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== Biographie ==
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Brodsky est issu d'une famille juive russe démunie de [[Saint-Pétersbourg|Léningrad]]. Il interrompt ses études à l'âge de 16 ans et vit de divers petits métiers. Il apprend seul le [[polonais]] et surtout l'[[anglais]], puis s'initie en autodidacte aux sciences humaines ainsi qu'à l'histoire, la littérature, la philosophie et la mythologie. Il intègre les cercles littéraires d'[[Union des républiques socialistes soviétiques]] et fréquente entre autres [[Evgueni Reïn]] et [[Anna Akhmatova]]. Impressionnée par la force de ses premiers textes, cette dernière le pousse à persévérer comme poète.
Brodsky est issu d'une famille juive russe démunie de [[Saint-Pétersbourg|Léningrad]]. Son père est photo-reporter pour la marine russe et sa mère interprête. Il interrompt ses études à l'âge de 16 ans et vit de divers petits métiers. Il apprend seul le [[polonais]] et surtout l'[[anglais]] dans la but de traduire [[Milocz]] et [[John Donne]], puis s'initie en autodidacte aux sciences humaines ainsi qu'à l'histoire, la littérature, la philosophie et la mythologie. Il intègre les cercles littéraires d'[[Union des républiques socialistes soviétiques]] il rencontre [[Evgueni Reïn]] et [[Anna Akhmatova]]. Impressionnée par la force de ses premiers textes, cette dernière le pousse à persévérer comme poète.


Alors que sa popularité ne cesse de croître en [[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]], il est arrêté en [[1964]] et condamné pour « parasitisme social » à cinq ans de déportation dans l'[[oblast d'Arkhangelsk]]. Libéré un an plus tard, il rentre à [[Saint-Pétersbourg|Léningrad]], mais n'arrive pas à faire publier ses ouvrages.
Alors que sa popularité ne cesse de croître en [[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]], il est arrêté en [[1964]] et condamné pour « parasitisme social » à cinq ans de déportation dans l'[[oblast d'Arkhangelsk]]. Libéré un an plus tard, il rentre à [[Saint-Pétersbourg|Léningrad]], mais n'arrive pas à faire publier ses ouvrages.
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Accédant à la citoyenneté américaine en [[1977]], il enseigne à l'[[Université du Michigan]] et devient une figure marquante des milieux intellectuels new-yorkais. Ce statut accroît son prestige international et lui permet de donner des conférences dans le monde entier.
Accédant à la citoyenneté américaine en [[1977]], il enseigne à l'[[Université du Michigan]] et devient une figure marquante des milieux intellectuels new-yorkais. Ce statut accroît son prestige international et lui permet de donner des conférences dans le monde entier.


Dans son discours de réception du prix Nobel en [[1987 en littérature|1987]], l'auteur mentionne quatre noms comme influences déterminantes pour ses travaux : [[Anna Akhmatova|Akhmatova]], [[W. H. Auden|Auden]], [[Marina Tsvetaïeva]] et [[Robert Frost]]. D'autres influences se lisent dans sa poésie parmi lesquelles [[T.S. Eliot]], [[Constantin Cavafy]], les [[Poésie philosophique|poètes-philosophes]] russes [[Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling|schelligiens]] du {{s-|XIX|e}} ([[Fiodor Tiouttchev]], [[Ievgueni Baratynski]]) ou encore [[Ossip Mandelstam]] et [[Nikolaï Zabolotski]].
Dans son discours de réception du prix Nobel en [[1987 en littérature|1987]], il cite quatre auteurs dont l'influence a été déterminante : [[Anna Akhmatova|Akhmatova]], [[W. H. Auden|Auden]], [[Marina Tsvetaïeva]] et [[Robert Frost]]. D'autres influences se lisent dans sa poésie parmi lesquelles [[T.S. Eliot]], [[Constantin Cavafy]], les [[Poésie philosophique|poètes-philosophes]] russes [[Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling|schelligiens]] du {{s-|XIX|e}} ([[Fiodor Tiouttchev]], [[Ievgueni Baratynski]]) ou encore [[Ossip Mandelstam]] et [[Nikolaï Zabolotski]].


L'œuvre de Brodsky doit beaucoup à la tradition péterbourgeoise des [[Acméisme|acméistes]] et plus encore à la poésie anglophone (particulièrement les [[poètes métaphysiques]] tels que [[John Donne]]) à qui il emprunte l'inquiétude métaphysique, la préciosité de la forme et la versification savante. La [[prosodie]], la [[Métrique (poésie)|métrique]] et la [[Rythmique (poésie)|rythmique]] de ses compositions se veulent plus libres au fil du temps. On retrouve dans ses strophes alambiquées un hommage à la poésie élisabéthaine dont il reprend le jeu des [[rejet (versification)|rejets]] et [[contre-rejet]]s et de rimes finales ou intérieures. Il a par ailleurs souvent recours à l'[[enjambement]] et aux [[métaphore]]s. Sa poésie fait de la parole la preuve absolue de l'existence humaine. Elle constitue une réflexion dense sur la langue ([[syntaxe]], [[versification]], [[étymologie]], [[symbolique]], musicalité) et concilie inspiration quotidienne, méditation et vision [[éthique]], épique et [[Cosmogonie|cosmogonique]].
L'œuvre de Brodsky doit beaucoup à la tradition péterbourgeoise des [[Acméisme|acméistes]] et plus encore à la poésie anglophone (particulièrement les [[poètes métaphysiques]] tels que [[John Donne]]) à qui il emprunte l'inquiétude métaphysique, la préciosité de la forme et la versification savante. La [[prosodie]], la [[Métrique (poésie)|métrique]] et la [[Rythmique (poésie)|rythmique]] de ses compositions se veulent plus libres au fil du temps. On retrouve dans ses strophes alambiquées un hommage à la poésie élisabéthaine dont il reprend le jeu des [[rejet (versification)|rejets]] et [[contre-rejet]]s et de rimes finales ou intérieures. Il a aussi souvent recours à l'[[enjambement]] et aux [[métaphore]]s. Sa poésie fait de la parole la preuve absolue de l'existence humaine. Elle constitue une réflexion dense sur la langue ([[syntaxe]], [[versification]], [[étymologie]], [[symbolique]], musicalité) et conjugue inspiration du quotidien, méditation, vision [[éthique]], épique et [[Cosmogonie|cosmogonique]].


En [[1990]], il épouse en secondes noces Maria Sozzani, une étudiante russo-italienne dont il aura une fille, Anna.
En [[1990]], il épouse une étudiante russo-italienne, Maria Sozzani, rencontrée alors qu'il donne un cours à Paris, dont il aura une fille, Anna.


Joseph Brodsky meurt à [[New York]] le {{date|28|janvier|1996}} des suites d'une [[Infarctus du myocarde|crise cardiaque]]. Il est enterré sur l'[[San Michele (île)|île de San Michele]], l'île-cimetière de [[Venise]]. Joseph Brodsky aimait particulièrement l'[[Italie]] et trouvait la traduction en italien de ses poèmes excellente, celle-ci utilisant le même système de rimes que celui de la poésie russe.
Joseph Brodsky meurt à [[New York]], le {{date|28|janvier|1996}}, des suites d'une [[Infarctus du myocarde|crise cardiaque]]. Il est enterré sur l'[[San Michele (île)|île de San Michele]], l'île-cimetière de [[Venise]]. Joseph Brodsky aimait particulièrement l'[[Italie]] et trouvait la traduction en italien de ses poèmes excellente, celle-ci utilisant le même système de rimes que celui de la poésie russe.


Parmi ses recueils de poèmes, on note ''La Procession'' ([[1962 en littérature|1962]]), ''Collines'' ([[1962 en littérature|1962]]), ''Isaac et Abraham'' ([[1962 en littérature|1962]]), ''Élégie à John Donne'' ([[1963 en littérature|1963]]), ''Gortchakov et Gorbounov'' ([[1965 en littérature|1965]]-[[1968 en littérature|1968]]), ''La Partie du discours'' ([[1977 en littérature|1977]]), ''Nouvelles Stances'' ([[1983 en littérature|1983]]), ''[[Uranie (recueil)|Uranie]]'' ([[1987 en littérature|1987]]). Il est également l'auteur de pièces de théâtre telles que ''Le Marbre'' ([[1984 en littérature|1984]]) et ''Démocratie'' ([[1990 en littérature|1990]]). Il a aussi signé quelques essais critiques comme ''Loin de Byzance'' ([[1988 en littérature|1988]]) puis une ''Histoire du {{s-|XX|e}}'' ([[1986 en littérature|1986]]).
Parmi ses recueils de poèmes, on note ''La Procession'' ([[1962 en littérature|1962]]), ''Collines'' ([[1962 en littérature|1962]]), ''Isaac et Abraham'' ([[1962 en littérature|1962]]), ''Élégie à John Donne'' ([[1963 en littérature|1963]]), ''Gortchakov et Gorbounov'' ([[1965 en littérature|1965]]-[[1968 en littérature|1968]]), ''La Partie du discours'' ([[1977 en littérature|1977]]), ''Nouvelles Stances'' ([[1983 en littérature|1983]]), ''[[Uranie (recueil)|Uranie]]'' ([[1987 en littérature|1987]]). Il est également l'auteur de pièces de théâtre telles que ''Le Marbre'' ([[1984 en littérature|1984]]) et ''Démocratie'' ([[1990 en littérature|1990]]). Il a aussi signé quelques essais critiques comme ''Loin de Byzance'' ([[1988 en littérature|1988]]) puis une ''Histoire du {{s-|XX|e}}'' ([[1986 en littérature|1986]]).

Version du 18 avril 2018 à 06:36

Joseph Brodsky
Description de cette image, également commentée ci-après
Joseph Brodsky, 1988
Nom de naissance Иосиф Александрович Бродский
Naissance
Leningrad, URSS
Décès (à 55 ans)
New York, États-Unis
Activité principale
Écrivain
Distinctions
Auteur
Genres
Poésie
Joseph Brodsky, c. 1972

Joseph Brodsky (en russe : Иосиф Александрович Бродский, Iossif Aleksandrovitch Brodski) est un poète russe né à Léningrad le et mort à New York le . Il est lauréat du prix Nobel de littérature en 1987[1].

Biographie

Brodsky est issu d'une famille juive russe démunie de Léningrad. Son père est photo-reporter pour la marine russe et sa mère interprête. Il interrompt ses études à l'âge de 16 ans et vit de divers petits métiers. Il apprend seul le polonais et surtout l'anglais dans la but de traduire Milocz et John Donne, puis s'initie en autodidacte aux sciences humaines ainsi qu'à l'histoire, la littérature, la philosophie et la mythologie. Il intègre les cercles littéraires d'Union des républiques socialistes soviétiques où il rencontre Evgueni Reïn et Anna Akhmatova. Impressionnée par la force de ses premiers textes, cette dernière le pousse à persévérer comme poète.

Alors que sa popularité ne cesse de croître en Union soviétique, il est arrêté en 1964 et condamné pour « parasitisme social » à cinq ans de déportation dans l'oblast d'Arkhangelsk. Libéré un an plus tard, il rentre à Léningrad, mais n'arrive pas à faire publier ses ouvrages.

En 1966, il se rend en Lituanie, où il fait connaissance de Tomas Venclova à qui il dédiera son poème Lithuanian Nocturne (1973)[2],[3].

Constamment surveillé, il est expulsé d'URSS en . Après un bref séjour à Vienne, où il est accueilli par W. H. Auden, il s'établit aux États-Unis. À l'instar de Vladimir Nabokov, il écrit des articles en anglais, regroupés plus tard dans le recueil Loin de Byzance.

Brodsky entame ensuite l'écriture de poèmes en langue anglaise et traduit du russe certaines de ses compositions, arrivant à retrouver les acrobaties rythmiques et verbales des versions originales. Il publie par ailleurs ses travaux dans les plus grandes revues littéraires des États-Unis.

Accédant à la citoyenneté américaine en 1977, il enseigne à l'Université du Michigan et devient une figure marquante des milieux intellectuels new-yorkais. Ce statut accroît son prestige international et lui permet de donner des conférences dans le monde entier.

Dans son discours de réception du prix Nobel en 1987, il cite quatre auteurs dont l'influence a été déterminante : Akhmatova, Auden, Marina Tsvetaïeva et Robert Frost. D'autres influences se lisent dans sa poésie parmi lesquelles T.S. Eliot, Constantin Cavafy, les poètes-philosophes russes schelligiens du XIXe siècle (Fiodor Tiouttchev, Ievgueni Baratynski) ou encore Ossip Mandelstam et Nikolaï Zabolotski.

