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« Taj Mahal » : différence entre les versions

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Le '''Taj Mahal''', en [[devanagari]] {{lang|hi|ताजमहल}}, en [[persan]] {{lang|fa|تاج محل}} qui signifie « le palais de la couronne », est situé à [[Agra]], au bord de la rivière [[Yamuna]], dans l'État de l'[[Uttar Pradesh]], en [[Inde]]<ref>{{Lien web |titre=World Heritage Sites - Agra - Taj Mahal |url=http://asi.nic.in/asi_monu_whs_agratajmahal.asp |site=Archaeological Survey of India |date=13 novembre 2015}}</ref>. C'est un [[mausolée]] de [[marbre]] blanc construit par l'empereur [[Empire moghol|moghol]] musulman [[Shâh Jahân]] en mémoire de son épouse [[Arjumand Bânu Begam]]<ref>{{Lien web |titre=Taj! Overview |url=http://www.tajmahal.gov.in/overview.html |site=tajmahal.gov.in |date=13 novembre 2015}}</ref>, aussi connue sous le nom de ''Mumtaz Mahal'', qui signifie en [[persan]] « la lumière du palais ». Elle meurt le {{Date|17|juin|1631}} en donnant naissance à leur quatorzième enfant alors qu'elle allait à la campagne. Elle trouve une première sépulture sur place dans le jardin Zainabad à [[Burhanpur]]. La construction du mausolée commence en [[1631]] et est achevée dans sa plus grande partie en [[1648]]<ref>{{Lien web |titre=Taj Mahal |url=http://whc.unesco.org/en/list/252 |site=[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]] |date=13 novembre 2015}}</ref>. Son époux, meurt le {{date|31 janvier 1666}}, est inhumé auprès d'elle.
Le '''Taj Mahal''', en [[devanagari]] {{lang|hi|ताजमहल}}, en [[persan]] {{lang|fa|تاج محل}} qui signifie « le palais de la couronne », est situé à [[Agra]], au bord de la rivière [[Yamuna]], dans l'État de l'[[Uttar Pradesh]], en [[Inde]]<ref>{{Lien web |titre=World Heritage Sites - Agra - Taj Mahal |url=http://asi.nic.in/asi_monu_whs_agratajmahal.asp |site=Archaeological Survey of India |date=13 novembre 2015}}</ref>. C'est un [[mausolée]] de [[marbre]] blanc construit par l'empereur [[Empire moghol|moghol]] musulman [[Shâh Jahân]] en mémoire de son épouse [[Arjumand Bânu Begam]]<ref>{{Lien web |titre=Taj! Overview |url=http://www.tajmahal.gov.in/overview.html |site=tajmahal.gov.in |date=13 novembre 2015}}</ref>, aussi connue sous le nom de ''Mumtaz Mahal'', qui signifie en [[persan]] « la lumière du palais ». Elle meurt le {{date|17|juin|1631}} en donnant naissance à leur quatorzième enfant alors qu'elle allait à la campagne. Elle trouve une première sépulture sur place dans le jardin Zainabad à [[Burhanpur]]. La construction du mausolée commence en [[1631]] et est achevée dans sa plus grande partie en [[1648]]<ref>{{Lien web |titre=Taj Mahal |url=http://whc.unesco.org/en/list/252 |site=[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]] |date=13 novembre 2015}}</ref>. Son époux, meurt le {{date|31 janvier 1666}}, est inhumé auprès d'elle.


Le Taj Mahal est considéré comme un joyau de l'[[architecture moghole]], un style qui combine des éléments architecturaux des architectures [[architecture islamique|islamique]], [[Architecture iranienne|iranienne]], [[Empire ottoman|ottomane]] et [[Architecture en Inde|indienne]]<ref>{{en}} {{ouvrage |titre=Review of Mughal Architecture: Its outline and its history p. 1301| éditeur= [[The Journal of Asian Studies]]| auteur= Hasan Parween |volume=53|date= novembre 1994| numéro=4}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} {{ouvrage | auteur=Lesley A. DuTemple |titre=The Taj Mahal, p. 26: "The Taj Mahal, a spectacular example of Moghul architecture, blends Islamic, Hindu and Persian styles |éditeur= Lerner Publishing Group |date= Mars 2003 }}.</ref>.
Le Taj Mahal est considéré comme un joyau de l'[[architecture moghole]], un style qui combine des éléments architecturaux des architectures [[architecture islamique|islamique]], [[Architecture iranienne|iranienne]], [[Empire ottoman|ottomane]] et [[Architecture en Inde|indienne]]<ref>{{en}} {{Ouvrage |titre=Review of Mughal Architecture: Its outline and its history p. 1301| éditeur= [[The Journal of Asian Studies]]| auteur= Hasan Parween |volume=53|date= novembre 1994| numéro=4}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} {{Ouvrage | auteur=Lesley A. DuTemple |titre=The Taj Mahal, p. 26: "The Taj Mahal, a spectacular example of Moghul architecture, blends Islamic, Hindu and Persian styles |éditeur= Lerner Publishing Group |date= Mars 2003}}.</ref>.


Il est considéré que l'architecte principal fut [[Ustad Ahmad Lahauri]]<ref name="History of the Taj Mahal Agra">{{lien web|langue=en | url=http://www.agrahub.com/taj-mahal-agra/history-of-the-tajmahal.html|éditeur= agra hub |titre=History of the Taj Mahal Agra |consulté le =12 mai 2013}}</ref>{{,}}<ref name="IAAO">{{lien web|langue=en|url=http://www.islamicart.com/library/empires/india/taj_mahal.html |titre=The Taj mahal| éditeur=Islamic Arts and Architecture Organization| consulté le =12 mai 2013}}</ref> de [[Lahore]]<ref name="K88" group=k>Koch, {{p.|88}}.</ref>.
Il est considéré que l'architecte principal fut [[Ustad Ahmad Lahauri]]<ref name="History of the Taj Mahal Agra">{{Lien web|langue=en | url=http://www.agrahub.com/taj-mahal-agra/history-of-the-tajmahal.html|éditeur= agra hub |titre=History of the Taj Mahal Agra |consulté le = 12 mai 2013}}</ref>{{,}}<ref name="IAAO">{{Lien web|langue=en|url=http://www.islamicart.com/library/empires/india/taj_mahal.html |titre=The Taj mahal| éditeur=Islamic Arts and Architecture Organization| consulté le = 12 mai 2013}}</ref> de [[Lahore]]<ref name="K88" group=k>Koch, {{p.|88}}.</ref>.


== Géographie ==
== Géographie ==
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[[Fichier:Tajplan.png|thumb|left|Plan du site]]
[[Fichier:Tajplan.png|thumb|left|Plan du site]]


Le Taj Mahal est élevé sur la rive droite de la [[Yamuna]], parmi les pavillons d'agrément, les jardins des princes et des dignitaires de la Cour d'[[Agra]] alors capitale de l'[[empire moghol]].
Le Taj Mahal est élevé sur la rive droite de la [[Yamuna]], parmi les pavillons d'agrément, les jardins des princes et des dignitaires de la Cour d'[[Agra]] alors capitale de l'[[empire moghol]].


