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Le titre initial du poème était ''Une seule pensée''<ref>Paul Éluard, ''Œuvres complètes'', tome 1, [[Bibliothèque de la Pléiade]], 1968, {{p.|1608}}.</ref>.
Le titre initial du poème était ''Une seule pensée''<ref>Paul Éluard, ''Œuvres complètes'', tome 1, [[Bibliothèque de la Pléiade]], 1968, {{p.|1608}}.</ref>.
:« Je pensais révéler pour conclure le nom de la [[Nusch éluard|femme que j’aimais]], à qui ce poème était destiné. Mais je me suis vite aperçu que le seul mot que j’avais en tête était le mot Liberté. Ainsi, la femme que j’aimais incarnait un désir plus grand qu’elle. Je la confondais avec mon aspiration la plus sublime, et ce mot Liberté n’était lui-même dans tout mon poème que pour éterniser une très simple volonté, très quotidienne, très appliquée, celle de se libérer de l’Occupant », a confié Éluard (Parmi les anectotes qui ont "fait l'intérêt de ce texte", selon Guy Krivopissko, conservateur du musée de Champigny qui a acheté le manuscrit de Paul Eluard en 2002, "c'est le titre initial du poème [[Nusch éluard|Nusch]] barré par Eluard, sur le marbre de l'imprimerie, pour être remplacé par celui de Liberté" <ref>http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/le-musee-achete-le-manuscrit-de-paul-eluard-09-02-2002-2002804352.php</ref>).
:« Je pensais révéler pour conclure le nom de la [[Nusch Éluard|femme que j’aimais]], à qui ce poème était destiné. Mais je me suis vite aperçu que le seul mot que j’avais en tête était le mot Liberté. Ainsi, la femme que j’aimais incarnait un désir plus grand qu’elle. Je la confondais avec mon aspiration la plus sublime, et ce mot Liberté n’était lui-même dans tout mon poème que pour éterniser une très simple volonté, très quotidienne, très appliquée, celle de se libérer de l’Occupant », a confié Éluard (Parmi les anectotes qui ont "fait l'intérêt de ce texte", selon Guy Krivopissko, conservateur du musée de Champigny qui a acheté le manuscrit de Paul Eluard en 2002, "c'est le titre initial du poème [[Nusch Éluard|Nusch]] barré par Eluard, sur le marbre de l'imprimerie, pour être remplacé par celui de Liberté" <ref>http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/le-musee-achete-le-manuscrit-de-paul-eluard-09-02-2002-2002804352.php</ref>).


