« Alfredo Stroessner » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Criric (discuter | contributions)
article détaillé
Pautard (discuter | contributions)
m à la suite d'une attaque
Ligne 88 : Ligne 88 :
Dans les [[années 1970]], il appuie activement l'[[opération Condor|opération ''Condor'']] qui vise à éliminer des opposants aux régimes dictatoriaux en [[Amérique du Sud]] et donne asile au président [[nicaragua]]yen déchu [[Anastasio Somoza Debayle|Anastasio Somoza]]. Quand celui-ci est assassiné en 1980 par un commando de guérilleros argentins, Alfredo Stroessner réclame la tête des coupables, provoquant un durcissement du régime mais révèle dans le même temps une faiblesse, puisque le Paraguay s'avère incapable de lutter contre les [[montoneros]] argentins qui s'infiltrent dans le Sud du pays.
Dans les [[années 1970]], il appuie activement l'[[opération Condor|opération ''Condor'']] qui vise à éliminer des opposants aux régimes dictatoriaux en [[Amérique du Sud]] et donne asile au président [[nicaragua]]yen déchu [[Anastasio Somoza Debayle|Anastasio Somoza]]. Quand celui-ci est assassiné en 1980 par un commando de guérilleros argentins, Alfredo Stroessner réclame la tête des coupables, provoquant un durcissement du régime mais révèle dans le même temps une faiblesse, puisque le Paraguay s'avère incapable de lutter contre les [[montoneros]] argentins qui s'infiltrent dans le Sud du pays.


Il entretient aussi de bons rapports avec [[Israël]]. Un accord est conclu en 1969 avec les autorités israéliennes pour transférer au Paraguay 60 000 Palestiniens, « qui par définition ne sont pas communistes », sur une période de quatre ans. Dans le cadre de cet accord, Israël accepte de payer le gouvernement paraguayen pour ces transferts forcés, et d'octroyer la somme de 100 dollars à chaque Palestinien pour couvrir les premières dépenses à leur arrivée au Paraguay. La politique de transfert forcé échoue suite à une attaque palestinienne contre l’ambassade d’Israël au Paraguay en mai 1970<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur= |prénom=Ramona |nom=Wadi |titre=L'histoire oubliée de l'alliance entre Israël et les dictatures latino-américaines |url=https://orientxxi.info/magazine/l-histoire-oubliee-de-l-alliance-entre-israel-et-les-dictatures-latino,4156 |site=Orient XXI |date=2020-10-05 |consulté le=}}</ref>.
Il entretient aussi de bons rapports avec [[Israël]]. Un accord est conclu en 1969 avec les autorités israéliennes pour transférer au Paraguay 60 000 Palestiniens, « qui par définition ne sont pas communistes », sur une période de quatre ans. Dans le cadre de cet accord, Israël accepte de payer le gouvernement paraguayen pour ces transferts forcés, et d'octroyer la somme de 100 dollars à chaque Palestinien pour couvrir les premières dépenses à leur arrivée au Paraguay. La politique de transfert forcé échoue à la suite d'une attaque palestinienne contre l’ambassade d’Israël au Paraguay en mai 1970<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur= |prénom=Ramona |nom=Wadi |titre=L'histoire oubliée de l'alliance entre Israël et les dictatures latino-américaines |url=https://orientxxi.info/magazine/l-histoire-oubliee-de-l-alliance-entre-israel-et-les-dictatures-latino,4156 |site=Orient XXI |date=2020-10-05 |consulté le=}}</ref>.


