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« Trafic sexuel » : différence entre les versions

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Les [[Nations unies]] ont élaboré plusieurs instruments pour lutter contre la traite des êtres humains, comme le Rapport mondial sur la traite des personnes et un Groupe de coordination inter-agences contre la traite des êtres humains. Le Rapport mondial sur la traite des personnes proposent des informations issues de données recueillies dans 155 pays. Il propose un bilan mondial sur l'ampleur de la traite des êtres humains et sur les moyens déployés pour la juguler. En juillet 2010, l'Assemblée générale des Nations unies approuve le {{Lien|langue=en|trad=Global Plan of Action to Combat Trafficking in Persons|fr=Plan d’action mondial de l’ONU contre la traite des personnes}}<ref>{{lien web|titre=L’Assemblée générale adopte le Plan d’action mondial de l’ONU contre la traite des personnes dont l’évaluation de sa mise en œuvre aura lieu en 2013|site=un.org|date=30 juillet 2010|url=https://www.un.org/press/fr/2010/AG10968.doc.htm}}.</ref>.
Les [[Nations unies]] ont élaboré plusieurs instruments pour lutter contre la traite des êtres humains, comme le Rapport mondial sur la traite des personnes et un Groupe de coordination inter-agences contre la traite des êtres humains. Le Rapport mondial sur la traite des personnes proposent des informations issues de données recueillies dans 155 pays. Il propose un bilan mondial sur l'ampleur de la traite des êtres humains et sur les moyens déployés pour la juguler. En juillet 2010, l'Assemblée générale des Nations unies approuve le {{Lien|langue=en|trad=Global Plan of Action to Combat Trafficking in Persons|fr=Plan d’action mondial de l’ONU contre la traite des personnes}}<ref>{{lien web|titre=L’Assemblée générale adopte le Plan d’action mondial de l’ONU contre la traite des personnes dont l’évaluation de sa mise en œuvre aura lieu en 2013|site=un.org|date=30 juillet 2010|url=https://www.un.org/press/fr/2010/AG10968.doc.htm}}.</ref>.

=== Aux États-Unis ===
{{article connexe|Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000}}

En 2000, le [[Protocole de Palerme]] entre en vigueur et les États-Unis adoptent une définition de « trafic sexuel » correspondant aux normes internationales avec le ''Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000'' (TVPA) afin de résoudre des confusions et des incohérences dans les textes pénaux antérieurs relatifs à la traite des êtres humains<ref name=Arizona>{{cite web|last1=Lew|first1=Candace|title=Sex Trafficking of Domestic Minors in Phoenix, Arizona: A Research Project|date=July 2012|url=http://dianeandbrucehallefoundation.org/wp-content/uploads/2012/07/sex-trafficking-domestic-minors.pdf|access-date=17 March 2015}}</ref>. Le TVPA énonce que les crimes relatifs au trafic sexuel sont les situations caractérisées comme « une prestation sexuelle tarifée est provoquée par la force, la fraude ou la coercition, ou dans lesquelles la personne poussée à exécuter la prestation n'a pas encore atteint l'âge de 18 ans »<ref name="TVPA Doc">{{cite web|last1=United States Government|title=Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000|url=https://2009-2017.state.gov/documents/organization/10492.pdf|website=U.S. Department of State|access-date=17 March 2015}}</ref>{{,}}<ref name=":20">{{Cite journal|last1=Tiefenbrun|first1=Susan W.|date=2006|title=Updating the Domestic and International Impact of the U.S. Victims of Trafficking Protection Act of 2000: Does Law Deter Crime?|journal=Case Western Reserve Journal of International Law|volume=38|issue=2|pages=249–280}}</ref>. Si la victime est [[Majorité civile|mineure]], la législation n'impose pas de prouver l'usage de la force, de la fraude ou de la coercition<ref name=Arizona />. Susan Tiefenbrun, professeure à la Thomas Jefferson School of Law, a écrit de nombreux articles sur la traite des êtres humains ; ayant mené une recherche sur les victimes concernées par cette loi, elle découvre que, chaque année, plus de deux millions de femmes dans le monde son achetées et vendues à des fins d'exploitation sexuelle<ref name=Tiefenbrun>{{cite journal|last1=Tiefenbrun|first1=Susan|title=The Saga of Susannah A U.S. Remedy for Sex Trafficking in Women: The Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000|journal=Utah Law Review|date=2002|volume=107}}</ref>. Afin de résoudre certaines incohérences juridiques sur les jeunes et le trafic, les États-Unis ont adopté des instruments légaux pour définir différentes formes d'exploitation des enfants<ref name=Arizona />. Les deux concepts élaborés, dont la rédaction a été pesée avec soin, sont : l'« exploitation sexuelle commerciale des enfants » et le « trafic sexuel de mineurs sur le territoire national ». L'[[Exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales|exploitation sexuelle commerciale des enfants]] (abrégée ESEC) « englobe plusieurs formes d'exploitation, comme la [[pédopornographie]], la [[prostitution enfantine]], le {{Lien|langue=en|trad=child sex tourism|fr=tourisme sexuel sur les mineurs}} et le [[Mariage d'enfant|mariage d'enfants]] »<ref name=Arizona />. Le trafic sexuel de mineurs sur le territoire national (''{{lang|en|domestic minor sex trafficking}}'', abrégé DMST) fait partie de l'ESEC et concerne « une transaction sexuelle avec un mineur âgé de moins de 18 ans, qui est citoyen ou résident permanent aux États-Unis, en échange d'argent liquide, de biens ou de tout autre bien de valeur »<ref name=Arizona />.

