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Version du 25 avril 2016 à 08:51

La dynamique fluviale, ou « géodynamique fluviale », étudie l'évolution géomorphologique des cours d'eau (les formes en résultant relevant de la « morphologie fluviale »). Elle est pluridisciplinaire, empruntant des éléments de méthode et diagnostic à la géographie physique (dont géomorphologie), à la géologie, la sédimentologie, l'hydraulique, l’hydrologie, la biologie et l'écologie fluviale[1].

En Europe, la Directive cadre sur l'eau (DCE) a introduit la notion d'« hydromorphologie fluviale » dans le droit.

Hydromorphologie fluviale

Autrefois souvent désignée par l'expression « géomorphologie fluviale » (fluvial geomorphology chez les Anglo-Saxons) et, suivant l'expression de Maurice Pardé, « potamologie » (qui inclut effets et causes que sont les crues et inondations.

En France, le mot « hydrogéomorphologie » a été utilisé de manière précise pour désigner une méthode particulière de détermination des zones inondables (Masson et al., 1996), fondée sur des caractéristiques topographiques et géomorphologiques de fond de vallée (lit mineur, lit moyen et lit majeur en contrebas de terrasses fluviatiles non-inondables).
En Europe, la Directive Cadre Européenne (DCE) a introduit la notion d'« hydromorphologie fluviale » dans le droit, corrélativement au bon fonctionnement écologique du bassin versant et du compartiment hydrologique en particulier.

Le transport des sédiments

Anse d'érosion sur une rivière torrentielle à lit en tresse (la Méouge - Hautes-Alpes)

Le transport des sédiments[2] par les cours d'eau est souvent nommé « transport solide » ou « transit sédimentaire ».

Le transport des sédiments prend deux formes bien différenciées : le charriage et la suspension. Le charriage est le transport des sédiments plutôt grossiers sur le fond du lit par roulement ou saltation. La suspension est le transport des sédiments dans la masse du flot.

Dans une situation hydraulique donnée, le comportement des sédiments varie selon la taille des particules :

  • les graviers et galets sont toujours transportés par charriage sur le fond, sauf sur de très fortes pentes (au-delà de 2 à 3 %, où on peut rencontrer des mécanismes de charriage hyperconcentré et de laves torrentielles),
  • les limons et sables fins (jusqu'à 200 μm) sont transportés en suspension franche, c'est-à-dire que la concentration varie peu le long de la colonne d'eau tant que le courant est sensible (c'est-à-dire sur des pentes supérieures à 0,1  - 10 cm par km - environ)
  • les sables, principalement, connaissent une situation intermédiaire : le transport en suspension est possible, mais la concentration décroît rapidement lorsqu'on s'éloigne du fond.

La taille des matériaux qui sont ainsi en situation intermédiaire varie peu avec la pente. C'est pourquoi, pour la majeure partie des cours d'eau (si on excepte les cours d'eau très lents au-dessous de 0,1  et les torrents au-dessus de 3 %), la gamme de transition recouvre les sables moyens à grossiers, entre 200 et 700 μm.

Les observations des dépôts en crue montrent bien ce mécanisme :

  • sur le fond, le lit est formé principalement de graviers et galets (et de sables grossiers lorsque les pentes s'abaissent au-dessous de 0,3 ), qu'on ne retrouve pas sur les berges
  • sur les berges, les dépôts sont constitués de sables ou de limons selon le contexte géologique et l'intensité des débordements.

Bande active : Lit actif / lit passif

Dans les grandes vallées et la plaine alluviale, la bande active est la zone des bancs alluviaux pas ou peu végétalisés, remaniés par les crues annuelles ou biennales, encore importante et relativement naturelle dans une partie de la Loire par exemple.

