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« Houari Boumédiène » : différence entre les versions

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'''Mohamed Boukharouba''' le '''bachaga Boualam''' (ou ''bachagha Boualem'' selon les transcriptions), né le [[2 octobre|2]] [[Octobre 1906|octobre]] [[1906]] à [[Souk Ahras]] ([[Algérie]]) et mort le [[8 février|8]] [[Février 1982|février]] [[1982]] à [[Mas-Thibert]], était un [[militaire]] et [[Personnalité politique|homme politique]] [[France|français]].
'''Mohamed Boukharouba''' (en [[arabe]] : {{lang|rtl|ar|محمد بوخروبة}}) , [[pseudonyme|dit]] '''Houari Boumédiène''' (en [[arabe]] : {{lang|rtl|ar|هواري بومدين}}), né officiellement le {{Date de naissance|23|août|1932}} à [[Houari Boumédiène (Guelma)|Aïn Hassainia]]<ref>Abdelwahab. Boumaza, [http://www.elwatan.com/archives/article.php?id=112412 ''La rigueur du relief a forgé son caractère : Une enfance faite de privations''], [[El Watan]], 27 décembre 2008.</ref> située près de [[Guelma]] et mort le {{Date de décès|27|décembre|1978}} à [[Alger]], est un [[colonel]] et un [[homme d'État]] [[algérie]]n. Il est le {{2e|chef}} de l'État de [[1965]] à [[1976]] puis {{2e}} [[président de la République algérienne démocratique et populaire|président de la République]] de [[1976]] à [[1978]].


Son surnom de « bachagha » signifie « haut dignitaire », ou « caïd des services civils », c'est-à-dire chef de 24 tribus arabes des Beni-Boudouane, situées en Ouarsenis (entre Alger et Oran)[[Saïd Boualam#cite%20note-1|1]].
[[Militaire]] de carrière, chef de l'[[État-Major Général]] de l'[[Armée de libération nationale (Algérie)|Armée de libération nationale]] de [[1959]] à [[1962]], il occupe de hautes fonctions d'[[État]], tel que [[Ministère de la Défense nationale (Algérie)|ministre de la Défense]] sous [[Gouvernement Ben Bella I|Ben Bella I]] en {{date||septembre|1962}}, poste qu'il cumule avec celui de [[vice-Premier ministre|vice-président du Conseil]] durant la présidence d'[[Ahmed Ben Bella]] de {{date||mai|1963}} à {{date||juin|1965}}.


Il fut responsable de la [[Harkis pendant la guerre d'Algérie|harka]] de la région de l'[[Ouarsenis]] pendant la [[guerre d'Algérie]].
À la suite d'un [[Coup d’État du 19 juin 1965|coup d’État]] qualifié de « réajustement révolutionnaire », Houari Boumédiène devient en date du {{date|20|juin|1965}} président du [[Conseil de la Révolution]], jusqu'au {{date|10|décembre|1976}}, date à laquelle il est élu [[président de la République algérienne démocratique et populaire|président de la République]], jusqu'à sa mort le {{Date|27|décembre|1978}} tout en gardant son portefeuille de [[ministre]] de la [[Armée de libération nationale (Algérie)|Défense]]. Il a été [[Front de libération nationale (Algérie)#Dirigeants|président du Front de libération nationale]] dès le coup d'État et durant son mandat à la présidence de la République.


De [[1958]] à [[1962]], le bachagha Boualam est élu quatre fois vice-président de l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]], devenant le symbole des musulmans favorables à la France[[Saïd Boualam#cite%20note-2|2]].
L'Algérie connait un développement économique et social important sous son gouvernement. Entre 1962 et 1982, la population algérienne passe de 10 à 20 millions de personnes et, massivement rurale avant l'indépendance, est urbanisée à 45 %. Le revenu annuel par habitant, qui n’excédait pas {{unité|2000|francs}} en 1962, dépasse {{unité|11000|francs}} vingt ans plus tard, tandis que le taux de scolarisation oscille de 75 à 95 % selon les régions, loin des 10 % de l'[[Algérie française]]. Toutefois, il maintient un régime à parti unique et la priorité donnée au développement industriel lui fait négliger l'agriculture<ref name=":0">{{Article|langue=|auteur1=[[Paul Balta]]|titre=Ombres et lumières d’une révolution|périodique=Le Monde diplomatique|date=novembre 1982|issn=|lire en ligne=https://www.monde-diplomatique.fr/1982/11/BALTA/37021|pages=}}</ref>.

Il fut [[Mouvement des non-alignés#Secr.C3.A9tariat g.C3.A9n.C3.A9ral|secrétaire général du mouvement des non-alignés]] de {{date||septembre|1973}} à {{date||août|1976}}. En son honneur l'[[aéroport]] d'[[Alger]] porte son nom : [[aéroport d'Alger - Houari Boumédiène]], ainsi que [[Houari Boumédiène (Guelma)|sa commune de naissance]].


