005.htm#Des_personnalites_demandent Des personnalités demandent qu'une délégation du Comité des Droits de l'Enfant de l'ONU rende visite à un enfant tibétain en résidence surveillée depuis 1995 en Chine], ''France-Tibet'', août-septembre 2005.</ref>.


En 1997, une délégation américaine s'est vu dire qu'il était à [[Pékin]]. Selon le Centre tibétain pour les droits de l'homme et la démocratie, la RPC refuse tout accès extérieur à Gendhun Choekyi Nyima et à ses parents<ref name="autogenerated1" />.
En 1997, une délégation américaine s'est vu dire qu'il était à [[Pékin]]. Selon le Centre tibétain pour les droits de l'homme et la démocratie, la RPC refuse tout accès extérieur à Gendhun Choekyi Nyima et à ses parents<ref name="autogenerated1" />.


Une [[alerte AMBER]] mondiale a été lancée par le monastère de[[Tashilhunpo]] en [[Inde]], siège d'exil du panchen-lama, et une récompense est offerte à toute personne fournissant une information permettant d'entrer en contact avec lui<ref>[http://tashilhunpo.org/francais-amber-alert Alerte Amber].</ref>.
Une [[alerte AMBER]] mondiale a été lancée par le monastère de [[Tashilhunpo]] en [[Inde]], siège d'exil du panchen-lama, et une récompense est offerte à toute personne fournissant une information permettant d'entrer en contact avec lui<ref>[http://tashilhunpo.org/francais-amber-alert Alerte Amber].</ref>.


== Déclarations et informations sur l'enfant ==
== Déclarations et informations sur l'enfant ==
En 2002, [[Amnesty International]] demanda au président américain [[George W. Bush|George Bush]] de demander au président chinois [[Jiang Zemin]] des informations sur l'enfant et sa famille, et la levée de toute restriction de leur liberté de mouvement<ref>{{en}} International Campaign for Tibet [http://www.savetibet.org/media-center/tibet-news/beijing-seems-lose-battle-over-who-is-real-lama Amnesty Asks Bush to Raise Panchen Lama Issue with President Jiang], 25 octobre 2002.</ref>.
En 2002, [[Amnesty International]] demanda au président américain [[George W. Bush|George Bush]] de demander au président chinois [[Jiang Zemin]] des informations sur l'enfant et sa famille, et la levée de toute restriction de leur liberté de mouvement<ref>{{en}} International Campaign for Tibet [http://www.savetibet.org/media-center/tibet-news/beijing-seems-lose-battle-over-who-is-real-lama Amnesty Asks Bush to Raise Panchen Lama Issue with President Jiang], 25 octobre 2002.</ref>.


Bien qu'il soit reconnu par le dalaï-lama et le gouvernement tibétain en exil comme la réincarnation d'un des plus hauts dignitaires religieux<ref>{{en}} Graham Shepherd, [https://books.google.fr/books?id=eaa4ntYPJ9QC&pg=PT217 ''Travels With a Monkey Mind''], E-Books Publisher, {{ISBN|178069024X|9781780690247}}</ref> et très apprécié des Tibétains<ref name="Seth Faison"/>, en [[2005]], Gendhun Choekyi Nyima menait, selon le gouvernement chinois, une vie normale et était scolarisé, sa localisation étant gardée secrète pour des raisons de sécurité<ref>{{en}} [http://www.xizang-zhiye.org/gb/xzxinwen/0504/index.html Xizang-zhiye], 27 avril 2005.</ref>.
Bien qu'il soit reconnu par le dalaï-lama et le gouvernement tibétain en exil comme la réincarnation d'un des plus hauts dignitaires religieux<ref>{{en}} Graham Shepherd, [https://books.google.fr/books?id=eaa4ntYPJ9QC&pg=PT217 ''Travels With a Monkey Mind''], E-Books Publisher, {{ISBN|178069024X|9781780690247}}</ref> et très apprécié des Tibétains<ref name="Seth Faison"/>, en [[2005]], Gedhun Choekyi Nyima menait, selon le gouvernement chinois, une vie normale et était scolarisé, sa localisation étant gardée secrète pour des raisons de sécurité<ref>{{en}} [http://www.xizang-zhiye.org/gb/xzxinwen/0504/index.html Xizang-zhiye], 27 avril 2005.</ref>.


En avril [[2006]], dans un communiqué remis à l'agence de presse [[Reuters]], le gouvernement chinois démentait que Gedhun Choekyi Nyima fût retenu en tant que prisonnier politique, précisant que, « loin d'être la réincarnation du panchen lama », il n'était « qu'un garçon comme les autres », qu'il « menait une vie normale et heureuse et recevait une bonne éducation »<ref>{{en}} [http://www.tchrd.org/publications/topical_reports/prisoners_of_tibet_2006/prisoner_report.pdf Prisoners of Tibet 2006 Special Report] : {{Citation étrangère|lang=en|In a written statement to Reuters, the authorities claimed that the Gedhun Choekyi Nyima was “no reincarnation of the Panchen Lama” but “just an ordinary boy” who “lives a normal happy life and is receiving a good cultural education”}} ([http://chinadigitaltimes.net/2006/04/china_says_tibetan_boy_not_political_prisoner_reuters.php?show_all=1 “China says boy not political prisoner”], Reuters, 28 Avril 2006, Beijing).</ref>.
En avril [[2006]], dans un communiqué remis à l'agence de presse [[Reuters]], le gouvernement chinois démentait que Gedhun Choekyi Nyima fût retenu en tant que prisonnier politique, précisant que, « loin d'être la réincarnation du panchen lama », il n'était « qu'un garçon comme les autres », qu'il « menait une vie normale et heureuse et recevait une bonne éducation »<ref>{{en}} [http://www.tchrd.org/publications/topical_reports/prisoners_of_tibet_2006/prisoner_report.pdf Prisoners of Tibet 2006 Special Report] : {{Citation étrangère|lang=en|In a written statement to Reuters, the authorities claimed that the Gedhun Choekyi Nyima was “no reincarnation of the Panchen Lama” but “just an ordinary boy” who “lives a normal happy life and is receiving a good cultural education”}} ([http://chinadigitaltimes.net/2006/04/china_says_tibetan_boy_not_political_prisoner_reuters.php?show_all=1 “China says boy not political prisoner”], Reuters, 28 Avril 2006, Beijing).</ref>.