Dans la « plaine alluviale », le fond de vallée ou le delta, on parle de lit actif lorsque le lit est en interaction permanente (ou tout au moins fréquente) avec les sédiments transportés par le cours d'eau. Cette interaction a les conséquences suivantes :

  • le lit est mobile dans l'espace et dans le temps ;
  • il s'ajuste aux apports et exports de sédiments ;
  • la géométrie du lit est le reflet des caractéristiques du bassin versant : régime hydrologique, volumes des apports, taille des sédiments, etc.
  • en retour, les paramètres géométriques du lit permettent de quantifier le transit sédimentaire, puisqu'ils en sont l'image.

On parle au contraire de lit passif quand le fond du lit est fixe et que le transit sédimentaire se produit sans interaction avec le lit. Le lit peut être fixé :

  • par des affleurements du substratum rocheux
  • par des apports grossiers des versants (éboulement) ou des affluents (apports torrentiels) que la rivière est incapable de reprendre
  • par la présence de galets issus de phases climatiques antérieures (période glaciaire, notamment) que le régime hydrologique actuel ne permet plus de reprendre comme la Moselle au débouché des Vosges.

Des situations intermédiaires sont bien sûr possibles :

  • le pavage du lit est une fixation partielle du lit par une sélection des plus gros éléments des alluvions, qui ne sont plus repris que par les crues exceptionnelles
  • le fond du lit peut être fixé par des galets que la rivière ne parvient plus à transporter, mais les berges constituées de limons restent mobiles.

Quantification du transit sédimentaire

Les cours d’eau sont tapissés de sédiments fins et / ou grossiers. Ces sédiments sont entraînés par la vitesse de l’eau et on pourra se souvenir que la vitesse de début d’entrainement d’un sable de 0.5 à 1 mm de diamètre sur une profondeur de 1 à 5 m est d’environ 0.5 m/s. Un transport solide s'établit donc si la vitesse d'écoulement est supérieure à cette valeur. Un bon nombre de chercheurs a travaillé sur les formules de transport solide pendant le XXe siècle. Le débit solide de sédiments est approximativement proportionnel au débit liquide de l’écoulement. Une crue augmente temporairement le transport solide en érodant les fonds[3],[4],[5],[6],[7]

Les styles fluviaux

On appelle « style fluvial » la forme générale du lit, qui se rattache à des types très différenciés. Les différents styles sont listés d'amont en aval[4] :

Dans la partie amont des rivières issues de régions montagneuses, la pente est très forte et le cours d'eau quasi rectiligne. Le lit est étroit. Le transport solide est important.

Le tracé en tresses est caractéristique d'un fort transport solide. Le lit est composé de plusieurs chenaux instables formant de nombreuses îles. Le lit est large et plat. Ce type de cours d'eau se rencontre rarement en France en raison des nombreux endiguements réalisés par le passé. On parle également de rivières à chenaux anastomosés lorsque la pente est moindre et le tracé sinueux plus marqué.

  • rivières à style divagant:

Le style divagant constitue une étape intermédiaire entre les méandres et le style en tresses. Le transport solide diminue ainsi que le nombre de tresses. Les méandres commencent à se dessiner.

La rivière suit une ligne sinueuse. Le lit est unique et le transport solide s'effectue presque exclusivement par suspension et non par charriage.

Évolution du profil en long

Notion de profil d'équilibre

Processus simplifié: l'équilibre dynamique

Tout cours d'eau présente une oscillation entre érosion et dépôt. Le schéma ci-contre présente le processus simplifié de l'équilibre dynamique d'une rivière. Lorsque le débit de l'eau augmente, la flèche se déplace vers l'érosion augmentant de fait le transport solide. Inversement si le débit diminue la flèche pointe vers dépôt et le débit solide diminue jusqu'à retrouver "l'équilibre". Les rivières tendent vers leur pente dite d’équilibre qui est fonction des conditions physiques et hydrologiques locales.

Évolution du lit en plan

Notion d'espace de mobilité (ou espace de liberté).

