« Amour » : différence entre les versions

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[[Image:DickseeRomeoandJuliet.jpg|right|250px|thumb|Le couple emblématique [[Roméo et Juliette]], tableau de [[Frank Bernard Dicksee|Frank Dicksee]] (1884).]]
[[émotion|els]].
L''''amour''' désigne un [[sentiment]] d'[[affection]] et d'[[Théorie de l'attachement|attachement]] envers un être vivant ou une chose qui pousse ceux qui le ressentent à rechercher une proximité physique, spirituelle ou même imaginaire avec l'objet de cet amour et à adopter un [[comportement]] particulier.

En tant que [[concept (philosophie)|concept]] général, l'amour renvoie la plupart du temps à un profond sentiment de [[tendresse]] envers une personne. Toutefois, même cette conception spécifique de l'amour comprend un large éventail de sentiments différents, allant du désir [[passion (émotion)|passion]]né et de l'amour [[romantisme|romantique]], à la tendre proximité sans [[sexualité]] de l'[[#Amour et famille|amour familial]] ou de l'[[amour platonique]] et à la dévotion spirituelle de l'[[#Religions|amour religieux]].
L'amour sous ses diverses formes agit comme un facteur majeur dans les [[Lien social (sociologie)|relations sociales]] et occupe une place centrale dans la [[psychologie]] humaine, ce qui en fait également l'un des thèmes les plus courants dans l'[[art]].

Le verbe français « aimer » peut renvoyer à une grande variété de sentiments, d'états et de comportements, allant d'un plaisir général lié à un objet ou à une activité (« j'aime le chocolat », « j'aime danser ») à une attirance profonde ou intense pour une personne (« Roméo aime Juliette ») ou plusieurs personnes (« Il aime ses enfants »). Cette diversité d'emplois et de significations du mot le rend difficile à définir de façon unie et universelle, même en le comparant à d'autres états [[émotion]]nels.


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== Sentiment riche et complexe ==
== Sentiment riche et complexe ==
[[Image:Emblem-favorites.svg|thumb|left|150px|L'[[allégorie]] de l'amour est habituellement le [[Cœur (symbole)|cœur]].]]
[[Image:Emblem-favorites.svg|thumb|left|150px|L'[[allégorie]] de l'amour est habituellement le [[Cœur (symbole)|cœur]].]]
Le mot français « amour », comme le verbe « aimer » qui lui est relatif, recouvre une large variété de [[Sens (linguistique)|significations]] distinctes quoique liées. Ainsi, le [[français]] utilise le même [[verbe]] pour exprimer ce que d'autres langues expriment par des verbes différents : « j’"aime" ma petite amie » et « j’"aime" les sucreries » par exemple (alors qu'en [[anglais]], on dira respectivement « ''to love'' » et « ''to like'' » et, en [[espagnol]], « ''querer''» ou « ''amar'' » et « ''gustar'' »). On constate aussi une telle variété pour le mot « amour », par exemple dans la pluralité des [[Concepts grecs pour dire amour|mots grecs désignant l’« amour »]]. Les différences culturelles dans la conception de l'amour redoublent donc la difficulté d'en donner une définition universelle. Le [[substantif]] « amour » a néanmoins une [[Intension et extension|extension]] moins large que le verbe « aimer » : on parlera rarement, par exemple, d'« amour » des sucreries, même si l'on dit les « aimer ». Le sens du verbe « aimer », qui peut aussi exprimer l'[[amitié]], ou plus simplement une [[affection]] pour quelque chose qui est source de [[plaisir]], est donc plus large que celui du mot « amour ».


Bien que la nature ou l’[[essence et accident|essence]] de l'amour soit un sujet de débats, on peut éclaircir plusieurs aspects de cette notion en s'appuyant sur ce que l'amour n'est pas. En tant qu'il exprime un sentiment fort et positif, on l'oppose communément à la [[haine]], voire à l'indifférence, la neutralité ou l'[[apathie]]. En tant que sentiment, plus spirituel que physique, on l'oppose souvent au [[sexualité|sexe]] ou au [[Libido|désir sexuel]]. En tant que relation privilégiée et de nature romantique avec une personne, on le distingue souvent de l'[[amitié]], bien que l'amitié puisse être définie comme une forme d'amour, et que certaines définitions de l'amour s'appliquent à une proche amitié<ref>Ainsi, la ''philia'' chez les Grecs de l'Antiquité (voir la section sur l'amour [[#Grèce antique|dans la Grèce antique]]).</ref>.

L'amour désigne un fort [[Théorie de l'attachement|attachement]] affectif à quelqu'un ou à quelque chose. S'il renvoie souvent, dans l'usage courant, aux [[relation humaine|relations humaines]], et plus précisément à ce qu'une personne ressent pour une autre, l'amour peut néanmoins aussi être « impersonnel » : il est en effet possible de dire qu'une personne éprouve de l'amour pour un [[pays]] (par exemple son propre pays : voir [[Patriotisme]]), pour la [[nature]], ou encore pour un [[principe (philosophie)|principe]] ou un [[idéal du Moi - Moi idéal|idéal]], si elle lui accorde une grande valeur et qu'elle s'y sent très attachée. De même, on peut ressentir de l’amour pour un objet [[matériel]], un [[animal]] ou une activité, si l'on entretient des [[lien social (sociologie)|liens]] affectifs forts ou étroits avec ces objets (ou qu'on s'[[identification (psychanalyse)|identifie]] à eux). Lorsque l'amour d'un objet devient exclusif, voire excessif ou [[perversion|pervers]], on parle de [[fétichisme]] ou d'[[idolâtrie]].

L'amour entre les personnes, quant à lui, est un sentiment généralement plus intense qu'un simple sentiment amical ou affectueux. Il peut cependant se présenter sous différentes formes et à des degrés d'intensité divers, de la simple [[tendresse]] (quand on dit « aimer » les enfants, par exemple) au [[désir]] le plus ardent (chez les amants passionnés par exemple). Ainsi, l'amour entre les membres d'une même [[famille]] n'est pas le même qu'entre des [[amitié|amis]] ou au sein d'un couple d'amoureux. Quand il est ressenti avec une grande intensité et qu'il exerce un fort pouvoir [[érotisme|érotique]] (ou une [[attirance sexuelle]]), on parle d'amour « [[passion (émotion)|passion]]nel » ou de « [[passion (émotion)|passion]] amoureuse », utilisant souvent l'image de la [[flamme (combustion)|flamme]] ou de la [[brûlure]] pour décrire l'effet qu'il exerce sur les [[sens (physiologie)|sens]] et l'[[esprit]]. Quand cette passion provoque une identification si étroite avec une personne qu'elle tend à unifier les deux amants, on parle d'amour « fusionnel ».

L'apparition plus ou moins subite de l'amour passionnel est décrite dans la langue courante comme un dessaisissement (« tomber amoureux », « [[coup de foudre]] »), provoquant chez celui qui l'éprouve des [[comportement]]s destinés à [[séduction|séduire]] l'être aimé et visant à obtenir la réciprocité de cet amour, qui s'exprimera le cas échéant par des actions et des gestes amoureux – parmi lesquels les [[caresse]]s, les [[baiser]]s et les [[rapport sexuel|rapports sexuels]], ces derniers étant désignés dans plusieurs langues par l'expression « faire l'amour ». Ces pratiques et ces gestes sont en partie [[culture]]ls et peuvent faire l'objet – tout comme l'étude des [[interdit (anthropologie)|interdit]]s liés à l'amour – d'une approche [[anthropologie|anthropologique]] ou [[sociologie|sociologique]].

Outre les différences culturelles dans les pratiques liées à l'amour, les idées et les représentations sur l'amour ont également beaucoup changé selon les époques. L'[[amour platonique]], l'[[amour courtois]] et l'[[romantisme|amour romantique]] sont ainsi des conceptions distinctes et apparues à des époques précises de l'[[Histoire]]. Il existe aussi un certain nombre de désordres psychiques liés à l'amour, et étudiés par la [[psychologie]], comme l'[[érotomanie]] ou le [[narcissisme]]. Certaines formes d'amour sont par ailleurs perçues comme des [[perversion]]s ou des [[déviance]]s (voir [[paraphilie]]), telles que la [[pédophilie]] (attirance sexuelle pour les enfants) et la [[zoophilie]] (attirance sexuelle pour les animaux). De telles amours peuvent être étudiées aussi bien par la [[psychologie]] que par les [[sciences humaines et sociales]].

À cause de la nature complexe et difficile à saisir de l'amour, les discours sur l'amour se réduisent souvent à des [[cliché]]s, que l'on retrouve dans un certain nombre de dictons sur l'amour, depuis la phrase du poète [[Virgile]] : « ''L'amour triomphe de tout'' (''[[Liste de locutions latines#Loc-Omnia vincit amor|omnia vincit amor]]'') », jusqu'au célèbre : « ''L'amour rend aveugle'' ». Le philosophe [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]] en donnait cette définition : « Aimer, c'est trouver plaisir au bonheur d'autrui »<ref>G. W. [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]], ''[[s:la:Confessio philosophi|Confessio philosophi]]'', Wikisource édition.</ref>.

