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{{à sourcer|date=septembre 2018}}
La '''mafia''', également connue sous le nom de système mafieux, désigne une organisation criminelle caractérisée par une direction collégiale occulte, qui orchestre ses activités à travers une stratégie d'infiltration tant dans la société civile que dans les institutions, qu'elles soient privées ou publiques. Les individus affiliés à cette organisation sont communément désignés sous le terme de "mafieux", ou parfois de "mafiosi", en référence à leur appartenance à la mafia italienne.
{{Style non encyclopédique|date=juillet 2018}}

[[Fichier:Van houtte octopus.jpg|thumb|400px|Représentation symbolique de la Mafia par la pieuvre : même décapitée, la pieuvre conserve un bon nombre de ses tentacules en activité.]]
La '''''mafia''''', ou ''système mafieux'', est une [[Crime organisé|organisation criminelle]] dont les activités sont soumises à une direction collégiale occulte et qui repose sur une stratégie d’infiltration dans la société civile et des institutions. Les membres sont appelés les « mafieux » (sans distinction de nombre), ou parfois « mafiosi », d’après le nom italien (au singulier : « mafioso »).


== Étymologie ==
== Étymologie ==
{{Article détaillé|Mafia (étymologie)}}
{{Article détaillé|Mafia (étymologie)}}
Le terme « mafia » a diverses étymologies possibles plus ou moins vérifiables et vraisemblables. Dans les années 1860, le terme apparaît dans des documents officiels et les communications des fonctionnaires de l'époque pour désigner, tout à la fois, une association de malfaiteurs et un comportement de la société sicilienne couramment admis à l'époque<ref name="JD">{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=John|nom1=Dickie|traducteur=Anne-Marie Carrière|titre=Cosa Nostra : la mafia sicilienne de 1860 à nos jours|lieu=Paris|éditeur=[[éditions Perrin]]|collection=Tempus|année=2007|pages totales=509|isbn=978-2-262-02727-8}}, en particulier chapitre I.</ref>.
Le mot "mafia" possède plusieurs origines étymologiques, dont la véracité varie. À partir des années 1860, ce terme est attesté dans des documents officiels ainsi que dans les échanges entre fonctionnaires de l'époque. Il était alors employé pour désigner à la fois un groupe de criminels organisés et un ensemble de comportements sociaux perçus comme étant répandus dans la société sicilienne de l'époque<ref name="JD">{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=John|nom1=Dickie|traducteur=Anne-Marie Carrière|titre=Cosa Nostra : la mafia sicilienne de 1860 à nos jours|lieu=Paris|éditeur=[[éditions Perrin]]|collection=Tempus|année=2007|pages totales=509|isbn=978-2-262-02727-8}}, en particulier chapitre I.</ref>.


Selon le compte rendu historique de [[Giuseppe Pitrè|Giuseppe Pitré]] sur les traditions populaires de cette époque (1841-1916) et dont les travaux furent fortement remis en question par certains historiens de la mafia même (John Dick soulignera que Pitré était alors un proche collaborateur du député notoirement lié au milieu mafieux [[Raffaele Palizzolo]]<ref>John Dickie (2004), ''Cosa Nostra : la mafia sicilienne de 1860 à nos jours'', éd. Perrin, 2007, {{p.}}119.</ref>), le terme était également employé en tant que synonyme de beauté, bravache et audace dans la langue populaire d’un quartier de [[Palerme]] ([[Italie]]). Ce même sens étymologique sera repris par Diego Gambetta, en 1993, dans son ouvrage ''The Sicilian Mafia: the Business of Private Protection''<ref>[[Harvard University Press]], 1993.</ref>, tandis que John Dickie insiste sur l'ambivalence du terme, désignant, à la fois et tour à tour, un comportement machiste dit « d'honneur » et une association criminelle proprement dite… Toujours selon Dick, certains auteurs d'alors auraient ouvertement insisté sur le premier sens afin de faire croire à leurs contemporains l'absence de toute forme d'association criminelle.
D'après les recherches historiques de [[Giuseppe Pitrè|Giuseppe Pitré]] sur les traditions populaires entre 1841 et 1916, qui ont suscité des controverses parmi les historiens de la mafia, notamment à cause de ses liens étroits avec le député associé au milieu mafieux, [[Raffaele Palizzolo]]<ref name="stvictor" />, le terme "mafioso" était également utilisé dans le langage populaire d'un quartier de [[Palerme]], en [[Italie]], pour signifier la beauté, la bravoure et l'audace. Cette interprétation étymologique a été reprise par Diego Gambetta dans son ouvrage de 1993, ''The Sicilian Mafia: the Business of Private Protection''<ref name="stvictor" />. John Dickie souligne quant à lui l'ambivalence du terme, qui pouvait désigner à la fois un comportement machiste lié à l'honneur et une association criminelle proprement dite. De plus, selon Dickie, certains auteurs de l'époque auraient délibérément mis en avant le premier sens du terme afin de dissimuler l'existence d'une association criminelle aux yeux de leurs contemporains.


L'expression prise dans son sens criminel proprement dit serait apparue<ref name=JD/> à partir de 1863, avec la pièce ''I mafiusi di la Vicaria'' de Giuseppe Rizzotto et Gaspare Mosca, laquelle connut un grand succès et fut traduite en [[italien]], [[napolitain]] et meneghino, diffusant alors le sens véritable de ce terme sur tout le territoire national de l'Italie<ref name=JD/>. Dans cette pièce, le personnage du mafioso est le « ''camorista'' » ou l'homme d'honneur, c’est-à-dire celui qui adhère à une société s'opposant ouvertement aux institutions gouvernementales et exhibant, ainsi, courage et supériorité. Selon J. Dickie, l'abondante diffusion de cette pièce de théâtre serait à l'origine du mythe de la mafia protectrice des faibles et symbole de comportement honorable de la part de ses membres<ref name=JD/>. Dans son rapport de 1864 sur la sécurité publique en [[Sicile]], le baron Niccolò Turrisi Colonna ne parle pas de mafia, mais plutôt de « secte »<ref name=JD/> et Dickie affirme que c'est le gouvernement italien qui popularisa le terme dans son sens criminel actuel<ref name=JD/>.
L'origine de l'expression "mafia" dans son sens criminel propre semble remonter à 1863<ref name="JD" />, avec la représentation de la pièce théâtrale "I mafiusi di la Vicaria" de Giuseppe Rizzotto et Gaspare Mosca. Cette pièce rencontra un succès retentissant et fut traduite en italien, en napolitain et en dialecte milanais, contribuant ainsi à répandre le véritable sens du terme à travers toute l'Italie. Dans cet ouvrage, le personnage du mafioso est présenté comme un "camorista" ou homme d'honneur, celui qui adhère à une société en opposition ouverte aux institutions gouvernementales, exhibant ainsi courage et supériorité. Selon J. Dickie, la large diffusion de cette pièce de théâtre serait à l'origine du mythe entourant la mafia, la présentant comme protectrice des faibles et symbole de comportement honorable de la part de ses membres. Dans son rapport de 1864 sur la sécurité publique en Sicile, le baron Niccolò Turrisi Colonna n'utilise pas le terme "mafia", préférant celui de "secte". Dickie affirme que c'est le gouvernement italien qui popularisa le terme dans son sens criminel actuel<ref name=JD/>.


Un document confidentiel signé en {{date-|avril 1865}} par le marquis et préfet de Palerme Filippo Antonio Gualterio, mentionne la présence et l'existence de la mafia sous la formulation « ''Mafia, o associazione malandrinesca'' » (en {{lang-fr|la mafia, ou association de malandrins}}). Selon Gualterio, la mafia offrait alors son aide et sa protection aux opposants du gouvernement<ref name=JD/>. Dès lors, tenant compte de ces recommandations, le gouvernement italien enverra en Sicile, pendant {{nombre|6|mois}}, une troupe forte de {{nombre|15000|soldats}} afin d'y contrer toute forme d'opposition politique populaire<ref name=JD/>. Selon Dickie, Gualterio aurait sciemment décrit les agissements de la mafia en tant que manœuvres adverses visant à renverser ledit gouvernement, alors que certains de ses chefs parmi les plus importants tel que Antonino Giammona, s'étaient plutôt rangés du côté du gouvernement<ref name=JD/>. Ce rapport suscitera en outre une longue controverse sur le sens du mot « mafia », certains affirmant qu'il signifiait « comportement honorable et brave », d'autres déclarants, au contraire, qu'il décrivait bel et bien une organisation criminelle<ref name=JD/>. De sorte qu'en 1877, le rapport de [[Leopoldo Franchetti]] et [[Sidney Sonnino]] décrit la mafia comme une « industrie de la violence » et la notion d'association criminelle est donc à nouveau confirmée par le rapport Sangiorgi paru au tournant du {{s-|XX}}.
En avril 1865, le marquis et préfet de Palerme, [[Philippe-Antoine Gualterio|Filippo Antonio Gualterio]], rédigera un document confidentiel évoquant la présence de la mafia sous le terme "Mafia, o associazione malandrinesca" (en français : la mafia, ou association de malandrins). Selon Gualterio, la mafia aurait alors offert son soutien et sa protection aux opposants du gouvernement. En réponse, le gouvernement italien déploiera une force militaire de 15 000 soldats en Sicile pendant six mois pour réprimer toute forme d'opposition politique populaire, suivant ainsi les recommandations de Gualterio. Cependant, il est à noter que certains chefs de la mafia, comme [[Antonino Giammona]], se seraient alliés au gouvernement, contrairement à la représentation de la mafia par Gualterio comme une force anti-gouvernementale. Cette interprétation controversée du terme "mafia" suscitera des débats prolongés quant à sa signification réelle. Certains soutiendront qu'il reflétait un comportement honorable et brave, tandis que d'autres insisteront sur son association avec une organisation criminelle. Cette controverse culminera avec le rapport de [[Leopoldo Franchetti]] et [[Sidney Sonnino]] en 1877, qui décrira la mafia comme une "industrie de la violence", réaffirmant ainsi la notion d'association criminelle, comme également attesté par le rapport Sangiorgi à la fin du <small>XIX</small><sup>e</sup> siècle<ref name="JD" />.


D'autres sens et définitions étymologiques ultérieurement évoqués suscitent l'ironie dans la nouvelle ''Philologie'' de Leonardo Sciascia (1973, in ''La Mer couleur de vin'') qui y met en scène deux mafieux proposant des significations opposées visant essentiellement à confondre et à égarer le lecteur alors médusé<ref name=JD/>. Pour [[Salvatore Lupo]], {{Citation|on invente une série d’invraisemblables dérivations du mot qui remontent souvent à la nuit des temps, comme si d’avoir trouvé son étymologie résolvait le problème interprétatif ou, pire, opératif.}}<ref>{{Chapitre|auteur1=[[Salvatore Lupo]]|titre chapitre=La Sicile entre métaphore et histoire|titre ouvrage=Sicile(s) d'aujourd'hui|éditeur=Presses Sorbonne Nouvelle|collection=Études italiennes|année=|date=2018-12-13|isbn=978-2-87854-989-8|lire en ligne=http://books.openedition.org/psn/7232|consulté le=2021-01-19|passage=33–41}}.</ref>
Dans son ouvrage "''La Mer couleur de vin''" (1973), [[Leonardo Sciascia]] utilise l'ironie pour mettre en lumière les sens et définitions étymologiques discutables. Il dépeint deux mafieux qui proposent des significations divergentes, souvent absurdes, dans le but de dérouter et de mystifier le lecteur<ref name="JD" />. [[Salvatore Lupo]] souligne cette pratique en notant que la création de dérivations invraisemblables pour un mot, prétendument issues de temps anciens, semble viser à résoudre de manière fallacieuse les problèmes d'interprétation ou même d'action<ref>{{Chapitre|auteur1=[[Salvatore Lupo]]|titre chapitre=La Sicile entre métaphore et histoire|titre ouvrage=Sicile(s) d'aujourd'hui|éditeur=Presses Sorbonne Nouvelle|collection=Études italiennes|année=|date=2018-12-13|isbn=978-2-87854-989-8|lire en ligne=http://books.openedition.org/psn/7232|consulté le=2021-01-19|passage=33–41}}.</ref>.


