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La '''traduction orale''' (également '''culture orale''', '''patrimoine oral''' ou encore '''littérature orale''') est une façon de préserver et de transmettre l'[[histoire]], la [[loi]] et la [[littérature]] de génération en génération dans les sociétés humaines (peuples, ethnies{{, etc.}}) qui n'ont pas de système d'[[écriture]] ou qui, dans certaines circonstances, choisissent ou sont contraintes de ne pas l'utiliser. La tradition orale est parfois considérée comme faisant partie du [[folklore]] d'un peuple. Il serait sans doute plus juste d'y voir l'une des formes principales de l'enseignement (initial et renouvelé) des sociétés humaines avec ou sans écriture.
La '''tradition orale''' (également '''culture orale''', '''patrimoine oral''' ou encore '''littérature orale''') est une façon de préserver et de transmettre l'[[histoire]], la [[loi]] et la [[littérature]] de génération en génération dans les sociétés humaines (peuples, ethnies{{, etc.}}) qui n'ont pas de système d'[[écriture]] ou qui, dans certaines circonstances, choisissent ou sont contraintes de ne pas l'utiliser. La tradition orale est parfois considérée comme faisant partie du [[folklore]] d'un peuple. Il serait sans doute plus juste d'y voir l'une des formes principales de l'enseignement (initial et renouvelé) des sociétés humaines avec ou sans écriture.


== Histoire ==
== Histoire ==
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La [[théorie de l'oralité]], initialement formulée par [[Milman Parry]] et [[Albert Lord]] à propos des épopées d'[[Homère]] et appliquée par la suite à d'autres genres de textes avec plus ou moins de succès, tente de préciser les modalités d'élaboration et de transmission d'œuvres appartenant à ces genres.
La [[théorie de l'oralité]], initialement formulée par [[Milman Parry]] et [[Albert Lord]] à propos des épopées d'[[Homère]] et appliquée par la suite à d'autres genres de textes avec plus ou moins de succès, tente de préciser les modalités d'élaboration et de transmission d'œuvres appartenant à ces genres.


== Une traduction en perpétuelle mutation ==
== Une tradition en perpétuelle mutation ==
Selon Seydou Camara, qui étudie la transmission orale des traditions africaines, le texte véhiculé oralement se transforme selon les intérêts de chacun, faisant apparaître à chaque fois de nouvelles variantes. Même lorsque le texte est écrit sous forme de manuscrit, des erreurs s'ajoutent à chaque copie, à tel point qu'on recense « une infinité de variantes » dont seul le « noyau » reste inchangé. Ainsi, même si les récits de fondation font référence à des phénomènes historiques, ils ont toujours une teneur fictive et mythique<ref>[http://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1996_num_36_144_1867 Seydou Camara, « La tradition orale en question »].</ref>.
Selon Seydou Camara, qui étudie la transmission orale des traditions africaines, le texte véhiculé oralement se transforme selon les intérêts de chacun, faisant apparaître à chaque fois de nouvelles variantes. Même lorsque le texte est écrit sous forme de manuscrit, des erreurs s'ajoutent à chaque copie, à tel point qu'on recense « une infinité de variantes » dont seul le « noyau » reste inchangé. Ainsi, même si les récits de fondation font référence à des phénomènes historiques, ils ont toujours une teneur fictive et mythique<ref>[http://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1996_num_36_144_1867 Seydou Camara, « La tradition orale en question »].</ref>.


