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Abandonnée par les [[Pays-Bas|hollandais]], l'île Maurice devint une possession française en septembre [[1715]] lorsque [[Guillaume Dufresne d'Arsel]] l'aborda, en prit possession et la nomma « île de France ». Les premiers colons français arrivèrent en [[1721]] au moment où l'île était administrée par la Compagnie des Indes orientales (de [[1722]] à [[1767]]). On sait que, pour concurrencer les autres pays européens, [[Louis XIV]] et Colbert avaient créé la Compagnie des Indes orientales en 1664. Afin d'attirer des capitaux, ils lui avaient accordé un monopole commercial dans l'océan Indien pendant 50 ans et lui avaient cédé la souveraineté sur [[Madagascar]] ainsi que sur les îles voisines et les futurs territoires à conquérir. En 1725, les Français annexèrent l'[[île Rodrigues]] qui fut occupée en permanence à partir de 1735. À rappeler, par ailleurs, que l'île Bourbon (appelée aujourd'hui [[La Réunion]]) avait reçu ses premiers colons en 1665 (rappel de la carte 1). Dès le début de la colonisation française à l'île de France (Maurice), surtout entre 1721 et 1735, quelques centaines (entre 400 et 600) d'esclaves en provenance du [[Sénégal]] et de la [[Guinée]] arrivèrent à l'île. Depuis le 28 août 1670, à la demande du ministre Colbert, le Conseil d'État du royaume avait officialisé la pratique de l'esclavage en France. Aux [[Antilles]], l'esclavage avait vite assuré la prospérité économique de ces régions. En mars 1685, était proclamé le fameux Code noir, une ordonnance de Louis XIV destinée à réglementer et à tempérer le régime de l'esclavage, et précisant les devoirs des maîtres et des esclaves. On le sait, ce Code Noir, qui resta en vigueur dans toutes les Antilles et en [[Guyane française]] jusqu'en [[1848]] (date de l'abolition définitive de l'esclavage par la France), fut rarement respecté, les exploitants n'en ayant fait bien souvent qu'à leur tête. En 1723, le célèbre Code Noir de 1685 fut adapté à l'usage des Mascareignes et les lettres patentes de [[Louis XV]], en forme d'édit, furent enregistrées à l'île Bourbon (La Réunion) dans la ville de Saint-Paul, le 18 septembre 1724, par le Conseil supérieur de Bourbon. Ce nouveau Code Noir adapté à la situation de l'île Bourbon (La Réunion) et de l'île de France (Maurice) favorisa, dès [[1725]], l'arrivée de milliers d'esclaves qui venaient en majorité de l'île de Madagascar et de l'[[Afrique orientale]] pour y cultiver le café et les plantes à épices. Cette main-d'œuvre abondante paraissait nécessaire pour permettre à la Compagnie des Indes orientales de poursuivre l'expansion économique de l'[[océan Indien]]. C'est en [[1735]] que l'île de France (Maurice) commença son véritable développement avec l'arrivée de son plus célèbre gouverneur : Bertrand-François Mahé de Labourdonnais, nommé par la Compagnies des Indes orientales ; il dirigea la colonie de 1735 à 1746 et fonda la ville de [[Port-Louis (Maurice)|Port-Louis]].
Abandonnée par les [[Pays-Bas|hollandais]], l'île Maurice devint une possession française en septembre [[1715]] lorsque [[Guillaume Dufresne d'Arsel]] l'aborda, en prit possession et la nomma « île de France ». Les premiers colons français arrivèrent en [[1721]] au moment où l'île était administrée par la Compagnie des Indes orientales (de [[1722]] à [[1767]]). On sait que, pour concurrencer les autres pays européens, [[Louis XIV]] et Colbert avaient créé la Compagnie des Indes orientales en 1664. Afin d'attirer des capitaux, ils lui avaient accordé un monopole commercial dans l'océan Indien pendant 50 ans et lui avaient cédé la souveraineté sur [[Madagascar]] ainsi que sur les îles voisines et les futurs territoires à conquérir. En 1725, les Français annexèrent l'[[île Rodrigues]] qui fut occupée en permanence à partir de 1735. À rappeler, par ailleurs, que l'île Bourbon (appelée aujourd'hui [[La Réunion]]) avait reçu ses premiers colons en 1665 (rappel de la carte 1). Dès le début de la colonisation française à l'île de France (Maurice), surtout entre 1721 et 1735, quelques centaines (entre 400 et 600) d'esclaves en provenance du [[Sénégal]] et de la [[Guinée]] arrivèrent à l'île. Depuis le 28 août 1670, à la demande du ministre Colbert, le Conseil d'État du royaume avait officialisé la pratique de l'esclavage en France. Aux [[Antilles]], l'esclavage avait vite assuré la prospérité économique de ces régions. En mars 1685, était proclamé le fameux Code noir, une ordonnance de Louis XIV destinée à réglementer et à tempérer le régime de l'esclavage, et précisant les devoirs des maîtres et des esclaves. On le sait, ce Code Noir, qui resta en vigueur dans toutes les Antilles et en [[Guyane française]] jusqu'en [[1848]] (date de l'abolition définitive de l'esclavage par la France), fut rarement respecté, les exploitants n'en ayant fait bien souvent qu'à leur tête. En 1723, le célèbre Code Noir de 1685 fut adapté à l'usage des Mascareignes et les lettres patentes de [[Louis XV]], en forme d'édit, furent enregistrées à l'île Bourbon (La Réunion) dans la ville de Saint-Paul, le 18 septembre 1724, par le Conseil supérieur de Bourbon. Ce nouveau Code Noir adapté à la situation de l'île Bourbon (La Réunion) et de l'île de France (Maurice) favorisa, dès [[1725]], l'arrivée de milliers d'esclaves qui venaient en majorité de l'île de Madagascar et de l'[[Afrique orientale]] pour y cultiver le café et les plantes à épices. Cette main-d'œuvre abondante paraissait nécessaire pour permettre à la Compagnie des Indes orientales de poursuivre l'expansion économique de l'[[océan Indien]]. C'est en [[1735]] que l'île de France (Maurice) commença son véritable développement avec l'arrivée de son plus célèbre gouverneur : Bertrand-François Mahé de Labourdonnais, nommé par la Compagnies des Indes orientales ; il dirigea la colonie de 1735 à 1746 et fonda la ville de [[Port-Louis (Maurice)|Port-Louis]].


