« Trafic sexuel » : différence entre les versions

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== Préjugés courants ==
== Préjugés courants ==
{{Article détaillé|contenu=Article connexe : {{Lien|langue=en|trad=Prostitution law|fr=Législations relatives à la prostitution dans le monde}}}}


De nombreux préjugés existent sur le trafic sexuel. L'un d'entre eux voudrait que le trafic sexuel serait automatiquement lié au [[trafic illicite de personnes]]. Même si le trafic sexuel entraîne parfois le franchissement de frontières internationales pour les victimes, ce n'est pas le cas la majorité du temps<ref>{{Cite web|date=2020-08-28|title=What We Know About How Child Sex Trafficking Happens {{!}} Polaris|url=https://polarisproject.org/blog/2020/08/what-we-know-about-how-child-sex-trafficking-happens/|access-date=2021-11-16|website=polarisproject.org|language=en-US}}</ref>{{,}}<ref>{{Cite journal|last=Kotrla|first=Kimberly|date=2011|title=Sex Trafficking of Minors in the U.S.: Implications for Policy, Prevention and Research|url=https://files.eric.ed.gov/fulltext/EJ1189039.pdf|journal=Journal of Applied Research on Children: Informing Policy for Children at Risk|volume=2}}</ref>{{,}}<ref>{{Cite web |url=http://www.unodc.org/unodc/en/human-trafficking/|title=UNODC – Human Trafficking |last=nancy.cao|website=www.unodc.org|access-date=8 November 2018}}</ref>. Les termes de [[traite des êtres humains]] et de trafic sexuel sont souvent assimilés à des synonymes ; or, la traite des personnes pour une exploitation non sexuelle peut être encore plus élevée que le trafic à des fins de réduction en [[esclavage sexuel]], même s'il est extrêmement ardu de proposer des estimations précises de ces criminalités<ref name=":13">{{Cite web|url=http://www.unodc.org/unodc/en/human-trafficking/faqs.html#What_is_the_most_commonly_identified_form_of_trafficking|title=FAQs|last=diana.teixeira|website=www.unodc.org|access-date=29 November 2018}}</ref>{{,}}<ref>{{Cite journal|last1=ZHANG|first1=SHELDON X.|last2=SPILLER|first2=MICHAEL W. |last3=FINCH |first3=BRIAN KARL|last4=QIN|first4=YANG|date=2014|title=Estimating Labor Trafficking among Unauthorized Migrant Workers in San Diego|journal=The Annals of the American Academy of Political and Social Science|volume=653|pages=65–86| jstor=24541775 |doi=10.1177/0002716213519237|s2cid=145801614}}</ref>{{,}}<ref name=":03">{{Cite news|url=https://2009-2017.state.gov/j/tip/rls/tiprpt/2008/105377.htm|title=Major Forms of Trafficking in Persons|work=U.S. Department of State|access-date=29 November 2018|language=en-US}}</ref>. Le trafic sexuel tend à attirer davantage l'attention des organismes d'aide et des donateurs à cause de la mobilisation de l'opinion publique envers le travail sexuel forcé, qui est plus forte que face au travail forcé de nature non sexuelle ; aussi, les problèmes de traite sexuelle sont davantage recensés<ref name=":13" />.
