« Chrysochloridae » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Salix (discuter | contributions)
→‎Selon ITIS et MSW : typographie selon conventions zool
Salix (discuter | contributions)
relecture, mise en forme
Ligne 18 : Ligne 18 :
{{Taxobox fin}}
{{Taxobox fin}}


La famille des '''Chrysochloridae''' regroupe des [[mammifère]]s connus sous le nom de taupes dorées.
Les {{lang|la|'''Chrysochloridae'''}} sont une [[famille (biologie)|famille]] des [[mammifère]]s insectivores connus sous le nom de '''taupes dorées'''. Cette famille est classée traditionnellement dans l'[[ordre (biologie)|ordre]] des [[Insectivora]], mais les classifications récentes lui préfèrent celui des [[Afrosoricida]].


En raison de leur comportement souterrain, et de leur discrétion, ces [[taupe]]s dorées africaines sont restées longtemps méconnues des zoologistes. Des données sur leurs déplacements souterrains et leur mode de vie peuvent être aujourd'hui obtenues grâce à l'utilisation de [[géophone]]s, également utilisé pour suivre les [[taupe marsupiale|taupes marsupiales]], des espèces très différentes, mais qui ont suivi la même [[convergence évolutive]] en [[Australie]]. On connait au moins une vingtaine d'espèces de taupes dorées vivant dans les déserts de [[Namibie]] et du [[Kalahari]].
En raison de leur comportement souterrain, et de leur discrétion, elles sont restées longtemps méconnues.
Des données sur leurs déplacements souterrains et leur mode de vie peuvent être aujourd'hui obtenues grâce à l'utilisation de [[géophone]]s, également utilisé pour suivre en Australie l'[[taupe marsupiale|Itjaritjari]] (nom aborigène d'un petit [[marsupial]] fouisseur qui ressemble fortement aux taupes dorées africaines, mais qui appartient à une famille très différente par [[convergence évolutive]]).
On connait déjà 21 espèces de taupes dorées africaines (Chrysochloridae).


== Description ==
== Description ==
Les '''taupes dorées''' sont une [[famille (biologie)|famille]] classée dans l'[[ordre (biologie)|ordre]] [[Afrosoricida]] ou [[Insectivora]] suivant les taxinomies.
<br />Elles ne sont connues à l'état sauvage et en populations importantes que dans les [[déserts]] de [[Namibie]] et du [[Kalahari]].


Leurs caractéristiques les plus marquantes sont qu'elles n'ont pas d'yeux fonctionnels ni d'oreilles apparentes, et qu'il n'y a que 4 [[doigt]]s aux pattes antérieures, munis de griffes courtes.
Leurs caractéristiques les plus marquantes sont qu'elles n'ont pas d'yeux fonctionnels ni d'oreilles apparentes, et qu'il n'y a que 4 [[doigt]]s aux pattes antérieures, munis de griffes courtes.

Sur le crâne, l'[[os jugal]] et la barre post-orbitaire sont perdus. Il y a également une paire d'[[os]] dans la région [[occiput|occipitale]] appelés « tabulaires » que l'on ne retrouve pas chez les autres [[Mammifères]].
Sur le crâne, l'[[os jugal]] et la barre post-orbitaire sont perdus. Il y a également une paire d'[[os]] dans la région [[occiput|occipitale]] appelés « tabulaires » que l'on ne retrouve pas chez les autres [[Mammifères]].

Les femelles, comme les mâles, ont un [[cloaque]] dans lequel débouchent les voies [[urinaire]]s et [[génital]]es, comme les reptiles et oiseaux, contrairement aux autres [[mammifères]] [[placentaires]] (ce qui pourrait être une des adaptations aux conditions désertiques particulières des [[biome]]s sablo-désertiques sud-africains <ref>RUTHERFORD, M.C. and R.H. WESTFALL, 1986. - ''Biomes of southern Africa : an objective categorization''. Memoirs of the Botanical Survey of South Africa, 54 : 1-98</ref>).
Les femelles, comme les mâles, ont un [[cloaque]] dans lequel débouchent les voies [[urinaire]]s et [[génital]]es, comme les reptiles et oiseaux, contrairement aux autres [[mammifères]] [[placentaires]] (ce qui pourrait être une des adaptations aux conditions désertiques particulières des [[biome]]s sablo-désertiques sud-africains <ref>RUTHERFORD, M.C. and R.H. WESTFALL, 1986. - ''Biomes of southern Africa : an objective categorization''. Memoirs of the Botanical Survey of South Africa, 54 : 1-98</ref>).