En avril 2008, le [[Tibetan UN Advocacy]] signalait que la [[République populaire de Chine]] n'avait pas répondu à une question posée en mai 2007 par [[Asma Jahangir]], rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de croyance du [[Conseil des droits de l'homme des Nations unies]], qui demandait aux autorités chinoises quelles mesures elles avaient prises pour appliquer la recommandation du comité des droits de l'enfant et de permette à un expert indépendant de rendre visite à Gedhun Choekyi Nyima. Dans leur réponse en date du 17 juillet, les autorités chinoises firent la déclaration suivante : {{Citation|Gedhun Choekyi Nyima est un jeune Tibétain parfaitement ordinaire, jouissant d'une santé excellente, menant une vie normale et heureuse, recevant une formation et une éducation culturelle satisfaisantes. Il est actuellement au lycée, il mesure 1,65 m et est très facile à vivre par nature. Il se donne à fond à ses études et ses résultats scolaires sont très satisfaisants. Il apprécie la culture chinoise traditionnelle et vient de se mettre à la calligraphie. Ses parents sont tous deux fonctionnaires et ses frères et sœurs sont soit à l'université, soit déjà dans la vie active. L'allégation selon laquelle il a complètement disparu ainsi que ses parents et que son lieu de résidence n'est pas connu est tout simplement fausse.}}<ref>{{en}} Tibetan UN Advocacy, {{lien web|langue=en|url=http://www.tibetatun.org/updates2.html|titre=China Fails to Respond to UN Rights Expert's Question on Panchen Lama|date=25 avril 2008|consulté le=25 mai 2008}} : {{Citation étrangère|langue=en|Gedhun Choekyi Nyima is a perfectly ordinary Tibetan boy, in an excellent state of health, leading a normal, happy life and receiving a good education and cultural upbringing. He is currently in upper secondary school, he measures 1 m 65 cm in height and is easy-going by nature. He studies hard and his school results are very good. He likes Chinese traditional culture and has recently taken up calligraphy. His parents are both State employees, and his brothers and sisters are either already working or at university. The allegation that he disappeared together with his parents and that his whereabouts remain unknown is simply not true.}}</ref>.
En {{date-|avril 2008}}, le [[Tibetan UN Advocacy]] signalait que la [[République populaire de Chine]] n'avait pas répondu à une question posée en {{date-|mai 2007}} par [[Asma Jahangir]], rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de croyance du [[Conseil des droits de l'homme des Nations unies]], qui demandait aux autorités chinoises quelles mesures elles avaient prises pour appliquer la recommandation du comité des droits de l'enfant et de permette à un expert indépendant de rendre visite à Gedhun Choekyi Nyima. Dans leur réponse en date du {{date-|17 juillet}}, les autorités chinoises firent la déclaration suivante : {{Citation|Gedhun Choekyi Nyima est un jeune Tibétain parfaitement ordinaire, jouissant d'une santé excellente, menant une vie normale et heureuse, recevant une formation et une éducation culturelle satisfaisantes. Il est actuellement au lycée, il mesure 1,65 m et est très facile à vivre par nature. Il se donne à fond à ses études et ses résultats scolaires sont très satisfaisants. Il apprécie la culture chinoise traditionnelle et vient de se mettre à la calligraphie. Ses parents sont tous deux fonctionnaires et ses frères et sœurs sont soit à l'université, soit déjà dans la vie active. L'allégation selon laquelle il a complètement disparu ainsi que ses parents et que son lieu de résidence n'est pas connu est tout simplement fausse}}<ref>{{en}} Tibetan UN Advocacy, {{lien web|langue=en|url=http://www.tibetatun.org/updates2.html|titre=China Fails to Respond to UN Rights Expert's Question on Panchen Lama|date=25 avril 2008|consulté le=25 mai 2008}} : {{Citation étrangère|langue=en|Gedhun Choekyi Nyima is a perfectly ordinary Tibetan boy, in an excellent state of health, leading a normal, happy life and receiving a good education and cultural upbringing. He is currently in upper secondary school, he measures 1 m 65 cm in height and is easy-going by nature. He studies hard and his school results are very good. He likes Chinese traditional culture and has recently taken up calligraphy. His parents are both State employees, and his brothers and sisters are either already working or at university. The allegation that he disappeared together with his parents and that his whereabouts remain unknown is simply not true.}}</ref>.


En juillet 2010, [[Tseten Samdup Chhoekyapa]], le représentant du dalaï-lama à Genève, se déclarait particulièrement inquiet au sujet de Gedhun Choekyi Nyima car n'ayant pas de nouvelles de lui depuis son arrestation<ref>{{en}} [http://www.allvoices.com/contributed-news/6218874-exiled-tibetans-china-cant-pick-next-dalai-lama Exiled Tibetans: China Can't Pick Next Dalai Lama] : {{Citation étrangère|lang=en|We're exceptionally worried about him, as we haven't heard anything since he and his family were arrested.}}</ref>.
En {{date-|juillet 2010}}, [[Tseten Samdup Chhoekyapa]], le représentant du dalaï-lama à Genève, se déclarait particulièrement inquiet au sujet de Gedhun Choekyi Nyima car n'ayant pas de nouvelles de lui depuis son arrestation<ref>{{en}} [http://www.allvoices.com/contributed-news/6218874-exiled-tibetans-china-cant-pick-next-dalai-lama Exiled Tibetans: China Can't Pick Next Dalai Lama] : {{Citation étrangère|lang=en|We're exceptionally worried about him, as we haven't heard anything since he and his family were arrested.}}</ref>.


En mars [[2010]], [[Padma Choling]], président tibétain du gouvernement de la [[région autonome du Tibet]], a indiqué que le garçon vivait maintenant comme citoyen ordinaire du Tibet. « Ses frères et sœurs cadets vont à l'université ou ont déjà commencé à travailler », a-t-il indiqué. « Ce garçon est une victime. Lui et sa famille ne veulent pas être dérangés et souhaitent mener une vie ordinaire »<ref name="touri">Tibet : modernisation pour promouvoir le touristique, ''xinhua'', 15/03/2010, reproduit sur le site [http://itm-itw.com/news_F.php?country=135&width=1280&id=4494 ''Tourisme islamique''], 17/03/2010.</ref>. C'est aussi la raison invoquée par Hao Peng, un responsable du parti communiste de la région autonome du Tibet, pour expliquer pourquoi l'on ne peut lui rendre visite<ref>{{en}} [http://www.smh.com.au/world/in-search-of-the-real-panchen-lama-20100702-ztzk.html In search of the real Panchen Lama] {{Citation étrangère|lang=en|"The young Tibetan person … is studying and living in quite good condition," said Hao Peng, who is simultaneously deputy head of the Communist Party and executive vice-chairman of the Tibet Autonomous Region, in answer to a question from the Herald on a government-organised foreign media tour this week. "He and his family members do not want to be disturbed so we have to respect their wishes and we cannot arrange a visit"}}.</ref>.
En mars [[2010]], [[Padma Choling]], président tibétain du gouvernement de la [[région autonome du Tibet]], a indiqué que le garçon vivait maintenant comme citoyen ordinaire du Tibet. « Ses frères et sœurs cadets vont à l'université ou ont déjà commencé à travailler », a-t-il indiqué. « Ce garçon est une victime. Lui et sa famille ne veulent pas être dérangés et souhaitent mener une vie ordinaire »<ref name="touri">Tibet : modernisation pour promouvoir le touristique, ''xinhua'', 15/03/2010, reproduit sur le site [http://itm-itw.com/news_F.php?country=135&width=1280&id=4494 ''Tourisme islamique''], 17/03/2010.</ref>. C'est aussi la raison invoquée par Hao Peng, un responsable du Parti communiste de la région autonome du Tibet, pour expliquer pourquoi l'on ne peut lui rendre visite<ref>{{en}} [http://www.smh.com.au/world/in-search-of-the-real-panchen-lama-20100702-ztzk.html In search of the real Panchen Lama] {{Citation étrangère|lang=en|"The young Tibetan person … is studying and living in quite good condition," said Hao Peng, who is simultaneously deputy head of the Communist Party and executive vice-chairman of the Tibet Autonomous Region, in answer to a question from the Herald on a government-organised foreign media tour this week. "He and his family members do not want to be disturbed so we have to respect their wishes and we cannot arrange a visit"}}.</ref>.