De nombreux préjugés existent sur le trafic sexuel. L'un d'entre eux voudrait que le trafic sexuel serait automatiquement lié au [[trafic illicite de personnes]]. Même si le trafic sexuel entraîne parfois le franchissement de frontières internationales pour les victimes, ce n'est pas le cas la majorité du temps<ref>{{Cite web|date=2020-08-28|title=What We Know About How Child Sex Trafficking Happens {{!}} Polaris|url=https://polarisproject.org/blog/2020/08/what-we-know-about-how-child-sex-trafficking-happens/|access-date=2021-11-16|website=polarisproject.org|language=en-US}}</ref>{{,}}<ref>{{Cite journal|last=Kotrla|first=Kimberly|date=2011|title=Sex Trafficking of Minors in the U.S.: Implications for Policy, Prevention and Research|url=https://files.eric.ed.gov/fulltext/EJ1189039.pdf|journal=Journal of Applied Research on Children: Informing Policy for Children at Risk|volume=2}}</ref>{{,}}<ref>{{Cite web |url=http://www.unodc.org/unodc/en/human-trafficking/|title=UNODC – Human Trafficking |last=nancy.cao|website=www.unodc.org|access-date=8 November 2018}}</ref>. Les termes de [[traite des êtres humains]] et de trafic sexuel sont souvent assimilés à des synonymes ; or, la traite des personnes pour une exploitation non sexuelle peut être encore plus élevée que le trafic à des fins de réduction en [[esclavage sexuel]], même s'il est extrêmement ardu de proposer des estimations précises de ces criminalités<ref name=":13">{{Cite web|url=http://www.unodc.org/unodc/en/human-trafficking/faqs.html#What_is_the_most_commonly_identified_form_of_trafficking|title=FAQs|last=diana.teixeira|website=www.unodc.org|access-date=29 November 2018}}</ref>{{,}}<ref>{{Cite journal|last1=ZHANG|first1=SHELDON X.|last2=SPILLER|first2=MICHAEL W. |last3=FINCH |first3=BRIAN KARL|last4=QIN|first4=YANG|date=2014|title=Estimating Labor Trafficking among Unauthorized Migrant Workers in San Diego|journal=The Annals of the American Academy of Political and Social Science|volume=653|pages=65–86| jstor=24541775 |doi=10.1177/0002716213519237|s2cid=145801614}}</ref>{{,}}<ref name=":03">{{lien web|url=https://2009-2017.state.gov/j/tip/rls/tiprpt/2008/105377.htm|title=Major Forms of Trafficking in Persons|work=U.S. Department of State|access-date=29 November 2018|language=en-US}}</ref>. Le trafic sexuel tend à attirer davantage l'attention des organismes d'aide et des donateurs à cause de la mobilisation de l'opinion publique envers le travail sexuel forcé, qui est plus forte que face au travail forcé de nature non sexuelle ; aussi, les problèmes de traite sexuelle sont davantage recensés<ref name=":13" />.