Leur taille et [[morphologie]] peut significativement varier selon les espèces et les individus, et selon les zones géographiques, peut être en lien avec l'[[hygrométrie]] ou l'abondance naturelle des [[proie]]s <ref>BRONNER, G.N., 1996a. - ''Geographic patterns of Morphometric variation in the Hottentot golden mole, Amblysomus hottentotus (Insectivora : Chrysochloridae)''. A multivariate analysis. Mammalia, 60: 729-751</ref>{{,}}<ref>BRONNER, G.N., 1996b. -'' Non-geographical variation in morphological characteristics of the Hottentot golden mole, Amblysomus hottentotus (Insectivora: Chrysochloridae)''. Mammalia, 60: 705-725. </ref>.
Leur taille et [[morphologie]] peut significativement varier selon les espèces et les individus, et selon les zones géographiques, peut être en lien avec l'[[hygrométrie]] ou l'abondance naturelle des [[proie]]s <ref>BRONNER, G.N., 1996a. - ''Geographic patterns of Morphometric variation in the Hottentot golden mole, Amblysomus hottentotus (Insectivora : Chrysochloridae)''. A multivariate analysis. Mammalia, 60: 729-751</ref>{{,}}<ref>BRONNER, G.N., 1996b. -'' Non-geographical variation in morphological characteristics of the Hottentot golden mole, Amblysomus hottentotus (Insectivora: Chrysochloridae)''. Mammalia, 60: 705-725. </ref>.


=== Habitat et comportement ===
==Adaptation==
On rencontre ces taupes africaines à l'état sauvage et en populations importantes uniquement dans les [[déserts]] de [[Namibie]] et du [[Kalahari]].

Ces animaux ont développé de nombreuses adaptations au désert, dont en particulier une capacité fouir le sable, et à s'y déplacer, et à entrer en léthargie quand il fait très chaud ou très froid. Elles disposent également de [[rein]]s très élaborés qui leur permettent quasiment de ne jamais boire.
Ces animaux ont développé de nombreuses adaptations au désert, dont en particulier une capacité fouir le sable, et à s'y déplacer, et à entrer en léthargie quand il fait très chaud ou très froid. Elles disposent également de [[rein]]s très élaborés qui leur permettent quasiment de ne jamais boire.
<br />Des restes d'yeux existent encore, sous la peau du crâne, mais elles semblent complètement aveugles. Leur système auditif, ultra-sensible fonctionne un peu à la manière d'un réseau de géophones, leur permettant de [[Triangulation|trianguler]] la position de leurs proies en surface du sol ou dans le sol à la différence que ces animaux détectent très bien les [[basses fréquences]], ce que nos géophones font mal <ref name=TaupeDoree97/>. Ces capacités leur permettent probablement de mieux échapper à leurs prédateurs, certains étant cependant également capable de détecter de faibles sons et vibration dans le sable.


