« Peinture néo-classique » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Néo-classique}}
{{Voir homonymes|Néo-classique}}
[[Fichier:DavidBrutusSonsCorps.jpg|vignette|''[[Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils]]'' (1789), musée du Louvre.]]
[[Fichier:DavidBrutusSonsCorps.jpg|vignette| [[Jacques-Louis David]] : ''[[Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils]]'' (1789), musée du Louvre.]]


La '''peinture néo-classique''' est un courant pictural issu du [[néo-classicisme]] qui apparaît à la seconde moitié du {{s|XVIII}} et se poursuit jusqu'aux débuts du {{s|XIX|e}}, succédant au [[rococo]], et précédant la [[peinture romantique]].
La '''peinture néo-classique''' est un courant pictural issu du [[néo-classicisme]] qui apparaît à la seconde moitié du {{s-|XVIII}} et se poursuit jusqu'aux débuts du {{s-|XIX}}, succédant au [[rococo]], et précédant la [[peinture romantique]].


Comme les autres disciplines artistiques (architecture, sculpture, arts graphiques et décoratifs), la peinture néo-classique se situe dans le mouvement de retour à l'antique lancé à partir de 1750 par les écrits des archéologues et amateurs d'art dont [[Johann Joachim Winckelmann|Winckelmann]] et [[Anne Claude de Caylus|Caylus]]. Elle connaît une évolution vers un style de plus en plus rigoureux en se détachant de l'influence du rococo par le choix d'une composition inspirée des bas-reliefs antiques, avec des tons généralement sombres, des sujets inspirés de l'[[Antiquité|histoire antique]], de la [[mythologie grecque]] ou [[Mythologie romaine|romaine]], et d'une technique « lisse » ne laissant pas apparaître de traces de brosses. Cependant, le néo-classicisme pictural entend dépasser la représentation des seuls sujets antiques pour aller vers des représentations de sujets contemporains (''[[la Mort du général Wolfe]]'', ''[[le Sacre de Napoléon]]'') de [[Peinture de portrait|portraits]] et de [[Peinture de paysage|paysages]].
Comme les autres disciplines artistiques (architecture, sculpture, arts graphiques et décoratifs), la peinture néo-classique se situe dans le mouvement de retour à l'antique lancé à partir de 1750 par les écrits des archéologues et amateurs d'art dont [[Johann Joachim Winckelmann|Winckelmann]] et [[Anne Claude de Caylus|Caylus]]. Elle connaît une évolution vers un style de plus en plus rigoureux en se détachant de l'influence du rococo par le choix d'une composition inspirée des bas-reliefs antiques, avec des tons généralement sombres, des sujets inspirés de l'[[Antiquité|histoire antique]], de la [[mythologie grecque]] ou [[Mythologie romaine|romaine]], et d'une technique « lisse » ne laissant pas apparaître de traces de brosses. Cependant, le néo-classicisme pictural entend dépasser la représentation des seuls sujets antiques pour aller vers des représentations de sujets contemporains (''[[la Mort du général Wolfe]]'', ''[[le Sacre de Napoléon]]'') de [[Peinture de portrait|portraits]] et de [[Peinture de paysage|paysages]].
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== Caractéristiques ==
== Caractéristiques ==
=== Formes générales ===
=== Formes générales ===
[[Fichier:Joseph-Marie Vien - Sweet Melancholy (1756).jpg|vignette|redresse|[[Joseph-Marie Vien]] : ''[[La Douce Mélancolie]]'' (1756), [[Cleveland Museum of Art]].]]

Dans la peinture néo-classique et plus spécifiquement dans le genre de la peinture d'histoire, le cadre se caractérise par une composition à la perspective frontale. Les différents plans sont parallèles les uns aux autres, avec un espace fermé et délimité par des éléments d'architecture (colonnes, murs, portes…), qui constitue une sorte de boîte dans laquelle les personnages et les éléments sont inscrits comme une scène de théâtre<ref>{{harvsp|Carrassat|Marcadé|1997|p=44}}.</ref>. La facture des tableaux est lisse, ne laissant pas apparaître de trace de brosse, s'inspirant à la fois des fresques antiques de [[Pompei]], et des [[Primitifs italiens|peintures primitives]] de la [[Renaissance]]. En dehors de la [[peinture à l'huile]] médium généralement employé par les artistes de ce courant, certains d'entre eux expérimentent des techniques anciennes, comme [[Joseph-Marie Vien]] et [[Paillot de Montabert]] qui redécouvrent la [[peinture à l'encaustique]], ou encore [[Jean-Auguste-Dominique Ingres]] qui peint ''[[Romulus, vainqueur d'Acron]]'' à la [[tempera]]. Les couleurs sont accessoires et soutiennent le dessin<ref>{{harvsp|Carrassat|Marcadé|1997|p=45}}</ref>, les gammes sont éteintes, les peintres privilégiant les tons rompus. Les ombres contrastées et violentes font référence au clair-obscur hérité du [[caravagisme]]<ref>{{harvsp|Tarabra|2008|p=277}}</ref>.
Dans la peinture néo-classique et plus spécifiquement dans le genre de la peinture d'histoire, le cadre se caractérise par une composition à la perspective frontale. Les différents plans sont parallèles les uns aux autres, avec un espace fermé et délimité par des éléments d'architecture (colonnes, murs, portes…), qui constitue une sorte de boîte dans laquelle les personnages et les éléments sont inscrits comme une scène de théâtre<ref>{{harvsp|Carrassat|Marcadé|1997|p=44}}.</ref>. La facture des tableaux est lisse, ne laissant pas apparaître de trace de brosse, s'inspirant à la fois des fresques antiques de [[Pompei]], et des [[Primitifs italiens|peintures primitives]] de la [[Renaissance]]. En dehors de la [[peinture à l'huile]] médium généralement employé par les artistes de ce courant, certains d'entre eux expérimentent des techniques anciennes, comme [[Joseph-Marie Vien]] et [[Paillot de Montabert]] qui redécouvrent la [[peinture à l'encaustique]], ou encore [[Jean-Auguste-Dominique Ingres]] qui peint ''[[Romulus, vainqueur d'Acron]]'' à la [[tempera]]. Les couleurs sont accessoires et soutiennent le dessin<ref>{{harvsp|Carrassat|Marcadé|1997|p=45}}</ref>, les gammes sont éteintes, les peintres privilégiant les tons rompus. Les ombres contrastées et violentes font référence au clair-obscur hérité du [[caravagisme]]<ref>{{harvsp|Tarabra|2008|p=277}}</ref>.


=== Technique et composition ===
=== Technique et composition ===
[[Fichier:Jean Auguste Dominique Ingres 019.jpg|vignette|Exemple de composition orthogonale basée sur la frise, ''[[Romulus, vainqueur d'Acron]]''; d'[[Jean-Auguste-Dominique Ingres|Ingres]] (1812).]]
[[Fichier:Jean Auguste Dominique Ingres 019.jpg|vignette|Exemple de composition orthogonale basée sur la frise, ''[[Romulus, vainqueur d'Acron]]''; d'[[Jean-Auguste-Dominique Ingres|Ingres]] (1812).]]
Les règles de [[composition picturale]] sont renouvelées. Le [[baroque]] et le [[rococo]] se caractérisaient par des compositions basées sur la construction pyramidale, le néo-classicisme romps avec cette tradition, en proposant des constructions basées sur la frise à l'exemple des bas-reliefs de l'Antiquité. Cette construction du cadre se retrouve dans ''le Parnasse'' de [[Raphaël Mengs]], dans les [[peinture d'histoire|tableaux d'histoire]] de [[Jacques-Louis David]], du ''[[Le Serment des Horaces|Serment des Horaces]]'' à ''[[Mars désarmé par Vénus]]'', ce qui lui vaut une critique de [[Jean-Baptiste Pierre]] : {{citation|Dans vos ''Horaces'', vous avez mis vos trois figures sur la même ligne, ce qui ne s'était jamais vu depuis qu'on fait de la peinture. (…) Mais où avez-vous vu qu'on pût faire une composition sans employer la ligne pyramidale ?}}<ref>Jacques-Louis-Jules David, ''Le Peintre Louis David'' 1880, {{p.}}37</ref>, ou dans ''[[Romulus, vainqueur d'Acron]]'' d'[[Ingres]].
Le [[baroque]] et le [[rococo]] se caractérisaient par des compositions basées sur la structure pyramidale, le néo-classicisme change les règles de [[composition picturale]], en proposant des constructions en frise à l'exemple des bas-reliefs de l'Antiquité. Cette conception du cadre se retrouve dans ''le Parnasse'' de [[Raphaël Mengs]], dans les [[peinture d'histoire|tableaux d'histoire]] de [[Jacques-Louis David]], du ''[[Le Serment des Horaces|Serment des Horaces]]'' à ''[[Mars désarmé par Vénus]]'', ce qui lui vaut une critique de [[Jean-Baptiste Pierre]] : {{citation|Dans vos ''Horaces'', vous avez mis vos trois figures sur la même ligne, ce qui ne s'était jamais vu depuis qu'on fait de la peinture. (…) Mais où avez-vous vu qu'on pût faire une composition sans employer la ligne pyramidale ?}}<ref>Jacques-Louis-Jules David, ''Le Peintre Louis David'' 1880, {{p.}}37</ref>, ou dans ''[[Romulus, vainqueur d'Acron]]'' d'[[Ingres]].


Basée sur le principe du rabattement des petits côtés du rectangle, la surface est délimitée par des lignes orthogonales. Les attitudes et les gestes des personnages s'appuient sur les diagonales, verticales et horizontales qui en résultent. Un dessin de [[Girodet]], préparatoire à son tableau ''Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès'', conservé à l'école nationale supérieure des Beaux-arts, montre un exemple de cette construction<ref>Charles Bouleau, ''Charpentes, la géométrie secrète des peintres'' {{p.}}197</ref>.
Basée sur le principe du rabattement des petits côtés du rectangle, la surface est délimitée par des lignes orthogonales. Les attitudes et les gestes des personnages s'appuient sur les diagonales, verticales et horizontales qui en résultent. Un dessin de [[Girodet]], préparatoire à son tableau ''Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès'', conservé à l'école nationale supérieure des Beaux-arts, montre un exemple de cette construction<ref>Charles Bouleau, ''Charpentes, la géométrie secrète des peintres'' {{p.}}197</ref>.
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La [[peinture d'histoire]] est le genre associé à la peinture néo-classique. Les thèmes exaltant des valeurs d'héroïsme ou de vertus morales sont repris des récits antiques d'Homère ou de Plutarque. L'histoire romaine et grecque (''le Serment des Horaces'', ''les Sabines'', ''Léonidas aux Thermopyles'', ''la Mort de Socrate''), la mythologie (''Andromaque pleurant la mort d'Hector'', ''l'Éducation d'Achille''), la peinture d'histoire moderne et contemporaine (''Molé et les factieux '', ''Bonaparte au pont d'Arcole''), et la peinture d'histoire religieuse.
La [[peinture d'histoire]] est le genre associé à la peinture néo-classique. Les thèmes exaltant des valeurs d'héroïsme ou de vertus morales sont repris des récits antiques d'Homère ou de Plutarque. L'histoire romaine et grecque (''le Serment des Horaces'', ''les Sabines'', ''Léonidas aux Thermopyles'', ''la Mort de Socrate''), la mythologie (''Andromaque pleurant la mort d'Hector'', ''l'Éducation d'Achille''), la peinture d'histoire moderne et contemporaine (''Molé et les factieux '', ''Bonaparte au pont d'Arcole''), et la peinture d'histoire religieuse.
==== Portrait ====
==== Portrait ====
Le portrait néo-classique connait une évolution, à partir du début du mouvement, encore sous l'influence de l'esthétique du portrait baroque et rococo. Le genre quitte les cercles académiques, pour devenir un genre aristocratique et bourgeois, marqué par les premiers portraits de société<ref name="Badea-Päun18">{{harvsp|Badea-Päun|2007|p=18}}.</ref>, et que l'on trouve chez [[Pompeo Batoni]]. Celui-ci se fait une spécialité des portraits de voyageurs anglais et russes qui font leur Grand Tour. Ses portraits mettent en scène le modèle, dans un décor de vestiges antiques, où l'on peut reconnaitre certaines sculptures classiques en arrière plan<ref name="Badea-Päun18"/>. L'artiste traduit les théories du peintre [[Joshua Reynolds]] défenseur du portrait intellectuel, dont le but est de proposer une représentation sociale du modèle, dépassant la simple ressemblance<ref name="Badea-Päun18"/>. David satisfait aussi à cette nouvelle tradition, avec son portrait équestre du comte Potocki, présentant l'amateur d'antiquité polonais sur un cheval à la manière des portraits de Van Dyck<ref name="Badea-Päun40">{{harvsp|Badea-Päun|2007|p=40}}.</ref>.
Le portrait néo-classique connaît une évolution, à partir du début du mouvement, encore sous l'influence de l'esthétique du portrait baroque et rococo. Le genre quitte les cercles académiques pour devenir un genre aristocratique et bourgeois marqué par les premiers portraits de société<ref name="Badea-Päun18">{{harvsp|Badea-Päun|2007|p=18}}.</ref> et que l'on trouve chez [[Pompeo Batoni]]. Celui-ci se fait une spécialité des portraits de voyageurs anglais et russes qui font leur Grand Tour. Ses portraits mettent en scène le modèle dans un décor de vestiges antiques où l'on peut reconnaître certaines sculptures classiques en arrière plan<ref name="Badea-Päun18"/>. L'artiste traduit les théories du peintre [[Joshua Reynolds]], défenseur du portrait intellectuel, dont le but est de proposer une représentation sociale du modèle dépassant la simple ressemblance<ref name="Badea-Päun18"/>. David satisfait aussi à cette nouvelle tradition, avec son portrait équestre du comte Potocki, présentant l'amateur d'antiquité polonais sur un cheval à la manière des portraits de Van Dyck<ref name="Badea-Päun40">{{harvsp|Badea-Päun|2007|p=40}}.</ref>.


Après la Révolution, l'antique influence la mode vestimentaire féminine. Les femmes adoptent la robe « à l'antique » marquée par la simplicité de la coupe, et les transparences des étoffes<ref>{{harvsp|Badea-Päun|2007|p=38}}.</ref>. Cette mode se traduit dans les portraits féminins néo-classiques, dont l'exemple le plus significatif est le portrait de Madame Récamier de David. Le caractère antique du tableau est renforcé par la simplicité du traitement pictural, caractéristique de l'artiste, en particulier avec les fonds nus peints en frottis<ref name="Badea-Päun40"/>.
Après la Révolution, l'antique influence la mode vestimentaire féminine. Les femmes adoptent la robe « à l'antique » marquée par la simplicité de la coupe, et les transparences des étoffes<ref>{{harvsp|Badea-Päun|2007|p=38}}.</ref>. Cette mode se traduit dans les portraits féminins néo-classiques, dont l'exemple le plus significatif est le portrait de Madame Récamier de David. Le caractère antique du tableau est renforcé par la simplicité du traitement pictural, caractéristique de l'artiste, en particulier avec les fonds nus peints en frottis<ref name="Badea-Päun40"/>.
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==== Nu ====
==== Nu ====
Thème central dans le néo-classicisme (autant en peinture qu'en sculpture), le nu est le type de représentation destiné à montrer la perfection des formes. Le retour vers un idéal formel hérité de l'antique s'oppose aux exagérations du baroque, et à la sensualité du rococo<ref name="Dello Russo41">{{harvsp|Dello Russo|2011|p=41}}.</ref>. Il s'agit pour les artistes, de revenir à des considérations morales et vertueuses, et à débarrasser le nu de sa nature libertine. De l'apparition à cette période de nus masculins de tendance héroïque symbolisant le courage, la vertu, au style net et lisse, et à la carnation sobre, inspirée par les marbres antiques<ref>{{harvsp|Schlesser|2010|p=77}}.</ref>. Les peintres néo-classiques vont présenter une grande diversité dans la représentation du nu, des nus héroïques des peintres d'histoire, jusqu'aux expérimentations plastiques d'Ingres<ref name="Dello Russo41"/>. La formation académique de David l'orientait naturellement vers la représentation du nu, mais ce n'était pas un thème de prédilection. En dehors de certaines académies peintes à Rome, l'importance qu'il accorde au nu, se fait dans le cadre de ses peintures d'histoire avec ''les Sabines'' jusqu'à ''Mars désarmé par Vénus''<ref name="Field88">{{harvsp|Field|1982|p=88}}.</ref>. Une des rares exception est sa ''Psyché abandonnée'' longtemps considérée comme perdue, et retrouvée dans les années 1990. Seul exemple connu d'un nu féminin dans sa peinture, le style épuré, avec peu d'effets expressifs en dehors du visage, rattache cette toile aux académies d'atelier codifiées par le concours du prix Latour<ref name="Faroult448">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=448}}</ref>. Cette forme de nu, avait inspiré en 1791 son élève [[Antoine-Jean Gros]] avec une baigneuse en demi-figure<ref name="Faroult448"/>. Autre élève de David, [[Anne-Louis Girodet]], va défrayer la chronique en 1799 avec un nu féminin qui était une charge contre la comédienne [[Mademoiselle Lange]] portraiturée nue en [[Danaé]], toile qui fit scandale au Salon de 1799<ref>{{harvsp|Schlesser|2010|p=97}}.</ref>. Ingres fait du nu le thème central de plusieurs de ses toiles, et il privilégie le nu féminin. Son néo-classicisme est marqué par la pureté des [[contour]]s, un modelé discret et une défiance vis-à-vis de la couleur, fidèle au dogme du retour à l'antique<ref name="Field88"/>. Cependant cette recherche de perfection de la forme est trahie par la sensualité du traitement de ses nus, qui le rapproche de Rubens<ref>{{harvsp|Field|1982|p=89}}.</ref>.
Thème central dans le néo-classicisme (autant en peinture qu'en sculpture), le nu est le type de représentation destiné à montrer la perfection des formes. Le retour vers un idéal formel hérité de l'antique s'oppose aux exagérations du baroque et à la sensualité du rococo<ref name="Dello Russo41">{{harvsp|Dello Russo|2011|p=41}}.</ref>. Il s'agit pour les artistes, de revenir à des considérations morales et vertueuses et à débarrasser le nu de sa nature libertine. De l'apparition à cette période de nus masculins de tendance héroïque symbolisant le courage, la vertu, au style net et lisse, et à la carnation sobre, inspirée par les marbres antiques<ref>{{harvsp|Schlesser|2010|p=77}}.</ref>. Les peintres néo-classiques vont présenter une grande diversité dans la représentation du nu, des nus héroïques des peintres d'histoire, jusqu'aux expérimentations plastiques d'Ingres<ref name="Dello Russo41"/>. La formation académique de David l'orientait naturellement vers la représentation du nu, mais ce n'était pas un thème de prédilection. En dehors de certaines académies peintes à Rome, l'importance qu'il accorde au nu se manifeste dans le cadre de ses peintures d'histoire avec ''les Sabines'' jusqu'à ''Mars désarmé par Vénus''<ref name="Field88">{{harvsp|Field|1982|p=88}}.</ref>. Une des rares exception est sa ''Psyché abandonnée,'' longtemps considérée comme perdue et retrouvée dans les années 1990, seul exemple connu d'un nu féminin dans sa peinture. Le style épuré, avec peu d'effets expressifs en dehors du visage, rattache cette toile aux académies d'atelier codifiées par le concours du prix Latour<ref name="Faroult448">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=448}}</ref>. Cette forme de nu avait inspiré en 1791 son élève [[Antoine-Jean Gros]] avec une baigneuse en demi-figure<ref name="Faroult448"/>. Autre élève de David, [[Anne-Louis Girodet]] défraye la chronique en 1799 avec un nu féminin qui est une charge contre la comédienne [[Mademoiselle Lange]], portraiturée nue en [[Danaé]], toile qui fit scandale au Salon de 1799<ref>{{harvsp|Schlesser|2010|p=97}}.</ref>. Ingres fait du nu le thème central de plusieurs de ses toiles et privilégie le nu féminin. Son néo-classicisme est marqué par la pureté des [[contour]]s, un modelé discret et une défiance vis-à-vis de la couleur, fidèle au dogme du retour à l'antique<ref name="Field88"/>. Cependant cette recherche de perfection de la forme est trahie par la sensualité du traitement de ses nus, qui le rapproche de Rubens<ref>{{harvsp|Field|1982|p=89}}.</ref>.




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==== Paysage ====
==== Paysage ====
Le genre du paysage néo-classique doit plus à l'influence de [[Nicolas Poussin]] et de [[Claude le Lorrain]], qu'à celle de l'antique, dont trop peu de témoignages existaient en peinture<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=70}}</ref>. En l'absence de modèles picturaux antiques, les artistes suivent la tradition classique du paysage historique représenté au {{s-|XVII|e}} par Poussin. En France [[Pierre-Henri de Valenciennes]] en est le principal représentant<ref>{{harvsp|Bordes|Michel|1988|p=49}}.</ref>. Il publie en 1799, un traité théorique et influent sur la peinture de paysage : ''Élémens de perspective pratique à l'usage des artistes, suivis de réflexions et conseils à un élève sur la peinture et particulièrement sur le genre du paysage'' où il expose sa vision du genre qui se démarque de la manière considérée plus anecdotique de Joseph Vernet grand représentant du paysage au {{s-|XVIII|e}}, ou d'Hubert Robert<ref name="Faroult156">{{harvsp|Faroult|2010|p=156}}.</ref>. Il est suivi par [[Nicolas-Antoine Taunay]] et son disciple [[Jean-Victor Bertin]] et [[Jean-Joseph-Xavier Bidauld]]. Le paysage néo-classique, se caractérise par la représentation d'architectures antiques à la manière de Poussin, inspirés de thèmes historiques ou mythologiques, avec des perspectives géométriques marquées, une facture claire et la netteté des plans<ref name="Faroult156"/>. Le paysage néo-classique inspira des peintres comme [[Camille Corot]] qui fut élève de Bertin, ou [[Joseph Mallord William Turner]], qui peint plusieurs paysages d'inspiration néo-classique, où il fait référence à Valenciennes et aux compositions verticales de Bertin, en y ajoutant une touche plus personnelle<ref>{{harvsp|Faroult|2010|p=161}}.</ref>.
Le genre du paysage néo-classique doit plus à l'influence de [[Nicolas Poussin]] et de [[Claude le Lorrain]] qu'à celle de l'antique, dont trop peu de témoignages existaient en peinture<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=70}}</ref>. En l'absence de modèles picturaux antiques, les artistes suivent la tradition classique du paysage historique représenté au {{s-|XVII|e}} par Poussin. En France [[Pierre-Henri de Valenciennes]] en est le principal représentant<ref>{{harvsp|Bordes|Michel|1988|p=49}}.</ref>. Il publie en 1799 un traité théorique et influent sur la peinture de paysage : ''Élémens de perspective pratique à l'usage des artistes, suivis de réflexions et conseils à un élève sur la peinture et particulièrement sur le genre du paysage'' où il expose sa vision du genre, qui se démarque de la manière considérée plus anecdotique de Joseph Vernet, grand représentant du paysage au {{s-|XVIII|e}}, ou d'Hubert Robert<ref name="Faroult156">{{harvsp|Faroult|2010|p=156}}.</ref>. Il est suivi par [[Nicolas Antoine Taunay]], son disciple [[Jean-Victor Bertin]] et [[Jean-Joseph-Xavier Bidauld]]. Le paysage néo-classique se caractérise par la représentation d'architectures antiques à la manière de Poussin, inspirées de thèmes historiques ou mythologiques, avec des perspectives géométriques marquées, une facture claire et la netteté des plans<ref name="Faroult156"/>. Le paysage néo-classique inspira des peintres comme [[Camille Corot]], qui fut élève de Bertin, ou [[Joseph Mallord William Turner]], qui peint plusieurs paysages d'inspiration néo-classique, où il fait référence à Valenciennes et aux compositions verticales de Bertin, en y ajoutant une touche plus personnelle<ref>{{harvsp|Faroult|2010|p=161}}.</ref>.


En Allemagne, le paysage néo-classique est introduit dans la peinture par le peintre bavarois [[Johann Christian Reinhart]], qui s'installe à Rome, et est à la tête d'un groupe de paysagistes dont le plus notable est [[Joseph Anton Koch]]<ref name="Toman426">{{harvsp|Toman|2007|p=426}}.</ref>. Ce groupe défend une conception sublimée et héroïque du paysage, peignant des paysages imaginaires<ref name="Toman426"/>. Ils s'opposaient à une imitation de la réalité que défendait un autre paysagiste allemand [[Jacob Philipp Hackert]], formé par Nicolas-Blaise Lesueur, il était plus marqué par la tradition française du paysage classique-baroque<ref name="Toman422">{{harvsp|Toman|2007|p=422}}.</ref>. Chez Koch les paysages grecs reflètent sa vision poétique de l'antiquité, basée sur le mythe de l'[[Âge d'or]] et influencé par Poussin<ref name="Toman426"/>. Pour lui, {{citation|la simple imitation de la nature est bien au-dessous de l'art.}}<ref name="Toman426"/>. Il transpose sa vision héroïque et poétique dans un paysage de Suisse, les ''[[Chutes du Schmadribach (Koch)|Chutes du Schmadribach]]'' peint en 1822<ref>{{harvsp|Toman|2007|p=428}}.</ref>.
En Allemagne, le paysage néo-classique est introduit dans la peinture par le peintre bavarois [[Johann Christian Reinhart]], qui s'installe à Rome et est à la tête d'un groupe de paysagistes dont le plus notable est [[Joseph Anton Koch]]<ref name="Toman426">{{harvsp|Toman|2007|p=426}}.</ref>. Ce groupe défend une conception sublimée et héroïque du paysage, peignant des paysages imaginaires<ref name="Toman426"/>. Il s'oppose à une imitation de la réalité que défend un autre paysagiste allemand [[Jacob Philipp Hackert]], formé par Nicolas-Blaise Lesueur, plus marqué par la tradition française du paysage classique-baroque<ref name="Toman422">{{harvsp|Toman|2007|p=422}}.</ref>. Chez Koch les paysages grecs reflètent sa vision poétique de l'antiquité, basée sur le mythe de l'[[Âge d'or]] et influencée par Poussin<ref name="Toman426"/>. Pour lui, {{citation|la simple imitation de la nature est bien au-dessous de l'art.}}<ref name="Toman426"/>. Il transpose sa vision héroïque et poétique dans un paysage de Suisse, les ''[[Chutes du Schmadribach (Koch)|Chutes du Schmadribach]]'' peint en 1822<ref>{{harvsp|Toman|2007|p=428}}.</ref>.




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==== Déclin de la nature morte ====
==== Déclin de la nature morte ====
[[Fichier:Pompejanischer Maler um 70 001.jpg|vignette|Nature morte peinte à Pompéi (vers 70 avant J;C.).]]
[[Fichier:Pompejanischer Maler um 70 001.jpg|vignette|Nature morte peinte à Pompéi (vers 70 avant J;C.).]]
La nature morte connait, durant la période du néo-classicisme, une phase de pénurie, liée au mépris des académies pour ce genre désigné comme « inférieur ». Mépris qui perdure durant la Révolution<ref name="Sterling88">{{harvsp|Sterling|1985|p=88}}.</ref>. Pour l'historien d'art [[Charles Sterling]] : {{citation|il est évident que l'esthétique davidienne ne pouvait pas réserver de place à la nature morte.}}<ref name="Sterling88"/>. Le paradoxe étant que les peintres néo-classiques, pourtant attachés à l'inspiration de la nature, connaissaient l'existence des ''xenia'', ces natures-mortes de l'antiquité romaine, découvertes à Pompéi et Herculanum, mais les dénigraient et les considéraient comme des « amusements ». Cette indifférence, ou ce refus de les prendre en considération s'explique, selon Sterling, parce que la présence de ces peintures s'opposait à l'idée que ces artistes se faisaient de l'antiquité, essentiellement basé sur l'idéalisation de la figure humaine<ref name="Sterling88"/>. Seuls les artistes décorateurs s'en inspirèrent, pour la décoration des papiers peints sous le premier Empire<ref name="Sterling88"/>.
La nature morte connaît, durant la période du néo-classicisme, une phase de pénurie, liée au mépris des académies pour ce genre désigné comme « inférieur ». Mépris qui perdure durant la Révolution<ref name="Sterling88">{{harvsp|Sterling|1985|p=88}}.</ref>. Pour l'historien d'art [[Charles Sterling]] : {{citation|il est évident que l'esthétique davidienne ne pouvait pas réserver de place à la nature morte.}}<ref name="Sterling88"/>. Le paradoxe étant que les peintres néo-classiques, pourtant attachés à l'inspiration de la nature, connaissaient l'existence des ''xenia'', ces natures-mortes de l'antiquité romaine, découvertes à Pompéi et Herculanum, mais les dénigraient et les considéraient comme des « amusements ». Cette indifférence, ou ce refus de les prendre en considération s'explique, selon Sterling, parce que la présence de ces peintures s'opposait à l'idée que ces artistes se faisaient de l'antiquité, essentiellement basée sur l'idéalisation de la figure humaine<ref name="Sterling88"/>. Seuls les artistes décorateurs s'en inspirèrent, pour la décoration des papiers peints sous le premier Empire<ref name="Sterling88"/>.


Pour Étienne Jolet, David, même s'il n'a pas peint de nature morte, témoigne dans sa peinture d'une coprésence entre figure et objets, donnant à ces derniers autant d'importance qu'aux premiers<ref name="Jollet200">{{harvsp|Jollet|2007|p=200}}.</ref>. Dans plusieurs œuvres du peintre, les objets prennent une importance narrative et symbolique. Dans ''[[La Douleur d'Andromaque]]'' le trophée d'armes au premier plan à gauche et le candélabre à droite, participent autant à la narration que les figures. Dans ''[[Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils]]'' une corbeille contenant le nécessaire à couture est mise en valeur presque au centre de la toile<ref name="Jollet200"/>. Autre exemple notable est l'ensemble d'instruments de chimie qui trône sur la table du ''[[Portrait d'Antoine-Laurent Lavoisier et de sa femme]]''<ref name="Jollet200"/>. Pour Jollet, l'œuvre de David, par ses oppositions entre figures réifiées et animation des choses, peut être considérée comme annonciatrice de la nature morte du {{s-|XIX|e}} dans « son trait le plus stable »<ref>{{harvsp|Jollet|2007|p=202}}.</ref>.
Pour Étienne Jolet, David, même s'il n'a pas peint de nature morte, témoigne dans sa peinture d'une co-présence entre figure et objets donnant à ces derniers autant d'importance qu'aux premiers<ref name="Jollet200">{{harvsp|Jollet|2007|p=200}}.</ref>. Dans plusieurs œuvres du peintre, les objets prennent une importance narrative et symbolique. Dans ''[[La Douleur d'Andromaque]]'' le trophée d'armes au premier plan à gauche et le candélabre à droite participent autant à la narration que les figures. Dans ''[[Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils]]'' une corbeille contenant le nécessaire à couture est mise en valeur presque au centre de la toile<ref name="Jollet200"/>. Un autre exemple notable est l'ensemble d'instruments de chimie qui trône sur la table du ''[[Portrait d'Antoine-Laurent Lavoisier et de sa femme]]''<ref name="Jollet200"/>. Pour Jollet, l'œuvre de David, par ses oppositions entre figures réifiées et animation des choses, peut être considérée comme annonciatrice de la nature morte du {{s-|XIX|e}} dans « son trait le plus stable »<ref>{{harvsp|Jollet|2007|p=202}}.</ref>.