Selon le [[Tibetan Centre for Human Rights and Democracy|TCHRD]], en 2012, personne, en dehors du gouvernement chinois, ne savait ce que l'enfant et sa famille étaient devenus<ref>{{en}} {{lien brisé|consulté le=2015-06-08|url=http://www.tchrd.org/index.php?option=com_content&view=article&id=214:17-years-and-counting-disappearance-of-panchen-lama&catid=70:2012-news&Itemid=162|titre=17 Years and Counting: Disappearance of Panchen Lama}}, ''TCHRD'', 25 avril 2012.</ref>.
Selon le [[Tibetan Centre for Human Rights and Democracy|TCHRD]], en 2012, personne, en dehors du gouvernement chinois, ne savait ce que l'enfant et sa famille étaient devenus<ref>{{en}} {{lien web|consulté le=2015-06-08|url=https://web.archive.org/web/20120505122331/http://www.tchrd.org/index.php?option=com_content&view=article&id=214:17-years-and-counting-disappearance-of-panchen-lama&catid=70:2012-news&Itemid=162|titre=17 Years and Counting: Disappearance of Panchen Lama}}, ''TCHRD'', 25 avril 2012.</ref>.

En {{date-|mai 2020}}, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de sa disparition, les États-Unis, par la voix de [[Mike Pompeo]], demandent des explications aux autorités chinoises, indiquant être {{citation| inquiets de la campagne continue de la Chine pour éliminer l’identité religieuse, linguistique et culturelle des Tibétains}}. Le gouvernement communiste indique qu’il mène une existence paisible à Pékin sans autre précision<ref>[https://www.liberation.fr/amphtml/planete/2020/05/21/tibet-vingt-cinq-ans-apres-son-enlevement-la-chine-donne-des-nouvelles-du-panchen-lama_1789059 Tibet : vingt-cinq ans après son enlèvement, la Chine donne des nouvelles du panchen-lama] ''Libération'', 21 mai 2020</ref>.


== Réactions ==
== Réactions ==
[[Frédéric Lenoir]] considère que l'aura de Gedhun Choekyi Nyima est si importante au Tibet que s'il était libre, « il représenterait un candidat sérieux pour la succession de l'actuel dalaï-lama ». C'est pourquoi soit il a été assassiné, soit il est enfermé pour recevoir « une éducation communiste de première main, espérant en faire un jour une marionnette »<ref>[[Frédéric Lenoir]], ''Tibet Le moment de vérité'', Édition Plon, 2008, page 139.</ref>.
[[Frédéric Lenoir]] considère que l'aura de Gedhun Choekyi Nyima est si importante au Tibet que s'il était libre, « il représenterait un candidat sérieux pour la succession de l'actuel dalaï-lama ». C'est pourquoi soit il a été assassiné, soit il est enfermé pour recevoir « une éducation communiste de première main, espérant en faire un jour une marionnette »<ref>[[Frédéric Lenoir]], ''Tibet Le moment de vérité'', Édition Plon, 2008, page 139.</ref>.


Selon {{lien|Nirupama Rao}}, [[Gyalo Thondup]], un des frères aînés du {{14e}} dalaï-lama, affirme que des représentants du Conseil d'État chinois étaient parmi ceux qui l'avaient contacté, souhaitant obtenir les avis du dalaï-lama pour le choix du nouveau panchen-lama<ref name="Nirupama Rao"/>, dont [[Chatral Rinpoché]] qui en juillet 1993 lui remit une lettre à Pékin<ref name="Craig381-383"/>. Le dalaï-lama y répondit par une lettre que Thondup porta à l'ambassadeur de Chine à Delhi et qui resta sans réponse<ref name="Craig381-383"/>. Selon Thondup, l'opération capota quand Dharamsala annonça qui serait le nouveau panchen-lama sans en avoir informé au préalable les Chinois, lesquels rejetèrent aussitôt ce choix<ref name="Nirupama Rao">{{en}} Nirupama Rao, [http://thewire.in/2015/07/11/lost-horizons-the-tangled-history-of-tibet-6028/ Lost Horizons: The Tangled History of Tibet], ''The Wire'', 11 juillet 2015 : {{Citation étrangère|langue=en|He also claims that representatives of the State Council of China were among those who contacted him seeking the Dalai Lama’s guidance on the selection of the new Panchen Lama. He claims the process was derailed when an announcement on who the new Panchen would be was made from Dharamsala without prior intimation to the Chinese, who promptly repudiated the choice.}}</ref>. Le samedi 13 mai 1995, le secrétaire du dalaï-lama informa Thondup que le dalaï-lama reconnaîtrait officiellement et publiquement le panchen-lama le lendemain. Thondup réussit à contacter les officiels chinois, furieux que le dalaï-lama n'ait pas contacté les Chinois, et l'accusant de manœuvre politique. Thondup tenta de les calmer, rappelant les tentatives de les contacter à chaque étape, sans réponse de leurs parts. Il les mit en garde, mais ils n'en tinrent pas compte<ref name="Craig381-383">[[Mary Craig]], ''Kundun: une biographie du dalaï-lama et de sa famille'', préface du [[Tenzin Gyatso|{{14e}} dalaï-lama]], traduction François Vidonne, [[Presses du Châtelet]], 1998, {{ISBN|2911217330}}, p. 381-383.</ref>.
Selon {{lien|Nirupama Rao}}, [[Gyalo Thondup]], un des frères aînés du {{14e}} dalaï-lama, affirme que des représentants du Conseil d'État chinois étaient parmi ceux qui l'avaient contacté, souhaitant obtenir les avis du dalaï-lama pour le choix du nouveau panchen-lama<ref name="Nirupama Rao"/>, dont [[Chadrel Rinpoché|Chatral Rinpoché]] qui en {{date-|juillet 1993}} lui remit une lettre à Pékin<ref name="Craig381-383"/>. Le dalaï-lama y répondit par une lettre que Thondup porta à l'ambassadeur de Chine à Delhi et qui resta sans réponse<ref name="Craig381-383"/>. Selon Thondup, l'opération capota quand Dharamsala annonça qui serait le nouveau panchen-lama sans en avoir informé au préalable les Chinois, lesquels rejetèrent aussitôt ce choix<ref name="Nirupama Rao">{{en}} Nirupama Rao, [http://thewire.in/2015/07/11/lost-horizons-the-tangled-history-of-tibet-6028/ Lost Horizons: The Tangled History of Tibet], ''The Wire'', 11 juillet 2015 : {{Citation étrangère|langue=en|He also claims that representatives of the State Council of China were among those who contacted him seeking the Dalai Lama’s guidance on the selection of the new Panchen Lama. He claims the process was derailed when an announcement on who the new Panchen would be was made from Dharamsala without prior intimation to the Chinese, who promptly repudiated the choice.}}</ref>. Le samedi {{date-|13 mai 1995}}, le secrétaire du dalaï-lama informa Thondup que le dalaï-lama reconnaîtrait officiellement et publiquement le panchen-lama le lendemain. Thondup réussit à contacter les officiels chinois, furieux que le dalaï-lama n'ait pas contacté les Chinois, et l'accusant de manœuvre politique. Thondup tenta de les calmer, rappelant les tentatives de les contacter à chaque étape, sans réponse de leurs parts. Il les mit en garde, mais ils n'en tinrent pas compte<ref name="Craig381-383">[[Mary Craig]], ''Kundun: une biographie du dalaï-lama et de sa famille'', préface du [[Tenzin Gyatso|{{14e}} dalaï-lama]], traduction François Vidonne, [[Presses du Châtelet]], 1998, {{ISBN|2911217330}}, p. 381-383.</ref>.