Mécanismes d'évolution des berges

Glissement de berge
Glissement de berge

Les berges peuvent évoluer de différentes manières. Le courant du cours d'eau peut modifier le tracé du lit par érosion des berges. Cette érosion est possible lorsque la vitesse de l'eau et de ses turbulences y compris les vagues du plan d'eau contiennent assez d’énergie pour arracher des particules de la berge. C'est-à-dire vaincre leur cohésion et leur poids[4]. L'ensemble de la berge en contact avec l'eau est concernée : le pied et la berge visible.

La mécanique des sols joue également un rôle important dans les mécanismes  d’évolution des berges. Les glissements de berge peuvent être dus à des éboulements c’est-à-dire à des ruptures de cohérence du sol. L’eau peut favoriser cette rupture de différentes manières : en saturant le sol d’eau et en exerçant ou non une poussée stabilisante contre la berge. Lors d’une décrue ces deux éléments s’additionnent : le talus est saturé d’eau et la poussée stabilisatrice diminue avec la décrue. Une autre cause d’éboulement est le processus dit d’affouillement. Ce phénomène peut apparaître lors d’une érosion régressive par exemple ou par érosion du pied de berge.

D’autres facteurs sont à prendre en compte dans l’évolution des berges. La ripisylve peut avoir un rôle stabilisant grâce aux systèmes racinaires des plantes ou au contraire renforcer l’érosion en augmentant les turbulences. Des arbres au système racinaire peu profond peuvent être déracinés et emporter une partie de la berge dans leur chute. En aval, les arbres transportés par le courant peuvent créer des rétrécissements du lit du cours d’eau[4].

Enfin et dans une moindre mesure, la présence de rongeurs tels que les castors ou les ragondins peut déstabiliser une berge.

Mécanismes d'évolution des courbes

La rivière est un milieu dynamique en constante évolution. Les formes en plan évoluent continuellement. Soit par érosion et dépôt soit plus brutalement par coupage de méandre ou changement de lit à la suite d'une inondation par exemple.

Les sources de perturbation

L’hydrologie et la naturalité d'un cours d'eau peuvent être altérés par divers facteurs, dont pompages, barrages et débits réservés, éclusées, modification du régime des crues, prélevements dans le lit, artificialisation des berges, etc.

Prélèvements dans le lit mineur

Un prélèvement de matériaux dans le lit d’un cours d‘eau entraîne un abaissement de la ligne d’eau et une érosion régressive vers l’amont. Si le prélèvement est restreint, il se peut que l’érosion en amont et le dépôt dans la fosse finissent par combler le prélèvement et que le cours d’eau retrouve à peu près l’équilibre initial. À l’aval, le cours d’eau doit combler son déficit en débit solide à la suite du dépôt dans la fosse. L’écoulement creuse le lit pour se saturer en matériaux. On a donc deux érosions : une régressive en amont et une progressive en aval[4]. Le déficit en matériaux induit une sollicitation accrue des berges et une tendance au méandrement. Les conséquences de l’érosion peuvent être des déstabilisations d’ouvrages et des glissements de berges.

Les barrages

Les retenues d’eau agissent comme des décanteurs. Les vitesses d’écoulement quasi nulles permettent aux matériaux solides de se déposer et de combler progressivement le barrage. L’eau relâchée en aval est débarrassée de toute charge solide. Pour se saturer en matériaux, le cours d’eau prélève dans le lit le débit solide nécessaire. Les barrages entraînent également une réduction de la largeur du lit mineur en limitant l’importance des crues[4].

Les seuils

La relation des seuils au transport solide est complexe et dépendant du régime hydraulique du cours d'eau (fluvial ou torrentiel).

Dans les écoulements à surface libre (écoulements dans les rivières et canaux, à l’opposé des écoulements en charge), on distingue les écoulements fluviaux où la hauteur d’eau en un point est dépendante de l’aval, des écoulements torrentiels où elle est dépendante de l’amont. Schématiquement, les écoulements fluviaux se font en faible pente, les écoulements torrentiels en forte pente. La détermination de l'écoulement se fait à l'aide du calcul du nombre de Froude.

