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« Trafic sexuel » : différence entre les versions

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{{article connexe|Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000|Traite des êtres humains aux États-Unis}}
{{article connexe|Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000|Traite des êtres humains aux États-Unis}}


En 2000, le [[Protocole de Palerme]] entre en vigueur et les États-Unis adoptent une définition de « trafic sexuel » correspondant aux normes internationales avec le ''Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000'' (TVPA) afin de résoudre des confusions et des incohérences dans les textes pénaux antérieurs relatifs à la traite des êtres humains<ref name=Arizona>{{cite web|last1=Lew|first1=Candace|title=Sex Trafficking of Domestic Minors in Phoenix, Arizona: A Research Project|date=July 2012|url=http://dianeandbrucehallefoundation.org/wp-content/uploads/2012/07/sex-trafficking-domestic-minors.pdf|access-date=17 March 2015}}</ref>. Le TVPA énonce que les crimes relatifs au trafic sexuel sont les situations caractérisées comme « une prestation sexuelle tarifée est provoquée par la force, la fraude ou la coercition, ou dans lesquelles la personne poussée à exécuter la prestation n'a pas encore atteint l'âge de 18 ans »<ref name="TVPA Doc">{{cite web|last1=United States Government|title=Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000|url=https://2009-2017.state.gov/documents/organization/10492.pdf|website=U.S. Department of State|access-date=17 March 2015}}</ref>{{,}}<ref name=":20">{{Cite journal|last1=Tiefenbrun|first1=Susan W.|date=2006|title=Updating the Domestic and International Impact of the U.S. Victims of Trafficking Protection Act of 2000: Does Law Deter Crime?|journal=Case Western Reserve Journal of International Law|volume=38|issue=2|pages=249–280}}</ref>. Si la victime est [[Majorité civile|mineure]], la législation n'impose pas de prouver l'usage de la force, de la fraude ou de la coercition<ref name=Arizona />. Susan Tiefenbrun, professeure à la Thomas Jefferson School of Law, a écrit de nombreux articles sur la traite des êtres humains ; ayant mené une recherche sur les victimes concernées par cette loi, elle découvre que, chaque année, plus de deux millions de femmes dans le monde son achetées et vendues à des fins d'exploitation sexuelle<ref name=Tiefenbrun/>. Afin de résoudre certaines incohérences juridiques sur les jeunes et le trafic, les États-Unis ont adopté des instruments légaux pour définir différentes formes d'exploitation des enfants<ref name=Arizona />. Les deux concepts élaborés, dont la rédaction a été pesée avec soin, sont : l'« exploitation sexuelle commerciale des enfants » et le « trafic sexuel de mineurs sur le territoire national ». L'[[Exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales|exploitation sexuelle commerciale des enfants]] (abrégée ESEC) « englobe plusieurs formes d'exploitation, comme la [[pédopornographie]], la [[prostitution enfantine]], le {{Lien|langue=en|trad=child sex tourism|fr=tourisme sexuel sur les mineurs}} et le [[Mariage d'enfant|mariage d'enfants]] »<ref name=Arizona />. Le trafic sexuel de mineurs sur le territoire national (''{{lang|en|domestic minor sex trafficking}}'', abrégé DMST) fait partie de l'ESEC et concerne « une transaction sexuelle avec un mineur âgé de moins de 18 ans, qui est citoyen ou résident permanent aux États-Unis, en échange d'argent liquide, de biens ou de tout autre bien de valeur »<ref name=Arizona />.
En 2000, le [[Protocole de Palerme]] entre en vigueur et les États-Unis adoptent une définition de « trafic sexuel » correspondant aux normes internationales avec le ''Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000'' (TVPA) afin de résoudre des confusions et des incohérences dans les textes pénaux antérieurs relatifs à la traite des êtres humains<ref name=Arizona>{{lien web|nom1=Lew|prénom1=Candace|titre=Sex Trafficking of Domestic Minors in Phoenix, Arizona: A Research Project|date=July 2012|url=http://dianeandbrucehallefoundation.org/wp-content/uploads/2012/07/sex-trafficking-domestic-minors.pdf|consulté le=17 mars 2015}}</ref>. Le TVPA énonce que les crimes relatifs au trafic sexuel sont les situations caractérisées comme « une prestation sexuelle tarifée est provoquée par la force, la fraude ou la coercition, ou dans lesquelles la personne poussée à exécuter la prestation n'a pas encore atteint l'âge de 18 ans »<ref name="TVPA Doc">{{lien web|nom1=United States Government|titre=Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000|url=https://2009-2017.state.gov/documents/organization/10492.pdf|website=U.S. Department of State|consulté le=17 mars 2015}}</ref>{{,}}<ref name=":20">{{article|nom1=Tiefenbrun|prénom1=Susan W.|date=2006|titre=Updating the Domestic and International Impact of the U.S. Victims of Trafficking Protection Act of 2000: Does Law Deter Crime?|journal=Case Western Reserve Journal of International Law|volume=38|numéro=2|pages=249–280}}</ref>. Si la victime est [[Majorité civile|mineure]], la législation n'impose pas de prouver l'usage de la force, de la fraude ou de la coercition<ref name=Arizona />. Susan Tiefenbrun, professeure à la Thomas Jefferson School of Law, a écrit de nombreux articles sur la traite des êtres humains ; ayant mené une recherche sur les victimes concernées par cette loi, elle découvre que, chaque année, plus de deux millions de femmes dans le monde son achetées et vendues à des fins d'exploitation sexuelle<ref name=Tiefenbrun/>. Afin de résoudre certaines incohérences juridiques sur les jeunes et le trafic, les États-Unis ont adopté des instruments légaux pour définir différentes formes d'exploitation des enfants<ref name=Arizona />. Les deux concepts élaborés, dont la rédaction a été pesée avec soin, sont : l'« exploitation sexuelle commerciale des enfants » et le « trafic sexuel de mineurs sur le territoire national ». L'[[Exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales|exploitation sexuelle commerciale des enfants]] (abrégée ESEC) « englobe plusieurs formes d'exploitation, comme la [[pédopornographie]], la [[prostitution enfantine]], le {{Lien|langue=en|trad=child sex tourism|fr=tourisme sexuel sur les mineurs}} et le [[Mariage d'enfant|mariage d'enfants]] »<ref name=Arizona />. Le trafic sexuel de mineurs sur le territoire national (''{{lang|en|domestic minor sex trafficking}}'', abrégé DMST) fait partie de l'ESEC et concerne « une transaction sexuelle avec un mineur âgé de moins de 18 ans, qui est citoyen ou résident permanent aux États-Unis, en échange d'argent liquide, de biens ou de tout autre bien de valeur »<ref name=Arizona />.


D'après la branche américaine d'[[End child prostitution, child pornography and trafficking of children for sexual purposes|ECPAT]], l'âge moyen d'entrée dans la [[prostitution de rue]] se situe entre 12 et 14 ans. Les personnes qui se prostituent dans la rue se composent, sur le plan démographique, de femmes pauvres, de mineurs, de [[Minorité nationale|minorités ethniques]] et d'immigrants<ref name=":15" />. Aux Ètats-Unis, les criminels de trafic sexuel et les [[proxénète]]s trouvent souvent leurs victimes dans des centres commerciaux ou dans la rie. Parfois, des jeunes filles visiblement vulnérables sont enlevées sur le trajet vers leur voiture. Parfois, les proxénètes rencontrent la victime et la convainquent de partir avec eux, souvent en leur proposant un travail quelconque ou de l'argent. La vulnérabilité est majorée chez les mineures jeunes ou [[Sans-abri|sans abri]]<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":15" />{{,}}<ref name=":18">{{Cite journal|last1=Gibbs|first1=D. A.|last2=Walters|first2=J. L.|last3=Lutnick|first3=A.|last4=Miller|first4=S|last5=Kluckman|first5=M|date=2015|title=Services to Domestic Minor Victims of Sex Trafficking: Opportunities of Engagement and Support|journal=Children and Youth Services Review|volume=54|pages=1–7|via=Elseiver|doi=10.1016/j.childyouth.2015.04.003}}</ref>{{,}}<ref name=":19">{{Cite journal|last1=Greene|first1=J M|last2=Ennett|first2=S T|last3=Ringwalt|first3=C L|date=1999|title=Prevalence and correlates of survival sex among runaway and homeless youth.|journal=American Journal of Public Health| language=en |volume=89 |issue=9|pages=1406–1409 |doi=10.2105/AJPH.89.9.1406 |pmid=10474560|pmc=1508758|issn=0090-0036}}</ref>. Le proxénète recourt à la coercition physique ou psychologique pour que la victime se fie à lui et pour bâtir leur relation<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":11" />. Cette forme de coercition complique souvent l'identification des relations entre trafiquants et victimes ou des relations entre proxénètes et prostituées<ref name=":8" />{{,}}<ref name=":10" />. Souvent, les victimes sont dupées : on leur fait miroiter que le travail promis leur offrira la liberté et d'importants avantages financiers mais, à la place, elles sont réduites en esclavage sexuel. Une fois que la victime a cédé aux propositions du proxénète, elle subit des tactiques pour la dissuader de s'enfuir : elle est forcée de consommer des drogues addictives, son argent est confisqué, elle est la cible de sévices physiques ou sexuels. Les jeunes filles qui tombent dans ce schéma sont souvent motivées par l'argent et par la simple nécessité de survivre<ref name=":15" />. Aux États-Unis, il est très courant que les proxénètes possèdent une entreprise ou un commerce, notamment un {{Lien|langue=en|trad=nail salons|fr=bar à ongles}} ou un [[salon de massage]]. Les réseaux d'esclavage sexuel sont souvent implantés près des bases militairs américaines, à cause de la clientèle des soldats<ref>"Sex Trafficking of Women in the United States." International Sex Trafficking of Women & Children: Understanding the Global Epidemic, by Leonard Territo, Looseleaf Law Publications, Inc., 2015, pp. 1–13.
D'après la branche américaine d'[[End child prostitution, child pornography and trafficking of children for sexual purposes|ECPAT]], l'âge moyen d'entrée dans la [[prostitution de rue]] se situe entre 12 et 14 ans. Les personnes qui se prostituent dans la rue se composent, sur le plan démographique, de femmes pauvres, de mineurs, de [[Minorité nationale|minorités ethniques]] et d'immigrants<ref name=":15" />. Aux Ètats-Unis, les criminels de trafic sexuel et les [[proxénète]]s trouvent souvent leurs victimes dans des centres commerciaux ou dans la rie. Parfois, des jeunes filles visiblement vulnérables sont enlevées sur le trajet vers leur voiture. Parfois, les proxénètes rencontrent la victime et la convainquent de partir avec eux, souvent en leur proposant un travail quelconque ou de l'argent. La vulnérabilité est majorée chez les mineures jeunes ou [[Sans-abri|sans abri]]<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":15" />{{,}}<ref name=":18">{{article|nom1=Gibbs|prénom1=D. A.|nom2=Walters|prénom2=J. L.|nom3=Lutnick|prénom3=A.|nom4=Miller|prénom4=S|nom5=Kluckman|prénom5=M|date=2015|titre=Services to Domestic Minor Victims of Sex Trafficking: Opportunities of Engagement and Support|journal=Children and Youth Services Review|volume=54|pages=1–7|via=Elseiver|doi=10.1016/j.childyouth.2015.04.003}}</ref>{{,}}<ref name=":19">{{article|nom1=Greene|prénom1=J M|nom2=Ennett|prénom2=S T|nom3=Ringwalt|prénom3=C L|date=1999|titre=Prevalence and correlates of survival sex among runaway and homeless youth.|journal=American Journal of Public Health| langue=en |volume=89 |numéro=9|pages=1406–1409 |doi=10.2105/AJPH.89.9.1406 |pmid=10474560|pmc=1508758|issn=0090-0036}}</ref>. Le proxénète recourt à la coercition physique ou psychologique pour que la victime se fie à lui et pour bâtir leur relation<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":11" />. Cette forme de coercition complique souvent l'identification des relations entre trafiquants et victimes ou des relations entre proxénètes et prostituées<ref name=":8" />{{,}}<ref name=":10" />. Souvent, les victimes sont dupées : on leur fait miroiter que le travail promis leur offrira la liberté et d'importants avantages financiers mais, à la place, elles sont réduites en esclavage sexuel. Une fois que la victime a cédé aux propositions du proxénète, elle subit des tactiques pour la dissuader de s'enfuir : elle est forcée de consommer des drogues addictives, son argent est confisqué, elle est la cible de sévices physiques ou sexuels. Les jeunes filles qui tombent dans ce schéma sont souvent motivées par l'argent et par la simple nécessité de survivre<ref name=":15" />. Aux États-Unis, il est très courant que les proxénètes possèdent une entreprise ou un commerce, notamment un {{Lien|langue=en|trad=nail salons|fr=bar à ongles}} ou un [[salon de massage]]. Les réseaux d'esclavage sexuel sont souvent implantés près des bases militairs américaines, à cause de la clientèle des soldats<ref>"Sex Trafficking of Women in the United States." International Sex Trafficking of Women & Children: Understanding the Global Epidemic, by Leonard Territo, Looseleaf Law Publications, Inc., 2015, pp. 1–13.
</ref>.
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=== Profils des trafiquants aux États-Unis ===
=== Profils des trafiquants aux États-Unis ===


