Liste d'anthroponymes devenus noms communs

Il existe dans la langue française un certain nombre de noms communs ayant pour origine un nom propre. Souvent il s'agit du nom de l'inventeur de l'objet, parfois d'un nom imaginaire (personnage de roman ou de théâtre). Au fil du temps, l'usage répété du nom propre donna naissance à un nom commun et parfois l'origine de celui-ci fut oubliée.

• Al-Khuwarizmi (780-850), mathématicien arabe d'origine persane, a laissé son nom aux algorithmes.

• André-Marie Ampère : physicien français (1775-1836). Donne son nom à l'unité de mesure de l'intensité du courant électrique : un ampère.

• François Barrême : mathématicien qui écrivit en 1670 « Les comptes faits du grand commerce ». Le mot barème apparut au XIXe siècle. Remarquer la différence orthographique et typographique.

• Louis de Béchamel (1630-1703), financier devenu maître d'hôtel de Louis XIV, passe pour être le créateur de la béchamel ou sauce béchamel, sauce blanche.

• Le capitaine Charles C. Boycott (1832-1897) : gérant de propriétés en Irlande, mis en quarantaine par ses ouvriers en 1880. Un boycott et le verbe boycotter.

• Louis Braille (1809-1852), organiste français, est à l'origine du braille, système d'écriture pour aveugles.

• Jérôme Cardan : médecin et mathématicien italien (1501-1576). Inventa le procédé mécanique de rotation non rectiligne sur un arbre de transmission : le cardan.

• Gavroche (Gavroche Thénardier), personnage des Misérables, roman de Victor Hugo, a donné son nom au gamin des rues parisien : un gavroche.

• Alexis Godillot (1816-1893) : il réalisa, vers 1850, de solides chaussures qui équipèrent longtemps les armées françaises : un godillot passé dans le langage populaire.

• Joseph Guillotin (1738-1814) : médecin et homme politique français, il n'inventa pas la guillotine, mais en fit accepter l'usage pour abréger le supplice des condamnés à mort.

• Percival Lowell avait remarqué que ses prédécesseurs avaient tenté en vain de donner leur nom à une planète ; certes, ce n'est pas lui qui a découvert Pluton, mais ce fut grâce à ses calculs. On chercha alors dans la mythologie grecque quelque chose qui le rendrait immortel... Ce furent tout bêtement ses initiales qui aboutirent au baptême de Pluton, puis, peu d'années après, cette famille de (jeux de) mots s'enrichit du plutonium.

• Jules Hardouin-Mansart (1748-1708} : architecte français célèbre par ses travaux au château de Versailles, il invente le toit à deux pentes qui permet de créer une pièce sous les combles : une chambre mansardée, une mansarde.

• Guillaume Massicot (1797-1870) : mécanicien français qui mit au point une machine à couper le papier en 1840 : un massicot et le verbe massicoter.

• John McAdam (1756-1836), ingénieur écossais, a donné son nom au macadam, technique de revêtement des chaussées puis, par glissement sémantique, à la chaussée elle-même (comme terme de remplacement, souvent pour éviter une répétition).

• Nellie Melba (1861-1931) : cantatrice australienne. Le cuisinier français G. A. Escoffier lui dédia vers 1893, à Londres (Savoy Hotel), le dessert glacé appelé pêche Melba.

• Samuel Morse : ingénieur américain qui invente en 1837 un alphabet télégraphique constitué d'impulsions représentées par des points et des traits : le morse.

• Panacée : Déesse grecque, fille d'Esculape et de Lampétie qui prodiguait aux hommes des remèdes à base de plantes. Elle a donné son nom à un remède qui guérirait tous les maux : une panacée.

• Pantalone : personnage de la Commedia dell'arte vêtu d'un habit tout d'une pièce, a donné son nom au pantalon. Le nom du personnage vient du prénom italien Pantaleone.

• Pipelet : nom donné par Eugène Sue à un concierge bavard de son roman Les Mystères de Paris ; on utilisera le terme presque toujours au féminin (même pour désigner des hommes !) : une pipelette.

• Le préfet Eugène Poubelle : XIXe siècle, il obligea les parisiens à mettre leurs détritus dans des boîtes ad hoc. Une poubelle.

• John Montagu, 4e comte de Sandwich (3 novembre 1718 - 3 avril 1792), tout comme Lord Yarborough, passait beaucoup de temps à la table de jeu ; il fut le premier à avoir eu l'idée de se faire apporter un mets froid lui permettant, sans salir les cartes, de continuer à jouer : le sandwich était né.

• Étienne de Silhouette (1709-1767), contrôleur général des finances, au nom d'origine basque, était si impopulaire qu'on s'amusait à le caricaturer sous forme de dessins aux formes très simples, qui prendront le nom de silhouettes.

• James Watt (1736-1819) : ingénieur et mécanicien écossais. Il donne son nom à l'unité de puissance électrique : un watt.

Il convient d'ajouter à cette liste toutes les personnalités dont le nom a été utilisé pour désigner des genres botaniques : bégonia (Bégon), bougainvillée (Bougainville), camélia (Camelli), dahlia (Dahl), fuchsia (Fuchs), gardénia (Garden), hortensia (Hortense), magnolia (Magnol) etc.