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La '''musique modale''' ou la '''modalité''' est une musique qui a recours aux échelles [[Mode (musique)|modales]]. La modalité s'oppose à la [[tonalité]], qui utilise exclusivement les modes [[Mode majeur|majeurs]] et [[Mode mineur|mineurs]] ; elle désigne généralement les modes dits « [[Modalité grégorienne|ecclésiastiques]] »<ref>{{harvsp|Abromont|2001|p=543}}</ref>.
La '''musique modale''' ou la '''modalité''' est une musique qui a recours aux échelles [[Mode (musique)|modales]]. La modalité s'oppose à la [[tonalité]], qui utilise exclusivement les modes [[Mode majeur|majeurs]] et [[Mode mineur|mineurs]] ; elle désigne généralement les modes dits « [[Modalité grégorienne|ecclésiastiques]] »<ref>{{harvsp|Abromont|2001|p=543}}</ref>.


La musique modale ancienne était de nature [[Monodie|monodique]]. La musique de la [[Renaissance]] mêlait tonalité et modalité. Abandonnée à la fin de la Renaissance pour laisser place au [[système tonal]], la modalité n'a été redécouverte qu'à la fin du {{XIXe siècle}}. Loin de s'opposer à la tonalité, cette pratique moderne de la modalité {{pas clair|en constitue plutôt une extension}}.
La musique modale ancienne était de nature [[Monodie|monodique]]. La musique de la [[Renaissance]] mêlait tonalité et modalité. Abandonnée à la fin de la Renaissance pour laisser place au [[système tonal]], la modalité a été redécouverte à la fin du {{XIXe siècle}} : de nouveaux modes ont été créés pour obtenir des sonorités originales, appelés « modes artificiels » par opposition aux modes naturels issus du [[Moyen Âge]]<ref>{{harvsp|Abromont|2001|p=202}}</ref>.


== Description ==
== Description ==

Version du 6 juin 2014 à 21:32

La musique modale ou la modalité est une musique qui a recours aux échelles modales. La modalité s'oppose à la tonalité, qui utilise exclusivement les modes majeurs et mineurs ; elle désigne généralement les modes dits « ecclésiastiques »[1].

La musique modale ancienne était de nature monodique. La musique de la Renaissance mêlait tonalité et modalité. Abandonnée à la fin de la Renaissance pour laisser place au système tonal, la modalité a été redécouverte à la fin du XIXe siècle : de nouveaux modes ont été créés pour obtenir des sonorités originales, appelés « modes artificiels » par opposition aux modes naturels issus du Moyen Âge[2].

Description

Les gammes tonales majeures ou mineures tempérées respectent un enchaînement de tons et de demi-tons bien définis selon le modèle de la gamme de do majeur et de do mineur harmonique.

Pour la gamme de Do majeur on obtient : do ré mi fa sol la si do, avec un si naturellement attiré par le do à l'octave. Pour la gamme de Do mineur harmonique on obtient: do ré mib fa sol lab si do.

Toute gamme tonale se fondera sur l'un ou l'autre modèle selon qu'elle sera majeure ou mineure.

L'harmonie modale va de son côté se fonder sur les enchaînements de ton et de demi-ton d'une gamme modèle qui consiste à monter une octave sur en ne jouant que des notes sans altérations (c'est-à-dire sans dièses ni bémols)

Ainsi on peut dégager 7 modes qui correspondent aux 7 notes existantes :

  1. le mode de Do ou mode ionien (gamme de do majeur en fait)
  2. le mode de ré ou mode dorien
  3. Le mode de mi ou mode phrygien
  4. Le mode de Fa ou mode lydien
  5. le mode de Sol ou mode mixolydien
  6. Le mode de La ou mode aéolien
  7. Le mode de Si ou mode locrien

Atmosphère modale

Si le mode peut se définir avant tout comme une sélection spécifique de notes et d'intervalles, il en résulte souvent une atmosphère musicale particulière - que l'on appelle parfois « couleur modale ».

Dans les musiques utilisant beaucoup les modes telles que le râga indien ou les musiques chinoise et arabe, chaque mode est associé à une atmosphère particulière. Par exemple, en musique indienne, certains modes sont appropriés à une heure particulière de la journée. Un mode donné sera lié à des tournures mélodiques, des ornementations, voire des thèmes littéraires précis.

Dans la musique occidentale, la finesse des intervalles s'est perdue au moment de l'utilisation massive du tempérament égal, qui a permis de jouer dans toutes les tonalités sur les claviers (que l'on pourrait situer dans la première moitié du XIXe siècle). Dès lors, les modes se sont réduits à une succession de notes, perdant un peu de leur spécificité.

