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* {{citation|La société tout entière deviendra un seul immense bureau et une seule immense usine avec égalité de travail et égalité de rétribution.}}
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''L'état et la révolution''
* {{citation|Grise est la théorie (...) mais toujours vert est l'arbre de la vie.}}
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Goethe, ''Faust'', cité par Lénine dans ''Lettres sur la tactique'', 8-13 avril 1917 [http://www.marxistsfr.cjb.net/archive/lenin/works/1917/apr/x01.htm#fwV24E020]
Goethe, ''Faust'', cité par Lénine dans ''Lettres sur la tactique'', 8-13 avril 1917 [http://www.marxistsfr.cjb.net/archive/lenin/works/1917/apr/x01.htm#fwV24E020]

Version du 7 février 2007 à 15:34

Lénine

Vladimir Ilitch Oulianov (Влади́мир Ильи́ч Улья́нов), dit Lénine (Ле́нин « l'homme de la Lena ») (22 avril 1870 - 21 janvier 1924) est un révolutionnaire et homme politique russe, fondateur du POSDR (section russe de la Deuxième Internationale), fondateur et dirigeant du parti bolchevik, âme de la Révolution d'Octobre et fondateur de l'URSS.

Famille

Ses parents : Son père Ilya Nikolaevitch Oulianov (1831-1886) fut une grande figure de l'instruction publique en Russie. À Simbirsk et dans la province de Simbirsk, il ouvrit les premières écoles pour les populations non russes. Il aida par son activité à l'éveil de la conscience politique du peuple. Sa mère Maria Alexandrovna Oulianova (1835-1916)se consacra toute sa vie à son foyer et à ses enfants.

Ses frères et sœurs : Anna Oulianova ,sœur aînée , née à Nijni-Novgorod en 1864, épousa Mark Elizarov, décède en 1935. Alexandre Oulianov, frère aîné , né à Nijni-Novgorod en 1866, décédé en Mai 1887 sur l'échafaud dressé dans la cour de la forteresse de Schlüsselburg à Saint-Pétersbourg après avoir participé à une tentative d'assassinat contre le Tsar. Olga Oulianova , sœur cadette, née à Simbirsk. Dimitri Oulianov , frère cadet, né à Simbirsk en 1874. Décédé en 1943. Maria Oulianova , sœur cadette, née à Simbirsk en 1878. Décédée en 1937.

Jeunesse

Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine en 1887

Né en Russie à Simbirsk le 22 avril 1870, Lénine est le fils de Ilya Nikolaevitch Oulianov (1831 - 1886), un fonctionnaire russe (inspecteur des écoles) anobli qui œuvre à l’instauration de plus de démocratie et d’une éducation gratuite pour tous en Russie, et de sa femme Maria Alexandrovna Blank (1835 - 1916). Comme beaucoup de Russes, ses origines ethniques et religieuses sont métissées. Issu d'une famille cultivée, il est d’origine kalmouk par ses grands-parents paternels, allemande par sa grand-mère maternelle, qui était de confession Luthérienne, et d’ascendance orthodoxe par son grand-père maternel. Vladimir Oulianov (Lénine) lui-même est baptisé dans l’Église russe orthodoxe.

Vladimir se distingue dans l’étude du latin et du grec. Deux tragédies surviennent tôt dans sa vie : en 1886, son père meurt d’une hémorragie cérébrale. L’année suivante, en mai 1887, son frère aîné Alexandre Oulianov est pendu pour avoir participé à un complot menaçant la vie du Tsar Alexandre III. Cet événement radicalise Vladimir (ses biographes soviétiques le considèrent comme déterminant pour ses exploits révolutionnaires) ; il est arrêté plus tard cette même année et exclu de l’université de Kazan pour sa participation à des manifestations étudiantes. Il continue à étudier de manière autonome et obtient en 1891 une licence l'autorisant à pratiquer le droit.

Révolutionnaire

Plutôt que de s’installer dans une carrière légale, il s’implique de plus en plus dans la diffusion des idées révolutionnaires et l’étude du marxisme, la plupart du temps à Saint-Pétersbourg. Il s'intéresse au terroriste Serge Netchaïev dont il conserva l'idée d'une organisation structurée, et le principe selon lequel la fin justifie les moyens. Le 7 décembre 1895, il est arrêté et incarcéré pendant un an par les autorités avant d’être exilé pour trois ans dans le village de Chouchenskoïe en Sibérie.