== Biographie ==
== Biographie ==


=== Histoire et origine ===

Mohamed Ben Brahim Boukharouba est né officiellement<ref group=N>Certaines sources donnent une année de naissance oscillant entre 1925 et 1932 ; ''cf''. Benjamin Stora, infra</ref> le {{date|23|août|1932}} à [[Houari Boumédiène (Guelma)|Aïn Hassainia]], située à environ {{unité|15|km}} à l'ouest de [[Guelma]] en [[Algérie]], pendant la [[Algérie française|colonisation française]]. D'autres sources donnent 1925<ref>{{Lien web|auteur=[[Pierre Montagnon]]|titre=La guerre d'Algérie|jour=|mois=|année=|url=https://books.google.fr/books?id=SCSgVlsFuRYC&pg=PT436&dq=houari+boumediene+%221925%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjH4MT1oJfYAhUEbFAKHZZUA7cQ6AEIJzAA#v=onepage&q=houari%20boumediene%20%221925%22&f=false|site=Google Books|consulté le=19 December 2017}}</ref>. Ses aïeux étaient de farouches cavaliers ayant participé à la [[révolte des Mokrani]] en 1871. Il est issu d'une famille de paysans pauvres et guerrière originaire de [[petite Kabylie]], les Boukharouba, du mot berbérisé ''Takheroubt'' dont l'origine provient de l'arabe ''kharouba'' qui signifie « caroubier », « clan » se disant kabaïle en arabe<ref>« La Karouba (Takheroubt, Adroum, Tarifte selon les dialectes) c'est l'unité familiale avec sa clientèle immédiate et sa domesticité », Louis Rinn, ''Le Royaume d'Alger sous le dernier Dey'', Alger, Adolphe Jourdan, 1900, {{p.|32}} {{lire en ligne|url=https://archive.org/stream/leroyaumedalgers00rinn#page/n5/mode/2up}} </ref>.

Le jeune Mohamed Boukharouba assiste aux [[Massacre de Sétif, Guelma et Kherrata|événements sanglants du 8 mai 1945]] à [[Sétif]], [[Guelma]] et [[Kherrata]], dont il dira plus tard : « Ce jour-là, j'ai vieilli prématurément. L'adolescent que j'étais est devenu un homme. Ce jour-là, le monde a basculé. Même les ancêtres ont bougé sous terre. Et les enfants ont compris qu'il fallait se battre les armes à la main pour devenir des hommes libres. Personne ne peut oublier ce jour-là »<ref>{{Ouvrage|langue = fr|auteur1 = Alain Ruscio|titre = La décolonisation tragique|sous-titre =Une histoire de la décolonisation française, 1945-1962|lieu = |éditeur = Messidor/Éditions sociales|année = 1987|passage = 113}}.</ref>.

Il s'inscrit à [[Constantine (Algérie)|Constantine]], comme élève de [[littérature de langue arabe]]. Il étudie à la [[Zaouïa (édifice religieux)|zaouïa]] Khattenia et à l'institut [[Albelhamid Ben Badis|Ben Badis]]. Il entre, comme beaucoup de jeunes de sa génération aux « [[Scouts musulmans algériens|scouts musulmans]] », première pépinière du nationalisme algérien et milite dans le parti nationaliste le plus radical, le [[Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques]] (MTLD).

En [[1950]]. il poursuit ses études à l'[[université Zitouna]] de [[Tunis]], et il s'en va, un an plus tard, suivre au [[Caire]], en auditeur libre, l'enseignement de la prestigieuse [[Université al-Azhar|université religieuse al-Azhar]] et les cours du soir de « l'école Khiddouia ». Il ne peut compter alors que sur une maigre bourse et il gagne sa vie comme [[instituteur]].

Toujours militant du [[Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques|MTLD]], il aide les représentants de l'[[Algérie]], de la [[Tunisie]] et du [[Maroc]] au « bureau du [[Union du Maghreb arabe|Maghreb arabe]] » qui travaillent à préparer, contre le [[Idéologie coloniale française|système colonial français]], une [[insurrection]] à l'échelle de toute l'[[Afrique du Nord]]. Il tourne la [[Duplicateur à alcool|ronéo]], tire des [[tract]]s, développe sa formation politique et bientôt sa formation militaire. Il fait en effet partie du groupe de quinze étudiants que le bureau du [[Union du Maghreb arabe|Maghreb arabe]] envoie suivre à partir d'[[août 1953]] des séances d'instruction à l'école de guerre d'[[Alexandrie]] et qui reçoit ensuite un entraînement militaire dans un camp proche du [[Caire]]. Très désargentés, les sept Algériens du groupe, lorsqu'ils se rendent dans la capitale, habitent une villa appartenant au bureau du [[Union du Maghreb arabe|Maghreb arabe]]. Deux délégués [[algérie]]ns à cet organisme, [[Mohamed Khider]] et [[Hocine Aït Ahmed]], leur demandent au printemps suivant de quitter les lieux.

=== Guerre d'indépendance ===
{{Article détaillé|Clan d'Oujda}}

Après le déclenchement de l'[[Toussaint rouge|insurrection algérienne de novembre 1954 - (Toussaint rouge)]], le [[Néo-Destour]] obtient l'autonomie interne de la [[Tunisie]] et il préfère négocier avec le gouvernement français la future indépendance du pays plutôt que d'arracher cette indépendance par les armes. Le « groupe des 15 » est dissous.

[[Ahmed Ben Bella|Ben Bella]], troisième représentant de l'[[Algérie]] au bureau du Maghreb, fait embarquer sur le Dinah<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = non-dits du yacht Dianh|url = http://face-a-face.blogs.nouvelobs.com/archive/2012/01/23/revolution-algerienne-1954-1962-non-dits-du-yacht-dinah.html|site = |date = |consulté le = }}</ref>, le [[yacht]] ancré à [[Alexandrie]] de la reine Dina de [[Jordanie]], un stock d'armes destiné aux résistants [[algérie]]ns qui doivent le réceptionner à [[Nador (Maroc)|Nador]], au Maroc espagnol. Convoyé par neuf hommes sous le commandement d'un [[Soudan]]ais, Brahim Niyal, et de Boukharouba, le navire arrive à bon port, non sans contretemps et péripéties. Boukharouba remet un message de [[Ahmed Ben Bella|Ben Bella]] au chef [[Front de libération nationale (Algérie)|FLN]] [[Larbi Ben M'hidi]] qui acheminera vers la [[Wilaya (guerre d'Algérie)#La wilaya V|wilaya V]] la plus grosse partie de la cargaison d'armes.

