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« Ordre du jour Grandi » : différence entre les versions

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== Histoire ==
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=== Contexte ===
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Les dernières troupes de l'Axe, défaites, évacuent l’Afrique le 7 mai 1943.
Les dernières troupes de l'Axe, défaites, évacuent l’Afrique le {{date-|7 mai 1943}}.


En [[Novembre 1942 (guerre mondiale)|novembre]] et [[Décembre 1942 (guerre mondiale)|décembre 1942]], Mussolini, abattu et dépressif, s'était laissé remplacer par [[Galeazzo Ciano|Ciano]] à deux conférences avec Hitler. Le {{date-|2|décembre|}}, après 18 mois de silence, il revient parler au peuple italien depuis le [[Palais de Venise]]. Le {{nobr|[[7 avril|7]] [[Avril 1943 (guerre mondiale)|avril 1943]]}}, il rencontre Hitler à [[Salzbourg]] et lui propose sans succès de négocier un [[armistice]] avec les Soviétiques afin de concentrer les forces armées sur les autres fronts de la guerre<ref>{{harvsp|id=Ferro|texte=Ferro, 2007|p=209}}</ref>.
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Le {{Date|19|juillet|1943}}, le Duce rencontre [[Adolf Hitler|Hitler]] à [[Feltre]] ; comme chef du gouvernement italien, il s'efforce d'empêcher l'Italie de signer une paix séparée<ref>{{harvsp|id=Smith|texte=Smith, 1981|p=363}}</ref>.
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Le 24 juillet une session du [[Grand Conseil du fascisme]] se tient en présence du Duce. Elle se conclut, aux premières heures du jour suivant (25 juillet), par l’approbation de l'ordre du jour présenté par [[Dino Grandi]]<ref>{{harvsp|id=Smith|texte=Smith, 1981|p=3-368}}</ref> : l'abandon des charges du gouvernement par Mussolini est demandé au profit du roi. Mussolini reste apathique, sans réaction. Il avouera par la suite qu'il regrettait de ne pas avoir fait arrêter les dix-neuf membres rebelles<ref>{{harvsp|id=Smith|texte=Smith, 1981|p=368}}</ref>. Ce vote est réalisé par les hauts représentants du fascisme, dont le gendre de Mussolini, [[Galeazzo Ciano]]. Toutefois, le Grand Conseil n'a aucun moyen de faire exécuter sa décision, qui n'a qu'une portée symbolique, mais elle servira de prétexte constitutionnel à l'action du roi conformément au statut Albertin.
Le {{date-|24 juillet}} une session du [[Grand Conseil du fascisme]] se tient en présence du Duce. Elle se conclut, aux premières heures du jour suivant ({{date-|25 juillet}}), par l’approbation de l'ordre du jour présenté par [[Dino Grandi]]<ref>{{harvsp|id=Smith|texte=Smith, 1981|p=3-368}}</ref> : l'abandon des charges du gouvernement par Mussolini est demandé au profit du roi. Mussolini reste apathique, sans réaction. Il avouera par la suite qu'il regrettait de ne pas avoir fait arrêter les dix-neuf membres rebelles<ref>{{harvsp|id=Smith|texte=Smith, 1981|p=368}}</ref>. Ce vote est réalisé par les hauts représentants du fascisme, dont le gendre de Mussolini, [[Galeazzo Ciano]]. Toutefois, le Grand Conseil n'a aucun moyen de faire exécuter sa décision, qui n'a qu'une portée symbolique, mais elle servira de prétexte constitutionnel à l'action du roi conformément au statut Albertin.