D'après la branche américaine d'[[End child prostitution, child pornography and trafficking of children for sexual purposes|ECPAT]], l'âge moyen d'entrée dans la [[prostitution de rue]] se situe entre 12 et 14 ans. Les personnes qui se prostituent dans la rue se composent, sur le plan démographique, de femmes pauvres, de mineurs, de [[Minorité nationale|minorités ethniques]] et d'immigrants<ref name=":15" />. Aux Ètats-Unis, les criminels de trafic sexuel et les [[proxénète]]s trouvent souvent leurs victimes dans des centres commerciaux ou dans la rie. Parfois, des jeunes filles visiblement vulnérables sont enlevées sur le trajet vers leur voiture. Parfois, les proxénètes rencontrent la victime et la convainquent de partir avec eux, souvent en leur proposant un travail quelconque ou de l'argent. La vulnérabilité est majorée chez les mineures jeunes ou [[Sans-abri|sans abri]]<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":15" />{{,}}<ref name=":18">{{Cite journal|last1=Gibbs|first1=D. A.|last2=Walters|first2=J. L.|last3=Lutnick|first3=A.|last4=Miller|first4=S|last5=Kluckman|first5=M|date=2015|title=Services to Domestic Minor Victims of Sex Trafficking: Opportunities of Engagement and Support|journal=Children and Youth Services Review|volume=54|pages=1–7|via=Elseiver|doi=10.1016/j.childyouth.2015.04.003}}</ref>{{,}}<ref name=":19">{{Cite journal|last1=Greene|first1=J M|last2=Ennett|first2=S T|last3=Ringwalt|first3=C L|date=1999|title=Prevalence and correlates of survival sex among runaway and homeless youth.|journal=American Journal of Public Health| language=en |volume=89 |issue=9|pages=1406–1409 |doi=10.2105/AJPH.89.9.1406 |pmid=10474560|pmc=1508758|issn=0090-0036}}</ref>. Le proxénète recourt à la coercition physique ou psychologique pour que la victime se fie à lui et pour bâtir leur relation<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":11" />. Cette forme de coercition complique souvent l'identification des relations entre trafiquants et victimes ou des relations entre proxénètes et prostituées<ref name=":8" />{{,}}<ref name=":10" />. Souvent, les victimes sont dupées : on leur fait miroiter que le travail promis leur offrira la liberté et d'importants avantages financiers mais, à la place, elles sont réduites en esclavage sexuel. Une fois que la victime a cédé aux propositions du proxénète, elle subit des tactiques pour la dissuader de s'enfuir : elle est forcée de consommer des drogues addictives, son argent est confisqué, elle est la cible de sévices physiques ou sexuels. Les jeunes filles qui tombent dans ce schéma sont souvent motivées par l'argent et par la simple nécessité de survivre<ref name=":15" />. Aux États-Unis, il est très courant que les proxénètes possèdent une entreprise ou un commerce, notamment un {{Lien|langue=en|trad=nail salons|fr=bar à ongles}} ou un [[salon de massage]]. Les réseaux d'esclavage sexuel sont souvent implantés près des bases militairs américaines, à cause de la clientèle des soldats<ref>"Sex Trafficking of Women in the United States." International Sex Trafficking of Women & Children: Understanding the Global Epidemic, by Leonard Territo, Looseleaf Law Publications, Inc., 2015, pp. 1–13.
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== Références ==
== Références ==