En 2017, une étude recense {{nombre|1416}} trafiquants sexuels de mineurs qui ont été arrêtés aux États-Unis au cours de la décennie précédente : 75,4 % des trafiquants sont des hommes et 14,4 % sont des femmes. L'âge moyen des hommes trafiquants est de 29,2 ans et celui des femmes, 26,3 ans. Pour ceux dont le groupe ethnique est identifié : 71,7 % sont des [[Afro-Américains]], 20,5 % d'origine caucasienne, 3,7 % sont hispaniques et le reste est catégorisé comme issu des îles du Pacifique, asiatique ou autres<ref>{{Cite journal|last=Roe-Sepowitz|first=Dominique|date=2019|title=A Six-Year Analysis of Sex Traffickers of Minors: Exploring Characteristics and Sex Trafficking Patterns| journal=Journal of Human Behavior in the Social Environment |volume=29|issue=5|pages=608–629|doi=10.1080/10911359.2019.1575315|s2cid=150678437}}</ref>.
En 2017, une étude recense {{nombre|1416}} trafiquants sexuels de mineurs qui ont été arrêtés aux États-Unis au cours de la décennie précédente : 75,4 % des trafiquants sont des hommes et 14,4 % sont des femmes. L'âge moyen des hommes trafiquants est de 29,2 ans et celui des femmes, 26,3 ans. Pour ceux dont le groupe ethnique est identifié : 71,7 % sont des [[Afro-Américains]], 20,5 % d'origine caucasienne, 3,7 % sont hispaniques et le reste est catégorisé comme issu des îles du Pacifique, asiatique ou autres<ref>{{article|nom=Roe-Sepowitz|prénom=Dominique|date=2019|titre=A Six-Year Analysis of Sex Traffickers of Minors: Exploring Characteristics and Sex Trafficking Patterns| journal=Journal of Human Behavior in the Social Environment |volume=29|numéro=5|pages=608–629|doi=10.1080/10911359.2019.1575315|s2cid=150678437}}</ref>.


=== Trafic sous le contrôle de proxénètes ===
=== Trafic sous le contrôle de proxénètes ===


Quand le trafic est organisé par des proxénètes, la victime est tenue sous le contrôle d'un seul trafiquant, parfois catégorisé comme [[proxénète]]. Le trafiquant domine la victime par la coercition physique, psychologique et/ou affective. Pour assurer le contrôle sur les victimes, les trafiquants recours à la force, aux drogues, aux manipulations affectives ainsi qu'aux stratagèmes économiques. Dans certaines circonstances, ils en viennent à employer diverses formes de violence, comme le [[viol collectif]], les maltraitances psychologiques et les [[sévices physiques]]. Les trafiquants font parfois miroiter une demande en mariage ou une carrière de mannequin pour piéger les victimes<ref>{{Cite web|date=2020-08-28|title=What We Know About How Child Sex Trafficking Happens {{!}} Polaris|url=https://polarisproject.org/blog/2020/08/what-we-know-about-how-child-sex-trafficking-happens/|access-date=2021-11-16|website=polarisproject.org|language=en-US}}.</ref>. D'autres recourent aux menaces, à l'intimidation, au [[lavage de cerveau]] et aux enlèvements.
Quand le trafic est organisé par des proxénètes, la victime est tenue sous le contrôle d'un seul trafiquant, parfois catégorisé comme [[proxénète]]. Le trafiquant domine la victime par la coercition physique, psychologique et/ou affective. Pour assurer le contrôle sur les victimes, les trafiquants recours à la force, aux drogues, aux manipulations affectives ainsi qu'aux stratagèmes économiques. Dans certaines circonstances, ils en viennent à employer diverses formes de violence, comme le [[viol collectif]], les maltraitances psychologiques et les [[sévices physiques]]. Les trafiquants font parfois miroiter une demande en mariage ou une carrière de mannequin pour piéger les victimes<ref>{{lien web|date=2020-08-28|titre=What We Know About How Child Sex Trafficking Happens {{!}} Polaris|url=https://polarisproject.org/blog/2020/08/what-we-know-about-how-child-sex-trafficking-happens/|consulté le=2021-11-16|website=polarisproject.org|langue=en-US}}.</ref>. D'autres recourent aux menaces, à l'intimidation, au [[lavage de cerveau]] et aux enlèvements.


Une procédure habituelle chez les trafiquants consiste à gagner la confiance de la victime, ce qu'on appelle la phase de ''grooming''. À ce stade, le trafiquant cherche à rendre la victime dépendante de lui<ref name="rapidassessment">{{cite web|url=http://sharedhope.org/wp-content/uploads/2015/03/MS-Rapid-Assessment-22715.pdf|title=Shared Hope International: Rapid Assessment}}.</ref>. Le trafiquant peut par exemple flatter la victime en faisant étalage de sentiments amoureux et d'admiration, formuler des promesses ambitieuses (comme mener la victime à une carrière de star), lui proposer un emploi ou une formation, ou lui payer un voyage vers un endroit qu'elle n'a jamais visité<ref name="trafficking_and_internet">{{cite web|url=http://www.americanbar.org/publications/judges_journal/2013/winter/human_trafficking_and_internet_and_other_technologies_too.html|title=Human Trafficking and the Internet* (*and Other Technologies, too) – Judicial Division|access-date=29 September 2016}}.</ref>. Les propositions d'embauche les plus courantes portent sur les secteurs de la restauration et de l'hôtellerie, les postes de serveuse dans des bars et des clubs, des contrats de mannequinats ou un [[Séjour au pair|travail au pair]]. Une fois que la victime se sent en confiance, le proxénète passe au stade du ''seasoning'', en demandant à la victime de réaliser certains actes sexuels pour lui, ce que la victime peut exécuter parce qu'elle pense qu'il s'agit du seul moyen de conserver l'affection du trafiquant. À partir de là, les demandes deviennent de plus en plus poussées et la victime peut éprouver des difficultés à s'y soustraire<ref name="rapidassessment" />. Même si les enlèvements sont relativement rares, plusieurs victimes en ont subi<ref name="truckers">{{Lien web |url=https://www.npr.org/2016/07/13/484801054/truckers-take-the-wheel-in-effort-to-halt-sex-trafficking|titre=Truckers Take The Wheel In Effort To Halt Sex Trafficking|site=NPR.org|consulté le=29 septembre 2016}}.</ref>. Les [[réseaux sociaux]] sont parfois utilisés pour appâter la victime ou pour lui attirer de la clientèle<ref>{{cite web|url=http://rollingout.com/criminal-behavior/fbi-speaks-internet-social-media-impact-sex-trafficking-pt-3/#_|title=How the internet and social media impact sex trafficking|date=7 April 2014|access-date=29 September 2016}}.</ref>.
Une procédure habituelle chez les trafiquants consiste à gagner la confiance de la victime, ce qu'on appelle la phase de ''grooming''. À ce stade, le trafiquant cherche à rendre la victime dépendante de lui<ref name="rapidassessment">{{lien web|url=http://sharedhope.org/wp-content/uploads/2015/03/MS-Rapid-Assessment-22715.pdf|titre=Shared Hope International: Rapid Assessment}}.</ref>. Le trafiquant peut par exemple flatter la victime en faisant étalage de sentiments amoureux et d'admiration, formuler des promesses ambitieuses (comme mener la victime à une carrière de star), lui proposer un emploi ou une formation, ou lui payer un voyage vers un endroit qu'elle n'a jamais visité<ref name="trafficking_and_internet">{{lien web|url=http://www.americanbar.org/publications/judges_journal/2013/winter/human_trafficking_and_internet_and_other_technologies_too.html|titre=Human Trafficking and the Internet* (*and Other Technologies, too) – Judicial Division|consulté le=29 septembre 2016}}.</ref>. Les propositions d'embauche les plus courantes portent sur les secteurs de la restauration et de l'hôtellerie, les postes de serveuse dans des bars et des clubs, des contrats de mannequinats ou un [[Séjour au pair|travail au pair]]. Une fois que la victime se sent en confiance, le proxénète passe au stade du ''seasoning'', en demandant à la victime de réaliser certains actes sexuels pour lui, ce que la victime peut exécuter parce qu'elle pense qu'il s'agit du seul moyen de conserver l'affection du trafiquant. À partir de là, les demandes deviennent de plus en plus poussées et la victime peut éprouver des difficultés à s'y soustraire<ref name="rapidassessment" />. Même si les enlèvements sont relativement rares, plusieurs victimes en ont subi<ref name="truckers">{{Lien web |url=https://www.npr.org/2016/07/13/484801054/truckers-take-the-wheel-in-effort-to-halt-sex-trafficking|titre=Truckers Take The Wheel In Effort To Halt Sex Trafficking|site=NPR.org|consulté le=29 septembre 2016}}.</ref>. Les [[réseaux sociaux]] sont parfois utilisés pour appâter la victime ou pour lui attirer de la clientèle<ref>{{lien web|url=http://rollingout.com/criminal-behavior/fbi-speaks-internet-social-media-impact-sex-trafficking-pt-3/#_|titre=How the internet and social media impact sex trafficking|date=7 April 2014|consulté le=29 septembre 2016}}.</ref>.


Une fois que la victime est aux mains du criminel, il existe plusieurs stratagèmes pour lui restreindre l'accès avec les communications chez elle, par exemple en lui infligeant des punitions corporelles jusqu'à ce qu'elle se plie aux exigences du trafiquant, ou en formulant des menaces de la blesser ou même de la tuer ou de tuer sa famille<ref name="trafficking_and_internet" />. Parfois, la victime succombe au [[syndrome de Stockholm]] parce que le ravisseur prétend éprouver de l'« amour » et le « besoin d'elle », allant jusqu'à lui promettre le mariage et une stabilité dans l'avenir. Ce stratagème est particulièrement redoutable contre les plus jeunes victimes, qui par manque d'expérience sont plus fragiles face aux manipulations<ref>{{cite web|url=https://www.fbi.gov/stats-services/publications/law-enforcement-bulletin/march_2011/human_sex_trafficking|title=Human Sex Trafficking|last1=Walker-Rodriguez|first1=Amanda|last2=Hill|first2=Rodney|date=March 2011|work=FBI Law Enforcement Bulletin|access-date=7 October 2013}}.</ref>.
Une fois que la victime est aux mains du criminel, il existe plusieurs stratagèmes pour lui restreindre l'accès avec les communications chez elle, par exemple en lui infligeant des punitions corporelles jusqu'à ce qu'elle se plie aux exigences du trafiquant, ou en formulant des menaces de la blesser ou même de la tuer ou de tuer sa famille<ref name="trafficking_and_internet" />. Parfois, la victime succombe au [[syndrome de Stockholm]] parce que le ravisseur prétend éprouver de l'« amour » et le « besoin d'elle », allant jusqu'à lui promettre le mariage et une stabilité dans l'avenir. Ce stratagème est particulièrement redoutable contre les plus jeunes victimes, qui par manque d'expérience sont plus fragiles face aux manipulations<ref>{{lien web|url=https://www.fbi.gov/stats-services/publications/law-enforcement-bulletin/march_2011/human_sex_trafficking|titre=Human Sex Trafficking|nom1=Walker-Rodriguez|prénom1=Amanda|nom2=Hill|prénom2=Rodney|date=March 2011|site=FBI Law Enforcement Bulletin|consulté le=7 octobre 2013}}.</ref>.


