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Avant le défaut de paiement d'intérêt libellés en devise étrangère, un État souverain a la possibilité de réduire le [[pouvoir d'achat]] de sa population par la [[dévaluation]] ou [[l'inflation]] de sa propre [[Devise (monnaie)|devise]]. Ceci permet dans une certaine mesure de servir les échéances de dettes en relevant mécaniquement les rentrées fiscales de l’État, comme augmentées par une taxe supplémentaire sur le capital. Cependant, le recours à cette manipulation monétaire n'encourage pas à elle seule la confiance des investisseurs étrangers dont les revenus subissent aussi une dévaluation. Tout au plus peut-elle servir à ralentir le retrait de leurs capitaux en écartant le danger immédiat du défaut. Pour être crédible au niveau des investisseurs institutionnels et des [[Agences de notation financière|agences de notation]], le financement de la dette publique par augmentation directe de la [[Taxation optimale|taxation]], ou par l'inflation de la devise nationale, doit au moins démontrer parallèlement une volonté de restructuration des dépenses budgétaires<ref>http://ec.europa.eu/economy_finance/eu/forecasts/2014_winter/fr_en.pdf</ref>.
Avant le défaut de paiement d'intérêt libellés en devise étrangère, un État souverain a la possibilité de réduire le [[pouvoir d'achat]] de sa population par la [[dévaluation]] ou [[l'inflation]] de sa propre [[Devise (monnaie)|devise]]. Ceci permet dans une certaine mesure de servir les échéances de dettes en relevant mécaniquement les rentrées fiscales de l’État, comme augmentées par une taxe supplémentaire sur le capital. Cependant, le recours à cette manipulation monétaire n'encourage pas à elle seule la confiance des investisseurs étrangers dont les revenus subissent aussi une dévaluation. Tout au plus peut-elle servir à ralentir le retrait de leurs capitaux en écartant le danger immédiat du défaut. Pour être crédible au niveau des investisseurs institutionnels et des [[Agences de notation financière|agences de notation]], le financement de la dette publique par augmentation directe de la [[Taxation optimale|taxation]], ou par l'inflation de la devise nationale, doit au moins démontrer parallèlement une volonté de restructuration des dépenses budgétaires<ref>http://ec.europa.eu/economy_finance/eu/forecasts/2014_winter/fr_en.pdf</ref>.


Cas particulier des USA: grâce à la domination du dollar dans les échanges mondiaux et dans les [[Réserves de change|réserves]] de devise, le [[Trésor américain|Trésor Américain]] a pu maintenir un niveau de dette très élevé. Depuis l'abandon de [[étalon-or|l'étalon-or]], le [[Réserve_fédérale_des_États-Unis|contrôle de l’inflation monétaire]] de leur devise permet en effet aux USA de se défausser du risque de défaut sur la dette fédérale sur le commerce international. Cet abandon complet de la [[Convertibilité-or|convertibilité]] institué <nowiki/>par la conférence de [[Bretton Woods]], auquel le [[Président Nixon]] a été contraint en 1971 pour éviter un défaut caractérisé des USA, se fit d'ailleurs au prix d’une [[Crise_pétrolière_de_1973|crise financière mondiale]].
Cas particulier des USA: grâce à la domination du dollar dans les échanges mondiaux et dans les [[Réserves de change|réserves]] de devise, le [[Trésor américain|Trésor Américain]] a pu maintenir un niveau de dette absolu très élevé. Depuis l'abandon de [[étalon-or|l'étalon-or]], le [[Réserve_fédérale_des_États-Unis|contrôle de l’inflation monétaire]] du dollar sans collatéral permet en effet aux USA de reporter partiellement sur les marchés extérieurs comme celui du [[Pétrole brut|pétrole]] et de l'[[or]], la dévaluation de ses actifs. Cet abandon complet de la [[Convertibilité-or|convertibilité]] institué <nowiki/>par la conférence de [[Bretton Woods]], auquel le [[Président Nixon]] a été contraint en 1971 pour éviter un défaut caractérisé des USA, se fit d'ailleurs au prix d’une [[Crise_pétrolière_de_1973|crise financière mondiale]].