Le trafic sexuel est souvent confondu avec le [[travail du sexe]] non contraint mais criminalisé, comme la [[prostitution]]<ref name=":22">{{Cite journal |last1=Levy |first1=Jay |last2=Jakobsson| first2=Pye|date=19 February 2013|title=Abolitionist feminism as patriarchal control: Swedish understandings of prostitution and trafficking|journal=Dialectical Anthropology |language=en|volume=37|issue=2|pages=333–340|doi=10.1007/s10624-013-9309-y|s2cid=143964789 |issn=0304-4092}}</ref>{{,}}<ref name=":8">{{Cite journal |last1=Cavalieri |first1=S|date=2011|title=Between Victim and Agent: A Third-Way Feminist Account of Trafficking for Sex Work|journal=Indiana Law Journal|volume=86|issue=4|pages=1409–1458}}</ref>{{,}}<ref name=":9">{{Cite journal|last1=Weitzer|first1=Ronald|date=1 June 2015|title=Researching Prostitution and Sex Trafficking Comparatively|journal=Sexuality Research and Social Policy|language=en|volume=12|issue=2|pages=81–91|doi=10.1007/s13178-014-0168-3|s2cid=14338143|issn=1553-6610}}</ref>{{,}}<ref name=":10">{{Cite journal|last1=Elrod|first1=J|date=2015|title=Filling the Gap: Refining Sex Trafficking Legislation to Address the Problem of Pimping|journal=Vanderbilt Law Review|volume=3|pages=961–996}}</ref>{{,}}<ref name=":11">{{Cite journal|last1=Forbes|first1=K. M.|date=2018|title=Highways and Byways: Following Connecticut's Path in Creating Holistic Domestic Sex Trafficking Laws in Indiana|journal=Indiana Law Review|volume=51|pages=499–523|doi=10.18060/4806.1195|doi-access=free}}</ref>. Ces idées fausses sont souvent l'effet d'une sous-représentation des plaintes pour trafic sexuel, parce que les victimes ont peur des trafiquants<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":11" />{{,}}<ref>{{Cite journal|last1=Reeves|first1=Elizabeth|date=2 September 2015|title=A Synthesis of the Literature on Trauma-Informed Care|journal=Issues in Mental Health Nursing|volume=36|issue=9|pages=698–709|doi=10.3109/01612840.2015.1025319|issn=0161-2840|pmid=26440873|s2cid=36312879}}</ref>{{,}}<ref name=":15">{{Cite journal| last1=Monroe |first1=Jacquelyn |date=27 September 2005 |title=Women in Street Prostitution: The Result of Poverty and the Brunt of Inequity|journal=Journal of Poverty |language=en| volume=9|issue=3 |pages=69–88 |doi=10.1300/J134v09n03_04 |s2cid=143535787|issn=1087-5549}}</ref>, parce que les législations sont fluctuantes sur la qualification du trafic sexuel et de prostitution<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":16">{{Cite journal| last1=Outshoorn |first1=J|date=2005 |title=The Political Debates on Prostitution and Trafficking of Women|journal=Social Politics: International Studies in Gender, State and Society|volume=12|issue=1|pages=141–155|doi=10.1093/sp/jxi004|s2cid=144674778}}</ref> et parce qu'il existe des avis opposés sur ce trafics et sur le travail sexuel<ref name=":8" />{{,}}<ref name=":9" />{{,}}<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":16" />. En outre, certains chercheurs affirment que les principales enquêtes au cœur du débat sont faussées parce qu'elles évincent de la discussion les travailleurs du sexe et les victimes de trafic sexuel<ref name=":9" />. D'autres chercheurs soutiennent que les deux domaines sont souvent confondus à cause du lien intrinsèque entre la prostitution volontaire et le trafic sexuel<ref name=":10" />. Ceux qui soutiennent cet avis estiment que les prestations sexuelles tarifées entraînent une hausse de la demande de prestations sexuelles et, par conséquent, augmentent aussi la recrudescence de trafic sexuel<ref name=":10" />. Certains programmes et certaines initiatives opposés au trafic sexuel ont reçu des critiques car ils alimentent ces préjugés quand ils proposent aux travailleurs sexuels « libres » des avantages s'ils se déclarent victimes de trafic sexuel, par exemple l'accès à des lieux d'hébergement<ref name=":3" />. Les organismes d'application des lois ont reçu des critiques quand ils proposent eux aussi des avantages similaires, car les personnes soupçonnées de prostitution sont menacées de prison si elles déclarent agir de leur gré, alors que celles qui se disent victimes de trafic ont accès à des cursus de qualification professionnelle et à des services sociaux au lieu d'encourir l'emprisonnement<ref name=":3" />. Ces mesures, si elles sont bénéfiques aux victimes réelles de trafic, gonflent artificiellement les statistiques sur le sujet.