== Naissance et origine de la mafia ==
== Naissance et origine de la mafia ==
Le terme de mafia est [[polysémique]] : au sens large, il désigne toute forme de [[crime organisé]] n'importe où sur la planète (c'est ainsi qu'on parle des mafias [[Mafia américaine|américaine]], [[mafia russe|russe]], [[mafia irlandaise|irlandaise]], [[Mafia bulgare|bulgare]], [[#Les mafias italiennes|italienne]],
Le terme "mafia" revêt une polysémie complexe. Dans son acception la plus générale, il englobe toute forme de crime organisé, qu'elle sévisse n'importe où dans le monde. Ainsi, on évoque les mafias [[Mafia américaine|américaine]], [[Mafia russe|russe]], [[Mafia irlandaise|irlandaise]], [[Mafia bulgare|bulgare]], italienne, bosniaque, [[Mafia serbe|serbe]], [[Mafia turque|turque]], [[Mafia albanaise|albanaise]], [[Crime organisé corse|corse]], [[Triades chinoises|chinoise]], [[Yakuza|japonaise]], [[Mocro Maffia|marocaine]], [[Mafia mexicaine|mexicaine]], et autres. Cependant, son sens premier renvoie à l'organisation criminelle d'origine sicilienne, laquelle trouve ses racines en Sicile, où elle a pris naissance.

[[Mafia bosniaque|bosniaque]],
[[Mafia serbe|serbe]], [[Mafia turque|turque]], [[Mafia albanaise|albanaise]], [[Crime organisé corse|corse]], [[Triades chinoises|chinoise]], [[mafia japonaise|japonaise]], [[Mafia marocaine|marocaine]], [[Mafia mexicaine|mexicaine]], etc.) ; mais le sens premier désigne l'organisation du crime sicilienne ; la [[Sicile]] est le berceau de la mafia.
=== Une origine sicilienne ===
=== Une origine sicilienne ===
{{article détaillé|Cosa nostra}}
{{article détaillé|Cosa nostra}}
==== La mafia sicilienne : onorata società, [[Omertà (loi du silence)|omertà]], etc. ====
==== La mafia sicilienne : onorata società, [[Omertà (loi du silence)|omertà]], etc. ====
Il est possible que ces mafias tirent leurs origines lors de la conquête [[Islam|musulmane]], quand les princes chrétiens ont pris le maquis pour continuer à diriger leurs terres en secret. Ces anciens princes chrétiens pourraient ainsi être à l'origine de ces sociétés dogmatiques{{Référence souhaitée}}. Ces mafias ne furent connues du monde qu'avec l'émigration italienne, qui commencera au {{s-|XIX}}, date à laquelle le monde prend connaissance de ce système ancestral.
Il est envisageable que les racines de ces organisations mafieuses remontent à la période de la conquête [[Islam|musulmane]], lorsque les princes chrétiens ont été contraints de se retirer dans les régions boisées pour continuer à gouverner leurs terres en secret. Ces anciens princes chrétiens pourraient donc être à l'origine de ces sociétés dogmatiques. Cependant, des références supplémentaires sont nécessaires pour appuyer cette hypothèse.


La mafia à l'origine est donc sicilienne. Elle apparaît dans la seconde moitié du {{s-|XIX}}. Dans la première moitié du {{s-|XIX}}, l'aristocratie a laissé de plus en plus de place à la bourgeoisie dans la gestion des terres. D'une manière générale, les taxes ont augmenté ; les terres réservées autrefois aux pauvres ont été confisquées et privatisées. Avec le rattachement à l'Italie (1861), de nouvelles taxes imposées par le Nord s'ajoutent, rendant la situation intenable. C'est dans ce contexte que la mafia surgit.
La mafia trouve ses origines en [[Sicile]], se manifestant principalement dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Durant la première moitié de ce siècle, l'aristocratie a graduellement cédé la gestion des terres à la bourgeoisie. Cette transition s'est accompagnée d'une augmentation des taxes et de la confiscation des terres autrefois destinées aux pauvres, qui ont été privatisées. L'adhésion de la Sicile à l'[[Italie]] en 1861 a exacerbé cette situation avec l'introduction de nouvelles taxes du [[Italie du Nord|Nord]], rendant la situation insupportable pour de nombreux habitants. C'est dans ce climat de mécontentement social que la mafia a émergé.


Les membres initiaux de la mafia étaient souvent des déshérités, contraints à la mendicité ou au brigandage après avoir été chassés de leurs terres. Cependant, il y avait aussi une composante de riches propriétaires terriens qui expulsaient les paysans et rétribuaient les hommes de main pour percevoir des taxes et extorquer des fonds sans passer par les voies légales. Dans un contexte où la pauvreté touchait à la fois les classes inférieures et supérieures, les liens sociaux se resserraient. L'honneur et la parole donnée devenaient des valeurs cruciales, donnant naissance à l'idée de l'« onorata società », la société des hommes d'honneur, qui valorisait le silence et l'action. L'omertà, le code de silence, était ainsi consacré, exigeant de tout « homme d'honneur » de se taire plutôt que de trahir ses pairs.
Le mafieux est d'abord un misérable, chassé de ses terres, contraint à l'errance, mendiant, brigand, louant ses services. Mais il y a un autre type de mafieux : le riche, le possédant qui expulse et qui rémunère les gros bras qui expulsent, récoltent les taxes, extorquent les fonds sous la menace de l'arme, sans passer par les tribunaux <sup>[[Wikipédia:Style encyclopédique|[style à revoir]]]</sup>. À une époque où le pauvre et le riche vont s'appauvrir, les liens vont se resserrer ; au fur et à mesure que les difficultés s'accroissent, la valeur de la parole donnée augmente, ainsi naît l{{'}}''onorata società'', la société des hommes d'honneur, ceux qui tiennent leur parole et leur langue. Avec la mafia, la notion d{{'}}''[[Omertà (loi du silence)|omertà]]'' est scellée. Tout « homme d'honneur » doit tenir sa langue, il doit préférer le silence à la dénonciation, l'action à la parole. L{{'}}''omertà'', c'est l'homme (''omu'') et l'humilité (''umiltà''), l'homme humble, respectable, digne de ce nom, qui se tait et qui agit. C'est indéniablement dans un contexte d'extrême pauvreté que se développe la mafia : sans conditions extrêmes, les hommes de main sont difficiles à recruter, et sans homme de main prêt à exécuter les ordres, il n'y a pas d'organisation.


La mafia est également liée à la notion de « parrain ». Le [[Parrain (mafia)|parrain]] est le chef de l'organisation, celui qui accumule le plus de richesses et celui qui prend toutes les décisions. Chaque homme lui doit le « respect » ; celui qui enfreint cette règle doit mourir. À l'origine, la mafia est organisée, elle a un chef et des exécutants ; mais plus la pauvreté va croître dans la Sicile de la fin du {{s-|XIX}}, plus les « mafias » vont prospérer et s'organiser, plus elles vont être nombreuses et s'affronter pour le contrôle des territoires et des revenus {{Référence souhaitée|date=9 septembre 2023}}.
La mafia est également associée à la figure du « parrain », le chef suprême de l'organisation, détenteur de richesses et prenant toutes les décisions. Le respect envers le parrain était une règle sacrée, tout manquement étant passible de mort. À ses débuts, la mafia était relativement structurée, avec un chef et des subordonnés, mais sa croissance s'est accélérée à mesure que la pauvreté s'est aggravée en Sicile à la fin du dix-neuvième siècle. Ce contexte de misère a favorisé la multiplication des « mafias », qui se sont organisées et ont rivalisé pour le contrôle des territoires et des revenus.


==== Le premier Parrain : « Don Vito » (1862-1943) ====
==== Le premier Parrain : « Don Vito » (1862-1943) ====
Le premier véritable « parrain » de la mafia s'appelle [[Vito Cascio Ferro]]. Il modernise l'organisation et impose le [[Pizzo (mafia)|''pizzo'']] : un «impôt» sous forme de racket de tous les commerçants. Il raconte qu'il va « picorer » chez les commerçants comme le moineau pique son bec dans une flaque d'eau pour boire ; d'où le terme « pizzo ». Il est le parrain qui chapeaute tous les ''capos'' qui eux-mêmes dirigent tous les hommes de main. Chaque capo a un ''consigliere'' (bras droit). « Don Vito », comme il se fait appeler, ne faillira jamais à la direction de son organisation, causant de nombreux morts au cours de sa vie. C'est lui qui inspire le personnage du film ''[[Le Parrain (film)|Le Parrain]],'' prêtant son surnom et son prénom à [[Don Vito Corleone]]. Le nom de Corleone étant emprunté au village de mafieux le plus dur qu'ait connu la Sicile : [[Corleone]], au sud-ouest de [[Palerme]]{{Référence souhaitée|date=14 mai 2023}}). C'est lui qui exporte la mafia aux [[États-Unis]] à la fin du {{s-|XIX}}.
[[Vito Cascio Ferro]] est souvent considéré comme le premier véritable chef, ou "parrain", de la mafia sicilienne. Il a joué un rôle crucial dans la modernisation de l'organisation criminelle, notamment en introduisant le concept du "[[Pizzo (mafia)|pizzo]]", un impôt sous forme de racket imposé à tous les commerçants locaux. Il était connu pour sa gestion centralisée, chapeautant tous les "capos" qui, à leur tour, supervisaient les hommes de main. Chaque "capo" était assisté d'un "[[consigliere]]" agissant comme bras droit. Surnommé "Don Vito", il était réputé pour sa direction intransigeante de l'organisation, même si cela impliquait des actions violentes et a causé de nombreuses pertes humaines au fil de sa vie. Il est également célèbre pour avoir inspiré le personnage de [[Vito Corleone|Don Vito Corleone]] dans le film ''[[Le Parrain (film)|Le Parrain]]'', partageant son surnom et son prénom. Le nom de famille "Corleone" est quant à lui une référence à un village sicilien réputé pour être un bastion de la mafia. Vito Cascio Ferro a également joué un rôle majeur dans l'exportation de la mafia aux [[États-Unis]] à la fin du <small>XIX</small><sup>e</sup> siècle.


==== La mafia sicilienne aux États-Unis ====
==== La mafia sicilienne aux États-Unis ====
Les [[Siciliens]] pauvres fuient la misère et ne trouvent que misère également aux [[États-Unis]] ; l'organisation de la mafia trouve donc un terrain prospère pour ses affaires. C'est ainsi que dès l'arrivée des premiers Siciliens se met en place l'organisation de la [[Mano Nera]]. Les mafieux envoient des lettres anonymes aux autres Siciliens avec une demande de rançon signée par un dessin représentant une main gantée de noir. Celui qui reçoit la lettre n'a qu'à se rendre au rendez-vous fixé avec la somme demandée, sous menace d'assassinat. Ce phénomène n'étant réservé qu'aux Siciliens, et ces Siciliens étant généralement très pauvres, la police américaine ne prête pas attention à ces affaires. Ce n'est guère qu'une fois qu'un cadavre est retrouvé que l'on s'inquiète un peu, sans que cela provoque de conséquences concrètes. C'est ainsi que l'organisation criminelle de Don Vito s'étend de la Sicile aux États-Unis et y prospére. On trouve très tôt des marques d'implantation de la mafia partout où il y a des Siciliens : [[New York]] bien sûr, mais aussi [[Chicago]], [[Los Angeles]] et même [[Zone métropolitaine de Kansas City|Kansas City]].
Les [[Siciliens]] démunis, fuyant la détresse de leur terre natale, découvrent aux [[États-Unis]] un sort similaire. Dans ce contexte, le terreau fertile pour les activités de la mafia se trouve propice. Ainsi, dès l'arrivée des premiers migrants siciliens, se met en place l'organisation connue sous le nom de [[Mano Nera]]. Cette entité criminelle déploie une tactique insidieuse consistant à envoyer des missives anonymes à d'autres Siciliens, exigeant une rançon sous peine de représailles mortelles, symbolisées par l'image d'une main gantée de noir. Étant confiné à cette communauté et celle-ci étant principalement défavorisée, les autorités américaines négligent ces affaires. Ce n'est qu'après la découverte d'un cadavre que l'attention des autorités est éveillée, bien que cela ne débouche généralement pas sur des actions concrètes. Ainsi, l'empire criminel de Don Vito se déploie de la Sicile jusqu'aux États-Unis, prospérant dans ces nouvelles contrées. Les signes de l'influence mafieuse se manifestent précocement partout où la population sicilienne est présente, que ce soit à [[New York]], mais également à [[Chicago]], [[Los Angeles]], voire même à [[Kansas City (Missouri)|Kansas City]].


