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Le genre a acquis une particulière popularité depuis les [[années 1980]] grâce aux progrès des techniques d'imagerie rendant possible la reconstitution de paysages, et de zones urbaines d'époque, crédibles pour le spectateur, voire la fusion d'images d'archives avec des images tournées pour le film, comme dans ''[[Aviator]]'' (2005) de [[Martin Scorsese]] où ont été mélangés, après avoir été [[Colorisation cinématographique|colorisés]] et traités, des plans de reportage en noir et blanc de la [[Avant-première|première]] du film ''[[Les Anges de l'enfer (film, 1930)|Les Anges de l'enfer]]'' (1930) avec des plans de la première mis en scène en 2003 avec les acteurs du film<ref> Dans le même film, Scorsese a utilisé des images colorisées de [[Jane Russell]] provenant du film en noir et blanc ''[[Le Banni|The Outlaw]]''.</ref>.
Le genre a acquis une particulière popularité depuis les [[années 1980]] grâce aux progrès des techniques d'imagerie rendant possible la reconstitution de paysages, et de zones urbaines d'époque, crédibles pour le spectateur, voire la fusion d'images d'archives avec des images tournées pour le film, comme dans ''[[Aviator]]'' (2005) de [[Martin Scorsese]] où ont été mélangés, après avoir été [[Colorisation cinématographique|colorisés]] et traités, des plans de reportage en noir et blanc de la [[Avant-première|première]] du film ''[[Les Anges de l'enfer (film, 1930)|Les Anges de l'enfer]]'' (1930) avec des plans de la première mis en scène en 2003 avec les acteurs du film<ref> Dans le même film, Scorsese a utilisé des images colorisées de [[Jane Russell]] provenant du film en noir et blanc ''[[Le Banni|The Outlaw]]''.</ref>.


Le film biographie est de nos jours considéré comme une « valeur sûre ». [[Julien Rappeneau]], le scénariste de ''[[Cloclo (film)|Cloclo]]'' explique : {{Citation|Pour un producteur, [le biopic] est plus facile à vendre et à promouvoir qu'une histoire originale, car le personnage est déjà connu. Un biopic, c'est un peu comme une marque. Mais je ne pense pas que ce soit lié à une crise de l'imaginaire}}. ''A contrario'', [[Simon Curtis]] note que {{Citation|tous les grands livres ont été adaptés, et plusieurs fois chacun. Il y a une perte de confiance en la fiction, chez les producteurs, réalisateurs et auteurs. Ils se jettent sur les histoires vraies. C'est un peu étrange, car il semble que le public aime aussi ne pas connaître l'histoire qu'on va lui raconter}}<ref name="Monde"/>.
Le film biographie est de nos jours généralement considéré comme une « valeur sûre ». [[Julien Rappeneau]], le scénariste de ''[[Cloclo (film)|Cloclo]]'' explique : {{Citation|Pour un producteur, [le biopic] est plus facile à vendre et à promouvoir qu'une histoire originale, car le personnage est déjà connu. Un biopic, c'est un peu comme une marque. Mais je ne pense pas que ce soit lié à une crise de l'imaginaire}}. ''A contrario'', [[Simon Curtis]] note que {{Citation|tous les grands livres ont été adaptés, et plusieurs fois chacun. Il y a une perte de confiance en la fiction, chez les producteurs, réalisateurs et auteurs. Ils se jettent sur les histoires vraies. C'est un peu étrange, car il semble que le public aime aussi ne pas connaître l'histoire qu'on va lui raconter}}. Ce n'est toutefois pas toujours un succès (comme ''[[Coluche, l'histoire d'un mec]]'', en 2006, qui est un échec commercial), avec le risque de concurrence commerciale lorsque deux films sur le même sujet sortent en même temps (par exemple les deux sortis sur [[Truman Capote]] en 2005-2006 ou les deux sur [[Coco Chanel]] en 2009)<ref name="Monde"/>.


== Liste de films biographiques ==
== Liste de films biographiques ==

Version du 5 juillet 2014 à 23:33

Un film biographique, également connu dans le milieu du cinéma sous l'anglicisme « biopic » (contraction de « biographical motion picture »), est une œuvre cinématographique de fiction, centrée sur la description biographique d'un personnage principal ayant réellement existé. Les événements et l'environnement de son époque sont donc subordonnés à son récit.