Version du 13 février 2022 à 16:30

Le modèle commercial du trafic sexuel selon les militants suédois opposés au travail du sexe

Le trafic sexuel est le trafic d'êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle, y compris l'esclavage sexuel qui est considéré comme un esclavage contemporain[1]. Par divers stratagèmes, une victime de trafic sexuel tombe contre son gré dans une situation de dépendance vis-à-vis du trafiquant avant d'être obligée de fournir des prestations sexuelles à des clients[2]. La criminalité du trafic sexuel recouvre l'acquisition, le transport et l'exploitation de personnes[1], y compris le tourisme sexuel sur des enfants (en), les actes sexuels avec un mineur contre rémunération et d'autres variantes d'exploitation sexuelle commerciale des enfants, ainsi que leur prostitution[2].

Le trafic sexuel se retrouve également dans le milieu de la pornographie, comme dans l'exemple du scandale GirlsDoPorn en 2020.

En 2012, l'Organisation internationale du travail (OIT) annonce que 20,9 millions de personnes sont victimes de travail forcé, dont 24% (4,5 millions) dans l'exploitation sexuelle imposée[3]. En 2016, l'OIT rapporte que sur 25 millions de personnes forcées de travailler, 5 millions sont victimes d'exploitation sexuelle[4],[5]. Toutefois, comme le trafic sexuel est une activité clandestine, les chercheurs rencontrent des difficultés pour proposer des statistiques précises et fiables[6].

En 2005, une estimation des profits générés mondialement par le trafic sexuel avance le chiffre de 9 milliards de dollars[7],[8]. D'après l'OIT en 2017, l'exploitation sexuelle à des fins commerciales rapporte 99 milliards de dollars aux trafiquants à l'échelle mondiale[9].

Préjugés courants

De nombreux préjugés existent sur le trafic sexuel. L'un d'entre eux voudrait que le trafic sexuel serait automatiquement lié au trafic illicite de personnes. Même si le trafic sexuel entraîne parfois le franchissement de frontières internationales pour les victimes, ce n'est pas le cas la majorité du temps[10],[11],[12]. Les termes de traite des êtres humains et de trafic sexuel sont souvent assimilés à des synonymes ; or, la traite des personnes pour une exploitation non sexuelle peut être encore plus élevée que le trafic à des fins de réduction en esclavage sexuel, même s'il est extrêmement ardu de proposer des estimations précises de ces criminalités[13],[14],[15]. Le trafic sexuel tend à attirer davantage l'attention des organismes d'aide et des donateurs à cause de la mobilisation de l'opinion publique envers le travail sexuel forcé, qui est plus forte que face au travail forcé de nature non sexuelle ; aussi, les problèmes de traite sexuelle sont davantage recensés[13].

Le trafic sexuel est souvent confondu avec le travail du sexe non contraint mais criminalisé, comme la prostitution[16],[17],[18],[19],[20]. Ces idées fausses sont souvent l'effet d'une sous-représentation des plaintes pour trafic sexuel, parce que les victimes ont peur des trafiquants[19],[20],[21],[22], parce que les législations sont fluctuantes sur la définition du trafic sexuel et de la prostitution[19],[23] et parce qu'il existe des avis opposés sur ce trafics et sur le travail sexuel[17],[18],[19],[23]. En outre, certains chercheurs affirment que les principales enquêtes au cœur du débat sont faussées parce qu'elles évincent de la discussion les travailleurs du sexe et les victimes de trafic sexuel[18]. D'autres chercheurs soutiennent que les deux domaines sont souvent confondus à cause du lien intrinsèque entre la prostitution volontaire et le trafic sexuel[19]. Ceux qui soutiennent cet avis estiment que les prestations sexuelles tarifées entraînent une hausse de la demande de prestations sexuelles et, par conséquent, augmentent aussi la recrudescence de trafic sexuel[19]. Certains programmes et certaines initiatives opposés au trafic sexuel ont reçu des critiques car ils alimentent ces préjugés quand ils proposent aux travailleurs sexuels « libres » des avantages s'ils se déclarent victimes de trafic sexuel, par exemple l'accès à des lieux d'hébergement[24]. Les organismes d'application des lois ont reçu des critiques quand ils proposent eux aussi des avantages similaires, car les personnes soupçonnées de prostitution sont menacées de prison si elles déclarent agir de leur gré, alors que celles qui se disent victimes de trafic ont accès à des cursus de qualification professionnelle et à des services sociaux au lieu d'encourir l'emprisonnement[24]. Ces mesures, si elles sont bénéfiques aux victimes réelles de trafic, gonflent artificiellement les statistiques sur le sujet.

