« Incident du peuplier » : différence entre les versions

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== Déroulement des faits ==
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[[Fichier:Joint Security Area 1976 map.jpg|vignette|Carte de la [[Joint Security Area]] en 1976.]]
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Le 18 août 1976, un groupe de cinq membres du {{Lien|langue=en|fr=Korean Service Corps}}, escortés par une patrouille du [[Commandement des Nations unies en Corée]], constituée de deux capitaines (dont Arthur G. Bonifas) et de onze soldats américains et sud-coréens, pénètrent dans la JSA afin d'abattre l'arbre, comme convenu avec une délégation de l'[[armée populaire de Corée|armée nord-coréenne]]<ref>{{en}} [https://web.archive.org/web/20051024105914/http://www.nautilus.org/foia/NegotiatingwithNK.pdf Negotiating With the North Koreans: The U.S. Experience at Panmunjom], consulté le 7 février 2013</ref>.
Le {{date-|18 août 1976}}, un groupe de cinq membres du {{Lien|langue=en|fr=Korean Service Corps}}, escortés par une patrouille du [[Commandement des Nations unies en Corée]], constituée de deux capitaines (dont Arthur G. Bonifas) et de onze soldats américains et sud-coréens, pénètrent dans la JSA afin d'abattre l'arbre, comme convenu avec une délégation de l'[[armée populaire de Corée|armée nord-coréenne]]<ref>{{en}} [https://web.archive.org/web/20051024105914/http://www.nautilus.org/foia/NegotiatingwithNK.pdf Negotiating With the North Koreans: The U.S. Experience at Panmunjom], consulté le 7 février 2013.</ref>.


Les deux capitaines ne portaient pas d'armes de service sur eux du fait que les membres de la JSA étaient limités à cinq officiers et trente soldats armés. Immédiatement après que ceux-ci eurent commencé à abattre l'arbre, quinze à seize soldats nord-coréens sous les ordres du lieutenant Pak Chul arrivent sur les lieux et les observent pendant quinze minutes avant de demander à la patrouille onusienne de s'arrêter, déclarant que le peuplier ne pouvait pas être abattu car « le leader de Corée du Nord [[Kim Il-sung]] l'avait planté personnellement, nourri et qu'il grandissait sous sa supervision<ref>{{en}} http://www-2id.korea.army.mil/news/indianhead/indianhead060915.pdf</ref>. »
Les deux capitaines ne portaient pas d'armes de service sur eux du fait que les membres de la JSA étaient limités à cinq officiers et trente soldats armés. Immédiatement après que ceux-ci eurent commencé à abattre l'arbre, quinze à seize soldats nord-coréens sous les ordres du lieutenant Pak Chul arrivent sur les lieux et les observent pendant quinze minutes avant de demander à la patrouille onusienne de s'arrêter, déclarant que le peuplier ne pouvait pas être abattu car « le leader de Corée du Nord [[Kim Il-sung]] l'avait planté personnellement, nourri et qu'il grandissait sous sa supervision<ref>{{en}} http://www-2id.korea.army.mil/news/indianhead/indianhead060915.pdf.</ref>. »


Le capitaine Bonifas ordonne à ses hommes de continuer d'abattre l'arbre tandis que Pak envoie un messager sur le « pont de Non-retour ». Immédiatement après, un camion nord-coréen arrive avec vingt soldats armés de [[Pied-de-biche|pieds-de-biche]] et de [[gourdin]]s. Le lieutenant Pak demande à nouveau aux Américains d'arrêter d'abattre l'arbre avant que les soldats nord-coréens n'attaquent le capitaine Bonifas et le lieutenant Barrett, blessant également tous les soldats onusiens, à l'exception d'un seul<ref>{{en}} [http://www.stripes.com/news/memorial-roll-call-for-soldiers-killed-in-infamous-dmz-incident-1.53006 Memorial roll call for soldiers killed in infamous DMZ incident], Stars and stripes, 20 août 2006</ref>.
Le capitaine Bonifas ordonne à ses hommes de continuer d'abattre l'arbre tandis que Pak envoie un messager sur le « pont de Non-retour ». Immédiatement après, un camion nord-coréen arrive avec vingt soldats armés de [[Pied-de-biche|pieds-de-biche]] et de [[gourdin]]s. Le lieutenant Pak demande à nouveau aux Américains d'arrêter d'abattre l'arbre avant que les soldats nord-coréens n'attaquent le capitaine Bonifas et le lieutenant Barrett, blessant également tous les soldats onusiens, à l'exception d'un seul<ref>{{en}} [http://www.stripes.com/news/memorial-roll-call-for-soldiers-killed-in-infamous-dmz-incident-1.53006 Memorial roll call for soldiers killed in infamous DMZ incident], Stars and stripes, 20 août 2006.</ref>.