Histoire

Le film biographique apparaît dès les débuts du cinéma, avec par exemple L'Exécution de Mary, reine des Écossais (1895) de William Heise ou Cléopâtre (1899) de Georges Méliès. Le genre connaît un premier âge d'or dans les années 1930, notamment avec le réalisateur William Dieterle de la Warner ; « il a mis en place un système où la précision documentaire joue un rôle prépondérant. La ligne éditoriale est engagée, humaniste et éducative : on raconte les vies de Pasteur, Zola, Juarez. On véhicule des valeurs pour revitaliser le moral d'une nation. On s'adresse à des citoyens. Après-guerre on s'adressa à des consommateurs en privilégiant l’entertainment » note Rémi Fontanel, maître de conférence en études cinématographique à l'université Lyon II. Mineur dans les années 1960, le film biographique connaît un regain dans les années 1980-1990 puis un nouvel âge d'or à la fin des années 2000 et au début des années 2010 (La Môme en 2007, J. Edgar et La Dame de fer en 2011 par exemple). L'universitaire relève qu'actuellement deux tendances émergent : les films sur les entrepreneurs (The Social Network en 2010 par exemple) et ceux sur les groupes musicaux, les deux mettant en valeur la réussite personnelle[1].

Héros de l'Histoire et rôles de stars

Un film biographique relate l'existence d'un personnage passé, la plupart du temps, mais sans que cela soit obligatoire, une figure historique d'importance[2]. Son choix importe pour susciter la fréquentation lors de la sortie en salles. Comme il s'agit d'une œuvre artistique, la représentation donne le champ libre à l'interprétation à la fois pour l'acteur chargé du rôle principal et pour le réalisateur dans l'éclairage qu'il donne sur le personnage : l'occasion est donnée de différer du consensus laissé par le discours officiel et l'historiographie à propos du sujet traité. Le film décrivant la vie de Klimt dérive de scènes historiques reconstituées sur Vienne en imageries oniriques laissant l'impression d'un portrait du peintre empreint d'érotomanie, qui est l'éclairage subjectif propre à la patte du réalisateur Raoul Ruiz. En revanche, les réalisateurs inspirés par une cause se laissent fréquemment aller à l'excès inverse, celui de donner une image hagiographique en idéalisant le sujet. C'est le travers dans lequel Spike Lee finit par donner en tant qu'autorité morale pour la communauté noire dans son biopic sur Malcolm X, Malcolm X : faire une hagiographie passionnée du sujet malgré la complexité de l'activisme des années 1970 aux États-Unis qui alimentait le climat de ces assassinats ; c'est pour le moins la lecture que peuvent donner les critiques de cinéma[réf. nécessaire].

Ce genre de film est par ailleurs parfaitement intégré au star system (en) dans la mesure où le choix de l'acteur qui incarne le personnage est lui aussi facteur d'adulation pour les masses et provoque des entrées : on va voir un biopic autant pour le personnage que pour l’interprète qui le joue, la relation d'identification profitant à la carrière de ce dernier et à son image auprès du public. C'est particulièrement le cas pour l'interprétation d'Ali où les efforts draconiens de la star Will Smith pour prendre du poids afin de coller à la corpulence du boxeur accompagnent a posteriori l'aura de l'acteur, identifié au sein de la communauté noire pour avoir représenté la figure qui participa à l'accession de celle-ci aux titres les plus prestigieux du monde de la boxe américaine.

Jouer dans un biopic peut parfois être à double-tranchant, l'attente du public étant souvent grande et la comparaison avec d'anciens films biographiques sur le même personnages pouvant créer de la déception chez le spectateur. Diane Kruger, qui interprète la reine Marie-Antoinette d'Autriche dans Les Adieux à la reine (2012), alors que Kirsten Dunst incarnait le même rôle dans Marie-Antoinette (2006) note : « c'est valorisant, mais c'est surtout risqué. Tout le monde a une idée préconçue sur une telle figure historique, sur ce à quoi elle doit ressembler ». Il existe aussi le problème pour l'acteur principal d'être longtemps seulement identifié à ce rôle (comme Val Kilmer pour Jim Morrison dans The Doors). L'artiste doit aussi accepter des changements physiques importants (Robert de Niro qui a pris du poids pour jouer Raging Bull) ou des cours particuliers (de chant pour Jérémie Rénier en vue de Cloclo). A contrario, le film peut être un accélérateur de carrière, comme pour les acteurs suivants, qui ont obtenu un Oscar pour leur rôle dans un biopic : Marion Cotillard dans La Môme, Colin Firth dans Le Discours d'un roi, Meryl Streep dans La Dame de fer ou encore Jamie Foxx dans Ray[1].

