« Kim Dae-jung » : différence entre les versions

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'''Kim Dae-jung''' ({{Date de naissance|3|décembre|1925}}<ref>Date retenue par l'[http://nobelprize.org/nobel_prizes/peace/laureates/2000/dae-jung-bio.html Académie Nobel], mais plusieurs biographes ont avancé celle du 6 janvier 1924.</ref> - {{Date de décès|18|août|2009}}) est un [[homme d'État]] [[Corée du Sud|sud-coréen]].
'''Kim Dae-jung''' ({{Date de naissance|3|décembre|1925}}<ref>Date retenue par l'[http://nobelprize.org/nobel_prizes/peace/laureates/2000/dae-jung-bio.html Académie Nobel], mais plusieurs biographes ont avancé celle du 6 janvier 1924.</ref> - {{Date de décès|18|août|2009}}) est un [[homme d'État]] [[Corée du Sud|sud-coréen]].


Il a été pendant longtemps le chef de l'opposition et œuvre en faveur de la [[transition démocratique]], il se présente à quatre reprises à l'élection présidentielle, en [[1971]], [[1987]], [[1992]] et [[1997]]. Il échappe ''in extremis'' à une [[Enlèvement de Kim Dae-jung|tentative d'assassinat en août 1973]] organisée par le [[National Intelligence Service|KCIA]] du dictateur [[Park Chung-hee]]. Kim Dae-jung est élu [[Liste des présidents de la Corée du Sud|président]] (après [[Kim Young-sam]]) en [[1997]] et le reste jusqu'en [[2003]]. Il obtient le [[Prix Nobel de la paix]] pour sa « [[politique du rayon de soleil|politique du rayon de Soleil]] », inspirée de l'[[Ostpolitik]] de [[Willy Brandt]], qui vise à réconcilier les deux Corées.
Il a été pendant longtemps le chef de l'opposition dans son pays. Œuvrant en faveur de la [[transition démocratique]], il se présente à quatre reprises à l'élection présidentielle, en [[1971]], [[1987]], [[1992]] et [[1997]]. Il échappe ''in extremis'' à une [[Enlèvement de Kim Dae-jung|tentative d'assassinat en août 1973]] organisée par le [[National Intelligence Service|KCIA]] du dictateur [[Park Chung-hee]]. Kim Dae-jung est élu [[Liste des présidents de la Corée du Sud|président]] (après [[Kim Young-sam]]) en [[1997]] et le reste jusqu'en [[2003]]. Il obtient le [[Prix Nobel de la paix]] pour sa « [[politique du rayon de soleil]] », inspirée de l'[[Ostpolitik]] de [[Willy Brandt]], qui vise à réconcilier les deux Corées.


== Début de carrière politique ==
== Début de carrière politique ==
Il entre en politique en [[1954]] en s'opposant au maintien de [[Syngman Rhee]]. Élu à l'[[Gukhoe|Assemblée nationale]] en [[1961]], il perdit son poste après le coup d'État militaire mené par [[Park Chung-hee]] le {{date|16|mai|1961}}, le nouveau dictateur annulant immédiatement les élections en proclamant l'[[état d'urgence]].
Il entre en politique en [[1954]] en s'opposant au maintien de [[Syngman Rhee]]. Élu à l'[[Gukhoe|Assemblée nationale]] en [[1961]], il perd son poste après le coup d'État militaire mené par [[Park Chung-hee]] le {{date|16|mai|1961}}, le nouveau dictateur annulant immédiatement les élections en proclamant l'[[état d'urgence]].