En [[Inde]], les trafiquants qui conduisent des jeunes filles vers la prostitution sont souvent des femmes qui, elles-mêmes, ont été victimes de trafiquants. Une fois adultes, elles exploitent leurs relations personnelles ou la confiance dont elles bénéficient dans leur village d'origine pour recruter d'autres filles<ref name="Maplecroft811">{{cite web|url=http://www.maplecroft.com|title=Trafficking A global phenomenon with an exploration of India through maps|author=Alyson Warhurst|author2=Cressie Strachan|date=August 2011|publisher=Maplecroft|page=51|format=PDF|access-date=25 December 2012|author3=Zahed Yousuf|author4=Siobhan Tuohy-Smith}}.</ref>. Par ailleurs, certains {{Lien|langue=en|trad=migrant sex work|fr=travailleur sexuel migrant|texte=travailleurs sexuels migrants}} peuvent tomber aux mains de trafiquants car les femmes savent qu'elles vont exercer une activité de prostitution ; néanmoins, leur « employeur » leur a fourni une présentation fausse de leurs conditions d'exercice. Par conséquent, elles deviennent exploitées, à cause d'une vision faussée des conditions d'exercice de leurs activités une fois arrivées dans le pays de destination<ref>{{Cite web|year=2001|title=Research based on case studies of victims of trafficking in human beings in 3 EU Member States, i.e. Belgium, Italy and The Netherlands|url=http://www.prostitutie.nl/studie/documenten/mensenhandel/researchcasestraffick.pdf|publisher=Commission of the European Communities, DG Justice & Home Affairs|archive-url=https://web.archive.org/web/20080626234542/http://www.prostitutie.nl/studie/documenten/mensenhandel/researchcasestraffick.pdf <!-- Bot retrieved archive -->|archive-date=26 June 2008|access-date=5 October 2008}}.</ref>{{,}}<ref>{{cite web|url=http://www.solidaritycenter.org/files/IndoTraffickingFactSheetCauses.pdf|title=Media Conference for Announcing Role of Dewi Hughes 28 May 2003|archive-url=https://web.archive.org/web/20060330014632/http://www.solidaritycenter.org/files/IndoTraffickingFactSheetCauses.pdf|archive-date=30 March 2006|url-status=dead|access-date=22 March 2011}}.</ref>.
En [[Inde]], les trafiquants qui conduisent des jeunes filles vers la prostitution sont souvent des femmes qui, elles-mêmes, ont été victimes de trafiquants. Une fois adultes, elles exploitent leurs relations personnelles ou la confiance dont elles bénéficient dans leur village d'origine pour recruter d'autres filles<ref name="Maplecroft811">{{lien web|url=http://www.maplecroft.com|titre=Trafficking A global phenomenon with an exploration of India through maps|auteur=Alyson Warhurst|auteur2=Cressie Strachan|date=August 2011|éditeur=Maplecroft|page=51|format=PDF|consulté le=25 décembre 2012|auteur3=Zahed Yousuf|auteur4=Siobhan Tuohy-Smith}}.</ref>. Par ailleurs, certains {{Lien|langue=en|trad=migrant sex work|fr=travailleur sexuel migrant|texte=travailleurs sexuels migrants}} peuvent tomber aux mains de trafiquants car les femmes savent qu'elles vont exercer une activité de prostitution ; néanmoins, leur « employeur » leur a fourni une présentation fausse de leurs conditions d'exercice. Par conséquent, elles deviennent exploitées, à cause d'une vision faussée des conditions d'exercice de leurs activités une fois arrivées dans le pays de destination<ref>{{lien web|année=2001|titre=Research based on case studies of victims of trafficking in human beings in 3 EU Member States, i.e. Belgium, Italy and The Netherlands|url=http://www.prostitutie.nl/studie/documenten/mensenhandel/researchcasestraffick.pdf|éditeur=Commission of the European Communities, DG Justice & Home Affairs|archive-url=https://web.archive.org/web/20080626234542/http://www.prostitutie.nl/studie/documenten/mensenhandel/researchcasestraffick.pdf <!-- Bot retrieved archive -->|archive-date=26 June 2008|consulté le=5 octobre 2008}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.solidaritycenter.org/files/IndoTraffickingFactSheetCauses.pdf|titre=Media Conference for Announcing Role of Dewi Hughes 28 May 2003|archive-url=https://web.archive.org/web/20060330014632/http://www.solidaritycenter.org/files/IndoTraffickingFactSheetCauses.pdf|archive-date=30 March 2006|url-status=dead|consulté le=22 mars 2011}}.</ref>.


=== Trafic sous le contrôle de réseaux criminels ===
=== Trafic sous le contrôle de réseaux criminels ===


Le trafic sexuel aux mains de bandes criminelles présente de nombreux points communs avec celui mené par des proxénètes. Ils se différencient principalement par le fais que les bandes criminelles forment un groupe étendu de personnes, là où le trafic par un proxénète est dirigé par un individu isolé<ref>{{Article |date=2015|title=Rapid Assessment on Domestic Minor Sex Trafficking|url=http://sharedhope.org/wp-content/uploads/2015/03/MS-Rapid-Assessment-22715.pdf|journal=Shared Hope}}.</ref>. En général, les membres d'une réseau criminel sont censés ou forcés de participer à des activités de nature criminelle ou violente. Ces comportements criminels peuvent recouvrir des activités comme la distribution de drogues, le [[viol qualifié]], le [[trafic de stupéfiants]], l'extorsion, le meurtre<ref name="auto">{{Cite web|url=https://www.fbi.gov/file-repository/stats-services-publications-national-gang-report-2015.pdf/view|title=National Gang Report 2015|website=Federal Bureau of Investigation|language=en-us|access-date=4 May 2017}}</ref>...
Le trafic sexuel aux mains de bandes criminelles présente de nombreux points communs avec celui mené par des proxénètes. Ils se différencient principalement par le fais que les bandes criminelles forment un groupe étendu de personnes, là où le trafic par un proxénète est dirigé par un individu isolé<ref>{{Article |date=2015|titre=Rapid Assessment on Domestic Minor Sex Trafficking|url=http://sharedhope.org/wp-content/uploads/2015/03/MS-Rapid-Assessment-22715.pdf|journal=Shared Hope}}.</ref>. En général, les membres d'une réseau criminel sont censés ou forcés de participer à des activités de nature criminelle ou violente. Ces comportements criminels peuvent recouvrir des activités comme la distribution de drogues, le [[viol qualifié]], le [[trafic de stupéfiants]], l'extorsion, le meurtre<ref name="auto">{{lien web|url=https://www.fbi.gov/file-repository/stats-services-publications-national-gang-report-2015.pdf/view|titre=National Gang Report 2015|website=Federal Bureau of Investigation|langue=en-us|consulté le=4 mai 2017}}</ref>...


L'un des moyens de récolter de l'argent, même si le réseau n'est pas affilié à une bande criminelle, est la traite sexuelle des êtres humains. Les réseaux criminels se tournent vers le trafic sexuel car cette activité est considérée comme moins dangereuse et plus lucrative que le trafic de stupéfiants<ref>{{Lien web |titre=Rapid Assessment on Domestic Sex Trafficking|nom1=Hinds |nom2=Madison |nom3=Rankin |nom4=Warren Counties|url=http://sharedhope.org/wp-content/uploads/2015/03/MS-Rapid-Assessment-22715.pdf|format=pdf|journal=Shared Hope}}.</ref>. Les réseaux criminels peuvent obtenir de l'argent plus rapidement et en quantité supérieure en vendant le corps d'autrui, et les risques d'être arrêté sont moindres<ref>{{Cite web|url=http://www.nsvrc.org/news/news-field/15778|title=Innocence Lost: Gangs and Sex Trafficking {{!}} National Sexual Violence Resource Center (NSVRC)|website=www.nsvrc.org|archive-url=https://web.archive.org/web/20170421113113/http://www.nsvrc.org/news/news-field/15778|archive-date=21 April 2017|url-status=dead|access-date=4 May 2017}}</ref>. Dans certaines circonstances, des bandes criminelles concluent une alliance avec leurs homologues sur un même territoire et s'organisent en réseau de trafic sexuel.
L'un des moyens de récolter de l'argent, même si le réseau n'est pas affilié à une bande criminelle, est la traite sexuelle des êtres humains. Les réseaux criminels se tournent vers le trafic sexuel car cette activité est considérée comme moins dangereuse et plus lucrative que le trafic de stupéfiants<ref>{{Lien web |titre=Rapid Assessment on Domestic Sex Trafficking|nom1=Hinds |nom2=Madison |nom3=Rankin |nom4=Warren Counties|url=http://sharedhope.org/wp-content/uploads/2015/03/MS-Rapid-Assessment-22715.pdf|format=pdf|journal=Shared Hope}}.</ref>. Les réseaux criminels peuvent obtenir de l'argent plus rapidement et en quantité supérieure en vendant le corps d'autrui, et les risques d'être arrêté sont moindres<ref>{{lien web|url=http://www.nsvrc.org/news/news-field/15778|titre=Innocence Lost: Gangs and Sex Trafficking {{!}} National Sexual Violence Resource Center (NSVRC)|website=www.nsvrc.org|archive-url=https://web.archive.org/web/20170421113113/http://www.nsvrc.org/news/news-field/15778|archive-date=21 April 2017|url-status=dead|consulté le=4 mai 2017}}</ref>. Dans certaines circonstances, des bandes criminelles concluent une alliance avec leurs homologues sur un même territoire et s'organisent en réseau de trafic sexuel.


Plusieurs raisons peuvent présider à cette décision des bandes criminelles. L'une des motivations est que cette alliance leur permet d'échanger des filles, des femmes, des garçons ou des hommes. Leurs clients ont ainsi accès à une « gamme » plus étendue. Les clients sont souvent prêts à payer plus cher pour une expérience sexuelle avec une personne qu'ils n'ont pas encore exploitée. Une autre motivation poussant les bandes criminelles à se partager les femmes et filles est qu'ils brouillent les pistes auprès des organismes d'application des lois, ce qui permet d'échapper aux enquêtes concluantes<ref name="auto" />.
Plusieurs raisons peuvent présider à cette décision des bandes criminelles. L'une des motivations est que cette alliance leur permet d'échanger des filles, des femmes, des garçons ou des hommes. Leurs clients ont ainsi accès à une « gamme » plus étendue. Les clients sont souvent prêts à payer plus cher pour une expérience sexuelle avec une personne qu'ils n'ont pas encore exploitée. Une autre motivation poussant les bandes criminelles à se partager les femmes et filles est qu'ils brouillent les pistes auprès des organismes d'application des lois, ce qui permet d'échapper aux enquêtes concluantes<ref name="auto" />.


Comme chez les proxénètes, les réseaux criminels sélectionnent leurs victimes et gagnent sa confiance grâce aux techniques de ''grooming''. Cette phase consiste à offrir des cadeaux, flatter la victime, lui réserver des attentions pour instaurer une relation affective et psychologique entre la victime et les trafiquants. Ces stratagèmes sont parfois désignés sous le nom de « méthode Roméo »<ref>{{Cite journal|last=Merodio|first=Guiomar|date=2020|title=They Are Not Romeo Pimps, They Are Traffickers: Overcoming the Socially Dominant Discourse to Prevent the Sex Trafficking of Youth|journal=Qualitative Inquiry| volume=26|issue=8–9 |pages=1010–1018 |doi=10.1177/1077800420938881|s2cid=225543856|via=Sage Pub}}</ref>. La victime subit des procédés de [[Manipulation mentale|manipulation]] : un membre du réseau l'emmène dans un restaurant élégant, la couvre de cadeaux somptueux, l'emmène dans des fêtes où elle reçoit un accès illimité à de l'alcool et à des drogues. Le trafiquant en profite pour repérer les faiblesses de la victime, découvrir ses fragilités ; une fois ces éléments identifiés, ils les retournent contre la victime<ref>{{Lien web |nom1=Lederer|prénom1=Laura|titre=Sold for Sex: The Link between Street Gangs and Trafficking in Persons|url=https://www.nawj.org/uploads/pdf/conferences/2015-Midyear/CLE/link_between_street_gangs_and_trafficking.pdf|périodique=The Protection Project Journal of Human Rights and Civil Society}}.</ref>.
Comme chez les proxénètes, les réseaux criminels sélectionnent leurs victimes et gagnent sa confiance grâce aux techniques de ''grooming''. Cette phase consiste à offrir des cadeaux, flatter la victime, lui réserver des attentions pour instaurer une relation affective et psychologique entre la victime et les trafiquants. Ces stratagèmes sont parfois désignés sous le nom de « méthode Roméo »<ref>{{article|nom=Merodio|prénom=Guiomar|date=2020|titre=They Are Not Romeo Pimps, They Are Traffickers: Overcoming the Socially Dominant Discourse to Prevent the Sex Trafficking of Youth|journal=Qualitative Inquiry| volume=26|numéro=8–9 |pages=1010–1018 |doi=10.1177/1077800420938881|s2cid=225543856|via=Sage Pub}}</ref>. La victime subit des procédés de [[Manipulation mentale|manipulation]] : un membre du réseau l'emmène dans un restaurant élégant, la couvre de cadeaux somptueux, l'emmène dans des fêtes où elle reçoit un accès illimité à de l'alcool et à des drogues. Le trafiquant en profite pour repérer les faiblesses de la victime, découvrir ses fragilités ; une fois ces éléments identifiés, ils les retournent contre la victime<ref>{{Lien web |nom1=Lederer|prénom1=Laura|titre=Sold for Sex: The Link between Street Gangs and Trafficking in Persons|url=https://www.nawj.org/uploads/pdf/conferences/2015-Midyear/CLE/link_between_street_gangs_and_trafficking.pdf|périodique=The Protection Project Journal of Human Rights and Civil Society}}.</ref>.