== Modèles et influences ==
== Modèles et influences ==
=== L'antique ===
=== L'antique ===
==== La peinture antique ====
==== La peinture antique ====
[[Fichier:Venditrice di amorini 1.jpg|vignette|''La Marchande d'Amours'' fresque de la Villa d’Ariane à [[Stabies]], [[musée archéologique de Naples]].]]
[[Fichier:Venditrice di amorini da Villa Arianna a Stabia.jpg|vignette|''[[La Marchande d'Amours]]'' fresque de la Villa d’Ariane à [[Stabies]], [[musée archéologique de Naples]].]]
L'une des premières préoccupations des peintres néo-classiques est de revenir aux sources de la peinture antique, telle qu'ils la conçoivent d'après les écrits du [[comte de Caylus]], ardent défenseur de ce retour à l'antique dans la peinture, notamment à travers son ''Recueil des Antiquités'' de 1757. Celui-ci encourage les artistes à tenter de reproduire les pratiques de la peinture de l'antiquité. Sous sa direction, les peintres [[Joseph-Marie Vien]] et [[Louis-Joseph Le Lorrain]] essaient de retrouver ces techniques anciennes comme la [[peinture à l'encaustique]], et de reconstituer certaines œuvres disparues, connues par les écrits de l'antiquité<ref name="Faroult91">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=91}}</ref>. Lors du Salon de 1755, Vien présente les résultats de ses expérimentations à travers six peintures à l'encaustique sur bois dans la manière antique<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=128}}</ref>. Le style se veut primitif, par l'absence de profondeur, la simplification des formes et la linéarité des [[contour]]s, suivant en cela ce que les peintres interprètent comme les caractéristiques de la peinture antique.
L'une des premières préoccupations des peintres néo-classiques est de revenir aux sources de la peinture antique, telle qu'ils la conçoivent d'après les écrits du [[Anne Claude de Caylus|comte de Caylus]], ardent défenseur de ce retour à l'antique dans la peinture, notamment à travers son ''Recueil des Antiquités'' de 1757. Celui-ci encourage les artistes à tenter de reproduire les pratiques de la peinture de l'antiquité. Sous sa direction, les peintres [[Joseph-Marie Vien]] et [[Louis-Joseph Le Lorrain]] essaient de retrouver ces techniques anciennes comme la [[peinture à l'encaustique]], et de reconstituer certaines œuvres disparues, connues par les écrits de l'antiquité<ref name="Faroult91">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=91}}</ref>. Lors du Salon de 1755, Vien présente les résultats de ses expérimentations à travers six peintures à l'encaustique sur bois dans la manière antique<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=128}}</ref>. Le style se veut primitif, par l'absence de profondeur, la simplification des formes et la linéarité des [[contour]]s, suivant en cela ce que les peintres interprètent comme les caractéristiques de la peinture antique.


La révélation des fresques d'Herculanum durant les années 1750 et Pompéi vers les années 1760, amène une partie des artistes et des intellectuels à reconsidérer le modèle de la peinture antique, le trouvant déficient dans ses caractéristiques formelles<ref name="Faroult91"/>. [[Charles-Nicolas Cochin]] dans ses ''Observations sur les antiquités de la ville d'Herculanum, avec quelques réflexions sur la peinture et la sculpture des anciens'' (1754), se fait très critique et considère ces peintures murales comme {{citation|faibles de couleur et de desseins, il y a peu de génie dans leur composition et toutes les parties de l'art y sont dans une médiocrité à peu près égales<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=128-129}}</ref>.}} Pour [[Johann Joachim Winckelmann]] leurs faiblesses artistiques s'expliquent par la période à laquelle elles ont été réalisées, sous l'empereur [[Néron]], correspondant à une phase de déclin de la peinture antique<ref name="Honour54">{{harvsp|Honour|1998|p=54}}</ref>. Seuls des amateurs d'antiquité, comme [[Gavin Hamilton]] et le comte de Caylus, trouvent de l'intérêt à ces vestiges archéologiques<ref name="Honour54"/>.
La révélation des fresques d'Herculanum durant les années 1750 et Pompéi vers les années 1760, amène une partie des artistes et des intellectuels à reconsidérer le modèle de la peinture antique, le trouvant déficient dans ses caractéristiques formelles<ref name="Faroult91"/>. [[Charles-Nicolas Cochin]] dans ses ''Observations sur les antiquités de la ville d'Herculanum, avec quelques réflexions sur la peinture et la sculpture des anciens'' (1754), se fait très critique et considère ces peintures murales comme {{citation|faibles de couleur et de desseins, il y a peu de génie dans leur composition et toutes les parties de l'art y sont dans une médiocrité à peu près égales<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=128-129}}</ref>.}} Pour [[Johann Joachim Winckelmann]] leurs faiblesses artistiques s'expliquent par la période à laquelle elles ont été réalisées, sous l'empereur [[Néron]], correspondant à une phase de déclin de la peinture antique<ref name="Honour54">{{harvsp|Honour|1998|p=54}}</ref>. Seuls des amateurs d'antiquité, comme [[Gavin Hamilton]] et le comte de Caylus, trouvent de l'intérêt à ces vestiges archéologiques<ref name="Honour54"/>.
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=== Le classicisme ===
=== Le classicisme ===
[[Fichier:Nicolas Poussin - La Mort de Germanicus.jpg|vignette|[[Nicolas Poussin]], ''la Mort de Germanicus'', 1627 [[Minneapolis Institute of Arts]].]]
[[Fichier:Nicolas Poussin - La Mort de Germanicus.jpg|vignette|[[Nicolas Poussin]], ''la Mort de Germanicus'', 1627 [[Minneapolis Institute of Arts]].]]
Les peintres néo-classiques puisent dans [[classicisme|l'art classique]] du {{s|XVII|e}} français, et plus particulièrement chez [[Nicolas Poussin]], une de leurs principales sources d'inspiration. Les théoriciens du retour à l'antique, font de Poussin l'exemple à suivre dans le grand genre de la peinture d'histoire, même si [[Johann Joachim Winckelmann|Winckelmann]] le met après [[Raphaël (peintre)|Raphaël]]<ref name="Faroult222">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=222}}</ref>. Il est considéré comme l'intermédiaire, pouvant faire comprendre aux artistes modernes les vestiges de la peinture de l'antiquité<ref name="Faroult222"/>. En Angleterre, depuis le début du {{s|XVIII|e}} il bénéficie d'une importante postérité<ref name="Faroult93">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=93}}</ref>, [[Gavin Hamilton]] et [[Benjamin West]] s'inspirent en grande partie de son œuvre dont l'influence marque leurs tableaux, autant dans les sujets mythologiques, que dans la composition en bas-relief<ref name="Faroult74" />. [[Jacques-Louis David]] durant toute sa carrière, fait aussi référence au maitre du classicisme, dont l'austérité des sujets et des compositions, influence ses premières œuvres importantes ''[[Saint Roch intercédant la Vierge]]'', ''[[Bélisaire demandant l'aumône]]'', ''[[la Douleur d'Andromaque]]'' et ''[[le Serment des Horaces]]''<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=98}}</ref>.
Les peintres néo-classiques puisent dans [[classicisme|l'art classique]] du {{s|XVII|e}} français, et plus particulièrement chez [[Nicolas Poussin]], une de leurs principales sources d'inspiration. Les théoriciens du retour à l'antique, font de Poussin l'exemple à suivre dans le grand genre de la peinture d'histoire, même si [[Johann Joachim Winckelmann|Winckelmann]] le place après [[Raphaël (peintre)|Raphaël]]<ref name="Faroult222">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=222}}</ref>. Il est considéré comme l'intermédiaire, pouvant faire comprendre aux artistes modernes les vestiges de la peinture de l'antiquité<ref name="Faroult222"/>. En Angleterre depuis le début du {{s|XVIII|e}}, il bénéficie d'une importante postérité<ref name="Faroult93">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=93}}</ref>, [[Gavin Hamilton]] et [[Benjamin West]] s'inspirent en grande partie de son œuvre dont l'influence marque leurs tableaux, autant dans les sujets mythologiques que dans la composition en bas-relief<ref name="Faroult74" />. [[Jacques-Louis David]], durant toute sa carrière, fait aussi référence au maitre du classicisme, dont l'austérité des sujets et des compositions influence ses premières œuvres importantes : ''[[Saint Roch intercédant la Vierge]]'', ''[[Bélisaire demandant l'aumône]]'', ''[[la Douleur d'Andromaque]]'' et ''[[le Serment des Horaces]]''<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=98}}</ref>.


== Histoire ==
== Histoire ==
=== Les précurseurs ===
=== Les précurseurs ===


L'apparition du néo-classicisme s'inscrit dans le mouvement de {{Citation|retour à l'antique}} promu à partir des années 1750. Ce mouvement n'est pas le fait d'un seul précurseur, mais plusieurs artistes à la même époque éprouvent le besoin d'une régénération de l'art, pour combattre, selon les mots de Vien, une {{Citation|vague de mauvais goût}}<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=167}}</ref>. Deux artistes sont considérés comme les précurseurs, ou du moins comme des annonciateurs de ce mouvement en peinture, l'Italien [[Pompeo Batoni]] et le Français [[Joseph-Marie Vien]].
L'apparition du néo-classicisme s'inscrit dans le mouvement de {{Citation|retour à l'antique}} promu à partir des années 1750. Ce mouvement n'est pas le fait d'un seul précurseur, mais plusieurs artistes à la même époque éprouvent le besoin d'une régénération de l'art pour combattre, selon les mots de Vien, une {{Citation|vague de mauvais goût}}<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=167}}</ref>. Deux artistes sont considérés comme les précurseurs, ou du moins comme des annonciateurs de ce mouvement en peinture, l'Italien [[Pompeo Batoni]] et le Français [[Joseph-Marie Vien]].


À Rome Batoni poursuit une tradition de classicisme qui, contrairement à la France, a perduré. Ses prédécesseurs [[Marco Benefial]], [[Carlo Maratti]] et [[Sebastiano Conca]] avaient introduit un style académique, qui montrait plus de rigueur dans la composition. Toutefois chez Batoni le classicisme est encore empreint de maniérisme rococo dans la facture, et dans le choix de thèmes souvent allégoriques. Une de ses toiles, ''Benoît XIV présentant l'encyclique ex-omnibus au duc de Choiseul'', en est un exemple représentatif<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=175}}</ref>.
À Rome Batoni poursuit une tradition de classicisme qui, contrairement à la France, a perduré. Ses prédécesseurs [[Marco Benefial]], [[Carlo Maratti]] et [[Sebastiano Conca]] avaient introduit un style académique, qui montrait plus de rigueur dans la composition. Toutefois chez Batoni le classicisme est encore empreint de maniérisme rococo dans la facture et dans le choix de thèmes souvent allégoriques. Une de ses toiles, ''Benoît XIV présentant l'encyclique ex-omnibus au duc de Choiseul'', en est un exemple représentatif<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=175}}</ref>.


Tout comme Rome, la France connut une période de transition entre le rococo et le néo-classicisme, représentée notamment par [[Jean-Simon Berthélemy]] et son tableau ''Apollon et Sarpédon''<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=168}}</ref>. Après son retour de Rome en 1750, Joseph-Marie Vien, fait évoluer son style rococo vers une manière dépouillée inspirée des Antiques. Sous l'influence des écrits de son protecteur le [[comte de Caylus]], Vien produit une série de six peintures « à l'antique », réalisée à l'encaustique, le premier exemple est une tête de ''Minerve'' peinte en 1754. Ses thèmes souvent galants sont inspirés de la peinture rococo mais en employant des compositions simples à la manière grecque, comme sa ''Marchande d'amours'' de 1763 inspirée d'une peinture de [[Stabies]].
Tout comme Rome, la France connut une période de transition entre le rococo et le néo-classicisme, représentée notamment par [[Jean-Simon Berthélemy]] et son tableau ''Apollon et Sarpédon''<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=168}}</ref>. Après son retour de Rome en 1750, Joseph-Marie Vien fait évoluer son style rococo vers une manière dépouillée inspirée des Antiques. Sous l'influence des écrits de son protecteur le [[Anne Claude de Caylus|comte de Caylus]], Vien produit une série de six peintures « à l'antique » réalisée à l'encaustique, dont le premier exemple est une tête de ''Minerve'' peinte en 1754. Ses thèmes souvent galants sont inspirés de la peinture rococo mais en employant des compositions simples à la manière grecque, comme sa ''Marchande d'amours'' de 1763 inspirée d'une peinture de [[Stabies]].




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File:1756 Batoni Marriage of Cupid and Psyche anagoria.JPG |Pompeo Batoni, ''le Mariage de Cupidon et Psyché'', 1756, [[Gemäldegalerie (Berlin)|Gemäldegalerie]] de [[Berlin]].
File:1756 Batoni Marriage of Cupid and Psyche anagoria.JPG |[[Pompeo Batoni]], ''le Mariage de Cupidon et Psyché'', 1756, [[Gemäldegalerie (Berlin)|Gemäldegalerie]] de [[Berlin]].
William Gordon Batoni.jpg|Pompeo Batoni, portrait de William Gordon, 1765, [[château de Fyvie]]
William Gordon Batoni.jpg|Pompeo Batoni, portrait de William Gordon, 1765, [[château de Fyvie]]
Joseph-Marie Vien - La Marchande d'Amours - WGA25067.jpg|Joseph-Marie Vien, ''la Marchande d'Amours'', 1763, musée national du [[château de Fontainebleau]]
Joseph-Marie Vien - La Marchande d'Amours 1763.jpg|Joseph-Marie Vien, ''la Marchande d'Amours'', 1763, musée national du [[château de Fontainebleau]]
Joseph-Marie Vien - Greek Woman at the Bath.JPG|Joseph-Marie Vien, ''Jeune fille grecque au bain'', 1767, [[musée d'art de Ponce]]
Joseph-Marie Vien - Greek Woman at the Bath.JPG|Joseph-Marie Vien, ''Jeune fille grecque au bain'', 1767, [[musée d'art de Ponce]]
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=== Les premiers peintres néo-classiques ===
=== Les premiers peintres néo-classiques ===


Les quatre premiers représentants du néo-classicisme sont [[Gavin Hamilton]], [[Benjamin West]], [[Raphaël Mengs]] et [[Angelica Kauffmann]]. Influencé par [[Nicolas Poussin]] qui devient son modèle pictural, le peintre écossais Gavin Hamilton entreprend à partir de 1758, lors de son séjour à Rome, une série de peintures d'histoire inspirée du cycle de ''l'Iliade'' de Poussin<ref name="Levey180">{{harvsp|Levey|1989|p=180}}</ref>. Son style emphatique, caractérise le renouveau du néo-classicisme, qui influencera Jacques Louis David<ref name="Levey180"/>. Une de ses toiles, ''Andromaque pleurant la mort d'Hector'' (1764), connaît un succès retentissant, par l'intermédiaire des reproductions en gravures de [[Domenico Cunego]]<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=223}}</ref>. Ce succès, non seulement à Rome mais aussi dans toute l'Europe, amène d'autres artistes anglo-saxons à suivre son exemple, s'appuyant eux aussi sur l'œuvre de Poussin et la sculpture antique<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=69}}</ref>.
Les quatre premiers représentants du néo-classicisme sont [[Gavin Hamilton]], [[Benjamin West]], [[Raphaël Mengs]] et [[Angelica Kauffmann]]. Influencé par [[Nicolas Poussin]], qui devient son modèle pictural, le peintre écossais Gavin Hamilton entreprend à partir de 1758, lors de son séjour à Rome, une série de peintures d'histoire inspirée du cycle de ''l'Iliade'' de Poussin<ref name="Levey180">{{harvsp|Levey|1989|p=180}}</ref>. Son style emphatique caractérise le renouveau du néo-classicisme, qui influencera Jacques Louis David<ref name="Levey180"/>. Une de ses toiles, ''Andromaque pleurant la mort d'Hector'' (1764), connaît un succès retentissant par l'intermédiaire des reproductions en gravures de [[Domenico Cunego]]<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=223}}</ref>. Ce succès, non seulement à Rome mais aussi dans toute l'Europe, amène d'autres artistes anglo-saxons à suivre son exemple, s'appuyant eux aussi sur l'œuvre de Poussin et la sculpture antique<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=69}}</ref>.


D'un tempérament plus sobre, Benjamin West applique les théories de Winckelman dans sa peinture d'histoire qui, moins grandiloquente que celle d'Hamilton, s'adapte parfaitement au style néo-classique par l'absence d'éléments décoratifs et d'afféteries<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=181}}</ref>. Mais c'est avec ''[[la Mort du général Wolfe]]'' que West va contribuer significativement et originalement au néo-classicisme en réalisant une peinture d'histoire à thèmes et costumes contemporains, qui rompaient avec la tradition d'un style essentiellement dévolu aux sujets antiques<ref>Michel Vovelle, ''L'Homme des Lumières'' {{p.}}279</ref>.
D'un tempérament plus sobre, Benjamin West applique les théories de Winckelman dans sa peinture d'histoire qui, moins grandiloquente que celle d'Hamilton, s'adapte parfaitement au style néo-classique par l'absence d'éléments décoratifs et d'afféteries<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=181}}</ref>. Mais c'est avec ''[[la Mort du général Wolfe]]'' que West va contribuer significativement et originalement au néo-classicisme en réalisant une peinture d'histoire à thèmes et costumes contemporains, qui rompaient avec la tradition d'un style essentiellement dévolu aux sujets antiques<ref>Michel Vovelle, ''L'Homme des Lumières'' {{p.}}279</ref>.


Angelica Kauffmann choisit quant à elle, une voie plus sentimentale et moins rigoureuse dans son néo-classicisme appliquée à sa peinture d'histoire et mythologique. Faisant la connaissance de Batoni à Rome, elle reprend dans ses portraits la formule qui avait fait le succès du peintre romain, en peignant des aristocrates en pieds, mais en y mettant plus de sensibilité<ref name="Faroult68">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=68}}</ref>, et une tendance à l'enjolivement<ref name="Levey183">{{harvsp|Levey|1989|p=183}}</ref>. À la fois influencée par Mengs et Hamilton, elle peint des scènes d'histoire d'inspiration troyenne, marquées par un sentimentalisme dans l'expression, en évoluant plus tard vers un souci plus archéologique<ref name="Faroult68"/>. Selon Michael Levey, cette manière faite de sentimentalisme et de sensibilité, prenait le risque {{Citation|de tomber dans une formule aussi superficielle que le plus extrême rococo}}<ref name="Levey183"/>.
Angelica Kauffmann choisit quant à elle une voie plus sentimentale et moins rigoureuse dans son néo-classicisme, appliquée à sa peinture d'histoire et mythologique. Faisant la connaissance de Batoni à Rome, elle reprend dans ses portraits la formule qui avait fait le succès du peintre romain, en peignant des aristocrates en pieds, mais en y mettant plus de sensibilité<ref name="Faroult68">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=68}}</ref> et une tendance à l'enjolivement<ref name="Levey183">{{harvsp|Levey|1989|p=183}}</ref>. À la fois influencée par Mengs et Hamilton, elle peint des scènes d'histoire d'inspiration troyenne, marquées par un sentimentalisme dans l'expression, en évoluant plus tard vers un souci plus archéologique<ref name="Faroult68"/>. Selon Michael Levey, cette manière faite de sentimentalisme et de sensibilité prenait le risque {{Citation|de tomber dans une formule aussi superficielle que le plus extrême rococo}}<ref name="Levey183"/>.




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File:Hamilton Achilles Patroclus.jpg |Hamilton, ''Achille se lamentant sur le corps de Patrocle'', 1760-1763, [[National Gallery of Scotland]]
File:Hamilton Achilles Patroclus.jpg |Hamilton, ''Achille se lamentant sur le corps de Patrocle'', 1760-1763, [[National Gallery of Scotland]]
Benjamin West 001.jpg|West, ''Agrippine accostant à Brindes avec les cendres de Germanicus'', 1768, [[Yale University Art Gallery]]
File:Benjamin West - Agrippina Landing at Brundisium with the Ashes of Germanicu - 1947.16 - Yale University Art Gallery.jpg|West, ''Agrippine accostant à Brindes avec les cendres de Germanicus'', 1768, [[Yale University Art Gallery]]
Benjamin West 005.jpg|West, ''[[la Mort du général Wolfe]]'', 1771, [[Musée des beaux-arts du Canada]]
Benjamin West 005.jpg|West, ''[[la Mort du général Wolfe]]'', 1771, [[Musée des beaux-arts du Canada]]
File:Kauffmann, Angelica - Ariadne von Theseus verlassen - prior to 1782.jpg |Kauffmann, ''Ariane abandonnée par Thésée'', 1782, [[Gemäldegalerie Alte Meister]]
File:Kauffmann, Angelica - Ariadne von Theseus verlassen - prior to 1782.jpg |Kauffmann, ''Ariane abandonnée par Thésée'', 1782, [[Gemäldegalerie Alte Meister]]
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=== Mengs premier chef de file du mouvement ===
=== Mengs premier chef de file du mouvement ===
{{article détaillé|Raphaël Mengs}}
{{article détaillé|Raphaël Mengs}}
Mengs est le peintre qui met en pratique le plus étroitement les théories de Winckelmann et est considéré par celui-ci comme {{Citation|le plus grand peintre de son temps}}<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=274}}</ref>. ''Le Parnasse'' est le résultat de cette collaboration, et le premier manifeste du néo-classicisme en peinture. Longtemps considérée comme l'œuvre clef de ce mouvement artistique<ref name="Faroult67">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=67}}</ref>, il en définit le style, par son refus des profondeurs et de la perspective, son attachement à la ligne et les attitudes figées des personnages<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=150}}</ref>. La fresque reprend des éléments des peintures murales de Pompéi, ainsi que des références à Raphaël et Guido Reni.
Mengs est le peintre qui met en pratique le plus étroitement les théories de Winckelmann et est considéré par celui-ci comme {{Citation|le plus grand peintre de son temps}}<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=274}}</ref>. ''Le Parnasse'' est le résultat de cette collaboration et le premier manifeste du néo-classicisme en peinture. Longtemps considérée comme l'œuvre clef de ce mouvement artistique<ref name="Faroult67">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=67}}</ref>, elle en définit le style par son refus des profondeurs et de la perspective, son attachement à la ligne et les attitudes figées des personnages<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=150}}</ref>. La fresque reprend des éléments des peintures murales de Pompéi, ainsi que des références à Raphaël et Guido Reni.


Avec ''Jupiter et Ganymède'', Mengs pousse son néo-classicisme vers l'exercice de style, en réalisant une fresque imitant le style pompéien, sur un sujet qui est une allusion à l'homosexualité de Winckelmann. L'artiste la fait sciemment passer pour une authentique fresque antique afin de duper l'antiquaire allemand<ref name="harvsp|Honour|1998|p=57"/>. Cette supercherie organisée avec [[Giovanni Battista Casanova]] est liée à une affaire de faux antiques dont l'auteur, Giuseppe Guerra avait abusé plusieurs amateurs et archéologues. Mengs veut aussi, par ce procédé, régler une controverse avec Winckelmann qui affirme que les peintures murales antiques étaient réalisées à la détrempe, tandis qu'il soutient qu'elles étaient peintes à fresque, technique utilisée pour son ''Jupiter et Ganymède''<ref>Delphine Burlot, « Le faux, source intentionnelle d’erreurs : le cas des contrefaçons de peintures antiques », ''Anabases'', 11 | 2010, mis en ligne le {{1er}} mars 2013, consulté le 20 octobre 2013. [http://anabases.revues.org/872 lire en ligne]</ref>. La supercherie n'est découverte que dans les années 1950<ref name="Faroult67"/>.
Avec ''Jupiter et Ganymède'', Mengs pousse son néo-classicisme vers l'exercice de style, en réalisant une fresque imitant le style pompéien sur un sujet qui est une allusion à l'homosexualité de Winckelmann. L'artiste la fait sciemment passer pour une authentique fresque antique afin de duper l'antiquaire allemand<ref name="harvsp|Honour|1998|p=57"/>. Cette supercherie organisée avec [[Giovanni Battista Casanova]] est liée à une affaire de faux antiques dont l'auteur, Giuseppe Guerra, avait abusé plusieurs amateurs et archéologues. Mengs veut aussi, par ce procédé, régler une controverse avec Winckelmann qui affirme que les peintures murales antiques étaient réalisées à la détrempe, tandis qu'il soutient qu'elles étaient peintes à fresque, technique utilisée pour son ''Jupiter et Ganymède''<ref>Delphine Burlot, « Le faux, source intentionnelle d’erreurs : le cas des contrefaçons de peintures antiques », ''Anabases'', 11 | 2010, mis en ligne le {{1er}} mars 2013, consulté le 20 octobre 2013. [http://anabases.revues.org/872 lire en ligne]</ref>. La supercherie n'est découverte que dans les années 1950<ref name="Faroult67"/>.




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=== Le néo-classicisme britannique ===
=== Le néo-classicisme britannique ===
Les peintres britanniques étant plus portés vers l'érudition et la recherche d'authenticité dans le traitement de la peinture d'histoire, que leurs homologues européens, ils jouent un rôle primordial dans la vogue du néo-classicisme<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=138}}</ref>. Hormis Hamilton et West, d'autres peintres contribuent à l'essor de ce mouvement artistique entre 1760 et 1785. Cependant c'est aussi de Grande-Bretagne que s'établit la contestation du dogme winckelmannien du beau, par l'intermédiaire du traité d'[[Edmund Burke]] ''[[Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau]] '' (1757). Sous l'influence de ce traité des artistes évoluent vers une peinture plus expressive et se détachent des thèmes strictement antiques pour aller vers des sujets inspiré de [[William Shakespeare|Shakespeare]] ou [[Ossian]] amorçant une évolution vers le [[préromantisme]].
Les peintres britanniques étant plus portés vers l'érudition et la recherche d'authenticité dans le traitement de la peinture d'histoire que leurs homologues européens, ils jouent un rôle primordial dans la vogue du néo-classicisme<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=138}}</ref>. Hormis Hamilton et West, d'autres peintres contribuent à l'essor de ce mouvement artistique entre 1760 et 1785. Cependant c'est aussi depuis la Grande-Bretagne que s'établit la contestation du dogme winckelmannien du beau, par l'intermédiaire du traité d'[[Edmund Burke]] ''[[Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau]] '' (1757). Sous l'influence de ce traité, des artistes évoluent vers une peinture plus expressive et se détachent des thèmes strictement antiques pour aller vers des sujets inspirés de [[William Shakespeare|Shakespeare]] ou [[Ossian]], amorçant une évolution vers le [[préromantisme]].


[[James Barry (peintre)|James Barry]] ayant séjourné à Rome entre 1766 et 1769 avant de s'installer à Bologne l'année suivante, réalise en 1770 un ''[[Philoctete]] sur l'île de Lemnos'' qui est une illustration de l'interprétation du sublime de Burke et du traitement des émotions dans l'art antique, tels que [[Gotthold Ephraim Lessing]] les avait théorisés dans son ''Laocoon ou Des limites respectives de la poésie et de la peinture'' ouvrage qui eut un grand impact sur l'art néo-classique après 1769<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=332}}</ref>.
[[James Barry (peintre)|James Barry]], ayant séjourné à Rome entre 1766 et 1769 avant de s'installer à Bologne l'année suivante, réalise en 1770 un ''[[Philoctete]] sur l'île de Lemnos'' qui est une illustration de l'interprétation du sublime de Burke et du traitement des émotions dans l'art antique, tels que [[Gotthold Ephraim Lessing]] les avait théorisés dans son ''Laocoon ou Des limites respectives de la poésie et de la peinture,'' ouvrage qui eut un grand impact sur l'art néo-classique après 1769<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=332}}</ref>.


[[Joseph Wright]] dit Wright of Derby auteur de scènes de genre en clair-obscur, sous l'impulsion de son commanditaire l'entrepreneur et amateur d'antiques [[Josiah Wedgwood]], réalisa ''la Jeune Corinthienne'' toile inspirée d'une légende rapportée par [[Pline l'Ancien]] et son pendant, ''Pénélope défaisant son ouvrage'' dont la composition profilée prenait modèle sur les peintures des vases antiques. Ce tableau rencontra le succès lors de son exposition en 1785<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=434}}</ref>. Peint par Wright en 1772, ''[[Miravan|Miravan forçant la tombe de ses ancêtres]]'', à travers l'évocation d'une scène illustrant la cupidité peut être vu comme une critique contre le pillage des lieux antiques<ref>{{harvsp|Toman|2007|p=333}}</ref>.
[[Joseph Wright]] dit Wright of Derby auteur de scènes de genre en clair-obscur, sous l'impulsion de son commanditaire l'entrepreneur et amateur d'antiques [[Josiah Wedgwood (1730-1795)|Josiah Wedgwood]], réalisa ''la Jeune Corinthienne,'' toile inspirée d'une légende rapportée par [[Pline l'Ancien]] et son pendant, ''Pénélope défaisant son ouvrage,'' dont la composition profilée prenait modèle sur les peintures des vases antiques. Ce tableau rencontra le succès lors de son exposition en 1785<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=434}}</ref>. Peint par Wright en 1772, ''[[Miravan|Miravan forçant la tombe de ses ancêtres]]'', à travers l'évocation d'une scène illustrant la cupidité, peut être vu comme une critique contre le pillage des lieux antiques<ref>{{harvsp|Toman|2007|p=333}}</ref>.




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=== Füssli et Blake, du néo-classicisme au romantisme ===
=== Füssli et Blake, du néo-classicisme au romantisme ===
[[Johann Heinrich Füssli]] et [[William Blake]] deux artistes atypiques et indépendants traduisent dans leurs peintures une rupture dans le néo-classicisme et une évolution vers le romantisme. Dans le choix de thèmes fantastiques et bibliques, ils se situent dans la droite lignes des théories de Burke sur le [[sublime]]<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=53}}</ref>.
[[Johann Heinrich Füssli]] et [[William Blake]], deux artistes atypiques et indépendants, traduisent dans leurs peintures une rupture dans le néo-classicisme et une évolution vers le romantisme. Dans le choix de thèmes fantastiques et bibliques, ils se situent dans la droite lignes des théories de Burke sur le [[sublime]]<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=53}}</ref>.


Figure à part dans le néo-classicisme, d'origine suisse et de formation littéraire, Füssli a traduit Winckelman en anglais<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=147}}</ref>. Il se lance tardivement dans la peinture en 1768 sur les conseils de [[Joshua Reynolds]]. Ses premières œuvres des lavis fait à Rome lors de son séjour entre 1770 et 1778, témoignent de l'influence des artistes néo-classiques qu'il fréquente, Mengs et David avec qui il se lie d'amitié<ref>{{harvsp|Toman|2007|p=337}}</ref> et en particulier, le sculpteur [[Johan Tobias Sergel]]<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=340}}</ref>. À cette période il fait son dessin aquarellé ''Le Désespoir de l’artiste devant la grandeur des ruines antiques''. Connaisseur de la culture grecque, et en particulier d'Homère, elle lui sert de source d'inspiration pour ses dessins. À son retour en Angleterre, il réalise ''Le Serment de Grütli'' dont la composition et le thème inspiré de l'antique se retrouvera dans ''Le Serment des Horaces'' de David<ref name="Faroult74">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=74}}</ref>. Connaisseur de Winckelman, il ne suit pas ses idées sur le beau, et s'oriente vers des visions cauchemardesques et fantastiques<ref name="Faroult74"/>. Sa peinture illustre le style « sublime » théorisé par Burke, en usant d'effets de pénombre, et de confusion des formes, là où Winckelman préconisait la netteté des contours<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=95}}</ref>. En 1782 il fait sensation en exposant ''le Cauchemar'', œuvre qui préfigure, par son thème et l'ambiance sombre de la scène, le romantisme gothique.
Figure à part dans le néo-classicisme, d'origine suisse et de formation littéraire, Füssli a traduit Winckelman en anglais<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=147}}</ref>. Il se lance tardivement dans la peinture en 1768 sur les conseils de [[Joshua Reynolds]]. Ses premières œuvres, des lavis faits à Rome lors de son séjour entre 1770 et 1778, témoignent de l'influence des artistes néo-classiques qu'il fréquente, Mengs et David avec qui il se lie d'amitié<ref>{{harvsp|Toman|2007|p=337}}</ref>, et en particulier, le sculpteur [[Johan Tobias Sergel]]<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=340}}</ref>. À cette période il fait son dessin aquarellé ''Le Désespoir de l’artiste devant la grandeur des ruines antiques''. Connaisseur de la culture grecque, en particulier d'Homère, elle lui sert de source d'inspiration pour ses dessins. À son retour en Angleterre, il réalise ''Le Serment de Grütli'' dont la composition et le thème inspiré de l'antique se retrouveront dans ''Le Serment des Horaces'' de David<ref name="Faroult74">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=74}}</ref>. Connaisseur de Winckelman, il ne suit pas ses idées sur le beau, et s'oriente vers des visions cauchemardesques et fantastiques<ref name="Faroult74"/>. Sa peinture illustre le style « sublime » théorisé par Burke, en usant d'effets de pénombre et de confusion des formes, là où Winckelman préconisait la netteté des contours<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=95}}</ref>. En 1782 il fait sensation en exposant ''le Cauchemar'', œuvre qui préfigure, par son thème et l'ambiance sombre de la scène, le romantisme gothique.