Mahé de Labourdonnais fit prospérer l'île de France (Maurice) avec la fondation de plusieurs villes dont Port-Louis, la construction d'édifices administratifs, de [[entrepôt|magasin]]s, d'entrepôts et de casernes militaires. Il favorisa l'exploitation des forêts pour le bois d'œuvre (et des chantiers navals), la production de la canne de sucre ainsi que la culture du café, de l'indigo et du poivre. Port-Louis devint le chef-lieu des établissements français de toute la région. Pendant que l'île de France (Maurice) ne comptait que {{formatnum:1000}} habitants, l'île Bourbon (La Réunion) en comptait {{formatnum:8000}} (dont {{formatnum:6000}} esclaves). À partir de [[1735]], le gouverneur Mahé de Labourdonnais fit peupler l'île Rodrigues, avec comme mission le ramassage de tortues et leur chargement sur les bateaux de la Compagnie des Indes orientales. Rodrigues connut son véritable peuplement à partir de 1760. Une garnison française y résida même en permanence ; l'île comprenait alors des colons blancs et des esclaves. En [[1767]], sous l'administration de l'intendant [[Pierre Poivre]] (1767-1772), on recensait à Rodrigues encore seulement 32 habitants : 4 français, 2 [[blanc (humain)|blancs créoles]] de l'île Bourbon (La Réunion), 16 Malabars libres et 10 esclaves. Grâce à Pierre Poivre, le « commissaire ordonnateur » et intendant général des îles de France (Maurice) et de Bourbon (La Réunion), l'archipel des Mascareignes devint une colonie prospère, organisée et enviée par les Britanniques. Poivre avait introduit l'imprimerie à l'île de France en 1768 (l'Imprimerie royale de Port-Louis) et, comme il était [[botanique|botaniste]] et membre de plusieurs académies de sciences, il avait acclimaté sur les îles de l'archipel quantité d'épices (dont, bien sûr, le [[poivre]], mais aussi la [[girofle]], la [[noix de muscade|muscade]], la [[cannelle marron|cannelle]], etc.) et des dizaines d'espèces [[végétal]]es ; il avait également favorisé la culture des arbres fruitiers et fut même l'auteur des premières lois sur la protection de la nature ; c'est à lui que les Mauriciens doivent le célèbre jardin de [[pamplemousse]]s, qui abrite des [[nénuphar]]s géants et plus de 60 variétés de palmiers. De plus, Poivre assainit le climat moral et social des Mascareignes en améliorant le sort des esclaves dans tout l'archipel. La population augmenta à l'île de France (Maurice) : de près d'un millier d'habitants en 1735, elle atteignait en 1767 les {{formatnum:20000}} habitants, dont {{formatnum:15000}} esclaves. Les historiens ont d'ailleurs établi que la période d'émergence du créole mauricien se situait entre 1721 et 1769. C'est ce qui expliquerait que le créole mauricien d'aujourd'hui contient encore des mots d'origine sénégalaise provenant en réalité de la [[wolof (langue)|langue wolof]]. Ce créole contient en outre de grandes quantités de mots malgaches et comoriens, car un grand nombre d'esclaves furent importés aussi de l'île de [[Madagascar]] et des Comores. Le 27 juillet 1793, la [[Convention de Paris]] proclama l'interdiction de la traite des esclaves et, quelques mois plus tard, le 4 février 1794, celle de l'esclavage. Le décret prescrivait « l'abolition immédiate », mais ne prévoyait aucune disposition sur le dédommagement des « propriétaires » ou sur l'avenir des « populations libérées ».
Mahé de Labourdonnais fit prospérer l'île de France (Maurice) avec la fondation de plusieurs villes dont Port-Louis, la construction d'édifices administratifs, de [[entrepôt|magasin]]s, d'entrepôts et de casernes militaires. Il favorisa l'exploitation des forêts pour le bois d'œuvre (et des chantiers navals), la production de la canne de sucre ainsi que la culture du café, de l'indigo et du poivre. Port-Louis devint le chef-lieu des établissements français de toute la région. Pendant que l'île de France (Maurice) ne comptait que {{formatnum:1000}} habitants, l'île Bourbon (La Réunion) en comptait {{formatnum:8000}} (dont {{formatnum:6000}} esclaves). À partir de [[1735]], le gouverneur Mahé de Labourdonnais fit peupler l'île Rodrigues, avec comme mission le ramassage de tortues et leur chargement sur les bateaux de la Compagnie des Indes orientales. Rodrigues connut son véritable peuplement à partir de 1760. Une garnison française y résida même en permanence ; l'île comprenait alors des colons blancs et des esclaves. En [[1767]], sous l'administration de l'intendant [[Pierre Poivre]] (1767-1772), on recensait à Rodrigues encore seulement 32 habitants : 4 français, 2 [[blanc (humain)|blancs créoles]] de l'île Bourbon (La Réunion), 16 Malabars libres et 10 esclaves. Grâce à Pierre Poivre, le « commissaire ordonnateur » et intendant général des îles de France (Maurice) et de Bourbon (La Réunion), l'archipel des Mascareignes devint une colonie prospère, organisée et enviée par les Britanniques. Poivre avait introduit l'imprimerie à l'île de France en 1768 (l'Imprimerie royale de Port-Louis) et, comme il était [[botanique|botaniste]] et membre de plusieurs académies de sciences, il avait acclimaté sur les îles de l'archipel quantité d'épices (dont, bien sûr, le [[poivre]], mais aussi la [[girofle]], la [[noix de muscade|muscade]], la [[cannelle marron|cannelle]], etc.) et des dizaines d'espèces [[végétal]]es ; il avait également favorisé la culture des arbres fruitiers et fut même l'auteur des premières lois sur la protection de la nature ; c'est à lui que les Mauriciens doivent le célèbre jardin de [[pamplemousse]]s, qui abrite des [[nénuphar]]s géants et plus de 60 variétés de palmiers. De plus, Poivre assainit le climat moral et social des Mascareignes en améliorant le sort des esclaves dans tout l'archipel. La population augmenta à l'île de France (Maurice) : de près d'un millier d'habitants en 1735, elle atteignait en 1767 les {{formatnum:20000}} habitants, dont {{formatnum:15000}} esclaves. Les historiens ont d'ailleurs établi que la période d'émergence du créole mauricien se situait entre 1721 et 1769. C'est ce qui expliquerait que le créole mauricien d'aujourd'hui contient encore des mots d'origine sénégalaise provenant en réalité de la [[wolof (langue)|langue wolof]]. Ce créole contient en outre de grandes quantités de mots malgaches et comoriens, car un grand nombre d'esclaves furent déportés aussi de l'île de [[Madagascar]] et des Comores. Le 27 juillet 1793, la [[Convention de Paris]] proclama l'interdiction de la traite des esclaves et, quelques mois plus tard, le 4 février 1794, celle de l'esclavage. Le décret prescrivait « l'abolition immédiate », mais ne prévoyait aucune disposition sur le dédommagement des « propriétaires » ou sur l'avenir des « populations libérées ».