Le trafic sexuel est souvent confondu avec le [[travail du sexe]] non contraint mais criminalisé, comme la [[prostitution]]<ref name=":22">{{Cite journal |last1=Levy |first1=Jay |last2=Jakobsson| first2=Pye|date=19 February 2013|title=Abolitionist feminism as patriarchal control: Swedish understandings of prostitution and trafficking|journal=Dialectical Anthropology |language=en|volume=37|issue=2|pages=333–340|doi=10.1007/s10624-013-9309-y|s2cid=143964789 |issn=0304-4092}}</ref>{{,}}<ref name=":8">{{Cite journal |last1=Cavalieri |first1=S|date=2011|title=Between Victim and Agent: A Third-Way Feminist Account of Trafficking for Sex Work|journal=Indiana Law Journal|volume=86|issue=4|pages=1409–1458}}</ref>{{,}}<ref name=":9">{{Cite journal|last1=Weitzer|first1=Ronald|date=1 June 2015|title=Researching Prostitution and Sex Trafficking Comparatively|journal=Sexuality Research and Social Policy|language=en|volume=12|issue=2|pages=81–91|doi=10.1007/s13178-014-0168-3|s2cid=14338143|issn=1553-6610}}</ref>{{,}}<ref name=":10">{{Cite journal|last1=Elrod|first1=J|date=2015|title=Filling the Gap: Refining Sex Trafficking Legislation to Address the Problem of Pimping|journal=Vanderbilt Law Review|volume=3|pages=961–996}}</ref>{{,}}<ref name=":11">{{Cite journal|last1=Forbes|first1=K. M.|date=2018|title=Highways and Byways: Following Connecticut's Path in Creating Holistic Domestic Sex Trafficking Laws in Indiana|journal=Indiana Law Review|volume=51|pages=499–523|doi=10.18060/4806.1195|doi-access=free}}</ref>. Ces idées fausses sont souvent l'effet d'une sous-représentation des plaintes pour trafic sexuel, parce que les victimes ont peur des trafiquants<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":11" />{{,}}<ref>{{Cite journal|last1=Reeves|first1=Elizabeth|date=2 September 2015|title=A Synthesis of the Literature on Trauma-Informed Care|journal=Issues in Mental Health Nursing|volume=36|issue=9|pages=698–709|doi=10.3109/01612840.2015.1025319|issn=0161-2840|pmid=26440873|s2cid=36312879}}</ref>{{,}}<ref name=":15">{{Cite journal| last1=Monroe |first1=Jacquelyn |date=27 September 2005 |title=Women in Street Prostitution: The Result of Poverty and the Brunt of Inequity|journal=Journal of Poverty |language=en| volume=9|issue=3 |pages=69–88 |doi=10.1300/J134v09n03_04 |s2cid=143535787|issn=1087-5549}}</ref>, parce que les législations sont fluctuantes sur la qualification du trafic sexuel et de prostitution<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":16">{{Cite journal| last1=Outshoorn |first1=J|date=2005 |title=The Political Debates on Prostitution and Trafficking of Women|journal=Social Politics: International Studies in Gender, State and Society|volume=12|issue=1|pages=141–155|doi=10.1093/sp/jxi004|s2cid=144674778}}</ref> et parce qu'il existe des avis opposés sur ce trafics et sur le travail sexuel<ref name=":8" />{{,}}<ref name=":9" />{{,}}<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":16" />. En outre, certains chercheurs affirment que les principales enquêtes au cœur du débat sont faussées parce qu'elles évincent de la discussion les travailleurs du sexe et les victimes de trafic sexuel<ref name=":9" />. D'autres chercheurs soutiennent que les deux domaines sont souvent confondus à cause du lien intrinsèque entre la prostitution volontaire et le trafic sexuel<ref name=":10" />. Ceux qui soutiennent cet avis estiment que les prestations sexuelles tarifées entraînent une hausse de la demande de prestations sexuelles et, par conséquent, augmentent aussi la recrudescence de trafic sexuel<ref name=":10" />. Certains programmes et certaines initiatives opposés au trafic sexuel ont reçu des critiques car ils alimentent ces préjugés quand ils proposent aux travailleurs sexuels « libres » des avantages s'ils se déclarent victimes de trafic sexuel, par exemple l'accès à des lieux d'hébergement<ref name=":3" />. Les organismes d'application des lois ont reçu des critiques quand ils proposent eux aussi des avantages similaires, car les personnes soupçonnées de prostitution sont menacées de prison si elles déclarent agir de leur gré, alors que celles qui se disent victimes de trafic ont accès à des cursus de qualification professionnelle et à des services sociaux au lieu d'encourir l'emprisonnement<ref name=":3" />. Ces mesures, si elles sont bénéfiques aux victimes réelles de trafic, gonflent artificiellement les statistiques sur le sujet.