Figure tout aussi particulière dans le néo-classicisme<ref name="Phillips65">{{harvsp|Philips|2009|p=65}}</ref>, William Blake va développer un style original sur des thèmes bibliques et médiévaux. À la base graveur, formé à la peinture d'histoire en 1779 à la [[Royal Academy]], il va cependant se détacher de la doctrine qui y est enseigné, pour devenir un artiste indépendant<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=157}}</ref>. Ami de Füssli et Flaxman dont les œuvres l'influencent, admirateur de James Barry<ref name="Phillips65"/> et marqué par les œuvres de [[Michel Ange]]<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=155}}</ref>, il évolue alors vers une peinture faite de fantastique et d’archaïsme, et se tourne principalement vers l'illustration d'auteurs anciens comme Dante et Milton et aussi de ses propres poèmes. Il privilégie la technique de l’aquarelle, plus appropriée à l'illustration. Sa carrière artistique prend un tour décisif quand il expose à la Royal Academy en 1785 trois aquarelles sur le thème de [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]], ainsi que ''Les Lamentations de Job''<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=158}}</ref>.
Figure tout aussi particulière dans le néo-classicisme<ref name="Phillips65">{{harvsp|Philips|2009|p=65}}</ref>, William Blake va développer un style original sur des thèmes bibliques et médiévaux. À la base graveur, formé à la peinture d'histoire en 1779 à la [[Royal Academy]], il va cependant se détacher de la doctrine qui y est enseignée pour devenir un artiste indépendant<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=157}}</ref>. Ami de Füssli et Flaxman, dont les œuvres l'influencent, admirateur de James Barry<ref name="Phillips65"/> et marqué par les œuvres de [[Michel Ange]]<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=155}}</ref>, il évolue alors vers une peinture faite de fantastique et d’archaïsme, et se tourne principalement vers l'illustration d'auteurs anciens comme Dante et Milton et aussi de ses propres poèmes. Il privilégie la technique de l’aquarelle, plus appropriée à l'illustration. Sa carrière artistique prend un tour décisif quand il expose à la Royal Academy en 1785 trois aquarelles sur le thème de [[Joseph (fils de Jacob)|Joseph]], ainsi que ''Les Lamentations de Job''<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=158}}</ref>.




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=== Le néo-classicisme en Italie après Batoni ===
=== Le néo-classicisme en Italie après Batoni ===
L'Italie et Rome en particulier, représentent le centre historique du néo-classicisme, de par l'installation d'artistes germaniques, britanniques et français qui y puisent leurs modèles. Pourtant en peinture le néo-classicisme italien, représenté principalement par les écoles romaine et lombarde, est en retrait, à la différence de la sculpture dont la figure d'[[Antonio Canova]] prédomine<ref name="Chastel470">{{harvsp|Chastel|1995|p=470}}</ref>. Ce paradoxe s'explique selon Pierre Cabanne, par la trop grande proximité des vestiges et souvenirs rappelant l'histoire romaine aux artistes italiens<ref name="Cabanne 274"/>.
L'Italie et Rome en particulier, représentent le centre historique du néo-classicisme de par l'installation d'artistes germaniques, britanniques et français qui y puisent leurs modèles. Pourtant en peinture le néo-classicisme italien, représenté principalement par les écoles romaine et lombarde, est en retrait, à la différence de la sculpture la figure d'[[Antonio Canova]] prédomine<ref name="Chastel470">{{harvsp|Chastel|1995|p=470}}</ref>. Ce paradoxe s'explique selon Pierre Cabanne par la trop grande proximité des vestiges et souvenirs rappelant l'histoire romaine aux artistes italiens<ref name="Cabanne 274"/>.


Parmi les peintres de l'école romaine, [[Gaspare Landi]] élève de Batoni, réalise des fresques et se distingue par ses portraits. Autre figure du néo-classicisme romain, [[Vincenzo Camuccini]], artiste officiel du pouvoir pontifical, laisse une importante production de peintures d'histoire et religieuses, dont ''la Mort de Jules César''<ref name="Chastel470"/>. [[Pietro Benvenuti]] représentant du néo-classicisme florentin quant à lui, se spécialise dans la peinture d'histoire, et devient sous l'Empire napoléonien peintre à la cour d'[[Élisa Bonaparte]]<ref name="Chaste472">{{harvsp|Chastel|1995|p=472}}</ref>.
Parmi les peintres de l'école romaine, [[Gaspare Landi]], élève de [[Pompeo Batoni]], réalise des fresques et se distingue par ses portraits. Autre figure du néo-classicisme romain, [[Vincenzo Camuccini]], artiste officiel du pouvoir pontifical, laisse une importante production de peintures d'histoire et religieuses, dont ''la Mort de Jules César''<ref name="Chastel470"/>. [[Pietro Benvenuti]] représentant du néo-classicisme florentin quant à lui, se spécialise dans la peinture d'histoire et devient sous l'Empire napoléonien peintre à la cour d'[[Élisa Bonaparte]]<ref name="Chaste472">{{harvsp|Chastel|1995|p=472}}</ref>.


La figure la plus importante du néo-classicisme italien en peinture, est le lombard [[Andrea Appiani]] peintre et fresquiste, dont les décors peints de la [[villa royale de Monza]], et de la coupole de {{Lien|langue=en|fr=Santa Maria presso San Celso}} traduisent un style élégant hérité de l'académisme milanais<ref name="Chaste472"/>. Les influences de [[Léonard de Vinci]] et du [[Corrège]], dont il emprunte les styles dans le traitement des cheveux, ou des sourires, caractérisent sa manière sinueuse et ondoyante, dont [[Mario Praz]] observe dans ''la Toilette de Junon'', d'étranges analogies avec [[Gustave Moreau]]<ref>{{harvsp|Praz|1989|p=218}}</ref>. Premier artiste italien à se mettre au service de Napoléon, lors de la première campagne d'Ialie, il réalise pour le [[palais royal de Milan]] une frise en grisaille, en faux bas-relief ''Les Fastes de Napoléon {{Ier}}''<ref>{{harvsp|Toman|2007|p=415}}</ref>. Les deux autres représentants du néo-classicisme lombard, sont [[Giuseppe Bossi]], et [[Luigi Sabatelli]].
La figure la plus importante du néo-classicisme italien en peinture est le lombard [[Andrea Appiani]], peintre et fresquiste, dont les décors peints de la [[villa royale de Monza]] et de la coupole de [[Église Santa Maria dei Miracoli presso San Celso|Santa Maria presso San Celso]] traduisent un style élégant hérité de l'académisme milanais<ref name="Chaste472"/>. Les influences de [[Léonard de Vinci]] et du [[Corrège]], dont il emprunte les styles dans le traitement des cheveux ou des sourires, caractérisent sa manière sinueuse et ondoyante, dont [[Mario Praz]] observe dans ''la Toilette de Junon'' d'étranges analogies avec [[Gustave Moreau]]<ref>{{harvsp|Praz|1989|p=218}}</ref>. Premier artiste italien à se mettre au service de Napoléon, lors de la première campagne d'Italie, il réalise pour le [[palais royal de Milan]] une frise en grisaille, en faux bas-relief, ''Les Fastes de Napoléon {{Ier}}''<ref>{{harvsp|Toman|2007|p=415}}</ref>. Les deux autres représentants du néo-classicisme lombard, sont [[Giuseppe Bossi]] et [[Luigi Sabatelli]].




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=== Le néo-classicisme germanique après Mengs ===
=== Le néo-classicisme germanique après Mengs ===
La prééminence du néo-classicisme germanique aux premiers temps du mouvement et jusqu'à la Révolution française, est liée à la forte présence d'artistes allemands à Rome. Ce groupe nommé les « Allemands de Rome »<ref name="néoclassicisme420">{{harvsp|Toman|2007|p=420}}</ref> réunis autour de Winckelman et Mengs, adoptèrent l'idéal néo-classique dont l'idée était d'exalter {{Citation|la noble simplicité et la grandeur tranquille}}<ref name="néoclassicisme420"/>. Le néo-classicisme germanique connait deux périodes, une première de tendance académique, marquée par l'influence de l'Antiquité, et la seconde période qui voit l'essor du ''[[Sturm und Drang]]'' et s'inspire de la nature<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=71}}</ref>. L'une des œuvres capitales et représentatives de cet état d'esprit est le portrait de ''[[Goethe dans la campagne romaine]]'' par [[Johann Heinrich Wilhelm Tischbein]] peint en 1787, symbolisant la fusion de la nature et de l'antiquité<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=166}}</ref>.
La prééminence du néo-classicisme germanique aux premiers temps du mouvement et jusqu'à la Révolution française est liée à la forte présence d'artistes allemands à Rome. Ce groupe nommé les « Allemands de Rome »<ref name="néoclassicisme420">{{harvsp|Toman|2007|p=420}}</ref>, réunis autour de Winckelman et Mengs, adoptèrent l'idéal néo-classique dont l'idée était d'exalter {{Citation|la noble simplicité et la grandeur tranquille}}<ref name="néoclassicisme420"/>. Le néo-classicisme germanique connaît deux périodes : une première de tendance académique, marquée par l'influence de l'Antiquité, et une seconde qui voit l'essor du ''[[Sturm und Drang]]'' et s'inspire de la nature<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=71}}</ref>. L'une des œuvres capitales et représentatives de cet état d'esprit est le portrait de ''[[Goethe dans la campagne romaine]]'' par [[Johann Heinrich Wilhelm Tischbein]] peint en 1787, symbolisant la fusion de la nature et de l'antiquité<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=166}}</ref>.


Vers les années 1780, cette domination germanique est contestée par la France représentée par l'Académie de Rome, et une concurrence se développe teintée d'antagonisme national, entre deux visions du néo-classicisme, celle des germaniques marqué par l'hellénisme, contre celle des Français inspirée par la république romaine. C'est dans le cadre de cette concurrence que Tischbein peint ''Hector défiant Paris en présence d’Hélène'', en réponse au succès du ''Serment des Horaces'' de David qui remettait en cause la prééminence germanique à Rome<ref>Ernst Osterkamp, « Goethe et l’art français », ''Revue germanique internationale'' {{p.}}142 [En ligne], 12 | 1999, mis en ligne le 05 septembre 2011, consulté le 22 novembre 2013. URL : [http://rgi.revues.org/748]</ref>.
Vers les années 1780, cette domination germanique est contestée par la France, représentée par l'Académie de Rome, et une concurrence se développe, teintée d'antagonisme national, entre deux visions du néo-classicisme : celle des germaniques marquée par l'hellénisme et celle des Français inspirée par la république romaine. C'est dans le cadre de cette concurrence que Tischbein peint ''Hector défiant Paris en présence d’Hélène'', en réponse au succès du ''Serment des Horaces'' de David, qui remettait en cause la prééminence germanique à Rome<ref>Ernst Osterkamp, « Goethe et l’art français », ''Revue germanique internationale'' {{p.}}142 [En ligne], 12 | 1999, mis en ligne le 05 septembre 2011, consulté le 22 novembre 2013. URL : [http://rgi.revues.org/748]</ref>.


[[Jakob Philipp Hackert]], un des premiers membres du groupe des « Allemands de Rome », se singularise dans le genre du paysage. De formation baroque, il adopte le néo-classicisme lors de son séjour à Rome en 1764, et fait évoluer sa peinture dans un style plus clair, et topographique<ref name="Toman422"/>. Dans une vision plus héroïque et poétique du paysage, et opoosés à la conception d'Hackert, se démarquent [[Johann Christian Reinhart]] et surtout [[Joseph Anton Koch]] chef de file du paysage néo-classique allemand qui refusent la simple imitation de la nature, pour imaginer des paysages idéaux<ref name="Toman426"/>.
[[Jakob Philipp Hackert]], un des premiers membres du groupe des « Allemands de Rome », se singularise dans le genre du paysage. De formation baroque, il adopte le néo-classicisme lors de son séjour à Rome en 1764 et fait évoluer sa peinture dans un style plus clair et topographique<ref name="Toman422"/>. Dans une vision plus héroïque et poétique du paysage, et opposés à la conception d'Hackert, se démarquent [[Johann Christian Reinhart]] et surtout [[Joseph Anton Koch]], chef de file du paysage néo-classique allemand, qui refusent la simple imitation de la nature pour imaginer des paysages idéaux<ref name="Toman426"/>.


D'origine danoise [[Asmus Jacob Carstens]] apparaît comme la figure la plus radicale du néo-classicisme germanique. Qualifié par Goethe de {{citation|génie avec lequel on est si heureux de commencer la nouvelle époque de l'art}}<ref name="Cabanne 274"/>, disciple de Mengs et Winckelmann, il tenta d'aller plus loin dans la recherche du beau idéal, en réalisant des peintures monochromes imitant les bas-reliefs<ref>{{harvsp|Cabanne|1987|p=185}}</ref>. Inspirées à la fois de la statuaire antique et de Michel-Ange, ses œuvres, principalement des dessins rehaussés d'aquarelles, auront une influence sur les néo-classiques radicaux comme la [[secte des Barbus]], privilégiant la ligne pure et le contour net<ref name="Cabanne 274"/>, ainsi que sur les [[mouvement nazaréen|nazaréens]].
D'origine danoise, [[Asmus Jacob Carstens]] apparaît comme la figure la plus radicale du néo-classicisme germanique. Qualifié par Goethe de {{citation|génie avec lequel on est si heureux de commencer la nouvelle époque de l'art}}<ref name="Cabanne 274"/>, disciple de Mengs et Winckelmann, il tenta d'aller plus loin dans la recherche du beau idéal, en réalisant des peintures monochromes imitant les bas-reliefs<ref>{{harvsp|Cabanne|1987|p=185}}</ref>. Inspirées à la fois de la statuaire antique et de Michel-Ange, ses œuvres, principalement des dessins rehaussés d'aquarelle, auront une influence sur les néo-classiques radicaux comme la [[secte des Barbus]], privilégiant la ligne pure et le contour net<ref name="Cabanne 274"/>, ainsi que sur les [[mouvement nazaréen|nazaréens]].




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File:Hektor wirft Paris seine Weichlichkeit vor (Tischbein).jpg|Tischbein, ''Hector défiant Paris en présence d’Hélène''
File:Hektor wirft Paris seine Weichlichkeit vor (Tischbein).jpg|Tischbein, ''Hector défiant Paris en présence d’Hélène''
File:Hackert, Blick auf das große Theater von Pompeji, 1793.jpg| Jakob Philipp Hackert, ''Vue du Grand théâtre de Pompéi''
File:Hackert, Blick auf das große Theater von Pompeji, 1793.jpg| Jakob Philipp Hackert, ''Vue du Grand théâtre de Pompéi''
File:Ajax (Carstens).jpg| Asmus Jacob Carstens, ''La Mélancolie d'Ajax devant Termessa et Eurysakes''
File:Asmus Jacob Carstens - Bacchus and Cupid - KMS243 - Statens Museum for Kunst.jpg| Asmus Jacob Carstens, ''Bacchus et Cupidon''
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=== La première génération néo-classique en France ===
=== La première génération néo-classique en France ===
L'adoption du nouveau style néo-classique dans la peinture française, est liée à la réorganisation des beaux-arts en France, après l'accession de [[Louis XVI]] au trône en 1774, mettant fin à la domination du rococo sous le règne de [[Louis XV]]. La nomination du [[Charles Claude Flahaut de La Billarderie|comte d'Angiviller]] à la direction des [[bâtiments du Roi]], et plus directement encore, celle de [[Joseph-Marie Vien]] à la tête de l'[[Académie de France à Rome]] succédant à [[Charles Natoire]], vont avoir un impact décisif sur les changements esthétiques dans la peinture<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=35}}</ref>. Ces changements se manifestent dans les œuvres des élèves de Vien, [[Pierre Peyron]], [[Jean-Baptiste Regnault]], [[François-André Vincent]], et [[Jacques-Louis David]], qui à Rome, sous l'égide de leur maître, forment la première génération de peintres néo-classiques français.
L'adoption du nouveau style néo-classique dans la peinture française est liée à la réorganisation des beaux-arts en France après l'accession de [[Louis XVI]] au trône en 1774, mettant fin à la domination du rococo sous le règne de [[Louis XV]]. La nomination du [[Charles Claude Flahaut de La Billarderie|comte d'Angiviller]] à la direction des [[bâtiments du Roi]], et plus directement encore celle de [[Joseph-Marie Vien]] à la tête de l'[[Académie de France à Rome]], succédant à [[Charles Natoire]], vont avoir un impact décisif sur les changements esthétiques dans la peinture<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=35}}</ref>. Ces changements se manifestent dans les œuvres des élèves de Vien, [[Pierre Peyron]], [[Jean-Baptiste Regnault]], [[François-André Vincent]] et [[Jacques-Louis David]], qui à Rome, sous l'égide de leur maître, forment la première génération de peintres néo-classiques français.


Pierre Peyron en réalisant en 1779 son ''Bélisaire'' est le premier élève à intégrer dans sa peinture les nouveaux principes inspirés de l'antique édictés par Vien. Par la frontalité de la composition, la disposition des personnages de profil et le choix d'une gamme éteinte pour les couleurs, la toile devient le modèle à suivre pour les artistes français, et influence durablement la peinture de David, qui a dit de son condisciple : {{citation|Peyron m'a ouvert les yeux}}<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=37}}</ref>.
Pierre Peyron en réalisant en 1779 son ''Bélisaire'' est le premier élève à intégrer dans sa peinture les nouveaux principes inspirés de l'antique édictés par Vien. Par la [[frontalité]] de la composition, la disposition des personnages de profil et le choix d'une gamme éteinte pour les couleurs, la toile devient le modèle à suivre pour les artistes français et influence durablement la peinture de David, qui a dit de son condisciple : {{citation|Peyron m'a ouvert les yeux}}<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=37}}</ref>.


Avec ''le Président Molé saisi par les factieux au temps des guerres de la Fronde'' François André Vincent marque le Salon de 1779, en représentant un sujet d'histoire moderne à l'exemple de Benjamin West<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=183-185}}</ref>. Par cette œuvre il inaugure le réalisme historique, qui sera en vogue dans le romantisme français avec Delacroix<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=186}}</ref>.
Avec ''le Président Molé saisi par les factieux au temps des guerres de la Fronde,'' François André Vincent marque le Salon de 1779 en représentant un sujet d'histoire moderne à l'exemple de Benjamin West<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=183-185}}</ref>. Par cette œuvre il inaugure le réalisme historique, qui sera en vogue dans le romantisme français avec Delacroix<ref>{{harvsp|Levey|1989|p=186}}</ref>.


Jean-Baptiste Regnault se fait connaître en exposant à Rome son ''Baptême du Christ'' qui lui vaut la remarque admirative de [[Raphaël Mengs]] qui s'exclame {{citation|''questo e di scuola nostra''}}<ref name="David-Delacroix570">{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=570}}</ref>. ''L'Éducation d'Achille'' œuvre de réception à l'[[Académie royale de peinture et de sculpture]], connaît la célébrité par les nombreuses reproductions en gravures. D'un style raffiné, privilégiant la rondeur des formes, des couleurs plus vives et lumineuses, influencé autant par l'Antique que par [[École de peinture de Bologne|l'école de Bologne]], Regnault, dans un néo-classicisme moins rigoureux et sévère, se démarque de ses condisciples<ref name="David-Delacroix570"/>.
Jean-Baptiste Regnault se fait connaître en exposant à Rome son ''Baptême du Christ,'' qui lui vaut la remarque admirative de [[Raphaël Mengs]] qui s'exclame {{citation|''questo e di scuola nostra''}}<ref name="David-Delacroix570">{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=570}}</ref>. ''L'Éducation d'Achille,'' œuvre de réception à l'[[Académie royale de peinture et de sculpture]], connaît la célébrité par les nombreuses reproductions en gravures. D'un style raffiné, privilégiant la rondeur des formes, des couleurs plus vives et lumineuses, influencé autant par l'Antique que par [[École de peinture de Bologne|l'école de Bologne]], Regnault, dans un néo-classicisme moins rigoureux et sévère, se démarque de ses condisciples<ref name="David-Delacroix570"/>.


Entre 1775 et 1781 Jacques-Louis David va lentement se convertir au néo-classicisme. Ses premiers envois de Rome, dénotent encore l'influence baroque et caravagesque qui marquent ses années d'apprentissage, en témoigne ''[[les Funérailles de Patrocle]]'' encore marqué par une composition confuse<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=38}}</ref>. Le séjour à Naples et la découverte des vestiges d'Herculanum, amorcent le changement de style. À son retour de Naples il peint en 1780 ''[[Saint Roch intercédant la Vierge]]'' dont la présentation à Rome va impressionner les critiques par le caractère violent et dramatique du traitement pictural<ref name="Cabanne272">{{harvsp|Cabanne|1987|p=272}}</ref>. Ce premier succès est suivi par ''[[Bélisaire demandant l'aumône]]'' qui marque la conversion de David au néo-classicisme, et enthousiasme la critique au salon de 1781<ref name="Cabanne272"/>.
Entre 1775 et 1781 Jacques-Louis David va lentement se convertir au néo-classicisme. Ses premiers envois de Rome dénotent encore l'influence baroque et caravagesque qui marquent ses années d'apprentissage. En témoigne ''[[les Funérailles de Patrocle]],'' encore marqué par une composition confuse<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=38}}</ref>. Le séjour à Naples et la découverte des vestiges d'Herculanum amorcent le changement de style. À son retour de Naples il peint en 1780 ''[[Saint Roch intercédant la Vierge]],'' dont la présentation à Rome va impressionner les critiques par le caractère violent et dramatique du traitement pictural<ref name="Cabanne272">{{harvsp|Cabanne|1987|p=272}}</ref>. Ce premier succès est suivi par ''[[Bélisaire demandant l'aumône]],'' qui marque la conversion de David au néo-classicisme et enthousiasme la critique au salon de 1781<ref name="Cabanne272"/>.




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=== L'école de David ===
=== L'école de David ===
La suprématie du style davidien s'affirme par le succès non seulement des œuvres de [[Jacques-Louis David|David]], mais aussi de son école, représentée par ses premiers élèves [[Jean-Germain Drouais|Drouais]], [[Anne-Louis Girodet|Girodet]], [[François Gérard|Gérard]], [[Antoine-Jean Gros|Gros]], [[François-Xavier Fabre|Fabre]] et [[Jean-Baptiste Wicar|Wicar]]. Ceux-ci suivant les principes enseignés par leur maître, témoignent de son empreinte stylistique dans leurs peintures<ref name="Monneret82">{{harvsp|Monneret|1998|p=82}}</ref>, dont le style héroïque est fait de grandeur éloquente et pathétique<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=36}}</ref>. Marqués par la forte personnalité de leur maître, ils poursuivent dans la voie d'un néo-classicisme engagé et révolutionnaire, qui amènera de profondes mutations dans l'art français<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=41}}</ref>.
La suprématie du style davidien s'affirme par le succès non seulement des œuvres de [[Jacques-Louis David|David]], mais aussi de son école, représentée par ses premiers élèves [[Jean-Germain Drouais|Drouais]], [[Anne-Louis Girodet|Girodet]], [[François Gérard|Gérard]], [[Antoine-Jean Gros|Gros]], [[François-Xavier Fabre|Fabre]] et [[Jean-Baptiste Wicar|Wicar]]. Ceux-ci, suivant les principes enseignés par leur maître, témoignent de son empreinte stylistique dans leurs peintures<ref name="Monneret82">{{harvsp|Monneret|1998|p=82}}</ref>, dont le style héroïque est fait de grandeur éloquente et pathétique<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=36}}</ref>. Marqués par la forte personnalité de leur maître, ils poursuivent dans la voie d'un néo-classicisme engagé et révolutionnaire, qui amènera de profondes mutations dans l'art français<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=41}}</ref>.


Surnommé {{citation|''le Serment des Horaces de Drouais''<ref name="David-Delacroix42">{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=42}}</ref>}}, ''[[Marius à Minturnes]]'' de Jean-Germain Drouais montre l'influence qu'a l'œuvre de David sur sa manière de composer la scène. Le tableau présenté à Rome en 1786, puis à Paris l'année suivante, est le premier succès d'un représentant de l'école de David. À la suite de Drouais lauréat en 1784, Fabre et Girodet remportent le grand prix de peinture successivement en 1787 et 1789, et témoignent de l'hégémonie du néo-classicisme davidien, au point de susciter la protestation des concurrents qui reprochent les conseils du maître à ses élèves : {{citation|nous voulons concourir les uns contre les autres, mais non contre monsieur David qui favorisera tous les ans un protégé<ref>{{harvsp|Monneret|1998|p=85}}</ref>}}.
Surnommé {{citation|''le Serment des Horaces de Drouais''<ref name="David-Delacroix42">{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=42}}</ref>}}, ''[[Marius à Minturnes]]'' de Jean-Germain Drouais montre l'influence qu'a l'œuvre de David sur sa manière de composer la scène. Le tableau présenté à Rome en 1786, puis à Paris l'année suivante, est le premier succès d'un représentant de l'école de David. À la suite de Drouais lauréat en 1784, Fabre et Girodet remportent le grand prix de peinture successivement en 1787 et 1789, et témoignent de l'hégémonie du néo-classicisme davidien, au point de susciter la protestation des concurrents qui reprochent les conseils du maître à ses élèves : {{citation|nous voulons concourir les uns contre les autres, mais non contre monsieur David qui favorisera tous les ans un protégé<ref>{{harvsp|Monneret|1998|p=85}}</ref>}}.


Anne-Louis Girodet avec sa ''Déposition de la croix'' prend modèle sur ''[[la Douleur d'Andromaque]]'' pour sa composition et le caractère caravagesque de la scène<ref name="David-Delacroix42"/>, autre exemple caractéristique de l'école davidienne, ''Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès'' qu'il peint en 1793.
Anne-Louis Girodet avec sa ''Déposition de la croix'' prend modèle sur ''[[la Douleur d'Andromaque]]'' pour sa composition et le caractère caravagesque de la scène<ref name="David-Delacroix42"/>. Autre exemple caractéristique de l'école davidienne : ''Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès,'' qu'il peint en 1793.




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Hormis la peinture d'histoire, l'autre genre dans lequel les peintres néo-classiques américains s'expriment est le portrait. [[Gilbert Stuart]] élève de West, se fait une réputation après avoir peint plusieurs portraits du président [[George Washington]], et dans un style plus naturel [[Charles Willson Peale]]<ref>{{harvsp|Cabanne|1987|p=238}}</ref>.
Hormis la peinture d'histoire, l'autre genre dans lequel les peintres néo-classiques américains s'expriment est le portrait. [[Gilbert Stuart]] élève de West, se fait une réputation après avoir peint plusieurs portraits du président [[George Washington]], et dans un style plus naturel [[Charles Willson Peale]]<ref>{{harvsp|Cabanne|1987|p=238}}</ref>.


Après la Révolution française, la renommée du néo-classicisme français et de l'atelier de David, amène des élèves venus de différents pays, dont [[John Vanderlyn]] un des premiers peintres américains à étudier en France, comme élève de Vincent et de David, et qui reproche à ses compatriotes d'avoir {{citation|sottement choisi Londres}}<ref>{{harvsp|Monneret|1998|p=148}}</ref>. Il obtient une médaille d'or du [[Salon de peinture et de sculpture]] en 1808 pour ''Caius Marius au milieu des ruines de Carthage''<ref>{{harvsp|Monneret|1998|p=152}}</ref>.
Après la Révolution française, la renommée du néo-classicisme français et de l'atelier de David amène des élèves venus de différents pays, dont [[John Vanderlyn]], un des premiers peintres américains, à étudier en France, comme élève de Vincent et de David, et qui reproche à ses compatriotes d'avoir {{citation|sottement choisi Londres}}<ref>{{harvsp|Monneret|1998|p=148}}</ref>. Il obtient une médaille d'or du [[Salon de peinture et de sculpture]] en 1808 pour ''Caius Marius au milieu des ruines de Carthage''<ref>{{harvsp|Monneret|1998|p=152}}</ref>.




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=== Néo-classicisme en Belgique ===
=== Néo-classicisme en Belgique ===
L'apparition du néo-classicisme dans les [[Pays-Bas autrichiens]] est liée au contexte de la politique libérale de [[Charles-Alexandre de Lorraine]], qui favorise un mode de vie bourgeois et le milieu intellectuel sensible à ce mouvement artistique<ref>{{harvsp|Roberts-Jones|1995|p=241}}</ref>. Le flamand [[André Corneille Lens]] fait figure de précurseur. Il fréquente à Rome le milieu des amateurs d'antiquité, et est influencé par les écrits de Mengs et Winckelmann. De retour au pays, il entreprend de réformer la peinture flamande en développant l'enseignement académique, et en affranchissant les artistes de la tutelle des corporations<ref name="Roberts-Jones240">{{harvsp|Roberts-Jones|1995|p=240}}</ref>. Son élève le [[namur]]ois [[Pierre Joseph Célestin François]] par son style plus sec témoigne de l'influence du néo-classicisme français<ref name="Roberts-Jones240"/>. À Liège les artistes [[Pierre-Joseph Lion]] peintre de portraits, et [[Jean-Joseph Ansiaux]], se forment en France selon les principes enseignés par Vien<ref>{{harvsp|Roberts-Jones|1995|p=245}}</ref>.
L'apparition du néo-classicisme dans les [[Pays-Bas autrichiens]] est liée au contexte de la politique libérale de [[Charles-Alexandre de Lorraine]], qui favorise un mode de vie bourgeois et le milieu intellectuel sensible à ce mouvement artistique<ref>{{harvsp|Roberts-Jones|1995|p=241}}</ref>. Le flamand [[André Corneille Lens]] fait figure de précurseur. Il fréquente à Rome le milieu des amateurs d'antiquité et est influencé par les écrits de Mengs et Winckelmann. De retour au pays, il entreprend de réformer la peinture flamande en développant l'enseignement académique et en affranchissant les artistes de la tutelle des corporations<ref name="Roberts-Jones240">{{harvsp|Roberts-Jones|1995|p=240}}</ref>. Son élève le [[namur]]ois [[Pierre Joseph Célestin François]], par son style plus sec, témoigne de l'influence du néo-classicisme français<ref name="Roberts-Jones240"/>. À Liège les artistes [[Pierre-Joseph Lion]], peintre de portraits, et [[Jean-Joseph Ansiaux]], se forment en France selon les principes enseignés par Vien<ref>{{harvsp|Roberts-Jones|1995|p=245}}</ref>.


De ce groupe appartenant à la première période du néo-classicisme belge, se dégage la figure de [[Joseph-Benoît Suvée]] originaire de [[Bruges]]. D'abord élève du peintre flamand [[Matthias de Visch]], il se forme en France à partir de 1763. Il obtient le grand prix de Rome de peinture devant [[Jacques-Louis David]] et [[Jean-Joseph Taillasson]], et devient l'un des artistes les plus importants de l'école néo-classique issue de l'enseignement de Vien. Son style simple, se caractérise par un colorisme typique de la peinture flamande<ref name="Roberts-Jones240"/>.
De ce groupe appartenant à la première période du néo-classicisme belge, se dégage la figure de [[Joseph-Benoît Suvée]] originaire de [[Bruges]]. D'abord élève du peintre flamand [[Matthias de Visch]], il se forme en France à partir de 1763. Il obtient le grand prix de Rome de peinture devant [[Jacques-Louis David]] et [[Jean-Joseph Taillasson]], et devient l'un des artistes les plus importants de l'école néo-classique issue de l'enseignement de Vien. Son style simple se caractérise par un colorisme typique de la peinture flamande<ref name="Roberts-Jones240"/>.