Lénine le révolutionnaire en 1895

En juillet 1898, il y épouse Nadejda Kroupskaïa, une activiste socialiste elle aussi en déportation. En avril 1899, il publie le livre Le développement du capitalisme en Russie. En 1900, son exil prend fin. Il voyage en Russie et en Europe, et publie le journal Iskra (« L'étincelle »), ainsi que d’autres tracts et livres relatifs au mouvement révolutionnaire.
Il participe activement au Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) et, en 1903, prend la tête du parti bolchevik suite à une rupture avec les mencheviks partiellement inspirée par son pamphlet Que faire ? En mai 1905, il est élu au Comité Central du parti par le IIIe congrès. En 1907, il déménage en Finlande pour des raisons de sécurité. Il fonde le journal Pravda (« La vérité »). Contre le révisionnisme des sociaux-démocrates allemands, il rédige son ouvrage Matérialisme et Empiriocriticisme en 1909. Il continue de voyager en Europe et participe à de nombreux rassemblements et activités socialistes, notamment la conférence de Zimmerwald de 1915. Quand Elizabeth Armand (dite Inessa ou Inès) quitte la Russie pour s’installer à Paris en 1910, elle rencontre Lénine et d’autres bolcheviks en exil et devient à la fois son émissaire et son égérie.

Il voit dans la Première Guerre mondiale une lutte entre impérialismes rivaux pour le partage du monde (L'impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1917) et veut faire de la guerre entre nations une guerre entre classes.

Lorsqu'éclate la deuxième révolution russe, suite à la chute du tsar Nicolas II, Lénine se trouve en Suisse à Montreux, comme nombre d'exilés russes. Après avoir imaginé différents itinéraires impossibles, il rentre de Suisse à Petrograd à travers l'Allemagne en guerre, avec un groupe de révolutionnaires russes de toutes tendances, à bord d'un train protégé par une immunité diplomatique, dit « plombé ». Cet épisode suscita une polémique, certains accusant Lénine d'avoir été acheté par le gouvernement allemand. Dans ses mémoires, Ludendorf explique qu'il espérait que la révolution en Russie amènerait la décomposition de l'armée tsariste, et le retour en Russie de révolutionnaires favorables à une paix séparée avec l'Allemagne était selon lui une aventure à courir.

Dès son arrivée à Petrograd, le 4 avril, Lénine fait une conférence durant laquelle il présente ses Thèses d'avril, qui sont publiées dans Pravda : paix immédiate, pouvoir aux soviets, usines aux ouvriers et terres aux paysans. Le gouvernement provisoire issu de la révolution de février ne résolvant aucun de ces problèmes, ces idées deviennent de plus en plus populaires. Avec la répression des émeutes en juillet par le gouvernement Menchevik, les dirigeants bolcheviks sont arrêtés (dont Trotsky), leurs journaux interdits, Lénine fuit en Finlande. Il revient en octobre, inspirant une révolution armée contre le gouvernement provisoire, avec pour slogan « tout le pouvoir aux Soviets ! ». Ses idées concernant le gouvernement sont exprimées dans son essai État et révolution (août-sept. 1917) qui appelle une nouvelle forme de gouvernement plus démocratique basé sur les conseils ouvriers ou soviets. Après la tentative de coup d'État du général monarchiste Kornilov en septembre et le gouvernement provisoire est discrédité, et les bolcheviks deviennent majoritaires dans les soviets.

À la tête de l’État soviétique

Fichier:Lenin-office-1918.jpg
Lénine président du Conseil des Commissaires du Peuple, au Kremlin en 1918

Le 8 novembre, Lénine est nommé président du Conseil des Commissaires du Peuple par le Congrès des soviets russes. Sous son impulsion, les soviets nationalisent la grande propriété foncière (19 février 1918), les industries (30 juin 1918), et déclarent assurer la dictature du prolétariat. La guerre civile russe prend de l'ampleur.

Face à la menace d’une invasion allemande, mais connaissant aussi la situation grave des empires centraux et les perspectives révolutionnaires ainsi ouvertes, et confrontés aux oppositions au sein même de la Russie, les chefs révolutionnaires s'interrogent.