Le capitaine Bonifas est assommé par Pak puis frappé à mort par au moins cinq Nord-Coréens.
Le capitaine Bonifas est assommé par Pak puis frappé à mort par au moins cinq Nord-Coréens.
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Les médias nord-coréens déclarent peu de temps après l'incident :
Les médias nord-coréens déclarent peu de temps après l'incident :


« Vers 10 h 45 aujourd'hui, les agresseurs impérialistes américains ont envoyé 14 voyous avec des hachettes dans la Joint Security Area pour couper des arbres de leur propre gré, sans le consentement au préalable des autorités nord-coréennes. Quatre personnes de notre côté sont allées sur place pour les avertir de ne pas poursuivre le travail sans notre consentement. Contre notre persuasion, ils ont attaqué nos gardes en masse et commis un acte gravement provocateur en battant nos hommes, brandissant des armes meurtrières du fait que nous étions en infériorité numérique. Nos gardes ne pouvaient que recourir à l'auto-défense dans le cadre de cette provocation téméraire<ref>{{en}} U.N. Korean War Allies Association, ''Axe-Wielding Murder at Panmunjom''. Seoul, South Korea: U.N. Korean War Allies Association, 1976. {{p.|7}}</ref>. »
« Vers 10 h 45 aujourd'hui, les agresseurs impérialistes américains ont envoyé 14 voyous avec des hachettes dans la Joint Security Area pour couper des arbres de leur propre gré, sans le consentement au préalable des autorités nord-coréennes. Quatre personnes de notre côté sont allées sur place pour les avertir de ne pas poursuivre le travail sans notre consentement. Contre notre persuasion, ils ont attaqué nos gardes en masse et commis un acte gravement provocateur en battant nos hommes, brandissant des armes meurtrières du fait que nous étions en infériorité numérique. Nos gardes ne pouvaient que recourir à l'auto-défense dans le cadre de cette provocation téméraire<ref>{{en}} U.N. Korean War Allies Association, ''Axe-Wielding Murder at Panmunjom''. Seoul, South Korea: U.N. Korean War Allies Association, 1976. {{p.|7}}.</ref>. »