== Soutien et manifestations ==
== Soutien et manifestations ==


Tous les ans, les associations de soutien au Tibet manifestent vers la date de son anniversaire, le 25 avril<ref>[[Francesca-Yvonne Caroutch]], ''La fulgurante épopée des Karmapas'', Dervy, 2000, {{ISBN|2844540635}}, p. 167.</ref>.
Tous les ans, les associations de soutien au Tibet manifestent vers la date de son anniversaire, le {{date-|25 avril}}<ref>[[Francesca-Yvonne Caroutch]], ''La fulgurante épopée des Karmapas'', Dervy, 2000, {{ISBN|2844540635}}, p. 167.</ref>.


== Déclaration du dalaï-lama en 2018 ==
== Déclaration du dalaï-lama en 2018 ==
En avril 2018, le dalaï-lama a déclaré que, alors que l'on était sans nouvelles de Gedhun Choekyi Nyima, le panchen-lama qu'il avait reconnu, une « source fiable » indiquait désormais que celui-ci était bien vivant et recevait une éducation normale. {{Citation|Nous verrons}}, a-t-il dit. Il espérait que le panchen-lama officiel (reconnu par les Chinois), [[Gyancain Norbu]], étudiait bien, sous la conduite d'un bon enseignant. Il y avait des exemples, dans la tradition bouddhiste tibétaine, de lamas ayant plus d'une réincarnation, à l'instar de [[Jamyang Khyentsé Wangpo]]<ref>[https://www.thestatesman.com/india/11th-panchen-lama-alive-receiving-education-dalai-lama-1502627372.html 11th Panchen Lama alive, receiving education: Dalai Lama], ''The Statesman'', 25 avril, 2018: "Tibetan spiritual leader Dalai Lama on Wednesday said 11th Panchen Lama Gedhun Choekyi Nyima “according to reliable source is alive and receiving normal education”. Talking to the media at Gaggal Airport in Kangra district after returning from four-day Delhi visit, Lama hoped that the official Panchen Lama studies well under the guidance of a good teacher. “Then the Panchen Lama, which I recognised sometime back, there was no news, but then according to reliable information, he is still alive and receiving normal education. So we will see,” he said. He said there are instances in Tibetan Buddhist tradition, “where a reincarnated lama took more than one manifestation”."</ref>, même si un seul peut détenir le siège, a-t-il conclu<ref>{{en}} Lobsang Tenchoe, [http://tibetexpress.net/on-panchen-lamas-29th-birthday-the-dalai-lama-says-he-is-still-alive-carrying-normal-education/ On Panchen Lama’s 29th birthday, the Dalai Lama says he is still alive, carrying normal education], tibetexpress.net, 25 avril, 2018</ref>.
En {{date-|avril 2018}}, le dalaï-lama a déclaré que, alors que l'on était sans nouvelles de Gedhun Choekyi Nyima, le panchen-lama qu'il avait reconnu, une « source fiable » indiquait désormais que celui-ci était bien vivant et recevait une éducation normale. {{Citation|Nous verrons}}, a-t-il dit. Il espérait que le panchen-lama officiel (reconnu par les Chinois), [[Gyancain Norbu]], étudiait bien, sous la conduite d'un bon enseignant. Il y avait des exemples, dans la tradition bouddhiste tibétaine, de lamas ayant plus d'une réincarnation, à l'instar de [[Jamyang Khyentsé Wangpo]]<ref>[https://www.thestatesman.com/india/11th-panchen-lama-alive-receiving-education-dalai-lama-1502627372.html 11th Panchen Lama alive, receiving education: Dalai Lama], ''The Statesman'', 25 avril, 2018: "Tibetan spiritual leader Dalai Lama on Wednesday said 11th Panchen Lama Gedhun Choekyi Nyima “according to reliable source is alive and receiving normal education”. Talking to the media at Gaggal Airport in Kangra district after returning from four-day Delhi visit, Lama hoped that the official Panchen Lama studies well under the guidance of a good teacher. “Then the Panchen Lama, which I recognised sometime back, there was no news, but then according to reliable information, he is still alive and receiving normal education. So we will see,” he said. He said there are instances in Tibetan Buddhist tradition, “where a reincarnated lama took more than one manifestation”."</ref>, même si un seul peut détenir le siège, a-t-il conclu<ref>{{en}} Lobsang Tenchoe, [http://tibetexpress.net/on-panchen-lamas-29th-birthday-the-dalai-lama-says-he-is-still-alive-carrying-normal-education/ On Panchen Lama’s 29th birthday, the Dalai Lama says he is still alive, carrying normal education], tibetexpress.net, 25 avril, 2018</ref>.


Cependant, Gedhun Choekyi Nyima n’est jamais réapparu depuis sa disparition en 1995<ref>{{en}} [http://www.tibetanreview.net/dalai-lama-cites-reliable-source-as-saying-panchen-lama-alive-speaks-well-for-the-chinese-appointed-counter/ Dalai Lama cites ‘reliable source’ as saying Panchen Lama alive, speaks well for the Chinese appointed counter], ''[[Tibetan Review]]'', 27 avril 2018 : {{Citation étrangère|langue=en|Following the passing away of the 10th Panchen Lama Choekyi Gyaltsen in Jan 1989, Tibet’s exiled spiritual leader formally proclaimed six-year-old Gedhun Choekyi Nyima born in Tibet as his undisputed reincarnation on May 14, 1995. Three days later, the Chinese government took him and his family away to be never seen or heard from again.}}</ref>.
Cependant, Gedhun Choekyi Nyima n’est jamais réapparu depuis sa disparition en 1995<ref>{{en}} [http://www.tibetanreview.net/dalai-lama-cites-reliable-source-as-saying-panchen-lama-alive-speaks-well-for-the-chinese-appointed-counter/ Dalai Lama cites ‘reliable source’ as saying Panchen Lama alive, speaks well for the Chinese appointed counter], ''[[Tibetan Review]]'', 27 avril 2018 : {{Citation étrangère|langue=en|Following the passing away of the 10th Panchen Lama Choekyi Gyaltsen in Jan 1989, Tibet’s exiled spiritual leader formally proclaimed six-year-old Gedhun Choekyi Nyima born in Tibet as his undisputed reincarnation on May 14, 1995. Three days later, the Chinese government took him and his family away to be never seen or heard from again.}}</ref>.