Des restes d'yeux existent encore, sous la peau du crâne, mais elles semblent complètement aveugles. Leur système auditif, ultra-sensible fonctionne un peu à la manière d'un réseau de géophones, leur permettant de [[Triangulation|trianguler]] la position de leurs proies en surface du sol ou dans le sol à la différence que ces animaux détectent très bien les [[basses fréquences]], ce que nos géophones font mal <ref name=TaupeDoree97/>. Ces capacités leur permettent probablement de mieux échapper à leurs prédateurs, certains étant cependant également capable de détecter de faibles sons et vibration dans le sable.
==État des populations, pressions, menaces==
11 au moins des 21 espèces connues sont déjà menacées d'[[extinction]]<ref>[http://tripatlas.com/Golden_mole Golden mole], Trip atlas, consulté 2011/01/23</ref> (à cause notamment de l'introduction du [[chat]] domestique, des [[pesticide]]s, de l'[[urbanisation]] et des [[route]]s qui sont facteur de mortalité directe, de régression de certaines espèces-proies (insectes et autres invertébrés souterrains), mais surtout de [[fragmentation écologique]]...), ce qui pose problème notamment parce qu'elles sont consommatrices de [[termite]]s ou d'insectes parasites des racines. Comme elles localisent leurs proies par triangulation en détectant leurs [[vibration]]s, il est possible et plausible que la [[pollution sonore]] de leur environnement, et plus précisément les vibrations émises dans les basses fréquences par les moteurs, machines, trains, le passage des véhicules sur les [[route]]s, des [[quad (véhicule)|quad]]s et [[engins agricoles]] puissent les gêner dans leur quête de nourriture ou leur sommeil, si ce n'est involontairement les écraser dans le sable.


== Classification ==
==Connaissances==
Cette famille est classée traditionnellement dans l'[[ordre (biologie)|ordre]] des [[Insectivora]], mais les recherches génétiques de la fin du XXe siècles la font classer de préférence dans l'ordre plus récent des [[Afrosoricida]].
Ces espèces sont encore assez mal connues, mais les géophones permettent aujourd'hui de les étudier plus facilement<ref name=TaupeDoree97>Peter M. Narins, Edwin R. Lexis, Jennifer J. U. M. Jarvis et Justin O’Rian ; ''[http://www.eecs.berkeley.edu/~lewis/GoldMine.pdf The Use of Seismic Signals by Fossorial Southern African Mammals: A Neuroethological Gold Mine''] ; Brain Research Bulletin, Vol. 44, No. 5, pp. 641–646, 1997</ref>. On en a encore découvert de nouvelles espèces des années 1920 à 2000<ref>ROBERTS, A., 1924. - ''Some additions to the list of South African mammals''. Annals of the Transvaal Museum, 10 : 303-328.</ref>{{,}}<ref>ROBERTS, A., 1931. -'' New forms of South African mammals''. Annals of the Transvaal Museum, 14: 221-236. </ref>{{,}}<ref>MEESTER, J., 1972. - ''A new golden mole (Mammalia: Chrysochloridae) from the Transvaal''. Annals of the Transvaal Museum, 28 : 35-46.</ref>{{,}}<ref>BRONNER, G.N. ; ''[New species and subspecies of Golden Mole (Chrysochloridae : Amblysomus) from Mpumalanga, South Africa]'' ; Mammalia - International Journal of the Systematics, Biology and Ecology of Mammals, Volume 64 (1), Ed : de Gruyter, 2000/01/01, ISSN:0025-1461 ; doi:10.1515/mamm.2000.64.1.41</ref>, notamment grâce au travail du [[Transvaal Museum]]<ref>ROBERTS, A., 1913. - ''The collection of mammals in the Transvaal Museum registered up to the 31s' March 1913'', with descriptions of new species. Annals of the Transvaal Museum, 4 : 65-107</ref>{{,}}<ref>BROOM, R., 1908. - ''Further observations on the Chrysochloridae''. Annals of the Transvaal Museum, 1 : 14-16. </ref>.


== Liste des genres ==
=== Liste des genres ===
La famille des taupes dorées, dont la place au sein de l'ordre des [[insectivore]]s est débattue, est divisée en plusieurs genres :
La famille des taupes dorées, dont la place au sein de l'ordre des [[Insectivora]] est débattue, est divisée en plusieurs genres :
* ''[[Amblysomus]]'' Pomel, 1848
* ''[[Calcochloris]]'' Mivart, 1867
* ''[[Chlorotalpa]]'' Roberts, 1924
* ''[[Chrysochloris]]'' Lacépède, 1799
* ''[[Chrysospalax]]'' Gill, 1883
* ''[[Cryptochloris]]'' Shortridge et Carter, 1938
* ''[[Eremitalpa]]'' Roberts, 1924