Les conceptions erronées conduisent souvent les agences d'application des lois à confondre la prostitution avec le trafic sexuel, ou inversement[20].

Débats féministes

De nombreuses universitaires féministes nourrissent des avis opposés sur le trafic et sur le travail du sexe. Cette opposition se manifeste dans deux principales positions : le discours abolitionniste, qui émane de la théorie féministe sur la domination[17], et le discours sur la dépénalisation du travail du sexe[23]. Les universitaires féministes (en) favorable à l'abolition soutiennent que toute prostitution est l'effet d'une coercition du fait de l'injonction hétérosexuelle et des pressions socio-économiques qui dérivent du néolibéralisme et du patriarcat[16],[25]. Ces arguments voient les femmes comme des victimes d'esclavage sexuel et en imputent la responsabilité à la sexualité masculine[23]. Or, ce discours ne tient pas compte que de nombreux hommes et personnes non-bnaires sont des travailleurs du sexe et il se heurte aux enquêtes menées par des groupes et des ondividus qui militent pour la dépénalisation du travail du sexe[26]. Dans le discours sur la dépénalisation, les auteurs considèrent que les travailleurs du sexe sont autonomes[27] et exercent parfois en coopération avec des tiers, comme des bordels ou des propriétaires de club ; les partisans de cet avis pensent que mieux vaut un travail sexuel fortement rémunérateur et présentant une certaine flexibilité plutôt qu'un emploi plus classique, peu rémunérateur, où les travailleurs sont exposés au harcèlement sexuel et aux agressions de la part des employeurs et des collègues[24],[28],[29]. Cette doctrine considère que le travail du sexe est un choix volontaire ou un moyen de survie, compte tenu de la répartition inégale des richesses et de la pauvreté[23], et qu'il résulte aussi des facteurs structurels comme le racisme, le classisme et le sexisme[22] ; le travail du sexe n'est pas uniquement le reflet de la sexualité et de la lubricité masculines[17],[23]. Du côté de l'abolution, plusieurs associations militantes cherchent à proposer leurs services aux victimes de trafic et font pression pour le vote de réglementations contre le trafic, tout en menant des campagnes de sensibilisation auprès du public. Ces militants se montrent aussi souvent favorables à la pénalisation du travail du sexe[16],[17]. Le discours sur la dépénalisation est favorable à une stigmatisation moins intense de la prostitution, à l'amélioration des condition de travail et à l'accès aux services sociaux[22],[23],[27]. De nombreux militants favorables à cet avis soutiennent la dépénalisation de la prostitution, qui est vue comme un choix légitime et autonome[17],[19],[27].

Certaines universitaires féministes, dans une troisième voie, conjuguent les deux discours pour adopter un nouvel angle sur le trafic sexuel et la prostitution[17]. Cette troisième voie affirme que le trafic sexuel comme la prostitution sont des mécanismes sexistes de domination et d'exploitation, néanmoins ce courant reconnaît que les femmes peuvent vivre des situations très différentes dans ces milieux[17]. Selon ce courant, ni le trafic sexuel, ni la prostitution ne sont des problèmes monolitiques : ils interagissent avec d'autres formes d'oppression mais ils peuvent aussi provenir de choix délibérés[17]. Les partisans de cet angle soutiennent des réformes dans les enquêtes policières et dans la prostitution, la facilité d'accès au travail et aux services sociaux pour réduire les probabilités d'entrer tant dans la prostitution que dans le trafic sexuel et demande d'intégrer la voix des femmes dans les débats sur les interventions possibles[17].

