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'''Sleiman Frangié''' ({{lang-ar|سليمان فرنجية}}), parfois orthographié ''Soleimane Frangieh'', ''Franjieh'', ou ''Franjiyeh'' ([[15 juin]] [[1910]] - [[23 juillet]] [[1992]]), a été [[Présidents de la République libanaise|président de la République libanaise]] de [[1970]] à [[1976]]. Sa présidence a vu le début de la [[Guerre du Liban|guerre civile]] qui a fait rage de [[1975]] à [[1990]], mais aussi le début de l'occupation militaire syrienne qui a duré jusqu'en [[2005]].
'''Sleiman Frangié''' ({{lang-ar|سليمان فرنجية}}), parfois orthographié ''Soleimane Frangieh'', ''Franjieh'', ou ''Franjiyeh'' ({{date|15 juin 1910}} - {{date|23 juillet 1992}}), a été [[Présidents de la République libanaise|président de la République libanaise]] de [[1970]] à [[1976]]. Sa présidence a vu le début de la [[Guerre du Liban|guerre civile]] qui a fait rage de [[1975]] à [[1990]], mais aussi le début de l'occupation militaire syrienne qui a duré jusqu'en [[2005]].


== Éducation ==
== Éducation ==
Soleimane Frangié est issue d'une grande famille libanaise, la famille [[Frangié]]. Il a fréquenté l'école De-La-Salle à [[Tripoli (ville du Liban)|Tripoli]], l'école Saint-Joseph à [[Zghorta]], et le lycée Aintoura à Kirswan, avant de passer ses examens à l'université jésuite de [[Beyrouth]]. Il se lança ensuite dans le secteur de l'import-export.
Soleimane Frangié est issue d'une grande famille libanaise, la famille [[Frangié]]. Il a fréquenté l'école De-La-Salle à [[Tripoli (ville du Liban)|Tripoli]], l'école Saint-Joseph à [[Zghorta]], et le lycée Aintoura à Kirswan, avant de passer ses examens à l'université jésuite de [[Beyrouth]]. Il se lança ensuite dans le secteur de l'import-export.


Frangié a été brièvement arrêté en [[1957]] quand il a été impliqué dans le meurtre de plusieurs membres d'un clan rival. Il s'enfuit en Syrie, où il noue des relations avec [[Hafez el-Assad]], qui devint plus tard [[Liste des présidents de Syrie|président de la Syrie]]. Les charges contre lui sont bientôt levées, mais il ne retourne au Liban qu'en [[1960]], pour occuper au parlement le poste de représentant de la commune de [[Zghorta]], près de Tripoli, succédant ainsi à son frère Hamid Beik Frangié qui doit abandonner la politique active en octobre 1957 à la suite d'une hémorragie cérébrale.
Frangié a été brièvement arrêté en [[1957]] quand il a été impliqué dans le meurtre de plusieurs membres d'un clan rival. Il s'enfuit en Syrie, où il noue des relations avec [[Hafez el-Assad]], qui devint plus tard [[Liste des présidents de Syrie|président de la Syrie]]. Les charges contre lui sont bientôt levées, mais il ne retourne au Liban qu'en [[1960]], pour occuper au parlement le poste de représentant de la commune de [[Zghorta]], près de Tripoli, succédant ainsi à son frère Hamid Beik Frangié qui doit abandonner la politique active en {{date-|octobre 1957}} à la suite d'une hémorragie cérébrale.


Frangié a été réélu au parlement en [[1964]] et [[1968]]. Durant sa décennie au parlement, il a occupé de nombreux poste de ministre (Postes, télégraphes et téléphones, Agriculture, Intérieur, Justice, Économie et Fonction publique).
Frangié a été réélu au parlement en [[1964]] et [[1968]]. Durant sa décennie au parlement, il a occupé de nombreux poste de ministre (Postes, télégraphes et téléphones, Agriculture, Intérieur, Justice, Économie et Fonction publique).