Les membres d'une bande criminelle tendent souvent à arborer des vêtements ou couleurs identiques pour montrer leur engagement ou leur loyauté au gang ; certains tatouent les victimes de trafic sexuel pour montrer qu'elle leur appartient<ref name="Gang - Involved Sex Trafficking">{{Cite news|date=28 September 2014|title=Gang – Involved Sex Trafficking|language=en|work=National Human Trafficking Hotline|url=https://humantraffickinghotline.org/resources/gang-involved-sex-trafficking|access-date=4 May 2017}}</ref>. Des réseaux tatouent les victimes de force pour en revendiquer la propriété<ref>{{Cite journal|last1=Fox|first1=Jan|date=2014|title=Into Hell: Gang-Prostitution of Minors|url=http://scholarlycommons.law.wlu.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1383&context=crsj|journal=Washington and Lee Journal of Civil Rights and Social Justice|volume=20}}</ref>.
Les membres d'une bande criminelle tendent souvent à arborer des vêtements ou couleurs identiques pour montrer leur engagement ou leur loyauté au gang ; certains tatouent les victimes de trafic sexuel pour montrer qu'elle leur appartient<ref name="Gang - Involved Sex Trafficking">{{article|date=28 September 2014|titre=Gang – Involved Sex Trafficking|langue=en|périodique=National Human Trafficking Hotline|url=https://humantraffickinghotline.org/resources/gang-involved-sex-trafficking|consulté le=4 mai 2017}}</ref>. Des réseaux tatouent les victimes de force pour en revendiquer la propriété<ref>{{article|nom1=Fox|prénom1=Jan|date=2014|titre=Into Hell: Gang-Prostitution of Minors|url=http://scholarlycommons.law.wlu.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1383&context=crsj|journal=Washington and Lee Journal of Civil Rights and Social Justice|volume=20}}</ref>.


=== Trafic sexuel intra-familial ===
=== Trafic sexuel intra-familial ===


Dans le trafic sexuel intra-familial, la victime est dominée par des membres de sa famille, qui la livrent à l'exploitation sexuelle en contrepartie de biens de valeur, comme des drogues ou de l'argent. Cette variante est la plus courante dans le trafic sexuel de mineurs (par exemple, une mère peut laisser son petit ami abuser d'un enfant en échange d'un logement). D'après une enquête, 60 % de toutes les victimes mineures de ce trafic sont apparentées au trafiquant<ref>{{Cite journal|last=Cole|first=Jennifer|date=2018|title=Service Providers' Perspectives on Sex Trafficking of Male Minors: Comparing Background and Trafficking Situations of Male and Female Victims |url=https://link.springer.com/content/pdf/10.1007/s10560-018-0530-z.pdf |journal=Child and Adolescent Social Work Journal|volume=35|issue=4|pages=423–433|doi=10.1007/s10560-018-0530-z|s2cid=148667127}}</ref>. Une autre enquête montre que le trafic intra-familial est le plus souvent orchestré par la mère : elle est le principal trafiquant dans 64,5 % des cas. Le trafiquant est le père dans 32,3 % des cas, et il s'agit d'un autre membre de la famille dans 3,2 % des cas<ref>{{Cite journal|last=Sprang|first=Ginny|date=2018|title=Familial Sex Trafficking of Minors: Trafficking Conditions, Clinical Presentation, and System Involvement|journal=Journal of Family Violence |volume=33|issue=3 |pages=185–195 |doi=10.1007/s10896-018-9950-y|s2cid=3548896}}</ref>. Il peut être difficile d'identifier le trafic intra-familial parce que les enfants qui en sont victimes ont souvent davantage de liberté et parfois, ils continuent de fréquenter l'école et les activités périscolaires. Les enfants ne comprennent pas toujours qu'ils font l'objet d'un trafic, ou alors ils ne voient aucun moyen de s'y soustraire. Pour certains auteurs, le trafic intra-familial est la forme de trafic sexuel la plus courante sur le sol des États-Unis<ref name="rapidassessment" />{{,}}<ref name="auto1">{{cite web|url=http://humantraffickingcenter.org/forced-marriage-united-states/|title=Forced Marriage in the United States – Human Trafficking CenterHuman Trafficking Center|website=humantraffickingcenter.org}}</ref>.
Dans le trafic sexuel intra-familial, la victime est dominée par des membres de sa famille, qui la livrent à l'exploitation sexuelle en contrepartie de biens de valeur, comme des drogues ou de l'argent. Cette variante est la plus courante dans le trafic sexuel de mineurs (par exemple, une mère peut laisser son petit ami abuser d'un enfant en échange d'un logement). D'après une enquête, 60 % de toutes les victimes mineures de ce trafic sont apparentées au trafiquant<ref>{{article|nom=Cole|prénom=Jennifer|date=2018|titre=Service Providers' Perspectives on Sex Trafficking of Male Minors: Comparing Background and Trafficking Situations of Male and Female Victims |url=https://link.springer.com/content/pdf/10.1007/s10560-018-0530-z.pdf |journal=Child and Adolescent Social Work Journal|volume=35|numéro=4|pages=423–433|doi=10.1007/s10560-018-0530-z|s2cid=148667127}}</ref>. Une autre enquête montre que le trafic intra-familial est le plus souvent orchestré par la mère : elle est le principal trafiquant dans 64,5 % des cas. Le trafiquant est le père dans 32,3 % des cas, et il s'agit d'un autre membre de la famille dans 3,2 % des cas<ref>{{article|nom=Sprang|prénom=Ginny|date=2018|titre=Familial Sex Trafficking of Minors: Trafficking Conditions, Clinical Presentation, and System Involvement|journal=Journal of Family Violence |volume=33|numéro=3 |pages=185–195 |doi=10.1007/s10896-018-9950-y|s2cid=3548896}}</ref>. Il peut être difficile d'identifier le trafic intra-familial parce que les enfants qui en sont victimes ont souvent davantage de liberté et parfois, ils continuent de fréquenter l'école et les activités périscolaires. Les enfants ne comprennent pas toujours qu'ils font l'objet d'un trafic, ou alors ils ne voient aucun moyen de s'y soustraire. Pour certains auteurs, le trafic intra-familial est la forme de trafic sexuel la plus courante sur le sol des États-Unis<ref name="rapidassessment" />{{,}}<ref name="auto1">{{lien web|url=http://humantraffickingcenter.org/forced-marriage-united-states/|titre=Forced Marriage in the United States – Human Trafficking CenterHuman Trafficking Center|website=humantraffickingcenter.org}}</ref>.


Cette forme de trafic sexuel est aussi extrêmement courante hors des États-Unis. De nombreuses familles vivant dans des secteurs pauvres (Inde, [[Thaïlande]], [[Philippines]], etc) sont confrontées à des problèmes tels que le règlement d'une dette ou les traditions, qui conduisent à vendre un enfant, le plus souvent une fille. En Thaïlande, la tradition appelée ''bhun kun'' veut que la plus jeune fille d'un couple devienne responsable, sur le plan économique, de ses parents quand ils deviennent âgés. Kara Siddharth a interrogé une jeune victime qui déclare que, même si elle déteste l'hommeavec qui elle vit, « elle se sent fière de remplir ses devoirs envers ses parents, car le propriétaire du bordel envoie de petites sommes d'argent à son père une fois que la dette issue du trafic est payée ». Dans ce pays, comme dans de nombreux autres, les classes sociales les plus précaires se tournent vers cette source de revenus. De nombreux enfants sont vendues pour rembourser une dette ou, tout simplement, pour que la famille puisse se nourrir pendant un mois<ref>{{Cite book|title=Sex Trafficking: An Overview |last1=Kara |first1=Siddharth |publisher=Columbia University Press| year=2010|isbn=9780231139618|location=New York|pages=1–44}}</ref>{{,}}<ref>Brock, J. Brock, M. (Director). (2013). Red Light, Green Light [Video file]. Media Education Foundation.</ref>.
Cette forme de trafic sexuel est aussi extrêmement courante hors des États-Unis. De nombreuses familles vivant dans des secteurs pauvres (Inde, [[Thaïlande]], [[Philippines]], etc) sont confrontées à des problèmes tels que le règlement d'une dette ou les traditions, qui conduisent à vendre un enfant, le plus souvent une fille. En Thaïlande, la tradition appelée ''bhun kun'' veut que la plus jeune fille d'un couple devienne responsable, sur le plan économique, de ses parents quand ils deviennent âgés. Kara Siddharth a interrogé une jeune victime qui déclare que, même si elle déteste l'hommeavec qui elle vit, « elle se sent fière de remplir ses devoirs envers ses parents, car le propriétaire du bordel envoie de petites sommes d'argent à son père une fois que la dette issue du trafic est payée ». Dans ce pays, comme dans de nombreux autres, les classes sociales les plus précaires se tournent vers cette source de revenus. De nombreux enfants sont vendues pour rembourser une dette ou, tout simplement, pour que la famille puisse se nourrir pendant un mois<ref>{{ouvrage|titre=Sex Trafficking: An Overview |nom1=Kara |prénom1=Siddharth |éditeur=Columbia University Press| année=2010|isbn=9780231139618|lieu=New York|pages=1–44}}</ref>{{,}}<ref>Brock, J. Brock, M. (Director). (2013). Red Light, Green Light [Video file]. Media Education Foundation.</ref>.


=== Trafic sexuel par Internet ===
=== Trafic sexuel par Internet ===
{{Article détaillé|contenu=Article connexe : {{Lien|langue=en|trad=Cybersex trafficking|fr=Trafic sexuel par Internet}}}}
{{Article détaillé|contenu=Article connexe : {{Lien|langue=en|trad=Cybersex trafficking|fr=Trafic sexuel par Internet}}}}