Il est érigé au fond d'un jardin ornemental rectangulaire (de {{formatnum:580}} par {{unité|305|mètres}}) clos par une enceinte percée sur chaque côté de quatre portes dont trois sont fausses. Le jardin est parcouru par quatre canaux en croix (le mausolée se reflétant dedans lorsque les fontaines ne coulent pas) pourvus de jets d'eaux et de fontaines, accompagnés tout au long de pavés de marbre et au centre d'un bassin central au niveau du [[Glossaire de l'art moghol|chahâr sû]]. Les enceintes ouest, sud et est comportent en guise de porte un [[Pavillon (architecture)|pavillon]] monumental en [[Grès (géologie)|grès rouge]] incrusté d'une mosaïque géométrique de marbre blanc, leur disposition symétrique reprenant celle traditionnelle des mosquées persanes avec leur cour à quatre [[Iwan (architecture)|iwans]]. La porte principale (''Darwaza-i Rauza'' haute de {{nombre|30|mètres}}) qui se dresse au centre du mur sud de l’avant-cour comporte un grand [[Iwan (architecture)|iwan]] central flanqué d'iwans latéraux. Encadrée de quatre tours octogonales, la porte se prolonge du côté nord de galeries doubles à [[Arc polylobé|arcades polylobées]]<ref>{{ouvrage|auteur=Valérie Bérinstain|titre=L'Inde impériale des grands Moghols|éditeur=Gallimard|date=1997|passage=98|isbn=|lire en ligne=}}</ref>
Il est érigé au fond d'un jardin ornemental rectangulaire (de {{formatnum:580}} par {{unité|305|mètres}}) clos par une enceinte percée sur chaque côté de quatre portes dont trois sont fausses. Le jardin est parcouru par quatre canaux en croix (le mausolée se reflétant dedans lorsque les fontaines ne coulent pas) pourvus de jets d'eaux et de fontaines, accompagnés tout au long de pavés de marbre et au centre d'un bassin central au niveau du [[Glossaire de l'art moghol|chahâr sû]]. Les enceintes ouest, sud et est comportent en guise de porte un [[Pavillon (architecture)|pavillon]] monumental en [[Grès (géologie)|grès rouge]] incrusté d'une mosaïque géométrique de marbre blanc, leur disposition symétrique reprenant celle traditionnelle des mosquées persanes avec leur cour à quatre [[Iwan (architecture)|iwans]]. La porte principale (''Darwaza-i Rauza'' haute de {{unité|30|mètres}}) qui se dresse au centre du mur sud de l’avant-cour comporte un grand [[Iwan (architecture)|iwan]] central flanqué d'iwans latéraux. Encadrée de quatre tours octogonales, la porte se prolonge du côté nord de galeries doubles à [[Arc polylobé|arcades polylobées]]<ref>{{Ouvrage|auteur=Valérie Bérinstain|titre=L'Inde impériale des grands Moghols|éditeur=Gallimard|date=1997|passage=98|isbn=|lire en ligne=}}</ref>


Il est construit en utilisant des matériaux provenant de diverses régions de l'Inde et du reste de l'[[Asie]]. Plus de {{Unité|1000|éléphants}} sont employés pour transporter les matériaux de construction durant l'édification. Le [[marbre]] blanc est extrait du [[Rajasthan]], le [[jaspe]] vient du [[Pendjab]], la [[Turquoise (pierre)|turquoise]] et la [[malachite]] du [[Tibet]], le [[lapis-lazuli]] du [[Sri Lanka]], le [[corail]] de la [[mer Rouge]], la [[cornaline]] de [[Perse]] et du [[Yémen]], l'[[onyx (minéral)|onyx]] du [[Deccan]] et de [[Perse]], les [[grenat]]s du [[Gange]] et du [[Bundelkund]], l'[[agate]] du [[Yémen]] et de [[Jaisalmer]], le [[Quartz (minéral)|cristal de roche]] de l'[[Himalaya]]. En tout, vingt-huit types de [[pierre fine|pierres fines]] ou [[gemme|ornementales]] [[Polychromie|polychromes]] ont été utilisés pour composer les motifs de cette [[Pietra dura#Parchin kari|marqueterie de pierre]] incrustés dans le marbre blanc.
Il est construit en utilisant des matériaux provenant de diverses régions de l'Inde et du reste de l'[[Asie]]. Plus de {{unité|1000|éléphants}} sont employés pour transporter les matériaux de construction durant l'édification. Le [[marbre]] blanc est extrait du [[Rajasthan]], le [[jaspe]] vient du [[Pendjab]], la [[Turquoise (pierre)|turquoise]] et la [[malachite]] du [[Tibet]], le [[lapis-lazuli]] du [[Sri Lanka]], le [[corail]] de la [[mer Rouge]], la [[cornaline]] de [[Perse]] et du [[Yémen]], l'[[onyx (minéral)|onyx]] du [[Deccan]] et de [[Perse]], les [[grenat]]s du [[Gange]] et du [[Bundelkund]], l'[[agate]] du [[Yémen]] et de [[Jaisalmer]], le [[Quartz (minéral)|cristal de roche]] de l'[[Himalaya]]. En tout, vingt-huit types de [[pierre fine|pierres fines]] ou [[gemme|ornementales]] [[Polychromie|polychromes]] ont été utilisés pour composer les motifs de cette [[Pietra dura#Parchin kari|marqueterie de pierre]] incrustés dans le marbre blanc.


Le Taj Mahal est érigé sur des fondations qui doivent supporter {{Unité|25|tonnes}} par mètre carré. Elles sont faites de pilotis en [[acajou]] placés dans des puits alimentés par la rivière Yamuna et remplis de gravats et de mortier. Les changements de cours de la rivière, son eau pompée en amont par l'industrie et l'agriculture font baisser son niveau, mettant à sec des poteaux qui deviennent plus cassants, plus fragiles et ont tendance à se désagréger<ref>{{ouvrage|auteur=Richard A. Nebel|titre=Construction Methods for Piling Installation|éditeur=[[Université du Wisconsin à Madison]]|date=1993|passage=2|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
Le Taj Mahal est érigé sur des fondations qui doivent supporter {{unité|25|tonnes}} par mètre carré. Elles sont faites de pilotis en [[acajou]] placés dans des puits alimentés par la rivière Yamuna et remplis de gravats et de mortier. Les changements de cours de la rivière, son eau pompée en amont par l'industrie et l'agriculture font baisser son niveau, mettant à sec des poteaux qui deviennent plus cassants, plus fragiles et ont tendance à se désagréger<ref>{{Ouvrage|auteur=Richard A. Nebel|titre=Construction Methods for Piling Installation|éditeur=[[Université du Wisconsin à Madison]]|date=1993|passage=2|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.


Le plan octogonal du mausolée est typique du palais iranien [[Hacht Behecht]] et évoque [[Les Huit Jardins du paradis|les huit jardins du paradis]]. Cet édifice de {{nombre|60|mètres}} de côté se dresse sur une terrasse en grès rouge elle-même surhaussée par une plate-forme quadrangulaire en marbre de {{nombre|95.16|mètres}} de côté et sept mètres de hauteur. Les quatre [[minaret]]s autonomes (originalité de ce monument) de {{nombre|42|mètres}} de hauteur placés aux coins de cette plate-forme, s'inclinent vers l'extérieur de telle sorte qu'en cas de [[séisme|tremblement de terre]], ils s'écroulent dans la direction opposée au tombeau. Constitués de trois étages rythmés par de petits balcons circulaires, ils sont surmontés d'un [[chhatri]]. Les quatre façades identiques du tombeau comportent un grand [[Iwan (architecture)|iwan]] central flanqué d'iwans latéraux plus petits disposés sur deux étages. La même disposition aux angles en fait un édifice octogonal<ref>{{ouvrage|auteur=Patrick Ringgenberg|titre=L'univers symbolique des arts islamiques|éditeur=Harmattan|date=2009|passage=319|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
Le plan octogonal du mausolée est typique du palais iranien [[Hacht Behecht]] et évoque [[Les Huit Jardins du paradis|les huit jardins du paradis]]. Cet édifice de {{unité|60|mètres}} de côté se dresse sur une terrasse en grès rouge elle-même surhaussée par une plate-forme quadrangulaire en marbre de {{unité|95.16|mètres}} de côté et sept mètres de hauteur. Les quatre [[minaret]]s autonomes (originalité de ce monument) de {{unité|42|mètres}} de hauteur placés aux coins de cette plate-forme, s'inclinent vers l'extérieur de telle sorte qu'en cas de [[séisme]], ils s'écroulent dans la direction opposée au tombeau. Constitués de trois étages rythmés par de petits balcons circulaires, ils sont surmontés d'un [[chhatri]]. Les quatre façades identiques du tombeau comportent un grand [[Iwan (architecture)|iwan]] central flanqué d'iwans latéraux plus petits disposés sur deux étages. La même disposition aux angles en fait un édifice octogonal<ref>{{Ouvrage|auteur=Patrick Ringgenberg|titre=L'univers symbolique des arts islamiques|éditeur=Harmattan|date=2009|passage=319|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.