== Élection présidentielle de 1970 ==
== Élection présidentielle de 1970 ==
Durant la plus secrète et probablement la plus controversée des élections présidentielles de l'[[histoire du Liban|histoire libanaise]], l'Assemblée nationale élit Frangié à la présidence de la République le [[17 août]] [[1970]]. Il doit sa victoire sur [[Elias Sarkis]] au revirement de dernière minute du camp de [[Kamal Joumblatt]], dont les députés votèrent pour Frangié. Se posant en candidat du consensus, Frangié obtint le soutien aussi bien de la droite, de la gauche et de toutes les factions religieuses ; rien n'unissait vraiment ses partisans, mis à part la promesse de maintenir un système semi-féodal qui concentrait le pouvoir entre les mains de chefs de clans locaux nommés zaiyms, système que beaucoup de zayims pressentaient en voie de changement à cause des réformes déjà entreprises par [[Charles Hélou]] et [[Fouad Chéhab]], réformes que Sarkis avait promis de continuer. La victoire de Frangié est aussi due à l'usage de la force : après le troisième résultat en ballotage 49/49, des hommes de main envoyés par son fils, Tony Frangié, forcèrent le président du parlement (qui, par tradition, s'abstenait) à voter en faveur de Frangié.
Durant la plus secrète et probablement la plus controversée des élections présidentielles de l'[[histoire du Liban|histoire libanaise]], l'Assemblée nationale élit Frangié à la présidence de la République le {{date|17 août 1970}}. Il doit sa victoire sur [[Elias Sarkis]] au revirement de dernière minute du camp de [[Kamal Joumblatt]], dont les députés votèrent pour Frangié. Se posant en candidat du consensus, Frangié obtint le soutien aussi bien de la droite, de la gauche et de toutes les factions religieuses ; rien n'unissait vraiment ses partisans, mis à part la promesse de maintenir un système semi-féodal qui concentrait le pouvoir entre les mains de chefs de clans locaux nommés zaiyms, système que beaucoup de zayims pressentaient en voie de changement à cause des réformes déjà entreprises par [[Charles Hélou]] et [[Fouad Chéhab]], réformes que Sarkis avait promis de continuer. La victoire de Frangié est aussi due à l'usage de la force : après le troisième résultat en ballotage 49/49, des hommes de main envoyés par son fils, Tony Frangié, forcèrent le président du parlement (qui, par tradition, s'abstenait) à voter en faveur de Frangié.


La présidence de Frangié a été largement corrompue, même selon les Libanais. Il plaça les hommes de son clan de Zghorta dans l'administration, même s’ils n'étaient pas compétents. Quand il dut choisir un [[Premiers ministres du Liban|Premier ministre]], il posa comme condition que son fils ait un portefeuille de ministre.
La présidence de Frangié a été largement corrompue, même selon les Libanais. Il plaça les hommes de son clan de Zghorta dans l'administration, même s’ils n'étaient pas compétents. Quand il dut choisir un [[Premiers ministres du Liban|Premier ministre]], il posa comme condition que son fils ait un portefeuille de ministre.
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Au début de la [[Guerre du Liban|guerre civile]], Frangié a entretenu une armée privée, nommée [[brigade Marada]], sous le commandement de son fils Tony. Il participa d'abord au Front libanais, un mouvement de droite, mais au début [[1978]] il s'écarta de ce mouvement à cause de leurs relations tacites avec [[Israël]] et de ses propres liens avec la Syrie. En juin [[1978]] son fils Tony est assassiné par des miliciens des [[Forces libanaises]]. Son influence s'en trouva limitée par la suite.
Au début de la [[Guerre du Liban|guerre civile]], Frangié a entretenu une armée privée, nommée [[brigade Marada]], sous le commandement de son fils Tony. Il participa d'abord au Front libanais, un mouvement de droite, mais au début [[1978]] il s'écarta de ce mouvement à cause de leurs relations tacites avec [[Israël]] et de ses propres liens avec la Syrie. En juin [[1978]] son fils Tony est assassiné par des miliciens des [[Forces libanaises]]. Son influence s'en trouva limitée par la suite.


Frangié resta un allié de la Syrie. Il essaya de faire son retour en [[1988]], mais l'Assemblée nationale, qui avait essayé de l'élire, échoua à réunir le quorum, à cause d'un boycott de parlementaires chrétiens forcés par la milice des [[forces libanaises]]. Il mourut le [[23 juillet]] [[1992]], deux ans après la fin de la guerre civile.
Frangié resta un allié de la Syrie. Il essaya de faire son retour en [[1988]], mais l'Assemblée nationale, qui avait essayé de l'élire, échoua à réunir le quorum, à cause d'un boycott de parlementaires chrétiens forcés par la milice des [[forces libanaises]]. Il mourut le {{date|23 juillet 1992}}, deux ans après la fin de la guerre civile.


== Vie privée ==
== Vie privée ==

Version du 25 avril 2020 à 21:53

Soleimane Frangié
سليمان فرنجية
Illustration.
Fonctions
Président de la République libanaise

(5 ans, 11 mois et 30 jours)
Président du Conseil Rachid Karamé
Saëb Salam
Amine Hafez
Takieddine Solh
Rachid Solh
Noureddine Rifaï
Rachid Karamé (2e fois)
Prédécesseur Charles Hélou
Successeur Elias Sarkis
Biographie
Nom de naissance Soleimane Kabalan Beik Frangié
Date de naissance
Lieu de naissance Zghorta (Empire ottoman)
Date de décès (à 82 ans)
Lieu de décès Beyrouth (Liban)
Nationalité libanaise
Parti politique Brigade Marada (1978–1992)
Conjoint Iris Handaly
Religion Église maronite

Soleimane Frangié
Présidents de la République libanaise

Sleiman Frangié (arabe : سليمان فرنجية), parfois orthographié Soleimane Frangieh, Franjieh, ou Franjiyeh ( - ), a été président de la République libanaise de 1970 à 1976. Sa présidence a vu le début de la guerre civile qui a fait rage de 1975 à 1990, mais aussi le début de l'occupation militaire syrienne qui a duré jusqu'en 2005.