Dans l'histoire, la [[philosophie]] et la [[religion]] (ainsi que la [[théologie]] qui lui est liée) ont beaucoup médité sur le phénomène amoureux, source constante d'inspiration pour les [[arts plastiques]], [[littérature|littéraires]] et [[musique|musicaux]]. La [[psychologie]], au siècle dernier, a renouvelé les réflexions sur le sujet. Ces dernières années, des sciences telles que la [[biologie]], la [[neurologie]] et les [[neurosciences]], mais aussi la [[zoologie]] et l'[[anthropologie]], ont amélioré notre compréhension de la nature et de la fonction de l'amour.

== Historique ==
=== Étymologie ===
Le terme est employé au {{s-|XIII}} en langue française sous la forme ''amor'', une forme venant du [[latin]]. On le note dès les [[Serments de Strasbourg]] (842) dans une forme [[Langues romanes|romane]] dans la locution ''Pro deo amur'' (pour l'amour de dieu)<ref>{{CNRTL|amour}}.</ref>.
=== Grèce antique ===
=== Grèce antique ===
[[Image:Kiss Briseis Painter Louvre G278 n3.jpg|thumb|150px|Éraste et Éromène, détail d'une coupe attique du {{Ve}} siècle av. J.-C. ([[musée du Louvre]]).]]
[[Image:Kiss Briseis Painter Louvre G278 n3.jpg|thumb|150px|Éraste et Éromène, détail d'une coupe attique du {{Ve}} siècle av. J.-C. ([[musée du Louvre]]).]]
{{Article détaillé|Éros (philosophie)}}
{{Article détaillé|Éros (philosophie)}}
Le terme ''amour'' recouvre quatre sentiments distincts de la [[Grèce antique]] : l<nowiki>'</nowiki>''éros'', la ''philia'', l<nowiki>'</nowiki>''agapè'' et la ''storgê''.

La ''[[philia]]'' se rapproche de l'amitié telle qu'on l'entend aujourd'hui, c'est une forte estime réciproque entre deux personnes de statuts sociaux proches. Elle ne pouvait exister à l'époque qu'entre deux personnes du même sexe, du fait de l'inégalité entre les sexes. C'est une extension de l'[[amitié]].

L{{'}}''[[éros]]'' désigne l'attirance sexuelle, le [[désir]]. Dans la [[Platon|pensée platonicienne]], il est parfois vu comme l'une des passions néfastes que produit l{{'}}''épithumia'' (ou « appétit »), mais aussi comme une « divine folie » qui est « la cause des plus grands biens pour les hommes »<ref>Platon, ''[[Phèdre (Platon)|Phèdre]]'', 266a-b. Ces deux sortes d'amour correspondent aux deux types d'amour classiquement opposés : l'amour vulgaire (ou profane) et l'amour céleste (ou sacré).</ref>. Cependant il pouvait se mêler à la ''philia'' à travers la [[pédérastie]]<ref>Il est cependant noté que pour les anciens le « vrai » amour était bien souvent l'amour viril (voir les larmes versées par Achille sur le corps de Patrocle et son indifférence pour Briséis, par exemple, dans [[Homère|l'Illiade]]), alors que l'amour « mixte » était souvent considéré comme le fait d'hommes efféminés ou victimes d'un dieu, comme l'est Paris. Cependant, ce cliché est généralement nié dans la poésie amoureuse antique qui traite en grande majorité de l'amour mixte mais il est souvent présenté comme une maladie, une malédiction. Voir, par exemple, à Rome [[Ovide]] et ses ''Amores'' [[Catulle]] et Délia, ou en Grèce Appolonios de Rhodes ou Téocrite pour la comparaison entre amour « mixte » et amour viril.</ref>, qui liait un amant d'âge mûr (« éraste ») à un jeune aimé (« éromène »).

L’''[[agapè]]'' est l'amour du prochain, une relation univoque que l'on rapprocherait aujourd'hui de l'[[altruisme]]. Il se caractérise par sa spontanéité, ce n'est pas un acte réfléchi ou une forme de [[politesse]] mais une réelle [[empathie]] pour les autres qu'ils soient inconnus ou intimes. Dans la tradition chrétienne des [[pères de l'Église]], ce mot est assimilé au concept de [[charité]], bien que celui-ci soit plus proche d'une relation matérielle établie avec des personnes en souffrance. L’''agapè'' originel ne revêt pas cette connotation morale de responsabilité devant une autorité [[Dieu|divine]].

La ''[[storgê]]'' décrit l’amour familial, comme l’amour, l'affection d’un parent pour son enfant.

=== Société américaine des années 1960 ===
D'après la revue [[Planète (revue)|Planète]], les relations amoureuses aux [[États-Unis]], selon leur type, s'exprimaient dans les [[années 1960]] par trois mots : « ''love'' », le sentiment amoureux ; « ''sex'' », les rapports sexuels sans préjuger des sentiments, présents ou non ; et « ''fun'' », le simple échange de relations intersexe allant du simple flirt à des relations plus poussées, mais sans intention d'engagement ni d'une part ni de l'autre.

== Approche philosophique ==
{{...}}
Les réflexions philosophiques se développent sur des vécus différents. Citons l'amour reçu des parents, l'amitié, la passion amoureuse. L'amour reçu des parents est idéalement vécu d'abord comme un donné inconditionnel, mais fusionnel ; puis de plus en plus comme responsabilisant (l'enfant reconnu dans son altérité doit fonder son propre foyer) ; pour se poursuivre, à travers des conflits plus ou moins aigus dans une nécessaire distance où l'enfant s'assume dans une relation dont il se sent responsable, qu'il peut vivre avec d'autres comme amitié. La passion amoureuse se vit d'abord comme une aliénation, elle nait de l'émotion, vise la possession. Elle peut se prolonger dans un engagement de volonté, comme don de soi dans la fidélité.

Certains philosophes ont développé le concept d'amour comme fusion. [[Empédocle]] imaginait l'amour et la haine comme les deux forces originaires de l'être. L'amour, pour lui, est le contraire de la haine qui sépare. L'idée d'unité, voire de fusion, sous-tend sa notion d'amour. Dans la même veine, [[Aristophane]], dans le ''Banquet'' de [[Platon]], imagine l'amour comme une aspiration à l'unité originelle. Étendu à sa dimension cosmique, l'amour ne semble plus qu'un leurre pour nous faire participer à la dynamique cosmique. [[Schopenhauer]], inspiré par le [[Bouddhisme]], en arrive ainsi à un pessimisme métaphysique : puisque l'amour nous fait entrer dans un cycle cosmique sans cesse répété, dans un cycle de souffrances menant à une unité impersonnelle, ne vaut-il pas mieux renoncer au désir, à l'amour ? [[Arthur Schopenhauer]] avance que l'amour n'est qu'une illusion de la Volonté (l'essence de toute chose selon lui) qui cherche à se perpétuer elle-même à travers la reproduction.

[[Socrate]] va au-delà du concept d'amour-fusion. Il comprend l'amour comme étant l'enfant de Pénia, le dénuement, et Poros, la ressource. Aimer, c'est désirer ce qu'on n'a pas. L'amour, à la différence du besoin, est une insatisfaction radicale : enfant de dénuement. L'amour cherche la contemplation de la beauté, et ultimement de la beauté absolue. Cet amour est aussi riche en ressources - enfant de Poros -, donc fécond, non dans la possession, mais dans la créativité, car né de la différence entre le même et l'autre, il est source d'imprévisible nouveauté.

[[Aristote]] conceptualise la différence entre eros et philia, mettant en valeur cette dernière. La ''philia ''idéale est celle où on s'unit non par intérêt ou plaisir, mais comme recherche du bien de l'autre sans rien attendre en retour. La joie de ces 'amis' vient de l'amitié elle-même. Aristote introduit dans l'idée d'amour l'idée d'opposition entre amour de soi et amour de l'autre. Cependant il résout l'opposition dans l'idée que l'amour de soi bien pensé demande de s'attacher à la « partie supérieure de l'âme », à rechercher le Bien supérieur, à vivre harmonieusement en commun, et cette harmonie qui est le bien vivre, qui est le cœur de l'être, ne peut se vivre qu'en vivant l'amour de l'autre qui fait sentir la joie de l'être à travers l'existence de l'autre. L'autre est nommé par lui « alter égo » : j'ai besoin de l'autre pour me comprendre.