Au début du {{S-|XIX}}, l'influence de l'école de David s'impose durablement en Belgique par l'intermédiaire de ses élèves belges [[Joseph Paelinck]], [[Michel Ghislain Stapleaux]], [[Joseph-Denis Odevaere]], [[Pierre Van Huffel]] et [[François-Joseph Navez]]. Cette influence est d'autant plus durable que David après la chute de l'Empire s'exile à Bruxelles et est en contact constant avec la plupart de ses élèves belges. Paelinck, Stapleaux, Odevaere, Van Huffel appliquent le style davidien sans originalité, voire avec servilité, en témoigne ''la Belle Anthia marchant au temple de Diane'' de Paelinck et ''la Mort de Phocion'' d'Odevaere, ce dernier tableau largement copié sur ''la Mort de Socrate'' de David au point d'en constituer une sorte de calque<ref name="Roberts-Jones277">{{harvsp|Roberts-Jones|1995|p=277}}</ref>. De ce groupe se démarque Navez, par sa personnalité plus affirmée il développe un néo-classicisme plus original, et établit sa réputation dans les portraits<ref name="Roberts-Jones277"/>. Le manque de commande liée à la peinture d'histoire antique, va amener Paelinck et Navez vers la peinture religieuse<ref name="Roberts-Jones277"/>.
Au début du {{S-|XIX}}, l'influence de l'école de David s'impose durablement en Belgique par l'intermédiaire de ses élèves belges [[Joseph Paelinck]], [[Michel Ghislain Stapleaux]], [[Joseph-Denis Odevaere]], [[Pierre Van Huffel]] et [[François-Joseph Navez]]. Cette influence est d'autant plus durable que David après la chute de l'Empire s'exile à Bruxelles et est en contact constant avec la plupart de ses élèves belges. Paelinck, Stapleaux, Odevaere, Van Huffel appliquent le style davidien sans originalité, voire avec servilité,. En témoignent ''la Belle Anthia marchant au temple de Diane'' de Paelinck et ''la Mort de Phocion'' d'Odevaere, ce dernier tableau largement copié sur ''la Mort de Socrate'' de David, au point d'en constituer une sorte de calque<ref name="Roberts-Jones277">{{harvsp|Roberts-Jones|1995|p=277}}</ref>. De ce groupe se démarque Navez, qui par sa personnalité plus affirmée développe un néo-classicisme plus original et établit sa réputation dans les portraits<ref name="Roberts-Jones277"/>. Le manque de commande liée à la peinture d'histoire antique va amener Paelinck et Navez vers la peinture religieuse<ref name="Roberts-Jones277"/>.




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File:Joseph-Benoît Suvée - Admiral de Coligny impressing his murderers.jpg|[[Joseph-Benoît Suvée]], ''L'amiral de Coligny en impose à ses assassins'' 1787, [[musée des beaux-arts de Dijon]]
File:Joseph-Benoît Suvée - L'amiral Coligny en impose à ses assassins.png|[[Joseph-Benoît Suvée]], ''L'amiral de Coligny en impose à ses assassins'' 1787, [[musée des beaux-arts de Dijon]]
File:Suvée Cornelia.jpg |Joseph-Benoît Suvée, ''Cornélia mère des Gracques'' 1795, [[musée du Louvre]]
File:Suvée Cornelia.jpg |Joseph-Benoît Suvée, ''Cornélia mère des Gracques'' 1795, [[musée du Louvre]]
File:Paelinck Orphée et Eurydice.jpg|Paelinck, ''Orphée et Eurydice'' 1820, coll. particulière
File:Paelinck Orphée et Eurydice.jpg|Paelinck, ''Orphée et Eurydice'' 1820, coll. particulière
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=== Peinture néo-classique du Danemark ===
=== Peinture néo-classique du Danemark ===
{{Lien|langue=en|fr=Johan Edvard Mandelberg}} peintre suédois installé au Danemark, introduit le néo-classicisme dans son pays de résidence, après avoir été sensibilisé à l'esthétique néo-antique lors de sa formation à Rome, sous les influences de Mengs, Winckelmann, Batoni et du sculpteur danois {{Lien|langue=en|fr=Johannes Wiedewelt}}. Il influence à son tour son disciple [[Nicolai Abraham Abildgaard]], chef de file des peintres d'histoire du Danemark<ref name="Palmer15">{{harvsp|Palmer|2011|p=15|id=Palmer2011}}</ref>, dont le tableau ''Philoctete blessé'' qui représente le héros mythologique au visage déformé par la souffrance et hurlant, entend réfuter à la fois, les théories de Winckelmann sur l'expression de la noble simplicité dans l'art, et de son contradicteur Lessing, en démontrant que la peinture pouvait aussi exprimer les sentiments les plus violents<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=328}}</ref>. L'influence de [[Johann Heinrich Füssli]], qu'il rencontre lors de son second séjour à Rome, vers la fin du {{s|XVIII|e}}, va faire évoluer son style et les sujets de ses peintures<ref name="Palmer15"/>. Inspiré par le thème d'Ossian, il s'oriente vers un style sombre, qui fait de lui le précurseur du romantisme nordique<ref>{{harvsp|Palmer|2011|p=16|id=Palmer2011}}</ref>.
{{Lien|langue=en|fr=Johan Edvard Mandelberg}}, peintre suédois installé au Danemark, introduit le néo-classicisme dans son pays de résidence après avoir été sensibilisé à l'esthétique néo-antique lors de sa formation à Rome, sous les influences de Mengs, Winckelmann, Batoni et du sculpteur danois {{Lien|langue=en|fr=Johannes Wiedewelt}}. Il influence à son tour son disciple [[Nicolai Abraham Abildgaard]], chef de file des peintres d'histoire du Danemark<ref name="Palmer15">{{harvsp|Palmer|2011|p=15|id=Palmer2011}}</ref>, dont le tableau ''Philoctete blessé'' qui représente le héros mythologique au visage déformé par la souffrance et hurlant, entend réfuter à la fois les théories de Winckelmann sur l'expression de la noble simplicité dans l'art et de son contradicteur Lessing, en démontrant que la peinture pouvait aussi exprimer les sentiments les plus violents<ref>{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=328}}</ref>. L'influence de [[Johann Heinrich Füssli]], qu'il rencontre lors de son second séjour à Rome, vers la fin du {{s|XVIII|e}}, va faire évoluer son style et les sujets de ses peintures<ref name="Palmer15"/>. Inspiré par le thème d'Ossian, il s'oriente vers un style sombre, qui fait de lui le précurseur du romantisme nordique<ref>{{harvsp|Palmer|2011|p=16|id=Palmer2011}}</ref>.




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=== Peinture néo-classique en Russie ===
=== Peinture néo-classique en Russie ===
En 1762, la politique culturelle de [[Catherine II de Russie]] favorable aux [[Lumières (philosophie)|Lumières]] va favoriser le développement du néo-classicisme et l'imposer en tant que style officiel de l'Empire russe<ref name="Palmer12">{{harvsp|Palmer|2011|p=12|id=Palmer2011}}</ref>. C'est principalement dans l'architecture, par l'intermédiaire de commandes auprès des architectes étrangers dont le français [[Jean-Baptiste Vallin de La Mothe]] ou l'écossais Charles Cameron, qu'il s'impose, faisant de Saint-Pétersbourg le centre du néo-classicisme<ref name="Palmer12"/>.
En 1762, la politique culturelle de [[Catherine II de Russie]] favorable aux [[Lumières (philosophie)|Lumières]] va favoriser le développement du néo-classicisme et l'imposer en tant que style officiel de l'Empire russe<ref name="Palmer12">{{harvsp|Palmer|2011|p=12|id=Palmer2011}}</ref>. C'est principalement dans l'architecture, par l'intermédiaire de commandes auprès des architectes étrangers dont le Français [[Jean-Baptiste Vallin de La Mothe]] ou l'Écossais [[Charles Cameron]], qu'il s'impose, faisant de Saint-Pétersbourg le centre du néo-classicisme<ref name="Palmer12"/>.


En peinture le mouvement se développe plus tardivement vers 1770, l'ukrainien {{Lien|langue=en|fr=Anton Losenko}} en est le précurseur. Il est le fondateur et principal représentant du mouvement de la grande peinture d'histoire néo-classique, et se consacre à des sujets de l'histoire russe<ref name="Gray1037">{{harvsp|Gray|2004|p=1037|id=Gray2004}}</ref>. Son disciple [[Ivan-Akimovitch Akimov|Ivan Akimov]] poursuit la tradition de la peinture d'histoire et [[Grigori Ougrioumov]] disciple de Losenko et d'Akimov se spécialise dans la peinture monumentale dont ''la Capture de Kazan '' est représentative<ref name="Bird74">Alan Bird 1987, ''A history of Russian painting'' {{p.}}74</ref>.
En peinture, le mouvement se développe plus tardivement vers 1770; [[Anton Lossenko]] en est le précurseur. Il est le fondateur et principal représentant du mouvement de la grande peinture d'histoire néo-classique et se consacre à des sujets de l'histoire russe<ref name="Gray1037">{{harvsp|Gray|2004|p=1037|id=Gray2004}}</ref>. Son disciple [[Ivan-Akimovitch Akimov|Ivan Akimov]] poursuit la tradition de la peinture d'histoire et [[Grigori Ougrioumov]], disciple de Lossenko et d'Akimov, se spécialise dans la peinture monumentale dont ''La Prise de Kazan '' est représentative<ref name="Bird74">{{en}} Alan Bird 1987, ''A history of Russian painting'' {{p.}}74</ref>.


La génération suivante est représentée par un groupe d'artistes à la fois peintres et enseignants à l'Académie impériale. [[Andreï Ivanov]], [[Vasili Chebouïev]] surnommé le [[Nicolas Poussin|Poussin]] russe<ref name="Bird74"/>, [[Alexeï Egorov]] et [[Fiodor Bruni]], qui peint ''la Mort de Camille sœur d'Horace'' dans un style grandiloquent<ref name="Gray1037"/>. Les derniers néo-classiques russes, [[Alexandre Ivanov]] fils d'Andreï Ivanov et [[Karl Brioullov]] font la transition avec le romantisme russe.
La génération suivante est représentée par un groupe d'artistes à la fois peintres et enseignants à l'[[Académie russe des Beaux-Arts|Académie impériale]]. [[Andreï Ivanov (peintre)|Andreï Ivanov]], [[Vassili Chebouïev]] surnommé le [[Nicolas Poussin|Poussin]] russe<ref name="Bird74"/>, [[Alexeï Egorov]] et [[Fiodor Bruni]], qui peint ''La Mort de Camille sœur d'Horace'' dans un style grandiloquent<ref name="Gray1037"/>. Les derniers néo-classiques russes, [[Alexandre Ivanov]], fils d'Andreï Ivanov, et [[Karl Brioullov]] font la transition avec le romantisme russe.




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File:Anton Losenko - Прощание Гектора с Андромахой - Google Art Project.jpg|Anton Losenko, ''Hector et Andromaque'' 1773
File:Anton Losenko - Прощание Гектора с Андромахой - Google Art Project.jpg|[[Anton Lossenko]], ''Les Adieux d'Hector et Andromaque'' 1773
File:Capture of Kazan, Ivan the Terrible (Grigoriy Ugryumov).jpg|[[Grigori Ougrioumov]], ''La Capture de Kazan'' 1800
File:Capture of Kazan, Ivan the Terrible (Grigoriy Ugryumov).jpg|[[Grigori Ougrioumov]], ''La Prise de Kazan'' 1800
File:Andrey Ivanov 005.jpg|[[Andreï Ivanov]] ''le Siège de Kiev'' 1810
File:Andrey Ivanov 005.jpg|[[Andreï Ivanov (peintre)|Andreï Ivanov]] ''Le Siège de Kiev'' 1810
File:Vasilii ShebuevKamil.jpg|Chebouïev, ''la Mort de Camille sœur d'Horace'' 1821
File:Vasilii ShebuevKamil.jpg|Chebouïev, ''la Mort de Camille sœur d'Horace'' 1821
File:Markov Alexey 003 Saint Eustace.jpeg|Alexeï Markov, ''Saint Eustache''
File:Markov Alexey 003 Saint Eustace.jpeg|Alexeï Markov, ''Saint Eustache''
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=== Le néo-classicisme dans la Révolution française ===
=== Le néo-classicisme dans la Révolution française ===
Avec la Révolution française le néo-classicisme grandiloquent devient le style officiel. L'Antiquomanie à la mode avant 1789, trouve avec la Révolution ce que Pierre Cabanne nomme un {{citation|drame antique moderne}}, qui reprend à son compte les leçons de vertus de la Rome républicaine<ref>{{harvsp|Cabanne|1987|p=299}}</ref>. C'est à ce néo-classicisme, pourtant d'origine aristocratique, que la Révolution doit ses emblèmes<ref>{{harvsp|Cabanne|1987|p=295}}</ref>. Les événements de l'époque amènent certains artistes à la suite de David à se concentrer principalement sur des sujets d'histoire contemporaine et adopter un style plus réaliste qu'idéal<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=20}}</ref>. D'autres comme [[Jean-Baptiste Regnault]] et [[Philippe-Auguste Hennequin]], privilégient les scènes allégoriques. De grands projets picturaux, évoquent l'actualité, tels ''[[le Serment du Jeu de Paume]]'' de David, ou ''le 10 aout 1792'' de François Gérard, cependant ces œuvres demeurent inachevé du fait des changements politiques brusques, tandis que d'autres sont détruites ou morcelées comme ''[[Les Derniers Moments de Michel Lepeletier]]'' de David, et ''le Triomphe du peuple français'' d'Hennequin<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=71}}</ref>.
Avec la Révolution française le néo-classicisme grandiloquent devient le style officiel. L'Antiquomanie à la mode avant 1789 trouve avec la Révolution ce que Pierre Cabanne nomme un {{citation|drame antique moderne}}, qui reprend à son compte les leçons de vertus de la Rome républicaine<ref>{{harvsp|Cabanne|1987|p=299}}</ref>. C'est à ce néo-classicisme, pourtant d'origine aristocratique, que la Révolution doit ses emblèmes<ref>{{harvsp|Cabanne|1987|p=295}}</ref>. Les événements de l'époque amènent certains artistes à la suite de David à se concentrer principalement sur des sujets d'histoire contemporaine et adopter un style plus réaliste qu'idéal<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=20}}</ref>. D'autres comme [[Jean-Baptiste Regnault]] et [[Philippe-Auguste Hennequin]], privilégient les scènes allégoriques. De grands projets picturaux évoquent l'actualité, tels ''[[le Serment du Jeu de Paume]]'' de David ou ''le 10 aout 1792'' de François Gérard. Cependant ces œuvres demeurent inachevées du fait des changements politiques brusques, tandis que d'autres sont détruites ou morcelées comme ''[[Les Derniers Moments de Michel Lepeletier]]'' de David et ''le Triomphe du peuple français'' d'Hennequin<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=71}}</ref>.


Plusieurs membres de l'école de David s'engagent politiquement, à commencer par le maître lui-même, qui est élu député [[montagne (Révolution française)|montagnard]] à la [[Convention montagnarde|Convention]] en 1792, et est membre des comités d'instruction publique et de sûreté générale, et devient un sympathisant de Robespierre. [[François Topino-Lebrun]] est juré au tribunal révolutionnaire, et est proche des [[Gracchus Babeuf|babouvistes]]. Hennequin jacobin lyonnais, est impliqué dans le soulèvement du camp de Grenelle. Autre jacobin, [[Jean-Baptiste Wicar]] est nommé commissaire des arts sous le Directoire, et participe activement à la saisie des œuvres d'art aux Pays-Bas et en Italie, pendant les campagnes révolutionnaires. [[Anne-Louis Girodet]] se trouve alors en pension à l'Académie de France à Rome, et est témoin le 13 janvier 1793 des émeutes romaines en réaction contre la chute de la monarchie en France, qui provoquent la mise à sac du [[palais Mancini]] résidence de l'Académie de France, et l'assassinat de [[Nicolas-Jean Hugou de Bassville]] légat de la république qui venait de faire évacuer le palais. L'artiste doit prendre la fuite pour se réfugier à Naples, il est ensuite emprisonné à [[Ariano nel Polesine]] pour avoir porté la cocarde tricolore<ref>{{harvsp|Bellenger|2005|p=112}}</ref>.
Plusieurs membres de l'école de David s'engagent politiquement, à commencer par le maître lui-même, qui est élu député [[montagne (Révolution française)|montagnard]] à la [[Convention montagnarde|Convention]] en 1792, est membre des comités d'instruction publique et de sûreté générale, et devient un sympathisant de Robespierre. [[François Topino-Lebrun]] est juré au tribunal révolutionnaire et proche des [[Gracchus Babeuf|babouvistes]]. Hennequin, jacobin lyonnais, est impliqué dans le soulèvement du camp de Grenelle. Autre jacobin, [[Jean-Baptiste Wicar]] est nommé commissaire des arts sous le Directoire et participe activement à la saisie des œuvres d'art aux Pays-Bas et en Italie, pendant les campagnes révolutionnaires. [[Anne-Louis Girodet]] se trouve alors en pension à l'Académie de France à Rome et est témoin le 13 janvier 1793 des émeutes romaines en réaction contre la chute de la monarchie en France, qui provoquent la mise à sac du [[palais Mancini]], résidence de l'Académie de France, et l'assassinat de [[Nicolas-Jean Hugou de Bassville]], légat de la république qui venait de faire évacuer le palais. L'artiste doit prendre la fuite pour se réfugier à Naples, il est ensuite emprisonné à [[Ariano nel Polesine]] pour avoir porté la cocarde tricolore<ref>{{harvsp|Bellenger|2005|p=112}}</ref>.


Paradoxalement, alors que la crise politique offre l'opportunité aux artistes de s'exprimer librement, du fait de la dissolution des académies, et du droit à tous les artistes d'exposer au Salon à partir de 1791, la peinture d'histoire, genre dans lequel le néo-classicisme prédomine, connaît une chute importante. Si l'on observe une multiplication par deux ou trois des tableaux exposés au Salon, la proportion des tableaux d'histoire et particulièrement d'histoire antique décroît de façon significative. Entre 1789 et 1799 sur un ensemble de 3078 peintures exposées, 147 concernent la peinture d'histoire antique<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=109}}</ref>.
Paradoxalement, alors que la crise politique offre aux artistes la possibilité de s'exprimer librement, du fait de la dissolution des académies et du droit à tous les artistes d'exposer au Salon à partir de 1791, la peinture d'histoire, genre dans lequel le néo-classicisme prédomine, connaît une chute importante. Si l'on observe une multiplication par deux ou trois des tableaux exposés au Salon, la proportion des tableaux d'histoire et particulièrement d'histoire antique décroît de façon significative. Entre 1789 et 1799 sur un ensemble de 3078 peintures exposées, 147 concernent la peinture d'histoire antique<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=109}}</ref>.


Avec ''la Liberté ou la mort'' Regnault se fait l'illustrateur des idées les plus radicales de la Révolution, et en particulier de Robespierre. Conçu en 1793 sous la Convention montagnarde en deux exemplaires (la grande version localisée au Louvre en 1872 a disparu, la plus petite version se trouve au [[Kunsthalle de Hambourg]]), le titre est une référence directe à la devise de la [[Constitution de l'an III]] : ''Liberté, égalité, fraternité ou la mort''. Mais le temps de réalisation et les bouleversements politiques font que ce tableau n'est exposé au Salon qu'en 1795 après la chute de Robespierre . En pleine réaction thermidorienne, son message robespierriste n'est plus à l'ordre du jour<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=574}}</ref>.
Avec ''la Liberté ou la mort'' Regnault se fait l'illustrateur des idées les plus radicales de la Révolution, et en particulier de Robespierre. Conçu en 1793 sous la Convention montagnarde en deux exemplaires (la grande version localisée au Louvre en 1872 a disparu, la plus petite version se trouve au [[Kunsthalle de Hambourg]]), le titre est une référence directe à la devise de la [[Constitution de l'an III]] : ''Liberté, égalité, fraternité ou la mort''. Mais le temps de réalisation et les bouleversements politiques font que ce tableau n'est exposé au Salon qu'en 1795 après la chute de Robespierre . En pleine réaction thermidorienne, son message robespierriste n'est plus à l'ordre du jour<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=574}}</ref>.
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=== Femmes peintres néo-classiques ===
=== Femmes peintres néo-classiques ===
En France après 1785, dans un contexte de réaction contre la politique conservatrice de l'[[Académie royale de peinture et de sculpture]], deux de ses membres et principaux représentants du néo-classicisme, David et Regnault, ouvrent leurs ateliers à l'enseignement des arts aux femmes, suivant l'exemple de [[Jean-Baptiste Greuze|Greuze]], et ce malgré l'interdiction du surintendant le comte d'Angiviller<ref name="Sofio42">{{harvsp|Sofio|2007|p=42}}</ref>. Le succès de ces ateliers conduit une trentaine d'élèves féminines à y entrer. Séverine Sofio, à partir des travaux de Mary Vidal, dénombre 25 femmes passées dans l'atelier de David<ref>{{harvsp|Sofio|2007|p=45}}</ref>. Elles peuvent alors y suivre l'apprentissage des beaux-arts selon les règles académiques, et ont aussi accès à l'enseignement d'après le modèle nu, ce qui est pourtant considéré comme contraire aux règles de bienséances régies par l'Académie<ref name="Sofio42"/>. Conséquence de cette libéralisation de l'enseignement artistique, une forte présence de femmes peintres se manifeste dans les Salons de peinture, durant la Révolution et au tournant du {{s-|XIX|e}}. Elles abordent le néo-classicisme différemment, se faisant une spécialité dans la peinture de genre et le portrait<ref>{{Lien web|langue=fr|url=http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?i=964|titre=Les Artistes femmes au début du {{S-|XIX}}|id=|série=|auteur=Saskia Hanselaar |lien auteur=|coauteurs=|date=|année=|mois=|site=L'Histoire par l'image|éditeur=|page=|citation=|en ligne le=|consulté le=21 janvier 2014}}</ref>, [[Angélique Mongez]] est la seule artiste à se confronter au genre de la peinture d'histoire antique<ref>{{harvsp|Sofio|2007|p=44}}</ref>.
En France après 1785, dans un contexte de réaction contre la politique conservatrice de l'[[Académie royale de peinture et de sculpture]], deux de ses membres et principaux représentants du néo-classicisme, David et Regnault, ouvrent leurs ateliers à l'enseignement des arts aux femmes, suivant l'exemple de [[Jean-Baptiste Greuze|Greuze]], et ce malgré l'interdiction du surintendant le comte d'Angiviller<ref name="Sofio42">{{harvsp|Sofio|2007|p=42}}</ref>. Le succès de ces ateliers conduit une trentaine d'élèves féminines à y entrer. Séverine Sofio, à partir des travaux de Mary Vidal, dénombre 25 femmes passées dans l'atelier de David<ref>{{harvsp|Sofio|2007|p=45}}</ref>. Elles peuvent alors y suivre l'apprentissage des beaux-arts selon les règles académiques, et ont aussi accès à l'enseignement d'après le modèle nu, ce qui est pourtant considéré comme contraire aux règles de bienséances régies par l'Académie<ref name="Sofio42"/>. Conséquence de cette libéralisation de l'enseignement artistique, une forte présence de femmes peintres se manifeste dans les Salons de peinture, durant la Révolution et au tournant du {{s-|XIX|e}}. Elles abordent le néo-classicisme différemment, se faisant une spécialité dans la peinture de genre et le portrait<ref>{{Lien web|langue=fr|url=http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?i=964|titre=Les Artistes femmes au début du {{S-|XIX}}|auteur=Saskia Hanselaar |site=L'Histoire par l'image|consulté le=21 janvier 2014}}</ref>. [[Angélique Mongez]] est la seule artiste à se confronter au genre de la peinture d'histoire antique de grand format<ref>{{harvsp|Sofio|2007|p=44}}</ref>.


En 1800 [[Marie-Guillemine Benoist]] marque le Salon, avec son ''Portrait d'une négresse'', tableau peint dans le contexte de l'émancipation des noirs et de l'abolition de l'esclavage. Il fait écho à un autre portrait remarqué quelques années auparavant, celui du représentant des colonies, [[Jean-Baptiste Belley]] par Girodet (1798), première représentation par un artiste européen d'un homme politique d'origine africaine. L'œuvre de Guillemine Benoist se situe dans la droite ligne de la tradition davidienne du portrait néo-classique. Par l'attitude du modèle, et le fond nu et brossé, il s'inspire du ''[[portrait de Madame Trudaine]]'' de David<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.19thc-artworldwide.org/index.php/spring04/286-slavery-is-a-woman-race-gender-and-visuality-in-marie-benoists-portrait-dune-negresse-1800|titre= Slavery is a Woman: "Race," Gender, and Visuality in Marie Benoist's Portrait d'une négresse (1800)|id=|série=|auteur= James Smalls|lien auteur=|coauteurs=|date=|année=2004|mois=|site= Nineteenth-Century Art Worldwide|éditeur=|page=|citation=It has been observed that Benoist's portrait is in fact "a negative image of the pale Mme. Trudaine" depicted by David sometime in the late eighteenth century.|en ligne le=|consulté le=3 février 2014}}</ref>. Le mystère entourant l'identité du modèle, dont on ne sait s’il s'agit d'une servante, d'une ancienne esclave ou d'un modèle d'atelier, renforce son caractère provocateur, accentué par la pose caractéristique des portraits mondains de l'époque<ref name="Allard132">{{Harvsp|Allard|Scherf|2007|p=132}}</ref>. La virtuosité de l'artiste se remarque dans le traitement des chairs, à l'époque aucun atelier n'apprenait à peindre la pigmentation des peaux noires<ref name="Allard132"/>.
En 1800 [[Marie-Guillemine Benoist]] marque le Salon avec son ''[[Portrait d'une négresse]]'', tableau peint dans le contexte de l'émancipation des noirs et de l'abolition de l'esclavage. Il fait écho à un autre portrait remarqué quelques années auparavant, celui du représentant des colonies, [[Jean-Baptiste Belley]] par Girodet (1798), première représentation par un artiste européen d'un homme politique d'origine africaine. L'œuvre de Guillemine Benoist se situe dans la droite ligne de la tradition davidienne du portrait néo-classique. Par l'attitude du modèle et le fond nu et brossé, il s'inspire du ''[[portrait de Madame Trudaine]]'' de David<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.19thc-artworldwide.org/index.php/spring04/286-slavery-is-a-woman-race-gender-and-visuality-in-marie-benoists-portrait-dune-negresse-1800|titre= Slavery is a Woman: "Race," Gender, and Visuality in Marie Benoist's Portrait d'une négresse (1800)|auteur= James Smalls|année=2004|site= Nineteenth-Century Art Worldwide|citation=It has been observed that Benoist's portrait is in fact "a negative image of the pale Mme. Trudaine" depicted by David sometime in the late eighteenth century.|consulté le=3 février 2014}}</ref>. Le mystère entourant l'identité du modèle, dont on ne sait s’il s'agit d'une servante, d'une ancienne esclave ou d'un modèle d'atelier, renforce son caractère provocateur, accentué par la pose caractéristique des portraits mondains de l'époque<ref name="Allard132">{{Harvsp|Allard|Scherf|2007|p=132}}</ref>. La virtuosité de l'artiste se remarque dans le traitement des chairs, à l'époque aucun atelier n'apprenait à peindre la pigmentation des peaux noires<ref name="Allard132"/>.


Avec ''la Mélancolie'' présentée au Salon de 1801, [[Constance-Marie Charpentier]] élève de David et de Gérard, choisit un thème très présent dans le néo-classicisme, déjà traité par Joseph Wright of Derby en 1785 avec ''[[La Veuve indienne]]'' dont la figure de profil, isolée dans un paysage nocturne est similaire<ref name="David-Delacroix347">{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=347}}</ref>. Lors de ce Salon, François-André Vincent avait lui aussi exposé une ''Mélancolie''<ref name="David-Delacroix347"/>. La jeune femme assise est une référence directe à David, dont Constance-Marie Charpentier reprend et isole la figure de Camille du ''[[le Serment des Horaces|Serment des Horaces]]''<ref name="David-Delacroix347"/>.
Avec ''[[La Mélancolie (Charpentier)|La Mélancolie]]'' présentée au Salon de 1801, [[Constance-Marie Charpentier]] élève de David et de Gérard, choisit un thème très présent dans le néo-classicisme, déjà traité par Joseph Wright of Derby en 1785 avec ''[[La Veuve indienne]]'' dont la figure de profil, isolée dans un paysage nocturne est similaire<ref name="David-Delacroix347">{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=347}}</ref>. Lors de ce Salon, François-André Vincent avait lui aussi exposé une ''Mélancolie''<ref name="David-Delacroix347"/>. La jeune femme assise est une référence directe à David, dont Constance-Marie Charpentier reprend et isole la figure de Camille du ''[[le Serment des Horaces|Serment des Horaces]]''<ref name="David-Delacroix347"/>.


Dans le registre de la scène de genre, [[Jeanne-Élisabeth Chaudet]] se spécialise dans les représentations d'enfants dans un style gracieux et sentimental, et des compositions souvent similaires, représentant de jeunes filles agenouillées dans un décor délimité par des colonnes<ref name="David-Delacroix349">{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=349}}</ref>. Elle expose régulièrement au Salon, en 1808 elle présente plusieurs œuvres, dont la ''Jeune Fille pleurant son pigeon mort'' destinée à l'impératrice [[Joséphine de Beauharnais]] qui fut remarquée par la critique<ref name="David-Delacroix349"/>.
Dans le registre de la scène de genre, [[Jeanne-Élisabeth Chaudet]] se spécialise dans les représentations d'enfants dans un style gracieux et sentimental, et des compositions souvent similaires, représentant de jeunes filles agenouillées dans un décor délimité par des colonnes<ref name="David-Delacroix349">{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=349}}</ref>. Elle expose régulièrement au Salon, en 1808 elle présente plusieurs œuvres, dont la ''Jeune Fille pleurant son pigeon mort'', qui fut remarquée par la critique<ref name="David-Delacroix349"/>.




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File:Constance Charpentier - Melancholy - WGA04799.jpg|[[Constance-Marie Charpentier]], ''la Mélancolie'' 1801, [[musée de Picardie]]
File:Constance Charpentier - Melancholy - WGA04799.jpg|[[Constance-Marie Charpentier]], ''[[La Mélancolie (Charpentier)|La Mélancolie]]'' 1801, [[musée de Picardie]]
File:Marie-Guillemine Benoist - portrait d'une negresse.jpg|[[Marie-Guillemine Benoist]], ''Portrait d'une négresse'', 1800
File:Marie-Guillemine Benoist - portrait d'une negresse.jpg|[[Marie-Guillemine Benoist]], ''[[Portrait d'une femme noire]]'', 1800
File:Villers Young Woman Drawing.jpg |[[Marie-Denise Villers]], ''portrait de jeune femme'', 1801, probable autoportrait de l'artiste
File:Villers Young Woman Drawing.jpg |[[Marie-Denise Villers]], [[Portrait de Charlotte du Val d'Ognes]], 1801 ([[Metropolitan Museum of Art]])
File:Jeanne-Elisabeth Chaudet 1808.jpg | [[Jeanne-Élisabeth Chaudet]], ''Jeune Fille pleurant son pigeon mort'', 1808, musée des beaux-arts, Arras.
File:Jeanne-Elisabeth Chaudet - Une jeune fille pleurant son pigeon mort.jpg | [[Jeanne-Élisabeth Chaudet]], ''Jeune fille pleurant son pigeon mort'', 1808, musée des beaux-arts, Arras.
File:Mongez Theseus and Pirithoüs.jpg |[[Angélique Mongez]], ''Thésée et Pyrithous, purgeant la terre des brigands, délivrent deux femmes des mains des ravisseurs'' 1806, [[Minneapolis Institute of Arts]]
Fichier:Theseus and Pirithous, 1806, by Angelique Mongez.jpg|[[Angélique Mongez]], ''Thésée et Pyrithous, purgeant la terre des brigands, délivrent deux femmes des mains des ravisseurs'' 1806, musée d'état d'[[Arkhangelskoïe]].
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=== Néo-classicisme au tournant du siècle, vers le « Grec pur » ===
=== Néo-classicisme au tournant du siècle, vers le « Grec pur » ===
La période allant du [[Directoire]] au [[Consulat (histoire de France)|Consulat]] (vers 1797-1803) commence la seconde phase du néo-classicisme pictural. La carrière de David et la domination de son école en Europe est à son sommet, pour [[André Chastel|Chastel]], sa position est comparable et même supérieure à celle de Mengs à Rome dans les années 1760<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=197}}</ref>.
La période allant du [[Directoire]] au [[Consulat (histoire de France)|Consulat]] (vers 1797-1803) commence la seconde phase du néo-classicisme pictural. La carrière de David et la domination de son école en Europe est à son sommet. Pour [[André Chastel|Chastel]], sa position est comparable et même supérieure à celle de Mengs à Rome dans les années 1760<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=197}}</ref>.