Le [[Dôme (architecture)|dôme]] central du tombeau, haut de {{nombre|74|mètres}} et légèrement bulbeux, repose sur un [[Tambour (architecture)|tambour]]. Sa forme en bouton de lotus inversé est surmontée d'un [[pinacle]] en bronze décoré d'un [[Kalasha (Inde)|kalash]], symbole hindouiste, et d'un croissant de lune, symbole islamique lui-même surmonte d'une plaque estampée du nom d'[[Allah]]<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur=Dorling Kindersley Ltd|titre=Great Monuments of India|éditeur=2009|date=|passage=251|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=oXa60HtlNOYC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false}}</ref>. Ce dôme est flanqué de quatre dômes plus petits appelés [[chhatri]]s. Deux édifices en [[Grès (géologie)|grès]] rouge, coiffés de trois coupoles en marbre blanc, bordent symétriquement le mausolée : à la gauche une [[mosquée]] qui a été construite afin de sanctifier l'endroit et fournir un lieu de culte aux pèlerins. À droite une réplique symétrique exacte de la mosquée, connue sous le nom de ''jawab'' (« réponse »), destinée à maintenir la symétrie architecturale mais qui n'est pas employée comme mosquée car elle n'est pas orientée vers [[La Mecque]]. Enfin, à l'avant du monument se trouvait le [[Chahar bagh]] (« quatre jardins ») traditionnel persan planté d'arbres symbolisant l'[[Éden]] et où poussaient des fleurs en abondance. Le [[Gouverneur général des Indes|vice-roi]] [[Royaume-Uni|britannique]] [[George Curzon|Lord Curzon]] a remplacé ce jardin par des pelouses typiquement britanniques. Les deux allées principales parcourues par les canaux délimitent quatre carrés coupés par des allées secondaires, en quatre parties égales. Les deux allées principales sont doublées d'avenues plantées de cyprès et bordées de verdure et de parterres de fleurs. Elles sont de plus divisées en sept parties égales par des promenades secondaires agrémentées de ruisseaux bordés d’étroits chemins, dont le pavé est composé de petits cailloux polis<ref>{{ouvrage|auteur=Jean Peyras|titre=Les Monuments et la mémoire|éditeur=Centre de recherches littéraires et historiques de l'Université de La Réunion|date=1993|passage=31|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
Le [[Dôme (architecture)|dôme]] central du tombeau, haut de {{unité|74|mètres}} et légèrement bulbeux, repose sur un [[Tambour (architecture)|tambour]]. Sa forme en bouton de lotus inversé est surmontée d'un [[pinacle]] en bronze décoré d'un [[Kalasha (Inde)|kalash]], symbole hindouiste, et d'un croissant de lune, symbole islamique lui-même surmonte d'une plaque estampée du nom d'[[Allah]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur=Dorling Kindersley Ltd|titre=Great Monuments of India|éditeur=2009|date=|passage=251|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=oXa60HtlNOYC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false}}</ref>. Ce dôme est flanqué de quatre dômes plus petits appelés [[chhatri]]s. Deux édifices en [[Grès (géologie)|grès]] rouge, coiffés de trois coupoles en marbre blanc, bordent symétriquement le mausolée : à la gauche une [[mosquée]] qui a été construite afin de sanctifier l'endroit et fournir un lieu de culte aux pèlerins. À droite une réplique symétrique exacte de la mosquée, connue sous le nom de ''jawab'' (« réponse »), destinée à maintenir la symétrie architecturale mais qui n'est pas employée comme mosquée car elle n'est pas orientée vers [[La Mecque]]. Enfin, à l'avant du monument se trouvait le [[Chahar bagh]] (« quatre jardins ») traditionnel persan planté d'arbres symbolisant l'[[Éden]] et où poussaient des fleurs en abondance. Le [[Gouverneur général des Indes|vice-roi]] [[Royaume-Uni|britannique]] [[George Curzon|Lord Curzon]] a remplacé ce jardin par des pelouses typiquement britanniques. Les deux allées principales parcourues par les canaux délimitent quatre carrés coupés par des allées secondaires, en quatre parties égales. Les deux allées principales sont doublées d'avenues plantées de cyprès et bordées de verdure et de parterres de fleurs. Elles sont de plus divisées en sept parties égales par des promenades secondaires agrémentées de ruisseaux bordés d’étroits chemins, dont le pavé est composé de petits cailloux polis<ref>{{Ouvrage|auteur=Jean Peyras|titre=Les Monuments et la mémoire|éditeur=Centre de recherches littéraires et historiques de l'Université de La Réunion|date=1993|passage=31|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.


La chambre funéraire centrale est une pièce octogonale contenant les deux cénotaphes en marbre translucide de l'empereur et de l'impératrice, couverts d'inscriptions en caractères arabes finement ciselés, entrelacés d'incrustations de fleurs en mosaïque constituées de pierres précieuses (lapis-lazuli, agate, jaspe, cornaline, onyx ). Entourés initialement d'une grille en or massif, cette dernière a été remplacée par des claustra de marbre (appelés [[Jali]]) incrustés de pierres précieuses. La crypte souterraine abrite les corps enveloppés de linceul du couple qui sont orientés vers le nord et couchés sur le côté droit, tournés ainsi vers [[La Mecque]]. Cette chambre funéraire est entourée de quatre pièces octogonales à deux étages qui communiquent avec elle par des corridors<ref>{{ouvrage|auteur=Jean Peyras|titre=Les Monuments et la mémoire|éditeur=Centre de recherches littéraires et historiques de l'Université de La Réunion|date=1993|passage=32|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
La chambre funéraire centrale est une pièce octogonale contenant les deux cénotaphes en marbre translucide de l'empereur et de l'impératrice, couverts d'inscriptions en caractères arabes finement ciselés, entrelacés d'incrustations de fleurs en mosaïque constituées de pierres précieuses (lapis-lazuli, agate, jaspe, cornaline, onyx). Entourés initialement d'une grille en or massif, cette dernière a été remplacée par des claustra de marbre (appelés [[Jali]]) incrustés de pierres précieuses. La crypte souterraine abrite les corps enveloppés de linceul du couple qui sont orientés vers le nord et couchés sur le côté droit, tournés ainsi vers [[La Mecque]]. Cette chambre funéraire est entourée de quatre pièces octogonales à deux étages qui communiquent avec elle par des corridors<ref>{{Ouvrage|auteur=Jean Peyras|titre=Les Monuments et la mémoire|éditeur=Centre de recherches littéraires et historiques de l'Université de La Réunion|date=1993|passage=32|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.


Joyau le plus parfait de l'art musulman en Inde, il est l'un des chefs-d'œuvre universellement admirés du patrimoine de l'humanité. Le complexe du Taj Mahal est inscrit au [[patrimoine mondial]] de l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]] depuis [[1983]] et est l'une des [[sept nouvelles merveilles du monde]] dans un classement de 2007<ref>[http://septmerveillesdumonde.com/tajmahal « Le Taj Mahal »] sur le site septmerveillesdumonde.com</ref>.
Joyau le plus parfait de l'art musulman en Inde, il est l'un des chefs-d'œuvre universellement admirés du patrimoine de l'humanité. Le complexe du Taj Mahal est inscrit au [[patrimoine mondial]] de l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]] depuis [[1983]] et est l'une des [[sept nouvelles merveilles du monde]] dans un classement de 2007<ref>[http://septmerveillesdumonde.com/tajmahal « Le Taj Mahal »] sur le site septmerveillesdumonde.com</ref>.


== Histoire ==
== Histoire ==
Sa construction commence en [[1632]]. Cependant, il demeure une incertitude sur la date exacte de la fin des travaux. Le chroniqueur officiel de Shâh Jahân, [[Abdul Hamid Lahori]] indique que le Taj Mahal est achevé à la fin de [[1643]] ou au début de [[1644]]. Mais à l'entrée principale une inscription indique que la construction s'est achevée en [[1648]]. L'État de l'Uttar Pradesh, qui a célébré officiellement le {{350e|anniversaire}} de l'édifice en [[2004]], affirme quant à lui que les travaux se sont achevés en [[1654]]. Parmi les {{nombre|20000|personnes}} qui ont travaillé sur le chantier, on trouve des maîtres artisans venus d'[[Europe]] et d'[[Asie centrale]].
Sa construction commence en [[1632]]. Cependant, il demeure une incertitude sur la date exacte de la fin des travaux. Le chroniqueur officiel de Shâh Jahân, [[Abdul Hamid Lahori]] indique que le Taj Mahal est achevé à la fin de [[1643]] ou au début de [[1644]]. Mais à l'entrée principale une inscription indique que la construction s'est achevée en [[1648]]. L'État de l'Uttar Pradesh, qui a célébré officiellement le {{350e|anniversaire}} de l'édifice en [[2004]], affirme quant à lui que les travaux se sont achevés en [[1654]]. Parmi les {{unité|20000|personnes}} qui ont travaillé sur le chantier, on trouve des maîtres artisans venus d'[[Europe]] et d'[[Asie centrale]].
Il est considéré que l'architecte principal fut [[Ustad Ahmad Lahauri]]<ref name="History of the Taj Mahal Agra" />{{,}}<ref name="IAAO" /> de [[Lahore]]<ref group="k" name="K88" />.
Il est considéré que l'architecte principal fut [[Ustad Ahmad Lahauri]]<ref name="History of the Taj Mahal Agra"/>{{,}}<ref name="IAAO"/> de [[Lahore]]<ref group="k" name="K88"/>.