Pour répondre à cette question : {{Citation|l'[[homme]] est-il à la source de l'amour qu'il vit ou l'amour est-il un concept naturel qui s'impose à l'homme ?}}, le philosophe [[Baruch Spinoza]], qui s'est sérieusement penché sur la question, notamment dans son ''[[Éthique (Spinoza)|Éthique]]'', définit ainsi que : {{citation|L'amour n'est autre chose que la joie, accompagnée de l'idée d'une cause extérieure ; (...) Nous voyons également que celui qui aime s'efforce nécessairement de se rendre présent et de conserver la chose qu'il aime<ref>[http://www.spinozaetnous.org/document-d24.html#amour Spinoza et Nous - Philosophie de l'affirmation - Citations de Spinoza<!-- Titre généré automatiquement -->].</ref>.}}Il semble que c'est par le biais de la littérature que le thème de l'amour a été traité par les philosophes à partir de la Renaissance. Pensons à [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]], [[Voltaire]], etc. Sur le déplacement de l'interrogation sur l'agapé grec vers la littérature, nous renvoyons à [[Jacques Derrida|Derrida]].

[[Emmanuel Levinas]] a développé le thème de l'altérité notamment dans: ''Le Temps et l'autre'', ''Totalité et infini''. Il porta l'éthique au rang de philosophie première, réel bouleversement dans le rationalisme occidental.

Le {{s-|XX|e}} ressuscite aussi une conception hédoniste de l'amour, notamment à travers le [[mouvement hippie]] :

{{citation|Vivre d'amour et d'eau fraîche}}. Ni guerre ni labeur ; uniquement l'amour. {{citation étrangère|[[Peace and love|Peace and Love]]|langue = en}} ({{citation|Paix et amour}}). Plaisir de la séduction, de l'érotisme et des divertissements sexuels mêlé de pacifisme.

== Approche psychologique ==
[[Image:William-Adolphe Bouguereau (1825-1905) - Elegy (1899).jpg|thumb|right|225px|<center>''[[Élégie]] et manque d'amour''</center><center>peinture utopique de [[William Bouguereau]].</center>]]

=== Psychanalyse ===
Sur le plan psychique, la [[psychanalyse]] considère que les premières relations [[Parent (famille)|parents]]-[[enfant]]s sont déterminantes dans l'[[esprit]] d'une personne et de sa perception de l'amour. Les relations [[mère]]-[[Fils (famille)|fils]] ou [[Paternité|père]]-[[Fille (parenté)|fille]], notamment, sont particulièrement marquantes. Les relations parents-enfants sont généralement déséquilibrées : le parent répond aux besoins de l'enfant. Il est dit dans ce cas que l'amour de l'enfant est captatif et celui des parents oblatif.

En grandissant l'enfant apprend à rééquilibrer ces relations. Cet apprentissage peut échouer à tel ou tel moment, et l'adulte en garder un manque de maturité (s'il n'en prend pas conscience) et une perception de l'amour plus ou moins blessée. Les relations de ses parents entre eux seraient aussi importantes dans la construction de cette idée de l'amour.

=== Comblement d'un manque ===
L'amour peut être perçu essentiellement comme la quête d'un manque, lorsque la notion oblative ne s'est pas développée. L'amour apporté à un individu ou un objet naîtrait par ce qu'il apporte à un individu ou est susceptible de lui apporter. « Aimer » ne serait autre qu'une façon inconsciente d'avouer sa propre impuissance à l'autonomie pour un besoin particulier à un moment donné. Besoin d’aimer ou besoin de se sentir aimé ne serait autre qu'un besoin égoïste, qu'une attente de la personne qui pourrait combler les ‘manques’ immatériels ou matériels qu'elle ne serait pas capable de satisfaire par elle-même. Par exemple, en Occident, le besoin d'un enfant entraînerait le besoin d’une compagne ou d’un compagnon à nos côtés, besoin qui nourrit un sentiment d’amour ou de besoin d’amour pour la personne attendue pour concevoir cet enfant.

La réalité psychique du besoin d’enfant résiderait plus dans un besoin de [[sécurité]] motivé apparemment par le bien de l'enfant : le nourrir et l'accompagner vers l’âge [[adulte]]. Mais cette attitude, apparemment généreuse, sous-tendrait en fait un désir caché chez certains parents d'être accompagné vers la vieillesse. Dans ce type de situation, « aimer » ou dire « je suis amoureux(se) », serait une façon inconsciente de dire : « j’espère que la personne pour laquelle j’éprouve des sentiments amoureux m’apportera les choses que j’attends d’elle ». Tant qu'il est senti chez la personne aimée la présence des choses attendues de sa part, le sentiment perdure, mais si la personne aimée perd ou ne dispose pas d'une partie de ce que l'autre attend, le sentiment d’amour s’estompe ou s’éteint. Lorsque ce sentiment s'estompe, il n'est pas rare d’entendre : « Nos deux chemins se sont séparés » car « mes besoins ont changé », « nous n'avons pas suivi la même route », etc. À ce moment, la personne qui se sent « en danger » peut être sujette à des crises d'anxiété. La personne quittée peut y être plus ou moins indifférente ; si tel n’est pas le cas celui qui est « abandonné » aura probablement un sentiment de tristesse, de [[jalousie]], de [[colère]] ou même de [[haine]]…

=== Psychologie ===

Selon l'universitaire Nicolas Favez, l'amour a longtemps été absent en psychologie du couple, à la fois pour des raisons morales et en raison de la difficulté à aborder l’objet<ref name="Favez2013">{{Chapitre |langue= |auteur1=Nicolas Favez |titre chapitre=L’amour et les manières d’aimer |auteurs ouvrage=Nicolas Favez |titre ouvrage=L'examen clinique du couple |lieu= |éditeur=Mardaga |année=2013 |isbn=9782804701680 |lire en ligne= |passage= }}.</ref>. Isaac « Zick » Rubin (1970) est considéré comme le précurseur des recherches empiriques et [[Psychométrie|psychométriques]] en la matière ; ses travaux s'appuient sur une théorie de l’amour compris comme {{cita|une attitude qui prédispose l’individu à penser, ressentir et agir d’une façon particulière envers un objet d’amour}}, vision semblable à l’attachement romantique. Plusieurs typologies ont été proposées comme celle du sociologue {{lien|John Alan Lee|en}} dans ''Les couleurs de l’amour'' en 1970 (déclinée en plusieurs « styles » de « Eros » à « Agape ») ou encore la théorie dite « triangulaire » (1977) du psychologue [[Robert Sternberg]] (où l’amour est constitué de trois composants : la passion, l’intimité et l’engagement, dimensions susceptibles de varier en intensité, représenté sous forme d’un triangle, et qui donne sept styles de l’« affection » à l’« amour accompli »<ref name="Favez2013"/>).

Si conceptualiser l’amour au niveau psychologique est déjà difficile, le mesurer est plus compliqué encore, et la plupart des chercheurs ont renoncé devant la difficulté à trouver des critères le rendant quantifiable (Rubin, 1988). Quelques tentatives ont cependant eu lieu : en 1986, Elaine Hatfield et Susan Sprecher, respectivement psychologue et sociologue américaines, élaborent la ''Passionate Love Scale'' (PLS) (« échelle d'amour [[Passion (émotion)|passionnel]] »), un test visant à mesurer le degré d'intensité de l'amour porté par un individu pour un autre ; celui-ci intègre des composants cognitifs, émotionnels et comportementaux<ref>{{Article |langue=anglais |auteur1=Elaine Hatfield |auteur2=Susan Sprecher |titre=Measuring passionate love in intimate relationships |périodique=Journal of Adolescence |volume= |numéro=9 |jour= |mois= |année=1986 |pages=383-410 |issn= |lire en ligne=http://www.elainehatfield.com/71.pdf |consulté le=29 février 2016 |id= }}.</ref>{{,}}<ref name="Barthélémy2016">{{Lien web|langue= |format= |auteur1=Pierre Barthélémy |lien auteur1=Pierre Barthélémy (journaliste) |coauteurs= |url=http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2016/02/28/comment-mesurer-lamour/ |titre=Comment mesurer l’amour |série= |jour=28 |mois=février |année=2016 |site=http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/ |éditeur= |isbn= |page= |citation= |consulté le=29 février 2016|id= |libellé= }}.</ref>. Le protocole est ensuite réutilisé par de nombreux chercheurs dans les décennies suivantes<ref name="Barthélémy2016"/>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=anglais |format= |auteur1=Tara Parker-Pope |lien auteur1= |coauteurs= |url=http://well.blogs.nytimes.com/2008/02/11/how-deep-is-your-love/ |titre=How Deep Is Your Love? |série= |jour=11 |mois=février |année=2008 |site= |éditeur=[[New York Times]] |isbn= |page= |citation= |consulté le={{1er}} mars 2016|id= |libellé= }}.</ref>. D'autres échelles sont ensuite élaborées : la ''Love Attitudes Scale'' (« échelle d’attitudes amoureuses ») (C. Hendrick & S. Hendrick, 1990; C. Hendrick, S. Hendrick & Dicke, 1998) et la ''Triangular Love Scale'' (« échelle d'amour triangulaire ») (Sternberg, 1997)<ref name="Favez2013"/>.