Quatre heures après l'incident, Kim Il Sung s'adresse à une conférence du [[mouvement des non-alignés]] à [[Colombo]] au [[Sri Lanka]] lors de laquelle il présente un document décrivant l'incident comme une attaque ordonnée par les officiers américains contre les gardes nord-coréens. Il demande que soit votée une résolution condamnant les [[États-Unis]] et demande la dissolution du [[Commandement des Nations unies en Corée]], résolution soutenue par [[Cuba]] et qui sera adoptée.
Quatre heures après l'incident, Kim Il Sung s'adresse à une conférence du [[mouvement des non-alignés]] à [[Colombo]] au [[Sri Lanka]] lors de laquelle il présente un document décrivant l'incident comme une attaque ordonnée par les officiers américains contre les gardes nord-coréens. Il demande que soit votée une résolution condamnant les [[États-Unis]] et demande la dissolution du [[Commandement des Nations unies en Corée]], résolution soutenue par [[Cuba]] et qui sera adoptée.
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== L'opération ''Paul Bunyan'' ==
== L'opération ''Paul Bunyan'' ==
[[Fichier:Members of 2nd Engineer Battalion begin to cut down the tree.jpg|vignette|Ingénieurs du [[2e bataillon du génie (États-Unis)|{{2e}} bataillon du génie américain]] abattant le peuplier lors de l'opération ''[[Paul Bunyan]]'' le 21 août 1976.]]
[[Fichier:Members of 2nd Engineer Battalion begin to cut down the tree.jpg|vignette|Ingénieurs du [[2e bataillon du génie (États-Unis)|{{2e}} bataillon du génie américain]] abattant le peuplier lors de l'opération ''[[Paul Bunyan]]'' le 21 août 1976.]]
Trois jours plus tard, bien que craignant que l'opération puisse mener à une guerre avec la Corée du Nord, les États-Unis lancent l'opération ''[[Paul Bunyan]]'' le 21 août à une heure du matin en envoyant des ingénieurs du [[2e bataillon du génie (États-Unis)|{{2e}} bataillon du génie américain]] escorté par des membres du [[9e régiment d'infanterie (États-Unis)|{{9e}} régiment d'infanterie]] afin d'abattre l'arbre, secondés par une [[Armée de terre de la République de Corée|compagnie des forces spéciales sud-coréenne]] de 64 hommes et envoyant une vingtaine d'hélicoptères utilitaires et sept [[Bell AH-1 Cobra]] de l’[[United States Army Aviation Branch|aviation légère américaine]], et des avions de combat [[Northrop F-5 Freedom Fighter]] sud-coréens et des [[McDonnell Douglas F-4 Phantom II|F-4 Phantom II]] américains de la [[Kunsan Air Base|base de Kunsan]] en escorte<ref name="probst">{{article|nom=Probst |prénom=Reed R. |titre=Negotiating With the North Koreans: The U.S. Experience at Panmunjom |périodique=U.S. Army War College |lieu=Carlisle Barracks, Pennsylvania |date=16 mai 1977 |url=http://www.nautilus.org/foia/NegotiatingwithNK.pdf |consulté le=17 décembre 2009 |deadurl=yes |archiveurl=https://web.archive.org/web/20051024105914/http://www.nautilus.org/foia/NegotiatingwithNK.pdf |archivedate=October 24, 2005 }}</ref>. L'opération fut un succès malgré l'arrivée et le déploiement par les Nord-Coréens de [[mitrailleuse]]s qui évitèrent toutefois la confrontation et le fait que la souche du peuplier ({{unité|6|mètres}} de haut) ait été délibérément laissée sur place<ref>{{en}} Don Oberdorfer, ''The Two Koreas: a contemporary history''. Perseus Books Group, 1997. {{p.|74–83}}</ref>.
Trois jours plus tard, bien que craignant que l'opération puisse mener à une guerre avec la Corée du Nord, les États-Unis lancent l'opération ''[[Paul Bunyan]]'' le 21 août à une heure du matin en envoyant des ingénieurs du [[2e bataillon du génie (États-Unis)|{{2e}} bataillon du génie américain]] escorté par des membres du [[9e régiment d'infanterie (États-Unis)|{{9e}} régiment d'infanterie]] afin d'abattre l'arbre, secondés par une [[Armée de terre de la République de Corée|compagnie des forces spéciales sud-coréenne]] de 64 hommes et envoyant une vingtaine d'hélicoptères utilitaires et sept [[Bell AH-1 Cobra]] de l’[[United States Army Aviation Branch|aviation légère américaine]], et des avions de combat [[Northrop F-5 Freedom Fighter]] sud-coréens et des [[McDonnell Douglas F-4 Phantom II|F-4 Phantom II]] américains de la [[Kunsan Air Base|base de Kunsan]] en escorte<ref name="probst">{{article|nom=Probst |prénom=Reed R. |titre=Negotiating With the North Koreans: The U.S. Experience at Panmunjom |périodique=U.S. Army War College |lieu=Carlisle Barracks, Pennsylvania |date=16 mai 1977 |url=http://www.nautilus.org/foia/NegotiatingwithNK.pdf |consulté le=17 décembre 2009 |deadurl=yes |archiveurl=https://web.archive.org/web/20051024105914/http://www.nautilus.org/foia/NegotiatingwithNK.pdf |archivedate=October 24, 2005 }}.</ref>. L'opération fut un succès malgré l'arrivée et le déploiement par les Nord-Coréens de [[mitrailleuse]]s qui évitèrent toutefois la confrontation et le fait que la souche du peuplier ({{unité|6|mètres}} de haut) ait été délibérément laissée sur place<ref>{{en}} Don Oberdorfer, ''The Two Koreas: a contemporary history''. Perseus Books Group, 1997. {{p.|74–83}}.</ref>.