[[Yves Person]] étudie quant à lui les limites temporelles de l'oralité, et fait remarquer ceci : {{Citation|Une règle assez générale, qui vaut d'ailleurs pour les traditions orales dans leur ensemble, est que les souvenirs remontent seulement jusqu'à la dernière migration. Il semble qu'un élément visuel (tombes, lieux sacrés ou sites mémorables) soit presque toujours nécessaire pour maintenir vivante la mémoire. Tout ce qui est antérieur doit s'être effacé en l'espace d'une vie d'homme}}. Il ajoute que certains peuples d'[[Afrique]] peuvent se souvenir d'évènements marquants remontant plusieurs siècles en arrière, mais qu'avec le temps les détails sont oubliés ou transformés<ref>[http://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1962_num_2_7_2987 Yves Person, « Tradition orale et chronologie »].</ref>.
[[Yves Person]] étudie quant à lui les limites temporelles de l'oralité, et fait remarquer ceci : {{Citation|Une règle assez générale, qui vaut d'ailleurs pour les traditions orales dans leur ensemble, est que les souvenirs remontent seulement jusqu'à la dernière migration. Il semble qu'un élément visuel (tombes, lieux sacrés ou sites mémorables) soit presque toujours nécessaire pour maintenir vivante la mémoire. Tout ce qui est antérieur doit s'être effacé en l'espace d'une vie d'homme}}. Il ajoute que certains peuples d'[[Afrique]] peuvent se souvenir d'évènements marquants remontant plusieurs siècles en arrière, mais qu'avec le temps les détails sont oubliés ou transformés<ref>[http://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1962_num_2_7_2987 Yves Person, « Tradition orale et chronologie »].</ref>.


== Les différentes formes de la traduction orale ==
== Les différentes formes de la tradition orale ==


Chaque groupe ayant sa propre culture orale, ces traductions s'appuient sur des récits, la langue ou des chansons.
Chaque groupe ayant sa propre culture orale, ces traditions s'appuient sur des récits, la langue ou des chansons.


Certaines de ces traditions orales sont véhiculées par des gardiens du savoir, comme les anciens qui jouent le rôle de narrateurs d'histoire chez les peuples autochtones d'Amérique du Nord.
Certaines de ces traditions orales sont véhiculées par des gardiens du savoir, comme les anciens qui jouent le rôle de narrateurs d'histoire chez les peuples autochtones d'Amérique du Nord.
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Enfin, le chant et la danse entrent dans ces vecteurs de transmission de la culture orale, en participant à la mémoire du patrimoine oral d'un peuple.
Enfin, le chant et la danse entrent dans ces vecteurs de transmission de la culture orale, en participant à la mémoire du patrimoine oral d'un peuple.


== Les thèmes de la traduction orale ==
== Les thèmes de la tradition orale ==
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Parmi les thèmes très souvent retrouvés dans les cultures orales, on peut citer les [[Récit originel|histoires sur l'origine et contes étiologiques]].
Parmi les thèmes très souvent retrouvés dans les cultures orales, on peut citer les [[Récit originel|histoires sur l'origine et contes étiologiques]].

Version du 29 mai 2020 à 21:24

La tradition orale (également culture orale, patrimoine oral ou encore littérature orale) est une façon de préserver et de transmettre l'histoire, la loi et la littérature de génération en génération dans les sociétés humaines (peuples, ethnies, etc.) qui n'ont pas de système d'écriture ou qui, dans certaines circonstances, choisissent ou sont contraintes de ne pas l'utiliser. La tradition orale est parfois considérée comme faisant partie du folklore d'un peuple. Il serait sans doute plus juste d'y voir l'une des formes principales de l'enseignement (initial et renouvelé) des sociétés humaines avec ou sans écriture.

Histoire

Jusqu'à la fin de l'Antiquité tardive, de nombreuses matières mythologiques ou religieuses ont d'abord été véhiculées oralement avant d'être fixées par écrit. Certains textes célèbres ont été grandement inspirés de ces traditions, comme l'Iliade et l'Odyssée, attribués à Homère et issus du Cycle troyen ; les Vedas ; les chansons de geste et romans arthuriens (issus respectivement de la matière de France et de la matière de Bretagne) ; certains livres de la Bibleetc.

La théorie de l'oralité, initialement formulée par Milman Parry et Albert Lord à propos des épopées d'Homère et appliquée par la suite à d'autres genres de textes avec plus ou moins de succès, tente de préciser les modalités d'élaboration et de transmission d'œuvres appartenant à ces genres.

Une tradition en perpétuelle mutation

Selon Seydou Camara, qui étudie la transmission orale des traditions africaines, le texte véhiculé oralement se transforme selon les intérêts de chacun, faisant apparaître à chaque fois de nouvelles variantes. Même lorsque le texte est écrit sous forme de manuscrit, des erreurs s'ajoutent à chaque copie, à tel point qu'on recense « une infinité de variantes » dont seul le « noyau » reste inchangé. Ainsi, même si les récits de fondation font référence à des phénomènes historiques, ils ont toujours une teneur fictive et mythique[1].