Éducation

Soleimane Frangié est issue d'une grande famille libanaise, la famille Frangié. Il a fréquenté l'école De-La-Salle à Tripoli, l'école Saint-Joseph à Zghorta, et le lycée Aintoura à Kirswan, avant de passer ses examens à l'université jésuite de Beyrouth. Il se lança ensuite dans le secteur de l'import-export.

Frangié a été brièvement arrêté en 1957 quand il a été impliqué dans le meurtre de plusieurs membres d'un clan rival. Il s'enfuit en Syrie, où il noue des relations avec Hafez el-Assad, qui devint plus tard président de la Syrie. Les charges contre lui sont bientôt levées, mais il ne retourne au Liban qu'en 1960, pour occuper au parlement le poste de représentant de la commune de Zghorta, près de Tripoli, succédant ainsi à son frère Hamid Beik Frangié qui doit abandonner la politique active en à la suite d'une hémorragie cérébrale.

Frangié a été réélu au parlement en 1964 et 1968. Durant sa décennie au parlement, il a occupé de nombreux poste de ministre (Postes, télégraphes et téléphones, Agriculture, Intérieur, Justice, Économie et Fonction publique).

Élection présidentielle de 1970

Durant la plus secrète et probablement la plus controversée des élections présidentielles de l'histoire libanaise, l'Assemblée nationale élit Frangié à la présidence de la République le . Il doit sa victoire sur Elias Sarkis au revirement de dernière minute du camp de Kamal Joumblatt, dont les députés votèrent pour Frangié. Se posant en candidat du consensus, Frangié obtint le soutien aussi bien de la droite, de la gauche et de toutes les factions religieuses ; rien n'unissait vraiment ses partisans, mis à part la promesse de maintenir un système semi-féodal qui concentrait le pouvoir entre les mains de chefs de clans locaux nommés zaiyms, système que beaucoup de zayims pressentaient en voie de changement à cause des réformes déjà entreprises par Charles Hélou et Fouad Chéhab, réformes que Sarkis avait promis de continuer. La victoire de Frangié est aussi due à l'usage de la force : après le troisième résultat en ballotage 49/49, des hommes de main envoyés par son fils, Tony Frangié, forcèrent le président du parlement (qui, par tradition, s'abstenait) à voter en faveur de Frangié.

La présidence de Frangié a été largement corrompue, même selon les Libanais. Il plaça les hommes de son clan de Zghorta dans l'administration, même s’ils n'étaient pas compétents. Quand il dut choisir un Premier ministre, il posa comme condition que son fils ait un portefeuille de ministre.

Années de guerre civile

Au début de la guerre civile, Frangié a entretenu une armée privée, nommée brigade Marada, sous le commandement de son fils Tony. Il participa d'abord au Front libanais, un mouvement de droite, mais au début 1978 il s'écarta de ce mouvement à cause de leurs relations tacites avec Israël et de ses propres liens avec la Syrie. En juin 1978 son fils Tony est assassiné par des miliciens des Forces libanaises. Son influence s'en trouva limitée par la suite.

Frangié resta un allié de la Syrie. Il essaya de faire son retour en 1988, mais l'Assemblée nationale, qui avait essayé de l'élire, échoua à réunir le quorum, à cause d'un boycott de parlementaires chrétiens forcés par la milice des forces libanaises. Il mourut le , deux ans après la fin de la guerre civile.

Vie privée

Enfant d'une des principales familles maronites de Zghorta, Frangié était le second fils de Kabalan Soleimane Frangié, lui-même député au parlement, et de Lamia Raffoul. Son grand-père, Kabalan Frangié, a été gouverneur du district. Frangié a eu cinq enfants avec sa femme égyptienne, Iris Handaly. Après que son frère Hamid Frangié eut été forcé de se retirer de la vie publique pour des raisons de santé, il succéda à celui-ci à la tête du clan Frangié. Son petit-fils, Sleiman Frangié, a été ministre de l’Intérieur de 2004 à 2005 et il est vu comme l’une des personnalités politiques les plus fidèles au régime syrien.

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Liens externes