Le trafic d'armes s'organise depuis [[Nador (Maroc)|Nador]] jusqu'à [[Ghazaouet|Nemours]], à travers mille et un détours. Boukharouba est l'un des principaux organisateurs de ces transports de matériel de guerre et lorsqu'il rentre au [[Maroc]] il se montre parmi les plus assidus des militants qui à la base d'[[Oujda]], suivent les cours ([[stratégie]], [[histoire]], [[économie (discipline)|économie]] et [[politique]]) du Centre de formation et de perfectionnement du [[Front de libération nationale (Algérie)|FLN]].

Il travaille avec [[Abdelhafid Boussouf|Boussouf]], lui-même premier lieutenant de [[Larbi Ben M'hidi|Ben M'hidi]] chef de la [[Wilaya (guerre d'Algérie)#La wilaya V|wilaya V]]. En 1956, Ben M'hidi laisse le commandement de la [[Wilaya (guerre d'Algérie)#La wilaya V|wilaya V]] à Boussouf pour entrer au [[Conseil national de la révolution algérienne|CNRA]], et quand Boussouf en [[septembre 1957]], quitte le sol [[algérie]]n, son successeur à la tête de la [[Wilaya (guerre d'Algérie)#La wilaya V|wilaya V]] est son ex-adjoint Boukharouba - ou plutôt Houari Boumédiène car le nouveau colonel commandant en [[Wilaya (guerre d'Algérie)#Wilaya V|Oranie]] a pris comme nom de guerre celui du célèbre [[Mysticisme|mystique]] [[Soufisme|soufi]] [[Abou Madyane|Sidi Boumédiène]], saint et savant musulman, dont un sanctuaire à [[Tlemcen]] perpétue la mémoire.

Organisateur d'une wilaya qu'il dirige depuis le PC d'Oujda, au [[Maroc]], nommé chef du commandement opérationnel de l'Ouest dès qu'il a gagné Tunis, désigné enfin comme chef de l'[[État-Major Général]] de l'ALN nouvellement créée, Boumédiène n'a pas cessé de prendre, au sein du FLN, des responsabilités de plus en plus lourdes.

Tout le monde dans les milieux, politiques comme dans la presse, s'interroge, dès lors, à son sujet{{ref nec}}. Comme il est volontiers discret et taciturne, qu'il prend vis-à-vis des journalistes et des diplomates une « distanciation » évidente et qu'il protège sa vie privée, on le présente souvent dans les capitales occidentales comme un dirigeant énigmatique, comme une sorte de [[sphinx (mythologie égyptienne)|sphinx]]{{ref nec}} sur le « mystère » duquel on greffe des légendes abusives.

Parce qu'il préfère parler [[arabe]] que [[français]], qu'il n'aime pas tellement paraître en public et parce que la présence d'un interlocuteur qu'il connaît ou devine mal le rend laconique et contracté, gêné et gênant, on l'assimile à un « [[moine-soldat]] » timide, ascétique et glacé{{ref nec}}. Il ne dissimule pas son attachement farouche aux valeurs culturelles ancestrales que l'[[islam]]{{ref nec}} véhicule au Maghreb et parce qu'il affirme la nécessité de construire, après l'indépendance, en [[Algérie]] comme en [[Égypte]], un État fort puissamment structuré. {{qui|On}} prétend enfin que Boumédiène est « [[Gamal Abdel Nasser|nassérien]] ». En fait il n'apprécie guère le verbalisme emphatique de l'Orient et il se méfie de toutes les idéologies d'importation, de tous les modèles étrangers, bien qu'arabes, susceptibles, à ses yeux, de dénaturer ou de corrompre l'originalité, la spécificité [[algérie]]nne{{ref nec}}.

=== Coup d'État et prise de pouvoir ===
{{Article détaillé|Crise de l’été 1962|Coup d'État du 19 juin 1965}}

[[Tahar Zbiri]] dans ses ''Mémoires'', indique que durant une rencontre avec Boumédiène en juin 1962 dans la base de l'Est, ce dernier lui confie: « Il faut viser le pouvoir ». Ce qui indique sa détermination à prendre le pouvoir, même en usant de la force conséquente de l'armée des frontières qui était sous son contrôle depuis 1958<ref>http://www.lematindz.net/news/9970-tahar-zbiri-raconte-les-coups-bas-de-bouteflika.html</ref>{{,}}<ref>https://books.google.de/books?id=39JMAgAAQBAJ</ref>.

Le colonel Houari Boumédiène est fortement opposé aux [[accords d'Évian]] qu'il qualifie de traîtrise et de déshonneur pour la patrie et le sang versé.''« Les Algériens refusent la position du GPRA et n'acceptent ni concession ni orgueil. La victoire on nous la donne pas, on l'arrache ! »<ref>Ferhat Abbas</ref>'' . Les troubles qui font suite à la fin de la guerre d'Algérie sont marqués par des luttes des clans au sein du Front de libération nationale (FLN). Deux factions revendiquent le pouvoir : d'un côté le pouvoir civil et l'organe qui l'incarne, le GPRA ([[Gouvernement provisoire de la République algérienne]]) appuyé par les wilayas III et IV, de l’autre côté le pouvoir militaire à travers le « clan d'Oujda » et son « armée des frontières », dirigée par le colonel Boumédiène. Ce règlement de comptes, le colonel Boumédiène et ses compagnons vont l'arbitrer en faveur de [[Ben Bella]], qui leur paraît le plus attaché aux options [[socialisme|socialistes]] qu'ils ont choisies.