L'Assemblée coloniale de l'île de France (Maurice) se prononça contre ce décret et réclama avec insistance à la Convention sa suppression pure et simple. Les colons de l'île de France (Maurice) et ceux de Bourbon (La Réunion) n'obtinrent qu'un sursis et décidèrent alors de ne pas appliquer le décret d'abolition. Le Premier consul de la République, [[Napoléon Bonaparte]], y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, par la loi du 20 mai 1802. Les intérêts économiques avaient eu raison des idéaux révolutionnaires de liberté et d'égalité. Les colons de l'archipel des Mascareignes, qui n'avaient pas appliqué le décret de la [[Convention nationale]], furent évidemment rassurés. Toutes les réformes de la Révolution furent également supprimées, au grand soulagement de tous (sauf pour les esclaves), y compris la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen adoptée en 1789 par l'Assemblée nationale. En 1803, le général Decaen envoyé par Napoléon débarqua aux Mascareignes pour imposer le nouveau régime politique. La colonie fut aussitôt prise en mains par les administrateurs nommés par Napoléon, qui dirigèrent les affaires de l'île Bourbon (devenue entre-temps l'île Bonaparte) à partir de l'île de France. Mais les rivalités franco-britanniques, déjà virulentes aux [[Antilles]], se propagèrent dans l'océan Indien, et ce, d'autant plus que la colonie française de l'océan Indien ne pouvait que susciter la convoitise des Britanniques. Comme cette colonie s'étendait sur une grande surface dans l'océan Indien, c'est-à-dire tout l'archipel des Mascareignes (île de France, île Bonaparte et île Rodrigues) et tout l'archipel des Seychelles situé plus au nord, elle risquait de nuire considérablement au commerce anglais. De plus, pendant les guerres napoléoniennes, l'île de France (Maurice) et l'île Bonaparte (La Réunion) étaient devenues le rendez-vous des corsaires français qui organisaient des raids fructueux contre les [[navire]]s commerciaux britanniques. Il était temps pour les Britanniques de mettre fin à l'hégémonie française dans cette partie de l'[[océan Indien]].
L'Assemblée coloniale de l'île de France (Maurice) se prononça contre ce décret et réclama avec insistance à la Convention sa suppression pure et simple. Les colons de l'île de France (Maurice) et ceux de Bourbon (La Réunion) n'obtinrent qu'un sursis et décidèrent alors de ne pas appliquer le décret d'abolition. Le Premier consul de la République, [[Napoléon Bonaparte]], y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, par la loi du 20 mai 1802. Les intérêts économiques avaient eu raison des idéaux révolutionnaires de liberté et d'égalité. Les colons de l'archipel des Mascareignes, qui n'avaient pas appliqué le décret de la [[Convention nationale]], furent évidemment rassurés. Toutes les réformes de la Révolution furent également supprimées, au grand soulagement de tous (sauf pour les esclaves), y compris la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen adoptée en 1789 par l'Assemblée nationale. En 1803, le général Decaen envoyé par Napoléon débarqua aux Mascareignes pour imposer le nouveau régime politique. La colonie fut aussitôt prise en mains par les administrateurs nommés par Napoléon, qui dirigèrent les affaires de l'île Bourbon (devenue entre-temps l'île Bonaparte) à partir de l'île de France. Mais les rivalités franco-britanniques, déjà virulentes aux [[Antilles]], se propagèrent dans l'océan Indien, et ce, d'autant plus que la colonie française de l'océan Indien ne pouvait que susciter la convoitise des Britanniques. Comme cette colonie s'étendait sur une grande surface dans l'océan Indien, c'est-à-dire tout l'archipel des Mascareignes (île de France, île Bonaparte et île Rodrigues) et tout l'archipel des Seychelles situé plus au nord, elle risquait de nuire considérablement au commerce anglais. De plus, pendant les guerres napoléoniennes, l'île de France (Maurice) et l'île Bonaparte (La Réunion) étaient devenues le rendez-vous des corsaires français qui organisaient des raids fructueux contre les [[navire]]s commerciaux britanniques. Il était temps pour les Britanniques de mettre fin à l'hégémonie française dans cette partie de l'[[océan Indien]].