Parvenant à se faire élire député lors d'élections organisées en 1963 et 1967, malgré les fraudes, et devint la principale figure de l'opposition. Après la réforme de la Constitution de 1963 organisée par le dictateur Chung-hee pour lui permettre de se présenter à un troisième mandat, Kim Dae-jung fut son opposant lors de la présidentielle de [[1971]], obtenant 45 % des voix (dont près de 60 % à [[Séoul]])<ref name="NYT">{{en}} [https://www.nytimes.com/2009/08/19/world/asia/19kim.html ''{{lang|en|Kim Dae-jung, 83, Ex-President of South Korea, Dies}}''], [[The New York Times|New York Times]], 18 août 2009.</ref> malgré les nombreuses pressions émanant de la dictature.
Parvenant à se faire élire député lors d'élections organisées en 1963 et 1967, malgré les fraudes, il devient la principale figure de l'opposition. Après la réforme de la Constitution de 1963 organisée par le dictateur Chung-hee pour lui permettre de se présenter à un troisième mandat, Kim Dae-jung est son opposant lors de la présidentielle de [[1971]], obtenant 45 % des voix (dont près de 60 % à [[Séoul]])<ref name="NYT">{{en}} [https://www.nytimes.com/2009/08/19/world/asia/19kim.html ''{{lang|en|Kim Dae-jung, 83, Ex-President of South Korea, Dies}}''], [[The New York Times|New York Times]], 18 août 2009.</ref> malgré les nombreuses pressions émanant de la dictature.


Échappant peu après les élections à une tentative d'assassinat maquillée en accident de la circulation, qui lui vaudra un handicap permanent à la hanche, il s'[[exil]]e au [[Japon]], où il organise un Front démocratique d'opposition, basé au Japon et aux [[États-Unis]]. Le {{date|8|août|1973}}, il est [[enlèvement de Kim Dae-jung|enlevé par des agents du KCIA]] à [[Tokyo]] et est enchaîné à des blocs de béton et emmené dans un bateau en vue d'être noyé en haute mer. Il échappe de peu à la mort grâce à l'intervention, de leur propre initiative, de quelques fonctionnaires américains rétifs à la ligne officielle de l'administration [[Richard Nixon|Nixon]] (soutien aux régimes anticommunistes quelle que fût leur politique en matière de [[droits de l'homme]]), dont notamment l'ambassadeur [[Philip Habib]]<ref name=DR>[[Donald Ranard]], [http://pqasb.pqarchiver.com/washingtonpost/access/293226381.html?FMT=ABS&FMTS=ABS:FT&date=Feb+23%2C+2003&author=Donald+A.+Ranard&desc=Kim+Dae+Jung%27s+Close+Call%3A+A+Tale+of+Three+Dissidents {{lang|en|Kim Dae Jung's Close Call: A Tale of Three Dissidents}}], ''[[The Washington Post|Washington Post]]'', 23 février 2003 </ref>{{,}}<ref name=BG>[http://www.boston.com/bostonglobe/editorial_opinion/oped/articles/2009/08/24/saving_kim_dae_jung_a_tale_of_two_dissident_diplomats/ {{lang|en|Saving Kim Dae-jung: A tale of two dissident diplomats}}], ''[[The Boston Globe]]'', 24 août 2009</ref>.
Échappant peu après les élections à une tentative d'assassinat maquillée en accident de la circulation, qui lui vaudra un handicap permanent à la hanche, il s'[[exil]]e au [[Japon]], d'où il organise un Front démocratique d'opposition, basé au Japon et aux [[États-Unis]]. Le {{date|8|août|1973}}, il est [[enlèvement de Kim Dae-jung|enlevé par des agents du KCIA]] à [[Tokyo]]. Il est enchaîné à des blocs de béton et emmené dans un bateau en vue d'être noyé en haute mer. Il échappe de peu à la mort grâce à l'intervention, de leur propre initiative, de quelques fonctionnaires américains rétifs à la ligne officielle de l'administration [[Richard Nixon|Nixon]] (soutien aux régimes anticommunistes quelle que fût leur politique en matière de [[droits de l'homme]]), dont notamment l'ambassadeur [[Philip Habib]]<ref name=DR>[[Donald Ranard]], [http://pqasb.pqarchiver.com/washingtonpost/access/293226381.html?FMT=ABS&FMTS=ABS:FT&date=Feb+23%2C+2003&author=Donald+A.+Ranard&desc=Kim+Dae+Jung%27s+Close+Call%3A+A+Tale+of+Three+Dissidents {{lang|en|Kim Dae Jung's Close Call: A Tale of Three Dissidents}}], ''[[The Washington Post|Washington Post]]'', 23 février 2003 </ref>{{,}}<ref name=BG>[http://www.boston.com/bostonglobe/editorial_opinion/oped/articles/2009/08/24/saving_kim_dae_jung_a_tale_of_two_dissident_diplomats/ {{lang|en|Saving Kim Dae-jung: A tale of two dissident diplomats}}], ''[[The Boston Globe]]'', 24 août 2009.</ref>.