De plus, les modes ecclésiastiques (issus du chant grégorien), en usage jusqu'au XVIIe siècle, ont progressivement laissé la place à deux modes principaux, le majeur et le mineur, plus adaptés à la tonalité[pas clair]. La fin du XIXe siècle, et surtout le XXe siècle, ont vu réapparaître des modes plus complexes dans la musique savante écrite occidentale, puis dans le jazz.

La musique modale ancienne

C'est l'utilisation de la musique modale dans le plain-chant et dans la musique profane du Moyen Âge. La musique modale est avant tout une monodie ornée. Dans la musique profane, la monodie était parfois accompagnée rythmiquement ou soutenue par un bourdon (note fixe tenue). Le raffinement peut être tout aussi complexe qu'en musique tonale, mais existera par des nuances d'inflexion des hauteurs, par des jeux d'ornements, ou par des séquences rythmiques très longues, alors qu'en musique tonale c'est l'enchaînement des accords créant l'harmonie (ou bien encore le tissage des voix créant un contrepoint) qui différencie la complexité.

Néanmoins la musique modale a évolué au cours du Moyen Âge et a été utilisée ensuite au sein de structures contrapuntiques de plus en plus complexes. À la Renaissance, la modalité et la tonalité pouvaient cohabiter dans l'harmonie. À vrai dire à l'époque il n'y avait pas encore cette distinction entre tonal et modal. C'est au cours du XVIIe siècle que les modes sont tombés en désuétude pour ne plus privilégier que deux seuls modes: le mode majeur et le mode harmonique mineur. Les modes ont été ensuite plus ou moins oubliés pendant plusieurs siècles.

La musique modale moderne

La pratique modale moderne apparaît au cours du XIXe siècle, avec le regain d'intérêt pour le plain-chant et une volonté de trouver un moyen de les harmoniser. La pratique modale moderne ne s'oppose à la musique tonale que dans son acception la plus restreinte, à savoir la musique tonale classique (s'appuyant exclusivement sur le mode majeur et mode mineur harmonique).

Mais la pratique modale moderne, parfois dite harmonie modale, ne s'oppose pas en soi à la musique tonale, mais au contraire tend plus à élargir le concept de la musique tonale, en assouplissant certaines de ses règles et en élargissant ses possibilités harmoniques. De nos jours la modalité harmonique fait partie intégrante de ce qu'on appelle la musique tonale (dans son acception élargie et moderne).

À Paris, le monde musical, dominé par la figure de Claude Debussy, reste perplexe face à la redécouverte des musiques traditionnelles — la musique orientale, qu'a fait connaître l'Exposition Universelle parisienne de 1889, la musique arabo-andalouse, que redécouvrent des compositeurs tels que Albeniz ou Manuel de Falla, etc. — et de la musique modale du Moyen Âge, influences auxquelles s'ajoute le wagnérisme encore présent dans les esprits à l'époque.

Avec ces pensées musicales, se désagrège peu à peu la prépondérance de l'harmonie classique, fondée sur, d'une part un système d'accords parfaits plus ou moins dérivés des principes de l'acoustique, d'autre part l'omniprésence de la gamme qui, mineure ou majeure, définit les enchaînements d'un degré à un autre suivant des principes hiérarchiques immuables fixés depuis le XVIIe siècle par la règle du "Cycle des Quintes", plaçant le cinquième degré (ou dominante) de la gamme au carrefour des changements de tonalité (ou modulation).

Ainsi l'on commence à entrevoir, notamment dans la musique médiévale, des modes que l'on croit alors dérivés de l'antiquité grecque, et qui ne sont autres que la gamme classique décalée — ainsi le traditionnel « do-ré-mi-fa-sol-la-si-do » devient « ré-mi-fa-sol-la-si-do-ré », qui est une gamme modale etc.

Mais très vite Claude Debussy va plus loin avec une innovation majeure — qu'il élabore de toutes pièces, notamment à partir de l'idée d'accords de septième diminuée perpétuellement renversés, omniprésente chez Richard Wagner et Franz Liszt — : le mode par tons, une gamme non plus de sept, mais de six notes seulement, qui découpent l'octave en six tons égaux.

Cette gamme par tons, très reconnaissable à la couleur feutrée et mystérieuse qu'elle confère à la musique, ouvre la voie à une pensée dé-polarisée de la musique : les notes de l'échelle étant toutes séparées par des intervalles égaux, la notion d'attirance ou de tension entre elles disparaît peu à peu et ouvre la voie à un langage qui n'est plus exclusivement organisé autour d'une note tonique faisant office de point de repère.

Notes et références

  1. Abromont 2001, p. 543
  2. Abromont 2001, p. 202

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Claude Abromont, Guide de la théorie de la musique, Librairie Arthème Fayard et Éditions Henry Lemoine, , 608 p. (ISBN 978-2-213-60977-5)