La peinture est marquée par l'abandon du modèle romain qui avait dominé à la Révolution, pour s'orienter vers des influences grecques inspirées par les gravures de [[John Flaxman]], et dont l'œuvre de David ''[[les Sabines]]'' expose cette nouvelle orientation. Il exprime à ses élèves ses intentions esthétiques {{citation|J'ai entrepris de faire une chose toute nouvelle, [...] je veux ramener l'art aux principes que l'on suivait chez les Grecs. En faisant les ''Horaces'' et le ''Brutus'' j'étais encore sous l'influence romaine. Mais, messieurs, sans les Grecs, les Romains n'eussent été que des barbares en fait d'art. C'est donc à la source qu'il faut remonter<ref>cité par {{harvsp|Cabanne|1989|p=16}}</ref>.}} Les thèmes se veulent réconciliateurs, ainsi le tableau de David est perçu comme un message de concorde nationale.
La peinture est marquée par l'abandon du modèle romain qui avait dominé à la Révolution, pour s'orienter vers des influences grecques inspirées par les gravures de [[John Flaxman]], et dont l'œuvre de David ''[[les Sabines]]'' expose cette nouvelle orientation. Il exprime à ses élèves ses intentions esthétiques {{citation|J'ai entrepris de faire une chose toute nouvelle, [...] je veux ramener l'art aux principes que l'on suivait chez les Grecs. En faisant les ''Horaces'' et le ''Brutus'' j'étais encore sous l'influence romaine. Mais, messieurs, sans les Grecs, les Romains n'eussent été que des barbares en fait d'art. C'est donc à la source qu'il faut remonter<ref>cité par {{harvsp|Cabanne|1989|p=16}}</ref>.}} Les thèmes se veulent réconciliateurs, ainsi le tableau de David est perçu comme un message de concorde nationale.


Cette tendance est aussi perceptible dans une autre œuvre remarquée au Salon de 1799, ''le Retour de Marcus Sextus'' de [[Pierre-Narcisse Guérin]], qui est vue comme une allusion au [[Émigration française (1789-1815)#Le retour des émigrés|retour des émigrés]], allusion renforcée par sa confrontation avec l'un des derniers tableaux à thème révolutionnaire, ''Le Triomphe du peuple français'' d'[[Philippe-Auguste Hennequin|Hennequin]]<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=128}}</ref>.
Cette tendance est aussi perceptible dans une autre œuvre remarquée au Salon de 1799, ''le Retour de Marcus Sextus'' de [[Pierre-Narcisse Guérin]], vue comme une allusion au [[Émigration française (1789-1815)#Le retour des émigrés|retour des émigrés]], allusion renforcée par sa confrontation avec l'un des derniers tableaux à thème révolutionnaire, ''Le Triomphe du peuple français'' d'[[Philippe-Auguste Hennequin|Hennequin]]<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=128}}</ref>.


Regnault aussi amorce à cette période, un changement dans son style, et revient à ses thèmes mythologiques de prédilection. Dans une manière proche de Rubens, privilégiant les lignes courbes et une touche plus fondue<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=577}}</ref>. S'inspirant de l'exemple de David, qui avait présenté ''les Sabines'' dans le cadre d'une exposition payante, il fait de même avec ''les Trois Grâces'' une de ses œuvres les plus célèbres<ref name="David-Delacroix570"/>, sans toutefois rencontrer le succès de son concurrent<ref>{{harvsp|Saunier|1903|p=88}}</ref>.
Regnault aussi amorce à cette période un changement dans son style et revient à ses thèmes mythologiques de prédilection, dans une manière proche de Rubens, privilégiant les lignes courbes et une touche plus fondue<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=577}}</ref>. S'inspirant de l'exemple de David, qui avait présenté ''les Sabines'' dans le cadre d'une exposition payante, il fait de même avec ''les Trois Grâces,'' une de ses œuvres les plus célèbres<ref name="David-Delacroix570"/>, sans toutefois rencontrer le succès de son concurrent<ref>{{harvsp|Saunier|1903|p=88}}</ref>.


Chez ces artistes le style se fait moins austère, plus élégant, en réaction contre le néo-classicisme révolutionnaire des années 1789-1794<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=21}}</ref>. Chez David il se caractérise par une palette plus claire, un style linéaire qui emprunte autant aux grecs qu'à Raphaël<ref>{{harvsp|Monneret|1998|p=131}}</ref>. Mais pour Hugh Honour à cette période : {{citation|les effets débilitants de la consanguinité qui résultent presque inévitablement de la consécration officielle d'un style artistique, commençait déjà à se manifester.}} Prenant comme exemple le tableau de [[François Gérard]] ''Psyché et l'Amour'' (1798), dont le thème avait été popularisé par la sculpture de Canova, que le peintre vide de sa substance pour en faire un motif essentiellement décoratif à l'érotisme suggestif, lui donnant un caractère d'inspiration rococo, pourtant rejeté par les tenants du néo-classicisme pur<ref>{{harvsp|Honour|1998|p=201}}</ref>.
Chez ces artistes le style se fait moins austère, plus élégant, en réaction contre le néo-classicisme révolutionnaire des années 1789-1794<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=21}}</ref>. Chez David il se caractérise par une palette plus claire, un style linéaire qui emprunte autant aux grecs qu'à Raphaël<ref>{{harvsp|Monneret|1998|p=131}}</ref>. Mais pour Hugh Honour à cette période : {{citation|les effets débilitants de la consanguinité qui résultent presque inévitablement de la consécration officielle d'un style artistique, commençait déjà à se manifester.}} Prenant comme exemple le tableau de [[François Gérard]] ''Psyché et l'Amour'' (1798), dont le thème avait été popularisé par la sculpture de Canova, que le peintre vide de sa substance pour en faire un motif essentiellement décoratif à l'érotisme suggestif, lui donnant un caractère d'inspiration rococo, pourtant rejeté par les tenants du néo-classicisme pur<ref>{{harvsp|Honour|1998|p=201}}</ref>.
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[[Fichier:RiesenerMQuay.jpg|vignette|redresse|[[Maurice Quay]] chef de file de la [[secte des Barbus]] mouvement de dissidence au néo-classicisme davidien, (portrait par
[[Fichier:RiesenerMQuay.jpg|vignette|redresse|[[Maurice Quay]] chef de file de la [[secte des Barbus]] mouvement de dissidence au néo-classicisme davidien, (portrait par
[[Henri-François Riesener]] ).]]
[[Henri-François Riesener]] ).]]
Alors que David avec ''[[les Sabines]]'', fait évoluer son néo-classicisme vers ce qu'il nomme le « grec pur », certains de ses élèves s'orientent vers des esthétiques de plus en plus éloignées des doctrines artistiques qu'il avait enseigné. D'un côté [[Anne-Louis Girodet]] et [[Antoine-Jean Gros]], sous les influences de Füssli et [[John Flaxman|Flaxman]] dont ils étudient les œuvres à Gênes, penchent vers des inspirations préromantiques, à la fois dans les thèmes morbides et la manière de peindre, marquée par un traitement dramatique des ombres en contre-jour<ref>{{harvsp|O'Brien|2006|p=49}}</ref>.
Alors que David, avec ''[[les Sabines]]'', fait évoluer son néo-classicisme vers ce qu'il nomme le « grec pur », certains de ses élèves s'orientent vers des esthétiques de plus en plus éloignées des doctrines artistiques qu'il avait enseignées. D'un côté [[Anne-Louis Girodet]] et [[Antoine-Jean Gros]], sous les influences de Füssli et [[John Flaxman|Flaxman]], dont ils étudient les œuvres à Gênes, penchent vers des inspirations préromantiques, à la fois dans les thèmes morbides et la manière de peindre, marquée par un traitement dramatique des ombres en contre-jour<ref>{{harvsp|O'Brien|2006|p=49}}</ref>.


Conçu pour décorer le château de Malmaison, ''[[L'apothéose des Héros français morts pour la patrie pendant la guerre de la Liberté]]'' de Girodet est une des premières œuvres à rompre assez nettement avec les enseignements du néo-classicisme davidien, selon les intentions de l'artiste lui-même, qu'il exprime dans une lettre en réponse à la surprise de son maitre David, quand il vit le tableau : {{Citation|Il a échappé à David, en le voyant, de dire que cette production ne ressemblait à celle d'aucun maitre ni d'aucune école<ref name="David Delacroix 452">{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=452}}</ref>.}}. L'œuvre traduit la vogue en France pour le mythe d'Ossian, et fait suite au tableau de Gérard ''Ossian évoquant les fantômes'', et de Duqueylar et précède celui d'Ingres. L'esthétique fantasmagorique, le choix des lumières, et l'originalité de la composition, font de ce tableau le premier essai de peinture romantique en France<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=453}}</ref>. Lors de sa présentation au Salon, face à l'incompréhension générale et aux critiques négatives, le tableau fut retiré avant la fin de l'exposition<ref name="David Delacroix 452"/>. Cette incompréhension fut traduite par les mots de David, tels qu'ils furent rapportés par Delécluze dans ses mémoires : {{Citation|Ah ça ! il est fou, Girodet !... Il est fou, ou je n'entends plus rien à l'art de la peinture. Ce sont des personnages de cristal qu'il nous a fait là... Quel dommage ! avec son beau talent, cet homme ne fera jamais que des folies... Il n'a pas le sens commun<ref name="David Delacroix 452"/>.}}
Conçu pour décorer le château de Malmaison, ''[[L'apothéose des Héros français morts pour la patrie pendant la guerre de la Liberté]]'' de Girodet est une des premières œuvres à rompre assez nettement avec les enseignements du néo-classicisme davidien, selon les intentions de l'artiste lui-même, qu'il exprime dans une lettre en réponse à la surprise de son maitre David, quand il vit le tableau : {{Citation|Il a échappé à David, en le voyant, de dire que cette production ne ressemblait à celle d'aucun maitre ni d'aucune école<ref name="David Delacroix 452">{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=452}}</ref>.}}. L'œuvre traduit la vogue en France pour le mythe d'Ossian, et fait suite au tableau de Gérard ''Ossian évoquant les fantômes'', et de Duqueylar et précède celui d'Ingres. L'esthétique fantasmagorique, le choix des lumières et l'originalité de la composition font de ce tableau le premier essai de peinture romantique en France<ref>{{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=453}}</ref>. Lors de sa présentation au Salon, face à l'incompréhension générale et aux critiques négatives, le tableau fut retiré avant la fin de l'exposition<ref name="David Delacroix 452"/>. Cette incompréhension fut traduite par les mots de David, tels qu'ils furent rapportés par Delécluze dans ses mémoires : {{Citation|Ah ça ! il est fou, Girodet !... Il est fou, ou je n'entends plus rien à l'art de la peinture. Ce sont des personnages de cristal qu'il nous a fait là... Quel dommage ! avec son beau talent, cet homme ne fera jamais que des folies... Il n'a pas le sens commun<ref name="David Delacroix 452"/>.}}


''Sapho à Leucate'' de Gros, reflète ces tendances en vogue chez les artistes à l'époque, mais c'est le seul exemple de ce genre dans sa peinture<ref>{{harvsp|O'Brien|2006|p=51}}</ref>. Lors de son exposition au Salon, les critiques reprochèrent le manque de naturel dans les couleurs, jugées verdâtres ainsi que dans le mouvement<ref>{{harvsp|O'Brien|2006|p=50}}</ref>, pour le ''Journal des débats'' : {{citation|Il nous semble...que le mouvement proprement dit, n'est point du ressort de la peinture. [...] Quoi que fasse l'artiste, quoi que dise le livret, une Sapho qui tombe ne saurait être qu'une femme suspendue sans tenir à rien, entre un rocher et les eaux<ref>cité dans {{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=463}}</ref>.}}.
''Sapho à Leucate,'' de Gros, reflète ces tendances en vogue chez les artistes à l'époque, mais est le seul exemple de ce genre dans sa peinture<ref>{{harvsp|O'Brien|2006|p=51}}</ref>. Lors de son exposition au Salon, les critiques reprochèrent le manque de naturel dans les couleurs, jugées verdâtres ainsi que dans le mouvement<ref>{{harvsp|O'Brien|2006|p=50}}</ref>. Pour le ''Journal des débats'' : {{citation|Il nous semble...que le mouvement proprement dit, n'est point du ressort de la peinture. [...] Quoi que fasse l'artiste, quoi que dise le livret, une Sapho qui tombe ne saurait être qu'une femme suspendue sans tenir à rien, entre un rocher et les eaux<ref>cité dans {{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=463}}</ref>.}}.


La [[secte des Barbus]] est le mouvement de dissidence au style de David le plus important. Réuni autour de [[Maurice Quay]] ce groupe issu de la nouvelle génération d'élèves de David, entrés à l'atelier après la Révolution, reproche à leur maître de ne pas aller assez loin dans ses réformes esthétiques vers le « grec pur », et revendique un néo-classicisme radical et archaïque, totalement détaché de toute réminiscence rococo. Le style des peintures produites par ce groupe, se veut volontairement primitif. Le caractère linéaire et puriste, inspiré des vases antiques évoluant vers l'abstraction<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=202}}</ref>. Les rares œuvres qu'ils ont laissées, ont toutefois défrayé la chronique par leurs audaces formelles. ''Ossian chantant ses vers'' de [[Paul Duqueylar]] fut jugée comme bizarre et ridicule par la critique<ref name="Chastel203">{{harvsp|Chastel|1996|p=203}}</ref>. ''L'école d'Apelle'' de Jean Broc, œuvre ambitieuse se voulant le manifeste du mouvement, est comparée par la critique du Salon à une vieille fresque à cause de ses tonalités claires<ref name="Chastel203"/>. Toujours de Broc, ''la Mort de Hyacinthe'' montrait, pour ''[[le Moniteur universel]]'', {{Citation|plus de bizarreries que d'originalités<ref>cité dans {{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=341}}</ref>}}.
La [[secte des Barbus]] est le mouvement de dissidence au style de David le plus important. Réuni autour de [[Maurice Quay]], ce groupe issu de la nouvelle génération d'élèves de David, entrés à l'atelier après la Révolution, reproche à leur maître de ne pas aller assez loin dans ses réformes esthétiques vers le « grec pur » et revendique un néo-classicisme radical et archaïque totalement détaché de toute réminiscence rococo. Le style des peintures produites par ce groupe se veut volontairement primitif. Le caractère linéaire et puriste, inspiré des vases antiques évoluant vers l'abstraction<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=202}}</ref>. Les rares œuvres qu'ils ont laissées ont toutefois défrayé la chronique par leurs audaces formelles. ''Ossian chantant ses vers'' de [[Paul Duqueylar]] fut jugée comme bizarre et ridicule par la critique<ref name="Chastel203">{{harvsp|Chastel|1996|p=203}}</ref>. ''L'école d'Apelle'' de Jean Broc, œuvre ambitieuse se voulant le manifeste du mouvement, est comparée par la critique du Salon à une vieille fresque à cause de ses tonalités claires<ref name="Chastel203"/>. Toujours de Broc, ''la Mort de Hyacinthe'' montrait, pour ''[[le Moniteur universel]]'', {{Citation|plus de bizarreries que d'originalités<ref>cité dans {{harvsp|Rosenberg|Cummings|Rosenblum|Schnapper|1974|p=341}}</ref>}}.




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=== Néo-classicisme en Espagne ===
=== Néo-classicisme en Espagne ===
En Espagne, la [[peinture baroque]] tombe en désuétude sous le règne de [[Charles III d'Espagne|Charles III]]<ref name="Augé15">{{harvsp|Augé|2007|p=15}}</ref>, avec l'arrivée comme [[peintre de cour]] d'Anton-Raphaël Mengs. À la fin du {{s-|XVIII|e}}, le néo-classicisme devient le courant officiel au royaume d'Espagne, lié à la politique de coopération avec la France du Consulat, ce qui provoque la mise à l'écart de [[Francisco de Goya]], alors peintre du roi [[Charles IV d'Espagne|Charles IV]]<ref>Jean-Louis Augé, « Du Néoclassicisme au Costumbrisme » dans Sylvie Mégevand, Jean-Michel Mendiboure 2008 ''Transitions, transgressions dans l'iconographie hispanique moderne et contemporaine'' {{p.}}57</ref>. Le néo-classicisme davidien s'exporte par l'intermédiaire des élèves espagnols de David, dont quatre peintres, [[Juan Antonio de Ribera]], [[Jose Aparicio]], [[José de Madrazo y Agudo]] et {{Lien|langue=es|fr=Francisco Lacoma y Fontanet}}. Entrés à l'atelier de David entre 1799 et 1806<ref>{{harvsp|Augé|2007|p=8}}</ref>, ils suivent l'esthétique de leur maître à travers des peintures d'histoire et des portraits. Lacoma est l'artiste le plus éloigné de ce style par les sujets qu'il peint, s'étant spécialisé surtout dans la peinture de fleurs<ref>{{harvsp|Augé|2007|p=12}}</ref>.
En Espagne, la [[peinture baroque]] tombe en désuétude sous le règne de [[Charles III d'Espagne|Charles III]]<ref name="Augé15">{{harvsp|Augé|2007|p=15}}</ref>, avec l'arrivée comme [[peintre de cour]] d'Anton-Raphaël Mengs. À la fin du {{s-|XVIII|e}}, le néo-classicisme devient le courant officiel au royaume d'Espagne, lié à la politique de coopération avec la France du Consulat, ce qui provoque la mise à l'écart de [[Francisco de Goya]], alors peintre du roi [[Charles IV d'Espagne|Charles IV]]<ref>Jean-Louis Augé, « Du Néoclassicisme au Costumbrisme » dans Sylvie Mégevand, Jean-Michel Mendiboure 2008 ''Transitions, transgressions dans l'iconographie hispanique moderne et contemporaine'' {{p.}}57</ref>. Le néo-classicisme davidien s'exporte par l'intermédiaire des élèves espagnols de David, dont quatre peintres, [[Juan Antonio de Ribera]], [[Jose Aparicio]], [[José de Madrazo y Agudo]] et [[François-Joseph-Paul Lacoma]]. Entrés à l'atelier de David entre 1799 et 1806<ref>{{harvsp|Augé|2007|p=8}}</ref>, ils suivent l'esthétique de leur maître à travers des peintures d'histoire et des portraits. Lacoma est l'artiste le plus éloigné de ce style par les sujets qu'il peint, s'étant spécialisé surtout dans la peinture de fleurs<ref>{{harvsp|Augé|2007|p=12}}</ref>.


Madrazo, Aparicio et Ribera se conforment à un néo-classicisme hiératique, linéaire et dépourvu d'émotion<ref>{{harvsp|Augé|2007|p=14}}</ref>. Les trois œuvres représentatives de ce néo-classicisme espagnol sont ''L’Épidémie d’Espagne'' d'Aparicio, œuvre atypique et innovante par le choix d'un sujet d'actualité, une épidémie de fièvre qui toucha l'Espagne entre 1799 et 1805, ''la Mort de Viriathe'' de Madrazo, qui s'inspire du ''Bélisaire'' de David, et ''Cincinnatus abandonne sa charrue afin de dicter des lois à Rome'' de Ribera<ref name="Augé15"/>.
Madrazo, Aparicio et Ribera se conforment à un néo-classicisme hiératique, linéaire et dépourvu d'émotion<ref>{{harvsp|Augé|2007|p=14}}</ref>. Les trois œuvres représentatives de ce néo-classicisme espagnol sont ''L’Épidémie d’Espagne'' d'Aparicio, œuvre atypique et innovante par le choix d'un sujet d'actualité, une épidémie de fièvre qui toucha l'Espagne entre 1799 et 1805, ''la Mort de Viriathe'' de Madrazo, qui s'inspire du ''Bélisaire'' de David, et ''Cincinnatus abandonne sa charrue afin de dicter des lois à Rome'' de Ribera<ref name="Augé15"/>.
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=== Néo-classicisme sous Napoléon {{Ier}}, le style Empire ===
=== Néo-classicisme sous Napoléon {{Ier}}, le style Empire ===
{{article détaillé|Style Empire}}
{{article détaillé|Style Empire}}
Le style Empire représente pour {{Lien|langue=en|fr=Hugh Honour}} le début de la phase de déclin du néo-classicisme, caractérisée par des œuvres décoratives et abandonnant la valeur éducative de l'art au profit de la propagande<ref>{{harvsp|Honour|1998|p=199-201}}</ref>. À l'opposé, [[Mario Praz]] y voit son explosion, et l'exaltation du style pompéien qui témoigne d'une originalité toujours présente dans ce mouvement<ref>{{harvsp|Praz|1989|p=8-11}}</ref>. Il se caractérise en peinture par une œuvre officielle, vouée au culte de Napoléon et de son régime, des scènes de genre d'inspiration antique, et une importante production de portraits officiels et bourgeois. [[Dominique Vivant Denon]] à la tête de l'administration des arts, est à l'origine de cette importante production de tableaux à sujets napoléoniens<ref>{{harvsp|Honour|1998|p=208}}</ref>. À partir de 1804, le pouvoir impérial attribue des sommes importantes pour la réalisation de toiles monumentales diffusant la propagande officielle<ref name="O'Brien120">{{harvsp|O'Brien|2006|p=120}}</ref>. La peinture d'histoire s'écarte de l'esthétique en vogue sous la Révolution, délaissant les allégories pour privilégier des sujets contemporains, prenant exemple sur le modèle anglo-saxon<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=226}}</ref>. Le gouvernement impose aux artistes les sujets des peintures<ref name="O'Brien120"/>, les scènes de batailles présentent Napoléon {{Ier}} non comme un guerrier, mais dans des scènes précédant ou succédant aux conflits, et dans l'attitude d'un conquérant compatissant avec les blessés et clément envers ses adversaires<ref name="O'Brien120"/>. Les peintures, qui sont présentées lors du [[Salon de peinture et de sculpture]], sont destinées à décorer les bâtiments officiels et palais impériaux, comme le palais des Tuileries, le palais de Saint-Cloud, ou le Sénat. Vivant Denon exerce un contrôle accru sur les artistes, dressant la liste des commandes, examinant les projets, et donnant les indications sur les compositions des tableaux<ref name="O'Brien123">{{harvsp|O'Brien|2006|p=123}}</ref>. Symbolisant l'autorité impériale, la diffusion des œuvres se fait dans l'Europe conquise par Napoléon<ref>{{harvsp|Honour|1998|p=211}}</ref>.
Le style Empire représente pour [[Hugh Honour]] le début de la phase de déclin du néo-classicisme, caractérisée par des œuvres décoratives et abandonnant la valeur éducative de l'art au profit de la propagande<ref>{{harvsp|Honour|1998|p=199-201}}</ref>. À l'opposé, [[Mario Praz]] y voit son explosion, et l'exaltation du style pompéien qui témoigne d'une originalité toujours présente dans ce mouvement<ref>{{harvsp|Praz|1989|p=8-11}}</ref>. Il se caractérise en peinture par une œuvre officielle, vouée au culte de Napoléon et de son régime, des scènes de genre d'inspiration antique, et une importante production de portraits officiels et bourgeois. [[Dominique Vivant Denon]], à la tête de l'administration des arts, est à l'origine de cette importante production de tableaux à sujets napoléoniens<ref>{{harvsp|Honour|1998|p=208}}</ref>. À partir de 1804, le pouvoir impérial attribue des sommes importantes pour la réalisation de toiles monumentales diffusant la propagande officielle<ref name="O'Brien120">{{harvsp|O'Brien|2006|p=120}}</ref>. La peinture d'histoire s'écarte de l'esthétique en vogue sous la Révolution, délaissant les allégories pour privilégier des sujets contemporains, prenant exemple sur le modèle anglo-saxon<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=226}}</ref>. Le gouvernement impose aux artistes les sujets des peintures<ref name="O'Brien120"/>, les scènes de batailles présentent Napoléon {{Ier}} non comme un guerrier mais dans des scènes précédant ou succédant aux conflits, et dans l'attitude d'un conquérant compatissant avec les blessés et clément envers ses adversaires<ref name="O'Brien120"/>. Les peintures, qui sont présentées lors du [[Salon de peinture et de sculpture]], sont destinées à décorer les bâtiments officiels et palais impériaux, comme le palais des Tuileries, le palais de Saint-Cloud, ou le Sénat. Vivant Denon exerce un contrôle accru sur les artistes, dressant la liste des commandes, examinant les projets, et donnant les indications sur les compositions des tableaux<ref name="O'Brien123">{{harvsp|O'Brien|2006|p=123}}</ref>. Symbolisant l'autorité impériale, la diffusion des œuvres se fait dans l'Europe conquise par Napoléon<ref>{{harvsp|Honour|1998|p=211}}</ref>.




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File:Jacques-Louis David, The Coronation of Napoleon edit.jpg|David, ''le Sacre de Napoléon''
File:Jacques-Louis David, The Coronation of Napoleon edit.jpg|David, ''le Sacre de Napoléon''
File:JulietteRécamierGérardCarnavalet.jpg|François Gérard ''Madame Récamier''
File:François Pascal Simon Gérard 003.jpg|François Gérard ''Madame Récamier''
File:Gros - Napoleon on the Battlefield of Eylau.png|Gros ''la Bataille d'Eylau''
File:Gros - Napoleon on the Battlefield of Eylau.png|Gros ''la Bataille d'Eylau''
File:Napoleon I of France by Andrea Appiani.jpg |Appiani, ''Napoléon roi d'Italie''
File:Napoleon I of France by Andrea Appiani.jpg |Appiani, ''Napoléon roi d'Italie''
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N'étant pas associé au groupe des Barbus, Ingres va rejoindre certains de leurs choix esthétiques en optant à partir de 1805 pour un style linéaire et abstrait, inspiré aussi par les gravures de Flaxman, et de [[Bénigne Gagneraux]]. ''Vénus blessée par Diomède'' un petit tableau ({{unité|26|cm}} × {{unité|33|cm}}), présente une approche différente de l'antiquité comparée à l'esthétique davidienne. Le style résolument néo-grec, dont Ingres emprunte le sujet à une gravure de 1792 de Gagneraux, et le quadrige à une illustration de l'ouvrage de Tischbein : ''Collection of engravings from antic vases''<ref>{{harvsp|Rosenblum|1986|p=19}}</ref> exprime son indépendance stylistique, et sa rupture avec le style de David<ref>{{harvsp|Cabanne|1989|p=38}}</ref>.
N'étant pas associé au groupe des Barbus, Ingres va rejoindre certains de leurs choix esthétiques en optant à partir de 1805 pour un style linéaire et abstrait, inspiré aussi par les gravures de Flaxman, et de [[Bénigne Gagneraux]]. ''Vénus blessée par Diomède'' un petit tableau ({{unité|26|cm}} × {{unité|33|cm}}), présente une approche différente de l'antiquité comparée à l'esthétique davidienne. Le style résolument néo-grec, dont Ingres emprunte le sujet à une gravure de 1792 de Gagneraux, et le quadrige à une illustration de l'ouvrage de Tischbein : ''Collection of engravings from antic vases''<ref>{{harvsp|Rosenblum|1986|p=19}}</ref> exprime son indépendance stylistique, et sa rupture avec le style de David<ref>{{harvsp|Cabanne|1989|p=38}}</ref>.


Le Salon de 1806 fut pour Ingres l'occasion de confronter au public ses nouvelles options artistiques, à travers cinq œuvres marquantes, l'''[[Autoportrait à vingt-quatre ans]]'', les trois portraits de la famille Rivière, et celui de ''[[Napoléon Ier sur le trône impérial]]''. Les réactions se font mitigées, voire hostiles. Les critiques reprochent à Ingres le caractère bizarre des œuvres leur archaïsmes, et de rétrograder la peinture de quatre siècles<ref name="ReferenceC">{{harvsp|Cabanne|1989|p=39}}</ref>.
Le Salon de 1806 fut pour Ingres l'occasion de confronter au public ses nouvelles options artistiques, à travers cinq œuvres marquantes, l'''[[Autoportrait à vingt-quatre ans]]'', les trois portraits de la famille Rivière, et celui de ''[[Napoléon Ier sur le trône impérial]]''. Les réactions se font mitigées, voire hostiles. Les critiques reprochent à Ingres le caractère bizarre des œuvres, leur archaïsmes, et de rétrograder la peinture de quatre siècles<ref name="ReferenceC">{{harvsp|Cabanne|1989|p=39}}</ref>.


Face à l'incompréhension générale et aux critiques négatives, Ingres persiste pourtant dans cette voie singulière. Installé à Rome, il peut sans contrainte, développer un style original et novateur<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=204}}</ref>. En 1808 il peint ''[[Œdipe explique l'énigme du sphinx]]'', sujet antique, mais dont le thème par son ambiguïté, s'éloigne des préoccupations de l'école de David<ref name="ReferenceB"/>. ''[[Jupiter et Thétis]]'' est l'aboutissement de ces innovations formelles. La frontalité massive de Jupiter contraste avec l'ondoyante Thétis. Cette figure féminine par ses courbes sensuelles, marquées par ce gonflement caractéristique du cou, devient le type canonique des nus d'Ingres, fortement chargé d'érotisme, qu'il poursuivra de ''[[la Grande Odalisque]]'' jusqu'au ''[[Le Bain Turc|Bain Turc]]''<ref name="ReferenceC"/>. Paradoxalement, vers la fin de sa période néo-classique, il peint ''Romulus vainqueur d'Acron'' grand tableau peint à la détrempe, qui renoue avec un style et un sujet d'inspiration purement davidienne<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=210}}</ref> en grande partie inspiré par ''les Sabines''<ref>{{harvsp|Rosenblum|1986|p=94}}</ref>.
Face à l'incompréhension générale et aux critiques négatives, Ingres persiste pourtant dans cette voie singulière. Installé à Rome, il peut sans contrainte développer un style original et novateur<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=204}}</ref>. En 1808 il peint ''[[Œdipe explique l'énigme du sphinx]]'', sujet antique mais dont le thème par son ambiguïté s'éloigne des préoccupations de l'école de David<ref name="ReferenceB"/>. ''[[Jupiter et Thétis]]'' est l'aboutissement de ces innovations formelles. La frontalité massive de Jupiter contraste avec l'ondoyante Thétis. Cette figure féminine par ses courbes sensuelles, marquées par ce gonflement caractéristique du cou, devient le type canonique des nus d'Ingres, fortement chargé d'érotisme, qu'il poursuivra de ''[[la Grande Odalisque]]'' jusqu'au ''[[Le Bain turc|Bain turc]]''<ref name="ReferenceC"/>. Paradoxalement, vers la fin de sa période néo-classique, il peint ''Romulus vainqueur d'Acron,'' grand tableau peint à la détrempe, qui renoue avec un style et un sujet d'inspiration purement davidienne<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=210}}</ref> en grande partie inspiré par ''les Sabines''<ref>{{harvsp|Rosenblum|1986|p=94}}</ref>.




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La fin du néo-classicisme en Allemagne (de 1798 à 1810) correspond au réveil du sentiment national allemand, lié à l'occupation de la Prusse par Napoléon, à l'abandon de thèmes antiques pour des sujets religieux, et à une orientation vers un primitivisme radical, qui caractérise le mouvement des nazaréens.
La fin du néo-classicisme en Allemagne (de 1798 à 1810) correspond au réveil du sentiment national allemand, lié à l'occupation de la Prusse par Napoléon, à l'abandon de thèmes antiques pour des sujets religieux, et à une orientation vers un primitivisme radical, qui caractérise le mouvement des nazaréens.


Les derniers artistes néo-classiques allemands, sont influencés par le néo-classicisme français de David, dont la renommée internationale trouve aussi des échos dans le pays de Mengs et Winckelmann. L'un des premiers à se former à Paris, [[Philipp Friedrich von Hetsch]], témoigne de cette influence avec son tableau ''Cornélie mère des Gracques'' dont le thème, en vogue dans la peinture française, est ici abordé conformément à l'esthétique davidienne<ref name="Faroult72">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=72}}</ref>.
Les derniers artistes néo-classiques allemands sont influencés par le néo-classicisme français de David, dont la renommée internationale trouve aussi des échos dans le pays de Mengs et Winckelmann. L'un des premiers à se former à Paris, [[Philipp Friedrich von Hetsch]], témoigne de cette influence avec son tableau ''Cornélie mère des Gracques'' dont le thème, en vogue dans la peinture française, est ici abordé conformément à l'esthétique davidienne<ref name="Faroult72">{{harvsp|Faroult|Leribault|Scherf|2010|p=72}}</ref>.