Personnages éponymes

Le titre du film est parfois simplement le nom du personnage principal. Toutefois, il serait bien réducteur d'affirmer qu'aller voir un biopic se réduit à suivre une biographie : la matière fournie est souvent prétexte au choix d'une intrigue se focalisant sur les moments les plus déterminants de sa vie, ceux qui l'ont fait entrer dans l'Histoire dans la plupart des cas, ce qui permet le développement du climax et des caractéristiques des films à succès : développement de la dimension humaine du protagoniste projeté sur des évènements, qu'un résumé biographique éclipse, voire introduction d'une thèse sur le destin du personnage à partir d'une énigme que de nouveaux éléments d'archives aurait permis de dévoiler. Simon Curtis, réalisateur de My Week with Marilyn raconte : « Je crois que les gens sont un peu fatigués du schéma "un inconnu avec un trauma d'enfance devient célèbre avant d'être détruit par le succès". Actuellement, il y a une vague de films qui focalisent sur un moment dans une vie pour éclairer le personnage à travers cet épisode. C'est ce que nous avons fait avec Marilyn »[1].

Un genre généralisé

Largement identifié comme type de film apprécié du public, le film biographique regroupe aujourd'hui un large spectre du cinéma mondial, associant des superproductions tels Alexandre (2004) comme le retour sur des personnages beaucoup plus modestes au regard d'un « récit national » comme Sophie Scholl - les derniers jours, dont la sortie concorde avec une réflexion en Allemagne sur la période la plus sombre de son histoire.

Le genre a acquis une particulière popularité depuis les années 1980 grâce aux progrès des techniques d'imagerie rendant possible la reconstitution de paysages, et de zones urbaines d'époque, crédibles pour le spectateur, voire la fusion d'images d'archives avec des images tournées pour le film, comme dans Aviator (2005) de Martin Scorsese où ont été mélangés, après avoir été colorisés et traités, des plans de reportage en noir et blanc de la première du film Les Anges de l'enfer (1930) avec des plans de la première mis en scène en 2003 avec les acteurs du film[3].

Le film biographie est de nos jours généralement considéré comme une « valeur sûre ». Julien Rappeneau, le scénariste de Cloclo explique : « Pour un producteur, [le biopic] est plus facile à vendre et à promouvoir qu'une histoire originale, car le personnage est déjà connu. Un biopic, c'est un peu comme une marque. Mais je ne pense pas que ce soit lié à une crise de l'imaginaire ». A contrario, Simon Curtis note que « tous les grands livres ont été adaptés, et plusieurs fois chacun. Il y a une perte de confiance en la fiction, chez les producteurs, réalisateurs et auteurs. Ils se jettent sur les histoires vraies. C'est un peu étrange, car il semble que le public aime aussi ne pas connaître l'histoire qu'on va lui raconter ». Ce n'est toutefois pas toujours un succès (comme Coluche, l'histoire d'un mec, en 2006, qui est un échec commercial), avec le risque de concurrence commerciale lorsque deux films sur le même sujet sortent en même temps (par exemple les deux sortis sur Truman Capote en 2005-2006 ou les deux sur Coco Chanel en 2009)[1].

Liste de films biographiques

Notes et références

  1. a b c et d Julien Blanc-Gras, « Il y a un biopic après la vie », M, le magazine du Monde, semaine du 10 mars 2012, pages 60-62.
  2. Clément Bosqué, « Jobs, le film : les cinq ingrédients indispensables pour faire un bon biopic », atlantico.fr, 21 août 2013.
  3. Dans le même film, Scorsese a utilisé des images colorisées de Jane Russell provenant du film en noir et blanc The Outlaw.

Articles connexes