== Mythes et légendes ==
== Mythes et légendes ==
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Dans son article ''{{lang|en|The Myth of the Taj Mahal and a new theory of its symbolic meaning}}'' (Art Bulletin, Vol LXI, no 1, mars 1979, travaux exposés dans le documentaire ''{{lang|en|The Mystery of the Taj Mahal}}'', Ron Johnston, [[1999]]), l'historien [[Wayne Begley]] de l'université de l'[[Iowa]], fait une étude approfondie de la signification symbolique du Taj Mahal. Il suggère que le [[mausolée d'Itimâd-ud-Daulâ]] qui se trouve dans la même ville, par exemple — ne se trouve pas au centre du jardin, mais trône au fond du complexe.
Dans son article ''{{lang|en|The Myth of the Taj Mahal and a new theory of its symbolic meaning}}'' (Art Bulletin, Vol LXI, no 1, mars 1979, travaux exposés dans le documentaire ''{{lang|en|The Mystery of the Taj Mahal}}'', Ron Johnston, [[1999]]), l'historien [[Wayne Begley]] de l'université de l'[[Iowa]], fait une étude approfondie de la signification symbolique du Taj Mahal. Il suggère que le [[mausolée d'Itimâd-ud-Daulâ]] qui se trouve dans la même ville, par exemple — ne se trouve pas au centre du jardin, mais trône au fond du complexe.


Wayne Begley met en avant la présence sur les bâtiments du complexe de vingt-deux passages du [[Coran]], dont quatorze [[sourate]]s complètes, en [[calligraphie]]s de pierres noires incrustées dans le marbre blanc. Si la présence de parties du Coran paraît tout à fait naturelle, le choix des textes semble caractériser avec insistance les lieux comme une image du [[paradis]]. Ainsi le porche qui permet d'accéder au jardin porte la calligraphie de la sourate 89 qui se termine par : « ''Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis'' », le seul passage où [[Allah]] s'adresse au croyant par un commandement direct. Les calligraphies présentes sur le bâtiment principal ont pour sujets principaux la plaine du jugement dernier et les plaisirs du paradis, choix dont on sait qu'ils ont été faits de concert par l'empereur, le calligraphe et l'architecte et qui paraissent curieux à l'historien pour un mausolée qui célèbre l'amour que l'empereur portait à son épouse.
Wayne Begley met en avant la présence sur les bâtiments du complexe de vingt-deux passages du [[Coran]], dont quatorze [[sourate]]s complètes, en [[calligraphie]]s de pierres noires incrustées dans le marbre blanc. Si la présence de parties du Coran paraît tout à fait naturelle, le choix des textes semble caractériser avec insistance les lieux comme une image du [[paradis]]. Ainsi le porche qui permet d'accéder au jardin porte la calligraphie de la sourate 89 qui se termine par : « Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis », le seul passage où [[Allah]] s'adresse au croyant par un commandement direct. Les calligraphies présentes sur le bâtiment principal ont pour sujets principaux la plaine du jugement dernier et les plaisirs du paradis, choix dont on sait qu'ils ont été faits de concert par l'empereur, le calligraphe et l'architecte et qui paraissent curieux à l'historien pour un mausolée qui célèbre l'amour que l'empereur portait à son épouse.


L'historien montre aussi que le plan de la plaine du paradis tel qu'il apparaît dans l'exemplaire illustré du ''Futuhat Al Maqqia'' - ''[[Les Illuminations de La Mecque]]'' - du maître [[soufisme|soufi]] [[Ibn Arabi]] qui appartenait à la bibliothèque de [[Jahângîr]], le père de Shâh Jahân, se superpose de façon confondante avec le plan du complexe, en particulier le mausolée occupant la place du trône de Dieu. De plus, le plan des jardins qui mènent au Taj Mahal suit la description du paradis avec ses quatre rivières d'eau, lait, vin et miel. À l'origine, avant la transformation opérée par les Britanniques, ils abritaient un verger comme décrit par le Coran.
L'historien montre aussi que le plan de la plaine du paradis tel qu'il apparaît dans l'exemplaire illustré du ''Futuhat Al Maqqia'' - ''[[Les Illuminations de La Mecque]]'' - du maître [[soufisme|soufi]] [[Ibn Arabi]] qui appartenait à la bibliothèque de [[Jahângîr]], le père de Shâh Jahân, se superpose de façon confondante avec le plan du complexe, en particulier le mausolée occupant la place du trône de Dieu. De plus, le plan des jardins qui mènent au Taj Mahal suit la description du paradis avec ses quatre rivières d'eau, lait, vin et miel. À l'origine, avant la transformation opérée par les Britanniques, ils abritaient un verger comme décrit par le Coran.
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=== Palais de Jai Singh ou temple de Shiva ===
=== Palais de Jai Singh ou temple de Shiva ===
Suivant la thèse développée par Purushottam Nagesh Oak, Shâh Jahân n'aurait pas construit le bâtiment, mais aurait acheté au [[raja]] [[Jai Singh]] de [[Jaipur]] un palais de grès rouge, l'aurait recouvert de marbre et transformé en tombeau pour son épouse. Fondateur, en [[1964]], de l'''Institute for Rewriting Indian History'' (''Institut pour une Réécriture de l'Histoire de l'Inde''), il expose dans son livre « Taj Mahal - The True Story » un [http://www.hindunet.org/hindu_history/modern/taj_oak.html argumentaire] en 110 points affirmant que le Taj Mahal n'est pas, ou plutôt, n'a pas toujours été le mausolée que l'on connaît, mais qu'il fut, avant d'être transformé par l'empereur, un palais et un temple dédié à [[Shiva]], le [http://www.stephen-knapp.com/was_the_taj_mahal_a_vedic_temple.htm Tejomahalay] (s'il est possible que les deux ne soient pas exclusifs). Cette hypothèse n'a pas reçu de reconnaissance de la part de la communauté scientifique.
Suivant la thèse développée par Purushottam Nagesh Oak, Shâh Jahân n'aurait pas construit le bâtiment, mais aurait acheté au [[raja]] [[Jai Singh]] de [[Jaipur]] un palais de grès rouge, l'aurait recouvert de marbre et transformé en tombeau pour son épouse. Fondateur, en [[1964]], de l{{'}}''Institute for Rewriting Indian History'' (''Institut pour une Réécriture de l'Histoire de l'Inde''), il expose dans son livre « Taj Mahal - The True Story » un [http://www.hindunet.org/hindu_history/modern/taj_oak.html argumentaire] en 110 points affirmant que le Taj Mahal n'est pas, ou plutôt, n'a pas toujours été le mausolée que l'on connaît, mais qu'il fut, avant d'être transformé par l'empereur, un palais et un temple dédié à [[Shiva]], le [http://www.stephen-knapp.com/was_the_taj_mahal_a_vedic_temple.htm Tejomahalay] (s'il est possible que les deux ne soient pas exclusifs). Cette hypothèse n'a pas reçu de reconnaissance de la part de la communauté scientifique.


En 2000, La [[Cour suprême de l'Inde]] a rejeté la requête de [[Purushottam Nagesh Oak]] de déclarer qu'un roi Hindou a construit le Taj Mahal<ref name="K239" group=k>Koch, {{p.|239}}.</ref>{{,}}<ref name="The Hindu - 14 July 2000">{{lien web|langue=en| url =http://www.hindu.com/thehindu/2000/07/14/stories/0214000q.htm |titre=Plea to rewrite Taj history dismissed |date=14 Juillet 2000| consulté le= 25 mai 2013|éditeur= The Hindu}}</ref>.
En 2000, La [[Cour suprême de l'Inde]] a rejeté la requête de [[Purushottam Nagesh Oak]] de déclarer qu'un roi Hindou a construit le Taj Mahal<ref name="K239" group=k>Koch, {{p.|239}}.</ref>{{,}}<ref name="The Hindu - 14 July 2000">{{Lien web|langue=en| url = http://www.hindu.com/thehindu/2000/07/14/stories/0214000q.htm |titre=Plea to rewrite Taj history dismissed |date=14 Juillet 2000| consulté le= 25 mai 2013|éditeur= The Hindu}}</ref>.


Oak affirme que l'origine du Taj Mahal (ainsi que [[Stonehenge]] et la Cité du [[Vatican]]), ainsi que d'autres monuments historiques de l'Inde actuellement attribuées aux sultans musulmans ont été créés par les Hindous<ref name="oak">{{lien web|langue=en| url = http://www.stephen-knapp.com/true_story_of_the_taj_mahal.htm | titre = The True Story of the Taj Mahal| consulté le= 25 mai 2013| auteur = Purushottam Nagesh Oak| éditeur=Stephen Knapp}}</ref>.
Oak affirme que l'origine du Taj Mahal (ainsi que [[Stonehenge]] et la Cité du [[Vatican]]), ainsi que d'autres monuments historiques de l'Inde actuellement attribuées aux sultans musulmans ont été créés par les Hindous<ref name="oak">{{Lien web|langue=en| url = http://www.stephen-knapp.com/true_story_of_the_taj_mahal.htm | titre = The True Story of the Taj Mahal| consulté le= 25 mai 2013| auteur = Purushottam Nagesh Oak| éditeur=Stephen Knapp}}</ref>.
Oak est considéré comme un illuminé par les chercheurs pour ses opinions Hindou-centriques<ref>{{en}} {{ouvrage | auteur=Edwin Bryant |date=2001 |titre= The Quest for the Origins of Vedic Culture: The Indo-Aryan Migration Debate, p. 4 |éditeur= Oxford University Press}}</ref>.
Oak est considéré comme un illuminé par les chercheurs pour ses opinions Hindou-centriques<ref>{{en}} {{Ouvrage | auteur=Edwin Bryant |date=2001 |titre= The Quest for the Origins of Vedic Culture: The Indo-Aryan Migration Debate, p. 4 |éditeur= Oxford University Press}}</ref>.


<gallery mode="packed" caption="Détails des motifs floraux de l'extérieur du mausolée">
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[[Fichier:Taj protective scaffold.jpg|thumb|Échaufaudage protecteur en temps de guerre.]]
[[Fichier:Taj protective scaffold.jpg|thumb|Échaufaudage protecteur en temps de guerre.]]


En 1942, le gouvernement érige un échafaudage pour anticiper les attaques aériennes de la [[Luftwaffe]] et plus tard des forces aériennes du [[Japon]]. Durant la [[Deuxième guerre indo-pakistanaise|guerre indo-pakistanaise de 1965]] et 1971, des échafaudages sont encore érigés pour induire en erreur les pilotes{{refsou}}. La sécurité est renforcée à la suite des [[attentats du 11 septembre 2001]] et à la menace d'une guerre avec le Pakistan voisin. Des mesures préventives sont envisagées pour couvrir le monument avec une toile kaki afin d'éviter la réverbération du soleil qui le rend visible à {{Unité|40|km}} à la ronde ce qui pouvait en faire une cible potentielle<ref>{{lien web|langue=en|url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/1732993.stm |titre=Taj Mahal 'to be camouflaged'|date=29 décembre 2001 |consulté le= 18 juillet 2013}}.</ref>.
En 1942, le gouvernement érige un échafaudage pour anticiper les attaques aériennes de la [[Luftwaffe]] et plus tard des forces aériennes du [[Japon]]. Durant la [[Deuxième guerre indo-pakistanaise|guerre indo-pakistanaise de 1965]] et 1971, des échafaudages sont encore érigés pour induire en erreur les pilotes{{référence souhaitée}}. La sécurité est renforcée à la suite des [[attentats du 11 septembre 2001]] et à la menace d'une guerre avec le Pakistan voisin. Des mesures préventives sont envisagées pour couvrir le monument avec une toile kaki afin d'éviter la réverbération du soleil qui le rend visible à {{unité|40|km}} à la ronde ce qui pouvait en faire une cible potentielle<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/1732993.stm |titre=Taj Mahal 'to be camouflaged'|date=29 décembre 2001 |consulté le= 18 juillet 2013}}.</ref>.


Les menaces les plus récentes proviennent de la [[pollution]] environnementale sur les bords de la rivière [[Yamuna]] avec les [[pluie acide|pluies acides]] et le [[nuage brun d'Asie|nuage brun d’Asie]], ce qui fait régulièrement virer le marbre blanc au jaune ou au brun et attaque les incrustations précieuses<ref>{{en}} [http://science.howstuffworks.com/acid-rain2.htm Acid Rain and the Taj Mahal].</ref> dues à la raffinerie de Mathura<ref>{{en}} {{ouvrage|url=http://www.industrialinfo.com/showAbstract.jsp?newsitemID=139464 |langue=en |titre=Oil Refinery Impact on Taj Mahal|éditeur= Industrial Info Resources, Inc.|lieu= BANGALORE, INDIA--date=30 septembre 2008|consulté le= 18 juillet 2013}}.</ref>. Pour lutter contre la pollution, le gouvernement indien a mis en place une Zone Taj Trapèze (TTZ) {{Unité|10400|km|2}} autour du monument afin de réduire le trafic des voitures et les émissions industrielles<ref>{{lien web|url=http://timesofindia.indiatimes.com/home/stoi/Why-is-the-Taj-Trapezium-Zone-and-why-is-it-called-so/articleshow/3008537.cms|titre=Why is the Taj Trapezium Zone and why is it called so? |éditeur=Times of India |date=4 mai 2008 |consulté le=28 septembre 2014 |langue=en}}</ref>.
Les menaces les plus récentes proviennent de la [[pollution]] environnementale sur les bords de la rivière [[Yamuna]] avec les [[pluie acide|pluies acides]] et le [[nuage brun d'Asie|nuage brun d’Asie]], ce qui fait régulièrement virer le marbre blanc au jaune ou au brun et attaque les incrustations précieuses<ref>{{en}} [http://science.howstuffworks.com/acid-rain2.htm Acid Rain and the Taj Mahal].</ref> dues à la raffinerie de Mathura<ref>{{en}} {{Ouvrage|url=http://www.industrialinfo.com/showAbstract.jsp?newsitemID=139464 |langue=en |titre=Oil Refinery Impact on Taj Mahal|éditeur= Industrial Info Resources, Inc.|lieu= BANGALORE, INDIA--date=30 septembre 2008|consulté le= 18 juillet 2013}}.</ref>. Pour lutter contre la pollution, le gouvernement indien a mis en place une Zone Taj Trapèze (TTZ) {{unité|10400|km|2}} autour du monument afin de réduire le trafic des voitures et les émissions industrielles<ref>{{Lien web|url=http://timesofindia.indiatimes.com/home/stoi/Why-is-the-Taj-Trapezium-Zone-and-why-is-it-called-so/articleshow/3008537.cms|titre=Why is the Taj Trapezium Zone and why is it called so? |éditeur=Times of India |date=4 mai 2008 |consulté le=28 septembre 2014 |langue=en}}</ref>.


Des plans sont conçus pour prodiguer régulièrement une couche d'argile - qui absorbe la poussière accumulée une fois séchée puis nettoyée - à la structure de marbre. Le coût total est évalué à {{Unité|230000|$}}, l'opération devant être renouvelée tous les deux ou trois ans<ref>{{Article|langue=en|auteur=M. H. Bergin, S. N. Tripathi, J. Jai Devi, T. Gupta, M. Mckenzie, K. S. Rana, M. M. Shafer, Ana M. Villalobos et J. J. Schauer|titre=The Discoloration of the Taj Mahal due to Particulate Carbon and Dust Deposition|périodique=[[Environmental Science & Technology]]|date=2015|volume=49|numéro=2|pages=808–812|doi=10.1021/es504005q}}</ref>.
Des plans sont conçus pour prodiguer régulièrement une couche d'argile - qui absorbe la poussière accumulée une fois séchée puis nettoyée - à la structure de marbre. Le coût total est évalué à {{unité|230000|$}}, l'opération devant être renouvelée tous les deux ou trois ans<ref>{{Article|langue=en|auteur=M. H. Bergin, S. N. Tripathi, J. Jai Devi, T. Gupta, M. Mckenzie, K. S. Rana, M. M. Shafer, Ana M. Villalobos et J. J. Schauer|titre=The Discoloration of the Taj Mahal due to Particulate Carbon and Dust Deposition|périodique=[[Environmental Science & Technology]]|date=2015|volume=49|numéro=2|pages=808–812|doi=10.1021/es504005q}}</ref>.


== Tourisme ==
== Tourisme ==
Chaque année, le monument attire de deux à quatre millions de touristes, dont {{formatnum:200000}} étrangers. Un système de prix est mis en place avec un tarif d'entrée faible pour les Indiens et un prix vingt-cinq fois plus élevé pour les étrangers<ref>https://tajmahal.gov.in/ticketing.html</ref>. En octobre 2000, ce prix est triplé afin de réduire la [[Tourisme durable|surfréquentation touristique]]<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur=Lesley A. DuTemple|titre=The Taj Mahal|éditeur=Twenty-First Century Books|date=2003|passage=79|isbn=|lire en ligne=}}</ref>. Les touristes visitent principalement le site lors des mois plus frais d'octobre, novembre et décembre. Le trafic routier est limité près du Taj Mahal, les touristes devant soit marcher à partir du parking réservé aux bus de tourisme ou l'une des trois entrées du site (Est-Sud-Ouest) soit recourir aux services des chameliers présent ou aux auto-rickshaws électriques. La cour nord, appelée « Khawasspuras », est restaurée pour être utilisée en tant que nouvel [[office de tourisme]].
Chaque année, le monument attire de deux à quatre millions de touristes, dont {{formatnum:200000}} étrangers. Un système de prix est mis en place avec un tarif d'entrée faible pour les Indiens et un prix vingt-cinq fois plus élevé pour les étrangers<ref>https://tajmahal.gov.in/ticketing.html</ref>. En octobre 2000, ce prix est triplé afin de réduire la [[Tourisme durable|surfréquentation touristique]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur=Lesley A. DuTemple|titre=The Taj Mahal|éditeur=Twenty-First Century Books|date=2003|passage=79|isbn=|lire en ligne=}}</ref>. Les touristes visitent principalement le site lors des mois plus frais d'octobre, novembre et décembre. Le trafic routier est limité près du Taj Mahal, les touristes devant soit marcher à partir du parking réservé aux bus de tourisme ou l'une des trois entrées du site (Est-Sud-Ouest) soit recourir aux services des chameliers présent ou aux auto-rickshaws électriques. La cour nord, appelée « Khawasspuras », est restaurée pour être utilisée en tant que nouvel [[office de tourisme]].


Les historiens de l'art présentent parfois le [[mausolée d'Itimâd-ud-Daulâ]] comme un « brouillon » du Taj Mahal, ce qui explique qu'il soit appelé « petit Taj » dans la littérature touristique<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur=Khursheed Kamal Aziz|titre=The meaning of Islamic art : explorations in religious symbolism and social relevance |éditeur=al-Faisal|date=2004|passage=333|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
Les historiens de l'art présentent parfois le [[mausolée d'Itimâd-ud-Daulâ]] comme un « brouillon » du Taj Mahal, ce qui explique qu'il soit appelé « petit Taj » dans la littérature touristique<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur=Khursheed Kamal Aziz|titre=The meaning of Islamic art : explorations in religious symbolism and social relevance |éditeur=al-Faisal|date=2004|passage=333|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.


== Galerie ==
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
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* {{en}} {{ouvrage| auteur = Ebba Koch | titre = The Complete Taj Mahal: And the Riverfront Gardens of Agra| éditeur=Thames & Hudson Ltd|pages= 288 | isbn = 0-500-34209-1| date = 2006}}
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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{fr}} Amina Okada, ''Taj Mahal'', photographies de [[Jean-Louis Nou]]. [[Imprimerie nationale|Éditions de l'Imprimerie nationale]], Paris, 1993. Réédition 1998.
* {{fr}} Amina Okada, ''Taj Mahal'', photographies de [[Jean-Louis Nou]]. [[Imprimerie nationale|Éditions de l'Imprimerie nationale]], Paris, 1993. Réédition 1998.
* {{en}} {{ouvrage| auteur = Ebba Koch | titre = The Complete Taj Mahal: And the Riverfront Gardens of Agra| éditeur=Thames & Hudson Ltd|pages= 288 | isbn = 0-500-34209-1| date = 2006}}
* {{en}} {{Ouvrage| auteur = Ebba Koch | titre = The Complete Taj Mahal: And the Riverfront Gardens of Agra| éditeur=Thames & Hudson Ltd|pages= 288 | isbn = 0-500-34209-1| date = 2006}}


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===

Version du 29 janvier 2018 à 14:41

Taj Mahal
Présentation
Type
Fondation
Styles
Architecte
Matériau
Construction
Commanditaire
Hauteur
73 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Surface
170 000 m2Voir et modifier les données sur Wikidata
Religion
Patrimonialité
Monument d'importance nationale (d)
Patrimoine mondialVoir et modifier les données sur Wikidata
Visiteurs par an
6,5 M ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
(en + hi) www.tajmahal.gov.inVoir et modifier les données sur Wikidata
Logo du patrimoine mondial Patrimoine mondial
Identifiant
Critère
Localisation
Localisation
Coordonnées
Carte

Le Taj Mahal, en devanagari ताजमहल, en persan تاج محل qui signifie « le palais de la couronne », est situé à Agra, au bord de la rivière Yamuna, dans l'État de l'Uttar Pradesh, en Inde[1]. C'est un mausolée de marbre blanc construit par l'empereur moghol musulman Shâh Jahân en mémoire de son épouse Arjumand Bânu Begam[2], aussi connue sous le nom de Mumtaz Mahal, qui signifie en persan « la lumière du palais ». Elle meurt le en donnant naissance à leur quatorzième enfant alors qu'elle allait à la campagne. Elle trouve une première sépulture sur place dans le jardin Zainabad à Burhanpur. La construction du mausolée commence en 1631 et est achevée dans sa plus grande partie en 1648[3]. Son époux, meurt le , est inhumé auprès d'elle.

Le Taj Mahal est considéré comme un joyau de l'architecture moghole, un style qui combine des éléments architecturaux des architectures islamique, iranienne, ottomane et indienne[4],[5].

Il est considéré que l'architecte principal fut Ustad Ahmad Lahauri[6],[7] de Lahore[k 1].

Géographie

Le Taj Mahal est situé dans le nord de l'Inde, dans l'État d'Uttar Pradesh, à Agra. Le mausolée est édifié au nord d'un méandre de la Yamuna, affluent du Gange, à l'est du centre-ville, dans une zone relativement peu urbanisée hormis sur son côté sud puisque le site est adjacent au quartier de Kaserat Bazar.

Architecture

Plan du site

Le Taj Mahal est élevé sur la rive droite de la Yamuna, parmi les pavillons d'agrément, les jardins des princes et des dignitaires de la Cour d'Agra alors capitale de l'empire moghol.

Il est érigé au fond d'un jardin ornemental rectangulaire (de 580 par 305 mètres) clos par une enceinte percée sur chaque côté de quatre portes dont trois sont fausses. Le jardin est parcouru par quatre canaux en croix (le mausolée se reflétant dedans lorsque les fontaines ne coulent pas) pourvus de jets d'eaux et de fontaines, accompagnés tout au long de pavés de marbre et au centre d'un bassin central au niveau du chahâr sû. Les enceintes ouest, sud et est comportent en guise de porte un pavillon monumental en grès rouge incrusté d'une mosaïque géométrique de marbre blanc, leur disposition symétrique reprenant celle traditionnelle des mosquées persanes avec leur cour à quatre iwans. La porte principale (Darwaza-i Rauza haute de 30 mètres) qui se dresse au centre du mur sud de l’avant-cour comporte un grand iwan central flanqué d'iwans latéraux. Encadrée de quatre tours octogonales, la porte se prolonge du côté nord de galeries doubles à arcades polylobées[8]

Il est construit en utilisant des matériaux provenant de diverses régions de l'Inde et du reste de l'Asie. Plus de 1 000 éléphants sont employés pour transporter les matériaux de construction durant l'édification. Le marbre blanc est extrait du Rajasthan, le jaspe vient du Pendjab, la turquoise et la malachite du Tibet, le lapis-lazuli du Sri Lanka, le corail de la mer Rouge, la cornaline de Perse et du Yémen, l'onyx du Deccan et de Perse, les grenats du Gange et du Bundelkund, l'agate du Yémen et de Jaisalmer, le cristal de roche de l'Himalaya. En tout, vingt-huit types de pierres fines ou ornementales polychromes ont été utilisés pour composer les motifs de cette marqueterie de pierre incrustés dans le marbre blanc.

Le Taj Mahal est érigé sur des fondations qui doivent supporter 25 tonnes par mètre carré. Elles sont faites de pilotis en acajou placés dans des puits alimentés par la rivière Yamuna et remplis de gravats et de mortier. Les changements de cours de la rivière, son eau pompée en amont par l'industrie et l'agriculture font baisser son niveau, mettant à sec des poteaux qui deviennent plus cassants, plus fragiles et ont tendance à se désagréger[9].

Le plan octogonal du mausolée est typique du palais iranien Hacht Behecht et évoque les huit jardins du paradis. Cet édifice de 60 mètres de côté se dresse sur une terrasse en grès rouge elle-même surhaussée par une plate-forme quadrangulaire en marbre de 95,16 mètres de côté et sept mètres de hauteur. Les quatre minarets autonomes (originalité de ce monument) de 42 mètres de hauteur placés aux coins de cette plate-forme, s'inclinent vers l'extérieur de telle sorte qu'en cas de séisme, ils s'écroulent dans la direction opposée au tombeau. Constitués de trois étages rythmés par de petits balcons circulaires, ils sont surmontés d'un chhatri. Les quatre façades identiques du tombeau comportent un grand iwan central flanqué d'iwans latéraux plus petits disposés sur deux étages. La même disposition aux angles en fait un édifice octogonal[10].

Le dôme central du tombeau, haut de 74 mètres et légèrement bulbeux, repose sur un tambour. Sa forme en bouton de lotus inversé est surmontée d'un pinacle en bronze décoré d'un kalash, symbole hindouiste, et d'un croissant de lune, symbole islamique lui-même surmonte d'une plaque estampée du nom d'Allah[11]. Ce dôme est flanqué de quatre dômes plus petits appelés chhatris. Deux édifices en grès rouge, coiffés de trois coupoles en marbre blanc, bordent symétriquement le mausolée : à la gauche une mosquée qui a été construite afin de sanctifier l'endroit et fournir un lieu de culte aux pèlerins. À droite une réplique symétrique exacte de la mosquée, connue sous le nom de jawab (« réponse »), destinée à maintenir la symétrie architecturale mais qui n'est pas employée comme mosquée car elle n'est pas orientée vers La Mecque. Enfin, à l'avant du monument se trouvait le Chahar bagh (« quatre jardins ») traditionnel persan planté d'arbres symbolisant l'Éden et où poussaient des fleurs en abondance. Le vice-roi britannique Lord Curzon a remplacé ce jardin par des pelouses typiquement britanniques. Les deux allées principales parcourues par les canaux délimitent quatre carrés coupés par des allées secondaires, en quatre parties égales. Les deux allées principales sont doublées d'avenues plantées de cyprès et bordées de verdure et de parterres de fleurs. Elles sont de plus divisées en sept parties égales par des promenades secondaires agrémentées de ruisseaux bordés d’étroits chemins, dont le pavé est composé de petits cailloux polis[12].

La chambre funéraire centrale est une pièce octogonale contenant les deux cénotaphes en marbre translucide de l'empereur et de l'impératrice, couverts d'inscriptions en caractères arabes finement ciselés, entrelacés d'incrustations de fleurs en mosaïque constituées de pierres précieuses (lapis-lazuli, agate, jaspe, cornaline, onyx). Entourés initialement d'une grille en or massif, cette dernière a été remplacée par des claustra de marbre (appelés Jali) incrustés de pierres précieuses. La crypte souterraine abrite les corps enveloppés de linceul du couple qui sont orientés vers le nord et couchés sur le côté droit, tournés ainsi vers La Mecque. Cette chambre funéraire est entourée de quatre pièces octogonales à deux étages qui communiquent avec elle par des corridors[13].

Joyau le plus parfait de l'art musulman en Inde, il est l'un des chefs-d'œuvre universellement admirés du patrimoine de l'humanité. Le complexe du Taj Mahal est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983 et est l'une des sept nouvelles merveilles du monde dans un classement de 2007[14].

Histoire

Sa construction commence en 1632. Cependant, il demeure une incertitude sur la date exacte de la fin des travaux. Le chroniqueur officiel de Shâh Jahân, Abdul Hamid Lahori indique que le Taj Mahal est achevé à la fin de 1643 ou au début de 1644. Mais à l'entrée principale une inscription indique que la construction s'est achevée en 1648. L'État de l'Uttar Pradesh, qui a célébré officiellement le 350e anniversaire de l'édifice en 2004, affirme quant à lui que les travaux se sont achevés en 1654. Parmi les 20 000 personnes qui ont travaillé sur le chantier, on trouve des maîtres artisans venus d'Europe et d'Asie centrale. Il est considéré que l'architecte principal fut Ustad Ahmad Lahauri[6],[7] de Lahore[k 1].

Mythes et légendes

Réplique

La légende d'une planification par Shâh Jahân de la construction d'une réplique symétrique du Taj Mahal sur la rive gauche reste vivace. En marbre noir cette fois-ci, les deux bâtiments auraient été reliés par un pont. Il semble que le premier à avoir émis cette idée soit le joaillier Jean-Baptiste Tavernier (1605-1689) qui se rendit plusieurs fois aux Indes à la recherche de pierres et qui raconte avoir assisté à plusieurs stades de la construction du bâtiment. Bien que ses écrits soient une source historique importante pour la connaissance du pays à cette époque, il semble qu'en l'occurrence il se soit laissé abuser. Il y prétend que le renversement de Shâh Jahân par son fils empêcha le démarrage des travaux. Il est peu probable cependant qu'ils aient été envisagés, le trésor impérial ne l'aurait pas permis. Cet état des finances impériales fut d'ailleurs un des détonateurs de la lutte pour sa succession. De plus, contrairement au marbre blanc que l'on trouve en abondance au Rajasthan, donc à peu de distance et à un prix très bas, même encore aujourd'hui, on ne trouve pas de marbre noir, en tous cas pas dans les quantités nécessaires, en Inde, ce qui aurait rendu les coûts de construction impossibles à assumer. Enfin, des fouilles en face du Taj, sur l'autre rive du fleuve ont bien révélé des structures, mais il s'agit des restes du Mehtab Bagh, un jardin moghol ; le Taj Mahal se reflétait sur le plan d'eau d'un immense bassin situé dans ce jardin, ce qui a peut-être donné naissance au mythe du « second Taj ».

Théorie sur sa symbolique

Dans son article The Myth of the Taj Mahal and a new theory of its symbolic meaning (Art Bulletin, Vol LXI, no 1, mars 1979, travaux exposés dans le documentaire The Mystery of the Taj Mahal, Ron Johnston, 1999), l'historien Wayne Begley de l'université de l'Iowa, fait une étude approfondie de la signification symbolique du Taj Mahal. Il suggère que le mausolée d'Itimâd-ud-Daulâ qui se trouve dans la même ville, par exemple — ne se trouve pas au centre du jardin, mais trône au fond du complexe.

Wayne Begley met en avant la présence sur les bâtiments du complexe de vingt-deux passages du Coran, dont quatorze sourates complètes, en calligraphies de pierres noires incrustées dans le marbre blanc. Si la présence de parties du Coran paraît tout à fait naturelle, le choix des textes semble caractériser avec insistance les lieux comme une image du paradis. Ainsi le porche qui permet d'accéder au jardin porte la calligraphie de la sourate 89 qui se termine par : « Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis », le seul passage où Allah s'adresse au croyant par un commandement direct. Les calligraphies présentes sur le bâtiment principal ont pour sujets principaux la plaine du jugement dernier et les plaisirs du paradis, choix dont on sait qu'ils ont été faits de concert par l'empereur, le calligraphe et l'architecte et qui paraissent curieux à l'historien pour un mausolée qui célèbre l'amour que l'empereur portait à son épouse.

L'historien montre aussi que le plan de la plaine du paradis tel qu'il apparaît dans l'exemplaire illustré du Futuhat Al Maqqia - Les Illuminations de La Mecque - du maître soufi Ibn Arabi qui appartenait à la bibliothèque de Jahângîr, le père de Shâh Jahân, se superpose de façon confondante avec le plan du complexe, en particulier le mausolée occupant la place du trône de Dieu. De plus, le plan des jardins qui mènent au Taj Mahal suit la description du paradis avec ses quatre rivières d'eau, lait, vin et miel. À l'origine, avant la transformation opérée par les Britanniques, ils abritaient un verger comme décrit par le Coran.

Wayne Begley s'appuie ensuite sur la personnalité de l'empereur pour continuer sa démonstration. Shâh Jahân était, suivant sa description basée sur les textes, un despote imbu de sa personne, sa naissance dans l'an mil du calendrier musulman l'avait persuadé de son importance, et il avait tendance à s'identifier à l'homme parfait du soufisme, au maître de l'univers, qui afficha et affirma « sa » légitimité du pouvoir moghol, sur un pays qui ne partageait pas majoritairement la même religion que lui, en construisant « sa » version du paradis sur terre. Le complexe serait alors, plutôt qu'un mausolée destiné à une épouse chérie, une invention du XVIIe siècle romantique répétée à l'envi, un instrument de pouvoir, comme a pu l'être le château de Versailles construit au cours du même siècle.

Pour laisser le dernier mot à Wayne Begley : « Le Taj, un bâtiment sans précédent, est probablement une des plus puissantes images de la Majesté Divine jamais créées. Sa beauté architecturale constitue la contrepartie formelle de notre concept mental le plus exalté, celui d'une divinité sans forme... Sa beauté relative est peut-être la manifestation de l'intention délibérée de refléter la Beauté absolue de Dieu. »

Palais de Jai Singh ou temple de Shiva

Suivant la thèse développée par Purushottam Nagesh Oak, Shâh Jahân n'aurait pas construit le bâtiment, mais aurait acheté au raja Jai Singh de Jaipur un palais de grès rouge, l'aurait recouvert de marbre et transformé en tombeau pour son épouse. Fondateur, en 1964, de l'Institute for Rewriting Indian History (Institut pour une Réécriture de l'Histoire de l'Inde), il expose dans son livre « Taj Mahal - The True Story » un argumentaire en 110 points affirmant que le Taj Mahal n'est pas, ou plutôt, n'a pas toujours été le mausolée que l'on connaît, mais qu'il fut, avant d'être transformé par l'empereur, un palais et un temple dédié à Shiva, le Tejomahalay (s'il est possible que les deux ne soient pas exclusifs). Cette hypothèse n'a pas reçu de reconnaissance de la part de la communauté scientifique.

En 2000, La Cour suprême de l'Inde a rejeté la requête de Purushottam Nagesh Oak de déclarer qu'un roi Hindou a construit le Taj Mahal[k 2],[15].

Oak affirme que l'origine du Taj Mahal (ainsi que Stonehenge et la Cité du Vatican), ainsi que d'autres monuments historiques de l'Inde actuellement attribuées aux sultans musulmans ont été créés par les Hindous[16]. Oak est considéré comme un illuminé par les chercheurs pour ses opinions Hindou-centriques[17].

Menaces et protections

Échaufaudage protecteur en temps de guerre.

En 1942, le gouvernement érige un échafaudage pour anticiper les attaques aériennes de la Luftwaffe et plus tard des forces aériennes du Japon. Durant la guerre indo-pakistanaise de 1965 et 1971, des échafaudages sont encore érigés pour induire en erreur les pilotes[réf. souhaitée]. La sécurité est renforcée à la suite des attentats du 11 septembre 2001 et à la menace d'une guerre avec le Pakistan voisin. Des mesures préventives sont envisagées pour couvrir le monument avec une toile kaki afin d'éviter la réverbération du soleil qui le rend visible à 40 km à la ronde ce qui pouvait en faire une cible potentielle[18].

Les menaces les plus récentes proviennent de la pollution environnementale sur les bords de la rivière Yamuna avec les pluies acides et le nuage brun d’Asie, ce qui fait régulièrement virer le marbre blanc au jaune ou au brun et attaque les incrustations précieuses[19] dues à la raffinerie de Mathura[20]. Pour lutter contre la pollution, le gouvernement indien a mis en place une Zone Taj Trapèze (TTZ) 10 400 km2 autour du monument afin de réduire le trafic des voitures et les émissions industrielles[21].

Des plans sont conçus pour prodiguer régulièrement une couche d'argile - qui absorbe la poussière accumulée une fois séchée puis nettoyée - à la structure de marbre. Le coût total est évalué à 230 000 $, l'opération devant être renouvelée tous les deux ou trois ans[22].

Tourisme

Chaque année, le monument attire de deux à quatre millions de touristes, dont 200 000 étrangers. Un système de prix est mis en place avec un tarif d'entrée faible pour les Indiens et un prix vingt-cinq fois plus élevé pour les étrangers[23]. En octobre 2000, ce prix est triplé afin de réduire la surfréquentation touristique[24]. Les touristes visitent principalement le site lors des mois plus frais d'octobre, novembre et décembre. Le trafic routier est limité près du Taj Mahal, les touristes devant soit marcher à partir du parking réservé aux bus de tourisme ou l'une des trois entrées du site (Est-Sud-Ouest) soit recourir aux services des chameliers présent ou aux auto-rickshaws électriques. La cour nord, appelée « Khawasspuras », est restaurée pour être utilisée en tant que nouvel office de tourisme.

Les historiens de l'art présentent parfois le mausolée d'Itimâd-ud-Daulâ comme un « brouillon » du Taj Mahal, ce qui explique qu'il soit appelé « petit Taj » dans la littérature touristique[25].

Galerie

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Notes et références

  1. « World Heritage Sites - Agra - Taj Mahal », sur Archaeological Survey of India,
  2. « Taj! Overview », sur tajmahal.gov.in,
  3. « Taj Mahal », sur Unesco,
  4. (en) Hasan Parween, Review of Mughal Architecture: Its outline and its history p. 1301, vol. 53, The Journal of Asian Studies, , chap. 4
  5. (en) Lesley A. DuTemple, The Taj Mahal, p. 26: "The Taj Mahal, a spectacular example of Moghul architecture, blends Islamic, Hindu and Persian styles, Lerner Publishing Group, .
  6. a et b (en) « History of the Taj Mahal Agra », agra hub (consulté le )
  7. a et b (en) « The Taj mahal », Islamic Arts and Architecture Organization (consulté le )
  8. Valérie Bérinstain, L'Inde impériale des grands Moghols, Gallimard, , p. 98
  9. Richard A. Nebel, Construction Methods for Piling Installation, Université du Wisconsin à Madison, , p. 2
  10. Patrick Ringgenberg, L'univers symbolique des arts islamiques, Harmattan, , p. 319
  11. (en) Dorling Kindersley Ltd, Great Monuments of India, 2009 (lire en ligne), p. 251
  12. Jean Peyras, Les Monuments et la mémoire, Centre de recherches littéraires et historiques de l'Université de La Réunion, , p. 31
  13. Jean Peyras, Les Monuments et la mémoire, Centre de recherches littéraires et historiques de l'Université de La Réunion, , p. 32
  14. « Le Taj Mahal » sur le site septmerveillesdumonde.com
  15. (en) « Plea to rewrite Taj history dismissed », The Hindu, (consulté le )
  16. (en) Purushottam Nagesh Oak, « The True Story of the Taj Mahal », Stephen Knapp (consulté le )
  17. (en) Edwin Bryant, The Quest for the Origins of Vedic Culture: The Indo-Aryan Migration Debate, p. 4, Oxford University Press,
  18. (en) « Taj Mahal 'to be camouflaged' », (consulté le ).
  19. (en) Acid Rain and the Taj Mahal.
  20. (en) (en) Oil Refinery Impact on Taj Mahal, BANGALORE, INDIA--date=30 septembre 2008, Industrial Info Resources, Inc. (lire en ligne).
  21. (en) « Why is the Taj Trapezium Zone and why is it called so? », Times of India, (consulté le )
  22. (en) M. H. Bergin, S. N. Tripathi, J. Jai Devi, T. Gupta, M. Mckenzie, K. S. Rana, M. M. Shafer, Ana M. Villalobos et J. J. Schauer, « The Discoloration of the Taj Mahal due to Particulate Carbon and Dust Deposition », Environmental Science & Technology, vol. 49, no 2,‎ , p. 808–812 (DOI 10.1021/es504005q)
  23. https://tajmahal.gov.in/ticketing.html
  24. (en) Lesley A. DuTemple, The Taj Mahal, Twenty-First Century Books, , p. 79
  25. (en) Khursheed Kamal Aziz, The meaning of Islamic art : explorations in religious symbolism and social relevance, al-Faisal, , p. 333
  • (en) Ebba Koch, The Complete Taj Mahal: And the Riverfront Gardens of Agra, Thames & Hudson Ltd, , 288 p. (ISBN 0-500-34209-1)
  1. a et b Koch, p. 88.
  2. Koch, p. 239.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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