Version du 5 janvier 2015 à 21:59

Île Maurice
Mauritius (en)
Position de l’île
Position de l’île
Géographie
Pays Drapeau de Maurice Maurice
Archipel Mascareignes
Localisation Océan Indien
Coordonnées 20° 18′ 03″ S, 57° 34′ 56″ E
Superficie 1 865 km2
Point culminant Piton de la Petite Rivière Noire (828 m)
Géologie Île volcanique
Administration
Démographie
Population 1 192 300 hab. (2011)
Densité 639,3 hab./km2
Plus grande ville Port-Louis
Autres informations
Découverte 975
Fuseau horaire UTC+04:00
Site officiel http://www.gov.mu/French
Géolocalisation sur la carte : Maurice
(Voir situation sur carte : Maurice)
Île Maurice
Île Maurice
Géolocalisation sur la carte : océan Indien
(Voir situation sur carte : océan Indien)
Île Maurice
Île Maurice
Îles de Maurice

L'île Maurice, (Moris en créole), autrefois l'Isle de France, Mauritius en anglais, est l'île principale de la République de Maurice, située dans le sud-ouest de l'océan Indien, au cœur de l'archipel des Mascareignes entre La Réunion à l'ouest et l'île Rodrigues à l'est. La population s'élève à environ 1,2 million d'habitants et est très métissé, d'origine indienne, créole, chinoise, arabe, il existe aussi les mulâtres et les « blancs de l'Ile Maurice » mais ce n'est qu'une minorité de la population, la majorité des mauriciens sont d'origine indienne et créole[1],[2]. La capitale de la République de Maurice est Port-Louis, située dans le Nord-Ouest de l'île.