Le « pont de Non-retour » fut définitivement fermé à la circulation.
Le « pont de Non-retour » fut définitivement fermé à la circulation.
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L'incident et l'opération ''Paul Bunyan'' augmentèrent significativement les tensions entre les Corées du Nord et du Sud et leurs alliés respectifs, l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]], la [[Chine|République populaire de Chine]] et les [[États-Unis]].
L'incident et l'opération ''Paul Bunyan'' augmentèrent significativement les tensions entre les Corées du Nord et du Sud et leurs alliés respectifs, l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]], la [[Chine|République populaire de Chine]] et les [[États-Unis]].


En 1987, la souche de l'arbre fut définitivement enlevée et exposée au « Monastère », le centre d'accueil des visiteurs de la JSA. À la place, un monument a été érigé à la mémoire des deux officiers tués<ref name="veterans.gc.ca">[http://www.veterans.gc.ca/fra/remembrance/history/korean-war/campbonifas Le Camp Bonifas – Panmunjom, Corée sur ''veterans.gc.ca'']</ref>.
En 1987, la souche de l'arbre fut définitivement enlevée et exposée au « Monastère », le centre d'accueil des visiteurs de la JSA. À la place, un monument a été érigé à la mémoire des deux officiers tués<ref name="veterans.gc.ca">[http://www.veterans.gc.ca/fra/remembrance/history/korean-war/campbonifas Le Camp Bonifas – Panmunjom, Corée sur ''veterans.gc.ca''].</ref>.


Une hache censée être l'arme du crime est désormais exposée dans le [[musée de la paix de Corée du Nord]] à [[Panmunjeom]].
Une hache censée être l'arme du crime est désormais exposée dans le [[musée de la paix de Corée du Nord]] à [[Panmunjeom]].
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== Le « camp Bonifas » ==
== Le « camp Bonifas » ==
Le 18 août 1986, lors de commémoration du dixième anniversaire de l'incident, en mémoire de l'une des deux victimes, le capitaine Arthur G. Bonifas (élevé au grade de Major à titre posthume) le camp de base de la Force de sécurité du Commandement des Nations unies située à {{unité|400|mètres}} au sud de la zone démilitarisée et à {{Unité|5|kilomètres}} au sud-est de la JSA, jusqu'alors nommée « Camp Kitty Hawk » fut rebaptisé « {{Lien|langue=en|fr=camp Bonifas}} »<ref name="veterans.gc.ca"/>.
Le {{date-|18 août 1986}}, lors de commémoration du dixième anniversaire de l'incident, en mémoire de l'une des deux victimes, le capitaine Arthur G. Bonifas (élevé au grade de Major à titre posthume) le camp de base de la Force de sécurité du Commandement des Nations unies située à {{unité|400|mètres}} au sud de la zone démilitarisée et à {{Unité|5|kilomètres}} au sud-est de la JSA, jusqu'alors nommée « Camp Kitty Hawk » fut rebaptisé « {{Lien|langue=en|fr=camp Bonifas}} »<ref name="veterans.gc.ca"/>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==

Version du 5 décembre 2017 à 11:24

Reste du peuplier sur sa souche qui fut l'objet de l'incident en 1976. Photographie prise en 1984.

L'incident du peuplier ou incident du meurtre à la hache (en anglais : poplar tree incident ou axe murder incident, en coréen : 판문점 도끼만행사건, 板門店도끼蠻行事件, 도끼殺人事件) est un incident de frontière qui se déroula le dans la Joint Security Area ou JSA (« zone commune de sécurité ») située dans la zone coréenne démilitarisée (DMZ), près de la frontière de facto entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Cet incident se solda par la mort de deux officiers de l'armée de terre des États-Unis tués par des soldats nord-coréens.

Contexte

Dans la Joint Security Area, sur la rive sud-coréenne de la rivière Sachon qui marque la frontière entre les deux pays, à une cinquantaine de mètres du « pont de Non-retour », se dressait un peuplier de 30 mètres de haut qui bloquait la ligne de mire d'un poste d'observation de l'ONU.