L'[[Armée de libération nationale (Algérie)#Armée des frontières|armée des frontières]], avec à sa tête Boumédiène, entre dans [[Alger]] le 9 septembre 1962, entraînant une intensification des tractations politiques pour renverser les alliances au profit des nouveaux responsables algériens. Battu militairement, l'instance civile, le GPRA, capitule sans condition. C'est le « clan d'Oujda » qui obtient le pouvoir en Algérie. Sa nature est clairement politico-militaire même si, sous l'effet de la pression de la rue, un semblant de consensus politique a été réalisé par l'intégration de quelques opposants, comme [[Ferhat Abbas]]. Sur le fond, la victoire de [[Ben Bella]] et de l'armée des frontières tranche définitivement la question de la primauté du militaire sur le civil en Algérie.

Houari Boumédiène devient vice-président de la République et ministre de la Défense. Il est également chef d'[[État-major général (Algérie)|État-major général]] de « l'armée des frontières » forte de {{formatnum:35000}} hommes, bien équipée et disciplinée. Il dirige la [[Sécurité militaire (SM)|Sécurité militaire]], véritable police secrète à la disposition du chef des armées. Mais, entre 1962 et 1965, les dissensions s'accentuent entre le président en place [[Ahmed Ben Bella]] et le « clan d'Oujda » d'Houari Boumédiène.

Proche de l'arabophonie et de la vision unique, refusant les accords conclus entre Ben Bella avec l'opposition conduite par [[Hocine Aït Ahmed]], alors responsable du [[Front des forces socialistes|FFS]], Boumédiène conteste le régime de son allié Ben Bella. Lorsque le 28 mai 1965, ce dernier annonce qu'il retire à [[Abdelaziz Bouteflika]], autre membre du « clan d'Oujda », son portefeuille de ministre des Affaires étrangères, les événements se précipitent. Boumédiène et ses proches décident le {{Date|19|juin|1965}} de mener un [[coup d'État]] au terme duquel il devient le nouveau président de l'Algérie. Il réfute toutefois le terme de « coup d’État » et a toujours affirmé avoir mené un « redressement révolutionnaire ». La nuance importait à ses yeux : alors que le coup d’État conduit à un changement de régime, Boumédiène affirmait appliquer avec rigueur et fidélité les principes de la révolution du {{1er}} novembre. Il expliquait d'autre part que son « redressement révolutionnaire » s'était effectué sans effusion de sang et avait maintenu dans leurs fonctions les membres de l’administration de Ben Bella<ref name=":0" />.

== Le régime algérien sous Boumédiène ==
Bien avant sa prise de pouvoir, le régime algérien était une république sous un régime d'un parti unique (FLN). À la suite de son coup d'État, Boumédiène suspend la constitution et dirige l'Algérie en autocrate à partir de 1967. Boumédiène cumulait les fonctions de président, premier ministre, ministre de la Défense et président du FLN, le parlement lui étant tout acquis. Il fixe trois objectifs majeurs à son régime : construire l’État, parfaire l’indépendance politique par la récupération des richesses nationales et poser les bases du développement économique. En 1967, le Conseil de la révolution (pouvoir politique officiel composé de 25 membres) instaure les assemblées populaires communales (APC) et les assemblée populaire de wilaya (APW) en 1969. Il s'agit de construire une pyramide institutionnelle partant de la base : les APC et les APW devant promouvoir une démocratie directe<ref name=":0" />.

En 1976, Boumédiène se présente pour la première fois à des élections devant le peuple algérien. Il est le seul candidat. Durant la même année, il fait adopter une constitution par un score de 99 % qui conduit à la création d'un Parlement. Durant son règne, Boumédiene n'autorisait aucune opposition politique, c'est durant son règne que furent assassinés les Historiques de la révolution [[Mohamed Khider]] et [[Krim Belkacem]], emprisonnés ou mis en résidence surveillée les anciens présidents ([[Ferhat Abbas]], [[Benyoucef Benkhedda]], [[Ahmed Ben Bella]]), ou militants de la cause nationale ([[Hocine Lahouel]], [[Mohammed Kheïreddine]], [[Colonel Bouregaa]]). En décembre 1967, une tentative de coup d’État menée par ses opposants est repoussée. En avril 1968, il est ciblé par une tentative d'assassinat et est atteint d'une balle au visage. Il refuse toutefois que les assaillants soient exécutés<ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur1=|titre=Algérie : quand Boumédiène a failli rejoindre Kennedy|périodique=JeuneAfrique.com|date=2015-08-11|issn=|lire en ligne=http://www.jeuneafrique.com/mag/255291/politique/algerie-quand-boumediene-a-failli-rejoindre-kennedy/|consulté le=2017-10-18|pages=}}</ref>.