Mussolini, après s'être rendu comme d'habitude à son bureau du palais Venezia, demande au souverain de pouvoir anticiper l'habituelle réunion hebdomadaire prévue le jour suivant et arrive à 17 heures à la Villa Savoia.
Mussolini, après s'être rendu comme d'habitude à son bureau du palais Venezia, demande au souverain de pouvoir anticiper l'habituelle réunion hebdomadaire prévue le jour suivant et arrive à 17 heures à la Villa Savoia.
Victor-Emmanuel III informe Mussolini de son remplacement par le maréchal [[Pietro Badoglio]]<ref>{{harvsp|id=Smith|texte=Smith, 1981|p=369}}</ref>, lui garantissant l'immunité. Mussolini n'est cependant pas au courant des réelles intentions du monarque, qui place sous escorte le chef du gouvernement et fait encercler le bâtiment par deux cents [[carabinier]]s. Victor-Emmanuel III a ordonné l'arrestation de Mussolini afin de sauver sa dynastie, qui risque d'être considérée comme trop compromise avec le fascisme.
Victor-Emmanuel III informe Mussolini de son remplacement par le maréchal [[Pietro Badoglio]]<ref>{{harvsp|id=Smith|texte=Smith, 1981|p=369}}</ref>, lui garantissant l'immunité. Mussolini n'est cependant pas au courant des réelles intentions du monarque, qui place sous escorte le chef du gouvernement et fait encercler le bâtiment par deux cents [[carabinier]]s. Victor-Emmanuel III a ordonné l'arrestation de Mussolini afin de sauver sa dynastie, qui risque d'être considérée comme trop compromise avec le fascisme.


Mussolini est d'abord enfermé dans une caserne de carabiniers à Rome, à partir du 27 juillet à [[Ponza]], puis sur l'île de [[La Maddalena]] (7 août - 27 août 1943)<ref name="ReferenceA">{{harvsp|id=Smith|texte=Smith, 1981|p=370}}</ref>. Badoglio fait enfin conduire Mussolini dans une ambulance de la [[Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge|Croix rouge]] à [[Campo Imperatore]] sur le [[Gran Sasso]].
Mussolini est d'abord enfermé dans une caserne de carabiniers à Rome, à partir du {{date-|27 juillet}} à [[Ponza]], puis sur l'île de [[La Maddalena]] ({{date-|7 août}} - {{date-|27 août 1943}})<ref name="ReferenceA">{{harvsp|id=Smith|texte=Smith, 1981|p=370}}</ref>. Badoglio fait enfin conduire Mussolini dans une ambulance de la [[Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge|Croix rouge]] à [[Campo Imperatore]] sur le [[Gran Sasso]].


== Les votes nominatifs ==
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== Chronologie ==
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; 4 juin 1943 :
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Lors d'une audience donnée par le roi Victor-Emmanuel III à [[Dino Grandi]], la question du remplacement de Mussolini est évoquée.
Lors d'une audience donnée par le roi Victor-Emmanuel III à [[Dino Grandi]], la question du remplacement de Mussolini est évoquée.
; 9 juillet 1943 :
; {{date-|9 juillet 1943}} :
Les Américano-Britanniques débarquent en [[Sicile]], conquérant l’île entière le 17 août.
Les Américano-Britanniques débarquent en [[Sicile]], conquérant l’île entière le {{date-|17 août}}.
La fin est proche et les hiérarques fascistes cherchent une porte de sortie.
La fin est proche et les hiérarques fascistes cherchent une porte de sortie.
; 24 juillet 1943 :
; {{date-|24 juillet 1943}} :
Sur proposition de Grandi, Mussolini accepte de convoquer le Grand Conseil.
Sur proposition de Grandi, Mussolini accepte de convoquer le Grand Conseil.
; Nuit du 24 au 25 juillet :
; Nuit du 24 au {{date-|25 juillet}} :
Le [[Grand Conseil du fascisme]]<ref>La réunion a débuté le 24 juillet à 17h15, le vote a eu lieu à 2h30, le matin du 25 juillet. Il n'existe aucun compte rendu de la séance.</ref> approuve l' « ordre du jour Grandi » qui rend au roi le pouvoir de diriger les forces armées italiennes, mettant en minorité [[Mussolini]].
Le [[Grand Conseil du fascisme]]<ref>La réunion a débuté le 24 juillet à 17h15, le vote a eu lieu à 2h30, le matin du 25 juillet. Il n'existe aucun compte rendu de la séance.</ref> approuve l' « ordre du jour Grandi » qui rend au roi le pouvoir de diriger les forces armées italiennes, mettant en minorité [[Mussolini]].
;25 juillet :
;{{date-|25 juillet}} :
* Le matin du dimanche 25 juillet, après s'être rendu comme d'habitude à son bureau du [[Palazzo Venezia]] afin d'expédier les affaires courantes, Mussolini demande au souverain d'avancer l'habituel entretien du lundi et obtient un entretien à 17 heures à la Villa Savoia (actuelle [[Villa Ada (Rome)|Villa Ada]]). Victor-Emmanuel III communique à Mussolini son remplacement par [[Pietro Badoglio]], lui garantissant néanmoins sa sécurité.
* Le matin du dimanche {{date-|25 juillet}}, après s'être rendu comme d'habitude à son bureau du [[Palazzo Venezia]] afin d'expédier les affaires courantes, Mussolini demande au souverain d'avancer l'habituel entretien du lundi et obtient un entretien à 17 heures à la Villa Savoia (actuelle [[Villa Ada (Rome)|Villa Ada]]). Victor-Emmanuel III communique à Mussolini son remplacement par [[Pietro Badoglio]], lui garantissant néanmoins sa sécurité.