À la suite de la déclaration du dalaï-lama, [[Tsem Tulku Rinpoché]], de la Malaysian Kechara Buddhist Association, en appelle au dalaï-lama à revenir sur l'ostracisation du culte de Shougden, étape qui s'inscrit logiquement dans la reconnaissance par le dalaï-lama du panchen-lama officiel, lequel pratique ce culte<ref>{{en}} Dr. Andrea Galli, [https://moderndiplomacy.eu/2018/05/09/dalai-lama-and-the-panchen-lama-quarrel-the-way-for-rapprochement-with-china/ Dalai Lama and the Panchen Lama quarrel: The way for rapprochement with China], ''Modern Diplomacy'', May 9, 2018 : {{Citation étrangère|langue=en|His Eminence Tsem Tulku Rinpoche, spiritual advisor to the Malaysian Kechara Buddhist Association, has continued in his appeal to the Dalai Lama to heal the divisions around the religious tradition of Dorje Shugden, which is also practiced by the Chinese-backed 11th Panchen Lama. Tsem Tulku noted this would be a logical and opportune step following the spiritual leader’s recognition of the Chinese-backed lama and the great strides towards peace made during the recent meeting of the Indian Prime Minister and the Chinese President.}}</ref>.
À la suite de la déclaration du dalaï-lama, [[Tsem Tulku Rinpoché]], de la Malaysian Kechara Buddhist Association, en appelle au dalaï-lama à revenir sur l'ostracisation du culte de Shougden, étape qui s'inscrit logiquement dans la reconnaissance par le dalaï-lama du panchen-lama officiel, lequel pratique ce culte<ref>{{en}} Dr. Andrea Galli, [https://moderndiplomacy.eu/2018/05/09/dalai-lama-and-the-panchen-lama-quarrel-the-way-for-rapprochement-with-china/ Dalai Lama and the Panchen Lama quarrel: The way for rapprochement with China], ''Modern Diplomacy'', May 9, 2018 : {{Citation étrangère|langue=en|His Eminence Tsem Tulku Rinpoche, spiritual advisor to the Malaysian Kechara Buddhist Association, has continued in his appeal to the Dalai Lama to heal the divisions around the religious tradition of Dorje Shugden, which is also practiced by the Chinese-backed 11th Panchen Lama. Tsem Tulku noted this would be a logical and opportune step following the spiritual leader’s recognition of the Chinese-backed lama and the great strides towards peace made during the recent meeting of the Indian Prime Minister and the Chinese President.}}</ref>.

== Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires en 2019 ==
Le groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires a demandé à la Chine de fournir des explications sur le lieu où se trouve Gedhun Choekyi Nyima, son statut religieux et ses conditions de détention. Cependant, la réponse de la Chine n'était pas différente de l'affirmation antérieure selon laquelle il avait reçu une éducation et ne souhaitait pas être dérangé. Les autorités chinoises ont ajouté qu'« il est allé à l'université » et « il a actuellement trouvé un emploi ». Le groupe de travail de l'ONU a déclaré que la réponse de la Chine n'était « pas jugée suffisante », ne révélant ni où il se trouve avec sa famille, ni s'ils sont en bonne santé<ref>http://www.phayul.com/news/article.aspx?id=41956&t=1</ref>.

== ''Quand le Panchen-Lama fut kidnappé'' d'Éric Simard ==

Selon la spécialiste québécoise en littérature jeunesse Marie Fradette dans ''Quand le Panchen-Lama fut kidnappé'' d'[[Éric Simard]] publié en 2015, l'auteur {{citation|a inventé une histoire possible, tissant une histoire imaginaire fascinante à partir des fils du réel}}<ref>[https://sophielit.ca/critique.php?id=1252 Site sophielit.ca, page sur Quand le Panchen-Lama fut kidnappé], consulté le 23 janvier 2024</ref>.


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
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* [[Politologie des religions]]
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* [[Tulkou]]
* [[Tulkou]]
* [[Métempsycose]], [[Transmigration des âmes]]
* [[Théocratie tibétaine]]


=== Liens externes ===
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* {{en}} [http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/asia-pacific/4551425.stm BBC News article - "Tibet's missing spiritual guide"]
* {{en}} [http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/asia-pacific/4551425.stm BBC News article - "Tibet's missing spiritual guide"]
* {{en}} [http://www.smh.com.au/world/in-search-of-the-real-panchen-lama-20100702-ztzk.html In search of the real Panchen Lama], 3 juillet 2010
* {{en}} [http://www.smh.com.au/world/in-search-of-the-real-panchen-lama-20100702-ztzk.html In search of the real Panchen Lama], {{date-|3 juillet 2010}}
* {{en}} [http://gopetition.com/online/3353.html Petition to Release Gedhun Choekyi Nyima]
* {{en}} [http://gopetition.com/online/3353.html Petition to Release Gedhun Choekyi Nyima]
* [http://wikiwix.com/cache/?url=http://www.tibet.com/PL/nov29b.html The Dalai Lama's letter to Mr. Jiang Zemin]
* [http://wikiwix.com/cache/?url=http://www.tibet.com/PL/nov29b.html The Dalai Lama's letter to Mr. Jiang Zemin]
* [https://www.franceinter.fr/emissions/affaires-sensibles/affaires-sensibles-28-aout-2019 Gedun, 6 ans, l'enfant perdu du Tibet], {{date-|28 août 2019}}, ''[[Affaires sensibles]]'', [[France Inter]]


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Dernière version du 15 mai 2024 à 10:50

Gedhun Choekyi Nyima
11e panchen-lama
Image illustrative de l’article Gedhun Choekyi Nyima
10e et 11e panchen-lamas, gouache du peintre Claude-Max Lochu.

Nom de naissance Gedhun Choekyi Nyima
Nom de réincarnation -
Naissance (35 ans)

Lhari, Tibet

Intronisation Non intronisé
Disparu le
Successions

Gedhun Choekyi Nyima (tibétain : དགེ་འདུན་ཆོས་ཀྱི་ཉི་མ་, Wylie : dge ’dun chos kyi nyi ma), né le à Lhari dans la préfecture de Nagchu au Tibet, a disparu le , trois jours après avoir été désigné par le 14e dalaï-lama comme étant la 11e réincarnation du panchen-lama[1]. Accusé par le gouvernement tibétain en exil de l'avoir enlevé ainsi que sa famille et de les retenir prisonniers, le gouvernement chinois déclara que ces derniers, craignant pour la sécurité de leur enfant, lui avaient demandé de les protéger. Le gouvernement de la région autonome du Tibet affirme que le jeune homme vit désormais comme un citoyen ordinaire. En 2018, le dalaï-lama a déclaré qu'il tenait de source sûre que Gedhun Choekyi Nyima était bien vivant et qu'il faisait des études. Cependant, ce dernier n’est jamais réapparu en public depuis 1995, et des instances des Nations unies soulignent le déficit d'information à son sujet.

Contexte[modifier | modifier le code]

La nomination et la disparition de Gedhun Choekyi Nyima s'inscrivent dans les relations entre le gouvernement chinois et le 14e dalaï-lama notamment au sujet du processus de reconnaissance des réincarnations.

En 1992, Orgyen Trinley Dorje est reconnu comme le 17e karmapa, 3e dignitaire religieux du Tibet, à la fois par le dalaï-lama et le gouvernement chinois, qui autorisent tous deux son intronisation la même année au monastère de Tsourphou[2]. Le père du karmapa est même autorisé à porter un badge figurant le dalaï-lama, ce qui suggère qu'en 1993-1994, le dégel opéré dans les années 1980 par Hu Yaobang au Tibet était encore visible. Le 3e forum sur le travail au Tibet qui se tint à Pékin en 1994 y mit fin[3].

La succession du 10e panchen-lama[modifier | modifier le code]

Le , le 10e panchen-lama meurt subitement à l’âge de 50 ans. Les médecins diagnostiquent une crise cardiaque due au surmenage, alors que le gouvernement tibétain en exil affirme qu'il a été empoisonné par le gouvernement chinois quelques jours après son discours historique critiquant la politique chinoise et affirmant sa loyauté envers le dalaï-lama[4].