Selon {{Bioref|CatalogueofLife taxon|15 décembre 2014}} :
=== Selon [[Integrated Taxonomic Information System|ITIS]] et [[Mammal Species of the World|MSW]] ===
* genre ''[[Amblysomus]]''
* famille ''Chrysochloridae'' Gray, 1825
* genre ''[[Calcochloris]]''
** sous-famille [[Amblysominae]] Simonetta, 1957
*** genre ''[[Amblysomus]]'' Pomel, 1848
* genre ''[[Carpitalpa]]''
*** genre ''[[Calcochloris]]'' Mivart, 1867
* genre ''[[Chlorotalpa]]''
*** genre ''[[Neamblysomus]]'' Roberts, 1924
* genre ''[[Chrysochloris]]''
* genre ''[[Chrysospalax]]''
** sous-famille [[Chrysochlorinae]] Gray, 1825
*** genre ''[[Carpitalpa]]'' Lundholm, 1955
* genre ''[[Cryptochloris]]''
*** genre ''[[Chlorotalpa]]'' Roberts, 1924
* genre ''[[Eremitalpa]]''
*** genre ''[[Chrysochloris]]'' Lacépède, 1799
* genre ''[[Neamblysomus]]''

*** genre ''[[Chrysospalax]]'' Gill, 1883
=== Liste des sous-genres et espèces ===
*** genre ''[[Cryptochloris]]'' Shortridge and Carter, 1938
Selon {{Bioref|MSW|15 décembre 2014}}
*** genre ''[[Eremitalpa]]'' Roberts, 1924
* sous-famille [[Amblysominae]]
** genre ''[[Amblysomus]]''
*** ''[[Amblysomus corriae]]''
*** ''[[Amblysomus hottentotus]]''
*** ''[[Amblysomus marleyi]]''
*** ''[[Amblysomus robustus]]''
*** ''[[Amblysomus septentrionalis]]''
** genre ''[[Calcochloris]]''
*** sous-genre ''[[Calcochloris (Calcochloris)]]''
**** ''[[Calcochloris obtusirostris]]''
*** sous-genre ''[[Calcochloris (Huetia)]]''
**** ''[[Calcochloris leucorhinus]]''
*** ''[[Calcochloris tytonis]]''
** genre ''[[Neamblysomus]]''
*** ''[[Neamblysomus gunningi]]''
*** ''[[Neamblysomus julianae]]''
* sous-famille [[Chrysochlorinae]]
** genre ''[[Carpitalpa]]''
*** ''[[Carpitalpa arendsi]]''
** genre ''[[Chlorotalpa]]''
*** ''[[Chlorotalpa duthieae]]''
*** ''[[Chlorotalpa sclateri]]''
** genre ''[[Chrysochloris]]''
*** sous-genre ''[[Chrysochloris (Chrysochloris)]]''
**** ''[[Chrysochloris asiatica]]''
**** ''[[Chrysochloris visagiei]]''
*** sous-genre ''[[Chrysochloris (Kilimatalpa)]]''
**** ''[[Chrysochloris stuhlmanni]]''
** genre ''[[Chrysospalax]]''
*** ''[[Chrysospalax trevelyani]]''
*** ''[[Chrysospalax villosus]]''
** genre ''[[Cryptochloris]]''
*** ''[[Cryptochloris wintoni]]''
*** ''[[Cryptochloris zyli]]''
** genre ''[[Eremitalpa]]''
*** ''[[Eremitalpa granti]]''

== État des populations, pressions, menaces ==
11 au moins des 21 espèces connues sont déjà menacées d'[[extinction]]<ref>[http://tripatlas.com/Golden_mole Golden mole], Trip atlas, consulté 2011/01/23</ref> (à cause notamment de l'introduction du [[chat]] domestique, des [[pesticide]]s, de l'[[urbanisation]] et des [[route]]s qui sont facteur de mortalité directe, de régression de certaines espèces-proies (insectes et autres invertébrés souterrains), mais surtout de [[fragmentation écologique]]...), ce qui pose problème notamment parce qu'elles sont consommatrices de [[termite]]s ou d'insectes parasites des racines. Comme elles localisent leurs proies par triangulation en détectant leurs [[vibration]]s, il est possible et plausible que la [[pollution sonore]] de leur environnement, et plus précisément les vibrations émises dans les basses fréquences par les moteurs, machines, trains, le passage des véhicules sur les [[route]]s, des [[quad (véhicule)|quad]]s et [[engins agricoles]] puissent les gêner dans leur quête de nourriture ou leur sommeil, si ce n'est involontairement les écraser dans le sable.