En 1999, les universitaires Roy F. Baumeister et Ellen Bratslavsky exposent une théorie selon laquelle l'amour est la [[Test de la dérivée première|dérivée première]] de l'[[intimité]] mesurée dans le temps, ce qui signifie que si le sentiment amoureux est peu intense lorsque l'intimité est stable (qu'elle soit forte ou faible), il va en se renforçant dès que l'intimité va croissant<ref>{{Article |langue=anglais |auteur1=Roy F. Baumeister |auteur2=Ellen Bratslavsky |titre=Passion, Intimacy, and Time: Passionate Love as a Function of Change in Intimacy |périodique=Personality and Social Psychology Review |volume=3 |numéro=1 |jour= |mois=février |année=1999 |pages=49-67 |issn= |lire en ligne= |consulté le=2 mars 2016 |id= }}.</ref>{{,}}<ref name="Launet2005">{{Lien web|langue= |format= |auteur1=Édouard Launet |lien auteur1=Édouard Launet |coauteurs= |url=http://www.liberation.fr/cahier-special/2005/08/05/l-amour-sur-une-echelle_528599 |titre=L'amour sur une échelle |série= |jour=5 |mois=août |année=2005 |site=[[Libération (journal)|Libération]].fr |éditeur= |isbn= |page= |citation= |consulté le=2 mars 2016|id= |libellé= }}.</ref>. En 2003, les chercheurs Anne Falconi et Étienne Mullet déterminent la {{citation|[[structure algébrique]] exacte}} de l'amour tout au long d'une vie adulte en attribuant un facteur multiplicateur à chacune des trois grandes composantes de l'amour : 0,51 pour la passion, 0,29 pour l'intimité et 0,20 pour l'engagement<ref>{{Article |langue=anglais |auteur1=Anne Falconi |auteur=Étienne Mullet |titre=Cognitive Algebra of Love Through the Adult Life |périodique=International Journal of Aging & Human Development |volume=57 |numéro=3 |jour= |mois=octobre |année=2003 |pages=275-290 |issn= |lire en ligne= |consulté le=2 mars 2016 |id= }}.</ref>{{,}}<ref name="Launet2005"/>.

Selon Nicolas Favez, la principale critique concernant l'appréhension générale de l'amour en psychologie {{citation|est l’indétermination de leur objet : il n’est jamais très clair si l’on parle, avec ces styles d’amour, de la personnalité des individus – leur inclinaison à aimer d’une certaine façon, ce qui en ferait donc un trait de personnalité, ou si l’on parle de relations – le style serait une qualité émergente de la rencontre entre deux personnes. [...] Or, la question est de savoir dans quelle mesure nous avons deux systèmes séparés, l’un d’amour et l’autre qui évalue l’importance de la relation et pilote le premier, ou si l’importance que nous attribuons à une relation de dépend pas justement de l’amour ressenti}}<ref name="Favez2013"/>.

===Amour délirant ou psychotique===

{{article détaillé|Érotomanie}}
{{article détaillé|Traque furtive}}

== Approche biologique ==
=== Zoologie (comportements hominoïdes amoureux) ===
[[Zoologie|Zoologiquement]], la vie et le comportement sexuels des êtres humains présentent de nombreux points communs avec ceux des [[primates]], et plus généralement avec l'ensemble des [[mammifère]]s. L'observation de l'espèce la plus proche de l{{'}}''[[Homo sapiens]]'', le chimpanzé nain du Congo ou [[bonobo]] (''Pan paniscus''), ainsi que celle des autres grands [[singe]]s, suggère que l'amour chez l'homme ne serait qu'une forme culturellement complexifiée d'un phénomène existant déjà chez ces animaux.

Physiologiquement, le [[Rapport sexuel|coït]] tel qu'il est observé chez l'''Homo sapiens'' ne diffère guère de l'accouplement chez les grands singes. En revanche, la séquence amoureuse, des premières approches, de la séduction jusqu'à l'accouplement, semble avoir évolué parallèlement à l'[[hypertrophie]] du [[cortex cérébral]] dont a été dotée notre espèce au cours de son évolution récente. Les aptitudes à l'idéation, l'imagination, l'anticipation et à la stratégie qui en résultent ont complexifié le processus à l'extrême.

L'attachement durable, la formation de couples relativement stables s'observe également chez ces animaux, mais sans atteindre la diversité des comportements individuels, la durée et le rôle fondamental de l'imaginaire constatés dans la vie amoureuse humaine. Un autre facteur qui distingue l'humain des singes, avec d'énormes conséquences, est la disponibilité quasi constante de la femelle humaine à l'accouplement, ce qui n'existe pas chez les autres mammifères.

Les zoologues se sont en outre intéressés à l'avantage concurrentiel, du point de vue de l'espèce, que donne l'amour tel qu'il se manifeste chez les êtres humains. Il apparaîtrait comme nécessaire à la sécurisation du couple durant la période d'extrême vulnérabilité des jeunes, elle-même suivie de la phase de développement de l'intelligence d'un adulte, moments qui, rapportés à leurs équivalents chez les espèces proches, sont extrêmement longs.

En outre, les comportements sexuels se manifestent de manière extrêmement variable chez les animaux<ref>Le biologiste [[Thierry Lodé]] parle de « biodiversité amoureuse ».</ref>. D'un point de vue évolutif, la grande variété des comportements amoureux influencerait la diversité des espèces.

=== Neurologie et biochimie ===
Les études animales de l’attachement ont montré que les différents types d’attachement (filial, romantique, fraternel, amical, pour un animal, un habitat, un milieu ou pour un objet) ont des bases neurobiologiques en partie communes. Chez l’Homme, l’attachement « romantique » met en jeu globalement les mêmes régions cérébrales, ainsi que certaines structures impliquées dans les [[système de récompense|récompenses]]<ref>{{en}} BARTELS A., ZEKI S.. The neural basis of romantic love, ''Neuroreport'', 2000 11(17) : 3829-3834.</ref>. L’attachement "romantique" dépendrait, au moins en partie, du contexte socioculturel. En effet, il est observé que dans les sociétés où l’[[comportement érotique|activité érotique]] se déroule simplement et quotidiennement, l’attachement romantique est moins marqué et plus "apaisé" que dans les passions et les extases sentimentales de l’amoureux occidental, “qui soupire comme une fournaise” pour un impossible idéal romantique<ref>[[Verrier Elwin|ELWIN Verrier]], Maison des jeunes chez les Muria, 1978, Gallimard.</ref>. Plusieurs auteurs ont souligné la ressemblance entre certains aspects de la passion amoureuse (altération de l’état mental, exaltation de l’humeur, pensées intrusives de l’objet aimé…) et certains troubles psychiques (observés par exemple dans les troubles bipolaires et obsessionnels-compulsifs)<ref>{{en}} MARAZZITI D., CASSANO G. B. The neurobiology of attraction, ''Journal of Endocrinological Investigation'', 2003, 26(3 Suppl : 58-60.</ref>. En schématisant, il semblerait que la mise en jeu du [[système de récompense|système des récompenses]], facteur primordial de la sexualité humaine<ref name="agmo">{{en}} AGMO Anders [http://www.elsevier.com/wps/find/bookdescription.cws_home/712200/description#description {{lang|en|''Functional and dysfunctional sexual behavior''}}] Elsevier 2007.</ref>{{,}}<ref name="wunsch2007">{{fr}} WUNSCH Serge, [http://psychobiologie.ouvaton.org/telechargement/these_comportement_reproduction.pdf Thèse de doctorat sur le comportement sexuel {{pdf}}] EPHE-Sorbonne, Paris, 2007.</ref>, induise une "dépendance" à l’objet "aimé" qui conduirait à des états de "manque" lorsque cet objet est inaccessible<ref>REYNAUD Michel. ''L'amour est une drogue douce… en général'', Robert Laffont, 2005.</ref>. Ces états psychiques intenses provoqués par les passions amoureuses sont à l'origine, non seulement d'accomplissements remarquables dans les [[art]]s, la [[poésie]] et la [[littérature]], mais également de bouleversements individuels ([[tentative de suicide|tentatives de suicide]], [[crime passionnel|crimes passionnels]]…) ou sociaux (selon la légende, la [[guerre de Troie]] fut provoqué par l'enlèvement d'Hélène par le prince Pâris, subjugué par sa beauté extraordinaire).

L’anthropologue [[Helen Fisher]] assimile la puissance de ce sentiment à une addiction proche de la [[Dépendance (toxicologie)|cocaïno-dépendance]]<ref>{{en}} [http://new.ted.com/talks/helen_fisher_studies_the_brain_in_love Ted Talk : "The brain in love" - Helen Fisher, juillet 2008].</ref>.