À la fin des [[années 1980]], la [[démocratie]] est rétablie au [[Brésil]] et en [[Argentine]], ce qui fragilise la présidence Stroessner. La population descend régulièrement dans les rues pour protester contre les abus du régime. Ces manifestations pacifiques, organisées par les syndicats et les mouvements de gauche, sont durement réprimées. Les États-Unis, qui avaient toujours soutenu le président, finissent par l'abandonner, tandis que l'isolement diplomatique du pays avait des conséquences catastrophiques sur son économie.
À la fin des [[années 1980]], la [[démocratie]] est rétablie au [[Brésil]] et en [[Argentine]], ce qui fragilise la présidence Stroessner. La population descend régulièrement dans les rues pour protester contre les abus du régime. Ces manifestations pacifiques, organisées par les syndicats et les mouvements de gauche, sont durement réprimées. Les États-Unis, qui avaient toujours soutenu le président, finissent par l'abandonner, tandis que l'isolement diplomatique du pays avait des conséquences catastrophiques sur son économie.

Version du 2 juillet 2021 à 18:15

Alfredo Stroessner
Illustration.
Fonctions
Président de la République du Paraguay

(34 ans, 5 mois et 19 jours)
Prédécesseur Tomás Romero Pereira
Successeur Andrés Rodríguez Pedotti
Biographie
Nom de naissance Alfredo Stroessner Matiauda
Date de naissance
Lieu de naissance Encarnación (Paraguay)
Date de décès (à 93 ans)
Lieu de décès Brasilia (Brésil)
Nationalité paraguayenne
Parti politique Partido Colorado
Conjoint Eligia Mora (1910-2006)
Enfants Gustavo Stroessner Mora
Graciela Stroessner Mora
Hugo Alfredo Stroessner Mora
Profession Militaire

Alfredo Stroessner
Présidents de la République du Paraguay

Alfredo Stroessner, né le à Encarnación (Paraguay) et mort le à Brasilia (Brésil), est un officier militaire et homme d'État paraguayen. Général en chef des forces armées et membre du Parti colorado, il est le président de la République du Paraguay de 1954 à 1989.

Arrivé au pouvoir à la suite d'un coup d'État, il est lui-même renversé, le , par un autre coup d'État, mené par le général Andrés Rodríguez Pedotti.

Biographie

Origines

Alfredo Stroessner est le fils d’un brasseur d’origine bavaroise, Hugo Strößner, arrivé dans le pays en 1895, et d'une Paraguayenne, Heriberta Matiauda. Il parlait parfaitement allemand[réf. nécessaire].

Carrière militaire

Il s'engage dans l'armée à l'âge de dix-sept ans, en intégrant l'Académie militaire[1]. Une carrière militaire fulgurante le mène au sommet de la hiérarchie militaire paraguayenne en moins de vingt ans.

Il est ainsi nommé lieutenant deux ans seulement après son engagement. En 1932, lorsque la guerre du Chaco éclate, il est envoyé au front. Très vite, il monte régulièrement en grade, récompensé du courage et de l’habileté dont il fait preuve sur le terrain et par sa loyauté envers le général Higinio Morínigo. Ce dernier s'est plus illustré dans les états-majors que sur le front : il est nommé chef d'État-major de l'armée le puis deviendra président de la République en remplacement du Général Estigarribia, le « vainqueur du Chaco », décédé dans un accident d'avion le et nommé Maréchal à titre posthume.

Il reçoit après la guerre deux décorations : la Cruz del Chaco et la Cruz del Defensor. Sa carrière, après la guerre du Chaco, sera étroitement liée à ses choix politiques qui n'ont pas toujours été judicieux. Si à trente-six ans, en 1948, il est le général le plus jeune d’Amérique du Sud, il aura été de tous les coups d'État à partir de 1947, notamment celui du contre la tendance autocratique du Parti colorado (les « guionistas » de Natalicio Gonzalez). Son rapprochement avec les colorados, clair depuis au moins la guerre civile de 1947, finira par payer avec l'aile majoritaire dite des « démocraticos », ce qui est quelque peu abusif comme appellation.

Le coup d'État du réussit à cette branche et à lui-même. Cette fois-ci du côté des vainqueurs, il lui faudra encore cinq ans pour prendre le pouvoir en intriguant depuis ses garnisons, surtout celle de Paraguari (artillerie), proche de la capitale[2]. En 1953, il est nommé Commandant en chef des forces armées. Il n'a plus de marche militaire à gravir, lui reste à gravir la dernière marche civile.