=== Les mafias italiennes ===
=== Les mafias italiennes ===


Si la mafia se développe d'abord en Sicile, elle se développe aussi rapidement dans le Sud de l'Italie, cette autre partie soumise au nord et négligée par le nord dès après 1861.
L'émergence de la mafia en [[Sicile]] a marqué le début de son expansion rapide dans le [[Italie méridionale|Sud de l'Italie]], une région qui a été souvent négligée et dominée par le [[Italie du Nord|Nord]] dès après l'unification de 1861.


Les organisations criminelles italiennes, communément appelées mafias, adoptent des appellations variées en fonction de leur territoire de domination :
Les mafias italiennes portent différents noms selon le lieu où elles règnent :
* ''[[Cosa nostra]]'' (ou mafia sicilienne) en [[Sicile]] - celle-ci était jadis désignée sous le nom de « mafia », dont le sens fut ensuite élargi, et ce jusqu'à ce qu'un ''[[pentito]]'' révèle qu'entre eux, les mafieux siciliens utilisaient le terme de ''Cosa nostra'' ;
* ''[[Cosa nostra]]'' (ou mafia sicilienne) en [[Sicile]] - celle-ci était jadis désignée sous le nom de « mafia », dont le sens fut ensuite élargi, et ce jusqu'à ce qu'un ''[[pentito]]'' révèle qu'entre eux les mafieux siciliens utilisaient le terme de ''Cosa nostra'' ;
* la ''[['Ndrangheta]]'' (ou mafia calabraise) en [[Calabre]] ;
* la ''[['Ndrangheta]]'' (ou mafia calabraise) en [[Calabre]] ;
* la [[Camorra]] (ou mafia napolitaine) en [[Campanie]] ;
* la [[Camorra]] (ou mafia napolitaine) en [[Campanie]] ;
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* la [[Mafia serbe|''mafija'']] [[Serbie|serbe]],
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* la [[Bratva]] ou « [[Mafia russe|Mafiya]] » [[Russie|russe]],
* la [[Bratva]] ou « [[Mafia russe|Mafiya]] » [[Russie|russe]],
* la [[Mafia turque|''mafya'']] [[Turquie|turque]],
* la [[Mafia turque|''mafya'' turque]],
* la [[mafia israélienne]],
* la [[mafia israélienne]],
* la [[Crime organisé corse|mafia corse]],
* la [[Crime organisé corse|mafia corse]],
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À noter que les 8 mafias dites « traditionnelles » sont la [[Cosa nostra]], la [['Ndrangheta]], la [[Camorra]], la [[Sacra corona unita]], la [[Mafia américaine]], les [[Triades chinoises]], les [[Yakuza]] japonais et la [[Mafia turque]]. Les autres mafias ne sont pas considérées comme tel notamment à cause du fait qu'elles ne disposent pas d'organe de hiérarchie de décision (comme la « coupole » de la [[Cosa nostra]]), mais fonctionnent plutôt en « milieu » avec des clans indépendants qui peuvent collaborer ou s'affronter entre eux. C'est le cas par exemple de la [[Mafia corse]], on parle aussi de milieu corse.
À mentionner, les 8 mafias dites "traditionnelles" incluent la Cosa Nostra, la 'Ndrangheta, la Camorra, la Sacra Corona Unita, la Mafia américaine, les Triades chinoises, les Yakuza japonais et la Mafia turque. Les autres groupes criminels ne sont pas classés comme des mafias, principalement car ils ne possèdent pas de structure hiérarchique centrale, comme la "coupole" de la Cosa Nostra. Ils opèrent plutôt dans un système de "milieu", avec des clans indépendants qui peuvent coopérer ou s'affronter entre eux. Un exemple en est la Mafia corse, également connue sous le nom de milieu corse.


On notera également que seules ces 8 mafias traditionnelles disposent de rituels d'initiations pour intégrer l'organisation.
Il est également à noter que seules ces 8 mafias traditionnelles ont des rituels d'initiation pour l'intégration à l'organisation.


Il existe également d'autres groupes criminels qui ne sont même pas considérés comme des mafias. C'est notamment le cas des [[Cartel de la drogue|cartels]] mexicains et colombiens, du milieu anglais et écossais, des clans nigérians ou de la pègre du sud de la France.
En dehors de ces structures, il existe d'autres groupes criminels qui ne sont même pas reconnus comme des mafias. Cela inclut les cartels mexicains et colombiens, le milieu anglais et écossais, les clans nigérians et la pègre du sud de la France.


== Caractéristiques d'une mafia ==
== Caractéristiques d'une mafia ==
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En général, la mafia préfère recourir à l’intimidation, la [[corruption]] ou le [[chantage]] plutôt qu’à la force pour contraindre ceux qui lui résistent. De cette manière elle attire moins l’attention du grand public sur elle. Mais il arrive régulièrement que pour se débarrasser de concurrents, de [[témoin]]s gênants ou de traîtres, les mafias usent de méthodes sanguinaires : guerres de [[Bande criminelle|gangs]] pour la prise de contrôle d’un territoire ou d’un marché, [[assassinat]] de témoins, de complices ou de juges avant un [[procès]] en sont quelques exemples.
Généralement, la mafia préfère employer des tactiques telles que l'intimidation, la corruption ou le chantage plutôt que la violence directe pour contraindre ceux qui s'opposent à elle. Cette approche vise à attirer moins l'attention du grand public. Cependant, il est fréquent que les organisations mafieuses recourent à des méthodes extrêmement violentes pour éliminer leurs concurrents, les témoins gênants ou les traîtres. Ces méthodes incluent les conflits entre gangs pour le contrôle d'un territoire ou d'un marché, ainsi que l'assassinat de témoins, de complices ou même de juges avant un procès.


Mais ce fonctionnement est souvent régi par une Commission dirigée par les chefs et parrains d'un vaste territoire. Chaque protagoniste dirige alors un secteur (voir ci-dessus). Elle peut être fondée sur un système démocratique avec une constitution et des lois ou sur un système despotique. La plus célèbre fut celle d'[[Atlantic City]] dont les dirigeants furent les plus grands mafieux du {{s-|XX}} ([[Al Capone]], [[Lucky Luciano]]...).
Le fonctionnement de ces organisations est souvent régulé par une commission dirigée par les chefs et les parrains d'un vaste territoire. Chaque membre de cette commission est responsable d'un secteur spécifique. Ce système peut être basé sur une structure démocratique avec une constitution et des lois internes, ou sur un système despotique.


L'une des commissions les plus célèbres fut celle d'[[Atlantic City]], dont les membres les plus éminents furent parmi les plus grands mafieux du <small>XX</small><sup>e</sup> siècle, tels qu'[[Al Capone]] et [[Lucky Luciano]].
La direction des organisations mafieuses d'Italie est composée de personnes agissant dans un cadre illégal (les capimafia) mais aussi légal (politiciens et fonctionnaires, hommes d’affaires, avocats, conseillers financiers, etc.)<ref name=":0" />.

En Italie, la direction des organisations mafieuses est composée à la fois de personnes agissant dans le cadre illégal (les « capimafia ») et de personnes opérant dans le cadre légal, notamment des politiciens, des fonctionnaires, des hommes d'affaires, des avocats et des conseillers financiers<ref name=":0" />.


=== L'infiltration mafieuse dans l'économie ===
=== L'infiltration mafieuse dans l'économie ===
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==== Fonctionnement de l'économie mafieuse ====
==== Fonctionnement de l'économie mafieuse ====
La base de l’économie mafieuse se situe dans le système de collecte du « [[pizzo (mafia)|pizzo]] » : les mafieux imposent aux commerçants des revenus en échange d’une « protection », sous peine de voir leurs vitrines saccagées et leurs marchandises disparaître ou brûler. Bien qu’elle soit l’une des techniques les plus importantes en matière d’économie mafieuse, les revenus ont des centaines d’origines différentes. Il faut d’abord préciser que l’économie mafieuse se divise en trois parties : l’économie illégale, légale et légale-mafieuse. Ces trois circuits sont intimement liés. Ainsi, par exemple, les revenus de l’économie illégale ''(economia sommersa)'' permettent de créer de nouvelles entreprises, cette fois-ci totalement légales. De même, la production peut être légale mais la vente illégale et inversement. Ce sont ces liens étroits qui posent les difficultés énormes qu’affronte le gouvernement italien pour débusquer les entreprises mafieuses, notamment en vérifiant les mouvements et les dépôts bancaires ou les appels d’offres. Le recyclage d’argent sale est une activité à part entière. [[Drogue]]s, [[arme]]s, [[œuvres d'art|œuvres d’art]] volées, constituent les grandes filières classiques des trafics illégaux. Mais il faut aussi citer des affaires moins connues tels que le trafic de déchets industriels, la fraude aux subventions alimentaires, les grands travaux d’infrastructure et ainsi de suite. La liste des secteurs est longue voire illimitée : cela va du [[proxénétisme]] au contrôle des [[Casino (lieu)|casinos]], de la fausse monnaie au trafic d’êtres humains mais aussi plus récemment de la cybercriminalité (piratage et détournement de fonds sur [[Internet]]). Tous ces réseaux se sont bien évidemment étendus aujourd’hui au niveau international.
Le fondement de l'économie mafieuse réside dans le système de collecte du "[[Pizzo (mafia)|pizzo]]" : les membres de la mafia exigent des paiements aux commerçants en échange de leur "protection", menaçant de vandaliser leurs établissements ou de les dépouiller en cas de refus. Bien que le "pizzo" soit une méthode capitale dans l'économie mafieuse, ses sources de revenus sont diverses et multiples. Il convient d'abord de distinguer trois composantes de cette économie : l'illicite, le légal, et le légal-mafieux, ces trois sphères étant étroitement interconnectées. Par exemple, les gains issus d'activités illégales peuvent servir à établir de nouvelles entreprises, parfaitement légales cette fois-ci. De même, la production peut être licite alors que la commercialisation est illicite, et vice versa. Ces liens complexes constituent un défi majeur pour les autorités italiennes, qui peinent à démanteler les entreprises mafieuses en traquant leurs transactions bancaires, leurs appels d'offres, ou leurs mouvements financiers. Le blanchiment d'argent sale est une activité distincte, englobant des secteurs variés tels que le trafic de drogues, d'armes, d'œuvres d'art volées, mais également des activités moins connues comme le commerce illicite de déchets industriels, la fraude aux subventions alimentaires, ou la corruption dans les grands projets d'infrastructure. La liste des domaines infiltrés par la mafia est longue et peut sembler sans limite, allant de la prostitution au contrôle des établissements de jeu, de la contrefaçon monétaire au trafic d'êtres humains, et plus récemment, à la cybercriminalité, incluant le piratage et le détournement de fonds en ligne. Ces réseaux criminels se sont bien évidemment internationalisés de nos jours.


Selon le rapport annuel de la Confesercenti en 2007, une association qui regroupe {{formatnum:270000}} commerçants et patrons de petites entreprises italiennes<ref name="lemonde20071024">[https://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-970671,0.html 7 % : part occupée par la mafia dans le produit intérieur brut italien], ''Le Monde'', {{date|24|octobre|2007}}.</ref>, le chiffre d'affaires des organisations mafieuses italiennes s'élèverait à {{nombre|90|milliards}} d'[[euro]]s, hors trafic de drogue<ref>{{es}} [http://www.elpais.com/articulo/economia/mafia/primera/empresa/Italia/elpepueco/20071022elpepueco_12/Tes "La Mafia représente 7 % du PIB italien"], ''El Pais'', le 22 octobre 2007.</ref>. Principales sources de revenus : le [[usure (finance)|prêt usuraire]] ({{nombre|30|milliards}} d'euros de recettes, {{nombre|150000|entreprises}} victimes), le [[Pizzo (mafia)|pizzo]] ({{nombre|10|milliards}}), les [[contrefaçon]]s ({{nombre|7.4|milliards}}), le [[vol (droit)|vol]] ({{nombre|7|milliards}}), l'[[escroquerie]] ({{nombre|4.6|milliards}}) et le jeu et paris clandestins ({{nombre|2|milliards}}).
Selon le rapport annuel de la Confesercenti en 2007, une association représentant 270 000 commerçants et chefs de petites entreprises en Italie<ref name=":1">{{article|langue=en|auteur1=Peter Kiefer|titre=Mafia crime is 7% of GDP in Italy, group reports|périodique=[[The New York Times]]|date=22 octobre 2007|url=https://www.nytimes.com/2007/10/22/world/europe/22iht-italy.4.8001812.html}}.</ref>, il est estimé que les organisations mafieuses italiennes génèrent un chiffre d'affaires total de 90 milliards d'euros, à l'exclusion du trafic de drogue<ref name="lemonde20071024">[https://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-970671,0.html 7 % : part occupée par la mafia dans le produit intérieur brut italien], ''Le Monde'', {{date|24|octobre|2007}}.</ref>. Leurs principales sources de revenus comprennent le prêt usuraire (30 milliards d'euros de recettes, touchant 150 000 entreprises), le pizzo (10 milliards), les contrefaçons (7,4 milliards), le vol (7 milliards), l'escroquerie (4,6 milliards) ainsi que les activités de jeu et de paris clandestins (2 milliards).