Le poème est publié le 3 avril 1942, sans visa de censure<ref>[[Pierre Seghers]], ''La Résistance et ses poètes - France 1940-1945'', Seghers, 1974, réed. 2004, {{p.|171}}.</ref> dans le recueil clandestin<ref>Première édition par le groupe surréaliste parisien [[La Main à Plume]], [http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb35835268f/PUBLIC Notice n° FRBNF35835268], catalogue BN-Opale Plus, [[Bibliothèque nationale de France]].</ref> ''Poésie et vérité 1942''<ref>La précision de la date dans le titre est importante car ''[[Poésie et vérité]]'' est d'abord un livre de [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]].</ref>. Il est repris en juin 1942 par la revue ''[[Fontaine (revue)|Fontaine]]'' sous le titre ''Une seule pensée''<ref>Dans ''Les poètes de la revue Fontaine'', [[Max-Pol Fouchet]] raconte comment ce titre a servi à tromper la censure vichyssoise.</ref> pour lui permettre une diffusion dans la zone sud. Il est à nouveau repris à Londres par la revue officielle gaulliste ''La France libre''<ref>Vol. IV, {{n°|23}}, 15 septembre 1942.</ref> et parachuté la même année à des milliers d'exemplaires par des avions britanniques de la [[Royal Air Force]] au-dessus du sol français. Le recueil est réédité en janvier 1943 en Suisse<ref>Deuxième édition en janvier 1943 par les ''[[Cahiers du Rhône]]'' (Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, Suisse).</ref>. ''Liberté'' est publié à Paris en 1945 par les Éditions GLM. À partir de 1945, ''Poésie et vérité 1942'' est intégré dans ''Le Rendez-vous allemand'', publié par les Éditions de Minuit. La complexe histoire des recueils de Paul Éluard est détaillée par les éditeurs des ''Œuvres complètes'' de Paul Éluard en [[Bibliothèque de la Pléiade|Pléiade]], [[Lucien Scheler]] et Marcelle Dumas, en particulier : tome 1, 1975, {{p.|1606-1607}}. On y trouve également des documents très précis sur la postérité du poème.
Le poème est publié le 3 avril 1942, sans visa de censure<ref>[[Pierre Seghers]], ''La Résistance et ses poètes - France 1940-1945'', Seghers, 1974, réed. 2004, {{p.|171}}.</ref> dans le recueil clandestin<ref>Première édition par le groupe surréaliste parisien [[La Main à Plume]], [http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb35835268f/PUBLIC Notice n° FRBNF35835268], catalogue BN-Opale Plus, [[Bibliothèque nationale de France]].</ref> ''Poésie et vérité 1942''<ref>La précision de la date dans le titre est importante car ''[[Poésie et vérité]]'' est d'abord un livre de [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]].</ref>. Il est repris en juin 1942 par la revue ''[[Fontaine (revue)|Fontaine]]'' sous le titre ''Une seule pensée''<ref>Dans ''Les poètes de la revue Fontaine'', [[Max-Pol Fouchet]] raconte comment ce titre a servi à tromper la censure vichyssoise.</ref> pour lui permettre une diffusion dans la zone sud. Il est à nouveau repris à Londres par la revue officielle gaulliste ''La France libre''<ref>Vol. IV, {{n°|23}}, 15 septembre 1942.</ref> et parachuté la même année à des milliers d'exemplaires par des avions britanniques de la [[Royal Air Force]] au-dessus du sol français. Le recueil est réédité en janvier 1943 en Suisse<ref>Deuxième édition en janvier 1943 par les ''[[Cahiers du Rhône]]'' (Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, Suisse).</ref>. ''Liberté'' est publié à Paris en 1945 par les Éditions GLM. À partir de 1945, ''Poésie et vérité 1942'' est intégré dans ''Le Rendez-vous allemand'', publié par les Éditions de Minuit. La complexe histoire des recueils de Paul Éluard est détaillée par les éditeurs des ''Œuvres complètes'' de Paul Éluard en [[Bibliothèque de la Pléiade|Pléiade]], [[Lucien Scheler]] et Marcelle Dumas, en particulier : tome 1, 1975, {{p.|1606-1607}}. On y trouve également des documents très précis sur la postérité du poème.

Version du 26 décembre 2019 à 22:06

Liberté (poème)
Informations générales
Auteur
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Inspiré de
Contenu
Sujet
Incipit
« Sur mes cahiers d’écolier… »Voir et modifier les données sur Wikidata
Explicit
« …liberté. »Voir et modifier les données sur Wikidata

Liberté est un poème que l'auteur français Paul Éluard a écrit en 1942 pendant la Seconde Guerre mondiale, comme une ode à la liberté face à l'occupation allemande. Il s'agit d'une longue énumération de tous les lieux, réels ou imaginaires, sur lesquels le narrateur écrit le mot « liberté ».

Historique

Le titre initial du poème était Une seule pensée[1].

« Je pensais révéler pour conclure le nom de la femme que j’aimais, à qui ce poème était destiné. Mais je me suis vite aperçu que le seul mot que j’avais en tête était le mot Liberté. Ainsi, la femme que j’aimais incarnait un désir plus grand qu’elle. Je la confondais avec mon aspiration la plus sublime, et ce mot Liberté n’était lui-même dans tout mon poème que pour éterniser une très simple volonté, très quotidienne, très appliquée, celle de se libérer de l’Occupant », a confié Éluard (Parmi les anectotes qui ont "fait l'intérêt de ce texte", selon Guy Krivopissko, conservateur du musée de Champigny qui a acheté le manuscrit de Paul Eluard en 2002, "c'est le titre initial du poème Nusch barré par Eluard, sur le marbre de l'imprimerie, pour être remplacé par celui de Liberté" [2]).