Coup d'État du 4 mai 1954

Le Paraguay en 1954, connaissait une situation politique favorable. Depuis le deuxième semestre 1946, après une période de six mois pendant laquelle le pays avait connu, selon des témoins de l'époque[3], une liberté d'opinion remarquable, les factions du Parti colorado (Asociacion Nacional Républicana) provoquent un coup d'État (), puis une guerre civile du au contre les libéraux et les fébréristes (mouvement à l'idéologie composite mêlant le populisme, le fascisme social issu de la guerre du Chaco, formé d'anciens combattants et de groupes civils s'étant ralliés à Rafael Franco, le héros militaire le plus populaire). Les colorados l'emportent et leurs factions ne cessant de lutter violemment les unes contre les autres, s'ouvre alors la période de « l'anarchie colorada » qui ne prendra fin qu'avec l'accession au pouvoir d'Alfredo Stroessner.

Les vagues de répression touchent les villes de l'« intérieur » et la campagne. Les accusations de « communisme » prolifèrent d'autant plus que les États-Unis s'intéressent de près aux militaires depuis Estigarribia en 1936. Les chefs colorados avaient repris l'ascendant sur les militaires qui avaient dominé la scène politique depuis la fin de la guerre du Chaco (1935), cependant, ils les remirent eux-mêmes dans le jeu politique, chaque faction allant solliciter l'appui d'un chef ou d'un autre pour renverser la faction nominalement au pouvoir.

Être promu au grade de général en pleine période d’instabilité offrit à Alfredo Stroessner, malgré le revers du coup d'État de 1948, la possibilité de prendre le pouvoir par un coup d'État qu'il orchestre six ans plus tard, mettant fin aux luttes internes du Parti colodaro, auquel il avait adhéré tardivement, en 1951. Le , il renverse Federico Chaves, puis est nommé président par la junte militaire. Il est alors soutenu par l'Argentin Juan Perón, qui s'inquiète de l'état d'instabilité chronique de ce pays alors sous son influence (mais Stroessner avait aussi tissé des liens avec les militaires brésiliens)[4].

La présidence Stroessner (1954-1989)

Alfredo Stroessner conserve le pouvoir pendant plus de trente-quatre ans, devenant ainsi le dictateur latino-américain le plus longtemps au pouvoir, jusqu'à ce qu'il soit dépassé par le président cubain Fidel Castro. Il est réélu à huit reprises (avec modification constitutionnelle), tous les cinq ans, de 1958 à 1988.

Il parvient à vider méthodiquement le Parti colorado de la plupart de ses anciens chefs de faction qui s'exilent, faisant ainsi du parti un parti stroessniste puis à prendre le contrôle des syndicats, des mouvements étudiants, à marginaliser les anciens partis, et à quadriller la population. Il parvint aussi à réduire l'influence des unités militaires clefs, en subornant les chefs par l'attribution de monopoles de fait d'activités lucratives fondées en grande partie sur la contrebande (cigarettes, alcool, drogue), faisant du Paraguay une plateforme de redistribution dans le Río de la Plata et vers le Brésil. Seule lui échappa l'Église catholique, surtout à partir de la diffusion de la théologie de la libération après Vatican II, et un parti démocrate chrétien se constitue dans la foulée, loin des anciennes pratiques politiques[réf. nécessaire]. Toutefois, son pouvoir n'est pas menacé.

Il instaure une démocratie en faux-semblant, laissant réapparaître le parti libéral radical héritier des anciens liberales, qu'il affaiblit en laissant créer un autre parti libéral, et le parti fébrériste, ne leur laissant jamais de marge de manœuvre réelle[5]. Il se débarrassera des tentatives de guérillas surgies après la prise de pouvoir à Cuba de Fidel Castro, groupuscules sans relais local.