Géographie

La formation de l'île est datée de 7 à 15 millions d'années. L'île est d'origine volcanique et encore de nos jours, on peut observer les traces de la grande caldeira à l'origine de sa formation. L'île ne compte plus de volcan en activité. On y trouve cependant des cratères endormis dont le trou-aux-Cerfs, qui est devenu au fil des ans une des attractions touristiques. Celui-ci se situe dans le centre de l'île, à Curepipe. L'île Maurice couvre une superficie de 1 865 km2. Elle mesure dans ses plus grandes dimensions 65 km de longueur et 45 km de largeur. Le point le plus haut est le Piton de la Petite Rivière Noire qui culmine à 828 mètres. Ses plaines côtières et un plateau central ont permis pendant longtemps la culture extensive de la canne à sucre et du thé. La barrière de corail qui entoure l'île permet de protéger les lagons et les plages bordées de cocotiers et de filaos. Lîle Maurice est aussi connue pour ses beaux paysages et monuments:

Chamarel, Terre 7 couleurs
Plage, Mauritiu
Montagnes

Histoire

L'île Maurice fut découverte par les Phéniciens dans l'Antiquité[source insuffisante], puis les Arabes en 975[3], puis par les Portugais en 1507. Les premiers colonisateurs de l'Île Maurice étaient les Hollandais, ils arrivèrent en 1598. Puis l'île fut colonisée par les Français de 1715 a 1810. Vinrent ensuite les Anglais qui l'occupèrent par la force avant que cette possession ne leur soit confirmée par le Traité de Paris (1814) L'établissement britannique dura jusqu'en 1968.

Période hollandaise (1598-1710)

C'est en 1516 que les premiers Hollandais débarquèrent à l'île Maurice. Ils ne purent vraiment coloniser l'île à ce moment-là, car les esclaves amenés d'Afrique s'étaient enfuis dans les montagnes dès leur arrivée : ce furent les premiers esclaves marrons de Maurice. Afin de rentabiliser leur nouvel établissement de l'Île Maurice, les Hollandais développèrent vers 1641 le commerce des esclaves en provenance de Madagascar. Cependant, peu d'esclaves malgaches furent acheminés vers Maurice durant l'occupation hollandaise.

En 1598, une escadrille hollandaise, sous les ordres de l'amiral Wybrand Van Warwyck, aborda l'Île Maurice qui fut nommée Mauritius en l'honneur du prince Maurits Van Nassau de Hollande. Une petite colonie de colons venus des établissements hollandais du cap de Bonne-Espérance s'installèrent avec des esclaves d'origine africaine. Au lieu de faire fructifier leur nouvelle colonie, les Hollandais se contentèrent de piller la faune (d'où l'extinction, entre autres, du célèbre dodo, apparenté aux pigeons et appartenant à la famille des raphidés) et la flore (causant en particulier l'épuisement du bois d'ébène). En revanche, les Hollandais introduisirent la canne à sucre et importèrent des cerfs de Java, mais ils quittèrent l'île avec leurs esclaves en 1710 à la suite de graves sécheresses et de terribles ravages des cyclones.

Colonisation française (1715-1810)