Définitions

Convention de Palerme

La convention de Palerme porte officiellement le nom de Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée et elle inclut le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants ; la Convention de Palerme définit la traite des personnes[30]. En 2000, au moment de sa publication, la Convention est ratifiée par 147 États membres du 192[30] ; en septembre 2017, 171 États en sont parties[31]. L'article 3 de la convention livre la définition suivante[32] :

« Aux fins du présent Protocole: a) L’expression « traite des personnes » désigne le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation. L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes ;
b) Le consentement d’une victime de la traite des personnes à l’exploitation envisagée, telle qu’énoncée à l’alinéa a) du présent article, est indifférent lorsque l’un quelconque des moyens énoncés à l’alinéa a) a été utilisé ;
c) Le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil d’un enfant aux fins d’exploitation sont considérés comme une “traite des personnes” même s’ils ne font appel à aucun des moyens énoncés à l’alinéa a) du présent article ;
d) Le terme “enfant” désigne toute personne âgée de moins de 18 ans. »

L'article 5 de la Convention impose aux États parties d'inscrire la traite des êtres humains dans le code pénal, d'après la définition fournie dans l'article 3. Toutefois, les lois nationales de nombreux États membres adoptent une version plus restrictive que l'article 3[30]. Même si ces nations annoncent qu'elles appliquent l'article 5, ces définitions plus restrictives conduisent à ne poursuivre qu'une part limitée des criminels qui s'adonnent aux trafic sexuel[30].

Les Nations unies ont élaboré plusieurs instruments pour lutter contre la traite des êtres humains, comme le Rapport mondial sur la traite des personnes et un Groupe de coordination inter-agences contre la traite des êtres humains. Le Rapport mondial sur la traite des personnes proposent des informations issues de données recueillies dans 155 pays. Il propose un bilan mondial sur l'ampleur de la traite des êtres humains et sur les moyens déployés pour la juguler. En juillet 2010, l'Assemblée générale des Nations unies approuve le Plan d’action mondial de l’ONU contre la traite des personnes (en)[33].

Aux États-Unis

En 2000, le Protocole de Palerme entre en vigueur et les États-Unis adoptent une définition de « trafic sexuel » correspondant aux normes internationales avec le Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000 (TVPA) afin de résoudre des confusions et des incohérences dans les textes pénaux antérieurs relatifs à la traite des êtres humains[34]. Le TVPA énonce que les crimes relatifs au trafic sexuel sont les situations caractérisées comme « une prestation sexuelle tarifée est provoquée par la force, la fraude ou la coercition, ou dans lesquelles la personne poussée à exécuter la prestation n'a pas encore atteint l'âge de 18 ans »[35],[36]. Si la victime est mineure, la législation n'impose pas de prouver l'usage de la force, de la fraude ou de la coercition[34]. Susan Tiefenbrun, professeure à la Thomas Jefferson School of Law, a écrit de nombreux articles sur la traite des êtres humains ; ayant mené une recherche sur les victimes concernées par cette loi, elle découvre que, chaque année, plus de deux millions de femmes dans le monde son achetées et vendues à des fins d'exploitation sexuelle[6]. Afin de résoudre certaines incohérences juridiques sur les jeunes et le trafic, les États-Unis ont adopté des instruments légaux pour définir différentes formes d'exploitation des enfants[34]. Les deux concepts élaborés, dont la rédaction a été pesée avec soin, sont : l'« exploitation sexuelle commerciale des enfants » et le « trafic sexuel de mineurs sur le territoire national ». L'exploitation sexuelle commerciale des enfants (abrégée ESEC) « englobe plusieurs formes d'exploitation, comme la pédopornographie, la prostitution enfantine, le tourisme sexuel sur les mineurs (en) et le mariage d'enfants »[34]. Le trafic sexuel de mineurs sur le territoire national (domestic minor sex trafficking, abrégé DMST) fait partie de l'ESEC et concerne « une transaction sexuelle avec un mineur âgé de moins de 18 ans, qui est citoyen ou résident permanent aux États-Unis, en échange d'argent liquide, de biens ou de tout autre bien de valeur »[34].