Quant à l'amour maternel, chez les animaux, une intervention dans un processus naturel comme l'accouchement perturbe l'attachement de la femelle envers son petit. Ainsi, {{citation|des brebis parturientes ayant subi une anesthésie péridurale ne manifestent pas de comportement maternel<ref>[http://www.inra.fr/Internet/Produits/PA/an1997/num975/signor/js975.htm « Le rôle de l'odorat dans les relations interindividuelles des animaux d'élevage »], 1997, [[Institut national de la recherche agronomique|INRA]] ''Prod. Anim.'', 10, 339-348. .</ref>}}.

== Approche anthropologique ==
{{section à recycler|date=novembre 2009}}

=== Amour et famille ===
Dans son dernier ouvrage, ''Le Premier Amour'' (Plon, 1999), les enfants sont de grands passionnés et savent très tôt ce qu<nowiki>'</nowiki>''aimer'' veut dire, ''on aime à trois ans comme on aimera toute sa vie''', explique le psychosociologue [[Francesco Alberoni]]<ref>[http://www.psychologies.com/article.cfm/article/386/On-aime-a-trois-ans-comme-on-aimera-toute-sa-vie.htm “On aime à trois ans comme on aimera toute sa vie” propos recueillis par Catherine Marchi].</ref>.

Le lien originel serait la première histoire d’amour selon les chercheurs, une continuation de quête à toutes les histoires amoureuses convoitées. L’attachement sexuel présenterait dès la naissance une activité neurophysiologique qui se maintiendrait dans l'enfance pour déborder physiquement sur l’âge adulte avec l’afflux d’hormones provoquant des réponses physiologiques à l'adolescence.
Jean-Pol Tassin, neurobiologiste au Collège de France, indique que les histoires d'amour sont des éléments émotionnels dans le processus cérébral qui sont un prolongement du lien maternel. « Dès la naissance, un rapport à la mère fondé sur la recherche de plaisirs sensoriels se crée, explique-t-il. Avec ce premier rapport hédoniste, l'enfant au cours de son développement se bâtit ce que l'on peut appeler un “bassin attracteur” : il intègre petit à petit ses satisfactions premières et va passer sa vie à rechercher chez les autres des stimuli analogues. » <ref>[http://www2.cnrs.fr/presse/journal/1232.htm la biologie à la conquête de l’amour].</ref>

La [[famille]] est un lieu riche en relations amoureuses : amour conjugal, [[amour maternel]], et de manière plus générale, parental, amour filial, fratrie.

L'importance de l'affection des membres d'une même famille entre eux est illustrée par l'émotion vécue dans les grands évènements tels qu'une naissance, un [[mariage]], un succès, une épreuve, un accident, un [[Mort|décès]].

=== Relations sexuelles ===
{{Article détaillé|Rapport sexuel}}
L'amour ne diffère pas fondamentalement dans les diverses cultures humaines, {{Refnec|les parades de séduction restant à la base les mêmes en [[Afrique]], en [[Moyen-Orient|Orient]], en [[Europe]] ou en [[Amérique du Nord]]}}. C'est plutôt l'attitude à l'égard du désir féminin, dont la répression est fréquente dans beaucoup de [[Société (sciences sociales)|sociétés]] (voir aussi [[Amour#Comportement et langage|Comportement et langage]]), qui change de forme extérieure.
Il semble qu'un abandon de soi permet la délivrance ou l'expression d'un aboutissement à autrui.

=== Comportement amoureux dans le monde ===
[[Image:French Kiss.JPG|vignette|150px|Un baiser.]]
{{refnec|Le comportement sexuel varie fort peu suivant les diverses sociétés humaines. Les modes de séduction, de contacts, les parades et les expressions faciales ne présentent que des différences mineures et très extérieures.}} L'Europe n'a plus le monopole de la représentation massifiée du comportement amoureux ; pourtant, {{refnec|les deux grandes industries cinématographiques du monde, occidentale et indienne}}, montrent de manière saisissante le caractère uniforme des représentations collectives de la sexualité dans des cultures différentes, ''a fortiori'' sachant que {{refnec|ces deux cinémas ont chacun une aire d'influence qui va bien au-delà de leurs sphères géographiques propres. Les films indiens sont depuis longtemps projetés dans tous les cinémas du Moyen-Orient et du monde arabe, tandis que le cinéma occidental a depuis longtemps fait la conquête du Japon et de la zone d'influence chinoise.}}

Néanmoins certains détails comportementaux sont culturellement acquis. Le baiser avec la langue, par exemple, qui semble naturel en Occident, en Chine, dans le monde arabe, en Inde, {{refnec|était probablement inconnu en Afrique subsaharienne avant l'arrivée des Européens}}. Dans [[Ma vie secrète]], un anonyme licencieux de l'époque victorienne rapporte qu'il a dû enseigner cette pratique, qui n'allait pas de soi. Il s'agirait donc d'un trait culturel, mineur, mais réel.

L'éthnolinguistique, l'anthropologie linguistique et les études en traduction mettent en question la démarche anthropologique qui consiste à analyser le rapport entre les êtres humains et l'amour dans diverses langues-cultures. L'éthnolinguistique de Underhill (2012) montre par exemple que l'amour est représenté en termes métaphoriques, et que les cadres et les configurations métaphoriques diffèrent en anglais, français et tchèque. Mais si on va au-delà de la langue et on entre dans le discours, on ne peut maintenir le modèle d'un individu qui incarne sa culture et sa langue. On constate que les individus adoptent, adaptent et résistent les cadres culturels qu'ils trouvent dans la langue. L'anthropologie qui focalise sur les études multilingues montre que la langue n'est que le modèle qui est entretenu par les discours et par les « stratégies discursives ». L'amour se négocie en langage. Et souvent les locuteurs résistent ou rejettent les métaphores conceptuelles selon lesquelles l'amour serait « fusion », le « centre » ou le « but » de la vie. L'humour ne cesse d'innover à partir de paradigmes traditionnels. La vulgarité aussi (voir Underhill 2012).

L'[[homosexualité]] est un comportement attesté depuis la plus haute Antiquité et fort bien documenté. D'un point de vue [[psychologie|psychologique]], l'amour entre homosexuels ne diffère pas significativement de l'amour [[hétérosexualité|hétérosexuel]].

{{refnec|Internet a modifié quelque peu les relations amoureuses dans le monde en facilitant les contacts à distance. De nombreux couples issus de continents différents se sont formés grâce à ce nouveau média.}}

=== Comportement et langage ===
Paradoxalement, l'acte le plus naturel du monde (la [[reproduction (biologie)|reproduction]]) tout comme certaines fonctions corporelles (la [[défécation]]) sont accompagnés chez les êtres humains d'interdits sociaux visibles au niveau du langage et du comportement.
Il existe dans toutes les sociétés humaines des [[tabou]]s relatifs à ces fonctions. Par exemple {{Référence nécessaire|l'homme est la seule créature}} qui se réunit en groupe pour manger mais, dans certaines cultures, s'isole pour déféquer. De même, l'acte sexuel se fait de préférence dans l'isolement (l'amour en groupe est considéré comme [[déviance|déviant]]). Le langage est lui-même empreint de ces valeurs morales qui distinguent ce qui est « propre » de ce qui est « sale ». La plupart des [[religion]]s ont considéré comme nuisible pour la vie de l'individu le fait de vouloir satisfaire toutes les [[pulsions (psychanalyse)|pulsions]] sans critères de limite (voir [[libertin|libertinage]], [[célibat]], [[abstinence]]) ou au contraire pour en faire le centre de leur philosophie dans certaines sectes (le [[gourou]] s'adjuge toutes les femmes du groupe). Le langage distingue ainsi dans toutes les langues du monde plusieurs niveaux pour désigner la [[Rapport sexuel|copulation]] : poétique (''union''), vulgaire (''baiser'' et une infinité d'autres termes), médical-scientifique (''coït''), etc. Quelques exemples d'euphémismes évitent d'être trop explicite comme ''faire l'amour'' ou ''coucher avec quelqu'un''.

Le choix du partenaire résulte en fin de compte d'un équilibre subtil entre l'attirance consciente ou culturelle (goûts ou passions communs, niveau de langage, richesse, comportement social, etc.) et l'attirance inconsciente ou naturelle (physique, odeur, sentiment de sécurité, etc.). Il est naturel d'exprimer métaphysiquement ses envies, désirs et besoins.

== Arts ==
De toute époque, l'amour, comme « désir », a inspiré les artistes de toutes les disciplines artistiques. C'est un thème récurrent et majeur avec le temps; conséquences de la naissance, de la [[vie]] et la [[mort]].

=== Dans les arts plastiques ===
[[Image:Psyche et LAmour.jpg|thumb|left|170px|''Psychè et L'Amour'', par [[William Bouguereau]] (1889).]]
L'amour a toujours été un thème de prédilection dans l'histoire de la peinture et de la sculpture, par la représentation de situations amoureuses ou par la symbolique ou l'allégorie, faisant intervenir des personnages mythologiques.