Politique économique

Pendant sa présidence, le Paraguay connaît une croissance économique relativement stable, d'environ 3 ou 4 % par an, à l'exception du « boom » économique de 1976-1981, pendant lequel elle dépasse les 10 % par an. Appuyé par les États-Unis, son gouvernement bénéficie, à partir du début des années 1960, des fonds de l'Alliance pour le progrès, qui permettent de créer une infrastructure routière limitée mais indispensable (Asuncion – Paraguari – Encarnacion vers l'Argentine ; Asuncion – Puerto Présidente Stroessner (aujourd'hui Ciudad del Este) vers le Brésil ; et la route Transchaco vers la Bolivie dont seul un tronçon depuis la rive droite du fleuve Paraguay en face d'Asuncion sera asphalté).

Il signe avec le Brésil l'accord qui permettra la construction du barrage d'Itaipu (en rayant de la carte les chutes de Guaira), et permet une relative libéralisation des échanges avec les pays voisins (Argentine, Brésil et Uruguay). Le traité du Río de la Plata (es), signé en 1973, facilite ces échanges en réduisant l'importance des différends frontaliers qui persistaient après la guerre de la Triple-Alliance (1864-70), laquelle avait réglé pour l'essentiel le sort des régions intéressant le Brésil et l'Argentine à leur profit, notamment avec la Bolivie. Dans sa subordination économique au gouvernement brésilien, il favorise aussi l'implantation de « pionniers » brésiliens, leur attribuant un rôle modernisateur dans l’agriculture paraguayenne[6].

Outre le soutien financier reçu des États-Unis, l’État paraguayen, grâce à sa situation géographique, fait de la contrebande l'une de ses principales sources de revenu. De l'alcool aux animaux exotiques, en passant par les drogues et les voitures, le volume de la contrebande serait de trois fois supérieur au chiffre officiel des exportations. Le régime de Stroessner emploie amplement la corruption pour conserver la fidélité des Forces armées. Entre 1954 et 1989, quelque 8 millions d'hectares (soit un tiers des terres agricoles du pays) ont été distribués à des proches du pouvoir, principalement des officiers, dont certains ont ainsi pu amasser des fortunes considérables, mais aussi des politiciens et des hommes d'affaires. La forte concentration des richesses et des terres a fait du Paraguay l'un des pays les plus inégalitaires de la planète au cours de cette période[7].

Diplomatie

Sur le plan extérieur, Alfredo Stroessner rompt dès 1960 les relations diplomatiques qu'entretenait le Paraguay avec Cuba, à la suite de la révolution cubaine. Il effectue plusieurs voyages à l'étranger, au Japon, aux États-Unis et en France, mais surtout en Allemagne, pays d'origine de son père, pour lequel il éprouve une véritable fascination. Cependant, les relations entre les deux pays sont difficiles vu que plusieurs centaines de criminels nazis (à l'instar du médecin d'Auschwitz, Josef Mengele, ou du « boucher de Riga », Eduard Roschmann) se sont réfugiés au Paraguay, et s'en sont vus accorder la nationalité par Stroessner [8]. Stroessner s'est également lié d'amitié avec Dinko Sakic, l'ancien commandant du camp de concentration de Jasenovac[9].

Il conserve un fort soutien des États-Unis, du Brésil, alors sous dictature militaire, et du Chili après le coup d’État. Le président Richard Nixon va jusqu'à déclarer que le régime de Stroessner est un « modèle de démocratie viable pour l’Amérique latine ». « Guidé par la main experte du général Stroessner », déclare Gustavo Leigh, l'un des membres de la Junte chilienne derrière Pinochet, en ouverture du troisième congrès de la Confédération anticommunisme latino-américaine en 1977, « le Paraguay a été l'un des premiers en Amérique à dresser des barricades pour se défendre contre le germe communiste, dans une attitude exemplaire pour les peuples américains »[10]. Des officiers américains participent à la formation de leurs homologues paraguayens aux techniques de torture. La plus célèbre, la pileta, consistait à plonger des opposants dans une baignoire emplie d’excréments, jusqu’aux limites de leurs forces[11].