== Recherches ==
Ces espèces sont encore assez mal connues, mais les géophones permettent aujourd'hui de les étudier plus facilement<ref name=TaupeDoree97>Peter M. Narins, Edwin R. Lexis, Jennifer J. U. M. Jarvis et Justin O’Rian ; ''[http://www.eecs.berkeley.edu/~lewis/GoldMine.pdf The Use of Seismic Signals by Fossorial Southern African Mammals: A Neuroethological Gold Mine''] ; Brain Research Bulletin, Vol. 44, No. 5, pp. 641–646, 1997</ref>. On en a encore découvert de nouvelles espèces des années 1920 à 2000<ref>ROBERTS, A., 1924. - ''Some additions to the list of South African mammals''. Annals of the Transvaal Museum, 10 : 303-328.</ref>{{,}}<ref>ROBERTS, A., 1931. -'' New forms of South African mammals''. Annals of the Transvaal Museum, 14: 221-236. </ref>{{,}}<ref>MEESTER, J., 1972. - ''A new golden mole (Mammalia: Chrysochloridae) from the Transvaal''. Annals of the Transvaal Museum, 28 : 35-46.</ref>{{,}}<ref>BRONNER, G.N. ; ''[New species and subspecies of Golden Mole (Chrysochloridae : Amblysomus) from Mpumalanga, South Africa]'' ; Mammalia - International Journal of the Systematics, Biology and Ecology of Mammals, Volume 64 (1), Ed : de Gruyter, 2000/01/01, ISSN:0025-1461 ; doi:10.1515/mamm.2000.64.1.41</ref>, notamment grâce au travail du [[Transvaal Museum]]<ref>ROBERTS, A., 1913. - ''The collection of mammals in the Transvaal Museum registered up to the 31s' March 1913'', with descriptions of new species. Annals of the Transvaal Museum, 4 : 65-107</ref>{{,}}<ref>BROOM, R., 1908. - ''Further observations on the Chrysochloridae''. Annals of the Transvaal Museum, 1 : 14-16. </ref>.


==Voir aussi==
==Voir aussi==

Version du 15 décembre 2014 à 20:19

Les Chrysochloridae sont une famille des mammifères insectivores connus sous le nom de taupes dorées. Cette famille est classée traditionnellement dans l'ordre des Insectivora, mais les classifications récentes lui préfèrent celui des Afrosoricida.

En raison de leur comportement souterrain, et de leur discrétion, ces taupes dorées africaines sont restées longtemps méconnues des zoologistes. Des données sur leurs déplacements souterrains et leur mode de vie peuvent être aujourd'hui obtenues grâce à l'utilisation de géophones, également utilisé pour suivre les taupes marsupiales, des espèces très différentes, mais qui ont suivi la même convergence évolutive en Australie. On connait au moins une vingtaine d'espèces de taupes dorées vivant dans les déserts de Namibie et du Kalahari.

Description

Leurs caractéristiques les plus marquantes sont qu'elles n'ont pas d'yeux fonctionnels ni d'oreilles apparentes, et qu'il n'y a que 4 doigts aux pattes antérieures, munis de griffes courtes.

Sur le crâne, l'os jugal et la barre post-orbitaire sont perdus. Il y a également une paire d'os dans la région occipitale appelés « tabulaires » que l'on ne retrouve pas chez les autres Mammifères.

Les femelles, comme les mâles, ont un cloaque dans lequel débouchent les voies urinaires et génitales, comme les reptiles et oiseaux, contrairement aux autres mammifères placentaires (ce qui pourrait être une des adaptations aux conditions désertiques particulières des biomes sablo-désertiques sud-africains [1]).

Leur taille et morphologie peut significativement varier selon les espèces et les individus, et selon les zones géographiques, peut être en lien avec l'hygrométrie ou l'abondance naturelle des proies [2],[3].