En écoulement torrentiel, le lit du cours d'eau en amont du seuil va s'élever jusqu'au niveau de la crête de seuil (voir barrages de correction torrentielle). Il y aura donc interruption du transport solide jusqu'au remplissage complet du seuil[réf. nécessaire].

En écoulement fluvial, les seuils forment des retenues d’eau. A les observer en situation de basses ou moyennes eaux, on a du mal à imaginer que ces retenues puissent laisser passer les sédiments. C’est pourtant ce qu’il se passe lors des crues. Le fait qu’un creux se forme et ne se comble pas à l’amont d’un seuil est une caractéristique des seuils sur les rivières connaissant un fonctionnement fluvial et se nomme le phénomène de pelle. La pelle est la mesure du creux formé à l’amont d’un seuil, ou la distance entre la crête de seuil et le fond de la retenue. On peut comprendre intuitivement le phénomène de pelle en assimilant le seuil à un « tirage » de l’eau : les écoulements s’accélèrent à proximité du seuil, ce qui permet aux sédiments, même grossiers, de franchir l’obstacle. Ainsi, les seuils en rivière fluviale ont généralement peu d'impact sur le transport de sédiments[réf. nécessaire]. Cet impact est limité à la sédimentation en fond de retenue au cours des quelques crues suivant la construction de l'ouvrage.

Les seuils en biais par rapport à l'axe de la rivière permettent d'abaisser le niveau d'eau en crue sur leur crête[précision nécessaire], et donc d'augmenter le tirage. Ils ont ainsi moins d'incidence sur le transport sédimentaire que les seuils perpendiculaires à l'axe de la rivière.

Les dérivations

Une dérivation entraîne une diminution du débit et de l’érosion. La dérivation peut provoquer un abaissement de la ligne d’eau ainsi qu’une réduction de la largeur du lit. Les dérivations importantes peuvent avoir des conséquences sur les écosystèmes en aval en raison de la diminution des quantités d’eau.

Recalibrage

On entend par recalibrage l'élargissement de la section d'une rivière. Un recalibrage trop important risque d’entraîner une modification de la pente et un déséquilibre du cours d'eau. La capacité de transport plus importante réduit les fréquences de débordements et augmente par conséquent les masses d'eau à l'aval.

Un réchauffement du cours d'eau dû à l'augmentation de la surface ensoleillée peut se produire. De même qu'une diminution des concentrations en oxygène et une augmentation des matières en suspension.

Endiguement

Les endiguements peuvent conduire à l'augmentation du transport solide du cours d'eau. L'endiguement provoque un rétrécissement de la section d'écoulement et peut conduire à un enfoncement du lit[7]. Au sortir de l'endiguement, il y a formation d'une zone de dépôts.

Épis

Embâcle

Autres sources de perturbation

Les interactions avec les milieux naturels

Les relations avec l'écoulement des crues

Références

  1. ONEMA, L’ hydromorphologie fluviale : les contours d’une discipline
  2. B.Couvert (Sogreah) et al, Guide méthodologique du transport solide et des atterrissements, Agences de l'Eau, 1999
  3. Belleudy, Ph., Transport solide et morphologie fluviale, Grenoble, UJF Grenoble,
  4. a b c d e et f Gérard Degoutte, Diagnostic, aménagement et gestion des rivières (2e éd.), Lavoisier, , 542 p.
  5. Malavoi, J. et al, Eléments de connaissance pour la gestion du transport solide en rivière, ONEMA, , 219 p. (lire en ligne)
  6. Lefort, P., Transports solides dans le lit des cours d’eau, INPG,
  7. a et b Ramette, M., Guide d’hydraulique fluviale, Chatou, Rapport HE/40/81/04 du Laboratoire National d'Hydraulique, , 172 p.

Articles connexes