Dans les années 1970, il appuie activement l'opération Condor qui vise à éliminer des opposants aux régimes dictatoriaux en Amérique du Sud et donne asile au président nicaraguayen déchu Anastasio Somoza. Quand celui-ci est assassiné en 1980 par un commando de guérilleros argentins, Alfredo Stroessner réclame la tête des coupables, provoquant un durcissement du régime mais révèle dans le même temps une faiblesse, puisque le Paraguay s'avère incapable de lutter contre les montoneros argentins qui s'infiltrent dans le Sud du pays.

Il entretient aussi de bons rapports avec Israël. Un accord est conclu en 1969 avec les autorités israéliennes pour transférer au Paraguay 60 000 Palestiniens, « qui par définition ne sont pas communistes », sur une période de quatre ans. Dans le cadre de cet accord, Israël accepte de payer le gouvernement paraguayen pour ces transferts forcés, et d'octroyer la somme de 100 dollars à chaque Palestinien pour couvrir les premières dépenses à leur arrivée au Paraguay. La politique de transfert forcé échoue à la suite d'une attaque palestinienne contre l’ambassade d’Israël au Paraguay en mai 1970[12].

À la fin des années 1980, la démocratie est rétablie au Brésil et en Argentine, ce qui fragilise la présidence Stroessner. La population descend régulièrement dans les rues pour protester contre les abus du régime. Ces manifestations pacifiques, organisées par les syndicats et les mouvements de gauche, sont durement réprimées. Les États-Unis, qui avaient toujours soutenu le président, finissent par l'abandonner, tandis que l'isolement diplomatique du pays avait des conséquences catastrophiques sur son économie.

Droits de l'homme

Le régime de Stroessner commandite autour de trois mille assassinats et disparitions, plus de 18 000 personnes subissent la torture[8] et 1,8 million de Paraguayens (environ le tiers de la population) choisissent l'exil pour des raisons politiques ou économiques. Le régime est également responsable de la sédentarisation forcée et brutale des indigènes achés à partir de 1967 au moins, sédentarisation accompagnée de meurtres et au cours de laquelle des femmes furent réduites en esclavage et des enfants volés. En 2013, les Achés ont porté plainte contre l’État paraguayen pour crimes contre l’humanité et génocide devant la justice argentine [13],[14].

À l'instar du dictateur dominicain Rafael Trujillo, Alfredo Stroessner avait des penchants pédophiles et aurait eu, selon la Direction de la mémoire historique et des réparations (organisme lié au ministère de la Justice paraguayen) de fréquentes relations sexuelles avec des jeunes filles âgées de 10 à 15 ans. Certaines ont témoigné avoir été enlevées. En 1977, le Washington Post décrivait déjà le président Stroessner et son entourage comme « sexuellement dépravé »[8].

En , des ossements humains, dont 3 crânes, sont découverts dans le sous-sol d'une des maisons d'Alfredo Stroessner, abandonnée, à Ciudad del Este[15].

Fin de présidence

Une évolution possible vers la démocratie ?

En 1987, lors de la convention du Parti colorado, des rumeurs circulent au sujet d'une maladie dont serait atteint le président Stroessner, et certains envisagent de choisir son fils Gustavo Stroessner comme candidat à sa succession. Toujours en 1987, il lève l'état de siège[1]. Mais aux élections de 1988, Alfredo Stroessner est réélu avec 88,8 % des voix. Il reçoit la même année la visite du pape Jean-Paul II, qui appelle ouvertement dans ses déclarations à l'évolution du régime vers la démocratie.