De nombreuses universitaires féministes nourrissent des avis opposés sur le trafic et sur le travail du sexe. Cette opposition se manifeste dans deux principales positions : le discours [[Abolitionnisme (prostitution)|abolitionniste]], qui émane de la théorie féministe sur la domination<ref name=":8" />, et le discours sur la dépénalisation du travail du sexe<ref name=":16" />. Les {{Lien|langue=en|trad=Feminist views on prostitution|fr=Avis féministes sur la prostitution|texte=universitaires féministes}} favorable à l'abolition soutiennent que toute prostitution est l'effet d'une coercition du fait de l'[[Hétéronormativité|injonction hétérosexuelle]] et des pressions socio-économiques qui dérivent du [[néolibéralisme]] et du [[Patriarcat (sociologie)|patriarcat]]<ref name=":22" /><ref>{{Cite journal|last1=Jeffreys|first1=Sheila|date=July 2009|title=Prostitution, trafficking and feminism: An update on the debate|journal=Women's Studies International Forum|volume=32|issue=4|pages=316–320|doi=10.1016/j.wsif.2009.07.002|issn=0277-5395}}</ref>. Ces arguments voient les femmes comme des victimes d'esclavage sexuel et en imputent la responsabilité à la [[sexualité masculine]]<ref name=":16" />. Or, ce discours ne tient pas compte que de nombreux hommes et personnes non-bnaires sont des travailleurs du sexe et il se heurte aux enquêtes menées par des groupes et des ondividus qui militent pour la dépénalisation du travail du sexe<ref>{{cite journal |last1= Eichert|first1= David|title= 'It Ruined My Life: FOSTA, Male Escorts, and the Construction of Sexual Victimhood in American Politics|url= http://vjspl.org/wp-content/uploads/2020/03/12.2-FOSTA.pdf|journal= Virginia Journal of Social Policy & the Law|volume= 26|issue= 3|pages= 201–245}}</ref>. Dans le discours sur la dépénalisation, les auteurs considèrent que les travailleurs du sexe sont autonomes<ref name=":17">{{Cite journal|last1=Knight|first1=K. R.|date=2012|title=The Public Life of Sex Work|journal=Western Humanities Review|volume=66|issue=3|pages=55–76}}</ref> et exercent parfois en coopération avec des tiers, comme des [[bordel]]s ou des propriétaires de club ; les partisans de cet avis pensent que mieux vaut un travail sexuel fortement rémunérateur et présentant une certaine flexibilité plutôt qu'un emploi plus classique, peu rémunérateur, où les travailleurs sont exposés au harcèlement sexuel et aux agressions de la part des employeurs et des collègues<ref name=":3">{{Cite book|title=Dealing in desire : Asian ascendancy, Western decline, and the hidden currencies of global sex work|last1=Kay|first1=Hoang, Kimberly|isbn=9780520960688|location=Oakland, California|oclc=899739300|date = 11 February 2015}}</ref>{{,}}<ref name=":42">{{Cite book|title=On the move for love : migrant entertainers and the U.S. military in South Korea|last1=Sealing.|first1=Cheng|date=2010|publisher=University of Pennsylvania Press|isbn=9780812206920|location=Philadelphia|oclc=794700706}}</ref>{{,}}<ref>{{Cite news|url=http://tinyurl.galegroup.com/tinyurl/8TQHK3|title=A personal choice|newspaper=The Economist|language=en|access-date=29 November 2018}}</ref>. Cette doctrine considère que le travail du sexe est un choix volontaire ou un moyen de survie, compte tenu de la répartition inégale des richesses et de la pauvreté<ref name=":16" />, et qu'il résulte aussi des facteurs structurels comme le racisme, le classisme et le sexisme<ref name=":15" /> ; le travail du sexe n'est pas uniquement le reflet de la sexualité et de la lubricité masculines<ref name=":8" />{{,}}<ref name=":16" />. Du côté de l'abolution, plusieurs associations militantes cherchent à proposer leurs services aux victimes de trafic et font pression pour le vote de réglementations contre le trafic, tout en menant des campagnes de sensibilisation auprès du public. Ces militants se montrent aussi souvent favorables à la pénalisation du travail du sexe<ref name=":22" />{{,}}<ref name=":8" />. Le discours sur la dépénalisation est favorable à une stigmatisation moins intense de la prostitution, à l'amélioration des condition de travail et à l'accès aux services sociaux<ref name=":15" />{{,}}<ref name=":16" />{{,}}<ref name=":17" />. De nombreux militants favorables à cet avis soutiennent la dépénalisation de la prostitution, qui est vue comme un choix légitime et autonome<ref name=":8" />{{,}}<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":17" />.