Certains thèmes ou personnages mythologiques ou historiques reviennent :

• [[Éros]] (ou [[Cupidon]]), dieu des amours profanes, est souvent représenté dans des scènes comme sujet principal, ou comme personnage secondaire pour évoquer la présence symbolique de l'amour. Enfant ou adolescent espiègle et capricieux, ailé et portant un arc avec lequel il tire des flèches d'or dans les cœurs humains, ce qui leur apportent amour et désir d'amour. Les scènes les plus représentées sont : l'amour d'Éros pour [[Psyché (mythologie)|Psyché]], Éros l'enfant turbulent désarmé par sa mère [[Aphrodite]], la victoire de l'amour sur les œuvres humaines (voir la célèbre version du [[Le Caravage|Caravage]]) ou la lutte entre l'amour profane et l'amour sacré.

• [[Aphrodite]] (ou [[Vénus (mythologie)|Vénus]]), déesse de l'amour, mère de Éros/Cupidon, inspire souvent les peintres, notamment pour l'épisode de sa naissance. Elle apparaît au monde déjà adulte, nue et sortant de la mer : les versions de [[Sandro Botticelli|Botticelli]] (cf. [[La Naissance de Vénus (Cabanel)|La naissance de Vénus]]), [[Alexandre Cabanel|Cabanel]], [[Henri Fantin-Latour|Fantin-Latour]] ou [[William Bouguereau|Bouguereau]] comptent parmi les plus célèbres.

• La vie amoureuse tumultueuse de [[Zeus]]/[[Jupiter (mythologie)|Jupiter]] a également fait l'objet de nombreuses représentations : l'enlèvement de [[Léda (mythologie)|Léda]], d'[[Europe fille d'Agénor|Europe]] ou de [[Ganymède]] sont parmi les thèmes les plus souvent traités.

• Les grandes histoires d'amour de l'histoire ou de la littérature comme [[Tristan und Isolde|Tristan et Yseult]], [[Roméo et Juliette]], [[Ulysse]] et [[Pénélope]] et bien d'autres ont été traitées en peinture, surtout dans les périodes romantiques ([[préraphaélisme]], [[romantisme]], etc.).

Par ailleurs, nombre de scènes amoureuses de la vie quotidienne des hommes ont été représentées, depuis la cour faite à l'être aimé au drame amoureux, en passant par le baiser langoureux ou le libertinage. Un exemple est le tableau de [[Jean-Honoré Fragonard]] nommé ''[[Le Verrou (Fragonard)|le Verrou]]''.

=== Dans la littérature ===
L'[[art poétique]] et le [[Roman (littérature)|roman]] sont, avec la [[chanson]], quelques-uns des moyens de prédilection de l'expression verbale de l'amour. À travers les âges, la littérature a reflété des tendances de l'amour, des divinités mythologiques à l'amour réaliste de notre époque.

Le [[français]] présente une curiosité grammaticale : le mot ''amour'' est ordinairement au masculin au singulier, mais souvent au féminin au pluriel (« Un amour mort » / « Des amours mortes »)<ref>Pour une discussion détaillée, voir [[Maurice Grevisse]] et [[André Goosse]], ''[[Le Bon Usage]], {{p.|593}}, {{14e}} édition, 2008.</ref>, mais il peut également être au féminin au singulier (« La belle amour, la vraie amour »).

== Religions ==
[[Image:Baglione.jpg|thumb|225px|''Victoire de l'Amour sacré sur l'Amour profane'', tableau de [[Giovanni Baglione]] (vers 1602).]]
=== Dans le christianisme ===

==== L'Amour révélé ====
Le christianisme {{Citation|se définit comme religion du [[Logos (christianisme)|Verbe]] incarné et de l'amour révélé<ref name="Denis2010">{{Ouvrage|author=[[Jean-Pierre Denis (journaliste)|Jean-Pierre Denis]]|title=Pourquoi le christianisme fait scandale|url=http://books.google.com/books?id=B1IxVcmm-VoC&pg=PT181|date=2010-09-02T00:00:00+02:00|publisher=Seuil|isbn=978-2-02-103266-6|page=181}}</ref>}}.

La révélation chrétienne tient en ceci : « [[Dieu]] est Amour » et rien d'autre<ref>Hans Urs von Balthasar, cité dans Pascal Ide, ''Une théologie de l'amour. L'amour, centre de la ''Trilogie ''de Hans Urs von Balthasar'', Lessius, Bruxelles, 2012, {{p.|45}}.</ref>(1Jn4, 8.16). Cet énoncé constitue le cœur du discours chrétien sur Dieu : « Dieu interprété comme amour ; en cela consiste l'idée chrétienne<ref>Pascal Ide, ''Une théologie de l'amour. L'amour, centre de la ''Trilogie ''de Hans Urs von Balthasar'', Lessius, Bruxelles, 2012, {{p.|45}}. (Citation de Urs von Balthasar.).</ref> »

Selon [[Laurent Gagnebin]], {{Citation|dans les religions en général, [Dieu] ''commmence'' avant tout par être compris comme un Dieu terrifiant, redoutable, très éloigné du Dieu d'amour révélé par [[Jésus-Christ]] et qui caractérise aujourd'hui encore tout le christianisme<ref name="Gagnebin1971">{{Ouvrage|author=[[Laurent Gagnebin]]|title=Quel Dieu?|url=http://books.google.com/books?id=1-zl7UpoG_MC&pg=PA33|year=1971|publisher=L'AGE D'HOMME|isbn=978-2-8251-3057-5|page=33}}</ref>.}}

==== L'amour partagé : amour du prochain ====
{{Article détaillé|Charité}}
L'amour du prochain est la réponse à cet amour reçu :
{{citation bloc|
Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres.
|Jn 13, 34-35}}
Lorsqu'un Juif demande à Jésus : qui est mon prochain? Jésus, par la parabole du bon Samaritain, signifie que le prochain est aussi l'étranger, l'ennemi, sans considération de religion. (Cfr Luc 10, 29-37). Ailleurs Jésus appelle à l'amour des ennemis : "Aimez vos ennemis et faites du bien à ceux qui vous haïssent. Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament."(Luc 6, 27-28).

Le christianisme se différencie d'autres religions par l'abandon des lois et règles : seul le commandement de l'amour est sacré, est volonté de Dieu<ref>Cfr Hans [[Urs von Balthasar]] : "ce qu'il y a d'institutionnel dans l’Église n'est pas absolu, mais relatif à l'amour." Cité par P. Ide, '' Une théologie de l'amour'', Lessius, Bruxelles, 2012, {{p.|51}}.</ref>. Tout le reste est rendu relatif à ce seul commandement. L'évangile selon Matthieu, notamment, l'exprime nettement lorsqu'un docteur de la Loi s'adresse au Christ :
{{citation bloc|
Et l'un d'eux, docteur de la loi, lui demanda pour l'embarrasser : <br>
« Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? » <br>
Il lui dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. <br>
C'est là le plus grand et le premier commandement. <br>
Un second lui est égal : tu aimeras ton proche comme toi-même. <br>
En ces deux commandements tient toute la Loi, et les Prophètes. »
|Mt 22, 35, 40}}

La recherche de l'amour du prochain, inextricablement liée à l'amour de [[Dieu]], est le fondement de la [[relation humaine]] dans la [[Bible]]. Le rôle de l'Église et des Écritures est d'ouvrir le cœur des êtres humains (leurs conscience) pour qu'il puisse vivre cet amour toujours plus profondément.

==== Précisions sur ce qu'est l'amour ====
Pour {{Qui|certains}}, l'amour du prochain se définit comme une force intérieure qui pousse un être humain à rechercher la [[paix]] et à la partager avec les autres. Le désir d'amour se traduit par celui d'être avec l'autre ou les autres, celui d'accepter de recevoir et de donner, celui de dialoguer, de vivre avec, de comprendre, d'accompagner, etc.

Selon [[Paul de Tarse|saint Paul]] : {{Citation|Si je n’ai pas d’amour je ne suis rien. L'amour est patient, il est plein de bonté; l'amour n'est point envieux, il ne se vante point, il ne s'enfle pas d'orgueil. Il ne fait rien de malhonnête. Il ne cherche point son intérêt, il ne s'irrite point, il ne soupçonne point le mal. Il ne se réjouit point de l'injustice, mais il se réjouit de la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. L'amour ne meurt jamais<ref>''[[Première épître aux Corinthiens]]'' 13:1-8.</ref>.}}

L'amour dont parle le christianisme se nomme parfois [[charité]], terme qui le distingue de l'amour érotique ou d'amitié. Il ne dépend pas du sentiment, mais de la volonté<ref>Lanza del Vasto, La trinité spirituelle, Denoël, Paris, 1971, {{p.|129}}; 135-139.</ref> en lien avec l'intelligence. [[Benoît XVI]] proclame : {{Citation|Ce n'est que dans la [[vérité]] que l'amour resplendit et qu'il peut être vécu avec [[authenticité]]. (...) Dépourvu de vérité, l'amour bascule dans le sentimentalisme. (...) Il est alors la proie des émotions et de l'opinion contingente des êtres humains ; il devient un terme galvaudé et déformé jusqu'à signifier son contraire. La vérité libère l'amour des étroitesses de l'émotivité qui le prive de contenus relationnels et sociaux, et d'un fidéisme qui le prive d'un souffle humain et universel<ref>Benoit XVI, Caritas in veritate, lettre encyclique, éd. Fidélité, Namur, 2009 ( {{ISBN|978-2-87356-404-9}}), {{p.|11}}.</ref>.}} (La charité a parfois pris le sens d'une sorte de [[pitié]] paternaliste : ce sens est très loin du sens de l’Évangile.)