L'œuvre de Brodsky doit beaucoup à la tradition péterbourgeoise des acméistes et plus encore à la poésie anglophone (particulièrement les poètes métaphysiques tels que John Donne) à qui il emprunte l'inquiétude métaphysique, la préciosité de la forme et la versification savante. La prosodie, la métrique et la rythmique de ses compositions se veulent plus libres au fil du temps. On retrouve dans ses strophes alambiquées un hommage à la poésie élisabéthaine dont il reprend le jeu des rejets et contre-rejets et de rimes finales ou intérieures. Il a aussi souvent recours à l'enjambement et aux métaphores. Sa poésie fait de la parole la preuve absolue de l'existence humaine. Elle constitue une réflexion dense sur la langue (syntaxe, versification, étymologie, symbolique, musicalité) et conjugue inspiration du quotidien, méditation, vision éthique, épique et cosmogonique.

En 1990, il épouse une étudiante russo-italienne, Maria Sozzani, rencontrée alors qu'il donne un cours à Paris, dont il aura une fille, Anna.

Joseph Brodsky meurt à New York, le , des suites d'une crise cardiaque. Il est enterré sur l'île de San Michele, l'île-cimetière de Venise. Joseph Brodsky aimait particulièrement l'Italie et trouvait la traduction en italien de ses poèmes excellente, celle-ci utilisant le même système de rimes que celui de la poésie russe.

Parmi ses recueils de poèmes, on note La Procession (1962), Collines (1962), Isaac et Abraham (1962), Élégie à John Donne (1963), Gortchakov et Gorbounov (1965-1968), La Partie du discours (1977), Nouvelles Stances (1983), Uranie (1987). Il est également l'auteur de pièces de théâtre telles que Le Marbre (1984) et Démocratie (1990). Il a aussi signé quelques essais critiques comme Loin de Byzance (1988) puis une Histoire du XXe siècle (1986).

Ukrainophobie

Joseph Brodsky semble avoir très mal supporté l'indépendance de l'Ukraine, survenue en 1991 après l'éclatement de l'URSS. Dans un virulent poème, Sur l'indépendance de l'Ukraine (На Независимость Украины), poème dont l'authenticité a longtemps été mise en doute par les fans de Brodsky, il s'en prend avec violence aux « khokhly » (хохлы, terme méprisant utilisé par les Russes à l'encontre des Ukrainiens[4]). Il avait été filmé déclamant ce poème au Jewish Center de Palo Alto, le 30 octobre 1992, devant une assistance de près de mille personnes[5].

Bibliographie

  • Solomon Volkov, Conversations avec Joseph Brodsky, Anatolia/Le Rocher, 2003
  • Yves Leclair, "Un hiver avec Joseph Brodsky", "Bonnes compagnies", éd. Le Temps qu'il fait, 1998.
  • Georges Nivat, "Portrait de Joseph Brodsky", La Quinzaine littéraire N° 469, du 1er au 15 septembre 1986.
  • Emmanuel Carrère, Limonov, éd. P.O.L., 2011. E. Carrère, dans sa biographie d'Édouard Limonov, rapporte à plusieurs reprises le mépris que cet écrivain russe éprouvait pour Brodsky. Ainsi, selon un article des Inrockuptibles, "Chez Limonov, c’est un rejet épidermique, lié à son histoire. Il n’éprouve que jalousie et mépris pour les hérauts de la dissidence russe, émigrés comme lui mais plus lus, plus reconnus. Il envie Joseph Brodsky, prix Nobel de littérature en 1987, crache sur Soljenitsyne et sur la "sainte Trinité" Mandelstam-Pasternak-Tsvetaeva."

Notes et références

  1. (en) Harriet Staff, « The Anti-Soviet Soviet Poet: Joseph Brodsky », sur poetryfoundation.org, (consulté le )
  2. (en)Valentina Polukhina, Brodsky Through the Eyes of His Contemporaries, vol. 1-2, Academic Studies Press, coll. « Studies in Russian and Slavic literatures, cultures and history », (ISBN 9781934843161, lire en ligne), p. 178-179
  3. (en)Sanna Turoma, Brodsky Abroad: Empire, Tourism, Nostalgia, University of Wisconsin Press, (ISBN 9780299236335, lire en ligne), p. 239
  4. Les Ukrainiens qualifient en retour les Russes de katsapy (кацапы ; voir (en) Wiktionnaire) ou de moskali (москалі ; voir (ru) Москаль).
  5. (ru) Le poème scandaleux de Brodsky sur l'Ukraine s'est avéré une réalité

Liens externes

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