Le poème est publié le 3 avril 1942, sans visa de censure[3] dans le recueil clandestin[4] Poésie et vérité 1942[5]. Il est repris en juin 1942 par la revue Fontaine sous le titre Une seule pensée[6] pour lui permettre une diffusion dans la zone sud. Il est à nouveau repris à Londres par la revue officielle gaulliste La France libre[7] et parachuté la même année à des milliers d'exemplaires par des avions britanniques de la Royal Air Force au-dessus du sol français. Le recueil est réédité en janvier 1943 en Suisse[8]. Liberté est publié à Paris en 1945 par les Éditions GLM. À partir de 1945, Poésie et vérité 1942 est intégré dans Le Rendez-vous allemand, publié par les Éditions de Minuit. La complexe histoire des recueils de Paul Éluard est détaillée par les éditeurs des Œuvres complètes de Paul Éluard en Pléiade, Lucien Scheler et Marcelle Dumas, en particulier : tome 1, 1975, p. 1606-1607. On y trouve également des documents très précis sur la postérité du poème.

Postérité

  • Le poème a été mis en musique par Francis Poulenc dans sa cantate pour double chœur Figure humaine, 1943.
  • Jean Lurçat a exécuté des tapisseries à Aubusson sur le thème de Liberté à partir de 1943.
  • En 1952, à l'initiative de Pierre Seghers, Fernand Léger illustre le poème Liberté en hommage à Éluard qui vient de mourir. Seghers édite et diffuse un « poème-objet ».
  • Le poème est illustré par Fernand Léger en 1953 sur de grands panneaux de contreplaqué. Les quatre fresques sont installées dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville d'Ivry-sur-Seine depuis 1983[9].
  • Une chanson de Gian Franco Pagliaro (es), Yo te nombro, écrite en 1970, est souvent créditée à Paul Éluard. La structure et le contenu de la chanson rappellent le poème d'Éluard, et elle peut être considérée comme basée sur le poème comme le crédite Nacha Guevara sur sa reprise de la chanson[10].
  • En 1977, le chanteur argentin Jairo a mis en musique le poème dans un album du même nom.
  • Certains vers du poème sont récités dans le film Mon oncle d'Amérique en 1980.
  • Le poème a été mis en musique par le chanteur, intellectuel et ancien député républicain turc Zülfü Livaneli, sous le titre Ey özgürlük ou Özgürlük, en 1984, figurant dans l'album Istanbul Konseri de 1984.
  • Une partie du poème est écrite par Fred sur la peau de Laurence dans le film Laurence Anyways en 2012.
  • Plusieurs strophes du poème sont citées dans le film de David Cronenberg Maps to the Stars en 2014.
  • En 2015, une pièce de 2€ est frappée du deuxième quatrain du poème en commémoration de la Fête de la Fédération.
  • En 2015, le poème est mis en chanson par Marc Lavoine pour l'édition 2016 des Enfoirés.

Analyse

Schéma stylistique

Il est constitué de vingt-et-un quatrains tous formés, à l'exception du dernier, sur une structure identique : les trois premiers vers débutent par l'anaphore « Sur... » suivie d'un complément de lieu, et le dernier vers est un leitmotiv : « J'écris ton nom », en référence à la liberté. La vingt-et-unième strophe se termine par : « Pour te nommer ».

Références

  1. Paul Éluard, Œuvres complètes, tome 1, Bibliothèque de la Pléiade, 1968, p. 1608.
  2. http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/le-musee-achete-le-manuscrit-de-paul-eluard-09-02-2002-2002804352.php
  3. Pierre Seghers, La Résistance et ses poètes - France 1940-1945, Seghers, 1974, réed. 2004, p. 171.
  4. Première édition par le groupe surréaliste parisien La Main à Plume, Notice n° FRBNF35835268, catalogue BN-Opale Plus, Bibliothèque nationale de France.
  5. La précision de la date dans le titre est importante car Poésie et vérité est d'abord un livre de Goethe.
  6. Dans Les poètes de la revue Fontaine, Max-Pol Fouchet raconte comment ce titre a servi à tromper la censure vichyssoise.
  7. Vol. IV, no 23, 15 septembre 1942.
  8. Deuxième édition en janvier 1943 par les Cahiers du Rhône (Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, Suisse).
  9. « Liberté j'écris ton nom » dans Ivry-ma-ville, septembre 2011.
  10. (es) Biographie de Pagliaro.