La majorité des chefs bolcheviques, tels que Boukharine, soutiennent la poursuite de la guerre comme moyen de provoquer la révolution en Allemagne. Lénine défend l'option d'un armistice ou d'un traité de paix, coûte que coûte, afin de consolider le régime. Léon Trotski, qui mène les négociations, recommande quant à lui une position intermédiaire, préconisant la démobilisation de l'armée sans signer une paix injuste.

Quand les négociations échouent, l’Allemagne lance à partir du 18 février 1918 une invasion au cours de laquelle la Russie perd une large part de son territoire occidental. En conséquence, la position de Lénine rassemble les suffrages de la majorité des chefs bolcheviques et la Russie finit par signer le Traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918) qui lui est nettement défavorable. Lénine transfère la capitale à Moscou (12 mars)[1] et inaugure la politique dite du communisme de guerre, dans le cadre de la guerre civile.

En acceptant que les soviets soient la seule forme légitime de gouvernement ouvrier, Lénine conclut l’Assemblée constituante russe. Les bolcheviques perdent les élections qui s’y tiennent et qui sont remportées par le Parti socialiste-révolutionnaire (PSR). Celui-ci s'est scindé en septembre 1917 en faction gauche (pro soviet - Parti socialiste-révolutionnaire de gauche) et droite (anti-soviet). Les bolcheviks ont alors le soutien d’une majorité du Congrès des soviets et forment un gouvernement de coalition avec les Socialistes-révolutionnaires de gauche. Cependant, cette coalition s’effondre après que les Socialistes révolutionnaires (SR) de gauche se sont opposés aux conditions du traité de Brest-Litovsk. Ils se joignent alors à d’autres partis afin de renverser le gouvernement des soviets par la guerre civile. Du coup, Lénine fait interdire les Socialistes révolutionnaires (y compris les « SR de gauche »).

En juillet 1918, il fait approuver par le Ve congrès des soviets la première Constitution de la République fédérative des soviets de Russie. Cependant il doit faire face à ce qu'il appelle la « contre-révolution », dont la plus dangereuse est soutenue par l'étranger (1918-1921). En juillet, la situation reste très confuse. Le Tsar est exécuté avec sa famille et ses proches (toute la famille du tsar ; sa fille Anastasia, malgré toutes les histoires qui tournent autour de sa survie, est elle aussi exécutée).

Lénine proclame le pouvoir des Soviets

Le 20 août 1918, Fanny Kaplan, membre du Parti socialiste-révolutionnaire, approche Lénine alors que celui-ci regagne sa voiture à l’issue d’un meeting. Elle l’appelle, il se retourne, elle lui tire dessus trois fois. Deux balles l’atteignent : l’une à l’épaule, l’autre au poumon. Lénine est emmené à son appartement privé au Kremlin et refuse de s’aventurer à l’hôpital, craignant que d’autres assassins ne l’y attendent. Les médecins jugent trop dangereux d’extraire les balles. Lénine survit et reprend son activité, mais sa santé s'en ressentit.

Fichier:Stalin-Lenin-Kalinin-1919.jpg
Staline, Lénine et Kalinine au VIIIe congrès du Parti commustiste russe, mars 1919

En mars 1919, Lénine et d’autres leaders bolcheviques se joignent à des socialistes révolutionnaires du monde entier et forment la IIIe Internationale communiste. C'est l'époque de la sécession avec le mouvement socialiste. À compter de ce moment, les membres de l’Internationale communiste, y compris Lénine et les bolcheviks eux-mêmes, furent connus comme les communistes. En Russie, le parti bolchevique est rebaptisé Parti communiste russe (bolchevik) qui devient finalement le PCUS en 1922. C'est le seul parti autorisé, les autres sont interdits et leurs membres poursuivis.

Dans le même temps, de 1918 à 1921, la guerre civile russe et le communisme de guerre continuent à faire rage dans toute la Russie. Des mouvements politiques très divers et leurs militants prennent les armes pour soutenir ou renverser le gouvernement soviétique. Des puissances étrangères arment des « armées blanches » afin de renverser le pouvoir des soviets. Dans une situation de « citadelle assiégée », le communisme de guerre est impitoyable, comme la guerre qui lui a donné naissance. L'occupation de l'Ukraine par les armées allemandes et le blocus privent la Russie de blé. Pour faire face à la famine et nourrir les villes, à court de moyens de paiement, Lénine reprend les « réquisitions » des approvisionnements des paysans, quasiment sans dédommagement, instaurées sous le gouvernement Kerensky, et interrompues après octobre (les armées blanches doivent d'ailleurs elles aussi renoncer au libre marché et y recourir dans les zones qu'ils contrôlent). Cette spoliation amène les paysans à réduire dramatiquement leur production, parfois à soutenir les ennemis des « rouges » armées blanches ou « vertes ». Parfois, les détachements de réquisition toute nourriture, jusqu'aux graines nécessaires aux semailles des paysans qui résistent.