Le trafic sexuel par [[Internet]] repose sur le trafic d'êtres humains et sur la [[Diffusion de crime en direct sur Internet|diffusion en direct par Internet]] d'actes sexuels contraints ou de viols filmés au moyen d'une webcam<ref name=autogenerated3>{{cite web|url=https://www.prnewswire.com/news-releases/ijm-seeks-to-end-cybersex-trafficking-of-children-and-restartfreedom-this-cyber-monday-and-giving-tuesday-300368744.html|title=IJM Seeks to End Cybersex Trafficking of Children and #RestartFreedom this Cyber Monday and Giving Tuesday|date=28 November 2016|website=PR Newswire}}</ref>{{,}}<ref name=autogenerated2>{{cite web|url=https://www.ijmuk.org/our-work/cybersex-trafficking|title=Cybersex Trafficking|date=2020|website=IJM}}</ref>{{,}}<ref>{{cite web|url=https://www.cnn.com/2013/07/17/world/asia/philippines-cybersex-trafficking/index.html|title=Cyber-sex trafficking: A 21st century scourge|date=18 July 2013|website=CNN}}</ref>. Les victimes sont enlevées, menacées ou victimes d'une imposture puis livrées à des « antres du cybersexe » (''{{lang|en|cybersex dens}}'')<ref>{{cite web|url=https://www.philstar.com/headlines/2020/04/13/2006955/senator-warns-possible-surge-child-cybersex-traffic|title=Senator warns of possible surge in child cybersex traffic|date= 13 April 2020|website=The Philippine Star}}</ref>{{,}}<ref>{{cite web|url=https://theaseanpost.com/article/dutertes-drug-war-and-child-cybersex-trafficking|title=Duterte's drug war and child cybersex trafficking|date=18 October 2019|website=The ASEAN Post}}</ref>{{,}}<ref>{{cite web|url=https://news.mb.com.ph/2020/05/01/norwegian-national-partner-nabbed-4-rescued-from-cybersex-den/|title=Norwegian national, partner nabbed; 4 rescued from cybersex den|date=1 May 2020|website=Manila Bulletin}}</ref>. Ces « antres » peuvent renvoyer à n'importe quel lieu où les trafiquants sexuels par Internet disposent d'un ordinateur, d'une [[Tablette tactile|tablette]] ou d'un [[smartphone]] doté d'une connexion à Internet<ref name=autogenerated2 />. Les criminels passent par les [[réseaux sociaux]], les [[visioconférences]], les sites de partage de vidéos pornographiques, les [[Site de rencontres|sites de rencontre]], les [[Salon de discussion|salons de discussion]], les [[Application mobile|applications mobiles]], le [[dark web]]<ref name=autogenerated1>{{cite web|url=https://www.nbcnews.com/tech/tech-news/cheap-tech-widespread-internet-access-fuel-rise-cybersex-trafficking-n886886|title=Cheap tech and widespread internet access fuel rise in cybersex trafficking|date=30 June 2018|website=NBC News}}</ref> et d'autres interfaces<ref>{{cite web|url=https://www.philstar.com/headlines/2019/11/11/1967750/senate-probe-rise-child-cybersex-trafficking|title=Senate to probe rise in child cybersex trafficking|date= 11 November 2019|website=The Philippine Star}}</ref>.
Le trafic sexuel par [[Internet]] repose sur le trafic d'êtres humains et sur la [[Diffusion de crime en direct sur Internet|diffusion en direct par Internet]] d'actes sexuels contraints ou de viols filmés au moyen d'une webcam<ref name=autogenerated3>{{lien web|url=https://www.prnewswire.com/news-releases/ijm-seeks-to-end-cybersex-trafficking-of-children-and-restartfreedom-this-cyber-monday-and-giving-tuesday-300368744.html|titre=IJM Seeks to End Cybersex Trafficking of Children and #RestartFreedom this Cyber Monday and Giving Tuesday|date=28 November 2016|website=PR Newswire}}</ref>{{,}}<ref name=autogenerated2>{{lien web|url=https://www.ijmuk.org/our-work/cybersex-trafficking|titre=Cybersex Trafficking|date=2020|website=IJM}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.cnn.com/2013/07/17/world/asia/philippines-cybersex-trafficking/index.html|titre=Cyber-sex trafficking: A 21st century scourge|date=18 July 2013|website=CNN}}</ref>. Les victimes sont enlevées, menacées ou victimes d'une imposture puis livrées à des « antres du cybersexe » (''{{lang|en|cybersex dens}}'')<ref>{{lien web|url=https://www.philstar.com/headlines/2020/04/13/2006955/senator-warns-possible-surge-child-cybersex-traffic|titre=Senator warns of possible surge in child cybersex traffic|date= 13 April 2020|website=The Philippine Star}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://theaseanpost.com/article/dutertes-drug-war-and-child-cybersex-trafficking|titre=Duterte's drug war and child cybersex trafficking|date=18 October 2019|website=The ASEAN Post}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://news.mb.com.ph/2020/05/01/norwegian-national-partner-nabbed-4-rescued-from-cybersex-den/|titre=Norwegian national, partner nabbed; 4 rescued from cybersex den|date=1 May 2020|website=Manila Bulletin}}</ref>. Ces « antres » peuvent renvoyer à n'importe quel lieu où les trafiquants sexuels par Internet disposent d'un ordinateur, d'une [[Tablette tactile|tablette]] ou d'un [[smartphone]] doté d'une connexion à Internet<ref name=autogenerated2 />. Les criminels passent par les [[réseaux sociaux]], les [[visioconférences]], les sites de partage de vidéos pornographiques, les [[Site de rencontres|sites de rencontre]], les [[Salon de discussion|salons de discussion]], les [[Application mobile|applications mobiles]], le [[dark web]]<ref name=autogenerated1>{{lien web|url=https://www.nbcnews.com/tech/tech-news/cheap-tech-widespread-internet-access-fuel-rise-cybersex-trafficking-n886886|titre=Cheap tech and widespread internet access fuel rise in cybersex trafficking|date=30 June 2018|website=NBC News}}</ref> et d'autres interfaces<ref>{{lien web|url=https://www.philstar.com/headlines/2019/11/11/1967750/senate-probe-rise-child-cybersex-trafficking|titre=Senate to probe rise in child cybersex trafficking|date= 11 November 2019|website=The Philippine Star}}</ref>.


Ce type de trafic sexuel a explosé depuis l'avènement de l'[[ère numérique]]<ref name=autogenerated3 />{{,}}<ref name=autogenerated2 /> et le développement des systèmes de paiement en ligne<ref name=autogenerated1 />{{,}}<ref>{{cite web|url=https://www.reuters.com/article/us-philippines-trafficking-children/global-taskforce-tackles-cybersex-child-trafficking-in-the-philippines-idUSKCN1RR1D1|title=Global taskforce tackles cybersex child trafficking in the Philippines|date=15 April 2019|website=Reuters}}</ref>{{,}}<ref>{{cite web|url=https://www.reuters.com/article/us-philippines-trafficking-technology/webcam-slavery-tech-turns-filipino-families-into-cybersex-child-traffickers-idUSKBN1JE00X|title=Webcam slavery: tech turns Filipino families into cybersex child traffickers|date=17 June 2018|website=Reuters}}</ref> et des [[cryptomonnaies]] qui permettent de dissimuler l'identité des auteurs des transactions<ref>{{cite web|url=https://www.scmp.com/comment/insight-opinion/article/3008403/how-internet-fuels-sexual-exploitation-and-forced-labour|title=How the internet fuels sexual exploitation and forced labour in Asia|date=2 May 2019|website=South China Morning Post}}</ref>. Chaque année, les autorités reçoivent des millions de signalement d'abus sexuels par Internet<ref>{{cite web|url=https://sencanada.ca/en/content/sen/chamber/421/debates/194db_2018-04-18-e|title=1st Session, 42nd Parliament, Volume 150, Issue 194|date=18 April 2018|website=Senate of Canada}}</ref>. Au {{S-|XXI|e}}, la lutte contre cette forme de criminalité appelle de nouvelles législations et de nouvelles procédures policières<ref>{{cite web|url=https://www.scmp.com/news/asia/southeast-asia/article/3026664/how-cambodias-outdated-laws-make-it-harder-tackle-cybersex|title=Cybersex trafficking spreads across Southeast Asia, fuelled by internet boom. And the law lags behind|date=11 September 2019|website=South China Morning Post}}</ref>.
Ce type de trafic sexuel a explosé depuis l'avènement de l'[[ère numérique]]<ref name=autogenerated3 />{{,}}<ref name=autogenerated2 /> et le développement des systèmes de paiement en ligne<ref name=autogenerated1 />{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.reuters.com/article/us-philippines-trafficking-children/global-taskforce-tackles-cybersex-child-trafficking-in-the-philippines-idUSKCN1RR1D1|titre=Global taskforce tackles cybersex child trafficking in the Philippines|date=15 April 2019|website=Reuters}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.reuters.com/article/us-philippines-trafficking-technology/webcam-slavery-tech-turns-filipino-families-into-cybersex-child-traffickers-idUSKBN1JE00X|titre=Webcam slavery: tech turns Filipino families into cybersex child traffickers|date=17 June 2018|website=Reuters}}</ref> et des [[cryptomonnaies]] qui permettent de dissimuler l'identité des auteurs des transactions<ref>{{lien web|url=https://www.scmp.com/comment/insight-opinion/article/3008403/how-internet-fuels-sexual-exploitation-and-forced-labour|titre=How the internet fuels sexual exploitation and forced labour in Asia|date=2 May 2019|website=South China Morning Post}}</ref>. Chaque année, les autorités reçoivent des millions de signalement d'abus sexuels par Internet<ref>{{lien web|url=https://sencanada.ca/en/content/sen/chamber/421/debates/194db_2018-04-18-e|titre=1st Session, 42nd Parliament, Volume 150, Issue 194|date=18 April 2018|website=Senate of Canada}}</ref>. Au {{S-|XXI|e}}, la lutte contre cette forme de criminalité appelle de nouvelles législations et de nouvelles procédures policières<ref>{{lien web|url=https://www.scmp.com/news/asia/southeast-asia/article/3026664/how-cambodias-outdated-laws-make-it-harder-tackle-cybersex|titre=Cybersex trafficking spreads across Southeast Asia, fuelled by internet boom. And the law lags behind|date=11 September 2019|website=South China Morning Post}}</ref>.


=== Mariage forcé ===
=== Mariage forcé ===
{{voir aussi|Mariage forcé|mariage d'enfant}}
{{voir aussi|Mariage forcé|mariage d'enfant}}


Le mariage forcé est une union conjugale dans laquelle l'une des parties, voire les deux, sont mariées sans avoir formulé librement leur consentement<ref>{{cite web|url=https://www.bbc.co.uk/ethics/forcedmarriage/introduction_1.shtml|title=BBC – Ethics – Forced Marriages: Introduction|work=bbc.co.uk}}</ref>.
Le mariage forcé est une union conjugale dans laquelle l'une des parties, voire les deux, sont mariées sans avoir formulé librement leur consentement<ref>{{lien web|url=https://www.bbc.co.uk/ethics/forcedmarriage/introduction_1.shtml|titre=BBC – Ethics – Forced Marriages: Introduction|site=bbc.co.uk}}</ref>.


Le « mariage servile » est un mariage dans lequel l'une des parties fait l'objet d'une vente, d'un transfert de propriété ou d'un héritage<ref>{{cite web|url=http://www.aic.gov.au/publications/current%20series/rip/21-40/rip32.html|title=Forced and servile marriage in the context of human trafficking|date=3 November 2017|work=aic.gov.au}}</ref>. D'après l'[[ECPAT]], « le [[trafic d'enfant]] à des fins de mariage forcé n'est qu'une déclinaison de la traite des êtres humains, et cette variante n'est pas circonscrite à une nationalité ou à un pays en particulier »<ref name="ecpat.org.uk">{{cite web|url=http://www.ecpat.org.uk/sites/default/files/forced_marriage_ecpat_uk_wise.pdf|title=Child Trafficking for Forced Marriage|archive-url=https://web.archive.org/web/20130718000206/http://www.ecpat.org.uk/sites/default/files/forced_marriage_ecpat_uk_wise.pdf|archive-date=18 July 2013|url-status=dead|access-date=14 April 2014}}</ref>.
Le « mariage servile » est un mariage dans lequel l'une des parties fait l'objet d'une vente, d'un transfert de propriété ou d'un héritage<ref>{{lien web|url=http://www.aic.gov.au/publications/current%20series/rip/21-40/rip32.html|titre=Forced and servile marriage in the context of human trafficking|date=3 November 2017|site=aic.gov.au}}</ref>. D'après l'[[ECPAT]], « le [[trafic d'enfant]] à des fins de mariage forcé n'est qu'une déclinaison de la traite des êtres humains, et cette variante n'est pas circonscrite à une nationalité ou à un pays en particulier »<ref name="ecpat.org.uk">{{lien web|url=http://www.ecpat.org.uk/sites/default/files/forced_marriage_ecpat_uk_wise.pdf|titre=Child Trafficking for Forced Marriage|archive-url=https://web.archive.org/web/20130718000206/http://www.ecpat.org.uk/sites/default/files/forced_marriage_ecpat_uk_wise.pdf|archive-date=18 July 2013|url-status=dead|consulté le=14 avril 2014}}</ref>.


Un mariage forcé peut correspondre à une forme de traite d'êtres humains dans certaines situations. Ainsi, lorsqu'une femme est déplacée à l'étranger, forcée de se marier puis obligée d'accepter des actes sexuels avec son « conjoint », son expérience relève du trafic sexuel. Si la « mariée » est traitée comme esclave domestique par son nouveau « mari » et/ou par la famille de celui-ci, alors il s'agit d'une forme de « trafic lié au travail forcé »<ref>{{cite web|url=http://give.theahafoundation.org/blog-0/bid/149715/Forced-Marriage-and-the-Many-Faces-of-Human-Trafficking|title=Forced Marriage and the Many Faces of Human Trafficking|work=theahafoundation.org}}</ref>.
Un mariage forcé peut correspondre à une forme de traite d'êtres humains dans certaines situations. Ainsi, lorsqu'une femme est déplacée à l'étranger, forcée de se marier puis obligée d'accepter des actes sexuels avec son « conjoint », son expérience relève du trafic sexuel. Si la « mariée » est traitée comme esclave domestique par son nouveau « mari » et/ou par la famille de celui-ci, alors il s'agit d'une forme de « trafic lié au travail forcé »<ref>{{lien web|url=http://give.theahafoundation.org/blog-0/bid/149715/Forced-Marriage-and-the-Many-Faces-of-Human-Trafficking|titre=Forced Marriage and the Many Faces of Human Trafficking|site=theahafoundation.org}}</ref>.