[[Lanza del Vasto]] précise : {{Citation|La Charité est un amour conscient partant de la connaissance de soi et de la reconnaissance de soi en autrui. (...) C'est un amour "théologal", c'est-à-dire "découlant de la connaissance de Dieu". C'est la découverte dans l'âme de tout homme de "l'image et ressemblance de Dieu"(cfr Genèse 1, 26) déposées en elle comme en nous-mêmes<ref>Lanza del Vasto, ''La Trinité spirituelle, Denoël, Paris, 1971, {{p.|137}}.</ref>}}. {{Citation|Apprends à aimer non parce que ton cœur incontinent déborde, mais pour répondre au commandement de Dieu. Apprends la charité virile qui possède des paroles sévères pour ceux qui t'aiment, sereines pour ceux qui te combattent, chaudes pour ceux qui faiblissent, fortes pour ceux qui souffrent, claires pour les aveugles, écrasantes pour les orgueilleux, un seau d'eau et un bâton pour ceux qui dorment. L'amour qui demande et qui pleure, tue-le ; l'amour qui étreint et qui force, tue-le. Apprends l'amour qui n'attend rien du monde mais rayonne de par sa vertu propre, l'amour qui insuffle force à la personne aimée, et l'amène à la délivrance<ref>{{Ouvrage|auteur=Lanza del Vasto|titre=Principes et préceptes du retour à l'évidence|éditeur=Denoël|année=1946|passage=152.}}.</ref>.}}

Le [[François (pape)|pape François]] a rappelé ce commandement en conclusion de son message pour la [[Journée mondiale de la paix]] 2014, en soulignant que l'amour se traduit par la [[fraternité]], qui est « fondement et route pour la paix<ref name="catho">[http://www.eglise.catholique Message du pape François pour la Journée mondiale de la paix le {{date rapide|1|janvier|2014}} sur le thème : « La fraternité, fondement et route pour la paix »].</ref> », qui est avec la liberté et l'égalité, l'une des trois [[vertus républicaines]] fondatrices de la conception contemporaine des [[droits de l'homme]], comme l'a souligné [[Jean-Paul II]] dans une homélie lors de son premier voyage en France en 1980<ref>[http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/homilies/1980/documents/hf_jp-ii_hom_19800601_parigi-francia_fr.html Voyage apostolique à Paris et Lisieux, 30 mai-2 juin 1980, Le Bourget, dimanche {{date rapide|1|juin|1980}}, homélie du Saint-Père Jean-Paul II].</ref>.

L'étude de l’[[Évangile selon Marc]] amène Benoit et Ariane Thiran à préciser ce qu'est l'amour vécu-enseigné par [[Jésus-Christ]]<ref>{{Citation|(...) Jésus ne cessera d'approfondir (...) le passage du regard binaire (mode d'opposition - violent) à un regard cyclique (mode de complémentarité - non-violent) sur nous-mêmes, sur les autres, sur la vie et même sur Dieu.}} : Benoit et Ariane Thiran-Guibert, ''Jésus non-violent. Nouvelle lecture de l'évangile de Marc, ''Tome 1'' Changer notre regard. ''Préface de Jean Radermakers SJ, éd. Fidélité, Namur, 2010, {{p.|170}}.</ref>. L'amour, ils le définissent à partir du regard (intérieur) posé sur l'autre et soi-même, regard qui cesse d'être binaire et en opposition, par exemple lorsque je me pose comme le bon, le pur, le méritant face à "l'autre" qui ne l'est pas<ref>Cfr Benoit et Ariane Thiran-Guibert, ''Jésus non-violent. Nouvelle lecture de l'évangile de Marc, ''Tome 1 : ''Changer notre regard. ''Préface de Jean Radermakers SJ, éd. Fidélité, Namur, 2010, voir les {{p.|65-66}}. Ils s'inspirent pour leur analyse en particulier de : Isabelle et Bruno Eliat-Serck, ''Oser la relation, Exister sans écraser, ''Namur et Lyon, Fidélité et Chronique Sociale, 2006 ({{2e}} éd.). Dans cet essai, la relation est définie à partir de quatre axes qu'ils résument ainsi : reconnaître l'autre ; accueillir mes limites ; m'affirmer ; interpeller.</ref>. L'amour exige d'exister, de s'affirmer, mais sans écraser, d'interpeller l'autre mais en partant du respect le plus grand pour l'autre et en étant prêt à souffrir à l'instar du [[Maître spirituel|Maître]]<ref>Idées développées dans : Isabelle et Bruno Eliat-Serck, ''Oser la relation. Exister sans écraser''. Ed. Fidélité -Chronique Sociale, Namur-Lyon, 2006 ({{2e}} édition). (126p.).</ref>.

=== Dans l'islam ===
{{Article détaillé|L'amour dans le soufisme}}

[[Dieu]] (en arabe [[Allah]]) est dans l'islam amour; « Dieu se qualifie dans le [[Coran]] de "Miséricordieux par essence" (''Rahmân'' en arabe) et de "Miséricordieux d'une façon existentielle et efficiente" (''Rahîm'' en arabe): 329 occurrences; Il est "le plus Miséricordieux des miséricordieux"; [Les mots] ''Rahmân'' et ''Rahîm'' dérivent de la racine RHM qui renvoie à la matrice de la mère: ''rahim''. Dieu est la matrice de l'univers, et aime Ses créatures d'un amour matriciel »<ref>Talbi, Mohamed. ''Universalité du Coran''. Actes Sud, 2002, {{p.|36-37}}; Voir aussi ''Coran'', VII, 156.</ref>. « Dieu est plein de bonté et de compassion pour les hommes »<ref>''Le Noble Coran'', II, 143. Éditions Tawhid (comité de lecture et de validation: Ibram, Minta, Ramadan, Seddiki). 2009, {{p.|22}}.</ref>.
L'amour de Dieu est le point de départ et le cœur du message de [[Mahomet]]; ce à quoi il a appelé les hommes: « Si vous aimez Dieu réellement, suivez-moi et Dieu vous aimera et vous pardonnera vos péchés. Dieu est indulgent et miséricordieux »<ref>''Le Noble Coran'', III, 31. Éditions Tawhid (comité de lecture et de validation: Ibram, Minta, Ramadan, Seddiki). 2009, {{p.|54}}.</ref>; « Le Coran est... une preuve de la miséricorde de Dieu envers ceux qui ont la foi »<ref>''Coran'', XLV, 19. Paris; Garnier-Flammarion (trad. Kasimirski), 1970, {{p.|387}}.</ref>; « Il comblera d'amour ceux qui croient et pratiquent les bonnes œuvres »<ref>''Coran'', XIX, 96. Paris; Garnier-Flammarion (trad. Kasimirski), 1970, {{p.|243}}.</ref>.

« L'islam est la religion de la "rah mah", [un mot arabe] qu'on rendrait par charité, amour, clémence, bienveillance et générosité dans tous les sens de ce dernier mot; c'est cette "rah mah" qui fonde l'[[éthique]] islamique »<ref>Lahbalei, Aziz. ''Petite et grande guerre sainte'', dans ''Vaincre la peur''. Itinérances, No. 2, novembre 1986, {{p.|183-184}}.</ref>.

Les mystiques musulmans, appelés [[soufis]], ont accordé beaucoup d'importance à célébrer l'amour de Dieu; la secte des "[[Ordre mevlevi| derviches tourneurs]]" avait la particularité de le faire par la danse.

=== Dans le bouddhisme ===
Dans les [[bouddhisme]]s Mahayana et Vajrayana (bouddhismes vietnamiens, chan, zen, lamaïsme), l'Amour est l'une des quatre qualités d'être que le pratiquant doit développer, l'un des « Quatre Infinis » ou « Quatre Incommensurables » : l'amour, la compassion, la joie et l'[[équanimité]]. Les tibétains définissent l'amour comme un [[souhait]] du bonheur de l'autre ; la compassion, comme un souhait de cessation de la souffrance de l'autre ; la joie, comme une participation à son bonheur ; l'équanimité comme le fait d'être attentif de façon semblable à tout être et toute chose sans établir un attachement privilégié. Tout pratiquant du bouddhisme Mahayana doit souhaiter la « bodhicitta » - « l'esprit d'éveil » - : souhaiter obtenir l'éveil ou les qualités spirituelles pour le bien des êtres, et ultimement, libérer définitivement les souffrances humaines. Karuna (sansk.), est traduit par « compassion » en français et « loving-kindness » en anglais, une activité d'attention aimante envers l'autre. Au [[Tibet]], la compassion est décrite comme l'attitude de la mère attentive face à ses enfants.