La guerre civile est particulièrement atroce. Les deux camps recourent aux prises d'otages, exécutions sommaires et expéditions punitives. Certaines sources dénombrent de 100 000 à 500 000 exécutions sommaires durant la guerre civile. Certains voient dans les camps de prisonniers la base du futur goulag, créé en 1929 par Staline, d'autres n'y voient que la continuité des camps de prisonniers utilisés par tous les pays belligérants.

Bien que de nombreuses factions différentes soient impliquées dans cette guerre civile, les deux principaux groupes en présence sont l’Armée rouge (communiste) et les Blancs (tsaristes). Les puissances étrangères telles que la France, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Japon interviennent également dans ce conflit (aux côtés des blancs). Finalement, l’Armée rouge prend l'avantage en 1919, écrasant ses adversaires (comme les anarchistes ukrainiens) et réduisant les forces des russes blancs et de leurs alliés à quelques poches de résistance (qui toutefois perdurèrent durant plusieurs années, notamment dans l'extrême orient russe).

À la fin de l’année 1919, les succès remportés en Russie et le soulèvement de la ligue spartakiste en Allemagne créent aux yeux de Lénine l’occasion idéale de « sonder l’Europe avec les baïonnettes de l’Armée rouge » pour étendre la révolution vers l’ouest, par la force. Au même moment et pour contenir les communistes, les pays occidentaux – convaincus que les forces blanches ne l'emporteraient pas – soutiennent la volonté de la seconde république polonaise, récemment indépendante, de reprendre ses territoires orientaux, annexés par la Russie à l’occasion de la partition de la Pologne à la fin du XVIIIe siècle. La guerre polono-soviétique débute mal pour les Polonais qui, sous-estimant l'armée rouge, se font d'abord étriller et repousser jusqu'à Varsovie. Lénine voyait la Pologne comme le pont que l’Armée rouge devrait traverser afin d’établir le lien entre la Révolution russe et les partisans communistes d’Europe occidentale. Malheureusement pour lui, d'autres ne partageaient guère cette vision, et en conséquence étaient décidé à lui barrer la route : la France (avec l'accord général) envoie une « modeste » « Mission militaire française » (des « instructeurs » tel qu'un certain capitaine de Gaulle, des avions avec leurs pilotes, etc.) qui renverse la situation, permettant aux Polonais de remplir leurs objectifs. Lénine comprend la leçon et renonce (au moins temporairement) à l'exportation de la révolution par des moyens militaires.

La Russie paie le tribut de ces longues années de guerre et une grande partie du pays est en ruine. Dès lors que tous les efforts ne sont plus tendus vers la guerre, Lénine, pragmatique, explique que sous la pression des circonstances, le communisme de guerre a été trop vite : pour reconstruire le pays à partir de rien, un certain retour au libre échange est provisoirement nécessaire. En mars 1921 naît la Nouvelle politique économique (NEP), qui se caractérise par un retour limité du capitalisme privé. L'un des signes indiquant la nécessité de ce retour au libre échange est la Révolte de Kronstadt, un soulèvement armé des marins de la forteresse, est réprimée par l'armée rouge.

En 1922, il transforme l'ancien Empire russe en Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Mais sa santé déclinante réduit progressivement son activité.

A la fin de sa vie, il s'inquiétait énormément sur la capacité d'un parti qu'il dénonce comme bureaucratisé de garder à l'esprit les besoins des travailleurs au niveau international. Son dernier acte politique est de critiquer fortement la brutalité de Staline.

La fin

La dernière photo de Lénine

La santé de Lénine est déjà sérieusement menacée par les contraintes de la révolution et de la guerre. La tentative d’assassinat de 1918 vient s’ajouter à ses problèmes de santé. La balle est toujours logée dans son cou, trop proche de la colonne vertébrale pour qu’on puisse tenter une opération avec les techniques médicales de l’époque. Lénine connaît sa première attaque en mai 1922. Elle le laisse partiellement paralysé (de son côté droit) et son rôle dans le gouvernement diminue. Suite à une deuxième attaque, en décembre de la même année, il doit se résigner à abandonner toute activité politique. En mars 1923, la troisième attaque le cloue au lit et le prive de la parole.