==== Conséquences ====
==== Conséquences ====
Le poids du crime organisé italien dans le [[Produit intérieur brut|PIB]] national connaît des estimations contradictoires : environ 7 % selon l'organisation patronale Confesercenti en 2007<ref>{{article|langue=en|auteur1=Peter Kiefer|titre=Mafia crime is 7% of GDP in Italy, group reports|périodique=[[The New York Times]]|date=22 octobre 2007|url=https://www.nytimes.com/2007/10/22/world/europe/22iht-italy.4.8001812.html}}.</ref>{{,}}<ref name="lemonde20071024"/>, environ 10,9 % selon la [[Banque d'Italie]] en 2012<ref name="lepoint_mai_2014">{{article|langue=fr|titre=Le PIB de l'Italie bientôt dopé par la drogue et la prostitution ?|périodique=[[Le Point]]|date=23 mai 2014|url=http://www.lepoint.fr/economie/le-pib-de-l-italie-bientot-dope-par-la-drogue-et-la-prostitution-23-05-2014-1827288_28.php}}.</ref>, ou moins de 1 % selon une étude financée par le gouvernement en 2013<ref>{{article|langue=fr|titre=Italy's mafia makes 'less profit than believed'|périodique=[[BBC News]]|date=16 janvier 2013|url=http://www.lepoint.fr/economie/le-pib-de-l-italie-bientot-dope-par-la-drogue-et-la-prostitution-23-05-2014-1827288_28.php}}.</ref>. Le chiffre d'affaires des mafias n'est traditionnellement pas calculé dans les statistiques officielles du PIB, car il est le fruit d'activités économiques illégales ou bien au noir ; cependant, le gouvernement italien pourrait intégrer les revenus du trafic de drogue et de la prostitution dans le PIB en 2015 suivant des directives de l'[[Union européenne]]<ref name="lepoint_mai_2014" />. La mafia n’est plus une entreprise familiale mais est devenue au fil du temps un empire financier de type multinational.
Le poids économique du crime organisé italien au sein du [[produit intérieur brut]] (PIB) national suscite des évaluations contradictoires. En 2007<ref name=":1" />{{,}}<ref name="lemonde20071024" />, l'organisation patronale Confesercenti estimait qu'il représentait environ 7 %, tandis que la [[Banque d'Italie]] avançait un chiffre d'environ 10,9 % en 2012. En revanche, une étude financée par le gouvernement en 2013 avançait une estimation bien moindre, inférieure à 1 %. Ces divergences s'expliquent en partie par l'exclusion traditionnelle du chiffre d'affaires des activités criminelles, telles que le trafic de drogue et la prostitution, des statistiques officielles du PIB en raison de leur caractère illicite. Cependant, sous la pression des directives de l'[[Union européenne]], le gouvernement italien envisageait en 2015 d'intégrer ces revenus criminels dans le calcul du PIB. Il est à noter que la structure de la mafia italienne a évolué au fil du temps, passant d'une entreprise familiale à un véritable empire financier de type multinational.


=== L’infiltration mafieuse dans la politique ===
=== L’infiltration mafieuse dans la politique ===
La mafia en Sicile représente un électorat relativement important, quoique toujours très minoritaire par rapport à la grande masse d'électeurs siciliens. Par une technique rodée, elle pousse ses affiliés à voter pour certains partis, certaines personnes. Les politiciens, en échange de cette faveur, garantissent la protection de la mafia et de son commerce une fois au pouvoir. C’est ainsi que des pro-mafias, ou des mafieux même, accèdent à des rangs tels que celui de [[Maire (Italie)|maire]] ([[Vito Ciancimino]]) ou de {{Lien|langue=it|trad=Consiglio comunale (Italia)|fr=Conseil communal (Italie)|texte=conseiller communal}}. C’est surtout lorsqu’elle a affaire aux tribunaux que la mafia réclame son soutien aux hommes politiques.
En [[Sicile]], la mafia représente un segment électoral significatif, bien que minoritaire par rapport à la population électorale globale. Elle utilise des méthodes éprouvées pour influencer ses affiliés en faveur de certains partis et candidats politiques. En échange de leur soutien, les politiciens promettent de protéger les intérêts et les activités criminelles de la mafia une fois au pouvoir. Ainsi, des individus favorables à la mafia, voire des membres de cette organisation criminelle, parviennent à occuper des postes politiques importants, tels que celui de maire (comme [[Vito Ciancimino]]) ou de conseiller municipal.


Aucune préférence en général n’est remarquée chez les mafieux en matière de partis excepté un [[anticommunisme]] fervent. La [[Démocratie chrétienne (Italie)|démocratie chrétienne]] fut largement sollicitée par la mafia car elle occupa le pouvoir de [[1947 en Italie|1947]] à [[1990 en Italie|1990]] sans discontinuer. À ce titre, le nom de [[Giulio Andreotti]] fut cité plusieurs fois lors de procès. Il a toujours été acquitté ''en dernière instance'', même si des représentants de la [[Démocratie chrétienne (Italie)|DC]] sur place ont été arrêtés.
La mafia sollicite particulièrement le soutien des hommes politiques lorsqu'elle est confrontée à des poursuites judiciaires. En général, les mafieux ne montrent aucune préférence partisane, à l'exception d'une aversion marquée pour le communisme. La [[Démocratie chrétienne (Italie)|Démocratie chrétienne]] a été particulièrement sollicitée par la mafia en raison de son long règne politique ininterrompu de 1947 à 1990. Le nom de [[Giulio Andreotti]] a été mentionné à plusieurs reprises lors de procès, bien qu'il ait toujours été acquitté en dernière instance, malgré l'arrestation de certains membres de la DC sur place. Les militants du [[Parti communiste italien|Parti Communiste Italien]] ont été la cible de la violence de la mafia, comme en témoigne le [[massacre de Portella della Ginestra]] en 1947, où onze personnes ont été abattues lors de la célébration de la fête des travailleurs du 1<sup>er</sup> mai. Des figures importantes du parti communiste, telles que le juge et ancien député [[Cesare Terranova]] en 1979, ainsi que [[Pio La Torre]], responsable de la section communiste de Sicile, en 1982, ont également été assassinées.


L'[[Église catholique|Église]], en raison de son [[anticommunisme]], a longtemps fermé les yeux sur les liens entre la mafia et les élites politiques. Cependant, ces dernières années, l'Église a pris une position plus ferme en condamnant la mafia, la qualifiant même de "péché social". Certains prêtres ont payé de leur vie leur engagement contre les activités criminelles, tandis que d'autres ont été accusés de collusion avec la mafia<ref name=":0">{{Lien web |langue=it-IT |titre=Histoire des luttes contre la mafia |url=https://www.centroimpastato.com/histoire-des-luttes-contre-la-mafia/ |site=Centro Impastato |date=2015-03-02 }}.</ref>.
Les militants du [[Parti communiste italien]] ont été victimes de la violence de la mafia. Celle-ci est liée au [[massacre de Portella della Ginestra]], au cours duquel onze personnes sont abattues lors de la fête des travailleurs du [[1er mai|1<sup>er</sup>]] [[Mai 1947|mai]] [[1947 en Italie|1947]]. Le juge et ancien député communiste [[Cesare Terranova]] est assassiné en septembre 1979, ainsi que le responsable de la section communiste de Sicile [[Pio La Torre]] en avril 1982.

Par anticommunisme, l’Église a longtemps ignoré le réseau de complicité qui liait la mafia aux hommes de pouvoir. Depuis quelques années l’Église s'engage plus fermement dans la dénonciation de la mafia, qualifiant celle-ci de « péché social ». Certains prêtres ont été assassinés en raison de leur engagement contre les milieux criminels, mais d'autres sont accusés de collaboration avec la mafia<ref name=":0">{{Lien web |langue=it-IT |titre=Histoire des luttes contre la mafia |url=https://www.centroimpastato.com/histoire-des-luttes-contre-la-mafia/ |site=Centro Impastato |date=2015-03-02 }}.</ref>.


== Présence de la mafia en France ==
== Présence de la mafia en France ==
Le crime organisé est également présent sur le territoire français. Celui-ci est largement dominé par le [[Crime organisé corse|grand banditisme corse]], mais aussi (en moindre partie) par la criminalité issue des banlieues des grandes agglomérations.
Le territoire français est également marqué par la présence du crime organisé. Bien que largement dominé par le [[Crime organisé corse|grand banditisme corse]], d'autres formes de criminalité, issues notamment des banlieues des grandes agglomérations, y sont également présentes, bien que dans une moindre mesure.


Cependant, hormis en [[Corse]] (le sujet fait encore débat, mais de nombreux spécialistes de la criminalité considèrent clairement le [[Crime organisé corse|milieu corse]] comme une mafia), il n'existe pas de mafia française à proprement parler.
Toutefois, à l'exception de la Corse la qualification de mafia suscite encore des débats, de nombreux experts considèrent clairement le milieu corse comme une forme de mafia spécifique à cette région, mais il n'existe pas de mafia française au sens strict du terme sur le reste du territoire.