À la sortie de Villa Savoia, Mussolini est arrêté par les carabiniers sur ordre du roi.
À la sortie de Villa Savoia, Mussolini est arrêté par les carabiniers sur ordre du roi.

Version du 20 mars 2020 à 00:08

Résultat du vote nominatif

L’ ordre du jour Grandi (en italien : ordine del giorno Grandi), parfois indiqué comme en italien mozione Grandi, est l'un des trois « ordres du jour  » (O.d.G.) présentés[1] à la réunion secrète du Grand conseil fasciste convoquée pour le samedi et qui s’avéra être la dernière.

Une semaine avant la réunion du Grand conseil fasciste, et deux jours avant la rencontre de Feltre entre Mussolini et Hitler, Heinrich Himmler recevait une note informative qui anticipait les manœuvres en cours afin de destituer le Duce et de le remplacer par Pietro Badoglio.

L'ordre du jour est approuvé et provoqua le jour suivant 25 juillet 1943 la chute du régime fasciste de Benito Mussolini, suite à l'arrestation de celui-ci par ordre du roi Victor-Emmanuel III.

Histoire

Contexte

Les dernières troupes de l'Axe, défaites, évacuent l’Afrique le .

En novembre et décembre 1942, Mussolini, abattu et dépressif, s'était laissé remplacer par Ciano à deux conférences avec Hitler. Le , après 18 mois de silence, il revient parler au peuple italien depuis le Palais de Venise. Le 7 avril 1943, il rencontre Hitler à Salzbourg et lui propose sans succès de négocier un armistice avec les Soviétiques afin de concentrer les forces armées sur les autres fronts de la guerre[2].

Le 9 juillet, les Américano-Britanniques débarquent en Sicile.

L’opération

L’opération est organisée le 4 juin 1943 lors d'une audience donnée par le roi Victor-Emmanuel III à Dino Grandi [3]. Pendant cette rencontre, le roi suggère à Grandi que, conformément au Statut albertin, un vote au parlement ou au Grand Conseil lui donnerait les bases constitutionnelles pour déposer Mussolini[3].

Le , le Duce rencontre Hitler à Feltre ; comme chef du gouvernement italien, il s'efforce d'empêcher l'Italie de signer une paix séparée[4].

Le une session du Grand Conseil du fascisme se tient en présence du Duce. Elle se conclut, aux premières heures du jour suivant (), par l’approbation de l'ordre du jour présenté par Dino Grandi[5] : l'abandon des charges du gouvernement par Mussolini est demandé au profit du roi. Mussolini reste apathique, sans réaction. Il avouera par la suite qu'il regrettait de ne pas avoir fait arrêter les dix-neuf membres rebelles[6]. Ce vote est réalisé par les hauts représentants du fascisme, dont le gendre de Mussolini, Galeazzo Ciano. Toutefois, le Grand Conseil n'a aucun moyen de faire exécuter sa décision, qui n'a qu'une portée symbolique, mais elle servira de prétexte constitutionnel à l'action du roi conformément au statut Albertin.