D'après l'ONU, entre 2011 et 2020, environ 140 millions de jeunes filles de moins de 15 ans (soit {{nombre|39000}} chaque jour) sont contraintes d'accepter un mariage précoce<ref>{{cite web|url=https://www.un.org/youthenvoy/2013/09/child-marriages-39000-every-day-more-than-140-million-girls-will-marry-between-2011-and-2020/|title=Child Marriages: 39,000 Every Day – More than 140 million girls will marry between 2011 and 2020|date=7 March 2013 |website=www.un.org| access-date=13 December 2018}}</ref>. Le mariage forcé, que les Nations unies qualifient de « forme d'[[esclavage contemporain]] », est conclu sans le consentement réel de l'homme ou de la femme et il est corrélé à des menaces formulées par la famille de l'épouse ou de l'époux. Le mariage forcé peut aussi se produire aux États-Unis, où il est nécessaire de clarifier ce qui constitue un mariage forcé<ref name="auto1" />.
D'après l'ONU, entre 2011 et 2020, environ 140 millions de jeunes filles de moins de 15 ans (soit {{nombre|39000}} chaque jour) sont contraintes d'accepter un mariage précoce<ref>{{lien web|url=https://www.un.org/youthenvoy/2013/09/child-marriages-39000-every-day-more-than-140-million-girls-will-marry-between-2011-and-2020/|titre=Child Marriages: 39,000 Every Day – More than 140 million girls will marry between 2011 and 2020|date=7 March 2013 |website=www.un.org| consulté le=13 décembre 2018}}</ref>. Le mariage forcé, que les Nations unies qualifient de « forme d'[[esclavage contemporain]] », est conclu sans le consentement réel de l'homme ou de la femme et il est corrélé à des menaces formulées par la famille de l'épouse ou de l'époux. Le mariage forcé peut aussi se produire aux États-Unis, où il est nécessaire de clarifier ce qui constitue un mariage forcé<ref name="auto1" />.


== Causes ==
== Causes ==


Le trafic sexuel n'est pas l'effet d'une seule cause simple ; il repose sur de multiples facteurs interdépendants dans les sphères politique, socioéconomique, gouvernementale et sociétale<ref>{{Cite book|title=Gender and Human Rights in the Commonwealth Some Critical Issues for Action in the Decade 2005–2015|last1=Secretariat.|first1=Commonwealth|date=2004|publisher=Commonwealth Secretariat|isbn=9781848598553|oclc=1032573761}}</ref>. Les moteurs du trafic sexuel, quand ils sont identifiés, se trouvent aux carrefours de tous les facteurs précédents. Trois types de moteurs ont été recensés : les hiérarchies de genre, les migrations de travail (facteur d'appel) et la [[mondialisation]] [[Néolibéralisme|néolibérale]] (facteur de sortie).
Le trafic sexuel n'est pas l'effet d'une seule cause simple ; il repose sur de multiples facteurs interdépendants dans les sphères politique, socioéconomique, gouvernementale et sociétale<ref>{{ouvrage|titre=Gender and Human Rights in the Commonwealth Some Critical Issues for Action in the Decade 2005–2015|nom1=Secretariat.|prénom1=Commonwealth|date=2004|éditeur=Commonwealth Secretariat|isbn=9781848598553|oclc=1032573761}}</ref>. Les moteurs du trafic sexuel, quand ils sont identifiés, se trouvent aux carrefours de tous les facteurs précédents. Trois types de moteurs ont été recensés : les hiérarchies de genre, les migrations de travail (facteur d'appel) et la [[mondialisation]] [[Néolibéralisme|néolibérale]] (facteur de sortie).


De nombreux universitaires critiquent les hiérarchies de pouvoir fondées sur le genre, la couleur et les classes sociales, qui sous-tendent les systèmes économiques et perpétuent l'exposition des femmes au risque de trafic sexuel. Lauren Copley affirme que les femmes vivant dans les [[Sous-développement|pays sous-développés]] se trouvent sans recours devant les hiérarchies du pouvoir<ref>{{Cite journal|last1=Copley|first1=Lauren|date=31 October 2014|title=What does policy have to do with it? The political economy of Latino sex trafficking in the United States|journal=Crime, Law and Social Change|volume=62|issue=5|pages=571–584|doi=10.1007/s10611-014-9542-6|s2cid=143668692|issn=0925-4994}}</ref>. Karmen Matusek la rejoint et relève que la [[mondialisation]] étend les hiérarchies de pouvoir à mesure que s'étendent les politiques économiques<ref name=":04">{{Cite book|title=Under the surface of sex trafficking : socio-economic and cultural perpetrators of gender-based violence in India|last1=Marie.|first1=Matusek, Karmen|oclc=994684683}}</ref>. Les conceptions sur le genre sont donc perpétuées par la mondialisation et renforce la vulnérabilité des femmes<ref name=":04" />. Matusek estime que la masculinité occupe une place privilégiée en termes de pouvoir et de contrôle au sein de ces hiérarchies<ref name=":04" />. Elle relève que la féminité est rattachée à des qualités de soumission et de passivité<ref name=":04" />. Le manque de pouvoir de la féminité conduit les femmes à être exploitées par les hommes, qui finissent par les voir comme à leur disposition<ref name=":04" />. Cette vision sur les femmes se perpétue par la mondialisation des hiérarchies de pouvoir qui, pour Matusek, justifient et banalisent la violence et le pouvoir exercés contre les femmes<ref name=":04" />. Cette normalisation de la violence et du pouvoir joue un rôle central dans l'existence et la perpétuation du trafic sexuel<ref name=":14">{{Cite book|title=Sex Trafficking: The Impact of War, Militarism and Globalization in Eastern Europe|last1=Nikolic-Ristanovic |first1=Vesna |date=2003 |publisher=University of Michigan, Ann Arbor: Michigan Feminist Studies|oclc=688491916}}</ref>.
De nombreux universitaires critiquent les hiérarchies de pouvoir fondées sur le genre, la couleur et les classes sociales, qui sous-tendent les systèmes économiques et perpétuent l'exposition des femmes au risque de trafic sexuel. Lauren Copley affirme que les femmes vivant dans les [[Sous-développement|pays sous-développés]] se trouvent sans recours devant les hiérarchies du pouvoir<ref>{{article|nom1=Copley|prénom1=Lauren|date=31 October 2014|titre=What does policy have to do with it? The political economy of Latino sex trafficking in the United States|journal=Crime, Law and Social Change|volume=62|numéro=5|pages=571–584|doi=10.1007/s10611-014-9542-6|s2cid=143668692|issn=0925-4994}}</ref>. Karmen Matusek la rejoint et relève que la [[mondialisation]] étend les hiérarchies de pouvoir à mesure que s'étendent les politiques économiques<ref name=":04">{{ouvrage|titre=Under the surface of sex trafficking : socio-economic and cultural perpetrators of gender-based violence in India|nom1=Marie.|prénom1=Matusek, Karmen|oclc=994684683}}</ref>. Les conceptions sur le genre sont donc perpétuées par la mondialisation et renforce la vulnérabilité des femmes<ref name=":04" />. Matusek estime que la masculinité occupe une place privilégiée en termes de pouvoir et de contrôle au sein de ces hiérarchies<ref name=":04" />. Elle relève que la féminité est rattachée à des qualités de soumission et de passivité<ref name=":04" />. Le manque de pouvoir de la féminité conduit les femmes à être exploitées par les hommes, qui finissent par les voir comme à leur disposition<ref name=":04" />. Cette vision sur les femmes se perpétue par la mondialisation des hiérarchies de pouvoir qui, pour Matusek, justifient et banalisent la violence et le pouvoir exercés contre les femmes<ref name=":04" />. Cette normalisation de la violence et du pouvoir joue un rôle central dans l'existence et la perpétuation du trafic sexuel<ref name=":14">{{ouvrage|titre=Sex Trafficking: The Impact of War, Militarism and Globalization in Eastern Europe|nom1=Nikolic-Ristanovic |prénom1=Vesna |date=2003 |éditeur=University of Michigan, Ann Arbor: Michigan Feminist Studies|oclc=688491916}}</ref>.


Vesna Nikolic-Ristanovic examine le rôle de la féminité perçue dans l'exposition des femmes au trafic sexuel en analysant particulièrement les liens entre le [[militarisme]] et la [[sexualité féminine]]<ref name=":14" />. L'autrice exprime une connection entre les [[viols de guerre]], la [[prostitution forcée]] et le trafic sexuel<ref name=":14" />. La manière dont le corps des femmes sont utilisés en temps de guerre dépend de la normalisation de la violence et du pouvoir contre les femmes<ref name=":14" />. Nikovic-Ristanovic soutient que la présence de militaires, même en temps de paix, soutient des conceptions de genre qui fragilisent les femmes<ref name=":14" />. Ces conceptions de genre renvoient à la [[masculinité hégémonique]], que l'autrice décrit comme l'hyper sexualité des hommes et la soumission ou la passivité des femmes et des filles<ref name=":14" />. Nikolic-Ristanovic remarque que l'intégration mondiale de cette définition justifie l'exploitation et la violence contre les femmes, puisque les femmes sont vues comme des [[objet sexuel|objets sexuels]] voués à assouvir le désir sexuel des hommes<ref name=":14" />. L'autrice affirme que cet idéal occidental de sexualité [[Hétéronormativité|hétéronormée]] se perpétue dans les médias et la publicité, où les femmes sont incitées à paraître sexuellement désirables pour les hommes<ref name=":14" />.
Vesna Nikolic-Ristanovic examine le rôle de la féminité perçue dans l'exposition des femmes au trafic sexuel en analysant particulièrement les liens entre le [[militarisme]] et la [[sexualité féminine]]<ref name=":14" />. L'autrice exprime une connection entre les [[viols de guerre]], la [[prostitution forcée]] et le trafic sexuel<ref name=":14" />. La manière dont le corps des femmes sont utilisés en temps de guerre dépend de la normalisation de la violence et du pouvoir contre les femmes<ref name=":14" />. Nikovic-Ristanovic soutient que la présence de militaires, même en temps de paix, soutient des conceptions de genre qui fragilisent les femmes<ref name=":14" />. Ces conceptions de genre renvoient à la [[masculinité hégémonique]], que l'autrice décrit comme l'hyper sexualité des hommes et la soumission ou la passivité des femmes et des filles<ref name=":14" />. Nikolic-Ristanovic remarque que l'intégration mondiale de cette définition justifie l'exploitation et la violence contre les femmes, puisque les femmes sont vues comme des [[objet sexuel|objets sexuels]] voués à assouvir le désir sexuel des hommes<ref name=":14" />. L'autrice affirme que cet idéal occidental de sexualité [[Hétéronormativité|hétéronormée]] se perpétue dans les médias et la publicité, où les femmes sont incitées à paraître sexuellement désirables pour les hommes<ref name=":14" />.