En revanche, plusieurs organisations criminelles opèrent et sont présentes en France. Parmi celles-ci, figurent :
Malgré cela, diverses organisations criminelles opèrent et sont implantées en France. Parmi celles-ci, on peut citer :
*Les mafias italiennes ([[Cosa nostra]] et [[Stidda]] en provenance de [[Sicile]], [[Camorra]] en provenance de Campanie, [['Ndrangheta]] [[Calabre|calabraise]] et la [[Sacra corona unita|Sacra Corona Unita]]), présentes près de grandes agglomérations telles que [[Grenoble]], [[Lyon]], [[Paris]], [[Marseille]], [[Toulouse]], [[Lille]] ou [[Strasbourg]]<ref name="point-20110721-48">Le Point du 21 juillet 2011 : La mafia en France {{p.|48}}.</ref>.
*Les mafias italiennes ([[Cosa nostra]] et [[Stidda]] en provenance de [[Sicile]], [[Camorra]] en provenance de Campanie, [['Ndrangheta]] [[Calabre|calabraise]] et la [[Sacra corona unita|Sacra Corona Unita]]), présentes près de grandes agglomérations telles que [[Grenoble]], [[Lyon]], [[Paris]], [[Marseille]], [[Toulouse]], [[Lille]] ou [[Strasbourg]]<ref name="point-20110721-48">Le Point du 21 juillet 2011 : La mafia en France {{p.|48}}.</ref>.
*La [[mafia russe]] (notamment le groupe des ''Vori v Zakonie -'' voleurs dans la loi), présente en [[Île-de-France|région parisienne]] mais surtout dans la région [[Provence-Alpes-Côte d'Azur|PACA]]. Les mafieux russes sont connus pour leur installation sur la [[Côte d'Azur]]<ref name="point-20110721-48" />{{,}}<ref>{{lien web |titre=On les appelle " Voleurs dans la loi " |url=http://www.lepoint.fr/societe/on-les-appelle-voleurs-dans-la-loi-21-07-2011-1357328_23.php |site=Le Point |date=21-07-2011 |consulté le=29-07-2020}}.</ref>.
*La [[mafia russe]] (notamment le groupe des ''Vori v Zakonie -'' voleurs dans la loi), présente en [[Île-de-France|région parisienne]] mais surtout dans la région [[Provence-Alpes-Côte d'Azur|PACA]]. Les mafieux russes sont connus pour leur installation sur la [[Côte d'Azur]]<ref name="point-20110721-48" />{{,}}<ref>{{lien web |titre=On les appelle " Voleurs dans la loi " |url=http://www.lepoint.fr/societe/on-les-appelle-voleurs-dans-la-loi-21-07-2011-1357328_23.php |site=Le Point |date=21-07-2011 |consulté le=29-07-2020}}.</ref>.
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== Présence de la mafia en Suisse ==
== Présence de la mafia en Suisse ==
En 2021, a été établi en [[Suisse]], dans le [[canton du Tessin]], l'Observatoire tessinois de la criminalité organisée (O-TiCO), affilié à l’Institut de droit de l’Université de la [[Suisse italienne]], en collaboration avec la Radio télévision Suisse de langue italienne ([[RSI La 1|RSI]]). La création de cet observatoire découle d'un constat selon lequel la question du crime organisé est insuffisamment abordée en Suisse. L’O-TiCO s'attelle ainsi à une analyse minutieuse de ce phénomène, en adoptant une approche scientifique rigoureuse. Lors de sa présentation à [[Lugano]] en mai 2021, la directrice de l'[[Office fédéral de la police]] (fedpol)<ref name=":2" />, [[Nicoletta della Valle]], a exprimé son intérêt pour une collaboration avec cet observatoire.
En 2021, a vu le jour en [[Suisse]] dans le [[canton du Tessin]], l'Observatoire tessinois de la [[Crime organisé|criminalité organisée]] (O-TiCO), qui fait partie de l’Institut de droit de l’[[Université de la Suisse italienne]], développé en collaboration avec la [[Radiotelevisione svizzera di lingua italiana|Radio télévision Suisse de langue italienne]] (RSI). Constatant qu’en Suisse on parle trop peu du phénomène mafieux, l’O-TiCO permet d’étudier le crime organisé de façon approfondie avec une rigueur scientifique. La cheffe de l'[[Office fédéral de la police]] (fedpol), Nicoletta della Valle, lors de la présentation au mois de mai 2021 à [[Lugano]] de cet observatoire du crime organisé, voit une occasion de collaboration avec l'Office fédéral de la police<ref>[https://www.letemps.ch/suisse/un-observatoire-tessin-lutter-contre-criminalite-organisee Un observatoire au Tessin pour lutter contre la criminalité organisée], [[Le Temps (quotidien suisse)|Le Temps]], 12 mai 2021</ref>. Au mois de juillet 2020, le journal alémanique ''[[NZZ am Sonntag]]'' rapporte que selon des experts [[Italie|italiens]], il y a une vingtaine de cellules mafieuses comptant en tout 400 membres en Suisse. Interpellé à ce sujet, l'Office fédéral de la police indique que cela pourrait même être en deçà de la réalité, soulignant « qu'on ne voit pas tout ». Dans son rapport annuel de 2019, fedpol indique avoir connaissance d'une centaine de membres se trouvant en Suisse, principalement de la [['Ndrangheta]] [[Calabre|calabraise]], mais aussi de la [[Cosa nostra|Cosa Nostra]] [[Sicile|sicilienne]] et de la [[Camorra]] [[Naples|napolitaine]]<ref>[https://www.rts.ch/info/suisse/11494807-au-moins-400-membres-de-la-mafia-italienne-sont-etablis-en-suisse.html Au moins 400 membres de la mafia italienne sont établis en Suisse], [[Radio télévision suisse]], 27 juillet 2020</ref>.

En juillet 2020, le journal alémanique [[NZZ am Sonntag]] a rapporté les estimations d'experts italiens, évoquant la présence d'une vingtaine de cellules mafieuses regroupant au total environ 400 membres en Suisse. Interpellée à ce sujet, l'Office fédéral de la police a suggéré que cette estimation pourrait être en deçà de la réalité, soulignant les limites de la perception dans la détection de ce type de criminalité. Dans son rapport annuel de 2019, fedpol a déclaré être au courant d'une centaine de membres présents sur le territoire suisse, principalement affiliés à la [['Ndrangheta]] calabraise, mais également à la [[Cosa nostra|Cosa Nostra]] sicilienne et à la [[Camorra]] napolitaine<ref name=":2" />.


== Lutte contre la mafia ==
== Lutte contre la mafia ==
{{Article détaillé|Lutte contre la mafia}}
{{Article détaillé|Lutte contre la mafia}}
Les politiques de lutte contre cette organisation criminelle se heurtent à l’adaptabilité de ces structures souples et décentralisées, capables de délocaliser leurs activités et de diversifier leurs flux financiers sans limites dans le monde entier. Entreprendre des enquêtes transnationales et remonter les multiples filières devient alors un casse-tête pour les juges, d’autant plus que certains pays comme les [[paradis fiscal|paradis fiscaux]] ne font rien pour leur faciliter la tâche. En réponse, [[Interpol]] doit faciliter la coopération policière internationale contre le crime, et des organismes nationaux comme le [[Federal Bureau of Investigation|FBI]] et la [[Drug Enforcement Administration|DEA]] disposent d'« attachés » dans le monde qui favorisent les enquêtes bilatérales contre les mafias, par exemple entre les États-Unis et l'Italie<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=John A. Cassara|titre=Hide and Seek : Intelligence, Law Enforcement, and the Stalled War on Terrorist Finance|éditeur=Potomac Books, Inc.|année=2006|pages totales=281|passage=76-81|isbn=978-1-61234-335-8|lire en ligne=https://books.google.ca/books?id=TXbx87PvW7oC&pg=PT76}}.</ref>.
Les efforts déployés par les politiques visant à contrer cette organisation criminelle se heurtent à l'adaptabilité de ses structures, caractérisées par leur souplesse et leur décentralisation. Ces dernières sont aptes à délocaliser leurs opérations et à diversifier leurs sources de financement à travers le monde, ce qui complique grandement les enquêtes transnationales et la traque des multiples ramifications. Cette complexité est exacerbée par l'inaction de certains pays, notamment les paradis fiscaux, qui ne coopèrent pas pleinement avec les autorités judiciaires. Face à ce défi, [[Interpol]] est appelé à jouer un rôle crucial dans la promotion de la coopération policière internationale contre le crime organisé. Par ailleurs, des agences nationales telles que le [[Federal Bureau of Investigation|FBI]] et la DEA déploient des "attachés" dans divers pays, favorisant ainsi les enquêtes bilatérales visant à démanteler les réseaux criminels, par exemple entre les [[États-Unis]] et l'[[Italie]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=John A. Cassara|titre=Hide and Seek : Intelligence, Law Enforcement, and the Stalled War on Terrorist Finance|éditeur=Potomac Books, Inc.|année=2006|pages totales=281|passage=76-81|isbn=978-1-61234-335-8|lire en ligne=https://books.google.ca/books?id=TXbx87PvW7oC&pg=PT76}}.</ref>.


=== Autorités ===
=== Autorités ===
==== International ====
==== International ====
[[Interpol]] est la deuxième plus grande organisation au monde derrière les Nations unies. La gestion des forces de police nationales européennes vont être modifiée en 1996 avec la création de l'agence de police européenne Europol.
[[Interpol]], se positionnant juste après les Nations unies en termes d'ampleur, occupe une place prépondérante en tant qu'organisation mondiale. En 1996, l'architecture de la coordination des forces de police nationales européennes a été profondément remodelée par l'émergence de l'agence [[Europol]], constituant ainsi une étape significative dans le paysage sécuritaire européen.


==== Nationale ====
==== Nationale ====
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Au mois de {{date-|juillet 1992}}, le ministère de l'Intérieur a publié une liste où figuraient les 30 fugitifs les plus dangereux d'Italie.
Au mois de {{date-|juillet 1992}}, le ministère de l'Intérieur a publié une liste où figuraient les 30 fugitifs les plus dangereux d'Italie.


Au mois de {{date-|janvier 2023}}, 4 de ces fugitifs sont encore recherchés<ref>[http://www.interno.gov.it/it/ministero/dipartimenti/dipartimento-pubblica-sicurezza/direzione-centrale-polizia-criminale/direzione-centrale-polizia-criminale-elenco-dei-latitanti-massima-pericolosita Direction centrale de la police criminelle], [[Ministère de l'Intérieur (Italie)|Ministère de l'Intérieur]].</ref>.
Au mois de {{date-|janvier 2023}}, 4 de ces fugitifs sont encore recherchés<ref name=":2">[http://www.interno.gov.it/it/ministero/dipartimenti/dipartimento-pubblica-sicurezza/direzione-centrale-polizia-criminale/direzione-centrale-polizia-criminale-elenco-dei-latitanti-massima-pericolosita Direction centrale de la police criminelle], [[Ministère de l'Intérieur (Italie)|Ministère de l'Intérieur]].</ref>.


*[[Camorra]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Arrestation d'un chef important de la mafia napolitaine|url=https://www.20minutes.fr/monde/2463463-20190302-italie-arrestation-chef-important-mafia-napolitaine|site=www.20minutes.fr|consulté le=2019-04-30}}.</ref>
*[[Camorra]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Arrestation d'un chef important de la mafia napolitaine|url=https://www.20minutes.fr/monde/2463463-20190302-italie-arrestation-chef-important-mafia-napolitaine|site=www.20minutes.fr|consulté le=2019-04-30}}.</ref>
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* ''[[Banana fish]]'' : un animé parlant d'un jeune garçon impliqué dans la mafia dès son plus jeune âge.
* ''[[Banana fish]]'' : un animé parlant d'un jeune garçon impliqué dans la mafia dès son plus jeune âge.
* ''[[Bungo Stray Dogs|Bungou Stray dogs]] : la mafia japonaise y est un principal acteur''
* ''[[Bungo Stray Dogs|Bungou Stray dogs]] : la mafia japonaise y est un principal acteur''
*''[[Hunter X Hunter]]'', la mafia y est représentée par les dix parrains, la brigade fantôme, aussi le clan Nostrad.
*''[[Hunter X Hunter]]'', la mafia y est représentée par les dix parrains, la Brigade Fantôme, aussi le clan Nostrad.
*''[[L'Organisation des hommes en noir|L'Organisation des hommes en Noir]]'' : un groupe criminel de grande influence, principal antagoniste dans le manga et anime ''[[Détective Conan]]''.
*''[[L'Organisation des hommes en noir|L'Organisation des hommes en Noir]]'' : un groupe criminel de grande influence, principal antagoniste dans le manga et anime ''[[Détective Conan]]''.



Dernière version du 8 juin 2024 à 16:00

Représentation symbolique de la Mafia par la pieuvre : même décapitée, la pieuvre conserve un bon nombre de ses tentacules en activité.

La mafia, également connue sous le nom de système mafieux, désigne une organisation criminelle caractérisée par une direction collégiale occulte, qui orchestre ses activités à travers une stratégie d'infiltration tant dans la société civile que dans les institutions, qu'elles soient privées ou publiques. Les individus affiliés à cette organisation sont communément désignés sous le terme de "mafieux", ou parfois de "mafiosi", en référence à leur appartenance à la mafia italienne.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le mot "mafia" possède plusieurs origines étymologiques, dont la véracité varie. À partir des années 1860, ce terme est attesté dans des documents officiels ainsi que dans les échanges entre fonctionnaires de l'époque. Il était alors employé pour désigner à la fois un groupe de criminels organisés et un ensemble de comportements sociaux perçus comme étant répandus dans la société sicilienne de l'époque[1].

D'après les recherches historiques de Giuseppe Pitré sur les traditions populaires entre 1841 et 1916, qui ont suscité des controverses parmi les historiens de la mafia, notamment à cause de ses liens étroits avec le député associé au milieu mafieux, Raffaele Palizzolo[2], le terme "mafioso" était également utilisé dans le langage populaire d'un quartier de Palerme, en Italie, pour signifier la beauté, la bravoure et l'audace. Cette interprétation étymologique a été reprise par Diego Gambetta dans son ouvrage de 1993, The Sicilian Mafia: the Business of Private Protection[2]. John Dickie souligne quant à lui l'ambivalence du terme, qui pouvait désigner à la fois un comportement machiste lié à l'honneur et une association criminelle proprement dite. De plus, selon Dickie, certains auteurs de l'époque auraient délibérément mis en avant le premier sens du terme afin de dissimuler l'existence d'une association criminelle aux yeux de leurs contemporains.