Il fut par la suite [[bannissement|banni]].
Il est par la suite [[bannissement|banni]].


En [[1980]], Kim Dae-jung est condamné à mort<ref name="NYT" /> pour sédition et conspiration à la suite d'un autre coup d'État de [[Chun Doo-hwan]] et du [[soulèvement de Gwangju|soulèvement populaire à Gwangju]], son fief politique. Grâce à l'intervention du gouvernement des [[États-Unis]], la sentence est commuée en 20 ans de prison, puis, plus tard, à l'exil pour les États-Unis.
En [[1980]], Kim Dae-jung est condamné à mort<ref name="NYT" /> pour sédition et conspiration à la suite d'un autre coup d'État de [[Chun Doo-hwan]] et du [[soulèvement de Gwangju|soulèvement populaire à Gwangju]], son fief politique. Grâce à l'intervention du gouvernement des [[États-Unis]], la sentence est commuée en 20 ans de prison, puis, plus tard, à l'exil pour les États-Unis.
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== En route vers la présidence ==
== En route vers la présidence ==


Après son retour en Corée du Sud en [[1985]], il reprend son rôle de chef de l'opposition. Lorsque la première élection présidentielle démocratique se tient en [[1987]] après la retraite de l'ex-général [[Chun Doo-hwan]], Kim Dae-jung et [[Kim Young-sam]], son camarade et rival politique de longue date, se portent candidats et obtiennent respectivement 27 % et 27,5 % des voix. Cela divise les votes pour l'opposition et permet la victoire de l'ex-général [[Roh Tae-woo]] avec environ 37 % des voix, le successeur désigné de Chun Doo-hwan.
Après son retour en Corée du Sud en [[1985]], il reprend son rôle de chef de l'opposition. Lorsque la première élection présidentielle démocratique se tient en [[1987]] après la retraite de l'ex-général [[Chun Doo-hwan]], Kim Dae-jung et [[Kim Young-sam]], son camarade et rival politique de longue date, se portent candidats et obtiennent respectivement 27 % et 27,5 % des voix. Cela divise les votes pour l'opposition et permet la victoire avec environ 37 % des voix de l'ex-général [[Roh Tae-woo]], successeur désigné de Chun Doo-hwan.


Kim Dae-jung échoue à nouveau à la présidentielle de [[1992]] avec 33,8 % des voix, cette fois seulement contre Kim Young-sam qui succède à Roh Tae-woo. Cependant, lors des élections de [[1997]], sa quatrième candidature, il gagne finalement avec 40,3 % des voix pour succéder à Kim Young-sam.
Kim Dae-jung échoue à nouveau à la présidentielle de [[1992]] avec 33,8 % des voix, cette fois seulement contre Kim Young-sam qui succède à Roh Tae-woo. Cependant, lors des élections de [[1997]], sa quatrième candidature, il gagne finalement avec 40,3 % des voix, et succède ainsi à Kim Young-sam.


Les présidents précédents [[Park Chung-hee]], Chun Doo-hwan, Roh Tae-woo et Kim Young-sam venaient tous d'une région relativement hospitalière, la province de [[Gyeongsang]]. Kim Dae-jung est le premier président venant de la région de [[Jeolla]], dans le sud-ouest, une région qui avait été traditionnellement négligée et moins développée, au moins en partie à cause de la discrimination politique des présidents précédents. Il obtient d'ailleurs plus de 90 % des voix dans cette région. Il obtient le [[prix Rafto]] en [[2000]] pour les pressions démocratiques qu'il exerce en Corée du Sud.
Les présidents précédents [[Park Chung-hee]], Chun Doo-hwan, Roh Tae-woo et Kim Young-sam venaient tous d'une région relativement hospitalière, la province de [[Gyeongsang]]. Kim Dae-jung est le premier président venant de la région de [[Jeolla]], dans le sud-ouest, une région qui avait été traditionnellement négligée et moins développée, en partie à cause de la discrimination politique des présidents précédents. Il obtient d'ailleurs plus de 90 % des voix dans cette région. Il reçoit le [[prix Rafto]] en [[2000]] pour l'action en faveur de la démocratie qu'il exerce en Corée du Sud.