== Références ==
== Références ==

Version du 12 février 2022 à 23:13

Le modèle commercial du trafic sexuel selon les militants suédois opposés au travail du sexe

Le trafic sexuel est le trafic d'êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle, y compris l'esclavage sexuel qui est considéré comme un esclavage contemporain[1]. Par divers stratagèmes, une victime de trafic sexuel tombe contre son gré dans une situation de dépendance vis-à-vis du trafiquant avant d'être obligée de fournir des prestations sexuelles à des clients[2]. La criminalité du trafic sexuel recouvre l'acquisition, le transport et l'exploitation de personnes[1], y compris le tourisme sexuel sur des enfants (en), les actes sexuels avec un mineur contre rémunération et d'autres variantes d'exploitation sexuelle commerciale des enfants, ainsi que leur prostitution[2].

Le trafic sexuel se retrouve également dans le milieu de la pornographie, comme dans l'exemple du scandale GirlsDoPorn en 2020.

En 2012, l'Organisation internationale du travail (OIT) annonce que 20,9 millions de personnes sont victimes de travail forcé, dont 24% (4,5 millions) dans l'exploitation sexuelle imposée[3]. En 2016, l'OIT rapporte que sur 25 millions de personnes forcées de travailler, 5 millions sont victimes d'exploitation sexuelle[4],[5]. Toutefois, comme le trafic sexuel est une activité clandestine, les chercheurs rencontrent des difficultés pour proposer des statistiques précises et fiables[6].

En 2005, une estimation des profits générés mondialement par le trafic sexuel avance le chiffre de 9 milliards de dollars[7],[8]. D'après l'OIT en 2017, l'exploitation sexuelle à des fins commerciales rapporte 99 milliards de dollars aux trafiquants à l'échelle mondiale[9].

Préjugés courants

De nombreux préjugés existent sur le trafic sexuel. L'un d'entre eux voudrait que le trafic sexuel serait automatiquement lié au trafic illicite de personnes. Même si le trafic sexuel entraîne parfois le franchissement de frontières internationales pour les victimes, ce n'est pas le cas la majorité du temps[10],[11],[12]. Les termes de traite des êtres humains et de trafic sexuel sont souvent assimilés à des synonymes ; or, la traite des personnes pour une exploitation non sexuelle peut être encore plus élevée que le trafic à des fins de réduction en esclavage sexuel, même s'il est extrêmement ardu de proposer des estimations précises de ces criminalités[13],[14],[15]. Le trafic sexuel tend à attirer davantage l'attention des organismes d'aide et des donateurs à cause de la mobilisation de l'opinion publique envers le travail sexuel forcé, qui est plus forte que face au travail forcé de nature non sexuelle ; aussi, les problèmes de traite sexuelle sont davantage recensés[13].

Le trafic sexuel est souvent confondu avec le travail du sexe non contraint mais criminalisé, comme la prostitution[16],[17],[18],[19],[20]. Ces idées fausses sont souvent l'effet d'une sous-représentation des plaintes pour trafic sexuel, parce que les victimes ont peur des trafiquants[19],[20],[21],[22], parce que les législations sont fluctuantes sur la qualification du trafic sexuel et de prostitution[19],[23] et parce qu'il existe des avis opposés sur ce trafics et sur le travail sexuel[17],[18],[19],[23]. En outre, certains chercheurs affirment que les principales enquêtes au cœur du débat sont faussées parce qu'elles évincent de la discussion les travailleurs du sexe et les victimes de trafic sexuel[18]. D'autres chercheurs soutiennent que les deux domaines sont souvent confondus à cause du lien intrinsèque entre la prostitution volontaire et le trafic sexuel[19]. Ceux qui soutiennent cet avis estiment que les prestations sexuelles tarifées entraînent une hausse de la demande de prestations sexuelles et, par conséquent, augmentent aussi la recrudescence de trafic sexuel[19]. Certains programmes et certaines initiatives opposés au trafic sexuel ont reçu des critiques car ils alimentent ces préjugés quand ils proposent aux travailleurs sexuels « libres » des avantages s'ils se déclarent victimes de trafic sexuel, par exemple l'accès à des lieux d'hébergement[24]. Les organismes d'application des lois ont reçu des critiques quand ils proposent eux aussi des avantages similaires, car les personnes soupçonnées de prostitution sont menacées de prison si elles déclarent agir de leur gré, alors que celles qui se disent victimes de trafic ont accès à des cursus de qualification professionnelle et à des services sociaux au lieu d'encourir l'emprisonnement[24]. Ces mesures, si elles sont bénéfiques aux victimes réelles de trafic, gonflent artificiellement les statistiques sur le sujet.