Habitat et comportement

On rencontre ces taupes africaines à l'état sauvage et en populations importantes uniquement dans les déserts de Namibie et du Kalahari.

Ces animaux ont développé de nombreuses adaptations au désert, dont en particulier une capacité fouir le sable, et à s'y déplacer, et à entrer en léthargie quand il fait très chaud ou très froid. Elles disposent également de reins très élaborés qui leur permettent quasiment de ne jamais boire.

Des restes d'yeux existent encore, sous la peau du crâne, mais elles semblent complètement aveugles. Leur système auditif, ultra-sensible fonctionne un peu à la manière d'un réseau de géophones, leur permettant de trianguler la position de leurs proies en surface du sol ou dans le sol à la différence que ces animaux détectent très bien les basses fréquences, ce que nos géophones font mal [4]. Ces capacités leur permettent probablement de mieux échapper à leurs prédateurs, certains étant cependant également capable de détecter de faibles sons et vibration dans le sable.

Classification

Cette famille est classée traditionnellement dans l'ordre des Insectivora, mais les recherches génétiques de la fin du XXe siècles la font classer de préférence dans l'ordre plus récent des Afrosoricida.

Liste des genres

La famille des taupes dorées, dont la place au sein de l'ordre des Insectivora est débattue, est divisée en plusieurs genres :

Selon Catalogue of Life (15 décembre 2014)[5] :

Liste des sous-genres et espèces

Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (15 décembre 2014)[6]

État des populations, pressions, menaces

11 au moins des 21 espèces connues sont déjà menacées d'extinction[7] (à cause notamment de l'introduction du chat domestique, des pesticides, de l'urbanisation et des routes qui sont facteur de mortalité directe, de régression de certaines espèces-proies (insectes et autres invertébrés souterrains), mais surtout de fragmentation écologique...), ce qui pose problème notamment parce qu'elles sont consommatrices de termites ou d'insectes parasites des racines. Comme elles localisent leurs proies par triangulation en détectant leurs vibrations, il est possible et plausible que la pollution sonore de leur environnement, et plus précisément les vibrations émises dans les basses fréquences par les moteurs, machines, trains, le passage des véhicules sur les routes, des quads et engins agricoles puissent les gêner dans leur quête de nourriture ou leur sommeil, si ce n'est involontairement les écraser dans le sable.

Recherches

Ces espèces sont encore assez mal connues, mais les géophones permettent aujourd'hui de les étudier plus facilement[4]. On en a encore découvert de nouvelles espèces des années 1920 à 2000[8],[9],[10],[11], notamment grâce au travail du Transvaal Museum[12],[13].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • BRONNER, G.N., 1990. - New distribution records for four mammal species, with notes on their taxonomy and ecology. Koedoe, 33(2) : 1-7.
  • BRONNER, G.N., 1991. - Comparative hyoid morphology of nine chrysochlorid species (Mammalia : Chrysochloridae). Annals of the Transvaal Museum, 35 (21) : 295-311.
  • BRONNER, G.N., 1995a. - Cytogenetic properties of nine species of golden moles (Insectivora : Chrysochloridae). Journal of Mammalogy, 76 : 957-971.
  • BRONNER, G.N., 1995b. - Systematic revision of the golden mole genera Amblysomus, Chlorotalpa and Calcochloris (Insectivora : Chrysochloromorpha ; Chrysochloridae). Unpublished Ph.D. thesis, University of Natal (Durban).
  • BRONNER, G.N., E. JONES and D.J. COETZER, 1990. - Hyoid-dentary articulations in golden moles (Mammalia : Insectivora ; Chrysochloridae). Zeitschrift für Säugetierkunde, 55 : 11-15.
  • BROOM, R., 1916. - Some observations on the dentition of Chrysochloris, and on the tritubercular theory. Annals of the Natal Museum, 2 : 129-140.
  • CHEVERUD, J.M., 1982. - Phenotypic, genetic and environmental morphological integration in the cranium. Evolution, 36 : 499-516.
  • HUTTERER, R., 1993. - Order Insectivora. In : Mammal species of the world: a taxonomic and geographic reference. 2nd ed. D.E. Wilson and D.M. Reeder, eds. Pp. 69-133. Smithsonian Institution Press, Washington D.C.
  • LUBKE, R. and McKENZlE, B., 1996. - Afromontane Forest. In : Vegetation of South Africa, Lesotho and Swaziland. A.B. Low and A.G. Rebelo eds. Pp. 12. Department of Environmental Affairs and Tourism, Pretoria.
  • MEESTER, J.A.J., 1974. - Family Chrysochloridae. In : The mammals of Africa : an identification manual. J. Meester and H.W. Setzer, eds. Pp. 1-7. Smithsonian Institution Press, Washington D.C.
  • MEESTER, J., I.L. RAUTENBACH, N.J. DIPPENAAR and C.M. BAKER, 1986. - Classification of southern African mammals. Transvaal Museum Monograph, 5 : 1-359.
  • THOMAS, O. and SCHWANN, H., 1905. - The Rudd Exploration of South Africa. III. List of mammals obtained by Mr. Grant in Zululand. Proceedings of the Zoological Society of London, 1 : 254-276.
  • TIMMS, A.C., 1985. -A scanning electron microscopy study of the hair morphology of the Hottentot golden mole, Amblysomus hottcntotus (A. Smith, 1829). Unpublished B.Sc. (Hons.) thesis, University of Natal (Durban).
  • VON MAYER, A., G. O'BRIEN and E. SARMIENTO, 1995. - Functional and systematic implications of the ear in golden moles (Chrysochloridae). Journal of Zoology, London, 236 : 417430.
  • YOSHIDA, T.H., 1983. - Chromosome differentiation and species evolution in rodents. In : Chromosomes in evolution of eukaryotic groups. A.K. Sharma and A. Sharma, eds. Pp. 147176. CRC Press. Boca Raton, Florida