== Le modèle socialiste et la nationalisation des richesses locales ==

Sous sa direction, plusieurs actions sont entreprises en vue d'estomper, sur le plan intérieur, les tensions nées de la guerre d'indépendance. En [[1968]], il réussit à faire évacuer la base militaire occupée par la France à [[Mers el-Kébir]] ([[Oran]]). Sur le plan économique, il opte pour le modèle socialiste, et fait construire sur la base de ce choix beaucoup d'usines et d'écoles. Il contribue surtout, le {{Date|24|février|1971}}, au nom du principe de la récupération des richesses nationales, à la [[nationalisation]] des hydrocarbures, au grand dam de la France. Il prononce à cette occasion sa célèbre phrase : « ''Kararna ta´emime el mahrouqate'' » : « Nous avons décidé la nationalisation des hydrocarbures ». Cette nationalisation réussie confère à Boumédiène une importante dimension internationale. En effet, Boumediène a réussi là où l'[[Iran]]ien [[Mohammad Mossadegh|Mossadegh]] avait échoué.

C'est au cours de cette crise diplomatique avec la France, qui menace de ne plus acheter de [[Viticulture en Algérie|vin algérien]], alors que celui-ci est encore la deuxième source de revenus en devises pour le Trésor public que par colère, Boumédiène décide l'arrachage de milliers d’hectares de vignobles. Une décision qui aura des répercussions tant sur le plan économique que pour l'[[écologie]], « les vignes freinant considérablement l’érosion des collines »<ref name="Jeune Afrique">[http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2607p079-081.xml0/ Que reste-t-il de Boumédiène], Cherif Ouazani, jeuneafrique.com, 16 janvier 2011</ref>. Pour l'hebdomadaire ''Jeune Afrique'', Boumédiène incarne ainsi un « socialisme spécifique », « sorte d’idéologie marxiste-léniniste teintée d’arabisme forcené et de [[charia]] approximative »<ref name="Jeune Afrique" />.

Les possibilités agricoles étant significativement limitées par le désert, Boumédiène se tourne vers le développement industriel. Un plan triennal est imaginé pour la période 1967-1969, auquel succèdent deux plans quadriennaux (1970-1973 et 1974-1977). Ils s'accompagnent de grands travaux, comme la Transsaharienne (ou « route de l'unité ») qui relie la Méditerranée à l'Afrique noire ou le « barrage vert », forêt à planter en vingt ans pour empêcher l'avancée du désert. Le réseau routier est sensiblement étendu à l'intérieur du territoire algérien (le réseau développé sous la colonisation restait circonscrit aux villes portuaires) et un effort majeur est porté à la scolarisation des enfants et à la formation professionnelle<ref name=":0" />.


=== Carrière militaire[modifier | modifier le code] ===
== Une influence internationale ==
Saïd Boualam est né le 2 octobre 1906 à [[Souk Ahras]], dans le [[département de Bône]]. Il appartient à une ancienne famille de notables des Beni Boudouane. [[Enfant de troupe]] à [[Saint-Hippolyte-du-Fort]] et à [[Montreuil (Pas-de-Calais)|Montreuil]] de 1919 à 1924, il devient officier dans l'[[armée française]], au [[1er régiment de tirailleurs algériens|<abbr>1<sup>er</sup></abbr> régiment de tirailleurs algériens]].


Au cours de la [[Seconde Guerre mondiale]], il atteint le grade de capitaine. Il est promu commandeur de la [[Légion d'honneur]] à titre militaire et reçoit la [[Croix de guerre 1939-1945|croix de guerre]], la [[croix du combattant]] et la [[croix de la valeur militaire]].
L’année [[1973]] lui donne une nouvelle fois l’occasion d’affirmer son influence sur le plan international en organisant avec succès le sommet des [[Mouvement des non-alignés|non-alignés]] auquel les plus grands dirigeants du [[Tiers-Monde]] de l’époque assistent. Dès lors, l’Algérie de Boumédiène offre un soutien très actif aux différents mouvements de libération d’[[Afrique]], d’[[Asie]] et d’[[Amérique latine]], et c’est en véritable leader du Tiers Monde qu’il se déplace en 1974 à [[New York]], pour prendre part à une réunion spéciale de l’Assemblée générale de l’[[Organisation des Nations unies|ONU]] sur les matières premières qu’il a lui-même convoquée au nom des non-alignés. Il prononce à cette occasion un discours exposant une doctrine économique, favorable entre autres à l’établissement d’un nouvel ordre économique international plus juste, qui prendrait en compte les intérêts du Tiers Monde. Il a pour cible l'exploitation des matières premières au profit des industries françaises. Au sein de celles-ci, le besoin d'une main d'œuvre à bas prix s'est fait sentir tout au long de leur développement. « Cette situation, nous ne pouvons pas la changer, ni dans quatre ans, ni dans cinq, ni peut-être dans dix ! Ce qui nous importe c'est de considérer l'émigration algérienne dans les pays européens, non pas comme un problème banal mais une question nationale. Personnellement, j’estime que, progressivement, de nombreux concitoyens qui ont émigré retourneront dès qu’ils pourront jouir des conditions de travail dans le pays. »<ref> [[Paul Balta]] et Claudine Rulleau in ''La Stratégie de Boumedienne'', édition Sindbad, 1978, {{p.|144-145}}</ref>.


[[Bachagha]] de l'Ouarsenis, il devient responsable de la [[Harkis pendant la guerre d'Algérie|harka]] de la région en juillet [[1956]]. À partir de février/mars 1962 sous la responsabilité de l’ex-colonel Jean Gardes, membre dirigeant de l'OAS, il forme un maquis dans l’Ouarsenis, « mais les maigres troupes activistes sont vite anéanties par les soldats français[[Saïd Boualam#cite%20note-3|3]] ». Durant les combats contre le [[Front de libération nationale (Algérie)|FLN]], il perd dix-sept membres de sa famille, dont un de ses fils, Abdelkader.
En [[1975]] il accueille le premier sommet de l'[[Organisation des pays exportateurs de pétrole|OPEP]] par le biais duquel les membres du cartel ont pu définir une politique pétrolière concertée. Dans le sillage de cette même réunion, il parvint à sceller la paix entre l'[[Iran]] du [[Mohammad Reza Pahlavi|Chah]] et l'[[Irak]] de [[Saddam Hussein]]. Sur le plan intérieur, il fait voter en [[1976]] une charte en vertu de laquelle il promulgue la constitution d'une Assemblée législative ainsi que la création du poste de président de la République, soumis au suffrage universel.