D'après la branche américaine d'ECPAT, l'âge moyen d'entrée dans la prostitution de rue se situe entre 12 et 14 ans. Les personnes qui se prostituent dans la rue se composent, sur le plan démographique, de femmes pauvres, de mineurs, de minorités ethniques et d'immigrants[22]. Aux Ètats-Unis, les criminels de trafic sexuel et les proxénètes trouvent souvent leurs victimes dans des centres commerciaux ou dans la rie. Parfois, des jeunes filles visiblement vulnérables sont enlevées sur le trajet vers leur voiture. Parfois, les proxénètes rencontrent la victime et la convainquent de partir avec eux, souvent en leur proposant un travail quelconque ou de l'argent. La vulnérabilité est majorée chez les mineures jeunes ou sans abri[19],[22],[37],[38]. Le proxénète recourt à la coercition physique ou psychologique pour que la victime se fie à lui et pour bâtir leur relation[19],[20]. Cette forme de coercition complique souvent l'identification des relations entre trafiquants et victimes ou des relations entre proxénètes et prostituées[17],[19]. Souvent, les victimes sont dupées : on leur fait miroiter que le travail promis leur offrira la liberté et d'importants avantages financiers mais, à la place, elles sont réduites en esclavage sexuel. Une fois que la victime a cédé aux propositions du proxénète, elle subit des tactiques pour la dissuader de s'enfuir : elle est forcée de consommer des drogues addictives, son argent est confisqué, elle est la cible de sévices physiques ou sexuels. Les jeunes filles qui tombent dans ce schéma sont souvent motivées par l'argent et par la simple nécessité de survivre[22]. Aux États-Unis, il est très courant que les proxénètes possèdent une entreprise ou un commerce, notamment un bar à ongles (en) ou un salon de massage. Les réseaux d'esclavage sexuel sont souvent implantés près des bases militairs américaines, à cause de la clientèle des soldats[39].

Références

  1. a et b Siddharth Kara, Sex Trafficking: Inside the Business of Modern Slavery, Columbia University Press, (ISBN 9780231139618, lire en ligne)
  2. a et b Gretchen Hammond et Mandy McGlone, « Entry, Progression, Exit, and Service Provision for Survivors of Sex Trafficking: Implications for Effective Interventions », Global Social Welfare, vol. 1, no 4,‎ , p. 157–168 (DOI 10.1007/s40609-014-0010-0 Accès libre), citing Maria Beatriz Alvarez, Edward J. Alessi, « Human trafficking is more than sex trafficking and prostitution: implications for social work », Affilia, vol. 27, no 2,‎ , p. 142–152 (DOI 10.1177/0886109912443763, S2CID 59404870)
  3. « ILO 2012 Global estimate of forced labour - Executive summary », International Labour Organization (consulté le )
  4. Odhiambo, Agnes & Barr, Heather. (2 Aug 2019). "Opinion:Trafficking survivors are being failed the world over." Al Jazeera website Retrieved 4 August 2019.
  5. International Labour Organization. (19 September 2017). Press Release:40 million in modern slavery and 152 million in child labour around the world. International Labour Organization website Retrieved 4 August 2019.
  6. a et b Susan Tiefenbrun, « The Saga of Susannah A U.S. Remedy for Sex Trafficking in Women: The Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000 », Utah Law Review, vol. 107,‎ Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Tiefenbrun » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  7. Daffron, Joshua W. (Dec 2011). "Combating Human Trafficking: Evolution of State Legislation and the Policies of the United Kingdom and France." Thesis, M.A. Monterey, Calif.:Department of National Security Affairs. Naval Postgraduate School. Defense Technical Information Center website Retrieved 2 December 2018.
  8. Tiziana Luise. (2005). “Are human rights becoming burdensome for our economies? The role of slavery-like practices in the development of world economics and in the context of modern society,” Rivista Internazionale Di Scienze Sociali, 113(3): 473.
  9. "Human Trafficking by the Numbers". (January 7, 2017). Human Rights First website Retrieved 2 December 2018.
  10. (en-US) « What We Know About How Child Sex Trafficking Happens | Polaris », sur polarisproject.org, (consulté le )
  11. Kimberly Kotrla, « Sex Trafficking of Minors in the U.S.: Implications for Policy, Prevention and Research », Journal of Applied Research on Children: Informing Policy for Children at Risk, vol. 2,‎ (lire en ligne)
  12. nancy.cao, « UNODC – Human Trafficking », sur www.unodc.org (consulté le )
  13. a et b diana.teixeira, « FAQs », sur www.unodc.org (consulté le )
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  19. a b c d e f g h i et j J Elrod, « Filling the Gap: Refining Sex Trafficking Legislation to Address the Problem of Pimping », Vanderbilt Law Review, vol. 3,‎ , p. 961–996
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  23. a b c d e f et g J Outshoorn, « The Political Debates on Prostitution and Trafficking of Women », Social Politics: International Studies in Gender, State and Society, vol. 12, no 1,‎ , p. 141–155 (DOI 10.1093/sp/jxi004, S2CID 144674778)
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Annexes

Articles connexes

Liens externes