Kim Anh Duong estime que les constructions sociales sur les femmes qui naissent des hiérarchies de pouvoir, conjuguées aux réalités économiques des femmes, exposent celles-ci à l'exploitation et au trafic sexuel<ref name=":23">{{Cite journal|last1=Duong|first1=Kim Anh|date=2012|title=Human Trafficking in a Globalized World: Gender Aspects of the Issue and Anti-trafficking Politics|journal=Journal of Research in Gender Studies|volume=2|pages=48–65|id={{ProQuest|1272096082}}}}</ref>. Duong s'appuie sur les récits, largement représentés, des femmes qui se trouvent dans la situation de victimes désavantagées<ref name=":23" />. Elle estime que cette construction sociale provoque l'impuissance des femmes, qui est perpétuée par les realités sociales et économiques qui dérivent du processus de développement dans lequel les femmes sont dépendantes des hommes<ref name=":23" />. À cause de cette impuissance générale, d'après Duong, les femmes sont des proies faciles à des fins d'exploitation et de violence<ref name=":23" />.
Kim Anh Duong estime que les constructions sociales sur les femmes qui naissent des hiérarchies de pouvoir, conjuguées aux réalités économiques des femmes, exposent celles-ci à l'exploitation et au trafic sexuel<ref name=":23">{{article|nom1=Duong|prénom1=Kim Anh|date=2012|titre=Human Trafficking in a Globalized World: Gender Aspects of the Issue and Anti-trafficking Politics|journal=Journal of Research in Gender Studies|volume=2|pages=48–65|id={{ProQuest|1272096082}}}}</ref>. Duong s'appuie sur les récits, largement représentés, des femmes qui se trouvent dans la situation de victimes désavantagées<ref name=":23" />. Elle estime que cette construction sociale provoque l'impuissance des femmes, qui est perpétuée par les realités sociales et économiques qui dérivent du processus de développement dans lequel les femmes sont dépendantes des hommes<ref name=":23" />. À cause de cette impuissance générale, d'après Duong, les femmes sont des proies faciles à des fins d'exploitation et de violence<ref name=":23" />.
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Susan Tiefenbrun, like Duong, notes women's lower status of power and consequential dependence on men.<ref name=":7">{{Cite journal|last1=Tiefenbrun|first1=Susan|date=2002|title=The Saga of Susannah A U.S. Remedy for Sex Trafficking in Women: The Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000|url=http://www.justice.gov.il/Units/Trafficking/MainDocs/The%20Saga%20of%20Susannah.pdf|journal=Utah Law Review}}</ref> Tiefenbrun, unlike Duong, cites cultural norms as the cause of this vulnerability.<ref name=":7" /> She argues that cultural norms deprive women of access to and time for receiving an education or learning skills to improve employment opportunities.<ref name=":7" /> This lack of education and access to employment results in women's dependence on men.<ref name=":7" /> Tiefenbrun argues that women's dependence renders them more vulnerable to traffickers.<ref name=":7" />
Susan Tiefenbrun, like Duong, notes women's lower status of power and consequential dependence on men.<ref name=":7">{{article|nom1=Tiefenbrun|prénom1=Susan|date=2002|titre=The Saga of Susannah A U.S. Remedy for Sex Trafficking in Women: The Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000|url=http://www.justice.gov.il/Units/Trafficking/MainDocs/The%20Saga%20of%20Susannah.pdf|journal=Utah Law Review}}</ref> Tiefenbrun, unlike Duong, cites cultural norms as the cause of this vulnerability.<ref name=":7" /> She argues that cultural norms deprive women of access to and time for receiving an education or learning skills to improve employment opportunities.<ref name=":7" /> This lack of education and access to employment results in women's dependence on men.<ref name=":7" /> Tiefenbrun argues that women's dependence renders them more vulnerable to traffickers.<ref name=":7" />


Another school of thought attributes women's migration for work in a context of strict immigration controls as the primary factor in women's vulnerability in becoming trafficked for sex. There has been an increase in women migrating within and across borders. Duong cites a demand for women migrant workers which encourages migration.<ref name=":23" /> The globalization of neoliberalism has shifted the global economy's focus to export production. Duong notes that there is a demand for women in export production because employers are able to pay them the lowest wages.<ref name=":23" /> Another reason for the demand of women workers is that there is a demand for care work.<ref name=":23" /> Since care work is gendered as women's work, Duong argues that women are encouraged to migrate to fill this demand.<ref name=":23" /> Janie Chuang is one scholar who notes the strict border controls which leave women who migrate for work in informal labor sectors, such as for care work, with little opportunity for legal migration.<ref name=":32">{{Cite journal|last1=Chuang|first1=Janie|date=2006|title=Beyond a Snapshot: Preventing Human Trafficking in the Global Economy|journal=Indiana Journal of Global Legal Studies|volume=13|issue=1|pages=137–163|doi=10.1353/gls.2006.0002|issn=1543-0367|url=https://www.repository.law.indiana.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1323&context=ijgls}}</ref> Chuang notes that women are thus more vulnerable to being taken advantage of by sex traffickers who provide opportunities for illegal migration.<ref name=":32" /> Strict immigration laws are also cited by Tiefenbrun as a key factor in individuals entering sex trafficking because women will agree to [[debt bondage]]s and sex traffickers’ incentives to flee their social and economic realities.<ref name=":7" />
Another school of thought attributes women's migration for work in a context of strict immigration controls as the primary factor in women's vulnerability in becoming trafficked for sex. There has been an increase in women migrating within and across borders. Duong cites a demand for women migrant workers which encourages migration.<ref name=":23" /> The globalization of neoliberalism has shifted the global economy's focus to export production. Duong notes that there is a demand for women in export production because employers are able to pay them the lowest wages.<ref name=":23" /> Another reason for the demand of women workers is that there is a demand for care work.<ref name=":23" /> Since care work is gendered as women's work, Duong argues that women are encouraged to migrate to fill this demand.<ref name=":23" /> Janie Chuang is one scholar who notes the strict border controls which leave women who migrate for work in informal labor sectors, such as for care work, with little opportunity for legal migration.<ref name=":32">{{article|nom1=Chuang|prénom1=Janie|date=2006|titre=Beyond a Snapshot: Preventing Human Trafficking in the Global Economy|journal=Indiana Journal of Global Legal Studies|volume=13|numéro=1|pages=137–163|doi=10.1353/gls.2006.0002|issn=1543-0367|url=https://www.repository.law.indiana.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1323&context=ijgls}}</ref> Chuang notes that women are thus more vulnerable to being taken advantage of by sex traffickers who provide opportunities for illegal migration.<ref name=":32" /> Strict immigration laws are also cited by Tiefenbrun as a key factor in individuals entering sex trafficking because women will agree to [[debt bondage]]s and sex traffickers’ incentives to flee their social and economic realities.<ref name=":7" />


One cause for women's migration that is widely agreed upon by scholars is the economic pressure upon women due to [[Neoliberalism|neoliberal]] globalization. Siddharth Kara argues that globalization and the spread of [[Capitalism|Western Capitalism]] drive inequality and rural poverty, which are the material causes for sex trafficking.<ref name="Inside the Business of Modern Slavery" /> Dong-Hoon Seol points out unequal development between countries as an effect of the globalization of neoliberalism.<ref name=":43">{{Cite journal|last1=Dong-Hoon|first1=Seol|date=January 2004|title=International Sex Trafficking in Women in Korea: Its Causes, Consequences and Countermeasures|journal=Asian Journal of Women's Studies|volume=10|issue=2|pages=7–47|doi=10.1080/12259276.2004.11665968|s2cid=155642740|issn=1225-9276}}</ref> He argues that the growing disparity of wealth between developed and underdeveloped countries leads to migration of women from underdeveloped countries.<ref name=":43" />
One cause for women's migration that is widely agreed upon by scholars is the economic pressure upon women due to [[Neoliberalism|neoliberal]] globalization. Siddharth Kara argues that globalization and the spread of [[Capitalism|Western Capitalism]] drive inequality and rural poverty, which are the material causes for sex trafficking.<ref name="Inside the Business of Modern Slavery" /> Dong-Hoon Seol points out unequal development between countries as an effect of the globalization of neoliberalism.<ref name=":43">{{article|nom1=Dong-Hoon|prénom1=Seol|date=January 2004|titre=International Sex Trafficking in Women in Korea: Its Causes, Consequences and Countermeasures|journal=Asian Journal of Women's Studies|volume=10|numéro=2|pages=7–47|doi=10.1080/12259276.2004.11665968|s2cid=155642740|issn=1225-9276}}</ref> He argues that the growing disparity of wealth between developed and underdeveloped countries leads to migration of women from underdeveloped countries.<ref name=":43" />


Duong cites [[Structural adjustment]] programs (SAPs), an aspect of development policies in the globalization of neoliberalism, as a cause for women's poverty, unemployment, and low wages which promote migration.<ref name=":23" /> SAPs affect men and women differently, she argues, because men and women experience poverty differently.<ref name=":23" /> This is known as the [[feminization of poverty]].<ref name=":23" /> Much of women's time is spent doing unpaid labor such as housework and [[care work]], leading to an overall lower income.<ref name=":23" /> Duong further argues that women are placed at a greater disadvantage due to their lack of access to land and other resources.<ref name=":23" /> Matusek also argues that the unequal distribution of resources and power lead to both push and pull factors of migration.<ref name=":04" /> According to Matusek, women are pushed to migrate on account of a lack of education and employment opportunities.<ref name=":04" />
Duong cites [[Structural adjustment]] programs (SAPs), an aspect of development policies in the globalization of neoliberalism, as a cause for women's poverty, unemployment, and low wages which promote migration.<ref name=":23" /> SAPs affect men and women differently, she argues, because men and women experience poverty differently.<ref name=":23" /> This is known as the [[feminization of poverty]].<ref name=":23" /> Much of women's time is spent doing unpaid labor such as housework and [[care work]], leading to an overall lower income.<ref name=":23" /> Duong further argues that women are placed at a greater disadvantage due to their lack of access to land and other resources.<ref name=":23" /> Matusek also argues that the unequal distribution of resources and power lead to both push and pull factors of migration.<ref name=":04" /> According to Matusek, women are pushed to migrate on account of a lack of education and employment opportunities.<ref name=":04" />

Version du 14 février 2022 à 04:03

Le modèle commercial du trafic sexuel selon les militants suédois opposés au travail du sexe

Le trafic sexuel est le trafic d'êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle, y compris l'esclavage sexuel qui est considéré comme un esclavage contemporain[1]. Par divers stratagèmes, une victime de trafic sexuel tombe contre son gré dans une situation de dépendance vis-à-vis du trafiquant avant d'être obligée de fournir des prestations sexuelles à des clients[2]. La criminalité du trafic sexuel recouvre l'acquisition, le transport et l'exploitation de personnes[1], y compris le tourisme sexuel sur des enfants (en), les actes sexuels avec un mineur contre rémunération et d'autres variantes d'exploitation sexuelle commerciale des enfants, ainsi que leur prostitution[2].

Le trafic sexuel se retrouve également dans le milieu de la pornographie, comme dans l'exemple du scandale GirlsDoPorn en 2020.

En 2012, l'Organisation internationale du travail (OIT) annonce que 20,9 millions de personnes sont victimes de travail forcé, dont 24% (4,5 millions) dans l'exploitation sexuelle imposée[3]. En 2016, l'OIT rapporte que sur 25 millions de personnes forcées de travailler, 5 millions sont victimes d'exploitation sexuelle[4],[5]. Toutefois, comme le trafic sexuel est une activité clandestine, les chercheurs rencontrent des difficultés pour proposer des statistiques précises et fiables[6].

En 2005, une estimation des profits générés mondialement par le trafic sexuel avance le chiffre de 9 milliards de dollars[7],[8]. D'après l'OIT en 2017, l'exploitation sexuelle à des fins commerciales rapporte 99 milliards de dollars aux trafiquants à l'échelle mondiale[9].

Préjugés courants

De nombreux préjugés existent sur le trafic sexuel. L'un d'entre eux voudrait que le trafic sexuel serait automatiquement lié au trafic illicite de personnes. Même si le trafic sexuel entraîne parfois le franchissement de frontières internationales pour les victimes, ce n'est pas le cas la majorité du temps[10],[11],[12]. Les termes de traite des êtres humains et de trafic sexuel sont souvent assimilés à des synonymes ; or, la traite des personnes pour une exploitation non sexuelle peut être encore plus élevée que le trafic à des fins de réduction en esclavage sexuel, même s'il est extrêmement ardu de proposer des estimations précises de ces criminalités[13],[14],[15]. Le trafic sexuel tend à attirer davantage l'attention des organismes d'aide et des donateurs à cause de la mobilisation de l'opinion publique envers le travail sexuel forcé, qui est plus forte que face au travail forcé de nature non sexuelle ; aussi, les problèmes de traite sexuelle sont davantage recensés[13].

Le trafic sexuel est souvent confondu avec le travail du sexe non contraint mais criminalisé, comme la prostitution[16],[17],[18],[19],[20]. Ces idées fausses sont souvent l'effet d'une sous-représentation des plaintes pour trafic sexuel, parce que les victimes ont peur des trafiquants[19],[20],[21],[22], parce que les législations sont fluctuantes sur la définition du trafic sexuel et de la prostitution[19],[23] et parce qu'il existe des avis opposés sur ce trafics et sur le travail sexuel[17],[18],[19],[23]. En outre, certains chercheurs affirment que les principales enquêtes au cœur du débat sont faussées parce qu'elles évincent de la discussion les travailleurs du sexe et les victimes de trafic sexuel[18]. D'autres chercheurs soutiennent que les deux domaines sont souvent confondus à cause du lien intrinsèque entre la prostitution volontaire et le trafic sexuel[19]. Ceux qui soutiennent cet avis estiment que les prestations sexuelles tarifées entraînent une hausse de la demande de prestations sexuelles et, par conséquent, augmentent aussi la recrudescence de trafic sexuel[19]. Certains programmes et certaines initiatives opposés au trafic sexuel ont reçu des critiques car ils alimentent ces préjugés quand ils proposent aux travailleurs sexuels « libres » des avantages s'ils se déclarent victimes de trafic sexuel, par exemple l'accès à des lieux d'hébergement[24]. Les organismes d'application des lois ont reçu des critiques quand ils proposent eux aussi des avantages similaires, car les personnes soupçonnées de prostitution sont menacées de prison si elles déclarent agir de leur gré, alors que celles qui se disent victimes de trafic ont accès à des cursus de qualification professionnelle et à des services sociaux au lieu d'encourir l'emprisonnement[24]. Ces mesures, si elles sont bénéfiques aux victimes réelles de trafic, gonflent artificiellement les statistiques sur le sujet.