=== Carrière politique[modifier | modifier le code] ===
== La réforme sportive ==
En 1945, il devient « caïd » du douar des Beni Boudouane, il est nommé « agha » en 1955 et « bachagha » en 1956[[Saïd Boualam#cite%20note-4|4]]. En mai 1958, Saïd Boualam se rallie au [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]]. Il est élu député de la <abbr>5<sup>e</sup></abbr> circonscription d'Algérie le 30 novembre 1958[[Saïd Boualam#cite%20note-5|5]], celle d'Orléansville (actuelle [[Chlef]]), sur la liste de l'Union nationale pour l’intégration et le renouveau (UNIR). Il est élu vice-président de l'Assemblée nationale. Il siège au sein du groupe des élus de la « Formation administrative des élus d’Algérie et du Sahara » (EAS), puis du « Regroupement national pour l’unité de la République » à partir de 1960.
{{section à sourcer|date=décembre 2015}}
Le {{date-|19 juin 1977}}, en présence de Houari Boumediène au [[Stade 5-juillet-1962|stade du 5 juillet]] d’Alger, lors de la finale de la coupe d’Algérie, l’hymne national est sifflé par les supporters kabyles, qui lui rappellent ainsi leur refus de l'arabisation décidée par lui sous influence égyptienne<ref>{{Ouvrage|langue=anglais|auteur1=Robert Irwin|titre=Memoirs of a Dervish: Sufis, Mystics and the Sixties|passage=214|lieu=|éditeur=|année=2012|pages totales=288|isbn=978-1861979919|lire en ligne=https://books.google.dz/books?id=lrQLyh49XGcC&pg=PA214&lpg=PA214&dq=#v=onepage&q&f=false}}</ref>. Dès les jours suivants, sans doute marqué par cet incident, il sollicite plusieurs experts pour analyser la situation et proposer des solutions pour dépassionner l’atmosphère sportive. Il sera effectué un large remaniement ministériel dès la rentrée de septembre.


En 1959, il est élu maire de la commune de Beni Boudouane et conseiller général du département d’Orléansville. Il est victime d'une tentative de meurtre le [[26 septembre]] 1959, à [[Orléansville]].
Un communiqué du Conseil des ministres indiquait les mesures suivantes : les associations auront une nature statutaire. Elles seront scindées en deux parties : l’Association sportive communale (APC) dite de type amateur et l’Association sportive de performance (ASP) qui intéressera les clubs de l’élite. Les associations sportives communales formeront la composante du sport dit de masse. Elles seront prises en charge par les APC ou, pour certaines d’entre elles, par des structures étatiques de différents secteurs (santé, justice, douane, université, entreprises publiques moyennes, etc.).


Le 16 juin [[1960]], il préside à la création du [[Front Algérie française]] (FAF), qui regroupe très vite 500 000 adhérents dont 200 000 musulmans[[Saïd Boualam#cite%20note-6|6]] pour finir à 1 million avant sa dissolution par les autorités en décembre.
Les ASP seront ainsi parrainées par les plus grandes sociétés nationales, telles que [[Sonatrach]], la Société nationale de sidérurgie, la Société électronique Sonacat, la CNAN, etc. Les athlètes étaient ainsi intégrés à l’entreprise et y bénéficiaient d’une formation professionnelle adéquate. Avec la force financière importante des grandes sociétés nationales, monopolistiques de leur secteur d’activité, les budgets des clubs devenaient conséquents et étaient gérés par des cadres de l’entreprise.


Il s'éloigne peu à peu du gaullisme et ne prend pas part au vote sur la déclaration de politique générale de [[Michel Debré]] le 15 octobre 1959. Le 2 février 1960, il vote contre le projet attribuant des pouvoirs spéciaux au gouvernement et s'oppose à la modification de la Constitution le 11 mai 1960. Il est démis de son mandat à l'indépendance algérienne, le 3 juillet 1962.
Une désaffection du public se fait immédiatement ressentir, ce qui a pour effet de dépassionner la compétition et de permettre aux clubs de mieux être en phase avec des actions de formation puisqu’il était obligé pour les ASP d’ouvrir des écoles de sport (chaque association de performance avait en charge plusieurs disciplines) d'investir plus dans les jeunes catégories. Une saison plus tard, à la faveur des résultats que commençait à générer cette politique, le public reprendra le chemin des enceintes sportives. En 1978, l’Algérie remporte les Jeux africains organisé sur son sol. Des performances qu’elle confirmera un an plus tard aux Jeux méditerranéens de Split.


[[Rapatrié d'Algérie]] le [[18 mai|18]] [[Mai 1962|mai]] [[1962]], avec une maigre partie des harkis et sa famille, il se retire en [[Camargue]], à [[Mas-Thibert]], à 18 <abbr>km</abbr> d'[[Arles]].
Le football algérien connaîtra des victoires importantes (Coupes d’Afrique, bonne tenue en Coupe du monde 1982 et 1986). Les autres disciplines n’étaient pas en reste puisque tant le handball (cinq couronnes africaines consécutives) que la boxe ou l’athlétisme connaîtront des progrès significatifs. Entre-temps, Houari Boumediene n’était plus là pour récolter les fruits de sa réforme sportive.