Abandonnée par les hollandais, l'île Maurice devint une possession française en septembre 1715 lorsque Guillaume Dufresne d'Arsel l'aborda, en prit possession et la nomma « île de France ». Les premiers colons français arrivèrent en 1721 au moment où l'île était administrée par la Compagnie des Indes orientales (de 1722 à 1767). On sait que, pour concurrencer les autres pays européens, Louis XIV et Colbert avaient créé la Compagnie des Indes orientales en 1664. Afin d'attirer des capitaux, ils lui avaient accordé un monopole commercial dans l'océan Indien pendant 50 ans et lui avaient cédé la souveraineté sur Madagascar ainsi que sur les îles voisines et les futurs territoires à conquérir. En 1725, les Français annexèrent l'île Rodrigues qui fut occupée en permanence à partir de 1735. À rappeler, par ailleurs, que l'île Bourbon (appelée aujourd'hui La Réunion) avait reçu ses premiers colons en 1665 (rappel de la carte 1). Dès le début de la colonisation française à l'île de France (Maurice), surtout entre 1721 et 1735, quelques centaines (entre 400 et 600) d'esclaves en provenance du Sénégal et de la Guinée arrivèrent à l'île. Depuis le 28 août 1670, à la demande du ministre Colbert, le Conseil d'État du royaume avait officialisé la pratique de l'esclavage en France. Aux Antilles, l'esclavage avait vite assuré la prospérité économique de ces régions. En mars 1685, était proclamé le fameux Code noir, une ordonnance de Louis XIV destinée à réglementer et à tempérer le régime de l'esclavage, et précisant les devoirs des maîtres et des esclaves. On le sait, ce Code Noir, qui resta en vigueur dans toutes les Antilles et en Guyane française jusqu'en 1848 (date de l'abolition définitive de l'esclavage par la France), fut rarement respecté, les exploitants n'en ayant fait bien souvent qu'à leur tête. En 1723, le célèbre Code Noir de 1685 fut adapté à l'usage des Mascareignes et les lettres patentes de Louis XV, en forme d'édit, furent enregistrées à l'île Bourbon (La Réunion) dans la ville de Saint-Paul, le 18 septembre 1724, par le Conseil supérieur de Bourbon. Ce nouveau Code Noir adapté à la situation de l'île Bourbon (La Réunion) et de l'île de France (Maurice) favorisa, dès 1725, l'arrivée de milliers d'esclaves qui venaient en majorité de l'île de Madagascar et de l'Afrique orientale pour y cultiver le café et les plantes à épices. Cette main-d'œuvre abondante paraissait nécessaire pour permettre à la Compagnie des Indes orientales de poursuivre l'expansion économique de l'océan Indien. C'est en 1735 que l'île de France (Maurice) commença son véritable développement avec l'arrivée de son plus célèbre gouverneur : Bertrand-François Mahé de Labourdonnais, nommé par la Compagnies des Indes orientales ; il dirigea la colonie de 1735 à 1746 et fonda la ville de Port-Louis.

Mahé de Labourdonnais fit prospérer l'île de France (Maurice) avec la fondation de plusieurs villes dont Port-Louis, la construction d'édifices administratifs, de magasins, d'entrepôts et de casernes militaires. Il favorisa l'exploitation des forêts pour le bois d'œuvre (et des chantiers navals), la production de la canne de sucre ainsi que la culture du café, de l'indigo et du poivre. Port-Louis devint le chef-lieu des établissements français de toute la région. Pendant que l'île de France (Maurice) ne comptait que 1 000 habitants, l'île Bourbon (La Réunion) en comptait 8 000 (dont 6 000 esclaves). À partir de 1735, le gouverneur Mahé de Labourdonnais fit peupler l'île Rodrigues, avec comme mission le ramassage de tortues et leur chargement sur les bateaux de la Compagnie des Indes orientales. Rodrigues connut son véritable peuplement à partir de 1760. Une garnison française y résida même en permanence ; l'île comprenait alors des colons blancs et des esclaves. En 1767, sous l'administration de l'intendant Pierre Poivre (1767-1772), on recensait à Rodrigues encore seulement 32 habitants : 4 français, 2 blancs créoles de l'île Bourbon (La Réunion), 16 Malabars libres et 10 esclaves. Grâce à Pierre Poivre, le « commissaire ordonnateur » et intendant général des îles de France (Maurice) et de Bourbon (La Réunion), l'archipel des Mascareignes devint une colonie prospère, organisée et enviée par les Britanniques. Poivre avait introduit l'imprimerie à l'île de France en 1768 (l'Imprimerie royale de Port-Louis) et, comme il était botaniste et membre de plusieurs académies de sciences, il avait acclimaté sur les îles de l'archipel quantité d'épices (dont, bien sûr, le poivre, mais aussi la girofle, la muscade, la cannelle, etc.) et des dizaines d'espèces végétales ; il avait également favorisé la culture des arbres fruitiers et fut même l'auteur des premières lois sur la protection de la nature ; c'est à lui que les Mauriciens doivent le célèbre jardin de pamplemousses, qui abrite des nénuphars géants et plus de 60 variétés de palmiers. De plus, Poivre assainit le climat moral et social des Mascareignes en améliorant le sort des esclaves dans tout l'archipel. La population augmenta à l'île de France (Maurice) : de près d'un millier d'habitants en 1735, elle atteignait en 1767 les 20 000 habitants, dont 15 000 esclaves. Les historiens ont d'ailleurs établi que la période d'émergence du créole mauricien se situait entre 1721 et 1769. C'est ce qui expliquerait que le créole mauricien d'aujourd'hui contient encore des mots d'origine sénégalaise provenant en réalité de la langue wolof. Ce créole contient en outre de grandes quantités de mots malgaches et comoriens, car un grand nombre d'esclaves furent déportés aussi de l'île de Madagascar et des Comores. Le 27 juillet 1793, la Convention de Paris proclama l'interdiction de la traite des esclaves et, quelques mois plus tard, le 4 février 1794, celle de l'esclavage. Le décret prescrivait « l'abolition immédiate », mais ne prévoyait aucune disposition sur le dédommagement des « propriétaires » ou sur l'avenir des « populations libérées ».

