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« Droite républicaine » : différence entre les versions

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À la fin du {{s|XX}} et au début du {{s|XXI}}, l'expression « Droite républicaine » est surtout employée pour qualifier les mouvements [[libéralisme politique|libéraux]] et néo[[gaullisme|gaullistes]] appartenant à la « Droite parlementaire », par opposition aux mouvements d'[[extrême droite]] (principalement le [[Front national (parti français)|Front national]]) peu ou pas représentés au Parlement. En effet, un parti tel que le Front national s'est souvent vu refuser l'adjectif « républicain » en raison de sa filiation (partielle) avec la « droite contre-révolutionnaire » théorisée par [[René Rémond]]<ref>[[Michel Winock]], ''La Droite'', Paris, Plon, 2008, {{p.|50}}.</ref>.<br />
À la fin du {{s|XX}} et au début du {{s|XXI}}, l'expression « Droite républicaine » est surtout employée pour qualifier les mouvements [[libéralisme politique|libéraux]] et néo[[gaullisme|gaullistes]] appartenant à la « Droite parlementaire », par opposition aux mouvements d'[[extrême droite]] (principalement le [[Front national (parti français)|Front national]]) peu ou pas représentés au Parlement. En effet, un parti tel que le Front national s'est souvent vu refuser l'adjectif « républicain » en raison de sa filiation (partielle) avec la « droite contre-révolutionnaire » théorisée par [[René Rémond]]<ref>[[Michel Winock]], ''La Droite'', Paris, Plon, 2008, {{p.|50}}.</ref>. Beaucoup estiment que ses positions xénophobes, sa volonté de diviser la Nation en excluant les Français juifs, musulmans ou d'origine étrangère font de lui un ennemi des valeurs républicaines. Cet avis est partagé par le politologue [[Roland Cayrol]], pour qui ce parti « attise le soupçon voire la haine vis-à-vis des immigrés et d'une façon générale de "l'autre" sur notre sol », ainsi que Rama Yade, ancienne vice-présidente de l'[[Union des démocrates et indépendants|UDI]].<ref>{{Article|langue=fr-FR|titre=Rama Yade sur le FN : "ce qui est légal n'est pas forcément républicain"|périodique=Franceinfo|date=2014-03-25|lire en ligne=https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-invite-de-8h15/rama-yade-sur-le-fn-ce-qui-est-legal-n-est-pas-forcement-republicain_1756319.html|consulté le=2018-02-10}}</ref><br />


[[Guillaume Peltier]] a déposé l'expression « La Droite républicaine » comme marque auprès de l'[[Institut national de la propriété industrielle]] en juillet 2012<ref name="Krug">François Krug, « [http://www.rue89.com/rue89-politique/2012/08/17/lump-guillaume-peltier-soffre-le-monopole-de-la-droite-republicaine À l’UMP, Guillaume Peltier s’offre le monopole de la droite républicaine] », ''[[Rue89]]'', 17 août 2012.</ref>. Ce dépôt de marque a lieu dans la perspective d'un [[Congrès de l'Union pour un mouvement populaire de 2012|congrès de l'UMP]] consacré à l'élection du président de cette formation : à cette occasion, les principaux candidats à cette fonction se réclament tous de la « droite républicaine »<ref name="Krug"/>, étiquette politique que [[Nicolas Sarkozy]], partisan d'une droite « décomplexée »<ref name="Croix270812"/>, est le premier président de la [[Cinquième République (France)|Cinquième République]] à avoir assumée et revendiquée<ref>Selon Michel Winock. Cf. Gérard Courtois, « [http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/07/26/la-droite-repete-nos-valeurs-nos-valeurs-mais-lesquelles_1738800_3246.html La droite répète : Nos valeurs, nos valeurs. Mais lesquelles ?] », ''[[Le Monde|Le Monde.fr]]'', 26 août 2012.</ref>.
[[Guillaume Peltier]] a déposé l'expression « La Droite républicaine » comme marque auprès de l'[[Institut national de la propriété industrielle]] en juillet 2012<ref name="Krug">François Krug, « [http://www.rue89.com/rue89-politique/2012/08/17/lump-guillaume-peltier-soffre-le-monopole-de-la-droite-republicaine À l’UMP, Guillaume Peltier s’offre le monopole de la droite républicaine] », ''[[Rue89]]'', 17 août 2012.</ref>. Ce dépôt de marque a lieu dans la perspective d'un [[Congrès de l'Union pour un mouvement populaire de 2012|congrès de l'UMP]] consacré à l'élection du président de cette formation : à cette occasion, les principaux candidats à cette fonction se réclament tous de la « droite républicaine »<ref name="Krug"/>, étiquette politique que [[Nicolas Sarkozy]], partisan d'une droite « décomplexée »<ref name="Croix270812"/>, est le premier président de la [[Cinquième République (France)|Cinquième République]] à avoir assumée et revendiquée<ref>Selon Michel Winock. Cf. Gérard Courtois, « [http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/07/26/la-droite-repete-nos-valeurs-nos-valeurs-mais-lesquelles_1738800_3246.html La droite répète : Nos valeurs, nos valeurs. Mais lesquelles ?] », ''[[Le Monde|Le Monde.fr]]'', 26 août 2012.</ref>.

Version du 10 février 2018 à 20:18

L'expression « droite républicaine » désigne, dans le langage politique français, un courant de la droite rallié ou attaché aux institutions et aux valeurs de la République.

Histoire et utilisation

Sous la Troisième République

Edgar Raoul-Duval, initiateur, en 1886, de la « Droite républicaine ».

Jusque sous la Troisième République, le terme de « droite » regroupait exclusivement les monarchistes (orléanistes, légitimistes et bonapartistes), par opposition à la « gauche » dont se revendiquaient même les républicains modérés comme Jules Ferry (membre du groupe parlementaire de la Gauche républicaine).
En août 1886, le député de l'Eure Edgar Raoul-Duval, un protestant issu du bonapartisme, s'associa à son collègue Auguste Lepoutre pour tenter de fonder, sous l'étiquette de « Droite républicaine », un nouveau groupe parlementaire rassemblant les conservateurs qui, tournant le dos aux projets de restauration dynastique, acceptaient le régime républicain afin de promouvoir une politique libérale de conservation sociale et de pacification religieuse. Il s'agissait ainsi de faire la paix avec la République, désormais enracinée, pour mieux lutter contre l'influence du radicalisme anticlérical et contre la progression du socialisme collectiviste. Ce projet devait permettre une conjonction conservatrice des « centres », c'est-à-dire le rassemblement des modérés de gauche et de droite qui avait déjà été esquissé au mois d'avril, pendant les débats sur la grève des mineurs de Decazeville : 159 députés monarchistes avaient alors soutenu le gouvernement opportuniste lors d'une interpellation de l'extrême-gauche contre l'arrestation des journalistes socialistes Roche et Duc-Quercy[1].

Le manifeste et le programme de Raoul-Duval et Lepoutre furent publiés dans Le Temps du 22 août et reçurent le soutien du directeur du Constitutionnel, l'ex-légitimiste catholique Henri des Houx[2]. Un journal éponyme fut même fondé par Charles Jumel et parut du 14 novembre 1886 au 13 mars 1887[3]. Il y eut cependant peu d'adhérents (dont Albert Deberly et, peut-être, Piou, Lefèvre-Pontalis ainsi que Briet de Rainvilliers[4]) et, après la mort de Raoul-Duval en 1887, c'est en vain que Lepoutre essaya de constituer le groupe.
L'initiative de Raoul-Duval n'eut donc pas de conséquence immédiate, même si plusieurs députés conservateurs soutinrent le gouvernement Rouvier du 30 mai 1887. Cette expérience éphémère annonce cependant les phénomènes politiques plus durables du Ralliement (avec, en 1890, la fondation par Piou du groupe de la « Droite constitutionnelle »[5], rebaptisé « Droite républicaine » entre 1893 et 1898[6]) et de « l'Esprit nouveau » qui, dans la dernière décennie du XIXe siècle, amènent une partie de la droite à constituer un courant conservateur républicain[7], ancêtre de la droite et du centre droit contemporains.

De grands partis républicains de droite se forment ainsi à partir du début du XXe siècle (Action libérale populaire en 1902, Fédération républicaine en 1903, Parti républicain de la liberté en 1945...) mais ils n'assument presque jamais le terme « Droite », qui est très rarement revendiqué jusqu'à la fin du siècle[8].

Usage contemporain

À la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, l'expression « Droite républicaine » est surtout employée pour qualifier les mouvements libéraux et néogaullistes appartenant à la « Droite parlementaire », par opposition aux mouvements d'extrême droite (principalement le Front national) peu ou pas représentés au Parlement. En effet, un parti tel que le Front national s'est souvent vu refuser l'adjectif « républicain » en raison de sa filiation (partielle) avec la « droite contre-révolutionnaire » théorisée par René Rémond[9]. Beaucoup estiment que ses positions xénophobes, sa volonté de diviser la Nation en excluant les Français juifs, musulmans ou d'origine étrangère font de lui un ennemi des valeurs républicaines. Cet avis est partagé par le politologue Roland Cayrol, pour qui ce parti « attise le soupçon voire la haine vis-à-vis des immigrés et d'une façon générale de "l'autre" sur notre sol », ainsi que Rama Yade, ancienne vice-présidente de l'UDI.[10]

Guillaume Peltier a déposé l'expression « La Droite républicaine » comme marque auprès de l'Institut national de la propriété industrielle en juillet 2012[11]. Ce dépôt de marque a lieu dans la perspective d'un congrès de l'UMP consacré à l'élection du président de cette formation : à cette occasion, les principaux candidats à cette fonction se réclament tous de la « droite républicaine »[11], étiquette politique que Nicolas Sarkozy, partisan d'une droite « décomplexée »[8], est le premier président de la Cinquième République à avoir assumée et revendiquée[12].

Références

  1. Cf. André Daniel (L'Année politique 1886), p. 96.
  2. « La Politique de la droite républicaine », Le Temps, 20 décembre 1886, p. 2.
  3. Cf. Jean El Gammal, p. 613-616.
  4. Cf. Jean El Gammal, p. 608 et 618.
  5. Cf. Jean-Marie Mayeur, p. 148.
  6. Cf. Jean-Marie Mayeur, p. 152.
  7. Jean Garrigues, Le Boulangisme, Paris, PUF, 1992, p. 25.
  8. a et b Laurent de Boissieu, « La droite décomplexée, de Nicolas Sarkozy à Jean-François Copé », La Croix, 27 août 2012.
  9. Michel Winock, La Droite, Paris, Plon, 2008, p. 50.
  10. « Rama Yade sur le FN : "ce qui est légal n'est pas forcément républicain" », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. a et b François Krug, « À l’UMP, Guillaume Peltier s’offre le monopole de la droite républicaine », Rue89, 17 août 2012.
  12. Selon Michel Winock. Cf. Gérard Courtois, « La droite répète : Nos valeurs, nos valeurs. Mais lesquelles ? », Le Monde.fr, 26 août 2012.

Bibliographie