Lénine meurt le 21 janvier 1924.

La plupart des historiens s’accordent pour considérer que la cause de mort la plus probable est l’attaque provoquée par la balle logée dans sa nuque suite à la tentative d’assassinat. La cause officielle de sa mort est une artériosclérose ou une quatrième attaque mais, des 27 médecins qui interviennent pour le soigner, huit seulement souscrivent à cette conclusion sur le rapport d’autopsie. Cela laisse de la place pour des doutes et des théories alternatives.

Peu après sa mort, des indications concernant une syphilis apparaissent. Cela n'aurait rien de très extraordinaire, car une large partie de la Russie à cette époque était atteinte par cette maladie. Le corps de Lénine ne montre aucune lésion visible typique des dernières phases de la maladie. Cependant, des documents rendus publics suite à la chute de l’URSS, ainsi que les mémoires des médecins de Lénine, suggèrent qu’il a été traité pour la syphilis dès 1895. En 1923, les médecins de Lénine lui prescrivent du Salvarsan, le seul médicament disponible à l’époque pour traiter la syphilis, ainsi que de l’iode de potassium, qui était également d’usage fréquent pour le traitement de cette affection. Les documents suggèrent en outre qu’on a donné l’ordre à Alexi Abrikosov, le pathologiste chargé de l’autopsie, de prouver que Lénine n’était pas mort de syphilis. Abrikosov ne mentionne pas la syphilis dans l’autopsie, mais le second rapport d'autopsie ne parle d'aucun des organes, des principales artères ou des régions du cerveau habituellement affectés par la syphilis, alors que les lésions aux vaisseaux du cerveau, la paralysie et certaines autres affections qu’il mentionne sont typiques de cette maladie.
Enfin, un diagnostic posthume par deux psychiatres et un neurologue publié dans le European Journal of Neurology affirme démontrer que Lénine est décédé des suites de la syphilis.

Postérité

Fichier:Lenin's body.jpg
Le corps de Lénine exposé dans le Mausolée de Lénine à Moscou

La ville de Petrograd est renommée « Leningrad » en son honneur en janvier 1924 et conserve ce nom jusqu’à la chute de l’Union soviétique en 1991, date à laquelle elle retrouve son nom d'avant 1914, Saint Pétersbourg.

Suite à sa première attaque, Lénine avait publié plusieurs documents indiquant les recommandations futures pour le gouvernement. Le plus célèbre est le Testament de Lénine, qui entre autres choses critiquait les communistes les plus en vue tels que Léon Trotski et Joseph Staline.

Statue de Lénine à Hanoi, capitale du Viêt Nam

De ce dernier, qui est alors secrétaire général du parti communiste depuis avril 1922, Lénine dit qu’il a « un pouvoir illimité concentré dans ses mains » et suggère que « les camarades envisagent une façon de le démettre de ce poste ». La femme de Lénine découvre le document dans l’étude de celui-ci et le lit au comité central qui tout en y accordant partiellement crédit ne le prend pas à cœur et par conséquent ces critiques virulentes du parti ne sont pas rendues publiques.

Mosaïque dans le métro de Moscou représentant Lénine

Au début des années 1920, le mouvement russe de cosmisme est relativement populaire et il est prévu de conserver le corps de Lénine de manière cryogénique afin de pouvoir lui redonner vie dans le futur. L’équipement nécessaire est acheté à l’étranger mais pour diverses raisons, le projet n’est pas mené à bien. À la place, le corps est embaumé et exposé publiquement dans un mausolée sur la place rouge à Moscou. Chose que Lénine ne voulait sous aucun prétexte, selon lui ce ne sont pas les hommes mais les idées qui doivent être conservées.

Fichier:Statue de Lénine à Seattle, USA.jpg
Statue de Lénine érigée à Seattle, État de Washington, États-Unis

Malgré la volonté exprimée par Lénine peu avant sa mort qu’aucun mémorial ne soit érigé pour lui, divers politiciens (notamment Staline pour asséner son pouvoir sur le peuple) cherchent à améliorer leur image en l’associant à celle de Lénine après sa mort. Il est alors élevé à un statut quasi mythique et les statues, monuments et mémoriaux à son honneur fleurissent.