Dans le bouddhisme Mahayana, d'une façon générale, la compassion, ou « amour-tendresse » est à développer conjointement à la sagesse (compréhension de la nature réelle, objective des phénomènes, philosophie du non-soi, etc.) La sagesse permet de s'affranchir de l'idée du soi, donc de toute tendance égotique ou narcissique. En cela, elle participe à l'émergence d'une « compassion infinie ». De même, la sagesse exige une grande compassion pour être actualisée : l'extinction de l'illusion du soi, pour les bouddhistes, exige une infinie dévotion, une immense abnégation. Aussi, pour les bouddhistes du Tibet, sagesse et compassion (ou « amour-tendresse ») se développent l'un l'autre jusqu'à conduire le pratiquant dans une « Terre pure » de bodhisattva - c'est-à-dire jusqu'à l'actualisation du potentiel humain d'amour, de joie, de compassion et d'équanimité.

Dans le bouddhisme ancien, selon l'enseignement du [[Bouddha]], cette vision de l'amour n'apparaît pas. Le Bouddha insiste surtout sur le détachement qui conduit à la suppression du "désir" ([[Taṇhā]]), et donc au bonheur durable (cessation de la souffrance, nirvana). Ce n'est qu'entre les {{s2|I|er|IV|e}} {{ap JC}} qu’émergera le bouddhisme Mahayana pour lequel l’action de compassion et d’amour envers l’autre prime sur l’ascèse et la méditation.

Pour les bouddhismes issus des développements du Mahayana et du Vajrayana, amour, joie et compassion ne sont pas des émotions mais de véritables qualités d'êtres. Les émotions telles la colère, la jalousie, la peur, l'avidité, l'orgueil, passion, ne sauraient durer, elles sont passagères et proviennent de l'attachement et du désir. Au contraire, l'amour, la joie et la compassion peuvent se développer infiniment et sans être nécessairement dépendantes d'un objet ou de la présence d'un être. Le pratiquant peut les porter en lui, les développer infiniment et au-delà de tout attachement.

=== Dans l'hindouisme ===
Selon [[Vivekananda]], maître spirituel de l'[[hindouisme]], l'amour de Dieu (''[[bhakti]] ''en [[sanskrit]]) est le véritable amour, non égoïste : {{Citation|Nous ne pourrons concevoir une jouissance plus haute que l’amour, mais ce mot amour a différentes significations. Il ne signifie pas l’amour égoïste qui est courant dans le monde ; (...) l’amour qui est parfaitement sans égoïsme est le seul amour, et c’est celui de Dieu. Il est très difficile à atteindre. Nous passons à travers toutes ces amours différentes, amour des enfants, du père, de la mère, etc. Nous développons lentement notre faculté d’amour, mais dans la majorité des cas, nous n’apprenons rien, nous nous enchaînons à un stade, à une personne.}}<ref>{{Source Vivekananda}}, {{p.|130}}.</ref>

== Annexes ==
=== Bibliographie ===
==== Littérature ====
{{colonnes|nombre=2|taille=30|
* le roman [[Langues brittoniques|brittonique]] anonyme ''[[Tristan et Iseut]]''
* Apollinaire, « Le Mal-aimé » in ''Alcools'' et ''Poèmes à Lou''
* Aragon, ''Cantique à Elsa''
* Barthes, Roland, ''Fragments d'un discours amoureux''
* Breton, ''l'Amour fou''
* Bruckner, Pascal, ''Lune de fiel''
* Lord Byron, ''Don Juan''
* Cohen, Albert, ''Belle du Seigneur''
* Dante, ''Vita Nova''
* Eluard, ''Derniers poèmes d'amour''
* Guillaume de Lorrain et Jean de Meung, ''le Roman de la Rose''
* Pétrarque, ''Canzoniere''
* Plutarque, ''De l'Amour (Erotikos)''
* Poe, Edgar Allan, ''Lettres d'amour''
* Sade, Marquis de, ''Les Crimes de l'amour''
* Shakespeare, ''Romeo and Juliet''
* Stendhal, ''De l'amour''
* Underhill, James W. ‘“Making” love and “having” sex: an analysis of metaphoric paradigms in English, French and Czech’, Slovo a smysl: Word and Sense, Karlova univerzita, Akademie, 2007.
* Uhderhill, James W. ''Ethnolinguistics and Cultural Concepts: truth, love, hate, & war'', Edinburgh: Edinburgh University Press.
}}

==== Philosophie====
* [[Platon]], ''[[Le Banquet (Platon)|Le Banquet]]'' et ''[[Phèdre (Platon)|Phèdre]]''
* [[Lucrèce]], ''[[De rerum natura|De la nature des choses]]''
* [[Thomas d'Aquin]], ''[[Somme théologique]]'' (Iae IIae, qu. 20)
* [[Ibn Arabi]], ''[[Les Illuminations de La Mecque]]'' (ch. 178)
* [[Marsile Ficin]], ''Commentaire du Banquet de Platon. De l'amour''
* [[Jean Pic de la Mirandole]], ''Commentaire sur une chanson d'amour de Jérôme Benivieni''
* [[Tullia d'Aragon]], ''De l'Infinité d'amour''
* [[Donatien Alphonse François de Sade|Marquis de Sade]], ''[[La Philosophie dans le boudoir]]''
* [[Arthur Schopenhauer]], ''[[Le Monde comme Volonté et comme Représentation]]'' (chap. XLIV, Métaphysique de l'amour)
* [[Søren Kierkegaard]], ''[[Ou bien... ou bien]]'' et ''La reprise''
* [[Friedrich Nietzsche]], ''[[Le Gai Savoir (Nietzsche)|Gai savoir]]'', §14
* [[Georges Bataille]], ''L'érotisme'' et ''Les larmes d'Éros''
* [[Emmanuel Levinas]], ''[[Totalité et infini|Totalité et Infini]]''
* [[Roland Barthes]], ''[[Fragments d'un discours amoureux]]''
* [[Jean-Luc Marion]], ''Le phénomène érotique''
* [[Marc-Alain Ouaknin]], ''Méditations érotiques''
* [[Vincent Cespedes]], ''Je t'aime. Une autre politique de l'amour'', Flammarion, 2003.
* [[Jean-Luc Nancy]], ''Je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément...'', Bayard Centurion, 2008.
* [[Dominique Sels]], ''Les Mots de l'amour arrivent d'Athènes, vocabulaire de l'amour dans Le Banquet de Platon, suivi du Portrait de Socrate, étude pour le plaisir'', éditions de la Chambre au Loup, 2008.

==== Histoire et sociologie ====
* [[Francesco Alberoni|F. Alberoni]], ''[[Le Choc amoureux]]'', trad. fr. Ramsay, 1981 ; ''L'érotisme'', trad. fr. Ramsay, 1986 ; ''Le vol nuptial'', trad. fr. Plon, 1994 ; ''Je t'aime, tout sur la passion amoureuse'', trad. fr. Plon, 1997.
* [[Élisabeth Badinter]], ''L'amour en plus : histoire de l'amour maternel ({{XVIIe}}-{{XXe}} siècle)'', Flammarion, 1980, ISBN 2 08 081100 2.
* [[Zygmunt Bauman|Z. Bauman]], ''L'amour liquide. De la fragilité des liens entre les hommes'', Le Rouergue, 2004.
* [[Denis de Rougemont]], ''L'amour et l'Occident'', Paris, Plon, 1939, édition remaniée 1956, édition définitive 1972.
* [[Jean Duvignaud|J. Duvignaud]], ''La genèse des passions dans la vie sociale'', PUF, 1990.
* [[Michel Foucault|M. Foucault]], ''Histoire de la sexualité'', trois tomes (''La volonté de savoir'' ; ''L'usage des plaisirs'' ; ''Le souci de soi'' ), Gallimard, 1976-1984.

==== Religion ====
==== Religion ====
*
* [[Benoît XVI]] ''[[Deus caritas est]]'', 2005.


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===

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Modèle:Article incomplet

Le couple emblématique Roméo et Juliette, tableau de Frank Dicksee (1884).

els.

Sentiment riche et complexe

L'allégorie de l'amour est habituellement le cœur.

Grèce antique

Éraste et Éromène, détail d'une coupe attique du Ve siècle av. J.-C. (musée du Louvre).

Religion

Articles connexes

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Liens externes

Références