Plusieurs de ces artistes allemands, issus à l'origine de l'académie de Stuttgart, entrent dans l'atelier de David, tels [[Gottlieb Schick]], [[Johann Peter Krafft]] et [[Eberhard Wächter (peintre)|Eberhard von Wächter]]. Leurs œuvres sont en partie marquées de cette influence, comme ''Apollon parmi les bergers'' de Schick, et son ''Portrait de Wilhelmine Cotta'' dont la manière rejoint les portraits de [[François Gérard]], notamment celui de Madame Récamier<ref name="Faroult72"/>. Arrivé à Rome, Schick renie cet enseignement<ref>{{harvsp|Nerlich|2005|p=27}}</ref> tandis que Wächter s'en éloigne pour aller vers une esthétique épurée sous l'influence des œuvres de Carstens. Ce néo-classicisme épuré est aussi ce qui caractérise l'un des tout dernier néo-classiques allemands [[Bonaventura Genelli]] d'origine danoise comme Carstens.
Plusieurs de ces artistes allemands, issus à l'origine de l'académie de Stuttgart, entrent dans l'atelier de David, tels [[Gottlieb Schick]], [[Johann Peter Krafft]] et [[Eberhard Wächter (peintre)|Eberhard von Wächter]]. Leurs œuvres sont en partie marquées de cette influence, comme ''Apollon parmi les bergers'' de Schick, et son ''Portrait de Wilhelmine Cotta'' dont la manière rejoint les portraits de [[François Gérard]], notamment celui de Madame Récamier<ref name="Faroult72"/>. Arrivé à Rome, Schick renie cet enseignement<ref>{{harvsp|Nerlich|2005|p=27}}</ref> tandis que Wächter s'en éloigne pour aller vers une esthétique épurée sous l'influence des œuvres de Carstens. Ce néo-classicisme épuré est aussi ce qui caractérise l'un des tout dernier néo-classiques allemands, [[Bonaventura Genelli]] d'origine danoise comme Carstens.




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=== Déclin du néo-classicisme davidien ===
=== Déclin du néo-classicisme davidien ===


La période qui va de l'exil de [[Jacques-Louis David]] en 1815 à 1825 année de sa mort, marque le déclin progressif du néo-classicisme davidien, supplanté par le Romantisme qui s'impose avec les œuvres de [[Théodore Géricault|Géricault]] et [[Eugène Delacroix|Delacroix]], artistes qui avaient été formés auparavant par le peintre néo-classique Pierre-Narcisse Guérin<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=286}}</ref>. La [[Restauration (histoire de France)|Restauration]] continue de soutenir l'école de David, et la plupart de ses artistes, dont [[François Gérard]], [[Girodet]], et [[Antoine-Jean Gros]], se rallient au nouveau régime et deviennent les peintres officiels des rois [[Louis XVIII]] et [[Charles X (roi de France)|Charles X]]. Seul David doit s'exiler à cause de son passé révolutionnaire<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=56}}</ref>. N'étant plus motivés par la forte personnalité de leur ancien maître, et perdant progressivement l'inspiration qui faisait leur originalité, ces principaux représentants de l'école de David entament leur déclin, marqués par la désaffection du public et une critique de plus en plus négative<ref name="Eitner57">{{harvsp|Eitner|2007|p=57}}</ref>. Le Salon de 1824 est l'événement qui marque cette rupture artistique et l'émergence du Romantisme avec l'exposition retentissante des ''Massacres de Scio'' de Delacroix<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=294}}</ref>.
La période qui va de l'exil de [[Jacques-Louis David]] en 1815 à 1825, année de sa mort, marque le déclin progressif du néo-classicisme davidien, supplanté par le Romantisme qui s'impose avec les œuvres de [[Théodore Géricault|Géricault]] et [[Eugène Delacroix|Delacroix]], artistes formés auparavant par le peintre néo-classique Pierre-Narcisse Guérin<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=286}}</ref>. La [[Restauration (histoire de France)|Restauration]] continue de soutenir l'école de David, et la plupart de ses artistes, dont [[François Gérard]], [[Girodet]], et [[Antoine-Jean Gros]], se rallient au nouveau régime et deviennent les peintres officiels des rois [[Louis XVIII]] et [[Charles X (roi de France)|Charles X]]. Seul David doit s'exiler à cause de son passé révolutionnaire<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=56}}</ref>. N'étant plus motivés par la forte personnalité de leur ancien maître et perdant progressivement l'inspiration qui faisait leur originalité, ces principaux représentants de l'école de David entament leur déclin, marqués par la désaffection du public et une critique de plus en plus négative<ref name="Eitner57">{{harvsp|Eitner|2007|p=57}}</ref>. Le Salon de 1824 est l'événement qui marque cette rupture artistique et l'émergence du Romantisme avec l'exposition retentissante des ''Massacres de Scio'' de Delacroix<ref>{{harvsp|Chastel|1996|p=294}}</ref>.


Durant son exil bruxellois, David cherche à revenir aux fondamentaux de la peinture d'histoire antique, mais sa production n'est pas marquée par des œuvres de la dimensions du ''Serment des Horaces'' ou des ''Sabines''<ref name="Eitner57"/>. Il s'oriente par ses sujets vers une peinture d'histoire anecdotique et d'inspiration érotique, dont ''L'Amour et Psyché'' est caractéristique. Sa dernière œuvre ambitieuse ''[[Mars désarmé par Vénus|Mars désarmé par Vénus et les Grâces]]'' est reçue, lors de son exposition en 1824, par les réserves de la critique, déconcertée par la trivialité du sujet, et qui remarque les faiblesses d'exécution due à l'âge, le manque de vigueur et les tonalités vives qu'il a adopté en Belgique<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=54}}</ref>.
Durant son exil bruxellois, David cherche à revenir aux fondamentaux de la peinture d'histoire antique, mais sa production n'est pas marquée par des œuvres de la dimension du ''Serment des Horaces'' ou des ''Sabines''<ref name="Eitner57"/>. Il s'oriente par ses sujets vers une peinture d'histoire anecdotique et d'inspiration érotique, dont ''L'Amour et Psyché'' est caractéristique. Sa dernière œuvre ambitieuse ''[[Mars désarmé par Vénus|Mars désarmé par Vénus et les Grâces]]'' est reçue, lors de son exposition en 1824, par les réserves de la critique, déconcertée par la trivialité du sujet, et qui remarque les faiblesses d'exécution dues à l'âge, le manque de vigueur et les tonalités vives qu'il a adoptés en Belgique<ref>{{harvsp|Eitner|2007|p=54}}</ref>.


La fin de carrière de Girodet montre des signes de déclin dès les années 1814, notamment à cause de problèmes de santé. L'une de ses dernières œuvres ''Pygmalion et Galatée'', de 1819 se caractérise par sa faiblesse d'exécution et son manque de précision<ref name="Eitner74">{{harvsp|Eitner|2007|p=74}}</ref>. Sa mort en 1824 un an avant celle de David, fut pour cette génération d'artistes la fin du mouvement davidien<ref name="Eitner74"/>. Rallié dès les premières années de la Restauration au régime monarchique, François Gérard poursuit sa carrière de portraitiste de cour. Il marque son soutien indéfectible au régime avec ''L'Entrée d'Henri IV à Paris'' (1817) peinture de propagande royaliste<ref name="Eitner79">{{harvsp|Eitner|2007|p=79}}</ref>. En 1820 il réalise ''Le Sacre de Charles X'', réplique bourbonienne du ''Sacre de Napoléon'' de David. Ses dernières œuvres importantes témoignent d'un style devenu raide et emphatique, aussi bien dans des sujets néo-classiques comme ''Daphnis et Chloé'' de 1824, que dans ''Corinne au cap Misène'' d'inspiration romantique<ref name="Eitner79"/>.
La fin de carrière de Girodet montre des signes de déclin dès les années 1814, notamment à cause de problèmes de santé. L'une de ses dernières œuvres, ''Pygmalion et Galatée,'' de 1819 se caractérise par sa faiblesse d'exécution et son manque de précision<ref name="Eitner74">{{harvsp|Eitner|2007|p=74}}</ref>. Sa mort en 1824 un an avant celle de David fut pour cette génération d'artistes la fin du mouvement davidien<ref name="Eitner74"/>. Rallié dès les premières années de la Restauration au régime monarchique, François Gérard poursuit sa carrière de portraitiste de cour. Il marque son soutien indéfectible au régime avec ''L'Entrée d'Henri IV à Paris'' (1817), peinture de propagande royaliste<ref name="Eitner79">{{harvsp|Eitner|2007|p=79}}</ref>. En 1820 il réalise ''Le Sacre de Charles X'', réplique bourbonienne du ''Sacre de Napoléon'' de David. Ses dernières œuvres importantes témoignent d'un style devenu raide et emphatique, aussi bien dans des sujets néo-classiques comme ''Daphnis et Chloé'' de 1824 que dans ''Corinne au cap Misène'' d'inspiration romantique<ref name="Eitner79"/>.


Antoine-Jean Gros succède à David en reprenant son atelier, et se fit le défenseur de ses doctrines, en abandonnant ce qui faisait l'originalité de sa peinture pour se conformer à une esthétique de plus en plus dépourvue d'imagination<ref name="Chastel288">{{harvsp|Chastel|1996|p=288}}</ref>. Devenant le chef de file de l'école, il renie son œuvre antérieure, et adopte un style plus classique sous l'influence de son ancien maître avec qui il a gardé le contact<ref name="Eitner65">{{harvsp|Eitner|2007|p=65}}</ref>. Si l'''Embarquement de la duchesse d'Angoulème'' (1819), est encore marqué par un style héroïque, rappelant son chef-d'œuvre ''La Bataille d'Eylau'', son dernier tableau ''Hercule et Diomède'' témoigne de la baisse de qualité de sa peinture, et est fortement rejeté par la critique<ref name="Chastel288"/>. La jeune génération d'artistes romantiques qui avait été influencée par ses œuvres napoléoniennes, s'éloigne et dénigre cette manière de peindre. Gros, désavoué par cet accueil public et critique, se suicide par désespoir en se noyant dans la Seine<ref name="Eitner65"/>.
Antoine-Jean Gros succède à David en reprenant son atelier et se fait le défenseur de ses doctrines, en abandonnant ce qui faisait l'originalité de sa peinture pour se conformer à une esthétique de plus en plus dépourvue d'imagination<ref name="Chastel288">{{harvsp|Chastel|1996|p=288}}</ref>. Devenant le chef de file de l'école, il renie son œuvre antérieure, et adopte un style plus classique sous l'influence de son ancien maître, avec qui il a gardé le contact<ref name="Eitner65">{{harvsp|Eitner|2007|p=65}}</ref>. Si l'''Embarquement de la duchesse d'Angoulème'' (1819) est encore marqué par un style héroïque, rappelant son chef-d'œuvre ''La Bataille d'Eylau'', son dernier tableau ''Hercule et Diomède'' témoigne de la baisse de qualité de sa peinture et est fortement rejeté par la critique<ref name="Chastel288"/>. La jeune génération d'artistes romantiques, qui avait été influencée par ses œuvres napoléoniennes, s'éloigne et dénigre cette manière de peindre. Gros, désavoué par cet accueil public et critique, se suicide par désespoir en se noyant dans la Seine<ref name="Eitner65"/>.




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== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
=== Généralités ===
=== Généralités ===
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* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe|nom1=Roberts-Jones|lien auteur1=|directeur=oui|titre= Histoire de la peinture en Belgique du {{S-|XIV}} à nos jours |sous-titre= depuis les premiers maîtres des anciens Pays-Bas méridionaux et de la Principauté de Liège jusqu'aux artistes contemporains |lien éditeur=La Renaissance du livre|éditeur= La Renaissance du livre |lieu= Bruxelles |année=1995|mois=|jour=|collection=|année première édition=|réimpression=|tome=|volume=|titre volume=|pages totales=|format=|isbn= 2804122174 |issn=|issn2=|issn3=|oclc=|bnf=|partie=|numéro chapitre=|titre chapitre=|passage=|présentation en ligne=|lire en ligne=|consulté le=|commentaire=|extrait=|id=|référence=}}
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* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=André|nom1=Chastel|lien auteur1=André Chastel|titre=L'Art Italien|sous-titre=|lien éditeur=Éditions Flammarion|éditeur=Flammarion|lieu=Paris|année=1995|mois=|jour=|collection=Tout l'Art|année première édition=|réimpression=|tome=|volume=|titre volume=|pages totales=|format=|isbn=2080122614|issn=|issn2=|issn3=|oclc=|bnf=|partie=|numéro chapitre=XII|titre chapitre=Le néo-classique : 1750-1830, la peinture|passage=470-472|présentation en ligne=|lire en ligne=|consulté le=|commentaire=|extrait=|id=|référence=}}
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* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=André|nom1=Chastel|lien auteur1=|titre=L'Art français|sous-titre=|lien éditeur=Éditions Flammarion|éditeur=Flammarion|lieu=Paris|année=1996|mois=|jour=|collection=|année première édition=|réimpression=|tome=|volume=4|titre volume=le Temps de l'éloquence, 1775-1825|pages totales=|format=|isbn= 2-08-010203-6 |issn=|issn2=|issn3=|oclc=|bnf=36692913d|partie=|numéro chapitre=|titre chapitre=|passage=|présentation en ligne=|lire en ligne=|consulté le=|commentaire=|extrait=|id=|référence=}}
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* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Hugh|nom1=Honour|lien auteur1=Hugh Honour|traducteur=Pierre-Emmanuel Dauzat|titre=Le Néo-classicisme |sous-titre=|numéro d'édition=|éditeur=Librairie générale française|lien éditeur=Librairie générale française|collection=le Livre de poche|lieu=Paris|jour=|mois=|année=1998|volume=|tome=|pages totales=|passage=|isbn= 2253904503 |lire en ligne=|consulté le=|id=}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Hugh|nom1=Honour|lien auteur1=Hugh Honour|traducteur=Pierre-Emmanuel Dauzat|titre=Le Néo-classicisme|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie générale française]]|collection=le Livre de poche|année=1998|pages totales=283|isbn=2-253-90450-3}}


* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Michael|nom1=Levey|lien auteur1=|directeur1=|traducteur=Jean-François Allain|préface=|titre=L'Art du {{S-|XVIII}}|sous-titre=Peinture et sculpture en France 1700-1789|titre original=Painting and sculpture in France, 1700-1789|numéro d'édition=|collection=|série=|numéro dans collection=|lien éditeur=Groupe Flammarion|éditeur=Flammarion |lieu=Paris|année=1998|mois=|jour=|année première édition=|réimpression=|tome=|volume=|titre volume=|pages totales=|format=|isbn= 2080124226|isbn2=|isbn3=|issn=|issn2=|issn3=|oclc=|bnf=|partie=|numéro chapitre=|titre chapitre=|passage=|présentation en ligne=|lire en ligne=|consulté le=|commentaire=|extrait=|id=|référence=}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Michael|nom1=Levey|traducteur=Jean-François Allain|titre=L'Art du {{S-|XVIII}}|sous-titre=Peinture et sculpture en France 1700-1789|titre original=Painting and sculpture in France, 1700-1789|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|année=1998|pages totales=318|isbn=2-08-012422-6}}


* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Rosenberg|lien auteur1=|directeur1=oui|prénom2=Jean-Pierre |nom2=Caillet|lien auteur2=|prénom3=Alain|nom3=Cueff|lien auteur3=|prénom4=Fabienne |nom4=Joubert|lien auteur4=|préface=|titre=La Peinture française|sous-titre=|lien éditeur=|éditeur=Mengès|lieu=Paris|année=2001|mois=|jour=|année première édition=|réimpression=|tome=2|volume=|titre volume=Du néo-classicisme à nos jours|pages totales=|format=|isbn=2-8562-0422-8|issn=|issn2=|issn3=|oclc=|bnf= |partie=|numéro chapitre=|titre chapitre=|passage=|présentation en ligne=|lire en ligne=|consulté le=|commentaire=|extrait=|id=Peinture française|référence=}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Rosenberg|directeur1=oui|prénom2=Jean-Pierre|nom2=Caillet|prénom3=Alain|nom3=Cueff|prénom4=Fabienne|nom4=Joubert|titre=La Peinture française|tome=2|titre volume=Du néo-classicisme à nos jours|lieu=Paris|éditeur=Mengès|année=2001|pages totales=1038|isbn=2-85620-422-8|id=Peinture française}}


* {{Chapitre| langue =en | prénom1 =Rosalind P. | nom1 =Gray | postnom1 = | lien auteur1 = | responsabilité1 = | directeur1 = | prénom2 = | nom2 = | postnom2 = | lien auteur2 = | responsabilité2 = | directeur2 = | traducteur = | titre chapitre = Neoclassicism | sous-titre chapitre = | auteurs ouvrage =James R. Millar | titre ouvrage = Encyclopedia of russian history | sous-titre ouvrage = | lien titre ouvrage = | titre original = | numéro d'édition = | collection = | série = | numéro dans collection = | lieu = | éditeur =Macmillan | lien éditeur =Macmillan Publishers | jour = | mois = | année =2004 | année première édition = | réimpression = | tome =3 | volume = | titre volume = | page début chapitre = | passage =1036-1037 | pages totales = | format = | isbn =0-02-865696-2 | isbn2 = | isbn3 = | issn = | issn2 = | issn3 = | présentation en ligne = | lire en ligne = | oclc = | bnf = | doi = | jstor = | consulté le = | id =| libellé = | référence = | référence simplifiée = | COinS = }}
* {{Chapitre| langue =en | prénom1 =Rosalind P. | nom1 =Gray | titre chapitre = Neoclassicism | sous-titre chapitre = | auteurs ouvrage =James R. Millar | titre ouvrage = Encyclopedia of russian history | éditeur =Macmillan | lien éditeur =Macmillan Publishers | année =2004 | tome =3 | passage =1036-1037 | isbn =0-02-865696-2 }}


* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Dominique|nom1=Lobstein|lien auteur1=|directeur1=|prénom2=|nom2=|lien auteur2=|directeur2=|titre=Les Salons au {{s-|XIX}}|sous-titre=Paris, capitale des arts|numéro d'édition=|éditeur=Éditions de la Martinière|lien éditeur=|collection=|lieu=Paris|jour=|mois=|année=2006|volume=|tome=|pages totales=|passage=|isbn= 2-7324-3383-7|lire en ligne=|consulté le=|id=}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Dominique|nom1=Lobstein|titre=Les Salons au {{s-|XIX}}|sous-titre=Paris, capitale des arts|lieu=Paris|éditeur=[[La Martinière Groupe|Éditions de la Martinière]]|année=2006|pages totales=303|isbn=2-7324-3383-7}}


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* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Lorenz|nom1=Eitner|titre=La Peinture du {{s-|XIX}} en Europe|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Hazan|Hazan]]|année=2007|pages totales=815|isbn=978-2-7541-0195-0}}


* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Rolf|nom1=Toman|lien auteur1=|directeur1=oui|prénom2=|nom2=|lien auteur2=|directeur2=|prénom3=|nom3=|lien auteur3=|directeur3=|titre=Néoclassicisme et Romantisme|sous-titre=Architecture - Sculpture - Peinture - Dessin, 1750-1848|numéro d'édition=|éditeur=H.F.Ullmann|lien éditeur=|collection=|lieu= Potsdam |jour=|mois=|année=2007|volume=|tome=|pages totales=|passage=|isbn= 978-3-8331-3557-6}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|prénom1=Rolf|nom1=Toman|directeur1=oui|titre=Néoclassicisme et Romantisme|sous-titre=Architecture - Sculpture - Peinture - Dessin, 1750-1848|lieu=Potsdam|éditeur=H.F.Ullmann|année=2007|pages totales=520|isbn=978-3-8331-3557-6}}


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=== Genres et thèmes ===
=== Genres et thèmes ===


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=== Monographies ===
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Jean-Rémi Mantion, "Une étrange lacune: le paysage en peinture au XIXe siècle", Critique n° 785, Octobre 2012


== Voir aussi ==
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* [[Style Empire]]
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* [[Jean-Auguste-Dominique Ingres]]
* [[Jean-Auguste-Dominique Ingres]]
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[[Catégorie:Peinture néo-classique| ]]
[[Catégorie:Peinture néo-classique| ]]

Dernière version du 16 mai 2024 à 17:16

Jacques-Louis David : Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils (1789), musée du Louvre.

La peinture néo-classique est un courant pictural issu du néo-classicisme qui apparaît à la seconde moitié du XVIIIe siècle et se poursuit jusqu'aux débuts du XIXe siècle, succédant au rococo, et précédant la peinture romantique.

Comme les autres disciplines artistiques (architecture, sculpture, arts graphiques et décoratifs), la peinture néo-classique se situe dans le mouvement de retour à l'antique lancé à partir de 1750 par les écrits des archéologues et amateurs d'art dont Winckelmann et Caylus. Elle connaît une évolution vers un style de plus en plus rigoureux en se détachant de l'influence du rococo par le choix d'une composition inspirée des bas-reliefs antiques, avec des tons généralement sombres, des sujets inspirés de l'histoire antique, de la mythologie grecque ou romaine, et d'une technique « lisse » ne laissant pas apparaître de traces de brosses. Cependant, le néo-classicisme pictural entend dépasser la représentation des seuls sujets antiques pour aller vers des représentations de sujets contemporains (la Mort du général Wolfe, le Sacre de Napoléon) de portraits et de paysages.

Les principaux chefs de file de ce mouvement furent, successivement, Anton Raphaël Mengs entre 1760 et 1779 et Jacques-Louis David de 1784 à 1824.

Contexte[modifier | modifier le code]

L'apparition du néo-classicisme à la fin du siècle des Lumières est marqué par un recul de l'influence française en Europe à partir de la guerre de Sept Ans. La rigueur et la simplicité des formes qui le caractérise est une réaction de rejet d'un style français fait de grandiloquence et de frivolité qui marque l'art rococo, que les Anglais et les Allemands jugent pernicieux et superficiel[1]. Raphaël Mengs intitule l'un de ses cours donné au Vatican, Contre le goût français caractérisé par la profusion d'ornements insignifiants[2]. Par contre l'essor de l'influence anglaise et particulièrement l'anglomanie favorise l'intérêt pour les cabinets de curiosité et les découvertes archéologiques. Pierre Cabanne note cependant que c'est en France que le néo-classicisme aura le plus d'importance[2]. Parallèlement les fouilles effectuées à Pompéi et Herculanum ravivent l'intérêt pour l'Antiquité romaine.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Formes générales[modifier | modifier le code]

Joseph-Marie Vien : La Douce Mélancolie (1756), Cleveland Museum of Art.

Dans la peinture néo-classique et plus spécifiquement dans le genre de la peinture d'histoire, le cadre se caractérise par une composition à la perspective frontale. Les différents plans sont parallèles les uns aux autres, avec un espace fermé et délimité par des éléments d'architecture (colonnes, murs, portes…), qui constitue une sorte de boîte dans laquelle les personnages et les éléments sont inscrits comme une scène de théâtre[3]. La facture des tableaux est lisse, ne laissant pas apparaître de trace de brosse, s'inspirant à la fois des fresques antiques de Pompei, et des peintures primitives de la Renaissance. En dehors de la peinture à l'huile médium généralement employé par les artistes de ce courant, certains d'entre eux expérimentent des techniques anciennes, comme Joseph-Marie Vien et Paillot de Montabert qui redécouvrent la peinture à l'encaustique, ou encore Jean-Auguste-Dominique Ingres qui peint Romulus, vainqueur d'Acron à la tempera. Les couleurs sont accessoires et soutiennent le dessin[4], les gammes sont éteintes, les peintres privilégiant les tons rompus. Les ombres contrastées et violentes font référence au clair-obscur hérité du caravagisme[5].

Technique et composition[modifier | modifier le code]

Exemple de composition orthogonale basée sur la frise, Romulus, vainqueur d'Acron; d'Ingres (1812).

Le baroque et le rococo se caractérisaient par des compositions basées sur la structure pyramidale, le néo-classicisme change les règles de composition picturale, en proposant des constructions en frise à l'exemple des bas-reliefs de l'Antiquité. Cette conception du cadre se retrouve dans le Parnasse de Raphaël Mengs, dans les tableaux d'histoire de Jacques-Louis David, du Serment des Horaces à Mars désarmé par Vénus, ce qui lui vaut une critique de Jean-Baptiste Pierre : « Dans vos Horaces, vous avez mis vos trois figures sur la même ligne, ce qui ne s'était jamais vu depuis qu'on fait de la peinture. (…) Mais où avez-vous vu qu'on pût faire une composition sans employer la ligne pyramidale ? »[6], ou dans Romulus, vainqueur d'Acron d'Ingres.

Basée sur le principe du rabattement des petits côtés du rectangle, la surface est délimitée par des lignes orthogonales. Les attitudes et les gestes des personnages s'appuient sur les diagonales, verticales et horizontales qui en résultent. Un dessin de Girodet, préparatoire à son tableau Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès, conservé à l'école nationale supérieure des Beaux-arts, montre un exemple de cette construction[7].

Genre et thèmes[modifier | modifier le code]

Peinture d'histoire[modifier | modifier le code]

La peinture d'histoire est le genre associé à la peinture néo-classique. Les thèmes exaltant des valeurs d'héroïsme ou de vertus morales sont repris des récits antiques d'Homère ou de Plutarque. L'histoire romaine et grecque (le Serment des Horaces, les Sabines, Léonidas aux Thermopyles, la Mort de Socrate), la mythologie (Andromaque pleurant la mort d'Hector, l'Éducation d'Achille), la peinture d'histoire moderne et contemporaine (Molé et les factieux , Bonaparte au pont d'Arcole), et la peinture d'histoire religieuse.

Portrait[modifier | modifier le code]

Le portrait néo-classique connaît une évolution, à partir du début du mouvement, encore sous l'influence de l'esthétique du portrait baroque et rococo. Le genre quitte les cercles académiques pour devenir un genre aristocratique et bourgeois marqué par les premiers portraits de société[8] et que l'on trouve chez Pompeo Batoni. Celui-ci se fait une spécialité des portraits de voyageurs anglais et russes qui font leur Grand Tour. Ses portraits mettent en scène le modèle dans un décor de vestiges antiques où l'on peut reconnaître certaines sculptures classiques en arrière plan[8]. L'artiste traduit les théories du peintre Joshua Reynolds, défenseur du portrait intellectuel, dont le but est de proposer une représentation sociale du modèle dépassant la simple ressemblance[8]. David satisfait aussi à cette nouvelle tradition, avec son portrait équestre du comte Potocki, présentant l'amateur d'antiquité polonais sur un cheval à la manière des portraits de Van Dyck[9].

Après la Révolution, l'antique influence la mode vestimentaire féminine. Les femmes adoptent la robe « à l'antique » marquée par la simplicité de la coupe, et les transparences des étoffes[10]. Cette mode se traduit dans les portraits féminins néo-classiques, dont l'exemple le plus significatif est le portrait de Madame Récamier de David. Le caractère antique du tableau est renforcé par la simplicité du traitement pictural, caractéristique de l'artiste, en particulier avec les fonds nus peints en frottis[9].

Nu[modifier | modifier le code]

Thème central dans le néo-classicisme (autant en peinture qu'en sculpture), le nu est le type de représentation destiné à montrer la perfection des formes. Le retour vers un idéal formel hérité de l'antique s'oppose aux exagérations du baroque et à la sensualité du rococo[11]. Il s'agit pour les artistes, de revenir à des considérations morales et vertueuses et à débarrasser le nu de sa nature libertine. De l'apparition à cette période de nus masculins de tendance héroïque symbolisant le courage, la vertu, au style net et lisse, et à la carnation sobre, inspirée par les marbres antiques[12]. Les peintres néo-classiques vont présenter une grande diversité dans la représentation du nu, des nus héroïques des peintres d'histoire, jusqu'aux expérimentations plastiques d'Ingres[11]. La formation académique de David l'orientait naturellement vers la représentation du nu, mais ce n'était pas un thème de prédilection. En dehors de certaines académies peintes à Rome, l'importance qu'il accorde au nu se manifeste dans le cadre de ses peintures d'histoire avec les Sabines jusqu'à Mars désarmé par Vénus[13]. Une des rares exception est sa Psyché abandonnée, longtemps considérée comme perdue et retrouvée dans les années 1990, seul exemple connu d'un nu féminin dans sa peinture. Le style épuré, avec peu d'effets expressifs en dehors du visage, rattache cette toile aux académies d'atelier codifiées par le concours du prix Latour[14]. Cette forme de nu avait inspiré en 1791 son élève Antoine-Jean Gros avec une baigneuse en demi-figure[14]. Autre élève de David, Anne-Louis Girodet défraye la chronique en 1799 avec un nu féminin qui est une charge contre la comédienne Mademoiselle Lange, portraiturée nue en Danaé, toile qui fit scandale au Salon de 1799[15]. Ingres fait du nu le thème central de plusieurs de ses toiles et privilégie le nu féminin. Son néo-classicisme est marqué par la pureté des contours, un modelé discret et une défiance vis-à-vis de la couleur, fidèle au dogme du retour à l'antique[13]. Cependant cette recherche de perfection de la forme est trahie par la sensualité du traitement de ses nus, qui le rapproche de Rubens[16].


Paysage[modifier | modifier le code]

Le genre du paysage néo-classique doit plus à l'influence de Nicolas Poussin et de Claude le Lorrain qu'à celle de l'antique, dont trop peu de témoignages existaient en peinture[17]. En l'absence de modèles picturaux antiques, les artistes suivent la tradition classique du paysage historique représenté au XVIIe siècle par Poussin. En France Pierre-Henri de Valenciennes en est le principal représentant[18]. Il publie en 1799 un traité théorique et influent sur la peinture de paysage : Élémens de perspective pratique à l'usage des artistes, suivis de réflexions et conseils à un élève sur la peinture et particulièrement sur le genre du paysage où il expose sa vision du genre, qui se démarque de la manière considérée plus anecdotique de Joseph Vernet, grand représentant du paysage au XVIIIe siècle, ou d'Hubert Robert[19]. Il est suivi par Nicolas Antoine Taunay, son disciple Jean-Victor Bertin et Jean-Joseph-Xavier Bidauld. Le paysage néo-classique se caractérise par la représentation d'architectures antiques à la manière de Poussin, inspirées de thèmes historiques ou mythologiques, avec des perspectives géométriques marquées, une facture claire et la netteté des plans[19]. Le paysage néo-classique inspira des peintres comme Camille Corot, qui fut élève de Bertin, ou Joseph Mallord William Turner, qui peint plusieurs paysages d'inspiration néo-classique, où il fait référence à Valenciennes et aux compositions verticales de Bertin, en y ajoutant une touche plus personnelle[20].

En Allemagne, le paysage néo-classique est introduit dans la peinture par le peintre bavarois Johann Christian Reinhart, qui s'installe à Rome et est à la tête d'un groupe de paysagistes dont le plus notable est Joseph Anton Koch[21]. Ce groupe défend une conception sublimée et héroïque du paysage, peignant des paysages imaginaires[21]. Il s'oppose à une imitation de la réalité que défend un autre paysagiste allemand Jacob Philipp Hackert, formé par Nicolas-Blaise Lesueur, plus marqué par la tradition française du paysage classique-baroque[22]. Chez Koch les paysages grecs reflètent sa vision poétique de l'antiquité, basée sur le mythe de l'Âge d'or et influencée par Poussin[21]. Pour lui, « la simple imitation de la nature est bien au-dessous de l'art. »[21]. Il transpose sa vision héroïque et poétique dans un paysage de Suisse, les Chutes du Schmadribach peint en 1822[23].


Déclin de la nature morte[modifier | modifier le code]

Nature morte peinte à Pompéi (vers 70 avant J;C.).