== Présidence ==
== Présidence ==


Kim Dae-jung arrive au pouvoir en plein milieu d'une [[crise économique asiatique|crise économique]] qui touche la [[Corée du Sud]] à partir de la dernière année de la présidence de Kim Young-sam. Il réalise une vigoureuse réforme économique et une importante restructuration afin de revitaliser l'économie, obtenant ainsi quelques résultats remarquables pour l'économie sud-coréenne.
Kim Dae-jung arrive au pouvoir en plein milieu d'une [[crise économique asiatique|crise économique]] qui touche la [[Corée du Sud]] à partir de la dernière année de la présidence de Kim Young-sam. Il instaure une vigoureuse politique de réformes économiques et une importante restructuration afin de revitaliser l'économie, qui se traduisent par un certain nombre de résultats remarquables pour l'économie sud-coréenne.


Sa politique d'engagement avec la Corée du Nord est appelée la « [[Politique du rayon de soleil|Politique du rayon de Soleil]] » (sunshine policy), inspirée de l'[[Ostpolitik]] de [[Willy Brandt]]. Dans ce cadre, Kim Dae-jung est le premier chef d'État sud-coréen à se rendre à Pyongyang, où il signe la déclaration conjointe du {{date|15|juin|2000}} avec son homologue nord-coréen [[Kim Jong-il]]. La déclaration du {{date|15|juin|2000}} constitue la pierre angulaire des relations intercoréennes, en vue de la réunification de la péninsule.
Sa politique d'engagement avec la Corée du Nord est appelée la « [[Politique du rayon de soleil|Politique du rayon de Soleil]] » (''sunshine policy''). Elle s'inspire de l'[[Ostpolitik]] de [[Willy Brandt]]. Dans ce cadre, Kim Dae-jung est le premier chef d'État sud-coréen à se rendre à Pyongyang, où il signe la déclaration conjointe du {{date|15|juin|2000}} avec son homologue nord-coréen [[Kim Jong-il]]. La déclaration du {{date|15|juin|2000}} constitue la pierre angulaire des relations intercoréennes en vue de la réunification de la péninsule.


La « sunshine policy » de Kim Dae-jung lui vaut d'obtenir le [[Prix Nobel de la paix]]. Cette attribution est cependant controversée : la [[Corée du Nord]] a contesté que cette récompense soit décernée au seul président sud-coréen, tandis que les adversaires politiques de Kim Dae-jung ont contesté l'instauration d'un dialogue ne comportant pas, selon eux, de contreparties suffisantes de [[Pyongyang]] (voir les articles détaillés [[relations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud|relations inter-Corées]] et [[réunification de la Corée]]).
La « sunshine policy » de Kim Dae-jung lui vaut d'obtenir le [[Prix Nobel de la paix]]. Cette attribution est cependant controversée : la [[Corée du Nord]] conteste que cette récompense soit décernée au seul président sud-coréen, tandis que les adversaires politiques de Kim Dae-jung critiquent l'instauration d'un dialogue ne comportant pas, selon eux, de contreparties suffisantes de [[Pyongyang]] (voir les articles détaillés [[relations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud|relations inter-Corées]] et [[réunification de la Corée]]).