Après la mort de Lénine, la compétition fait rage pour recueillir la légitimité que son nom apporte. Le vocable marxisme-léninisme et celui de léninisme apparaissent, le premier constituant la doctrine officielle de l'URSS (jusqu'à la fin) et des principaux partis communistes dans le monde (mais beaucoup moins aujourd'hui). Le marxisme-léninisme est aussi appelé stalinisme par ses détracteurs, comme les trotskistes ou les communistes s'opposant à ce que devient l'URSS.

Écrits

Il est l’auteur d'une œuvre théorique et philosophique qui se veut dans la continuité de celle de Karl Marx, et qu'il a défendue contre les « révisionnistes » (Kautsky, etc.). Pour aborder sa pensée, on peut retenir :

Lénine méconnu

  • De nombreux textes n'ont jamais été publiés dans les Œuvres complètes de Lénine, publiées entre 1920 et 1965. Ce sont principalement des lettres, notes et télégrammes liés à la politique mise en œuvre dès 1917. À plusieurs reprises, Nicolas Werth a commenté ces textes, qui révèlent la passion révolutionnaire qui animait Lénine. Exemples.
  • Télégramme de Lénine, daté du 11 août 1918 : " Camarades, le soulèvement koulak dans vos cinq districts doit être écrasé sans pitié. Les intérêts de la révolution tout entière l’exigent, car partout la lutte finale avec les koulaks est désormais engagée. Il faut 1°) Pendre ( et je dis pendre de façon que les gens le voient ) pas moins de cent koulaks, richards, vampires connus. 2°) Publier leurs noms. 3°) S’emparer de tout leur grain. 4°) Identifier les otages comme nous l’avons indiqué dans notre télégramme hier. Faites cela de façon qu’à des centaines de verstes à la ronde, le peuple voie, tremble, sache et s’écrie : ils étranglent et continueront d’étrangler les koulaks-vampires. Télégraphiez que vous avez reçu et mis à exécution ces instructions. Votre Lénine. P.S. Trouvez des gens plus durs."
  • "Pour Lénine, la tâche essentielle sur la voie du socialisme, du progrès, c’est l’élimination des « éléments nuisibles » du corps social, la chasse aux « parasites ». Ce discours, qui appelle à se débarrasser en permanence des « survivances de la maudite société capitaliste », de « l’arriération des campagnes », des « déchets de l’humanité », des « membres irrémédiablement pourris et gangrénés » se développe avec force dans un texte de décembre 1917. Comment organiser l’émulation ? , admirablement commenté par Alexandre Soljenitsyn dans les premières pages de L’Archipel du Goulag . Les masses organisées et conscientes sont appelées à « contrôler, recenser, épurer la terre russe de tous les insectes nuisibles, des puces ( les filous) et des punaises ( les riches) ». « Ici, poursuit Lénine, on mettra en prison une dizaine de riches, une douzaine de filous, une demi-douzaine d’ouvriers qui tirent au flanc ( …). Là, on les enverra nettoyer les latrines. Ailleurs, on les munira, au sortir du cachot, d’une carte jaune afin que le peuple entier puisse surveiller ces gens nuisibles jusqu’à ce qu’ils se soient corrigés. Ou encore on fusillera sur place un individu sur dix coupables de parasitisme ( …) Plus on expérimentera de moyens de la sorte, et plus rapidement et sûrement le socialisme vaincra, car c’est dans la pratique que se forgent les armes les plus efficaces ». Ce texte, écrit à un moment où aucune force d’opposition, étrangère ou intérieure, ne menace le nouveau régime issu du coup d’État du 25 octobre 1917, appelle deux commentaires. Le premier – sur l’animalisation de l’ennemi, ravalé au rang de parasite. Dans les textes léninistes, les « koulaks », ces paysans un peu plus aisés, et surtout plus entreprenants que la moyenne, ne sont jamais autrement qualifiés que comme des « vampires », des « scorpions », des « sangsues », des « buveurs de sang », des « poux ». Il en est de même des « popes », des « bourgeois » et des « riches ». On notera aussi, dans Comment organiser l’émulation ? , l’étonnante – mais ô combien productive - distinction entre les puces ( les filous) et les punaises (les riches). Doivent être épurés, en effet, non seulement les représentants des classes ennemies, les « riches », mais aussi les « éléments nuisibles, les canailles, les filous, les hooligans » infiltrés dans les rangs du prolétariat - bref, les « faux-ouvriers », la derevenschina ( les bouseux, dont Lénine a horreur ), qu’ils fassent partie de « l’aristocratie ouvrière » ou des « éléments arriérés et politiquement inconscients du prolétariat ». Une tâche assurément herculéenne, qui justifie une purge permanente, jamais achevée." (Nicolas Werth)
  • En savoir plus : texte intégral de la communication de Nicolas Werth à l'Académie des sciences morales et politiques et débat avec l'auditoire