L'origine de l'expression "mafia" dans son sens criminel propre semble remonter à 1863[1], avec la représentation de la pièce théâtrale "I mafiusi di la Vicaria" de Giuseppe Rizzotto et Gaspare Mosca. Cette pièce rencontra un succès retentissant et fut traduite en italien, en napolitain et en dialecte milanais, contribuant ainsi à répandre le véritable sens du terme à travers toute l'Italie. Dans cet ouvrage, le personnage du mafioso est présenté comme un "camorista" ou homme d'honneur, celui qui adhère à une société en opposition ouverte aux institutions gouvernementales, exhibant ainsi courage et supériorité. Selon J. Dickie, la large diffusion de cette pièce de théâtre serait à l'origine du mythe entourant la mafia, la présentant comme protectrice des faibles et symbole de comportement honorable de la part de ses membres. Dans son rapport de 1864 sur la sécurité publique en Sicile, le baron Niccolò Turrisi Colonna n'utilise pas le terme "mafia", préférant celui de "secte". Dickie affirme que c'est le gouvernement italien qui popularisa le terme dans son sens criminel actuel[1].

En avril 1865, le marquis et préfet de Palerme, Filippo Antonio Gualterio, rédigera un document confidentiel évoquant la présence de la mafia sous le terme "Mafia, o associazione malandrinesca" (en français : la mafia, ou association de malandrins). Selon Gualterio, la mafia aurait alors offert son soutien et sa protection aux opposants du gouvernement. En réponse, le gouvernement italien déploiera une force militaire de 15 000 soldats en Sicile pendant six mois pour réprimer toute forme d'opposition politique populaire, suivant ainsi les recommandations de Gualterio. Cependant, il est à noter que certains chefs de la mafia, comme Antonino Giammona, se seraient alliés au gouvernement, contrairement à la représentation de la mafia par Gualterio comme une force anti-gouvernementale. Cette interprétation controversée du terme "mafia" suscitera des débats prolongés quant à sa signification réelle. Certains soutiendront qu'il reflétait un comportement honorable et brave, tandis que d'autres insisteront sur son association avec une organisation criminelle. Cette controverse culminera avec le rapport de Leopoldo Franchetti et Sidney Sonnino en 1877, qui décrira la mafia comme une "industrie de la violence", réaffirmant ainsi la notion d'association criminelle, comme également attesté par le rapport Sangiorgi à la fin du XIXe siècle[1].

Dans son ouvrage "La Mer couleur de vin" (1973), Leonardo Sciascia utilise l'ironie pour mettre en lumière les sens et définitions étymologiques discutables. Il dépeint deux mafieux qui proposent des significations divergentes, souvent absurdes, dans le but de dérouter et de mystifier le lecteur[1]. Salvatore Lupo souligne cette pratique en notant que la création de dérivations invraisemblables pour un mot, prétendument issues de temps anciens, semble viser à résoudre de manière fallacieuse les problèmes d'interprétation ou même d'action[3].

Naissance et origine de la mafia[modifier | modifier le code]

Le terme "mafia" revêt une polysémie complexe. Dans son acception la plus générale, il englobe toute forme de crime organisé, qu'elle sévisse n'importe où dans le monde. Ainsi, on évoque les mafias américaine, russe, irlandaise, bulgare, italienne, bosniaque, serbe, turque, albanaise, corse, chinoise, japonaise, marocaine, mexicaine, et autres. Cependant, son sens premier renvoie à l'organisation criminelle d'origine sicilienne, laquelle trouve ses racines en Sicile, où elle a pris naissance.

Une origine sicilienne[modifier | modifier le code]

La mafia sicilienne : onorata società, omertà, etc.[modifier | modifier le code]

Il est envisageable que les racines de ces organisations mafieuses remontent à la période de la conquête musulmane, lorsque les princes chrétiens ont été contraints de se retirer dans les régions boisées pour continuer à gouverner leurs terres en secret. Ces anciens princes chrétiens pourraient donc être à l'origine de ces sociétés dogmatiques. Cependant, des références supplémentaires sont nécessaires pour appuyer cette hypothèse.

La mafia trouve ses origines en Sicile, se manifestant principalement dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Durant la première moitié de ce siècle, l'aristocratie a graduellement cédé la gestion des terres à la bourgeoisie. Cette transition s'est accompagnée d'une augmentation des taxes et de la confiscation des terres autrefois destinées aux pauvres, qui ont été privatisées. L'adhésion de la Sicile à l'Italie en 1861 a exacerbé cette situation avec l'introduction de nouvelles taxes du Nord, rendant la situation insupportable pour de nombreux habitants. C'est dans ce climat de mécontentement social que la mafia a émergé.

Les membres initiaux de la mafia étaient souvent des déshérités, contraints à la mendicité ou au brigandage après avoir été chassés de leurs terres. Cependant, il y avait aussi une composante de riches propriétaires terriens qui expulsaient les paysans et rétribuaient les hommes de main pour percevoir des taxes et extorquer des fonds sans passer par les voies légales. Dans un contexte où la pauvreté touchait à la fois les classes inférieures et supérieures, les liens sociaux se resserraient. L'honneur et la parole donnée devenaient des valeurs cruciales, donnant naissance à l'idée de l'« onorata società », la société des hommes d'honneur, qui valorisait le silence et l'action. L'omertà, le code de silence, était ainsi consacré, exigeant de tout « homme d'honneur » de se taire plutôt que de trahir ses pairs.

La mafia est également associée à la figure du « parrain », le chef suprême de l'organisation, détenteur de richesses et prenant toutes les décisions. Le respect envers le parrain était une règle sacrée, tout manquement étant passible de mort. À ses débuts, la mafia était relativement structurée, avec un chef et des subordonnés, mais sa croissance s'est accélérée à mesure que la pauvreté s'est aggravée en Sicile à la fin du dix-neuvième siècle. Ce contexte de misère a favorisé la multiplication des « mafias », qui se sont organisées et ont rivalisé pour le contrôle des territoires et des revenus.

Le premier Parrain : « Don Vito » (1862-1943)[modifier | modifier le code]

Vito Cascio Ferro est souvent considéré comme le premier véritable chef, ou "parrain", de la mafia sicilienne. Il a joué un rôle crucial dans la modernisation de l'organisation criminelle, notamment en introduisant le concept du "pizzo", un impôt sous forme de racket imposé à tous les commerçants locaux. Il était connu pour sa gestion centralisée, chapeautant tous les "capos" qui, à leur tour, supervisaient les hommes de main. Chaque "capo" était assisté d'un "consigliere" agissant comme bras droit. Surnommé "Don Vito", il était réputé pour sa direction intransigeante de l'organisation, même si cela impliquait des actions violentes et a causé de nombreuses pertes humaines au fil de sa vie. Il est également célèbre pour avoir inspiré le personnage de Don Vito Corleone dans le film Le Parrain, partageant son surnom et son prénom. Le nom de famille "Corleone" est quant à lui une référence à un village sicilien réputé pour être un bastion de la mafia. Vito Cascio Ferro a également joué un rôle majeur dans l'exportation de la mafia aux États-Unis à la fin du XIXe siècle.

La mafia sicilienne aux États-Unis[modifier | modifier le code]

Les Siciliens démunis, fuyant la détresse de leur terre natale, découvrent aux États-Unis un sort similaire. Dans ce contexte, le terreau fertile pour les activités de la mafia se trouve propice. Ainsi, dès l'arrivée des premiers migrants siciliens, se met en place l'organisation connue sous le nom de Mano Nera. Cette entité criminelle déploie une tactique insidieuse consistant à envoyer des missives anonymes à d'autres Siciliens, exigeant une rançon sous peine de représailles mortelles, symbolisées par l'image d'une main gantée de noir. Étant confiné à cette communauté et celle-ci étant principalement défavorisée, les autorités américaines négligent ces affaires. Ce n'est qu'après la découverte d'un cadavre que l'attention des autorités est éveillée, bien que cela ne débouche généralement pas sur des actions concrètes. Ainsi, l'empire criminel de Don Vito se déploie de la Sicile jusqu'aux États-Unis, prospérant dans ces nouvelles contrées. Les signes de l'influence mafieuse se manifestent précocement partout où la population sicilienne est présente, que ce soit à New York, mais également à Chicago, Los Angeles, voire même à Kansas City.

Les mafias italiennes[modifier | modifier le code]

L'émergence de la mafia en Sicile a marqué le début de son expansion rapide dans le Sud de l'Italie, une région qui a été souvent négligée et dominée par le Nord dès après l'unification de 1861.

Les organisations criminelles italiennes, communément appelées mafias, adoptent des appellations variées en fonction de leur territoire de domination :

Les autres mafias dans le monde[modifier | modifier le code]

Les organisations criminelles considérées comme des mafias stricto sensu par les criminologues sont, outre les mafias italiennes :

À mentionner, les 8 mafias dites "traditionnelles" incluent la Cosa Nostra, la 'Ndrangheta, la Camorra, la Sacra Corona Unita, la Mafia américaine, les Triades chinoises, les Yakuza japonais et la Mafia turque. Les autres groupes criminels ne sont pas classés comme des mafias, principalement car ils ne possèdent pas de structure hiérarchique centrale, comme la "coupole" de la Cosa Nostra. Ils opèrent plutôt dans un système de "milieu", avec des clans indépendants qui peuvent coopérer ou s'affronter entre eux. Un exemple en est la Mafia corse, également connue sous le nom de milieu corse.

Il est également à noter que seules ces 8 mafias traditionnelles ont des rituels d'initiation pour l'intégration à l'organisation.

En dehors de ces structures, il existe d'autres groupes criminels qui ne sont même pas reconnus comme des mafias. Cela inclut les cartels mexicains et colombiens, le milieu anglais et écossais, les clans nigérians et la pègre du sud de la France.

Caractéristiques d'une mafia[modifier | modifier le code]

Six caractéristiques définissent une mafia :

  • Structuration de l'organisation qui suppose un engagement réciproque de ses membres et un certain nombre de règles internes.
  • La violence qui est à la fois utilisée pour accéder à des richesses et pour protéger l'organisation par l'intimidation.
  • La mafia a aussi un rôle social. Les mafieux cherchent à avoir des rôles importants dans des activités de médiation sur le plan politique, social ou économique, en particulier pour la jonction entre la sphère légale et illégale.
  • Un ancrage territorial. Ainsi, tout en ayant des activités internationales, les mafias cherchent à garder des liens sur leurs territoires d'origine.
  • La coexistence entre les activités légales et illégales dans l'ensemble des ressources de l'organisation. Seule l'Italie, confrontée de longue date aux phénomènes mafieux, a défini le crime d'association mafieuse.
  • Le lien avec les classes politiques et les institutions, soit à l'échelle régionale, soit à l'échelle nationale. Grâce à cette interpénétration, elle arrive à accéder à certaines ressources, dont des marchés publics. Cette « expertise en relations sociales » analysée par le sociologue Rocco Sciarrone, différencie dès l’origine les mafias des autres formes de crime organisé comme les gangs ou les bandes[2].

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

La mafia fonctionne sur un modèle d’économie parallèle ou souterraine. Elle cherche à contrôler les marchés et les activités où l’argent est abondant, circule en numéraire (argent liquide) et est facile à dissimuler au fisc.

La plupart des activités commerciales usuelles sont utilisées, que ce soit comme paravent à des activités illégales ou comme moyen de blanchiment de l’argent récolté. Ces activités recouvrent aujourd’hui les domaines les plus variés :

  • contrôle « douanier » des biens et des personnes en entrée et en sortie d’un quartier (pour certains lieux) ;
  • voto di scambio (vote d’échange) : achat de consensus électoral contre les « faveurs » accordées à une partie de l’électorat (ce fut longtemps le cas de la DC) ;
  • la vente d’armes ;
  • faux et usage de faux ;
  • la contrefaçon ;
  • le trafic de drogue, d’êtres humains, d’organes, d'œuvres d'art, d'alcool, de monnaie, de montres, de bijoux et de pierre précieuses ;
  • le blanchiment d'argent ;
  • les jeux d’argent (paris, casinos…) ;
  • la prostitution qui passe par le proxénétisme, la pornographie ;
  • la cybercriminalité ;
  • l'immobilier ;
  • le racket (extorsion ou pizzo), le vol ;
  • les paris et paris clandestins ;
  • la corruption (dont les pots-de-vin) ;
  • les antiquités ;
  • l'infiltration de l’économie légale ;
  • luxe ;
  • l'escroquerie ;
  • les prêts d'argent ;
  • la fausse monnaie ;
  • la protection ;
  • cigarettes ;
  • les comptes bancaires offshore, virtuels, fantômes ;
  • le recyclage ;
  • la fraude dans l'agroalimentaire (24,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018 en Italie, en hausse de 12,4 %)[4],[5].