[[Roh Moo-hyun]], qui appartient à ce moment au même parti politique que Kim Dae-jung, lui succède en [[2003]]. Il poursuivra notamment sa « Politique du rayon de Soleil ». Après le suicide de [[Roh Moo-hyun]], il assiste à ses funérailles le {{date|29|mai|2009}}. Il décède quelque temps après d'une [[embolie pulmonaire]] le {{date|18|août|2009}}.
[[Roh Moo-hyun]], qui appartient à ce moment au même parti politique que Kim Dae-jung, lui succède en [[2003]]. Il poursuivra notamment sa « politique du rayon de soleil ». Après le suicide de [[Roh Moo-hyun]], Kim Dae-jung assiste à ses funérailles le {{date|29|mai|2009}}. Il décède quelque temps après d'une [[embolie pulmonaire]] le {{date|18|août|2009}}.


== Référence ==
== Référence ==
{{Références}}
<references/>


== Liens externes ==
== Liens externes ==

Version du 6 avril 2018 à 21:18

Kim Dae-jung
김대중
Illustration.
Fonctions
Président de la République de Corée

(4 ans, 11 mois et 30 jours)
Élection 19 décembre 1997
Premier ministre Kim Jong-pil
Park Tae-joon
Lee Han-dong
Chang Sang
Jeon Yun-churl
Chang Dae-whan
Kim Suk-soo
Prédécesseur Kim Young-sam
Successeur Roh Moo-hyun
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Hauido (en) (Corée japonaise)
Date de décès (à 83 ans)
Lieu de décès Séoul (Corée du Sud)
Nature du décès embolie pulmonaire
Nationalité sud-coréenne
Parti politique Parti démocratique du millénaire
Conjoint Lee Hee Ho
Religion catholicisme

Kim Dae-jung
Présidents de la République de Corée
Prix Nobel de la paix 2000

Kim Dae-jung
Hangeul 김대중
Hanja 金大中
Romanisation révisée Gim Daejung
McCune-Reischauer Kim Taejung

Kim Dae-jung ([1] - ) est un homme d'État sud-coréen.

Il a été pendant longtemps le chef de l'opposition dans son pays. Œuvrant en faveur de la transition démocratique, il se présente à quatre reprises à l'élection présidentielle, en 1971, 1987, 1992 et 1997. Il échappe in extremis à une tentative d'assassinat en août 1973 organisée par le KCIA du dictateur Park Chung-hee. Kim Dae-jung est élu président (après Kim Young-sam) en 1997 et le reste jusqu'en 2003. Il obtient le Prix Nobel de la paix pour sa « politique du rayon de soleil », inspirée de l'Ostpolitik de Willy Brandt, qui vise à réconcilier les deux Corées.

Début de carrière politique

Il entre en politique en 1954 en s'opposant au maintien de Syngman Rhee. Élu à l'Assemblée nationale en 1961, il perd son poste après le coup d'État militaire mené par Park Chung-hee le , le nouveau dictateur annulant immédiatement les élections en proclamant l'état d'urgence.

Parvenant à se faire élire député lors d'élections organisées en 1963 et 1967, malgré les fraudes, il devient la principale figure de l'opposition. Après la réforme de la Constitution de 1963 organisée par le dictateur Chung-hee pour lui permettre de se présenter à un troisième mandat, Kim Dae-jung est son opposant lors de la présidentielle de 1971, obtenant 45 % des voix (dont près de 60 % à Séoul)[2] malgré les nombreuses pressions émanant de la dictature.

Échappant peu après les élections à une tentative d'assassinat maquillée en accident de la circulation, qui lui vaudra un handicap permanent à la hanche, il s'exile au Japon, d'où il organise un Front démocratique d'opposition, basé au Japon et aux États-Unis. Le , il est enlevé par des agents du KCIA à Tokyo. Il est enchaîné à des blocs de béton et emmené dans un bateau en vue d'être noyé en haute mer. Il échappe de peu à la mort grâce à l'intervention, de leur propre initiative, de quelques fonctionnaires américains rétifs à la ligne officielle de l'administration Nixon (soutien aux régimes anticommunistes quelle que fût leur politique en matière de droits de l'homme), dont notamment l'ambassadeur Philip Habib[3],[4].

Il est par la suite banni.