Mussolini, après s'être rendu comme d'habitude à son bureau du palais Venezia, demande au souverain de pouvoir anticiper l'habituelle réunion hebdomadaire prévue le jour suivant et arrive à 17 heures à la Villa Savoia. Victor-Emmanuel III informe Mussolini de son remplacement par le maréchal Pietro Badoglio[7], lui garantissant l'immunité. Mussolini n'est cependant pas au courant des réelles intentions du monarque, qui place sous escorte le chef du gouvernement et fait encercler le bâtiment par deux cents carabiniers. Victor-Emmanuel III a ordonné l'arrestation de Mussolini afin de sauver sa dynastie, qui risque d'être considérée comme trop compromise avec le fascisme.

Mussolini est d'abord enfermé dans une caserne de carabiniers à Rome, à partir du à Ponza, puis sur l'île de La Maddalena ( - )[8]. Badoglio fait enfin conduire Mussolini dans une ambulance de la Croix rouge à Campo Imperatore sur le Gran Sasso.

Les votes nominatifs

Nombre de votants : 28

En faveur de la motion : 19

Contre : 8

Abstention : 1

Les principaux membres s'étant prononcés en faveur de la motion Grandi qui furent arrêtés furent jugés lors du procès de Vérone par la République sociale italienne du 8 au 10 janvier 1944.

Chronologie

Lors d'une audience donnée par le roi Victor-Emmanuel III à Dino Grandi, la question du remplacement de Mussolini est évoquée.

Les Américano-Britanniques débarquent en Sicile, conquérant l’île entière le . La fin est proche et les hiérarques fascistes cherchent une porte de sortie.

Sur proposition de Grandi, Mussolini accepte de convoquer le Grand Conseil.

Nuit du 24 au

Le Grand Conseil du fascisme[9] approuve l' « ordre du jour Grandi » qui rend au roi le pouvoir de diriger les forces armées italiennes, mettant en minorité Mussolini.

  • Le matin du dimanche , après s'être rendu comme d'habitude à son bureau du Palazzo Venezia afin d'expédier les affaires courantes, Mussolini demande au souverain d'avancer l'habituel entretien du lundi et obtient un entretien à 17 heures à la Villa Savoia (actuelle Villa Ada). Victor-Emmanuel III communique à Mussolini son remplacement par Pietro Badoglio, lui garantissant néanmoins sa sécurité.

À la sortie de Villa Savoia, Mussolini est arrêté par les carabiniers sur ordre du roi.

Bibliographie

  • Denis Mack Smith, Mussolini, Flammarion, , 495 p. (ISBN 2-08-064655-9). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Marc Ferro, Ils étaient sept hommes en guerre, éd. Robert Lafont, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (it) Gianfranco Bianchi, 25 Luglio: crollo di un regime, Milan, Mursia,
  • Giovanni Di Capua, Il biennio cruciale (luglio 1943-giugno 1945): l'Italia di Charles Poletti, Rubbettino Editore srl, 2005 (ISBN 88-498-1202-7).
  • Arrigo Petacco, La seconda guerra mondiale, 6 voll. Armando Curcio Editore, Rome, 1979
  • De Simone, Cesare. Venti angeli sopra Roma. I bombardamenti aerei sulla Città Eterna (19 luglio 1943 e 13 agosto 1943). Milan, Mursia Editore, 1993.
  • Pierre Vallaud, Mathilde Aycard, Salò, l'agonie du fascisme, Paris, Fayard, 2018

Notes et références

  1. Les ordres du jour étaient signés par (1) Grandi ; (2) Farinacci ; (3) Scorza. Après que le premier fut entériné, Mussolini refusa de mettre au vote les deux suivants.
  2. Ferro, 2007, p. 209
  3. a et b (it) Renzo De Felice, Mussolini l'alleato, vol. I, thome II, Einaudi, , p. 1236.
  4. Smith, 1981, p. 363
  5. Smith, 1981, p. 3-368
  6. Smith, 1981, p. 368
  7. Smith, 1981, p. 369
  8. Smith, 1981, p. 370
  9. La réunion a débuté le 24 juillet à 17h15, le vote a eu lieu à 2h30, le matin du 25 juillet. Il n'existe aucun compte rendu de la séance.