L'Assemblée coloniale de l'île de France (Maurice) se prononça contre ce décret et réclama avec insistance à la Convention sa suppression pure et simple. Les colons de l'île de France (Maurice) et ceux de Bourbon (La Réunion) n'obtinrent qu'un sursis et décidèrent alors de ne pas appliquer le décret d'abolition. Le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, par la loi du 20 mai 1802. Les intérêts économiques avaient eu raison des idéaux révolutionnaires de liberté et d'égalité. Les colons de l'archipel des Mascareignes, qui n'avaient pas appliqué le décret de la Convention nationale, furent évidemment rassurés. Toutes les réformes de la Révolution furent également supprimées, au grand soulagement de tous (sauf pour les esclaves), y compris la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen adoptée en 1789 par l'Assemblée nationale. En 1803, le général Decaen envoyé par Napoléon débarqua aux Mascareignes pour imposer le nouveau régime politique. La colonie fut aussitôt prise en mains par les administrateurs nommés par Napoléon, qui dirigèrent les affaires de l'île Bourbon (devenue entre-temps l'île Bonaparte) à partir de l'île de France. Mais les rivalités franco-britanniques, déjà virulentes aux Antilles, se propagèrent dans l'océan Indien, et ce, d'autant plus que la colonie française de l'océan Indien ne pouvait que susciter la convoitise des Britanniques. Comme cette colonie s'étendait sur une grande surface dans l'océan Indien, c'est-à-dire tout l'archipel des Mascareignes (île de France, île Bonaparte et île Rodrigues) et tout l'archipel des Seychelles situé plus au nord, elle risquait de nuire considérablement au commerce anglais. De plus, pendant les guerres napoléoniennes, l'île de France (Maurice) et l'île Bonaparte (La Réunion) étaient devenues le rendez-vous des corsaires français qui organisaient des raids fructueux contre les navires commerciaux britanniques. Il était temps pour les Britanniques de mettre fin à l'hégémonie française dans cette partie de l'océan Indien.

En 1809, les troupes britanniques commencèrent par occuper l'île Rodrigues, ce qui devait constituer la première étape dans la conquête de l'archipel des Mascareignes et de l'archipel des Seychelles. En effet, les Britanniques avaient rassemblé leurs 10 000 soldats à Rodrigues avant de prendre d'assaut l'île de France (Maurice) et l'île Bonaparte (La Réunion) en décembre 1810 ; ils occuperont l'archipel des Seychelles en 1812. Le dernier gouverneur français de l'île de France, le général Decaen, dut capituler au nom de la France, ses forces étant jugées trop inférieures en nombre. À la fin de l'occupation française, en 1810, la population s'élevait à 73 000 habitants et était constituée à 80 % d'esclaves originaires de l'Afrique orientale pour la plupart, notamment du Mozambique et de Madagascar. Selon les clauses du traité de Paris de 1814, les Français perdirent définitivement l'archipel des Seychelles et l'archipel des Mascareignes à l'exception de la seule île Bonaparte (La Réunion), rebaptisée Isle of Bourbon par les Anglais, qui fut rétrocédée à la France. Dans l'ancienne colonie de l'île de France (Maurice), il ne subsistait de la présence française que le français et le créole (à base lexicale française). Après seulement deux générations, la langue véhiculaire issue des esclaves africains ou malgaches et des Français était devenue la langue maternelle des descendants d'esclaves : le créole mauricien.

Colonisation britannique (1810-1968)