Généralement, la mafia préfère employer des tactiques telles que l'intimidation, la corruption ou le chantage plutôt que la violence directe pour contraindre ceux qui s'opposent à elle. Cette approche vise à attirer moins l'attention du grand public. Cependant, il est fréquent que les organisations mafieuses recourent à des méthodes extrêmement violentes pour éliminer leurs concurrents, les témoins gênants ou les traîtres. Ces méthodes incluent les conflits entre gangs pour le contrôle d'un territoire ou d'un marché, ainsi que l'assassinat de témoins, de complices ou même de juges avant un procès.

Le fonctionnement de ces organisations est souvent régulé par une commission dirigée par les chefs et les parrains d'un vaste territoire. Chaque membre de cette commission est responsable d'un secteur spécifique. Ce système peut être basé sur une structure démocratique avec une constitution et des lois internes, ou sur un système despotique.

L'une des commissions les plus célèbres fut celle d'Atlantic City, dont les membres les plus éminents furent parmi les plus grands mafieux du XXe siècle, tels qu'Al Capone et Lucky Luciano.

En Italie, la direction des organisations mafieuses est composée à la fois de personnes agissant dans le cadre illégal (les « capimafia ») et de personnes opérant dans le cadre légal, notamment des politiciens, des fonctionnaires, des hommes d'affaires, des avocats et des conseillers financiers[6].

L'infiltration mafieuse dans l'économie[modifier | modifier le code]

L'infiltration mafieuse dans l'économie des provinces italiennes par le prélèvement du pizzo: rouge (pizzo courant), orange (pizzo occasionnel), jaune (pizzo peu pratiqué).

Fonctionnement de l'économie mafieuse[modifier | modifier le code]

Le fondement de l'économie mafieuse réside dans le système de collecte du "pizzo" : les membres de la mafia exigent des paiements aux commerçants en échange de leur "protection", menaçant de vandaliser leurs établissements ou de les dépouiller en cas de refus. Bien que le "pizzo" soit une méthode capitale dans l'économie mafieuse, ses sources de revenus sont diverses et multiples. Il convient d'abord de distinguer trois composantes de cette économie : l'illicite, le légal, et le légal-mafieux, ces trois sphères étant étroitement interconnectées. Par exemple, les gains issus d'activités illégales peuvent servir à établir de nouvelles entreprises, parfaitement légales cette fois-ci. De même, la production peut être licite alors que la commercialisation est illicite, et vice versa. Ces liens complexes constituent un défi majeur pour les autorités italiennes, qui peinent à démanteler les entreprises mafieuses en traquant leurs transactions bancaires, leurs appels d'offres, ou leurs mouvements financiers. Le blanchiment d'argent sale est une activité distincte, englobant des secteurs variés tels que le trafic de drogues, d'armes, d'œuvres d'art volées, mais également des activités moins connues comme le commerce illicite de déchets industriels, la fraude aux subventions alimentaires, ou la corruption dans les grands projets d'infrastructure. La liste des domaines infiltrés par la mafia est longue et peut sembler sans limite, allant de la prostitution au contrôle des établissements de jeu, de la contrefaçon monétaire au trafic d'êtres humains, et plus récemment, à la cybercriminalité, incluant le piratage et le détournement de fonds en ligne. Ces réseaux criminels se sont bien évidemment internationalisés de nos jours.

Selon le rapport annuel de la Confesercenti en 2007, une association représentant 270 000 commerçants et chefs de petites entreprises en Italie[7], il est estimé que les organisations mafieuses italiennes génèrent un chiffre d'affaires total de 90 milliards d'euros, à l'exclusion du trafic de drogue[8]. Leurs principales sources de revenus comprennent le prêt usuraire (30 milliards d'euros de recettes, touchant 150 000 entreprises), le pizzo (10 milliards), les contrefaçons (7,4 milliards), le vol (7 milliards), l'escroquerie (4,6 milliards) ainsi que les activités de jeu et de paris clandestins (2 milliards).

Conséquences[modifier | modifier le code]

Le poids économique du crime organisé italien au sein du produit intérieur brut (PIB) national suscite des évaluations contradictoires. En 2007[7],[8], l'organisation patronale Confesercenti estimait qu'il représentait environ 7 %, tandis que la Banque d'Italie avançait un chiffre d'environ 10,9 % en 2012. En revanche, une étude financée par le gouvernement en 2013 avançait une estimation bien moindre, inférieure à 1 %. Ces divergences s'expliquent en partie par l'exclusion traditionnelle du chiffre d'affaires des activités criminelles, telles que le trafic de drogue et la prostitution, des statistiques officielles du PIB en raison de leur caractère illicite. Cependant, sous la pression des directives de l'Union européenne, le gouvernement italien envisageait en 2015 d'intégrer ces revenus criminels dans le calcul du PIB. Il est à noter que la structure de la mafia italienne a évolué au fil du temps, passant d'une entreprise familiale à un véritable empire financier de type multinational.

L’infiltration mafieuse dans la politique[modifier | modifier le code]

En Sicile, la mafia représente un segment électoral significatif, bien que minoritaire par rapport à la population électorale globale. Elle utilise des méthodes éprouvées pour influencer ses affiliés en faveur de certains partis et candidats politiques. En échange de leur soutien, les politiciens promettent de protéger les intérêts et les activités criminelles de la mafia une fois au pouvoir. Ainsi, des individus favorables à la mafia, voire des membres de cette organisation criminelle, parviennent à occuper des postes politiques importants, tels que celui de maire (comme Vito Ciancimino) ou de conseiller municipal.

La mafia sollicite particulièrement le soutien des hommes politiques lorsqu'elle est confrontée à des poursuites judiciaires. En général, les mafieux ne montrent aucune préférence partisane, à l'exception d'une aversion marquée pour le communisme. La Démocratie chrétienne a été particulièrement sollicitée par la mafia en raison de son long règne politique ininterrompu de 1947 à 1990. Le nom de Giulio Andreotti a été mentionné à plusieurs reprises lors de procès, bien qu'il ait toujours été acquitté en dernière instance, malgré l'arrestation de certains membres de la DC sur place. Les militants du Parti Communiste Italien ont été la cible de la violence de la mafia, comme en témoigne le massacre de Portella della Ginestra en 1947, où onze personnes ont été abattues lors de la célébration de la fête des travailleurs du 1er mai. Des figures importantes du parti communiste, telles que le juge et ancien député Cesare Terranova en 1979, ainsi que Pio La Torre, responsable de la section communiste de Sicile, en 1982, ont également été assassinées.

L'Église, en raison de son anticommunisme, a longtemps fermé les yeux sur les liens entre la mafia et les élites politiques. Cependant, ces dernières années, l'Église a pris une position plus ferme en condamnant la mafia, la qualifiant même de "péché social". Certains prêtres ont payé de leur vie leur engagement contre les activités criminelles, tandis que d'autres ont été accusés de collusion avec la mafia[6].

Présence de la mafia en France[modifier | modifier le code]

Le territoire français est également marqué par la présence du crime organisé. Bien que largement dominé par le grand banditisme corse, d'autres formes de criminalité, issues notamment des banlieues des grandes agglomérations, y sont également présentes, bien que dans une moindre mesure.

Toutefois, à l'exception de la Corse où la qualification de mafia suscite encore des débats, de nombreux experts considèrent clairement le milieu corse comme une forme de mafia spécifique à cette région, mais il n'existe pas de mafia française au sens strict du terme sur le reste du territoire.

Malgré cela, diverses organisations criminelles opèrent et sont implantées en France. Parmi celles-ci, on peut citer :

Présence de la mafia en Suisse[modifier | modifier le code]

En 2021, a été établi en Suisse, dans le canton du Tessin, l'Observatoire tessinois de la criminalité organisée (O-TiCO), affilié à l’Institut de droit de l’Université de la Suisse italienne, en collaboration avec la Radio télévision Suisse de langue italienne (RSI). La création de cet observatoire découle d'un constat selon lequel la question du crime organisé est insuffisamment abordée en Suisse. L’O-TiCO s'attelle ainsi à une analyse minutieuse de ce phénomène, en adoptant une approche scientifique rigoureuse. Lors de sa présentation à Lugano en mai 2021, la directrice de l'Office fédéral de la police (fedpol)[13], Nicoletta della Valle, a exprimé son intérêt pour une collaboration avec cet observatoire.

En juillet 2020, le journal alémanique NZZ am Sonntag a rapporté les estimations d'experts italiens, évoquant la présence d'une vingtaine de cellules mafieuses regroupant au total environ 400 membres en Suisse. Interpellée à ce sujet, l'Office fédéral de la police a suggéré que cette estimation pourrait être en deçà de la réalité, soulignant les limites de la perception dans la détection de ce type de criminalité. Dans son rapport annuel de 2019, fedpol a déclaré être au courant d'une centaine de membres présents sur le territoire suisse, principalement affiliés à la 'Ndrangheta calabraise, mais également à la Cosa Nostra sicilienne et à la Camorra napolitaine[13].

Lutte contre la mafia[modifier | modifier le code]

Les efforts déployés par les politiques visant à contrer cette organisation criminelle se heurtent à l'adaptabilité de ses structures, caractérisées par leur souplesse et leur décentralisation. Ces dernières sont aptes à délocaliser leurs opérations et à diversifier leurs sources de financement à travers le monde, ce qui complique grandement les enquêtes transnationales et la traque des multiples ramifications. Cette complexité est exacerbée par l'inaction de certains pays, notamment les paradis fiscaux, qui ne coopèrent pas pleinement avec les autorités judiciaires. Face à ce défi, Interpol est appelé à jouer un rôle crucial dans la promotion de la coopération policière internationale contre le crime organisé. Par ailleurs, des agences nationales telles que le FBI et la DEA déploient des "attachés" dans divers pays, favorisant ainsi les enquêtes bilatérales visant à démanteler les réseaux criminels, par exemple entre les États-Unis et l'Italie[14].

Autorités[modifier | modifier le code]

International[modifier | modifier le code]

Interpol, se positionnant juste après les Nations unies en termes d'ampleur, occupe une place prépondérante en tant qu'organisation mondiale. En 1996, l'architecture de la coordination des forces de police nationales européennes a été profondément remodelée par l'émergence de l'agence Europol, constituant ainsi une étape significative dans le paysage sécuritaire européen.

Nationale[modifier | modifier le code]

Personnes ayant combattu la mafia et le crime organisé[modifier | modifier le code]

Mafieux célèbres[modifier | modifier le code]

Les trente fugitifs les plus dangereux d'Italie[modifier | modifier le code]

Au mois de , le ministère de l'Intérieur a publié une liste où figuraient les 30 fugitifs les plus dangereux d'Italie.

Au mois de , 4 de ces fugitifs sont encore recherchés[13].