Après sa mort, le Parti communiste chinois chargea Chadrel Rinpoché, responsable du monastère de Tashilhunpo qu'il croyait lui être favorable[5],[6], de trouver la réincarnation du panchen-lama. Le dalaï-lama proposa au gouvernement de Pékin de dépêcher une délégation de hauts dignitaires religieux pour assister Chadrel Rinpoché, mais l’offre fut rejetée par la Chine[7], qui la qualifia de « superflue ». Le dalaï-lama et les autorités tibétaines commencèrent à organiser les recherches de leur côté suivant les traditions tibétaines. Au Tibet, Chadrel Rinpoché retint trois enfants aux qualités remarquables, dont le petit Gedhun Choekyi Nyima, fils de nomades tibétains. Selon Tempa Tsering, les communications entre le dalaï-lama et Chadrel Rinpoché étaient officielles et utilisaient les canaux de l'ambassade de Chine en Inde, ou de l'association bouddhiste de Chine[8]. Lors de l'examen, Gedhun reconnut sans hésiter les biens du défunt lama. Il avait d'ailleurs déclaré à ses parents : « Je suis le Panchen Lama, mon monastère est le Tashilhunpo »[9]. Le , ce jeune garçon de six ans fut officiellement désigné par le dalaï-lama comme étant le 11e panchen lama[10], sur les conseils de l'oracle de Nechung. Il a affirmé qu'il s'agissait d'une « question purement religieuse » et a appelé la Chine « à élargir son accord, sa coopération et son assistance »[11].

Disparition[modifier | modifier le code]

Trois jours après sa désignation, Gedhun Choekyi Nyima et ses parents disparurent[12],[13] et furent placés dans un lieu tenu secret, à Pékin selon Tibet Information Network[14]. La disparition de l'enfant à l'âge de six ans, souvent qualifiée d'enlèvement[15],[16],[17], fit de lui, selon les exilés tibétains et des associations de défense des droits de l'homme dont Amnesty International, « le plus jeune prisonnier politique du monde »[18],[19],[20],[12],[21].

Selon le Centre tibétain pour les droits de l'homme et la démocratie, le même jour Chadrel Rinpoché a été arrêté et emprisonné pour avoir informé le dalaï-lama. Sept ans plus tard, en 2002, il a été relâché et mis en résidence surveillée[22].

La Chine a démenti durant plus d'une année détenir Gedhun et sa famille[23],[24].

Demande du Comité des droits de l'enfant[modifier | modifier le code]

Le , son cas fut examiné par le Comité des droits de l'enfant de l'ONU dépendant du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, et les autorités chinoises admirent pour la première fois avoir « pris l'enfant pour sa sécurité »[25]. L'ambassadeur chinois Wu Jianmin déclara au Comité : « puisque les séparatistes cherchaient à enlever l’enfant, ses parents se sont inquiétés pour sa sécurité et ont demandé la protection du gouvernement chinois, qui leur a été fournie. L’enfant habite avec ses parents dans de bonnes conditions »[24], sans préciser où se trouve l'enfant[26]. Le Comité demanda à rendre visite à Gedhun Choekyi Nyima, mais les autorités chinoises ne donnèrent jamais suite et le dossier n'a pas avancé depuis, malgré un appel lancé régulièrement par près de 400 associations et personnalités (dont 11 prix Nobel) réclamant cette visite[27].

En 1997, une délégation américaine s'est vu dire qu'il était à Pékin. Selon le Centre tibétain pour les droits de l'homme et la démocratie, la RPC refuse tout accès extérieur à Gendhun Choekyi Nyima et à ses parents[25].

Une alerte AMBER mondiale a été lancée par le monastère de Tashilhunpo en Inde, siège d'exil du panchen-lama, et une récompense est offerte à toute personne fournissant une information permettant d'entrer en contact avec lui[28].

Déclarations et informations sur l'enfant[modifier | modifier le code]

En 2002, Amnesty International demanda au président américain George Bush de demander au président chinois Jiang Zemin des informations sur l'enfant et sa famille, et la levée de toute restriction de leur liberté de mouvement[29].

Bien qu'il soit reconnu par le dalaï-lama et le gouvernement tibétain en exil comme la réincarnation d'un des plus hauts dignitaires religieux[30] et très apprécié des Tibétains[12], en 2005, Gedhun Choekyi Nyima menait, selon le gouvernement chinois, une vie normale et était scolarisé, sa localisation étant gardée secrète pour des raisons de sécurité[31].

En avril 2006, dans un communiqué remis à l'agence de presse Reuters, le gouvernement chinois démentait que Gedhun Choekyi Nyima fût retenu en tant que prisonnier politique, précisant que, « loin d'être la réincarnation du panchen lama », il n'était « qu'un garçon comme les autres », qu'il « menait une vie normale et heureuse et recevait une bonne éducation »[32].

En , le Tibetan UN Advocacy signalait que la République populaire de Chine n'avait pas répondu à une question posée en par Asma Jahangir, rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de croyance du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, qui demandait aux autorités chinoises quelles mesures elles avaient prises pour appliquer la recommandation du comité des droits de l'enfant et de permette à un expert indépendant de rendre visite à Gedhun Choekyi Nyima. Dans leur réponse en date du , les autorités chinoises firent la déclaration suivante : « Gedhun Choekyi Nyima est un jeune Tibétain parfaitement ordinaire, jouissant d'une santé excellente, menant une vie normale et heureuse, recevant une formation et une éducation culturelle satisfaisantes. Il est actuellement au lycée, il mesure 1,65 m et est très facile à vivre par nature. Il se donne à fond à ses études et ses résultats scolaires sont très satisfaisants. Il apprécie la culture chinoise traditionnelle et vient de se mettre à la calligraphie. Ses parents sont tous deux fonctionnaires et ses frères et sœurs sont soit à l'université, soit déjà dans la vie active. L'allégation selon laquelle il a complètement disparu ainsi que ses parents et que son lieu de résidence n'est pas connu est tout simplement fausse »[33].

En , Tseten Samdup Chhoekyapa, le représentant du dalaï-lama à Genève, se déclarait particulièrement inquiet au sujet de Gedhun Choekyi Nyima car n'ayant pas de nouvelles de lui depuis son arrestation[34].

En mars 2010, Padma Choling, président tibétain du gouvernement de la région autonome du Tibet, a indiqué que le garçon vivait maintenant comme citoyen ordinaire du Tibet. « Ses frères et sœurs cadets vont à l'université ou ont déjà commencé à travailler », a-t-il indiqué. « Ce garçon est une victime. Lui et sa famille ne veulent pas être dérangés et souhaitent mener une vie ordinaire »[35]. C'est aussi la raison invoquée par Hao Peng, un responsable du Parti communiste de la région autonome du Tibet, pour expliquer pourquoi l'on ne peut lui rendre visite[36].

Selon le TCHRD, en 2012, personne, en dehors du gouvernement chinois, ne savait ce que l'enfant et sa famille étaient devenus[37].

En , à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de sa disparition, les États-Unis, par la voix de Mike Pompeo, demandent des explications aux autorités chinoises, indiquant être « inquiets de la campagne continue de la Chine pour éliminer l’identité religieuse, linguistique et culturelle des Tibétains ». Le gouvernement communiste indique qu’il mène une existence paisible à Pékin sans autre précision[38].

Réactions[modifier | modifier le code]

Frédéric Lenoir considère que l'aura de Gedhun Choekyi Nyima est si importante au Tibet que s'il était libre, « il représenterait un candidat sérieux pour la succession de l'actuel dalaï-lama ». C'est pourquoi soit il a été assassiné, soit il est enfermé pour recevoir « une éducation communiste de première main, espérant en faire un jour une marionnette »[39].