=== Assistance internationale ===
=== Assistance internationale ===

Version du 26 février 2014 à 15:33

En économie, la dette extérieure désigne l'ensemble des dettes qui sont dues par un pays, État, entreprises et particuliers compris, à des prêteurs étrangers.

Il est important de faire la distinction entre la dette extérieure brute (ce qu'un pays emprunte à l'extérieur) et la dette extérieure nette (différence entre ce qu'un pays emprunte à l'extérieur et ce qu'il prête à l'extérieur). Ce qui est le plus significatif, c'est la dette extérieure nette.

Un niveau trop élevé de dette extérieure nette témoigne d’un risque-pays élevé :

en cas de fluctuations de la devise nationale, les montants des intérêts et du principal de la dette extérieure, si elle est libellée en monnaie étrangère, peut rapidement par effet de levier inverse, conduire a la crise économique voire au défaut de remboursement. Ce fut le cas lors de la crise d’Asie dans les années 1990 par exemple, en l'absence de toute notation négative du risque dans les rapports de la Banque Mondiale.

Le niveau de la dette extérieure fait partie des risques financiers évalués parallèlement par les agences de notation financière, comme on a pu le constater lors de la crise grecque de 2010.

Dette publique nette et dette publique brute

La somme de toutes les dettes extérieures brutes s'additionne pour donner l'idée du crédit mondial escompté sur les avoirs tangibles: elle s’élevait à 53 970 milliards de dollars en 2004.

Il ne faut pas confondre dette extérieure brute soit l’ensemble des montants financiers dus et la dette extérieure nette, soit l'ensemble des montants financiers dus moins ensemble des créances que possède le pays vis-à-vis de l'étranger. Ce qui importe le plus, ce sont les dettes extérieures nettes.

Avoir une dette brute par habitant très élevée (Luxembourg : $ 4 054 700, Monaco : $ 546 034 en 2009) n’est pas forcément un indicateur de problèmes économiques: la dette brute peut être contrebalancée par des créances plus élevées encore, résultant en une dette nette de faible ampleur; un pays peut rester attractif pour les investisseurs étrangers, si son endettement net constitue un environnement économique stable.

Liste de pays par dette extérieure brute

Sont représentés les vingt-quatre pays dont la dette extérieure brute était la plus élevée en juillet 2009, au taux de change officiel en dollars.

Nations par dette extérieure brute[1]

Rang

Pays

Dette extérieure brute (milliards de dollars)

Dette extérieure brute par personne (dollars)

1 États-Unis 13 450 43 781
2 Royaume-Uni 9 088 148 708
3 Allemagne 5 208 63 258
4 France 5 021 78 382
5 Pays-Bas 3 733 223 319
6 Italie 2 578[2] 44 352
7 Espagne 2 410 59 469
8 Irlande 2 287 544 109
9 Japon 2 132 16 777
10 Luxembourg 1 994 4 054 700
11 Suisse 1 339 176 081
12 Belgique 1 313[3] 122 331
13 Australie 920 43 268
14 Canada 833 24 899
15 Autriche 809 98 523
16 Suède 669 73 855
17 Hong Kong 631 89 453
18 Danemark 607 110 426
19 Grèce 553 51 483
20 Norvège 548 117 604
21 Portugal 507 47 348
22 Russie 369 2 636
23 Finlande 365 69 501
24 Chine 347 259

Comparaison des dettes extérieures brutes de la zone euro et des États-Unis

Fin 2011, la dette extérieure brute de la zone euro était de 11 338 milliards d'euros, soit environ 120% du PIB de la zone euro[4].

En juillet 2009, la dette extérieure brute des États-Unis était de 13 450 milliards de dollars américains (voir ci-dessus), soit environ 120% du PIB.

La dette extérieure nette était d'un peu plus de 2 500 milliards de dollars[5].

Carte des pays par dette extérieure nette

Réserves de devises et d'or, diminuées de leur dette extérieure totale (publique et privée), d'après les données de 2010 du CIA Factbook. Ceci constitue une dette brute rapportée au capital tangible d'un Etat, à rapprocher de l'évaluation du ratio utilisé pour calculer l'exposition des institutions financières privées sous Bâle I

Pays classés par dette extérieure nette, en dollars.