En 1980, Kim Dae-jung est condamné à mort[2] pour sédition et conspiration à la suite d'un autre coup d'État de Chun Doo-hwan et du soulèvement populaire à Gwangju, son fief politique. Grâce à l'intervention du gouvernement des États-Unis, la sentence est commuée en 20 ans de prison, puis, plus tard, à l'exil pour les États-Unis.

En route vers la présidence

Après son retour en Corée du Sud en 1985, il reprend son rôle de chef de l'opposition. Lorsque la première élection présidentielle démocratique se tient en 1987 après la retraite de l'ex-général Chun Doo-hwan, Kim Dae-jung et Kim Young-sam, son camarade et rival politique de longue date, se portent candidats et obtiennent respectivement 27 % et 27,5 % des voix. Cela divise les votes pour l'opposition et permet la victoire avec environ 37 % des voix de l'ex-général Roh Tae-woo, successeur désigné de Chun Doo-hwan.

Kim Dae-jung échoue à nouveau à la présidentielle de 1992 avec 33,8 % des voix, cette fois seulement contre Kim Young-sam qui succède à Roh Tae-woo. Cependant, lors des élections de 1997, sa quatrième candidature, il gagne finalement avec 40,3 % des voix, et succède ainsi à Kim Young-sam.

Les présidents précédents Park Chung-hee, Chun Doo-hwan, Roh Tae-woo et Kim Young-sam venaient tous d'une région relativement hospitalière, la province de Gyeongsang. Kim Dae-jung est le premier président venant de la région de Jeolla, dans le sud-ouest, une région qui avait été traditionnellement négligée et moins développée, en partie à cause de la discrimination politique des présidents précédents. Il obtient d'ailleurs plus de 90 % des voix dans cette région. Il reçoit le prix Rafto en 2000 pour l'action en faveur de la démocratie qu'il exerce en Corée du Sud.

Présidence

Kim Dae-jung arrive au pouvoir en plein milieu d'une crise économique qui touche la Corée du Sud à partir de la dernière année de la présidence de Kim Young-sam. Il instaure une vigoureuse politique de réformes économiques et une importante restructuration afin de revitaliser l'économie, qui se traduisent par un certain nombre de résultats remarquables pour l'économie sud-coréenne.

Sa politique d'engagement avec la Corée du Nord est appelée la « Politique du rayon de Soleil » (sunshine policy). Elle s'inspire de l'Ostpolitik de Willy Brandt. Dans ce cadre, Kim Dae-jung est le premier chef d'État sud-coréen à se rendre à Pyongyang, où il signe la déclaration conjointe du avec son homologue nord-coréen Kim Jong-il. La déclaration du constitue la pierre angulaire des relations intercoréennes en vue de la réunification de la péninsule.

La « sunshine policy » de Kim Dae-jung lui vaut d'obtenir le Prix Nobel de la paix. Cette attribution est cependant controversée : la Corée du Nord conteste que cette récompense soit décernée au seul président sud-coréen, tandis que les adversaires politiques de Kim Dae-jung critiquent l'instauration d'un dialogue ne comportant pas, selon eux, de contreparties suffisantes de Pyongyang (voir les articles détaillés relations inter-Corées et réunification de la Corée).

Roh Moo-hyun, qui appartient à ce moment au même parti politique que Kim Dae-jung, lui succède en 2003. Il poursuivra notamment sa « politique du rayon de soleil ». Après le suicide de Roh Moo-hyun, Kim Dae-jung assiste à ses funérailles le . Il décède quelque temps après d'une embolie pulmonaire le .

Référence

  1. Date retenue par l'Académie Nobel, mais plusieurs biographes ont avancé celle du 6 janvier 1924.
  2. a et b (en) Kim Dae-jung, 83, Ex-President of South Korea, Dies, New York Times, 18 août 2009.
  3. Donald Ranard, Kim Dae Jung's Close Call: A Tale of Three Dissidents, Washington Post, 23 février 2003
  4. Saving Kim Dae-jung: A tale of two dissident diplomats, The Boston Globe, 24 août 2009.

Liens externes