La nature morte connaît, durant la période du néo-classicisme, une phase de pénurie, liée au mépris des académies pour ce genre désigné comme « inférieur ». Mépris qui perdure durant la Révolution[24]. Pour l'historien d'art Charles Sterling : « il est évident que l'esthétique davidienne ne pouvait pas réserver de place à la nature morte. »[24]. Le paradoxe étant que les peintres néo-classiques, pourtant attachés à l'inspiration de la nature, connaissaient l'existence des xenia, ces natures-mortes de l'antiquité romaine, découvertes à Pompéi et Herculanum, mais les dénigraient et les considéraient comme des « amusements ». Cette indifférence, ou ce refus de les prendre en considération s'explique, selon Sterling, parce que la présence de ces peintures s'opposait à l'idée que ces artistes se faisaient de l'antiquité, essentiellement basée sur l'idéalisation de la figure humaine[24]. Seuls les artistes décorateurs s'en inspirèrent, pour la décoration des papiers peints sous le premier Empire[24].

Pour Étienne Jolet, David, même s'il n'a pas peint de nature morte, témoigne dans sa peinture d'une co-présence entre figure et objets donnant à ces derniers autant d'importance qu'aux premiers[25]. Dans plusieurs œuvres du peintre, les objets prennent une importance narrative et symbolique. Dans La Douleur d'Andromaque le trophée d'armes au premier plan à gauche et le candélabre à droite participent autant à la narration que les figures. Dans Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils une corbeille contenant le nécessaire à couture est mise en valeur presque au centre de la toile[25]. Un autre exemple notable est l'ensemble d'instruments de chimie qui trône sur la table du Portrait d'Antoine-Laurent Lavoisier et de sa femme[25]. Pour Jollet, l'œuvre de David, par ses oppositions entre figures réifiées et animation des choses, peut être considérée comme annonciatrice de la nature morte du XIXe siècle dans « son trait le plus stable »[26].

Modèles et influences[modifier | modifier le code]

L'antique[modifier | modifier le code]

La peinture antique[modifier | modifier le code]

La Marchande d'Amours fresque de la Villa d’Ariane à Stabies, musée archéologique de Naples.

L'une des premières préoccupations des peintres néo-classiques est de revenir aux sources de la peinture antique, telle qu'ils la conçoivent d'après les écrits du comte de Caylus, ardent défenseur de ce retour à l'antique dans la peinture, notamment à travers son Recueil des Antiquités de 1757. Celui-ci encourage les artistes à tenter de reproduire les pratiques de la peinture de l'antiquité. Sous sa direction, les peintres Joseph-Marie Vien et Louis-Joseph Le Lorrain essaient de retrouver ces techniques anciennes comme la peinture à l'encaustique, et de reconstituer certaines œuvres disparues, connues par les écrits de l'antiquité[27]. Lors du Salon de 1755, Vien présente les résultats de ses expérimentations à travers six peintures à l'encaustique sur bois dans la manière antique[28]. Le style se veut primitif, par l'absence de profondeur, la simplification des formes et la linéarité des contours, suivant en cela ce que les peintres interprètent comme les caractéristiques de la peinture antique.

La révélation des fresques d'Herculanum durant les années 1750 et Pompéi vers les années 1760, amène une partie des artistes et des intellectuels à reconsidérer le modèle de la peinture antique, le trouvant déficient dans ses caractéristiques formelles[27]. Charles-Nicolas Cochin dans ses Observations sur les antiquités de la ville d'Herculanum, avec quelques réflexions sur la peinture et la sculpture des anciens (1754), se fait très critique et considère ces peintures murales comme « faibles de couleur et de desseins, il y a peu de génie dans leur composition et toutes les parties de l'art y sont dans une médiocrité à peu près égales[29]. » Pour Johann Joachim Winckelmann leurs faiblesses artistiques s'expliquent par la période à laquelle elles ont été réalisées, sous l'empereur Néron, correspondant à une phase de déclin de la peinture antique[30]. Seuls des amateurs d'antiquité, comme Gavin Hamilton et le comte de Caylus, trouvent de l'intérêt à ces vestiges archéologiques[30].

Vien expose au salon de 1763 sa Marchande d'Amours, première tentative de reconstitution d'une peinture antique existante découverte en 1759 à Gragnano. Cependant, dans le livret du Salon, il relativise l'authenticité de sa démarche, insistant sur la distance prise entre sa peinture et son modèle archéologique, prenant en compte les critiques des peintures antiques représentés par Cochin[31]. Quant à Raphaël Mengs, l'emprunt des figures d'Apollon et des danseuses tirées des peintures d'Herculanum, pour sa fresque Le Parnasse, sont modifiées au point de ne pouvoir les comparer aux modèles originaux[32]. Les peintres préfèrent alors se tourner, sous l'influence de Winckelmann, vers le modèle de la statuaire antique corrigé par l'étude des maîtres de la Renaissance Raphaël, Le Corrège et Titien[33].

Les maîtres de la Renaissance[modifier | modifier le code]

Pour les théoriciens du néo-classicisme, l'art de la Renaissance italienne est ce qui se rapproche le plus de leur vision de l'idéal et de la pureté de l'art Antique. Des artistes de cette période, Raphaël en est la principale influence[34]. Le premier grand projet pictural du néo-classicisme, le Parnasse d'Anton Raphaël Mengs peint pour le plafond de la villa Albani, prend son inspiration directe de la fresque le Parnasse de Raphaël, peint pour la décoration de la Chambre de la Signature au Vatican, mais aussi de l'École d'Athènes dont Mengs avait fait une copie[35].

Le classicisme[modifier | modifier le code]

Nicolas Poussin, la Mort de Germanicus, 1627 Minneapolis Institute of Arts.

Les peintres néo-classiques puisent dans l'art classique du XVIIe siècle français, et plus particulièrement chez Nicolas Poussin, une de leurs principales sources d'inspiration. Les théoriciens du retour à l'antique, font de Poussin l'exemple à suivre dans le grand genre de la peinture d'histoire, même si Winckelmann le place après Raphaël[36]. Il est considéré comme l'intermédiaire, pouvant faire comprendre aux artistes modernes les vestiges de la peinture de l'antiquité[36]. En Angleterre depuis le début du XVIIIe siècle, il bénéficie d'une importante postérité[37], Gavin Hamilton et Benjamin West s'inspirent en grande partie de son œuvre dont l'influence marque leurs tableaux, autant dans les sujets mythologiques que dans la composition en bas-relief[38]. Jacques-Louis David, durant toute sa carrière, fait aussi référence au maitre du classicisme, dont l'austérité des sujets et des compositions influence ses premières œuvres importantes : Saint Roch intercédant la Vierge, Bélisaire demandant l'aumône, la Douleur d'Andromaque et le Serment des Horaces[39].

Histoire[modifier | modifier le code]

Les précurseurs[modifier | modifier le code]

L'apparition du néo-classicisme s'inscrit dans le mouvement de « retour à l'antique » promu à partir des années 1750. Ce mouvement n'est pas le fait d'un seul précurseur, mais plusieurs artistes à la même époque éprouvent le besoin d'une régénération de l'art pour combattre, selon les mots de Vien, une « vague de mauvais goût »[40]. Deux artistes sont considérés comme les précurseurs, ou du moins comme des annonciateurs de ce mouvement en peinture, l'Italien Pompeo Batoni et le Français Joseph-Marie Vien.

À Rome Batoni poursuit une tradition de classicisme qui, contrairement à la France, a perduré. Ses prédécesseurs Marco Benefial, Carlo Maratti et Sebastiano Conca avaient introduit un style académique, qui montrait plus de rigueur dans la composition. Toutefois chez Batoni le classicisme est encore empreint de maniérisme rococo dans la facture et dans le choix de thèmes souvent allégoriques. Une de ses toiles, Benoît XIV présentant l'encyclique ex-omnibus au duc de Choiseul, en est un exemple représentatif[41].

Tout comme Rome, la France connut une période de transition entre le rococo et le néo-classicisme, représentée notamment par Jean-Simon Berthélemy et son tableau Apollon et Sarpédon[42]. Après son retour de Rome en 1750, Joseph-Marie Vien fait évoluer son style rococo vers une manière dépouillée inspirée des Antiques. Sous l'influence des écrits de son protecteur le comte de Caylus, Vien produit une série de six peintures « à l'antique » réalisée à l'encaustique, dont le premier exemple est une tête de Minerve peinte en 1754. Ses thèmes souvent galants sont inspirés de la peinture rococo mais en employant des compositions simples à la manière grecque, comme sa Marchande d'amours de 1763 inspirée d'une peinture de Stabies.


Les premiers peintres néo-classiques[modifier | modifier le code]

Les quatre premiers représentants du néo-classicisme sont Gavin Hamilton, Benjamin West, Raphaël Mengs et Angelica Kauffmann. Influencé par Nicolas Poussin, qui devient son modèle pictural, le peintre écossais Gavin Hamilton entreprend à partir de 1758, lors de son séjour à Rome, une série de peintures d'histoire inspirée du cycle de l'Iliade de Poussin[43]. Son style emphatique caractérise le renouveau du néo-classicisme, qui influencera Jacques Louis David[43]. Une de ses toiles, Andromaque pleurant la mort d'Hector (1764), connaît un succès retentissant par l'intermédiaire des reproductions en gravures de Domenico Cunego[44]. Ce succès, non seulement à Rome mais aussi dans toute l'Europe, amène d'autres artistes anglo-saxons à suivre son exemple, s'appuyant eux aussi sur l'œuvre de Poussin et la sculpture antique[45].

D'un tempérament plus sobre, Benjamin West applique les théories de Winckelman dans sa peinture d'histoire qui, moins grandiloquente que celle d'Hamilton, s'adapte parfaitement au style néo-classique par l'absence d'éléments décoratifs et d'afféteries[46]. Mais c'est avec la Mort du général Wolfe que West va contribuer significativement et originalement au néo-classicisme en réalisant une peinture d'histoire à thèmes et costumes contemporains, qui rompaient avec la tradition d'un style essentiellement dévolu aux sujets antiques[47].

Angelica Kauffmann choisit quant à elle une voie plus sentimentale et moins rigoureuse dans son néo-classicisme, appliquée à sa peinture d'histoire et mythologique. Faisant la connaissance de Batoni à Rome, elle reprend dans ses portraits la formule qui avait fait le succès du peintre romain, en peignant des aristocrates en pieds, mais en y mettant plus de sensibilité[48] et une tendance à l'enjolivement[49]. À la fois influencée par Mengs et Hamilton, elle peint des scènes d'histoire d'inspiration troyenne, marquées par un sentimentalisme dans l'expression, en évoluant plus tard vers un souci plus archéologique[48]. Selon Michael Levey, cette manière faite de sentimentalisme et de sensibilité prenait le risque « de tomber dans une formule aussi superficielle que le plus extrême rococo »[49].


Mengs premier chef de file du mouvement[modifier | modifier le code]

Mengs est le peintre qui met en pratique le plus étroitement les théories de Winckelmann et est considéré par celui-ci comme « le plus grand peintre de son temps »[50]. Le Parnasse est le résultat de cette collaboration et le premier manifeste du néo-classicisme en peinture. Longtemps considérée comme l'œuvre clef de ce mouvement artistique[51], elle en définit le style par son refus des profondeurs et de la perspective, son attachement à la ligne et les attitudes figées des personnages[52]. La fresque reprend des éléments des peintures murales de Pompéi, ainsi que des références à Raphaël et Guido Reni.

Avec Jupiter et Ganymède, Mengs pousse son néo-classicisme vers l'exercice de style, en réalisant une fresque imitant le style pompéien sur un sujet qui est une allusion à l'homosexualité de Winckelmann. L'artiste la fait sciemment passer pour une authentique fresque antique afin de duper l'antiquaire allemand[32]. Cette supercherie organisée avec Giovanni Battista Casanova est liée à une affaire de faux antiques dont l'auteur, Giuseppe Guerra, avait abusé plusieurs amateurs et archéologues. Mengs veut aussi, par ce procédé, régler une controverse avec Winckelmann qui affirme que les peintures murales antiques étaient réalisées à la détrempe, tandis qu'il soutient qu'elles étaient peintes à fresque, technique utilisée pour son Jupiter et Ganymède[53]. La supercherie n'est découverte que dans les années 1950[51].


Le néo-classicisme britannique[modifier | modifier le code]

Les peintres britanniques étant plus portés vers l'érudition et la recherche d'authenticité dans le traitement de la peinture d'histoire que leurs homologues européens, ils jouent un rôle primordial dans la vogue du néo-classicisme[54]. Hormis Hamilton et West, d'autres peintres contribuent à l'essor de ce mouvement artistique entre 1760 et 1785. Cependant c'est aussi depuis la Grande-Bretagne que s'établit la contestation du dogme winckelmannien du beau, par l'intermédiaire du traité d'Edmund Burke Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau (1757). Sous l'influence de ce traité, des artistes évoluent vers une peinture plus expressive et se détachent des thèmes strictement antiques pour aller vers des sujets inspirés de Shakespeare ou Ossian, amorçant une évolution vers le préromantisme.

James Barry, ayant séjourné à Rome entre 1766 et 1769 avant de s'installer à Bologne l'année suivante, réalise en 1770 un Philoctete sur l'île de Lemnos qui est une illustration de l'interprétation du sublime de Burke et du traitement des émotions dans l'art antique, tels que Gotthold Ephraim Lessing les avait théorisés dans son Laocoon ou Des limites respectives de la poésie et de la peinture, ouvrage qui eut un grand impact sur l'art néo-classique après 1769[55].

Joseph Wright dit Wright of Derby auteur de scènes de genre en clair-obscur, sous l'impulsion de son commanditaire l'entrepreneur et amateur d'antiques Josiah Wedgwood, réalisa la Jeune Corinthienne, toile inspirée d'une légende rapportée par Pline l'Ancien et son pendant, Pénélope défaisant son ouvrage, dont la composition profilée prenait modèle sur les peintures des vases antiques. Ce tableau rencontra le succès lors de son exposition en 1785[56]. Peint par Wright en 1772, Miravan forçant la tombe de ses ancêtres, à travers l'évocation d'une scène illustrant la cupidité, peut être vu comme une critique contre le pillage des lieux antiques[57].


Füssli et Blake, du néo-classicisme au romantisme[modifier | modifier le code]

Johann Heinrich Füssli et William Blake, deux artistes atypiques et indépendants, traduisent dans leurs peintures une rupture dans le néo-classicisme et une évolution vers le romantisme. Dans le choix de thèmes fantastiques et bibliques, ils se situent dans la droite lignes des théories de Burke sur le sublime[58].

Figure à part dans le néo-classicisme, d'origine suisse et de formation littéraire, Füssli a traduit Winckelman en anglais[59]. Il se lance tardivement dans la peinture en 1768 sur les conseils de Joshua Reynolds. Ses premières œuvres, des lavis faits à Rome lors de son séjour entre 1770 et 1778, témoignent de l'influence des artistes néo-classiques qu'il fréquente, Mengs et David avec qui il se lie d'amitié[60], et en particulier, le sculpteur Johan Tobias Sergel[61]. À cette période il fait son dessin aquarellé Le Désespoir de l’artiste devant la grandeur des ruines antiques. Connaisseur de la culture grecque, en particulier d'Homère, elle lui sert de source d'inspiration pour ses dessins. À son retour en Angleterre, il réalise Le Serment de Grütli dont la composition et le thème inspiré de l'antique se retrouveront dans Le Serment des Horaces de David[38]. Connaisseur de Winckelman, il ne suit pas ses idées sur le beau, et s'oriente vers des visions cauchemardesques et fantastiques[38]. Sa peinture illustre le style « sublime » théorisé par Burke, en usant d'effets de pénombre et de confusion des formes, là où Winckelman préconisait la netteté des contours[62]. En 1782 il fait sensation en exposant le Cauchemar, œuvre qui préfigure, par son thème et l'ambiance sombre de la scène, le romantisme gothique.

Figure tout aussi particulière dans le néo-classicisme[63], William Blake va développer un style original sur des thèmes bibliques et médiévaux. À la base graveur, formé à la peinture d'histoire en 1779 à la Royal Academy, il va cependant se détacher de la doctrine qui y est enseignée pour devenir un artiste indépendant[64]. Ami de Füssli et Flaxman, dont les œuvres l'influencent, admirateur de James Barry[63] et marqué par les œuvres de Michel Ange[65], il évolue alors vers une peinture faite de fantastique et d’archaïsme, et se tourne principalement vers l'illustration d'auteurs anciens comme Dante et Milton et aussi de ses propres poèmes. Il privilégie la technique de l’aquarelle, plus appropriée à l'illustration. Sa carrière artistique prend un tour décisif quand il expose à la Royal Academy en 1785 trois aquarelles sur le thème de Joseph, ainsi que Les Lamentations de Job[66].


Le néo-classicisme en Italie après Batoni[modifier | modifier le code]

L'Italie et Rome en particulier, représentent le centre historique du néo-classicisme de par l'installation d'artistes germaniques, britanniques et français qui y puisent leurs modèles. Pourtant en peinture le néo-classicisme italien, représenté principalement par les écoles romaine et lombarde, est en retrait, à la différence de la sculpture où la figure d'Antonio Canova prédomine[67]. Ce paradoxe s'explique selon Pierre Cabanne par la trop grande proximité des vestiges et souvenirs rappelant l'histoire romaine aux artistes italiens[2].

Parmi les peintres de l'école romaine, Gaspare Landi, élève de Pompeo Batoni, réalise des fresques et se distingue par ses portraits. Autre figure du néo-classicisme romain, Vincenzo Camuccini, artiste officiel du pouvoir pontifical, laisse une importante production de peintures d'histoire et religieuses, dont la Mort de Jules César[67]. Pietro Benvenuti représentant du néo-classicisme florentin quant à lui, se spécialise dans la peinture d'histoire et devient sous l'Empire napoléonien peintre à la cour d'Élisa Bonaparte[68].

La figure la plus importante du néo-classicisme italien en peinture est le lombard Andrea Appiani, peintre et fresquiste, dont les décors peints de la villa royale de Monza et de la coupole de Santa Maria presso San Celso traduisent un style élégant hérité de l'académisme milanais[68]. Les influences de Léonard de Vinci et du Corrège, dont il emprunte les styles dans le traitement des cheveux ou des sourires, caractérisent sa manière sinueuse et ondoyante, dont Mario Praz observe dans la Toilette de Junon d'étranges analogies avec Gustave Moreau[69]. Premier artiste italien à se mettre au service de Napoléon, lors de la première campagne d'Italie, il réalise pour le palais royal de Milan une frise en grisaille, en faux bas-relief, Les Fastes de Napoléon Ier[70]. Les deux autres représentants du néo-classicisme lombard, sont Giuseppe Bossi et Luigi Sabatelli.


Le néo-classicisme germanique après Mengs[modifier | modifier le code]

La prééminence du néo-classicisme germanique aux premiers temps du mouvement et jusqu'à la Révolution française est liée à la forte présence d'artistes allemands à Rome. Ce groupe nommé les « Allemands de Rome »[71], réunis autour de Winckelman et Mengs, adoptèrent l'idéal néo-classique dont l'idée était d'exalter « la noble simplicité et la grandeur tranquille »[71]. Le néo-classicisme germanique connaît deux périodes : une première de tendance académique, marquée par l'influence de l'Antiquité, et une seconde qui voit l'essor du Sturm und Drang et s'inspire de la nature[72]. L'une des œuvres capitales et représentatives de cet état d'esprit est le portrait de Goethe dans la campagne romaine par Johann Heinrich Wilhelm Tischbein peint en 1787, symbolisant la fusion de la nature et de l'antiquité[73].

Vers les années 1780, cette domination germanique est contestée par la France, représentée par l'Académie de Rome, et une concurrence se développe, teintée d'antagonisme national, entre deux visions du néo-classicisme : celle des germaniques marquée par l'hellénisme et celle des Français inspirée par la république romaine. C'est dans le cadre de cette concurrence que Tischbein peint Hector défiant Paris en présence d’Hélène, en réponse au succès du Serment des Horaces de David, qui remettait en cause la prééminence germanique à Rome[74].

Jakob Philipp Hackert, un des premiers membres du groupe des « Allemands de Rome », se singularise dans le genre du paysage. De formation baroque, il adopte le néo-classicisme lors de son séjour à Rome en 1764 et fait évoluer sa peinture dans un style plus clair et topographique[22]. Dans une vision plus héroïque et poétique du paysage, et opposés à la conception d'Hackert, se démarquent Johann Christian Reinhart et surtout Joseph Anton Koch, chef de file du paysage néo-classique allemand, qui refusent la simple imitation de la nature pour imaginer des paysages idéaux[21].

D'origine danoise, Asmus Jacob Carstens apparaît comme la figure la plus radicale du néo-classicisme germanique. Qualifié par Goethe de « génie avec lequel on est si heureux de commencer la nouvelle époque de l'art »[2], disciple de Mengs et Winckelmann, il tenta d'aller plus loin dans la recherche du beau idéal, en réalisant des peintures monochromes imitant les bas-reliefs[75]. Inspirées à la fois de la statuaire antique et de Michel-Ange, ses œuvres, principalement des dessins rehaussés d'aquarelle, auront une influence sur les néo-classiques radicaux comme la secte des Barbus, privilégiant la ligne pure et le contour net[2], ainsi que sur les nazaréens.


La première génération néo-classique en France[modifier | modifier le code]

L'adoption du nouveau style néo-classique dans la peinture française est liée à la réorganisation des beaux-arts en France après l'accession de Louis XVI au trône en 1774, mettant fin à la domination du rococo sous le règne de Louis XV. La nomination du comte d'Angiviller à la direction des bâtiments du Roi, et plus directement encore celle de Joseph-Marie Vien à la tête de l'Académie de France à Rome, succédant à Charles Natoire, vont avoir un impact décisif sur les changements esthétiques dans la peinture[76]. Ces changements se manifestent dans les œuvres des élèves de Vien, Pierre Peyron, Jean-Baptiste Regnault, François-André Vincent et Jacques-Louis David, qui à Rome, sous l'égide de leur maître, forment la première génération de peintres néo-classiques français.

Pierre Peyron en réalisant en 1779 son Bélisaire est le premier élève à intégrer dans sa peinture les nouveaux principes inspirés de l'antique édictés par Vien. Par la frontalité de la composition, la disposition des personnages de profil et le choix d'une gamme éteinte pour les couleurs, la toile devient le modèle à suivre pour les artistes français et influence durablement la peinture de David, qui a dit de son condisciple : « Peyron m'a ouvert les yeux »[77].

Avec le Président Molé saisi par les factieux au temps des guerres de la Fronde, François André Vincent marque le Salon de 1779 en représentant un sujet d'histoire moderne à l'exemple de Benjamin West[78]. Par cette œuvre il inaugure le réalisme historique, qui sera en vogue dans le romantisme français avec Delacroix[79].

Jean-Baptiste Regnault se fait connaître en exposant à Rome son Baptême du Christ, qui lui vaut la remarque admirative de Raphaël Mengs qui s'exclame « questo e di scuola nostra »[80]. L'Éducation d'Achille, œuvre de réception à l'Académie royale de peinture et de sculpture, connaît la célébrité par les nombreuses reproductions en gravures. D'un style raffiné, privilégiant la rondeur des formes, des couleurs plus vives et lumineuses, influencé autant par l'Antique que par l'école de Bologne, Regnault, dans un néo-classicisme moins rigoureux et sévère, se démarque de ses condisciples[80].

Entre 1775 et 1781 Jacques-Louis David va lentement se convertir au néo-classicisme. Ses premiers envois de Rome dénotent encore l'influence baroque et caravagesque qui marquent ses années d'apprentissage. En témoigne les Funérailles de Patrocle, encore marqué par une composition confuse[81]. Le séjour à Naples et la découverte des vestiges d'Herculanum amorcent le changement de style. À son retour de Naples il peint en 1780 Saint Roch intercédant la Vierge, dont la présentation à Rome va impressionner les critiques par le caractère violent et dramatique du traitement pictural[82]. Ce premier succès est suivi par Bélisaire demandant l'aumône, qui marque la conversion de David au néo-classicisme et enthousiasme la critique au salon de 1781[82].


David second chef de file[modifier | modifier le code]

Le Serment des Horaces voit la consécration de David comme chef de file du néo-classicisme. La nouveauté du tableau exaltant des valeurs de patriotisme et de civisme[83], suscite l'enthousiasme des visiteurs qui le voient à Rome, dont Pompeo Batoni et Tischbein[84]. Si, dans son Bélisaire, David était encore marqué par un style « néo-poussinien »[85], et si on lui avait reproché les tons trop sombres de la Douleur d'Andromaque[86], avec les Horaces il renouvelle sa peinture en purifiant les formes, en simplifiant la composition, et en éclaircissant sa palette. Le caractère rectiligne et profilé des figures enfermés dans un cadre géométrique, à la manière d'un bas-relief, et la répartition des personnages en groupes juxtaposés, caractérisent son style[87].

Avec la Mort de Socrate, thème moral alors à la mode dans la peinture des années 1780, et abordé par plusieurs artistes[88], David continue dans sa manière purement néo-classique, et reprend les recettes qui avaient fait le succès des Horaces, dans la simplicité de la composition, la répartition des groupes et la géométrie du décor[88].

Peint durant une période de changements politiques qui allaient aboutir à la Révolution française, les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils marque l'aboutissement de la première manière néo-classique de David. Sans que l'artiste veuille donner une signification politique à la scène, ne cherchant qu'à représenter les passions[89], le tableau devient cependant emblématique de la Révolution qui commençait, en traduisant l'état d'esprit des intellectuels français de l'époque, fait d'idéalisme et de patriotisme[90].


L'école de David[modifier | modifier le code]

La suprématie du style davidien s'affirme par le succès non seulement des œuvres de David, mais aussi de son école, représentée par ses premiers élèves Drouais, Girodet, Gérard, Gros, Fabre et Wicar. Ceux-ci, suivant les principes enseignés par leur maître, témoignent de son empreinte stylistique dans leurs peintures[91], dont le style héroïque est fait de grandeur éloquente et pathétique[92]. Marqués par la forte personnalité de leur maître, ils poursuivent dans la voie d'un néo-classicisme engagé et révolutionnaire, qui amènera de profondes mutations dans l'art français[93].

Surnommé « le Serment des Horaces de Drouais[94] », Marius à Minturnes de Jean-Germain Drouais montre l'influence qu'a l'œuvre de David sur sa manière de composer la scène. Le tableau présenté à Rome en 1786, puis à Paris l'année suivante, est le premier succès d'un représentant de l'école de David. À la suite de Drouais lauréat en 1784, Fabre et Girodet remportent le grand prix de peinture successivement en 1787 et 1789, et témoignent de l'hégémonie du néo-classicisme davidien, au point de susciter la protestation des concurrents qui reprochent les conseils du maître à ses élèves : « nous voulons concourir les uns contre les autres, mais non contre monsieur David qui favorisera tous les ans un protégé[95] ».

Anne-Louis Girodet avec sa Déposition de la croix prend modèle sur la Douleur d'Andromaque pour sa composition et le caractère caravagesque de la scène[94]. Autre exemple caractéristique de l'école davidienne : Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès, qu'il peint en 1793.


Néo-classicisme aux États-Unis[modifier | modifier le code]

Leurs naissances sur le sol américain, durant la période coloniale, font des Britanniques Benjamin West et John Singleton Copley les premiers représentants américains du néo-classicisme en peinture[96]. Copley connaît le succès à Londres avec la Mort du général Peirson et Brook Watson et le requin[96]. Quoique vivant et faisant leur carrière tous les deux en Angleterre après la Révolution américaine, ils influencent profondément les artistes des États-Unis dans la peinture d'histoire à sujet moderne.

John Trumbull, élève de West et admirateur de David qu'il rencontre deux fois, en 1787 et en 1797, et ayant vu à Londres la Mort de Socrate[97], va poursuivre la veine de la peinture d'histoire contemporaine, en peignant une de ses toiles les plus ambitieuses la Déclaration d'indépendance (1787-1796).

Hormis la peinture d'histoire, l'autre genre dans lequel les peintres néo-classiques américains s'expriment est le portrait. Gilbert Stuart élève de West, se fait une réputation après avoir peint plusieurs portraits du président George Washington, et dans un style plus naturel Charles Willson Peale[98].

Après la Révolution française, la renommée du néo-classicisme français et de l'atelier de David amène des élèves venus de différents pays, dont John Vanderlyn, un des premiers peintres américains, à étudier en France, comme élève de Vincent et de David, et qui reproche à ses compatriotes d'avoir « sottement choisi Londres »[99]. Il obtient une médaille d'or du Salon de peinture et de sculpture en 1808 pour Caius Marius au milieu des ruines de Carthage[100].


Néo-classicisme en Belgique[modifier | modifier le code]

L'apparition du néo-classicisme dans les Pays-Bas autrichiens est liée au contexte de la politique libérale de Charles-Alexandre de Lorraine, qui favorise un mode de vie bourgeois et le milieu intellectuel sensible à ce mouvement artistique[101]. Le flamand André Corneille Lens fait figure de précurseur. Il fréquente à Rome le milieu des amateurs d'antiquité et est influencé par les écrits de Mengs et Winckelmann. De retour au pays, il entreprend de réformer la peinture flamande en développant l'enseignement académique et en affranchissant les artistes de la tutelle des corporations[102]. Son élève le namurois Pierre Joseph Célestin François, par son style plus sec, témoigne de l'influence du néo-classicisme français[102]. À Liège les artistes Pierre-Joseph Lion, peintre de portraits, et Jean-Joseph Ansiaux, se forment en France selon les principes enseignés par Vien[103].

De ce groupe appartenant à la première période du néo-classicisme belge, se dégage la figure de Joseph-Benoît Suvée originaire de Bruges. D'abord élève du peintre flamand Matthias de Visch, il se forme en France à partir de 1763. Il obtient le grand prix de Rome de peinture devant Jacques-Louis David et Jean-Joseph Taillasson, et devient l'un des artistes les plus importants de l'école néo-classique issue de l'enseignement de Vien. Son style simple se caractérise par un colorisme typique de la peinture flamande[102].

Au début du XIXe siècle, l'influence de l'école de David s'impose durablement en Belgique par l'intermédiaire de ses élèves belges Joseph Paelinck, Michel Ghislain Stapleaux, Joseph-Denis Odevaere, Pierre Van Huffel et François-Joseph Navez. Cette influence est d'autant plus durable que David après la chute de l'Empire s'exile à Bruxelles et est en contact constant avec la plupart de ses élèves belges. Paelinck, Stapleaux, Odevaere, Van Huffel appliquent le style davidien sans originalité, voire avec servilité,. En témoignent la Belle Anthia marchant au temple de Diane de Paelinck et la Mort de Phocion d'Odevaere, ce dernier tableau largement copié sur la Mort de Socrate de David, au point d'en constituer une sorte de calque[104]. De ce groupe se démarque Navez, qui par sa personnalité plus affirmée développe un néo-classicisme plus original et établit sa réputation dans les portraits[104]. Le manque de commande liée à la peinture d'histoire antique va amener Paelinck et Navez vers la peinture religieuse[104].


Peinture néo-classique du Danemark[modifier | modifier le code]

Johan Edvard Mandelberg (en), peintre suédois installé au Danemark, introduit le néo-classicisme dans son pays de résidence après avoir été sensibilisé à l'esthétique néo-antique lors de sa formation à Rome, sous les influences de Mengs, Winckelmann, Batoni et du sculpteur danois Johannes Wiedewelt (en). Il influence à son tour son disciple Nicolai Abraham Abildgaard, chef de file des peintres d'histoire du Danemark[105], dont le tableau Philoctete blessé qui représente le héros mythologique au visage déformé par la souffrance et hurlant, entend réfuter à la fois les théories de Winckelmann sur l'expression de la noble simplicité dans l'art et de son contradicteur Lessing, en démontrant que la peinture pouvait aussi exprimer les sentiments les plus violents[106]. L'influence de Johann Heinrich Füssli, qu'il rencontre lors de son second séjour à Rome, vers la fin du XVIIIe siècle, va faire évoluer son style et les sujets de ses peintures[105]. Inspiré par le thème d'Ossian, il s'oriente vers un style sombre, qui fait de lui le précurseur du romantisme nordique[107].