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

références taxonomiques

Autres références

  1. RUTHERFORD, M.C. and R.H. WESTFALL, 1986. - Biomes of southern Africa : an objective categorization. Memoirs of the Botanical Survey of South Africa, 54 : 1-98
  2. BRONNER, G.N., 1996a. - Geographic patterns of Morphometric variation in the Hottentot golden mole, Amblysomus hottentotus (Insectivora : Chrysochloridae). A multivariate analysis. Mammalia, 60: 729-751
  3. BRONNER, G.N., 1996b. - Non-geographical variation in morphological characteristics of the Hottentot golden mole, Amblysomus hottentotus (Insectivora: Chrysochloridae). Mammalia, 60: 705-725.
  4. a et b Peter M. Narins, Edwin R. Lexis, Jennifer J. U. M. Jarvis et Justin O’Rian ; The Use of Seismic Signals by Fossorial Southern African Mammals: A Neuroethological Gold Mine ; Brain Research Bulletin, Vol. 44, No. 5, pp. 641–646, 1997
  5. Catalogue of Life Checklist, consulté le 15 décembre 2014
  6. Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 15 décembre 2014
  7. Golden mole, Trip atlas, consulté 2011/01/23
  8. ROBERTS, A., 1924. - Some additions to the list of South African mammals. Annals of the Transvaal Museum, 10 : 303-328.
  9. ROBERTS, A., 1931. - New forms of South African mammals. Annals of the Transvaal Museum, 14: 221-236.
  10. MEESTER, J., 1972. - A new golden mole (Mammalia: Chrysochloridae) from the Transvaal. Annals of the Transvaal Museum, 28 : 35-46.
  11. BRONNER, G.N.  ; [New species and subspecies of Golden Mole (Chrysochloridae : Amblysomus) from Mpumalanga, South Africa] ; Mammalia - International Journal of the Systematics, Biology and Ecology of Mammals, Volume 64 (1), Ed : de Gruyter, 2000/01/01, ISSN:0025-1461 ; doi:10.1515/mamm.2000.64.1.41
  12. ROBERTS, A., 1913. - The collection of mammals in the Transvaal Museum registered up to the 31s' March 1913, with descriptions of new species. Annals of the Transvaal Museum, 4 : 65-107
  13. BROOM, R., 1908. - Further observations on the Chrysochloridae. Annals of the Transvaal Museum, 1 : 14-16.