Yves Person étudie quant à lui les limites temporelles de l'oralité, et fait remarquer ceci : « Une règle assez générale, qui vaut d'ailleurs pour les traditions orales dans leur ensemble, est que les souvenirs remontent seulement jusqu'à la dernière migration. Il semble qu'un élément visuel (tombes, lieux sacrés ou sites mémorables) soit presque toujours nécessaire pour maintenir vivante la mémoire. Tout ce qui est antérieur doit s'être effacé en l'espace d'une vie d'homme ». Il ajoute que certains peuples d'Afrique peuvent se souvenir d'évènements marquants remontant plusieurs siècles en arrière, mais qu'avec le temps les détails sont oubliés ou transformés[2].

Les différentes formes de la tradition orale

Chaque groupe ayant sa propre culture orale, ces traditions s'appuient sur des récits, la langue ou des chansons.

Certaines de ces traditions orales sont véhiculées par des gardiens du savoir, comme les anciens qui jouent le rôle de narrateurs d'histoire chez les peuples autochtones d'Amérique du Nord. Certains récits peuvent être partagés à l'extérieur de la communauté, tandis que d'autres sont destinés à être transmis exclusivement en son sein[3].

Les noms de lieux font également partie de ces narrations d'histoires, et touchent par ailleurs à un aspect essentiel lorsqu'ils lient ces récits aux territoires[4], voire même peuvent être à la base de revendications territoriales[5].

Des objets peuvent aussi jouer un rôle dans la transmission de l'histoire d'un peuple, par exemple les colliers wampum en Amérique du Nord.

Enfin, le chant et la danse entrent dans ces vecteurs de transmission de la culture orale, en participant à la mémoire du patrimoine oral d'un peuple.

Les thèmes de la tradition orale

[à développer] Parmi les thèmes très souvent retrouvés dans les cultures orales, on peut citer les histoires sur l'origine et contes étiologiques.

Bibliographie

  • Louis-Jean Calvet, La Tradition orale (« Que sais-je ? », 2122), Paris, PUF, 1997.
  • (en) Ruth Finnegan, Oral Poetry. Its Nature, Significance ans Social Context, Cambridge University Press, 1977.
  • Marcel Jousse, Le Style oral rythmique et mnémotechnique chez les verbomoteurs, 1925[6].
  • Veronika Görög-Karady, Noirs et Blancs. Leur image dans la littérature orale africaine. Étude, anthologie, Paris, Société d'études linguistiques et anthropologiques de France (SELAF), 1976.
  • François Trudel, De l’ethnohistoire et l’histoire orale à la mémoire sociale chez les Inuits du Nunavut, « Anthropologie et Sociétés », volume 26, numéro 2-3, 2002, p. 137–159. https://doi.org/10.7202/007052ar
  • (en) Jan Vansina, Oral Tradition as History, Madison, University of Wisconsin Press, 1985
  • Anita Yasuda, Les traditions orales et la narration d'histoires, « La vie autochtone au Canada : au passé, au présent et au futur », Beech Street Books, 2019.

Notes et références

  1. Seydou Camara, « La tradition orale en question ».
  2. Yves Person, « Tradition orale et chronologie ».
  3. Boucher, François. « La politique de la propriété culturelle et le patrimoine des peuples autochtones. » Les Cahiers de la Société québécoise de recherche en musique, volume 11, numéro 1-2, mars 2010, p. 125–136. https://doi.org/10.7202/1054030ar
  4. Arbour, Chelsee, et al. « Pour ramener l’été : à la recherche d’une concordance entre l’histoire innue et l’archéologie. » Recherches amérindiennes au Québec, volume 48, numéro 3, 2018, p. 31–44. https://doi.org/10.7202/1062132ar
  5. Arsenault, Daniel. « De la matérialité à l’immatérialité : les sites rupestres et la réappropriation du territoire par les nations algonquiennes. » Recherches amérindiennes au Québec, volume 38, numéro 1, 2008, p. 41–48. https://doi.org/10.7202/039742ar
  6. Le style oral rythmique et mnémotechnique chez les verbomoteurs.

Voir aussi

Articles connexes

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