  • Camorra[15]
    • Mario Caterino, recherché depuis 2005, arrêté le à Casal di Principe (1)
    • Marco Di Lauro, recherché depuis 2005, capturé le à Naples
    • Francesco Matrone, recherché depuis 2007, arrêté le à Batticaglia (2)
    • Pasquale Scotti, recherché depuis 1985, arrêté le à Recife et extradé en Italie le [16]
    • Giuseppe Dell'Aquila, ajouté à la liste en , arrêté en [17].
  • Cosa nostra
    • Giovanni Arena, recherché depuis 1993, arrêté le à Catania (3)
    • Vito Badalamenti, recherché depuis 1995, déclaré libre par prescription en 2012[18].
    • Matteo Messina Denaro, recherché depuis 1993, arrêté le à Palerme[19]
    • Giovanni Motisi, recherché depuis 1998
  • 'Ndrangheta
    • Morabito Rocco, recherché depuis 1994, arrêté le à Montevideo. Il vivait depuis 13 ans en Uruguay, dans la station balnéaire de Punta del Este[20].
    • Domenico Condello, recherché depuis 1993, arrêté le à Catona[21].
    • Giuseppe Giorgi, recherché depuis 1995, arrêté le à San Luca[22]
    • Sebastiano Pelle, recherché depuis 1995, arrêté le à Reggion Calabre (5)
    • Michele Antonio Varano, recherché depuis 2000, arrêté en [23]
  • Anonima sequestri
    • Attilio Cubeddu, recherché depuis 1997
  • Sacra corona unita
    • Giuseppe Pacilli, recherché depuis 2009, arrêté le à Monte Sant'Angelo (7)

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Année Titre français Titre original Réalisateur
1931 Le Petit César Little Caesar Mervyn LeRoy
L'Ennemi public The public Enemy William Wellman
1933 Scarface Scarface Howard Hawks
1937 Pépé le Moko Pépé le Moko Julien Duvivier
1949 L’Enfer est à lui
1954 Touchez pas au grisbi Touchez pas au grisbi Jacques Becker
1959 Al Capone
1961 Le Cave se rebiffe Le Cave se rebiffe Gilles Grangier
1969 Le Clan des Siciliens Le Clan des Siciliens Henri Verneuil
1970 Seule contre la mafia La moglie più bella Damiano Damiani
1971 Guerre des gangs à Okinawa Bakuto gaijin butai Kinji Fukasaku
1972 Okita le pourfendeur: yakuza moderne
Le Parrain Mario Puzo's Godfather Francis Ford Coppola
Cosa Nostra The Valachi papers Terence Young
1973 Mean Streets Mean Streets Martin Scorsese
Combat sans code d'honneur
1975 Le Cimetière de la morale
Capone Capone Steve Carver
1984 Scarface Scarface Brian De Palma
Cent Jours à Palerme
Il était une fois en Amérique Once upon a time in America Sergio Leone
1985 L’Honneur des Prizzi
L'Année du dragon Year of the Dragon Michael Cimino
1987 Le Sicilien The Sicilian Michael Cimino
Les Incorruptibles The Untouchables Brian De Palma
1989 Violent Cop Takeshi Kitano
1990 The King of New York King of New York Abel Ferrara
1990 Les Affranchis Goodfellas Martin Scorsese
Premiers Pas dans la mafia The Freshman
1991 Bugsy
1993 Il était une fois le Bronx Robert De Niro
L’Impasse Carlito's way Brin De Palma
La scorta
Le Syndicat du crime Ying hung boon sik John Woo
1994 Little Odessa James Gray
1995 Casino Martin Scorsese
1996 Kids Return Takeshi Kitano
1997 Donnie Brasco Mike Newell
1999 Mafia Blues Harold Ramis
2000 Les Cent pas
Aniki, mon frère Takeshi Kitano
2002 Les Sentiers De La Perdition Road to Perdition Sam Mendes
Infernal Affairs Wu jian dao Andrew Law et Alan Mak
Un nouveau Russe
2003 Kill Bill Quentin Tarantino
2005 A History of Violence
2006 Les Infiltrés The Departed Martin Scorsese
Un'altra storia
Romanzo criminale
2007 Les Promesses de l'ombre Eastern Promises David Cronenberg
La Sicilienne La Siciliana ribelle Marco Amenta
American Gangster American Gangster Ridley Scott
La Nuit nous appartient We Own the Night James Gray
2008 Gomorra
2009 Public Enemies
Un prophète Jacques Audiard
2010 L'Immortel Richard Berry
Outrage Takeshi Kitano
Mon père, Francis le Belge Frédéric Balekdjian
Une vie tranquille Una vita tranquilla Claudio Cupellini
2013 Malavita The Family Luc Besson
2014 La French Cédric Jimenez
2015 Suburra Stefano Sollima
2018 Mocro Maffia Achmed Akkabi
2019 Le Traître Le Traître Marco Bellocchio
2019 The Irishman The Irishman Martin Scorsese

Télévision[modifier | modifier le code]

Documentaire[modifier | modifier le code]

  • A Very British Gangster
  • La Vida loca
  • Ndrangheta, main basse sur l'Europe
  • Yakuza
  • Marokkaanse onderwereld documentaire

Jeux vidéo[modifier | modifier le code]

On retrouve également la mafia dans plusieurs jeux vidéo :

  • Mafia, sorti en 2002 pour Windows, PlayStation 2, Xbox et sur GameCube a été développé par une équipe tchèque. Le joueur est placé dans la peau d’un homme qui adhère à la mafia italo-américaine des années 1930, dans une ville semblable à Chicago.
  • Grand Theft Auto et ses suites, les héros des différents épisodes travaillent pour de nombreuses associations du crime organisé (mafia italo-américaine, triades chinoises, yakuzas, mafia russe, etc.).
  • Le Parrain, sorti en 2006, est un jeu vidéo qui retrace l’histoire du film Le Parrain.
  • Yakuza, jeu se déroulant dans un Tokyo réaliste, le héros y travaille pour les Yakuza.
  • Mafia II, sorti en 2010 a été développé par la même équipe que Mafia, c'est un nouveau volet du jeu sans lien avec le premier, qui plonge le joueur dans la peau d'un mafieux, l'histoire se déroule après la Seconde Guerre mondiale.
  • Pokémon Rouge et Bleu, la team rocket est une mafia, elle se livre aux mêmes genres d'activités, a un poids politique sur la région, et est dirigée par le parrain Giovanni.
  • Mafia III, suite de Mafia II et dernier volet de la série.

Manga et anime[modifier | modifier le code]

  • Reborn!, manga de type shonen, en cours depuis 2004 (2006 à pour l'anime, présentement suspendu). La mafia fait partie de l'intrigue principale.
  • One Piece, la mafia y est représentée par le personnage de Capone « Gang » Bege.
  • La storia della Arcana Famiglia.
  • 91 Days: un homme entre dans la mafia pour venger sa famille assassinée par ses hauts dirigeants
  • Bona sort : un yaoi basé en grande partie sur la mafia italienne.
  • Sun-Ken Rock on parle principalement de la mafia coréenne.
  • Black Lagoon.
  • JoJo's Bizarre Adventure : la partie V est centrée sur la mafia italienne.
  • Banana fish : un animé parlant d'un jeune garçon impliqué dans la mafia dès son plus jeune âge.
  • Bungou Stray dogs : la mafia japonaise y est un principal acteur
  • Hunter X Hunter, la mafia y est représentée par les dix parrains, la Brigade Fantôme, aussi le clan Nostrad.
  • L'Organisation des hommes en Noir : un groupe criminel de grande influence, principal antagoniste dans le manga et anime Détective Conan.

Light Novel[modifier | modifier le code]

  • Baccano!, light novel de type shonen, écrit par Ryohgo Narita, en cours depuis le . Un grand nombre de mafias font partie du centre de l'intrigue, comme la Camorra ou la famille Gandor, une famille mafieuse dirigée par les trois frères Gandor.
  • Durarara!!, light novel de type shonen, écrit par Ryohgo Narita. La première série de "Durarara!!" a commencé le et se termine le . La suite de Durarara!!, nommée "Durarara!!SH", a débuté le , 10 ans après le début de Durarara!!. Dans ces deux séries, on peut noter l'apparition récurrente de yakuzas et diverses mafias.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e John Dickie (trad. de l'anglais par Anne-Marie Carrière), Cosa Nostra : la mafia sicilienne de 1860 à nos jours, Paris, éditions Perrin, coll. « Tempus », , 509 p. (ISBN 978-2-262-02727-8), en particulier chapitre I.
  2. a b et c Jacques de Saint Victor, « Justice et politique en Italie : les procès de mafia (xixe-xxe siècle) », Histoire de la justice, vol. 2017/1, no 27,‎ , p. 115-132 (lire en ligne)
  3. Salvatore Lupo, « La Sicile entre métaphore et histoire », dans Sicile(s) d'aujourd'hui, Presses Sorbonne Nouvelle, coll. « Études italiennes », (ISBN 978-2-87854-989-8, lire en ligne), p. 33–41.
  4. « Italie : la mafia dans l'agroalimentaire, un business en croissance », sur RTBF Info, (consulté le )
  5. « Comment la mafia infiltre le business de l'agro-alimentaire en Italie », sur rts.ch, (consulté le )
  6. a et b (it) « Histoire des luttes contre la mafia », sur Centro Impastato, .
  7. a et b (en) Peter Kiefer, « Mafia crime is 7% of GDP in Italy, group reports », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  8. a et b 7 % : part occupée par la mafia dans le produit intérieur brut italien, Le Monde, .
  9. a b c d et e Le Point du 21 juillet 2011 : La mafia en France p. 48.
  10. « On les appelle " Voleurs dans la loi " », sur Le Point, (consulté le ).
  11. https://www.20minutes.fr/marseille/1970963-20161129-marseille-comment-petite-epicerie-servi-grande-blanchisseuse-argent-sale.
  12. Juliette Mickiewicz et AFP agence, « Marseille : un système «hors norme» de blanchiment d'argent sale démantelé », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. a b et c Direction centrale de la police criminelle, Ministère de l'Intérieur.
  14. (en) John A. Cassara, Hide and Seek : Intelligence, Law Enforcement, and the Stalled War on Terrorist Finance, Potomac Books, Inc., , 281 p. (ISBN 978-1-61234-335-8, lire en ligne), p. 76-81.
  15. « Arrestation d'un chef important de la mafia napolitaine », sur www.20minutes.fr (consulté le ).
  16. Pasquale Scotti, extradé en Italie
  17. Arrestation d'un chef de la mafia napolitaine.
  18. La beffa di Badalamenti Jr: da latitante a libero.
  19. Matteo Messina Denaro, le mafieux le plus recherché d’Italie depuis trente ans, arrêté en Sicile, Le Monde, 16 janvier 2023
  20. Un mafieux italien arrêté après 22 ans de cavale, 20 minutes (Suisse), 4 septembre 2017.
  21. « È finita la latitanza di Domenico Condello » (consulté le ).
  22. Le juge qui tente de briser les liens de sang des mafieux, Le Temps, 23 juin 2017.
  23. [1].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Histoire de la mafia[modifier | modifier le code]

  • Philippe Di Folco, Dictionnaire des mafias et du crime organisé, Paris, Perrin, , 700 p. (ISBN 978-2262041151)
  • John Dickie, Cosa Nostra : histoire de la mafia sicilienne de 1860 à nos jours, Buchet-Chastel, 2007
  • Amedeo Feniello, Naples, 1343. Aux origines médiévales d'un système criminel, Seuil, , 288 p.
  • Eric Frattini, Cosa Nostra : un siècle d’histoire, Flammarion, 2003
  • Salvatore Lupo, Histoire de la mafia des origines à nos jours, Flammarion, 2001
  • Marie-Anne Matard-Bonucci, Histoire de la Mafia, Complexe, 1994
  • Jacques de Saint Victor, Mafias : l'industrie de la peur, Monaco/Paris, Rocher (collection Un Nouveau Regard), , 419 p. (ISBN 978-2-268-06410-9)
  • Jacques de Saint Victor, Un pouvoir invisible : les mafias et la société démocratique (XIXe et XXIe siècles), Paris, Gallimard (collection L'esprit de la cité), , 424 p. (ISBN 978-2-07-012322-3)
  • (it) Saverio Lodato, Quarant'anni di mafia, Rizzoli, 2012

Autres[modifier | modifier le code]

  • (it) Pino Arlacchi, La Mafia Imprenditrice (langue : italien), L’éthique mafieuse et l’esprit de capitalisme, il Mulino/Contemporanea 2,1983
  • Clotilde Champeyrache, Sociétés du crime : un tour du monde des mafias, CNRS éditions, 2007, 427 pages.
  • Thierry Colombié, French Connection, les entreprises criminelles en France, Paris, Non Lieu/OGC Éditions (2012). Essai socio-économique sur les stratégies des groupes criminels français ayant investi le trafic d'héroïne (White Horse) de 1935 à 1985.
  • Philippe Di Folco, Dictionnaire des mafias et des organisations criminelles, Perrin, 2021.
  • Jean-François Gayraud, Le monde des mafias : géopolitique du crime organisé, Odile Jacob,
  • Clare Longrigg, Bernardo Provenzano, le Parrain des parrains, Buchet-Chastel, 2006, 2010
  • Fabrizio Maccaglia et M.A. Matard-Bonucci, Atlas des mafias : acteurs, trafic et marchés de la criminalité organisée, Cartographie Alexandre Nicolas, Autrement, 2009
  • Marcelle Padovani, Les dernières années de la Mafia, Gallimard, 1987
  • Antonio Nicaso et Lee Lamothe, Les liens du sang, Montréal, QC, Éditions de l'Homme, 2003. Concerne la famille Caruana-Cuntrera et la mafia au Canada.
  • William Reymond, Mafia S.A. : les secrets du crime organisé, Flammarion, 2001
  • Saverio Lodato et Roberto Scarpinato, Le Retour du prince, La Contre-allée, 2012, traduit par Deborah Puccio-Den

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]