Coup d'État du 3 février 1989

Le , il est finalement renversé par un autre coup d'État, mené par le général Andrés Rodríguez Pedotti (qui se trouve être son gendre[16]), qui l'appuyait depuis 1954 — il était commandant de 1re division de cavalerie ; cette opération est soutenue par les États-Unis. Pendant le putsch, le général Lino Oviedo « fait trembler » Stroessner en pointant son fusil sur celui-ci et en enlevant le cran de sécurité d’une grenade à main pour l’obliger à se rendre[6]. Il s'exile alors au Brésil, s'installant à Brasilia.

Postérité et fin de vie

En 2004, son petit-fils est candidat pour la présidence du Parti colorado dans le département d'Alto Paraná, mais il est largement battu.

En , Alfredo Stroessner décède d'une pneumonie[1], à la suite d'une intervention chirurgicale pour une hernie, alors qu'il ne pèse plus que 45 kg pour 1,90 m. Il est enterré le au cimetière Campamento de la Paz de Brasilia, au cours d'une cérémonie privée. Le transfert de ses restes au Paraguay est envisagé.

Malgré l'aspect dictatorial de sa présidence, Alfredo Stroessner avait des admirateurs qui ont salué certaines réussites politiques. Il est ainsi commun de trouver aujourd'hui au Paraguay des hôpitaux, des écoles, des villages et des villes baptisés à son nom ou à celui de ses proches.

En 2019, le président brésilien Jair Bolsonaro lui rend hommage[8].

Surnoms

Il était surnommé le « tyrannosaure », par l'écrivain Augusto Roa Bastos. Plus généralement, il lui était aussi adjoint le surnom « el Rubio » (« le blond »), en raison de ses origines allemandes[1].

Notes et références

  1. a b c et d Journal Libération, 16 août 2006.
  2. La meilleure source sur le conflit intracolorados se trouve dans les textes de la Convention de la faction victorieuse du parti, le 16 avril 1950, voir : Florentin Del Valle, Cartilla civica. Proceso politico del Paraguay 1870-1950, Buenos Aires, 1951.
  3. Interrogés par F. Chartrain à l'occasion de ses travaux pour sa thèse : L'Église et les partis dans la vie politique du Paraguay depuis l'Indépendance. Thèse de doctorat d'État, Paris I, 1972.
  4. Sur cette période, voir F. Chartrain, op. cit., pages 436 à 457 ; Epifanio Mendez, Diagnosis paraguaya, Prometeo, Montevideo, 1965 ; Manuel J. Cibils, Anarquia y Révolucion en el Paraguay. Vortice y asintora, Éd. Americalee, Buenos Aires, 1957.
  5. F. Chartrain, op. cit.
  6. a et b Pablo Stefanoni, « Entre espoir et scepticisme, vers la fin d’une époque ? »,
  7. Veronica Smink, « Cómo el régimen de Alfredo Stroessner convirtió a Paraguay en uno de los países más desiguales del mundo », BBC,‎ (lire en ligne)
  8. a b c et d « 7 fatos sobre o ditador — e pedófilo reiterado — elogiado por Bolsonaro », sur Época,
  9. https://www.washingtonpost.com/archive/politics/1998/05/06/extradition-to-a-heros-welcome-world-war-ii-camp-chief-may-be-greeted-warmly-in-croatia/868c2015-8ccf-4ba6-9fd5-d75930c5778e/
  10. Maurice Lemoine, Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de déstabilisation, Don Quichotte, , p. 29-30.
  11. François Musseau, « Coup d’Etat rampant au Paraguay », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Ramona Wadi, « L'histoire oubliée de l'alliance entre Israël et les dictatures latino-américaines », sur Orient XXI,
  13. « Paraguay : la renaissance des indigènes Aché après le « génocide oublié » - Hebdo - RFI », (consulté le ).
  14. Survival International, « Des Amérindiens portent plainte contre génocide », sur www.survivalfrance.org (consulté le ).
  15. « Paraguay: macabre découverte dans une résidence de l'ancien dictateur Stroessner », sur RFI, (consulté le )
  16. « « Coup d’Etat rampant au Paraguay » - El Correo », sur www.elcorreo.eu.org,

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes