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Au lendemain de l'[[Indépendance (politique)|indépendance]] du Suriname, le {{date|25|novembre|1975}}, certains cherchent à profiter d'une situation économique favorable et d'un calme relatif. Dési Bouterse, alors colonel dans l'armée régulière, prend le contrôle du pays grâce à un [[Coup d'État de 1980 au Suriname|coup d'État]] le {{date|25|février|1980}}. Son régime militaire en place, il devient alors [[président]] du Conseil militaire national, laissant dans un premier temps le [[Liste des présidents du Suriname|président de la République]] [[Johan Ferrier]] à son poste (il assure la fonction présidentielle deux fois durant quelques jours en [[1980]] et [[1982]]).
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Il établit des relations diplomatiques avec l’[[Urss|Union soviétique]], [[Cuba]] et la [[Corée du Nord]], sans pour autant que son régime ne manifeste une quelconque orientation communiste. Les [[Pays-Bas]] suspendent l'aide économique octroyée à leur ancienne colonie, déstabilisant ainsi l'économie surinamaise. Le régime est rapidement confronté à plusieurs soulèvements, tantôt conduits par une partie de l’armée, tantôt par des civils<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Françoise |nom=Barthélémy |titre=Tentative de déstabilisation au Suriname |url=https://www.monde-diplomatique.fr/1987/02/BARTHELEMY/39835 |site=Le Monde diplomatique |date=1987-02-01 }}</ref>.
Il établit des relations diplomatiques avec l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]], [[Cuba]] et la [[Corée du Nord]], sans pour autant que son régime ne manifeste la moindre orientation [[Communisme|communiste]]. Les [[Pays-Bas]] suspendent l'aide au développement accordée à leur ancienne colonie, déstabilisant ainsi l'[[Économie du Suriname|économie surinamaise]]. Le régime est rapidement confronté à plusieurs soulèvements, tantôt conduits par une partie de l’armée, tantôt par des civils<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Françoise |nom=Barthélémy |titre=Tentative de déstabilisation au Suriname |url=https://www.monde-diplomatique.fr/1987/02/BARTHELEMY/39835 |site=Le Monde diplomatique |date=1987-02-01 }}</ref>.
[[Fichier:Desi Bouterse.jpg|gauche|vignette|Desi Bouterse, chef d’État-major des armées du Suriname en 1985.]]
[[Fichier:Desi Bouterse.jpg|gauche|vignette|Desi Bouterse, chef d’État-major des armées du Suriname en 1985.]]
La répression est féroce, étant lui-même le donneur d'ordre direct, voire l'auteur d'après certains témoignages, de certains meurtres ([[massacres de décembre 1982]], événements dans le village des [[Noirs Marrons]] en [[1986]]). La révolte dirigée par [[Ronnie Brunswijk]], l'un de ses gardes du corps, conduit à la [[Guerre civile du Suriname|guerre civile]] qui dure de [[1986]] à [[1992]]. Il reste ''de facto'' le dirigeant de la nation jusqu'à sa démission en [[1988]].
La répression est féroce, étant lui-même le donneur d'ordre direct, voire l'auteur d'après certains témoignages, de certains meurtres de masse ([[massacres de décembre 1982]], [[massacre de Moïwana]]). La révolte dirigée par [[Ronnie Brunswijk]], l'un de ses gardes du corps, conduit à la [[Guerre civile du Suriname|guerre civile]] qui dure de [[1986]] à [[1992]]. Il reste ''de facto'' le dirigeant de la nation jusqu'à sa démission en [[1988]].


=== Échec aux élections de 1996 ===
=== Échec aux élections de 1996 ===

Version du 3 mars 2021 à 02:05

Desi Bouterse
Illustration.
Desi Bouterse, le 12 août 2010.
Fonctions
Président de la République du Suriname

(9 ans, 11 mois et 4 jours)
Élection
Réélection
Vice-président Robert Ameerali
Ashwin Adhin
Prédécesseur Ronald Venetiaan
Successeur Chan Santokhi
Président du Conseil national militaire de la République du Suriname

(4 jours)
Prédécesseur Henk Chin A Sen
(président de la République)
Successeur Fred Ramdat Misier
(président de la République)

(2 jours)
Prédécesseur Johan Ferrier
(président de la République)
Successeur Henk Chin A Sen
(président de la République)
Président de la Communauté caribéenne

(5 mois et 30 jours)
Prédécesseur Ralph Gonsalves
Successeur Kamla Persad-Bissessar
Biographie
Nom de naissance Desiré Delano Bouterse
Date de naissance (78 ans)
Lieu de naissance Domburg (Suriname)
Nationalité Surinamaise
Parti politique Parti national démocratique
Conjoint Ingrid Waldring (mariés en 1990)
Profession Militaire

Desi Bouterse
Présidents de la République du Suriname

Desiré Delano Bouterse, dit Desi Bouterse (prononcé : /ˈbɑutərsə/), né le à Domburg, est un homme d'État surinamais, président de la République du au .

Il est l'une des personnalités les plus marquantes de l'histoire du Suriname : successivement militaire — instructeur de sport qui atteint le grade de colonel — puis instigateur d'un coup d’État menant à la dictature militaire du Suriname, il est par la suite chef des armées et désormais homme politique, président et fondateur du Parti national démocratique (NDP). Élu président de la République en 2010, il est réélu en 2015 mais échoue aux élections de 2020.

Le 29 novembre 2019, il est condamné à 20 ans de prison par un tribunal militaire surinamais pour les meurtres de 15 opposants politiques appelés massacres de décembre 1982[1],[2].

Biographie

Famille

Désiré Delano Bouterse est né le à Domburg, dans le district de Wanica. Divorcé d'Ingrid Figueira, il est marié à Ingrid Waldring depuis 1990. Il est père de trois enfants, Peggy et Dino avec sa première femme, et Jen-ai avec la deuxième.

Son fils, Dino Bouterse, est arrêté en août 2013 au Panama et extradé vers les États-Unis pour des accusations de trafic de drogue et d’armes[3]. Il est condamné le 12 mars 2015 pour trafic d'armes et de cocaïne, ainsi que pour tentative de soutien au Hezbollah, organisation considérée comme terroriste par les États-Unis[4]

Coup d'État et régime autoritaire

Au lendemain de l'indépendance du Suriname, le , certains cherchent à profiter d'une situation économique favorable et d'un calme relatif. Dési Bouterse, alors colonel dans l'armée régulière, prend le contrôle du pays grâce à un coup d'État le . Son régime militaire en place, il devient alors président du Conseil militaire national, laissant dans un premier temps le président de la République Johan Ferrier à son poste (il assure la fonction présidentielle deux fois durant quelques jours en 1980 et 1982).

Il établit des relations diplomatiques avec l’Union soviétique, Cuba et la Corée du Nord, sans pour autant que son régime ne manifeste la moindre orientation communiste. Les Pays-Bas suspendent l'aide au développement accordée à leur ancienne colonie, déstabilisant ainsi l'économie surinamaise. Le régime est rapidement confronté à plusieurs soulèvements, tantôt conduits par une partie de l’armée, tantôt par des civils[5].

Desi Bouterse, chef d’État-major des armées du Suriname en 1985.

La répression est féroce, étant lui-même le donneur d'ordre direct, voire l'auteur d'après certains témoignages, de certains meurtres de masse (massacres de décembre 1982, massacre de Moïwana). La révolte dirigée par Ronnie Brunswijk, l'un de ses gardes du corps, conduit à la guerre civile qui dure de 1986 à 1992. Il reste de facto le dirigeant de la nation jusqu'à sa démission en 1988.

Échec aux élections de 1996

Après le retour d'un gouvernement démocratique, dirigé successivement par Ronald Venetiaan et Jules Wijdenbosch, il perd l’élection présidentielle de mai 1996, face à Jules Wijdenbosch. Le slogan de son parti le NDP était : « Leti a Faya », soit en français « allumez la lumière ». Un autre candidat malheureux de ces élections de 1996 : Ronnie Brunswijk, son ancien adversaire militaire durant la guerre civile.

Président de la République

Lors des élections législatives du , la coalition Megacombinatie (« grande coalition ») qu'il dirige arrive en tête avec un peu plus de 40 % des voix et obtient 23 sièges, nombre insuffisant pour pouvoir gouverner sans partenaire et pour élire le président de la République. Des tractations entre partis ont lieu et le suivant, Bouterse est élu président de la République par l'Assemblée nationale en obtenant 36 suffrages sur 50 votants[6]. Il prend ses fonctions le 12 août.

Desi Bouterse et le président chinois Xi Jinping à Pékin en 2013.

Parmi les réformes de son gouvernement, il rend l’école publique gratuite, augmente le salaire minimum et introduit la gratuité des soins médicaux pour les moins de 16 ans et les plus de 60 ans.

Les élections législatives du sont de nouveau remportées par la Megacombinatie qui, avec 27 sièges sur 51, obtient une majorité absolue mais pas celle des deux tiers nécessaire à la réélection de Bouterse[7]. Le suivant, Bouterse, seul candidat, est néanmoins réélu par l'Assemblée nationale pour un deuxième mandat de président de la République[8].

Il échoue à obtenir un troisième mandat aux élections législatives de 2020, remportées par le Parti de la réforme progressiste (VHP) dirigé par Chan Santokhie qui remporte l'élection présidentielle consécutive[9].

Condamnations pour trafic de drogue et meurtres

Ayant depuis longtemps profité de son statut pour diriger un trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe, il a été accusé à plusieurs occasions, et le 6 juillet 1999 il est condamné par contumace à 16 ans de prison et 2 millions de dollars d'amende pour trafic de cocaïne par un tribunal aux Pays-Bas. Le 30 juin 2000, sa condamnation est réduite à 11 ans de prison par la cour d'appel de La Haye. Depuis, un mandat d'arrêt international l'empêche de quitter le territoire du Suriname. Au Suriname, puissant et craint, il reste libre.

Cependant, au fil des ans, son passé revient sur le devant de la scène et le gouvernement dit préparer une action judiciaire contre les participants actifs aux massacres de décembre 1982. À l'époque, quinze principaux opposants au régime militaire sont tués par balles au fort Zeelandia. Il prétend qu'il n'était pas présent et que la décision a été prise par le commandant de bataillon Paul Bhagwandas (en), mort en 1996. Toutefois, il en reconnaît la responsabilité politique. En 2017, Bouterse est impliqué dans un procès où l'accusation lui demande de répondre du massacre de décembre. Bien qu'il ait essayé d'empêcher sa tenue en invoquant la sécurité nationale, il risque 20 ans de prison si reconnu coupable[10].

Le 29 novembre 2019, alors qu'il était en voyage officiel en Chine, le président Desi Bouterse a été condamné par un tribunal militaire surinamais à 20 ans de prison pour le massacre de 15 opposants politiques le 8 décembre 1982 au fort Zeelandia (Paramaribo), événements connus sous le nom de « massacres de décembre 1982 ». Six autres anciens officiers de l’armée du Suriname ont également été condamnés avec lui, dont un ancien consul du Suriname en Guyane[2],[1].

Notes et références

  1. a et b (en) Ank Kuipers, « Suriname President Bouterse convicted of murder for 1982 executions », Reuters,‎ (lire en ligne)
  2. a et b Frédécric Farine, « Desi Bouterse condamné à 20 ans de prison par un tribunal militaire du Suriname dans l’affaire de l’exécution d’opposants en décembre 1982 », Guyaweb,‎ (lire en ligne)
  3. « Suriname : drogue, armes et présidence », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Etats-Unis: le fils du président du Suriname lourdement condamné », sur RFI, (consulté le )
  5. Françoise Barthélémy, « Tentative de déstabilisation au Suriname », sur Le Monde diplomatique,
  6. « Surinam : l'ex-dictateur Desi Bouterse élu président », lapresse.ca, 19 juillet 2010.
  7. « Au Suriname, large victoire du parti de l’ex-putschiste Desi Bouterse », lemonde.fr, 26 mai 2015.
  8. (en) « Suriname's Bouterse Secures Second Presidential Term », Voice of America, 14 juillet 2015.
  9. « Suriname : le parti du président Desi Bouterse perd les élections », sur Guyane la 1ère (consulté le )
  10. « Suriname : 20 ans de prison requis contre le président Bouterse », sur Courrier international, le 29 juin 2017.

Liens externes