Anecdotes

Pseudonyme

« Lénine » est un pseudonyme révolutionnaire . Il n'a jamais expliqué publiquement son choix, ce qui laisse le champ libre à toutes les théories. À cette époque, Georgui Plekhanov qui semble avoir eu une influence importante sur Lénine utilisait le pseudonyme Volgine, d’après la Volga. Mais certains ont vu dans le choix de la Lena, plus longue et coulant dans la direction opposée, le signe d'une opposition entre Plekhanov et Lénine. Il existe d’autres théories concernant l’origine de ce nom. Pendant son exil à Chouchenskoïe, en Sibérie, le fleuve russe le plus proche était l'Ienisseï, non la Lena : ce n'est donc pas une évocation de son séjour dans cette région.

On trouve parfois le nom de "Nikolai Lénine", bien qu’il n’ait jamais été connu sous ce nom en Russie.

L’étude du cerveau de Lénine

Le cerveau de Lénine fut prélevé avant que son corps soit embaumé. Le gouvernement soviétique demanda au célèbre neuroscientifique Oskar Vogt de l’étudier afin de localiser précisément les cellules responsables de son génie. L’Institut du cerveau fut créé à Moscou spécifiquement dans ce but. Vogt publia un article sur le cerveau en 1929 dans lequel il rapporte que certains neurones pyramidaux dans la troisième couche du cortex cérébral de Lénine étaient particulièrement larges. Cependant les conclusions concernant le lien entre cette observation et le génie furent contestées. Le travail de Vogt fut considéré comme insatisfaisant par les soviétiques. Les recherches furent poursuivies par l’équipe soviétique mais les travaux concernant le cerveau de Lénine ne furent plus rendus publics.

Les anatomistes contemporains ne croient plus que la morphologie seule puisse déterminer le fonctionnement du cerveau.

Citations

  • « La liberté, en société capitaliste, reste toujours à peu près ce qu'elle fut dans les républiques de la Grèce antique : une liberté pour les propriétaires d'esclaves. » (L'état et la révolution).
  • Citation de Lénine répondant aux espérantistes : « Nous avons déjà trois langues mondiales et le russe sera la quatrième. »
  • « La société tout entière deviendra un seul immense bureau et une seule immense usine avec égalité de travail et égalité de rétribution. »

L'état et la révolution

  • « Grise est la théorie (...) mais toujours vert est l'arbre de la vie. »

Goethe, Faust, cité par Lénine dans Lettres sur la tactique, 8-13 avril 1917 [2]

Références

Bibliographie

  • Présence de Lénine - la trame d'une vie héroïque par Georges Cogniot - Editions sociales, Paris, 1970 : biographie de Lénine par un dirigeant communiste français.
  • Lénine par Hélène Carrère d'Encausse - Hachette, 2005
  • Lénine par Jean-Jacques Marie - Balland, 2004
  • Mes rencontres avec Lénine par Nicolas Valentinov - Editions Gérard Lebovici, 1964 (rééd. 1987) : un des meilleurs ouvrages, sinon le meilleur, sur le sujet Lénine.

Voir aussi

wikilien alternatif2

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Vladimir Ilitch Lénine.

Liens internes

marxisme, léninisme, bolchévisme, luxembourgisme, marxisme-léninisme, stalinisme, trotskysme, maoisme, Communisme-ouvrier, IIIe Internationale, Capitalisme d'État. communisme, socialisme, Rosa Luxemburg, Anton Pannekoek, Herman Gorter, Alexandra Kollontaï, bordiguisme, extrême gauche, mouvements révolutionnaires, Idées politiques, mouvements politiques, Alexandre Oulianov, totalitarisme, dictature.

Liens externes

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