À cette époque, les Nord-Coréens étaient contraints de passer par le « pont de Non-retour » et de traverser la zone ennemie par le sud pour accéder à leur propre secteur dans la partie nord de la JSA.

Déroulement des faits

Carte de la Joint Security Area en 1976.

Le , un groupe de cinq membres du Korean Service Corps (en), escortés par une patrouille du Commandement des Nations unies en Corée, constituée de deux capitaines (dont Arthur G. Bonifas) et de onze soldats américains et sud-coréens, pénètrent dans la JSA afin d'abattre l'arbre, comme convenu avec une délégation de l'armée nord-coréenne[1].

Les deux capitaines ne portaient pas d'armes de service sur eux du fait que les membres de la JSA étaient limités à cinq officiers et trente soldats armés. Immédiatement après que ceux-ci eurent commencé à abattre l'arbre, quinze à seize soldats nord-coréens sous les ordres du lieutenant Pak Chul arrivent sur les lieux et les observent pendant quinze minutes avant de demander à la patrouille onusienne de s'arrêter, déclarant que le peuplier ne pouvait pas être abattu car « le leader de Corée du Nord Kim Il-sung l'avait planté personnellement, nourri et qu'il grandissait sous sa supervision[2]. »

Le capitaine Bonifas ordonne à ses hommes de continuer d'abattre l'arbre tandis que Pak envoie un messager sur le « pont de Non-retour ». Immédiatement après, un camion nord-coréen arrive avec vingt soldats armés de pieds-de-biche et de gourdins. Le lieutenant Pak demande à nouveau aux Américains d'arrêter d'abattre l'arbre avant que les soldats nord-coréens n'attaquent le capitaine Bonifas et le lieutenant Barrett, blessant également tous les soldats onusiens, à l'exception d'un seul[3].

Le capitaine Bonifas est assommé par Pak puis frappé à mort par au moins cinq Nord-Coréens.

Pendant ce temps, le lieutenant Mark T. Barrett saute un muret et se retrouve dans un creux d'environ 5 m de profondeur, rempli d'arbres. Le creux n'était pas visible de la route à cause de la végétation.

Au bout de 20 à 30 secondes, la force des Nations unies disperse les Nord-Coréens, récupère le corps du capitaine Bonifas et le place dans le camion.

Ils ne voient pas le lieutenant Barrett.

Ils observent les gardes nord-coréens attraper (par les talons) environ cinq membres de leur propre force et les ramener de l'autre côté du pont. On voit également un garde descendre dans le creux, pour quelques minutes, muni d'une hache qu'il passe ensuite au soldat suivant qui répète alors la manœuvre. Ce comportement est perçu pendant 90 minutes, jusqu'à ce que la disparition du lieutenant soit rapportée. L'équipe partie rechercher le lieutenant Barrett le retrouve rapidement, blessé par des coups de hache. Il est alors évacué par hélicoptère, mais son décès est constaté peu après le décollage.

L'incident a été filmé par les postes d'observation.

Réactions nord-coréennes et américaines

Mémorial aux victimes de l'incident.
Inscription sur la plaque.

Les médias nord-coréens déclarent peu de temps après l'incident :

« Vers 10 h 45 aujourd'hui, les agresseurs impérialistes américains ont envoyé 14 voyous avec des hachettes dans la Joint Security Area pour couper des arbres de leur propre gré, sans le consentement au préalable des autorités nord-coréennes. Quatre personnes de notre côté sont allées sur place pour les avertir de ne pas poursuivre le travail sans notre consentement. Contre notre persuasion, ils ont attaqué nos gardes en masse et commis un acte gravement provocateur en battant nos hommes, brandissant des armes meurtrières du fait que nous étions en infériorité numérique. Nos gardes ne pouvaient que recourir à l'auto-défense dans le cadre de cette provocation téméraire[4]. »

Quatre heures après l'incident, Kim Il Sung s'adresse à une conférence du mouvement des non-alignés à Colombo au Sri Lanka lors de laquelle il présente un document décrivant l'incident comme une attaque ordonnée par les officiers américains contre les gardes nord-coréens. Il demande que soit votée une résolution condamnant les États-Unis et demande la dissolution du Commandement des Nations unies en Corée, résolution soutenue par Cuba et qui sera adoptée.