Après le traité de Paris, l'île de France reprit son nom précédent de Mauritius. Dans l'acte de capitulation de 1810, l'article 8 spécifiait que les colons pouvaient conserver « leurs religion, lois et coutumes ». Bien que le traité de Paris de 1814 ne reprît pas réellement cette formulation, le nouveau gouvernement anglais, dirigé par le gouverneur Sir Robert Farquhar, admit que l'usage de la langue française constituait l'une de ces « coutumes » que les colons pouvaient maintenir. En fait, les Britanniques consentirent à ce que les habitants de Maurice et de Rodrigues continuent d'utiliser leur langue, leur religion, leur code civil, leurs traditions et leurs douanes. Peu nombreux et n'ayant pas l'intention d'habiter l'archipel, les anglais étaient prêts à faire des concessions. Des changements sociaux et économiques se firent sentir aussitôt. Les fonctionnaires français furent remplacés par des fonctionnaires anglais au sein de l'administration et toute l'économie se développa dorénavant dans le cadre de l'Empire britannique. Beaucoup de franco-mauriciens blancs, notamment des grands propriétaires fonciers et des hommes d'affaires, décidèrent de rester à l'île et poursuivirent l'exploitation de la canne à sucre avec leur main-d'œuvre d'esclaves africains et malgaches. Ces Blancs constituèrent le groupe des franco-mauriciens qui continuaient de parler la langue française. Appuyés par le clergé catholique, ils opposèrent une résistance opiniâtre aux velléités gouvernementales de mainmise linguistique. Quant à leurs esclaves, ils furent maintenus dans leur infériorité sociale et purent continuer à utiliser le créole mauricien. De toute façon, comme les Anglais ne cherchaient pas à s'installer en grand nombre à l'île Maurice, les autochtones continuèrent de parler essentiellement français et créole.

En 1832, le gouvernement colonial anglais imposa une première politique linguistique : la langue anglaise devint obligatoire pour les Mauriciens lors de toute communication avec les autorités britanniques. L'année suivante, l'anglais devint l'unique langue de l'Administration en servant de critère d'embauche dans les services gouvernementaux. Le changement le plus important survint en 1835 lors de l'abolition de l'esclavage dans toutes les colonies britanniques. L'importation d'esclaves avait cessé depuis 1833 à Maurice alors que la population s'élevait à quelque 100 000 habitants dont plus de 80 000 esclaves. Devant les besoins de main-d'œuvre pour faire fonctionner les plantations sucrières, l'Administration anglaise décida de recourir à des travailleurs indiens rétribués à contrat ; c'est en 1829 qu'eurent lieu les premières tentatives pour importer des travailleurs agricoles de l'Inde. Entre 1835 et 1865, plus de 200 000 immigrants indiens et chinois affluèrent à l'île Maurice et changèrent radicalement la composition ethnique des habitants. Les immigrants indiens, qui étaient de religion hindouiste ou musulmane, formèrent rapidement la majorité des travailleurs agricoles. Quant aux Chinois, ils s'ajoutèrent ultérieurement et devinrent de petits commerçants.

Les nouveaux immigrants asiatiques ne changèrent à peu près rien au rôle social des langues à l'île Maurice. Les franco-mauriciens réussirent à confiner les nouveaux arrivants dans une infériorité sociale ; les Indo-Mauriciens adoptèrent alors le créole comme langue véhiculaire, qui s'enrichit de mots anglais ou indiens, eux-mêmes créolisés. Par ailleurs, en 1841, l'enseignement de l'anglais devint obligatoire au primaire dans toutes les écoles en plus du français. Les Franco-Mauriciens protestèrent du fait que les « pauvres négrillons » furent « forcés de crier toute la journée comme des perroquets des mots barbares », mais rien n'y fit. Enfin, en 1845, l'anglais devint la langue de la Cour suprême ; toutefois, les tribunaux inférieurs, qui statuaient encore à partir du code de Napoléon, continuèrent à utiliser le français. Au début du XXe siècle, la population mauricienne atteignait les 371 000 habitants et la majorité de la population était déjà constituée d'Indiens. En 1870, l'île perdit sa position stratégique à l'occasion de l'ouverture du canal de Suez, et cet événement eut pour effet d'écarter l'île de Maurice de la route des Indes et d'aggraver la situation socio-économique. Jusqu'en 1903, l'île Maurice et les Seychelles furent administrées comme une seule colonie par la Grande-Bretagne. Puis, l'île Maurice affirma de plus en plus son autonomie face à la couronne britannique. À partir des années trente, des mouvements populaires en faveur de la démocratisation commencèrent à se manifester et aboutirent graduellement au droit de suffrage universel et aux élections législatives de 1948. Des mouvements nationalistes se formèrent et, suite à un référendum, l'île Maurice devint un État indépendant le 12 mars 1968 ; il fut doté d'un système parlementaire de type britannique. Depuis son indépendance, Maurice est un pays souverain qui fait partie du Commonwealth britannique et, depuis le Ve Sommet d'octobre 1993, la république de Maurice fait également partie de la Francophonie.

Notes et références

  1. (en) « The World Factbook », sur www.cia.gov (consulté le )
  2. « île Maurice Population : quelle est sa composition par ethnie  ? », sur www.ilemaurice.com (consulté le )
  3. « Histoire de l'Ile Maurice », sur www.ile-maurice.fr (consulté le )

Articles connexes