Il préside alors le Front national des rapatriés français de confession islamique (FNRFCI). À ce titre, il est nommé à la Commission nationale chargée de l’étude des problèmes des Français musulmans en 1979. Il meurt le 8 février [[1982]].
Cette politique sera abandonnée au lendemain des émeutes d’octobre à cause d’une réorientation de la politique économique nationale sous [[Chadli Bendjedid]]. Les sociétés déstructurées et en pleine difficulté allaient se séparer progressivement des clubs<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=|nom1=Ismain|titre=35EME ANNIVERSAIRE DU DECES DE FEU HOUARI BOUMEDIENE : L’homme qui introduisit la langue arabe à l’O.N.U|périodique=REFLEXION|date=27 décembre 2013|issn=|lire en ligne=http://www.reflexiondz.net/35EME-ANNIVERSAIRE-DU-DECES-DE-FEU-HOUARI-BOUMEDIENE-L-homme-qui-introduisit-la-langue-arabe-a-l-O-N-U_a27242.html|consulté le=2017-02-23|pages=}}</ref>.


Un de ses fils, Ali, a épousé Emmanuelle Perez, la deuxième fille de [[Jean-Claude Perez (OAS)|Jean-Claude Perez]], un des chefs principaux de l'[[Organisation armée secrète|OAS]][[Saïd Boualam#cite%20note-7|7]].
== Mort et postérité ==


[[Fichier:Houari_Boumedienne_village_in_Guelma_Province.jpeg|vignette|200px|Village Houari Boumédiène dans la [[Wilaya de Guelma]]]]
[[Fichier:Houari_Boumedienne_village_in_Guelma_Province.jpeg|vignette|200px|Village Houari Boumédiène dans la [[Wilaya de Guelma]]]]

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Modèle:Unicode arabe

Houari Boumédiène
Illustration.
Houari Boumédiène.
Fonctions
Président de la République algérienne démocratique et populaire[N 1]

(13 ans, 6 mois et 8 jours)
Élection 10 décembre 1976
Gouvernement Boumédiène IV
Prédécesseur Ahmed Ben Bella
Successeur Rabah Bitat (chef de l'État, intérim)
Chadli Bendjedid
Chef du gouvernement

(11 ans, 9 mois et 13 jours)
Gouvernement Boumédiène II et III
Prédécesseur Ahmed Ben Bella (indirectement)
Successeur Mohamed Abdelghani (indirectement, Premier ministre)
Secrétaire général du mouvement des non-alignés

(2 ans, 11 mois et 11 jours)
Prédécesseur Kenneth Kaunda
Successeur William Gopallawa
Président du Front de libération nationale

(13 ans, 6 mois et 8 jours)
Prédécesseur Ahmed Ben Bella
Successeur Chadli Bendjedid
Premier vice-président du Conseil des ministres algérien

(1 an, 9 mois et 1 jour)
Président Ahmed Ben Bella
Gouvernement Ben Bella II et III
Prédécesseur Rabah Bitat (vice-président du Conseil des ministres)
Successeur Ramtane Lamamra (indirectement, vice-Premier ministre)
Ministre de la Défense algérien

(16 ans et 3 mois)
Président Ahmed Ben Bella
Lui-même
Gouvernement Ben Bella I, II et III
Boumédiène II, III et IV
Prédécesseur Poste créé
Successeur Chadli Bendjedid
Biographie
Nom de naissance Mohamed ben Brahim Boukharouba
Date de naissance ou 1925
Lieu de naissance Aïn Hassaïnia (Algérie)
Date de décès (à 46 ans)
Lieu de décès Alger (Algérie)
Nature du décès Maladie de Waldenström[1]
Nationalité algérienne
Parti politique MTLD puis Front de libération nationale (FLN)
Conjoint Anissa el-Mansali
Diplômé de Université al-Azhar
Profession Militaire
Religion Islam sunnite
Résidence Palais d'El Mouradia, Alger


Présidents de la République algérienne démocratique et populaire
Chefs de gouvernement algériens

Mohamed Boukharouba le bachaga Boualam (ou bachagha Boualem selon les transcriptions), né le 2 octobre 1906 à Souk Ahras (Algérie) et mort le 8 février 1982 à Mas-Thibert, était un militaire et homme politique français.

Son surnom de « bachagha » signifie « haut dignitaire », ou « caïd des services civils », c'est-à-dire chef de 24 tribus arabes des Beni-Boudouane, situées en Ouarsenis (entre Alger et Oran)1.

Il fut responsable de la harka de la région de l'Ouarsenis pendant la guerre d'Algérie.

De 1958 à 1962, le bachagha Boualam est élu quatre fois vice-président de l'Assemblée nationale, devenant le symbole des musulmans favorables à la France2.

Biographie

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Saïd Boualam est né le 2 octobre 1906 à Souk Ahras, dans le département de Bône. Il appartient à une ancienne famille de notables des Beni Boudouane. Enfant de troupe à Saint-Hippolyte-du-Fort et à Montreuil de 1919 à 1924, il devient officier dans l'armée française, au 1er régiment de tirailleurs algériens.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il atteint le grade de capitaine. Il est promu commandeur de la Légion d'honneur à titre militaire et reçoit la croix de guerre, la croix du combattant et la croix de la valeur militaire.