De nombreuses universitaires féministes nourrissent des avis opposés sur le trafic et sur le travail du sexe. Cette opposition se manifeste dans deux principales positions : le discours abolitionniste, qui émane de la théorie féministe sur la domination[17], et le discours sur la dépénalisation du travail du sexe[23]. Les universitaires féministes (en) favorable à l'abolition soutiennent que toute prostitution est l'effet d'une coercition du fait de l'injonction hétérosexuelle et des pressions socio-économiques qui dérivent du néolibéralisme et du patriarcat[16][25]. Ces arguments voient les femmes comme des victimes d'esclavage sexuel et en imputent la responsabilité à la sexualité masculine[23]. Or, ce discours ne tient pas compte que de nombreux hommes et personnes non-bnaires sont des travailleurs du sexe et il se heurte aux enquêtes menées par des groupes et des ondividus qui militent pour la dépénalisation du travail du sexe[26]. Dans le discours sur la dépénalisation, les auteurs considèrent que les travailleurs du sexe sont autonomes[27] et exercent parfois en coopération avec des tiers, comme des bordels ou des propriétaires de club ; les partisans de cet avis pensent que mieux vaut un travail sexuel fortement rémunérateur et présentant une certaine flexibilité plutôt qu'un emploi plus classique, peu rémunérateur, où les travailleurs sont exposés au harcèlement sexuel et aux agressions de la part des employeurs et des collègues[24],[28],[29]. Cette doctrine considère que le travail du sexe est un choix volontaire ou un moyen de survie, compte tenu de la répartition inégale des richesses et de la pauvreté[23], et qu'il résulte aussi des facteurs structurels comme le racisme, le classisme et le sexisme[22] ; le travail du sexe n'est pas uniquement le reflet de la sexualité et de la lubricité masculines[17],[23]. Du côté de l'abolution, plusieurs associations militantes cherchent à proposer leurs services aux victimes de trafic et font pression pour le vote de réglementations contre le trafic, tout en menant des campagnes de sensibilisation auprès du public. Ces militants se montrent aussi souvent favorables à la pénalisation du travail du sexe[16],[17]. Le discours sur la dépénalisation est favorable à une stigmatisation moins intense de la prostitution, à l'amélioration des condition de travail et à l'accès aux services sociaux[22],[23],[27]. De nombreux militants favorables à cet avis soutiennent la dépénalisation de la prostitution, qui est vue comme un choix légitime et autonome[17],[19],[27].

Références

  1. a et b Siddharth Kara, Sex Trafficking: Inside the Business of Modern Slavery, Columbia University Press, (ISBN 9780231139618, lire en ligne)
  2. a et b Gretchen Hammond et Mandy McGlone, « Entry, Progression, Exit, and Service Provision for Survivors of Sex Trafficking: Implications for Effective Interventions », Global Social Welfare, vol. 1, no 4,‎ , p. 157–168 (DOI 10.1007/s40609-014-0010-0 Accès libre), citing Maria Beatriz Alvarez, Edward J. Alessi, « Human trafficking is more than sex trafficking and prostitution: implications for social work », Affilia, vol. 27, no 2,‎ , p. 142–152 (DOI 10.1177/0886109912443763, S2CID 59404870)
  3. « ILO 2012 Global estimate of forced labour - Executive summary », International Labour Organization (consulté le )
  4. Odhiambo, Agnes & Barr, Heather. (2 Aug 2019). "Opinion:Trafficking survivors are being failed the world over." Al Jazeera website Retrieved 4 August 2019.
  5. International Labour Organization. (19 September 2017). Press Release:40 million in modern slavery and 152 million in child labour around the world. International Labour Organization website Retrieved 4 August 2019.
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Annexes

Articles connexes

Liens externes