Selon Nirupama Rao (en), Gyalo Thondup, un des frères aînés du 14e dalaï-lama, affirme que des représentants du Conseil d'État chinois étaient parmi ceux qui l'avaient contacté, souhaitant obtenir les avis du dalaï-lama pour le choix du nouveau panchen-lama[40], dont Chatral Rinpoché qui en lui remit une lettre à Pékin[41]. Le dalaï-lama y répondit par une lettre que Thondup porta à l'ambassadeur de Chine à Delhi et qui resta sans réponse[41]. Selon Thondup, l'opération capota quand Dharamsala annonça qui serait le nouveau panchen-lama sans en avoir informé au préalable les Chinois, lesquels rejetèrent aussitôt ce choix[40]. Le samedi , le secrétaire du dalaï-lama informa Thondup que le dalaï-lama reconnaîtrait officiellement et publiquement le panchen-lama le lendemain. Thondup réussit à contacter les officiels chinois, furieux que le dalaï-lama n'ait pas contacté les Chinois, et l'accusant de manœuvre politique. Thondup tenta de les calmer, rappelant les tentatives de les contacter à chaque étape, sans réponse de leurs parts. Il les mit en garde, mais ils n'en tinrent pas compte[41].

Soutien et manifestations[modifier | modifier le code]

Tous les ans, les associations de soutien au Tibet manifestent vers la date de son anniversaire, le [42].

Déclaration du dalaï-lama en 2018[modifier | modifier le code]

En , le dalaï-lama a déclaré que, alors que l'on était sans nouvelles de Gedhun Choekyi Nyima, le panchen-lama qu'il avait reconnu, une « source fiable » indiquait désormais que celui-ci était bien vivant et recevait une éducation normale. « Nous verrons », a-t-il dit. Il espérait que le panchen-lama officiel (reconnu par les Chinois), Gyancain Norbu, étudiait bien, sous la conduite d'un bon enseignant. Il y avait des exemples, dans la tradition bouddhiste tibétaine, de lamas ayant plus d'une réincarnation, à l'instar de Jamyang Khyentsé Wangpo[43], même si un seul peut détenir le siège, a-t-il conclu[44].

Cependant, Gedhun Choekyi Nyima n’est jamais réapparu depuis sa disparition en 1995[45].

À la suite de la déclaration du dalaï-lama, Tsem Tulku Rinpoché, de la Malaysian Kechara Buddhist Association, en appelle au dalaï-lama à revenir sur l'ostracisation du culte de Shougden, étape qui s'inscrit logiquement dans la reconnaissance par le dalaï-lama du panchen-lama officiel, lequel pratique ce culte[46].

Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires en 2019[modifier | modifier le code]

Le groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires a demandé à la Chine de fournir des explications sur le lieu où se trouve Gedhun Choekyi Nyima, son statut religieux et ses conditions de détention. Cependant, la réponse de la Chine n'était pas différente de l'affirmation antérieure selon laquelle il avait reçu une éducation et ne souhaitait pas être dérangé. Les autorités chinoises ont ajouté qu'« il est allé à l'université » et « il a actuellement trouvé un emploi ». Le groupe de travail de l'ONU a déclaré que la réponse de la Chine n'était « pas jugée suffisante », ne révélant ni où il se trouve avec sa famille, ni s'ils sont en bonne santé[47].

Quand le Panchen-Lama fut kidnappé d'Éric Simard[modifier | modifier le code]

Selon la spécialiste québécoise en littérature jeunesse Marie Fradette dans Quand le Panchen-Lama fut kidnappé d'Éric Simard publié en 2015, l'auteur « a inventé une histoire possible, tissant une histoire imaginaire fascinante à partir des fils du réel »[48].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Documentaire[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Delphine Roucaute, « Le dernier des dalaï-lamas ? », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  2. Sofia Stril-Rever et dalaï-lama, Appel au monde, Seuil, 2011, (ISBN 9782021026757), p. 241.
  3. (en) Gaby Naher, Wrestling The Dragon : In search of the Tibetan lama who defied China, , 320 p. (ISBN 9781446408780, lire en ligne), p. 126.
  4. (en) BBC NEWS | Asia-Pacific | Profile: Hu Jintao.
  5. (en) Thubten Samphel, Chadrel Rinpoche stripped of more posts (CTA), 25 mai 1996.
  6. Matt Forney, Le temps joue en faveur de Pékin, 10 février 2005, Courrier international
  7. Jean-Claude Buhrer, [1], 29 juin 1995, Le Monde
  8. (en) Tibetan government-in-exile condemns sentencing of Chadrel Rinpoche, Press Trust of India, 9 mai 1997.
  9. (en) The Panchen Lama's recognition process.
  10. Amnesty International, « Chine: Mesures de repression contre les groupes religieux en Chine : ASA 17/069/1996 », , paragraphe 6.1
  11. (en) John Powers, The Buddha Party: How the People's Republic of China Works to Define and Control Tibetan Buddhism, Oxford University Press, 2016, (ISBN 0199358176 et 9780199358175), p. 118
  12. a b et c (en) Seth Faison, Beijing Seems to Lose Battle Over Who Is the Real Lama, The New York Times, 9 juillet 1999, reproduit sur le site d'International Campaign for Tibet : « The boy, Gedhun Choekyi Nyima, disappeared later that year into the custody of Chinese authorities, prompting accusations from exiled Tibetan activists that he had become the youngest political prisoner in the world. »
  13. Préoccupations d'Amnesty International France.
  14. Caroline Puel, Entre Pékin et les Tibétains, la guerre des lamas continue. La Chine espère asseoir son contrôle sur le Tibet., Libération, 30 novembre 1995
  15. Romain Franklin, « Le onzième panchen-lama en otage à Pékin. Pour asseoir sa mainmise sur le Tibet, la Chine cherche à contrôler l'autorité religieuse. », Libération,‎  :

    « L'enjeu fut jugé tel par Pékin, que le bureau politique du Parti communiste chinois fit enlever fin mai le petit garçon et ses parents, des pasteurs nomades semi-illettrés. »

  16. Philippe Grangereau, « Entre le Vatican et Pékin, un bras de fer sans fin », Libération,‎ (lire en ligne) :

    « D’une manière générale, les religieux que le Comité central n’approuve pas sont, dans le meilleur des cas, espionnés; mais d’autres sont placés en résidence surveillée, jetés en prison ou en camp de travail, voire disparaissent tout simplement – comme c’est le cas pour le jeune Panchen Lama tibétain Gehdun Choekyi Nyima, ordonné en 1995 par le dalaï-lama. Kidnappé par les autorités à l’âge de 6 ans, celui-ci n’est jamais réapparu depuis. »

  17. Caroline Puel, « Le rapport post mortem qui accuse Pékin. En 1962, le 10e panchen-lama dénonçait les exactions chinoises au Tibet. », Libération,‎ (lire en ligne) :

    « Le jeune panchen-lama choisi par les Tibétains a été enlevé et semblerait se trouver à Pékin en résidence surveillée. Quant au candidat des Chinois, il étudie sous haute surveillance afin d'acquérir les compétences d'un «bon» panchen-lama aux yeux de Pékin" »

  18. « Gyaincain Norbu Le «panchen-lama» chinois à Lhassa », Libération,‎ (lire en ligne) :

    « Le dalaï-lama, qui dirige le gouvernement tibétain en exil depuis l'Inde, a quant à lui désigné, en 1995, un autre petit garçon pour succéder au panchen-lama. Celui-ci, Gedhun Choekyi Nyima (9 ans), a depuis lors été mis au secret par Pékin. C'est le plus jeune prisonnier politique du monde. »

  19. (en) Benjamin Kang Lim, World's youngest political prisoner turns 17, Reuters, April 23, 2006 : « considered by rights groups to be the world's youngest political prisoner. »
  20. (en) Thomas Laird, The Story of Tibet: Conversations with the Dalai Lama, Grove Press, N.Y., 2006, p. 374 (ISBN 978-0-8021-1827-1).
  21. (en) Laura Neack, The New Foreign Policy: U.S. and Comparative Foreign Policy in the 21st Century, p. 3
  22. (en) TCHRDChadrel Rinpoche released from prison but under house arrest.
  23. « Bulletin n° 1-20 », sur senate.be (consulté le ).
  24. a et b (en) Interfaith International, WS on Panchen Lamas Case, Interfaith International : « Until the UN Committee on the Rights (CRC) of the Child formally requested information about him, China denied that it held Gedhun Choekyi Nyima and his family. »
  25. a et b (en) TCHRD, Gedhun Choekyi Nyima: the XIth Panchen Lama of Tibet.
  26. Pierre Hazan, « Pékin reconnaît détenir le garçon choisi pour réincarner le panchen-lama », Libération,‎ (lire en ligne)
  27. Des personnalités demandent qu'une délégation du Comité des Droits de l'Enfant de l'ONU rende visite à un enfant tibétain en résidence surveillée depuis 1995 en Chine, France-Tibet, août-septembre 2005.
  28. Alerte Amber.
  29. (en) International Campaign for Tibet Amnesty Asks Bush to Raise Panchen Lama Issue with President Jiang, 25 octobre 2002.
  30. (en) Graham Shepherd, Travels With a Monkey Mind, E-Books Publisher, (ISBN 178069024X et 9781780690247)
  31. (en) Xizang-zhiye, 27 avril 2005.
  32. (en) Prisoners of Tibet 2006 Special Report : « In a written statement to Reuters, the authorities claimed that the Gedhun Choekyi Nyima was “no reincarnation of the Panchen Lama” but “just an ordinary boy” who “lives a normal happy life and is receiving a good cultural education” » (“China says boy not political prisoner”, Reuters, 28 Avril 2006, Beijing).
  33. (en) Tibetan UN Advocacy, (en) « China Fails to Respond to UN Rights Expert's Question on Panchen Lama », (consulté le ) : « Gedhun Choekyi Nyima is a perfectly ordinary Tibetan boy, in an excellent state of health, leading a normal, happy life and receiving a good education and cultural upbringing. He is currently in upper secondary school, he measures 1 m 65 cm in height and is easy-going by nature. He studies hard and his school results are very good. He likes Chinese traditional culture and has recently taken up calligraphy. His parents are both State employees, and his brothers and sisters are either already working or at university. The allegation that he disappeared together with his parents and that his whereabouts remain unknown is simply not true. »
  34. (en) Exiled Tibetans: China Can't Pick Next Dalai Lama : « We're exceptionally worried about him, as we haven't heard anything since he and his family were arrested. »
  35. Tibet : modernisation pour promouvoir le touristique, xinhua, 15/03/2010, reproduit sur le site Tourisme islamique, 17/03/2010.
  36. (en) In search of the real Panchen Lama « "The young Tibetan person … is studying and living in quite good condition," said Hao Peng, who is simultaneously deputy head of the Communist Party and executive vice-chairman of the Tibet Autonomous Region, in answer to a question from the Herald on a government-organised foreign media tour this week. "He and his family members do not want to be disturbed so we have to respect their wishes and we cannot arrange a visit" ».
  37. (en) « 17 Years and Counting: Disappearance of Panchen Lama » (consulté le ), TCHRD, 25 avril 2012.
  38. Tibet : vingt-cinq ans après son enlèvement, la Chine donne des nouvelles du panchen-lama Libération, 21 mai 2020
  39. Frédéric Lenoir, Tibet Le moment de vérité, Édition Plon, 2008, page 139.
  40. a et b (en) Nirupama Rao, Lost Horizons: The Tangled History of Tibet, The Wire, 11 juillet 2015 : « He also claims that representatives of the State Council of China were among those who contacted him seeking the Dalai Lama’s guidance on the selection of the new Panchen Lama. He claims the process was derailed when an announcement on who the new Panchen would be was made from Dharamsala without prior intimation to the Chinese, who promptly repudiated the choice. »
  41. a b et c Mary Craig, Kundun: une biographie du dalaï-lama et de sa famille, préface du 14e dalaï-lama, traduction François Vidonne, Presses du Châtelet, 1998, (ISBN 2911217330), p. 381-383.
  42. Francesca-Yvonne Caroutch, La fulgurante épopée des Karmapas, Dervy, 2000, (ISBN 2844540635), p. 167.
  43. 11th Panchen Lama alive, receiving education: Dalai Lama, The Statesman, 25 avril, 2018: "Tibetan spiritual leader Dalai Lama on Wednesday said 11th Panchen Lama Gedhun Choekyi Nyima “according to reliable source is alive and receiving normal education”. Talking to the media at Gaggal Airport in Kangra district after returning from four-day Delhi visit, Lama hoped that the official Panchen Lama studies well under the guidance of a good teacher. “Then the Panchen Lama, which I recognised sometime back, there was no news, but then according to reliable information, he is still alive and receiving normal education. So we will see,” he said. He said there are instances in Tibetan Buddhist tradition, “where a reincarnated lama took more than one manifestation”."
  44. (en) Lobsang Tenchoe, On Panchen Lama’s 29th birthday, the Dalai Lama says he is still alive, carrying normal education, tibetexpress.net, 25 avril, 2018
  45. (en) Dalai Lama cites ‘reliable source’ as saying Panchen Lama alive, speaks well for the Chinese appointed counter, Tibetan Review, 27 avril 2018  : « Following the passing away of the 10th Panchen Lama Choekyi Gyaltsen in Jan 1989, Tibet’s exiled spiritual leader formally proclaimed six-year-old Gedhun Choekyi Nyima born in Tibet as his undisputed reincarnation on May 14, 1995. Three days later, the Chinese government took him and his family away to be never seen or heard from again. »
  46. (en) Dr. Andrea Galli, Dalai Lama and the Panchen Lama quarrel: The way for rapprochement with China, Modern Diplomacy, May 9, 2018 : « His Eminence Tsem Tulku Rinpoche, spiritual advisor to the Malaysian Kechara Buddhist Association, has continued in his appeal to the Dalai Lama to heal the divisions around the religious tradition of Dorje Shugden, which is also practiced by the Chinese-backed 11th Panchen Lama. Tsem Tulku noted this would be a logical and opportune step following the spiritual leader’s recognition of the Chinese-backed lama and the great strides towards peace made during the recent meeting of the Indian Prime Minister and the Chinese President. »
  47. http://www.phayul.com/news/article.aspx?id=41956&t=1
  48. Site sophielit.ca, page sur Quand le Panchen-Lama fut kidnappé, consulté le 23 janvier 2024

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]