Bachagha de l'Ouarsenis, il devient responsable de la harka de la région en juillet 1956. À partir de février/mars 1962 sous la responsabilité de l’ex-colonel Jean Gardes, membre dirigeant de l'OAS, il forme un maquis dans l’Ouarsenis, « mais les maigres troupes activistes sont vite anéanties par les soldats français3 ». Durant les combats contre le FLN, il perd dix-sept membres de sa famille, dont un de ses fils, Abdelkader.

Carrière politique[modifier | modifier le code]

En 1945, il devient « caïd » du douar des Beni Boudouane, il est nommé « agha » en 1955 et « bachagha » en 19564. En mai 1958, Saïd Boualam se rallie au général de Gaulle. Il est élu député de la 5e circonscription d'Algérie le 30 novembre 19585, celle d'Orléansville (actuelle Chlef), sur la liste de l'Union nationale pour l’intégration et le renouveau (UNIR). Il est élu vice-président de l'Assemblée nationale. Il siège au sein du groupe des élus de la « Formation administrative des élus d’Algérie et du Sahara » (EAS), puis du « Regroupement national pour l’unité de la République » à partir de 1960.

En 1959, il est élu maire de la commune de Beni Boudouane et conseiller général du département d’Orléansville. Il est victime d'une tentative de meurtre le 26 septembre 1959, à Orléansville.

Le 16 juin 1960, il préside à la création du Front Algérie française (FAF), qui regroupe très vite 500 000 adhérents dont 200 000 musulmans6 pour finir à 1 million avant sa dissolution par les autorités en décembre.

Il s'éloigne peu à peu du gaullisme et ne prend pas part au vote sur la déclaration de politique générale de Michel Debré le 15 octobre 1959. Le 2 février 1960, il vote contre le projet attribuant des pouvoirs spéciaux au gouvernement et s'oppose à la modification de la Constitution le 11 mai 1960. Il est démis de son mandat à l'indépendance algérienne, le 3 juillet 1962.

Rapatrié d'Algérie le 18 mai 1962, avec une maigre partie des harkis et sa famille, il se retire en Camargue, à Mas-Thibert, à 18 km d'Arles.

Il préside alors le Front national des rapatriés français de confession islamique (FNRFCI). À ce titre, il est nommé à la Commission nationale chargée de l’étude des problèmes des Français musulmans en 1979. Il meurt le 8 février 1982.

Un de ses fils, Ali, a épousé Emmanuelle Perez, la deuxième fille de Jean-Claude Perez, un des chefs principaux de l'OAS7.

Village Houari Boumédiène dans la Wilaya de Guelma

À partir de l'année 1978, les apparitions publiques du président Houari Boumédiène se font de plus en plus rares. Il s'avère qu'il souffre d'une maladie du sang, la maladie de Waldenström[2]. Toutefois on possède très peu d'informations sur les circonstances qui entourèrent sa mort, survenue le 27 décembre de cette année-là.

Selon d'autres sources[3], les premiers symptômes de la maladie de Houari Boumédiène apparurent lors de son voyage du 20 septembre 1978 à Damas où, alors qu'il était accompagné d'Ahmed Taleb Ibrahimi et d'Abdelaziz Bouteflika, ces derniers avaient remarqué sa fatigue inhabituelle. Le diagnostic avancé dès lors était « une hématurie avec tumeur maligne de la vessie ». Pour cela, il choisit de se faire traiter en URSS du 29 septembre au 14 novembre 1978. Quelques jours après, il sera hospitalisé à l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger, où il meurt le 27 décembre 1978 à 4 heures du matin avec deux hématomes dans le cerveau. Les funérailles officielles auront lieu le 29 décembre 1978 au cimetière d'El Alia à Alger[4].

Distinctions

Publications

  • Houari Boumédienne, Paul Balta (éditeur scientifique) et Claudine Rulleau (éditeur scientifique), La Stratégie de Boumediène : textes; choisis et présentés par Paul Balta et Claudine Rulleau, Sindbad,

Notes et références

Notes

  1. Président du Conseil de la Révolution jusqu'au 11 décembre 1976.

Références

  1. Chadli Bendjedid, Mémoires, tome 1 : 1929-1979, Villa n°6, Lot. Saïd Hamdine, 1602, Alger, Casbah Editions, , 332 p. (ISBN 978-9961-64-933-6), Page 321-332
  2. (fr) Boumédiène, sur le site de la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer
  3. Diane Ducret (dir.) et Emmanuel Hecht (dir.) (préf. Christian Makarian), Les derniers jours des dictateurs, Perrin, , 336 p. (ISBN 978-2-26203-943-1), p. 143-144.
  4. Mémoires d'un Algérien (tome 2) page 427-446 d'Ahmed Taleb-Ibrahimi
  5. Université Cheikh-Anta-Diop, « Liste des docteurs honoris causa de l'UCAD », sur http://www.ucad.sn (consulté le )

Annexes

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Bibliographie

  • Emmanuel Alcaraz, « Le mythe Boumediene dans les lieux de mémoire de la guerre d'indépendance algérienne », La guerre d'Algérie revisitée, Nouvelles recherches, nouvelles perspectives (sous la direction de Aissa Kadri, Moula Bouaziz et Tramor Quemeneur), Paris, Karthala, 2014, p. 351-361
  • Ania Francos et Jean-Pierre Séréni, Un Algérien nommé Boumédiène, éd. Stock coll. « Les Grands Leaders », 1976
  • Juliette Minces, L'Algérie de Boumédiène, éd. Presses de la Cité, 1978
  • Ahmed Taleb-Ibrahimi, Mémoires d'un Algérien (tome 2), mai 2008

Articles connexes

Liens externes