Peinture néo-classique en Russie[modifier | modifier le code]

En 1762, la politique culturelle de Catherine II de Russie favorable aux Lumières va favoriser le développement du néo-classicisme et l'imposer en tant que style officiel de l'Empire russe[108]. C'est principalement dans l'architecture, par l'intermédiaire de commandes auprès des architectes étrangers dont le Français Jean-Baptiste Vallin de La Mothe ou l'Écossais Charles Cameron, qu'il s'impose, faisant de Saint-Pétersbourg le centre du néo-classicisme[108].

En peinture, le mouvement se développe plus tardivement vers 1770; Anton Lossenko en est le précurseur. Il est le fondateur et principal représentant du mouvement de la grande peinture d'histoire néo-classique et se consacre à des sujets de l'histoire russe[109]. Son disciple Ivan Akimov poursuit la tradition de la peinture d'histoire et Grigori Ougrioumov, disciple de Lossenko et d'Akimov, se spécialise dans la peinture monumentale dont La Prise de Kazan est représentative[110].

La génération suivante est représentée par un groupe d'artistes à la fois peintres et enseignants à l'Académie impériale. Andreï Ivanov, Vassili Chebouïev surnommé le Poussin russe[110], Alexeï Egorov et Fiodor Bruni, qui peint La Mort de Camille sœur d'Horace dans un style grandiloquent[109]. Les derniers néo-classiques russes, Alexandre Ivanov, fils d'Andreï Ivanov, et Karl Brioullov font la transition avec le romantisme russe.


Le néo-classicisme dans la Révolution française[modifier | modifier le code]

Avec la Révolution française le néo-classicisme grandiloquent devient le style officiel. L'Antiquomanie à la mode avant 1789 trouve avec la Révolution ce que Pierre Cabanne nomme un « drame antique moderne », qui reprend à son compte les leçons de vertus de la Rome républicaine[111]. C'est à ce néo-classicisme, pourtant d'origine aristocratique, que la Révolution doit ses emblèmes[112]. Les événements de l'époque amènent certains artistes à la suite de David à se concentrer principalement sur des sujets d'histoire contemporaine et adopter un style plus réaliste qu'idéal[113]. D'autres comme Jean-Baptiste Regnault et Philippe-Auguste Hennequin, privilégient les scènes allégoriques. De grands projets picturaux évoquent l'actualité, tels le Serment du Jeu de Paume de David ou le 10 aout 1792 de François Gérard. Cependant ces œuvres demeurent inachevées du fait des changements politiques brusques, tandis que d'autres sont détruites ou morcelées comme Les Derniers Moments de Michel Lepeletier de David et le Triomphe du peuple français d'Hennequin[114].

Plusieurs membres de l'école de David s'engagent politiquement, à commencer par le maître lui-même, qui est élu député montagnard à la Convention en 1792, est membre des comités d'instruction publique et de sûreté générale, et devient un sympathisant de Robespierre. François Topino-Lebrun est juré au tribunal révolutionnaire et proche des babouvistes. Hennequin, jacobin lyonnais, est impliqué dans le soulèvement du camp de Grenelle. Autre jacobin, Jean-Baptiste Wicar est nommé commissaire des arts sous le Directoire et participe activement à la saisie des œuvres d'art aux Pays-Bas et en Italie, pendant les campagnes révolutionnaires. Anne-Louis Girodet se trouve alors en pension à l'Académie de France à Rome et est témoin le 13 janvier 1793 des émeutes romaines en réaction contre la chute de la monarchie en France, qui provoquent la mise à sac du palais Mancini, résidence de l'Académie de France, et l'assassinat de Nicolas-Jean Hugou de Bassville, légat de la république qui venait de faire évacuer le palais. L'artiste doit prendre la fuite pour se réfugier à Naples, il est ensuite emprisonné à Ariano nel Polesine pour avoir porté la cocarde tricolore[115].

Paradoxalement, alors que la crise politique offre aux artistes la possibilité de s'exprimer librement, du fait de la dissolution des académies et du droit à tous les artistes d'exposer au Salon à partir de 1791, la peinture d'histoire, genre dans lequel le néo-classicisme prédomine, connaît une chute importante. Si l'on observe une multiplication par deux ou trois des tableaux exposés au Salon, la proportion des tableaux d'histoire et particulièrement d'histoire antique décroît de façon significative. Entre 1789 et 1799 sur un ensemble de 3078 peintures exposées, 147 concernent la peinture d'histoire antique[116].

Avec la Liberté ou la mort Regnault se fait l'illustrateur des idées les plus radicales de la Révolution, et en particulier de Robespierre. Conçu en 1793 sous la Convention montagnarde en deux exemplaires (la grande version localisée au Louvre en 1872 a disparu, la plus petite version se trouve au Kunsthalle de Hambourg), le titre est une référence directe à la devise de la Constitution de l'an III : Liberté, égalité, fraternité ou la mort. Mais le temps de réalisation et les bouleversements politiques font que ce tableau n'est exposé au Salon qu'en 1795 après la chute de Robespierre . En pleine réaction thermidorienne, son message robespierriste n'est plus à l'ordre du jour[117].


Femmes peintres néo-classiques[modifier | modifier le code]

En France après 1785, dans un contexte de réaction contre la politique conservatrice de l'Académie royale de peinture et de sculpture, deux de ses membres et principaux représentants du néo-classicisme, David et Regnault, ouvrent leurs ateliers à l'enseignement des arts aux femmes, suivant l'exemple de Greuze, et ce malgré l'interdiction du surintendant le comte d'Angiviller[118]. Le succès de ces ateliers conduit une trentaine d'élèves féminines à y entrer. Séverine Sofio, à partir des travaux de Mary Vidal, dénombre 25 femmes passées dans l'atelier de David[119]. Elles peuvent alors y suivre l'apprentissage des beaux-arts selon les règles académiques, et ont aussi accès à l'enseignement d'après le modèle nu, ce qui est pourtant considéré comme contraire aux règles de bienséances régies par l'Académie[118]. Conséquence de cette libéralisation de l'enseignement artistique, une forte présence de femmes peintres se manifeste dans les Salons de peinture, durant la Révolution et au tournant du XIXe siècle. Elles abordent le néo-classicisme différemment, se faisant une spécialité dans la peinture de genre et le portrait[120]. Angélique Mongez est la seule artiste à se confronter au genre de la peinture d'histoire antique de grand format[121].

En 1800 Marie-Guillemine Benoist marque le Salon avec son Portrait d'une négresse, tableau peint dans le contexte de l'émancipation des noirs et de l'abolition de l'esclavage. Il fait écho à un autre portrait remarqué quelques années auparavant, celui du représentant des colonies, Jean-Baptiste Belley par Girodet (1798), première représentation par un artiste européen d'un homme politique d'origine africaine. L'œuvre de Guillemine Benoist se situe dans la droite ligne de la tradition davidienne du portrait néo-classique. Par l'attitude du modèle et le fond nu et brossé, il s'inspire du portrait de Madame Trudaine de David[122]. Le mystère entourant l'identité du modèle, dont on ne sait s’il s'agit d'une servante, d'une ancienne esclave ou d'un modèle d'atelier, renforce son caractère provocateur, accentué par la pose caractéristique des portraits mondains de l'époque[123]. La virtuosité de l'artiste se remarque dans le traitement des chairs, à l'époque aucun atelier n'apprenait à peindre la pigmentation des peaux noires[123].

Avec La Mélancolie présentée au Salon de 1801, Constance-Marie Charpentier élève de David et de Gérard, choisit un thème très présent dans le néo-classicisme, déjà traité par Joseph Wright of Derby en 1785 avec La Veuve indienne dont la figure de profil, isolée dans un paysage nocturne est similaire[124]. Lors de ce Salon, François-André Vincent avait lui aussi exposé une Mélancolie[124]. La jeune femme assise est une référence directe à David, dont Constance-Marie Charpentier reprend et isole la figure de Camille du Serment des Horaces[124].

Dans le registre de la scène de genre, Jeanne-Élisabeth Chaudet se spécialise dans les représentations d'enfants dans un style gracieux et sentimental, et des compositions souvent similaires, représentant de jeunes filles agenouillées dans un décor délimité par des colonnes[125]. Elle expose régulièrement au Salon, en 1808 elle présente plusieurs œuvres, dont la Jeune Fille pleurant son pigeon mort, qui fut remarquée par la critique[125].


Néo-classicisme au tournant du siècle, vers le « Grec pur »[modifier | modifier le code]

La période allant du Directoire au Consulat (vers 1797-1803) commence la seconde phase du néo-classicisme pictural. La carrière de David et la domination de son école en Europe est à son sommet. Pour Chastel, sa position est comparable et même supérieure à celle de Mengs à Rome dans les années 1760[126].

La peinture est marquée par l'abandon du modèle romain qui avait dominé à la Révolution, pour s'orienter vers des influences grecques inspirées par les gravures de John Flaxman, et dont l'œuvre de David les Sabines expose cette nouvelle orientation. Il exprime à ses élèves ses intentions esthétiques « J'ai entrepris de faire une chose toute nouvelle, [...] je veux ramener l'art aux principes que l'on suivait chez les Grecs. En faisant les Horaces et le Brutus j'étais encore sous l'influence romaine. Mais, messieurs, sans les Grecs, les Romains n'eussent été que des barbares en fait d'art. C'est donc à la source qu'il faut remonter[127]. » Les thèmes se veulent réconciliateurs, ainsi le tableau de David est perçu comme un message de concorde nationale.

Cette tendance est aussi perceptible dans une autre œuvre remarquée au Salon de 1799, le Retour de Marcus Sextus de Pierre-Narcisse Guérin, vue comme une allusion au retour des émigrés, allusion renforcée par sa confrontation avec l'un des derniers tableaux à thème révolutionnaire, Le Triomphe du peuple français d'Hennequin[128].

Regnault aussi amorce à cette période un changement dans son style et revient à ses thèmes mythologiques de prédilection, dans une manière proche de Rubens, privilégiant les lignes courbes et une touche plus fondue[129]. S'inspirant de l'exemple de David, qui avait présenté les Sabines dans le cadre d'une exposition payante, il fait de même avec les Trois Grâces, une de ses œuvres les plus célèbres[80], sans toutefois rencontrer le succès de son concurrent[130].

Chez ces artistes le style se fait moins austère, plus élégant, en réaction contre le néo-classicisme révolutionnaire des années 1789-1794[131]. Chez David il se caractérise par une palette plus claire, un style linéaire qui emprunte autant aux grecs qu'à Raphaël[132]. Mais pour Hugh Honour à cette période : « les effets débilitants de la consanguinité qui résultent presque inévitablement de la consécration officielle d'un style artistique, commençait déjà à se manifester. » Prenant comme exemple le tableau de François Gérard Psyché et l'Amour (1798), dont le thème avait été popularisé par la sculpture de Canova, que le peintre vide de sa substance pour en faire un motif essentiellement décoratif à l'érotisme suggestif, lui donnant un caractère d'inspiration rococo, pourtant rejeté par les tenants du néo-classicisme pur[133].


Réactions et dissidences, pré-romantisme, primitivisme[modifier | modifier le code]

Maurice Quay chef de file de la secte des Barbus mouvement de dissidence au néo-classicisme davidien, (portrait par Henri-François Riesener ).

Alors que David, avec les Sabines, fait évoluer son néo-classicisme vers ce qu'il nomme le « grec pur », certains de ses élèves s'orientent vers des esthétiques de plus en plus éloignées des doctrines artistiques qu'il avait enseignées. D'un côté Anne-Louis Girodet et Antoine-Jean Gros, sous les influences de Füssli et Flaxman, dont ils étudient les œuvres à Gênes, penchent vers des inspirations préromantiques, à la fois dans les thèmes morbides et la manière de peindre, marquée par un traitement dramatique des ombres en contre-jour[134].

Conçu pour décorer le château de Malmaison, L'apothéose des Héros français morts pour la patrie pendant la guerre de la Liberté de Girodet est une des premières œuvres à rompre assez nettement avec les enseignements du néo-classicisme davidien, selon les intentions de l'artiste lui-même, qu'il exprime dans une lettre en réponse à la surprise de son maitre David, quand il vit le tableau : « Il a échappé à David, en le voyant, de dire que cette production ne ressemblait à celle d'aucun maitre ni d'aucune école[135]. ». L'œuvre traduit la vogue en France pour le mythe d'Ossian, et fait suite au tableau de Gérard Ossian évoquant les fantômes, et de Duqueylar et précède celui d'Ingres. L'esthétique fantasmagorique, le choix des lumières et l'originalité de la composition font de ce tableau le premier essai de peinture romantique en France[136]. Lors de sa présentation au Salon, face à l'incompréhension générale et aux critiques négatives, le tableau fut retiré avant la fin de l'exposition[135]. Cette incompréhension fut traduite par les mots de David, tels qu'ils furent rapportés par Delécluze dans ses mémoires : « Ah ça ! il est fou, Girodet !... Il est fou, ou je n'entends plus rien à l'art de la peinture. Ce sont des personnages de cristal qu'il nous a fait là... Quel dommage ! avec son beau talent, cet homme ne fera jamais que des folies... Il n'a pas le sens commun[135]. »

Sapho à Leucate, de Gros, reflète ces tendances en vogue chez les artistes à l'époque, mais est le seul exemple de ce genre dans sa peinture[137]. Lors de son exposition au Salon, les critiques reprochèrent le manque de naturel dans les couleurs, jugées verdâtres ainsi que dans le mouvement[138]. Pour le Journal des débats : « Il nous semble...que le mouvement proprement dit, n'est point du ressort de la peinture. [...] Quoi que fasse l'artiste, quoi que dise le livret, une Sapho qui tombe ne saurait être qu'une femme suspendue sans tenir à rien, entre un rocher et les eaux[139]. ».

La secte des Barbus est le mouvement de dissidence au style de David le plus important. Réuni autour de Maurice Quay, ce groupe issu de la nouvelle génération d'élèves de David, entrés à l'atelier après la Révolution, reproche à leur maître de ne pas aller assez loin dans ses réformes esthétiques vers le « grec pur » et revendique un néo-classicisme radical et archaïque totalement détaché de toute réminiscence rococo. Le style des peintures produites par ce groupe se veut volontairement primitif. Le caractère linéaire et puriste, inspiré des vases antiques évoluant vers l'abstraction[140]. Les rares œuvres qu'ils ont laissées ont toutefois défrayé la chronique par leurs audaces formelles. Ossian chantant ses vers de Paul Duqueylar fut jugée comme bizarre et ridicule par la critique[141]. L'école d'Apelle de Jean Broc, œuvre ambitieuse se voulant le manifeste du mouvement, est comparée par la critique du Salon à une vieille fresque à cause de ses tonalités claires[141]. Toujours de Broc, la Mort de Hyacinthe montrait, pour le Moniteur universel, « plus de bizarreries que d'originalités[142] ».


En dehors de l'école de David[modifier | modifier le code]

Pendant la Révolution et l'Empire, la suprématie du néo-classicisme fait de Paris le nouveau centre des arts après Rome. Ce centralisme artistique et la prééminence de l'école de David rendent marginaux les artistes venus de province, ceux qui firent carrière à l'étranger et ceux issus d'autres écoles[143]. Ces artistes se spécialisent dans des genres mineurs et anecdotiques, abordant ponctuellement la peinture d'histoire.

Ancien élève de Vien, le Bordelais Jean-Joseph Taillasson, peintre laborieux, se distingue par des sujets rares, privilégiant des tons froids[144] et une attirance pour le tragique[145]. Deux œuvres sont caractéristiques de sa peinture, Sapho se précipitant à la mer (1791)) et Héro et Léandre (1798) dont le sujet, de style et d'inspiration néo-classique, présente déjà un caractère romantique[146].

Formé à Dijon par François Devosge et premier prix de Rome de peinture des états de Bourgogne en 1776, Bénigne Gagneraux fait sa carrière essentiellement en Italie, à Rome d'abord puis à Florence. Il est nommé peintre d'Histoire pour le roi Gustave III de Suède et meurt prématurément à l'âge de 38 ans[147]. Son style, dégagé des influences de l'école française, est marqué par sa fréquentation, à Rome, de l'entourage de Mengs et de Sergel. Il se caractérise par un néo-classicisme linéaire et froid, mais non dépourvu de sensualité[147]. Considéré comme un de ses chefs-d’œuvre, le Génie de la paix arrêtant les chevaux de Mars (deux versions : une à Genève, l'autre à Mâcon) montre les particularités de sa manière, épurée jusqu'à l'abstraction[148].

Autre peintre dont l'œuvre se caractérise par un style froid et linéaire, Charles-Paul Landon se fait remarquer au Salon de 1799, avec Dédale et Icare, tableau de petites dimensions (54 sur 44 cm) inhabituel pour un sujet historique, dont l'esthétique, caractérisée par son primitivisme, rappelle les vases hellénistiques[149]. Élève de Regnault, et prix de Rome en 1792, sa production picturale peu abondante, privilégie le portrait, la peinture de genre et à thème mythologique. Mais il demeure avant tout connu en tant que critique d'art, fondateur du Journal des Arts et éditeur des 44 volumes des Annales du Musée et de l’École Moderne des Beaux-Arts.[149].

Élève de Doyen, et successeur de Suvée au poste de directeur de l'Académie de France à Rome (1807-1816), Guillaume Guillon Lethière expose au Salon à partir de 1793, et se confronte en 1798 à un thème devenu classique dans la peinture néo-classique, celui de Philoctete sur l'île de Lemnos, dont il propose une vision tourmentée, montrant le compagnon d'Héracles confronté à une nature hostile, dont le traitement annonce une tendance romantique de la peinture française de cette période[150]. Sous la Restauration, Lethière évolua vers des thèmes troubadours[151].


Néo-classicisme en Espagne[modifier | modifier le code]

En Espagne, la peinture baroque tombe en désuétude sous le règne de Charles III[152], avec l'arrivée comme peintre de cour d'Anton-Raphaël Mengs. À la fin du XVIIIe siècle, le néo-classicisme devient le courant officiel au royaume d'Espagne, lié à la politique de coopération avec la France du Consulat, ce qui provoque la mise à l'écart de Francisco de Goya, alors peintre du roi Charles IV[153]. Le néo-classicisme davidien s'exporte par l'intermédiaire des élèves espagnols de David, dont quatre peintres, Juan Antonio de Ribera, Jose Aparicio, José de Madrazo y Agudo et François-Joseph-Paul Lacoma. Entrés à l'atelier de David entre 1799 et 1806[154], ils suivent l'esthétique de leur maître à travers des peintures d'histoire et des portraits. Lacoma est l'artiste le plus éloigné de ce style par les sujets qu'il peint, s'étant spécialisé surtout dans la peinture de fleurs[155].

Madrazo, Aparicio et Ribera se conforment à un néo-classicisme hiératique, linéaire et dépourvu d'émotion[156]. Les trois œuvres représentatives de ce néo-classicisme espagnol sont L’Épidémie d’Espagne d'Aparicio, œuvre atypique et innovante par le choix d'un sujet d'actualité, une épidémie de fièvre qui toucha l'Espagne entre 1799 et 1805, la Mort de Viriathe de Madrazo, qui s'inspire du Bélisaire de David, et Cincinnatus abandonne sa charrue afin de dicter des lois à Rome de Ribera[152].


Néo-classicisme sous Napoléon Ier, le style Empire[modifier | modifier le code]

Le style Empire représente pour Hugh Honour le début de la phase de déclin du néo-classicisme, caractérisée par des œuvres décoratives et abandonnant la valeur éducative de l'art au profit de la propagande[157]. À l'opposé, Mario Praz y voit son explosion, et l'exaltation du style pompéien qui témoigne d'une originalité toujours présente dans ce mouvement[158]. Il se caractérise en peinture par une œuvre officielle, vouée au culte de Napoléon et de son régime, des scènes de genre d'inspiration antique, et une importante production de portraits officiels et bourgeois. Dominique Vivant Denon, à la tête de l'administration des arts, est à l'origine de cette importante production de tableaux à sujets napoléoniens[159]. À partir de 1804, le pouvoir impérial attribue des sommes importantes pour la réalisation de toiles monumentales diffusant la propagande officielle[160]. La peinture d'histoire s'écarte de l'esthétique en vogue sous la Révolution, délaissant les allégories pour privilégier des sujets contemporains, prenant exemple sur le modèle anglo-saxon[161]. Le gouvernement impose aux artistes les sujets des peintures[160], les scènes de batailles présentent Napoléon Ier non comme un guerrier mais dans des scènes précédant ou succédant aux conflits, et dans l'attitude d'un conquérant compatissant avec les blessés et clément envers ses adversaires[160]. Les peintures, qui sont présentées lors du Salon de peinture et de sculpture, sont destinées à décorer les bâtiments officiels et palais impériaux, comme le palais des Tuileries, le palais de Saint-Cloud, ou le Sénat. Vivant Denon exerce un contrôle accru sur les artistes, dressant la liste des commandes, examinant les projets, et donnant les indications sur les compositions des tableaux[162]. Symbolisant l'autorité impériale, la diffusion des œuvres se fait dans l'Europe conquise par Napoléon[163].


Le néo-classicisme d'Ingres[modifier | modifier le code]

Le parcours de Jean-Auguste-Dominique Ingres, considéré comme le « dernier des néo-classiques »[164], marque une évolution particulière du néo-classicisme. Entré à l'atelier de David au moment où celui-ci amorce une évolution vers un style grec, il manifeste dans ses premières œuvres une conformité aux doctrines de son maître, comme en témoigne le tableau qui lui vaut le grand prix de Rome, Achille recevant les envoyés d'Agamemnon. L'influence du Serment des Horaces se ressent dans la composition en deux parties de la scène. La figure centrale d'Ulysse drapé de rouge, est inspirée d'un modèles antiques dans le droit fil de l'enseignement académique, ici, de la statue de Phocion du musée du Vatican[165]. Cependant, Ingres montre aussi une originalité certaine, par la souplesse des lignes et la clarté des couleurs, qui le font remarquer par John Flaxman[166].

N'étant pas associé au groupe des Barbus, Ingres va rejoindre certains de leurs choix esthétiques en optant à partir de 1805 pour un style linéaire et abstrait, inspiré aussi par les gravures de Flaxman, et de Bénigne Gagneraux. Vénus blessée par Diomède un petit tableau (26 cm × 33 cm), présente une approche différente de l'antiquité comparée à l'esthétique davidienne. Le style résolument néo-grec, dont Ingres emprunte le sujet à une gravure de 1792 de Gagneraux, et le quadrige à une illustration de l'ouvrage de Tischbein : Collection of engravings from antic vases[167] exprime son indépendance stylistique, et sa rupture avec le style de David[168].

Le Salon de 1806 fut pour Ingres l'occasion de confronter au public ses nouvelles options artistiques, à travers cinq œuvres marquantes, l'Autoportrait à vingt-quatre ans, les trois portraits de la famille Rivière, et celui de Napoléon Ier sur le trône impérial. Les réactions se font mitigées, voire hostiles. Les critiques reprochent à Ingres le caractère bizarre des œuvres, leur archaïsmes, et de rétrograder la peinture de quatre siècles[169].

Face à l'incompréhension générale et aux critiques négatives, Ingres persiste pourtant dans cette voie singulière. Installé à Rome, il peut sans contrainte développer un style original et novateur[170]. En 1808 il peint Œdipe explique l'énigme du sphinx, sujet antique mais dont le thème par son ambiguïté s'éloigne des préoccupations de l'école de David[164]. Jupiter et Thétis est l'aboutissement de ces innovations formelles. La frontalité massive de Jupiter contraste avec l'ondoyante Thétis. Cette figure féminine par ses courbes sensuelles, marquées par ce gonflement caractéristique du cou, devient le type canonique des nus d'Ingres, fortement chargé d'érotisme, qu'il poursuivra de la Grande Odalisque jusqu'au Bain turc[169]. Paradoxalement, vers la fin de sa période néo-classique, il peint Romulus vainqueur d'Acron, grand tableau peint à la détrempe, qui renoue avec un style et un sujet d'inspiration purement davidienne[171] en grande partie inspiré par les Sabines[172].


Les derniers néo-classiques allemands[modifier | modifier le code]

La fin du néo-classicisme en Allemagne (de 1798 à 1810) correspond au réveil du sentiment national allemand, lié à l'occupation de la Prusse par Napoléon, à l'abandon de thèmes antiques pour des sujets religieux, et à une orientation vers un primitivisme radical, qui caractérise le mouvement des nazaréens.

Les derniers artistes néo-classiques allemands sont influencés par le néo-classicisme français de David, dont la renommée internationale trouve aussi des échos dans le pays de Mengs et Winckelmann. L'un des premiers à se former à Paris, Philipp Friedrich von Hetsch, témoigne de cette influence avec son tableau Cornélie mère des Gracques dont le thème, en vogue dans la peinture française, est ici abordé conformément à l'esthétique davidienne[173].

Plusieurs de ces artistes allemands, issus à l'origine de l'académie de Stuttgart, entrent dans l'atelier de David, tels Gottlieb Schick, Johann Peter Krafft et Eberhard von Wächter. Leurs œuvres sont en partie marquées de cette influence, comme Apollon parmi les bergers de Schick, et son Portrait de Wilhelmine Cotta dont la manière rejoint les portraits de François Gérard, notamment celui de Madame Récamier[173]. Arrivé à Rome, Schick renie cet enseignement[174] tandis que Wächter s'en éloigne pour aller vers une esthétique épurée sous l'influence des œuvres de Carstens. Ce néo-classicisme épuré est aussi ce qui caractérise l'un des tout dernier néo-classiques allemands, Bonaventura Genelli d'origine danoise comme Carstens.


Déclin du néo-classicisme davidien[modifier | modifier le code]

La période qui va de l'exil de Jacques-Louis David en 1815 à 1825, année de sa mort, marque le déclin progressif du néo-classicisme davidien, supplanté par le Romantisme qui s'impose avec les œuvres de Géricault et Delacroix, artistes formés auparavant par le peintre néo-classique Pierre-Narcisse Guérin[175]. La Restauration continue de soutenir l'école de David, et la plupart de ses artistes, dont François Gérard, Girodet, et Antoine-Jean Gros, se rallient au nouveau régime et deviennent les peintres officiels des rois Louis XVIII et Charles X. Seul David doit s'exiler à cause de son passé révolutionnaire[176]. N'étant plus motivés par la forte personnalité de leur ancien maître et perdant progressivement l'inspiration qui faisait leur originalité, ces principaux représentants de l'école de David entament leur déclin, marqués par la désaffection du public et une critique de plus en plus négative[177]. Le Salon de 1824 est l'événement qui marque cette rupture artistique et l'émergence du Romantisme avec l'exposition retentissante des Massacres de Scio de Delacroix[178].

Durant son exil bruxellois, David cherche à revenir aux fondamentaux de la peinture d'histoire antique, mais sa production n'est pas marquée par des œuvres de la dimension du Serment des Horaces ou des Sabines[177]. Il s'oriente par ses sujets vers une peinture d'histoire anecdotique et d'inspiration érotique, dont L'Amour et Psyché est caractéristique. Sa dernière œuvre ambitieuse Mars désarmé par Vénus et les Grâces est reçue, lors de son exposition en 1824, par les réserves de la critique, déconcertée par la trivialité du sujet, et qui remarque les faiblesses d'exécution dues à l'âge, le manque de vigueur et les tonalités vives qu'il a adoptés en Belgique[179].

La fin de carrière de Girodet montre des signes de déclin dès les années 1814, notamment à cause de problèmes de santé. L'une de ses dernières œuvres, Pygmalion et Galatée, de 1819 se caractérise par sa faiblesse d'exécution et son manque de précision[180]. Sa mort en 1824 un an avant celle de David fut pour cette génération d'artistes la fin du mouvement davidien[180]. Rallié dès les premières années de la Restauration au régime monarchique, François Gérard poursuit sa carrière de portraitiste de cour. Il marque son soutien indéfectible au régime avec L'Entrée d'Henri IV à Paris (1817), peinture de propagande royaliste[181]. En 1820 il réalise Le Sacre de Charles X, réplique bourbonienne du Sacre de Napoléon de David. Ses dernières œuvres importantes témoignent d'un style devenu raide et emphatique, aussi bien dans des sujets néo-classiques comme Daphnis et Chloé de 1824 que dans Corinne au cap Misène d'inspiration romantique[181].

Antoine-Jean Gros succède à David en reprenant son atelier et se fait le défenseur de ses doctrines, en abandonnant ce qui faisait l'originalité de sa peinture pour se conformer à une esthétique de plus en plus dépourvue d'imagination[182]. Devenant le chef de file de l'école, il renie son œuvre antérieure, et adopte un style plus classique sous l'influence de son ancien maître, avec qui il a gardé le contact[183]. Si l'Embarquement de la duchesse d'Angoulème (1819) est encore marqué par un style héroïque, rappelant son chef-d'œuvre La Bataille d'Eylau, son dernier tableau Hercule et Diomède témoigne de la baisse de qualité de sa peinture et est fortement rejeté par la critique[182]. La jeune génération d'artistes romantiques, qui avait été influencée par ses œuvres napoléoniennes, s'éloigne et dénigre cette manière de peindre. Gros, désavoué par cet accueil public et critique, se suicide par désespoir en se noyant dans la Seine[183].


Notes et références[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

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  • Thomas Schlesser, Une Histoire indiscrète du nu féminin, Paris, Beaux-Arts éditions, , 239 p. (ISBN 978-2-84278-738-7), « Pudeurs et impudences néoclassiques », p. 94-97.
  • William Dello Russo (trad. de l'italien par Claire Mulkai), L'art du nu, Paris, Hazan, coll. « Guide des arts », , 333 p. (ISBN 978-2-7541-0522-4), « Néoclassicisme », p. 41-43.
  • Guillaume Faroult (dir.), « Le Salon de 1802 : Turner et les paysagistes français néoclassiques, une autre voie », dans Galeries nationales du Grand Palais, David Solkin (commissaire général de l'exposition), Guillaume Faroult et Ian Warrell, Turner et ses peintres (catalogue d'exposition), Paris, Réunion des musées nationaux, (ISBN 978-2-7118-5740-1, présentation en ligne), p. 155-161.

Monographies[modifier | modifier le code]

  • Charles Saunier, Louis David : biographie critique, Paris, Henri Laurens,
  • Philippe Bordes, Le Serment du Jeu de Paume de Jacques-Louis David : le peintre, son milieu et son temps, de 1789 à 1792, Paris, Réunion des musées nationaux, , 265 p. (ISBN 2-7118-0241-8)
  • Robert Rosenblum, Ingres, Paris, Cercle d'Art, coll. « La Bibliothèque des Grands Peintres », (ISBN 2-7022-0192-X)
  • Sophie Monneret, David et le néoclassicisme, Paris, Terrail, , 207 p. (ISBN 2-87939-186-5)
  • Sylvain Bellenger (dir.), Girodet, 1767-1824, Paris, Gallimard, (ISBN 2-07-011783-9)
  • David O'Brien (trad. de l'anglais par Jeanne Bouniort), Antoine-Jean Gros : peintre de Napoléon [« After the Revolution. Antoine-Jean Gros, Painting, and Propaganda Under Napoleon »], Paris, Gallimard, , 284 p. (ISBN 2-07-011786-3)
  • Michael Philips (dir.), William Blake (1757 - 1827) : Le Génie visionnaire du romantisme anglais, Paris, Petit Palais, , 254 p. (ISBN 978-2-7596-0077-9)

Articles[modifier | modifier le code]

  • France Nerlich, « David, peintre révolutionnaire : le regard allemand », Annales historiques de la Révolution française, Paris, no 340,‎ , p. 23-45 (lire en ligne)
  • Jean-Louis Augé, « Les élèves espagnols de David : Mythe ou réalité et état présent des œuvres dans les collections françaises », Boletín del museo del Prado, Madrid, Museo Nacional del Prado, vol. XXV, no 43,‎ , p. 8-17 (lire en ligne)
  • Séverine Sofio, « La Vocation comme subversion : Artistes femmes et anti-académisme dans la France révolutionnaire », Actes de la recherche en sciences sociales, Paris, Le Seuil, no 168,‎ , p. 34-49 (ISSN 0335-5322, DOI 10.3917/arss.168.0034, lire en ligne)

Jean-Rémi Mantion, "Une étrange lacune: le paysage en peinture au XIXe siècle", Critique n° 785, Octobre 2012

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]