De son côté, la CIA estime que l'attaque nord-coréenne avait été préméditée. Les forces américaines en Corée du Sud furent mises en état d'alerte DEFCON 3 le 19 août.

L'opération Paul Bunyan

Fichier:Members of 2nd Engineer Battalion begin to cut down the tree.jpg
Ingénieurs du 2e bataillon du génie américain abattant le peuplier lors de l'opération Paul Bunyan le 21 août 1976.

Trois jours plus tard, bien que craignant que l'opération puisse mener à une guerre avec la Corée du Nord, les États-Unis lancent l'opération Paul Bunyan le 21 août à une heure du matin en envoyant des ingénieurs du 2e bataillon du génie américain escorté par des membres du 9e régiment d'infanterie afin d'abattre l'arbre, secondés par une compagnie des forces spéciales sud-coréenne de 64 hommes et envoyant une vingtaine d'hélicoptères utilitaires et sept Bell AH-1 Cobra de l’aviation légère américaine, et des avions de combat Northrop F-5 Freedom Fighter sud-coréens et des F-4 Phantom II américains de la base de Kunsan en escorte[5]. L'opération fut un succès malgré l'arrivée et le déploiement par les Nord-Coréens de mitrailleuses qui évitèrent toutefois la confrontation et le fait que la souche du peuplier (6 mètres de haut) ait été délibérément laissée sur place[6].

Le « pont de Non-retour » fut définitivement fermé à la circulation.

Vue par dessus une vitrine d'une hache couchée sur le flan.
La hache au musée de la paix de Corée du Nord.

L'incident et l'opération Paul Bunyan augmentèrent significativement les tensions entre les Corées du Nord et du Sud et leurs alliés respectifs, l'URSS, la République populaire de Chine et les États-Unis.

En 1987, la souche de l'arbre fut définitivement enlevée et exposée au « Monastère », le centre d'accueil des visiteurs de la JSA. À la place, un monument a été érigé à la mémoire des deux officiers tués[7].

Une hache censée être l'arme du crime est désormais exposée dans le musée de la paix de Corée du Nord à Panmunjeom.

Le « pont de 72 heures »

À 150 m en amont du « pont de Non-retour », les Nord-Coréens édifièrent après l'incident, le « pont de 72 heures » (appelé ainsi parce qu'il fut construit en trois jours), ceci afin de pouvoir accéder directement à leur secteur sur la JSA depuis le village de Panmunjeom, évitant de transiter par le secteur sud-coréen.

Le « camp Bonifas »

Le , lors de commémoration du dixième anniversaire de l'incident, en mémoire de l'une des deux victimes, le capitaine Arthur G. Bonifas (élevé au grade de Major à titre posthume) le camp de base de la Force de sécurité du Commandement des Nations unies située à 400 mètres au sud de la zone démilitarisée et à 5 kilomètres au sud-est de la JSA, jusqu'alors nommée « Camp Kitty Hawk » fut rebaptisé « camp Bonifas »[7].

Notes et références

  1. (en) Negotiating With the North Koreans: The U.S. Experience at Panmunjom, consulté le 7 février 2013.
  2. (en) http://www-2id.korea.army.mil/news/indianhead/indianhead060915.pdf.
  3. (en) Memorial roll call for soldiers killed in infamous DMZ incident, Stars and stripes, 20 août 2006.
  4. (en) U.N. Korean War Allies Association, Axe-Wielding Murder at Panmunjom. Seoul, South Korea: U.N. Korean War Allies Association, 1976. p. 7.
  5. Reed R. Probst, « Negotiating With the North Koreans: The U.S. Experience at Panmunjom », U.S. Army War College, Carlisle Barracks, Pennsylvania,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  6. (en) Don Oberdorfer, The Two Koreas: a contemporary history. Perseus Books Group, 1997. p. 74–83.
  7. a et b Le Camp Bonifas – Panmunjom, Corée sur veterans.gc.ca.

Annexes

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Sources

Articles connexes

Lien externe