Crise financière et crise de dette extérieure

Une crise de dette extérieure peut être déclenchée par une crise financière internationale, dont la nature est une forte dévaluation générale des capitaux détenus par des organismes de crédit.

La crise de la dette publique grecque éclatant en 2010 par exemple, est encore une conséquence de la crise financière de 2007-2010. Les principaux créanciers, tant privés que publics, suite à leur propres besoins de recapitalisation dans un environnement interbancaire à la limite de l’effondrement mondial, ont été obligés entre autres, de mettre fin au cycle de refinancement des dettes publiques Grecques. Défaut et moratoires en ont été la conséquence pour les détenteurs des créances restants.

Défaut de paiement

Lorsqu'un pays se trouve dans l'incapacité de payer les intérêts de sa dette externe à terme, il se trouve en défaut de paiement.

Selon que l'on adopte le point de vue du créancier ou du débiteur, cette mesure apparaît comme un soulagement ou une dégradation de la situation économique.

Le défaut sur la dette publique offre en effet un moratoire aux pouvoirs publics du pays, lui permettant entre autre, de renforcer la situation de la fonction publique à court terme et de renforcer en général sa crédibilité intérieure par des mesures en faveur de l'électorat local dans la détresse financière.

En annulant ou reportant le paiement des intérêts à leur terme, un État aggrave cependant la situation économique du pays sur le long terme, dans la mesure ou il coupe ses entreprises des perspectives de financements étrangers, et que ceci tend à réduire d’autant plus les recettes fiscales issues de la production industrielle.

Exemples de défauts de paiement reflétant ce dilemme:

Inflation et dévaluation monétaire

Avant le défaut de paiement d'intérêt libellés en devise étrangère, un État souverain a la possibilité de réduire le pouvoir d'achat de sa population par la dévaluation ou l'inflation de sa propre devise. Ceci permet dans une certaine mesure de servir les échéances de dettes en relevant mécaniquement les rentrées fiscales de l’État, comme augmentées par une taxe supplémentaire sur le capital. Cependant, le recours à cette manipulation monétaire n'encourage pas à elle seule la confiance des investisseurs étrangers dont les revenus subissent aussi une dévaluation. Tout au plus peut-elle servir à ralentir le retrait de leurs capitaux en écartant le danger immédiat du défaut. Pour être crédible au niveau des investisseurs institutionnels et des agences de notation, le financement de la dette publique par augmentation directe de la taxation, ou par l'inflation de la devise nationale, doit au moins démontrer parallèlement une volonté de restructuration des dépenses budgétaires[6].

Cas particulier des USA: grâce à la domination du dollar dans les échanges mondiaux et dans les réserves de devise, le Trésor Américain a pu maintenir un niveau de dette absolu très élevé. Depuis l'abandon de l'étalon-or, le contrôle de l’inflation monétaire du dollar sans collatéral permet en effet aux USA de reporter partiellement sur les marchés extérieurs comme celui du pétrole et de l'or, la dévaluation de ses actifs. Cet abandon complet de la convertibilité institué par la conférence de Bretton Woods, auquel le Président Nixon a été contraint en 1971 pour éviter un défaut caractérisé des USA, se fit d'ailleurs au prix d’une crise financière mondiale.

Assistance internationale

Les pays connaissant une grave crise économique peuvent faire appel au Fonds monétaire international (FMI).

Néanmoins, le FMI subordonne toujours l'obtention de nouveaux prêts à des réformes structurelles, là ou elles sont jugées nécessaires. Elles sont alors supposées faciliter la reprise économique et la confiance des investisseurs étrangers (le FMI recommande en priorité le retour à la compétitivité par la suppression des monopoles publics dans l'industrie).

Pour privilégier les dépenses publiques prioritaires (éducation, achat de médicaments), le FMI exige la mise en œuvre d'infrastructures légales contre la corruption et peut même inciter à un gel temporaire des salaires des fonctionnaires [7], mais l'effet réel de ces recommandations reste partiellement limité dans les pays peu démocratiques et très démunis.

Notes et références

Voir aussi