Les conceptions erronées conduisent souvent les agences d'application des lois à confondre la prostitution avec le trafic sexuel, ou inversement[20].

Débats féministes

De nombreuses universitaires féministes nourrissent des avis opposés sur le trafic et sur le travail du sexe. Cette opposition se manifeste dans deux principales positions : le discours abolitionniste, qui émane de la théorie féministe sur la domination[17], et le discours sur la dépénalisation du travail du sexe[23]. Les universitaires féministes (en) favorable à l'abolition soutiennent que toute prostitution est l'effet d'une coercition du fait de l'injonction hétérosexuelle et des pressions socio-économiques qui dérivent du néolibéralisme et du patriarcat[16],[25]. Ces arguments voient les femmes comme des victimes d'esclavage sexuel et en imputent la responsabilité à la sexualité masculine[23]. Or, ce discours ne tient pas compte que de nombreux hommes et personnes non-bnaires sont des travailleurs du sexe et il se heurte aux enquêtes menées par des groupes et des ondividus qui militent pour la dépénalisation du travail du sexe[26]. Dans le discours sur la dépénalisation, les auteurs considèrent que les travailleurs du sexe sont autonomes[27] et exercent parfois en coopération avec des tiers, comme des bordels ou des propriétaires de club ; les partisans de cet avis pensent que mieux vaut un travail sexuel fortement rémunérateur et présentant une certaine flexibilité plutôt qu'un emploi plus classique, peu rémunérateur, où les travailleurs sont exposés au harcèlement sexuel et aux agressions de la part des employeurs et des collègues[24],[28],[29]. Cette doctrine considère que le travail du sexe est un choix volontaire ou un moyen de survie, compte tenu de la répartition inégale des richesses et de la pauvreté[23], et qu'il résulte aussi des facteurs structurels comme le racisme, le classisme et le sexisme[22] ; le travail du sexe n'est pas uniquement le reflet de la sexualité et de la lubricité masculines[17],[23]. Du côté de l'abolution, plusieurs associations militantes cherchent à proposer leurs services aux victimes de trafic et font pression pour le vote de réglementations contre le trafic, tout en menant des campagnes de sensibilisation auprès du public. Ces militants se montrent aussi souvent favorables à la pénalisation du travail du sexe[16],[17]. Le discours sur la dépénalisation est favorable à une stigmatisation moins intense de la prostitution, à l'amélioration des condition de travail et à l'accès aux services sociaux[22],[23],[27]. De nombreux militants favorables à cet avis soutiennent la dépénalisation de la prostitution, qui est vue comme un choix légitime et autonome[17],[19],[27].

Certaines universitaires féministes, dans une troisième voie, conjuguent les deux discours pour adopter un nouvel angle sur le trafic sexuel et la prostitution[17]. Cette troisième voie affirme que le trafic sexuel comme la prostitution sont des mécanismes sexistes de domination et d'exploitation, néanmoins ce courant reconnaît que les femmes peuvent vivre des situations très différentes dans ces milieux[17]. Selon ce courant, ni le trafic sexuel, ni la prostitution ne sont des problèmes monolitiques : ils interagissent avec d'autres formes d'oppression mais ils peuvent aussi provenir de choix délibérés[17]. Les partisans de cet angle soutiennent des réformes dans les enquêtes policières et dans la prostitution, la facilité d'accès au travail et aux services sociaux pour réduire les probabilités d'entrer tant dans la prostitution que dans le trafic sexuel et demande d'intégrer la voix des femmes dans les débats sur les interventions possibles[17].

Définitions

Convention de Palerme

La convention de Palerme porte officiellement le nom de Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée et elle inclut le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants ; la Convention de Palerme définit la traite des personnes[30]. En 2000, au moment de sa publication, la Convention est ratifiée par 147 États membres du 192[30] ; en septembre 2017, 171 États en sont parties[31]. L'article 3 de la convention livre la définition suivante[32] :

« Aux fins du présent Protocole: a) L’expression « traite des personnes » désigne le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation. L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes ;
b) Le consentement d’une victime de la traite des personnes à l’exploitation envisagée, telle qu’énoncée à l’alinéa a) du présent article, est indifférent lorsque l’un quelconque des moyens énoncés à l’alinéa a) a été utilisé ;
c) Le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil d’un enfant aux fins d’exploitation sont considérés comme une “traite des personnes” même s’ils ne font appel à aucun des moyens énoncés à l’alinéa a) du présent article ;
d) Le terme “enfant” désigne toute personne âgée de moins de 18 ans. »

L'article 5 de la Convention impose aux États parties d'inscrire la traite des êtres humains dans le code pénal, d'après la définition fournie dans l'article 3. Toutefois, les lois nationales de nombreux États membres adoptent une version plus restrictive que l'article 3[30]. Même si ces nations annoncent qu'elles appliquent l'article 5, ces définitions plus restrictives conduisent à ne poursuivre qu'une part limitée des criminels qui s'adonnent aux trafic sexuel[30].

Les Nations unies ont élaboré plusieurs instruments pour lutter contre la traite des êtres humains, comme le Rapport mondial sur la traite des personnes et un Groupe de coordination inter-agences contre la traite des êtres humains. Le Rapport mondial sur la traite des personnes proposent des informations issues de données recueillies dans 155 pays. Il propose un bilan mondial sur l'ampleur de la traite des êtres humains et sur les moyens déployés pour la juguler. En juillet 2010, l'Assemblée générale des Nations unies approuve le Plan d’action mondial de l’ONU contre la traite des personnes (en)[33].

Aux États-Unis

En 2000, le Protocole de Palerme entre en vigueur et les États-Unis adoptent une définition de « trafic sexuel » correspondant aux normes internationales avec le Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000 (TVPA) afin de résoudre des confusions et des incohérences dans les textes pénaux antérieurs relatifs à la traite des êtres humains[34]. Le TVPA énonce que les crimes relatifs au trafic sexuel sont les situations caractérisées comme « une prestation sexuelle tarifée est provoquée par la force, la fraude ou la coercition, ou dans lesquelles la personne poussée à exécuter la prestation n'a pas encore atteint l'âge de 18 ans »[35],[36]. Si la victime est mineure, la législation n'impose pas de prouver l'usage de la force, de la fraude ou de la coercition[34]. Susan Tiefenbrun, professeure à la Thomas Jefferson School of Law, a écrit de nombreux articles sur la traite des êtres humains ; ayant mené une recherche sur les victimes concernées par cette loi, elle découvre que, chaque année, plus de deux millions de femmes dans le monde son achetées et vendues à des fins d'exploitation sexuelle[6]. Afin de résoudre certaines incohérences juridiques sur les jeunes et le trafic, les États-Unis ont adopté des instruments légaux pour définir différentes formes d'exploitation des enfants[34]. Les deux concepts élaborés, dont la rédaction a été pesée avec soin, sont : l'« exploitation sexuelle commerciale des enfants » et le « trafic sexuel de mineurs sur le territoire national ». L'exploitation sexuelle commerciale des enfants (abrégée ESEC) « englobe plusieurs formes d'exploitation, comme la pédopornographie, la prostitution enfantine, le tourisme sexuel sur les mineurs (en) et le mariage d'enfants »[34]. Le trafic sexuel de mineurs sur le territoire national (domestic minor sex trafficking, abrégé DMST) fait partie de l'ESEC et concerne « une transaction sexuelle avec un mineur âgé de moins de 18 ans, qui est citoyen ou résident permanent aux États-Unis, en échange d'argent liquide, de biens ou de tout autre bien de valeur »[34].

D'après la branche américaine d'ECPAT, l'âge moyen d'entrée dans la prostitution de rue se situe entre 12 et 14 ans. Les personnes qui se prostituent dans la rue se composent, sur le plan démographique, de femmes pauvres, de mineurs, de minorités ethniques et d'immigrants[22]. Aux Ètats-Unis, les criminels de trafic sexuel et les proxénètes trouvent souvent leurs victimes dans des centres commerciaux ou dans la rie. Parfois, des jeunes filles visiblement vulnérables sont enlevées sur le trajet vers leur voiture. Parfois, les proxénètes rencontrent la victime et la convainquent de partir avec eux, souvent en leur proposant un travail quelconque ou de l'argent. La vulnérabilité est majorée chez les mineures jeunes ou sans abri[19],[22],[37],[38]. Le proxénète recourt à la coercition physique ou psychologique pour que la victime se fie à lui et pour bâtir leur relation[19],[20]. Cette forme de coercition complique souvent l'identification des relations entre trafiquants et victimes ou des relations entre proxénètes et prostituées[17],[19]. Souvent, les victimes sont dupées : on leur fait miroiter que le travail promis leur offrira la liberté et d'importants avantages financiers mais, à la place, elles sont réduites en esclavage sexuel. Une fois que la victime a cédé aux propositions du proxénète, elle subit des tactiques pour la dissuader de s'enfuir : elle est forcée de consommer des drogues addictives, son argent est confisqué, elle est la cible de sévices physiques ou sexuels. Les jeunes filles qui tombent dans ce schéma sont souvent motivées par l'argent et par la simple nécessité de survivre[22]. Aux États-Unis, il est très courant que les proxénètes possèdent une entreprise ou un commerce, notamment un bar à ongles (en) ou un salon de massage. Les réseaux d'esclavage sexuel sont souvent implantés près des bases militairs américaines, à cause de la clientèle des soldats[39].

Profils et modes opératoires des trafiquants

Profils des trafiquants aux États-Unis

En 2017, une étude recense 1 416 trafiquants sexuels de mineurs qui ont été arrêtés aux États-Unis au cours de la décennie précédente : 75,4 % des trafiquants sont des hommes et 14,4 % sont des femmes. L'âge moyen des hommes trafiquants est de 29,2 ans et celui des femmes, 26,3 ans. Pour ceux dont le groupe ethnique est identifié : 71,7 % sont des Afro-Américains, 20,5 % d'origine caucasienne, 3,7 % sont hispaniques et le reste est catégorisé comme issu des îles du Pacifique, asiatique ou autres[40].

Trafic sous le contrôle de proxénètes

Quand le trafic est organisé par des proxénètes, la victime est tenue sous le contrôle d'un seul trafiquant, parfois catégorisé comme proxénète. Le trafiquant domine la victime par la coercition physique, psychologique et/ou affective. Pour assurer le contrôle sur les victimes, les trafiquants recours à la force, aux drogues, aux manipulations affectives ainsi qu'aux stratagèmes économiques. Dans certaines circonstances, ils en viennent à employer diverses formes de violence, comme le viol collectif, les maltraitances psychologiques et les sévices physiques. Les trafiquants font parfois miroiter une demande en mariage ou une carrière de mannequin pour piéger les victimes[41]. D'autres recourent aux menaces, à l'intimidation, au lavage de cerveau et aux enlèvements.

Une procédure habituelle chez les trafiquants consiste à gagner la confiance de la victime, ce qu'on appelle la phase de grooming. À ce stade, le trafiquant cherche à rendre la victime dépendante de lui[42]. Le trafiquant peut par exemple flatter la victime en faisant étalage de sentiments amoureux et d'admiration, formuler des promesses ambitieuses (comme mener la victime à une carrière de star), lui proposer un emploi ou une formation, ou lui payer un voyage vers un endroit qu'elle n'a jamais visité[43]. Les propositions d'embauche les plus courantes portent sur les secteurs de la restauration et de l'hôtellerie, les postes de serveuse dans des bars et des clubs, des contrats de mannequinats ou un travail au pair. Une fois que la victime se sent en confiance, le proxénète passe au stade du seasoning, en demandant à la victime de réaliser certains actes sexuels pour lui, ce que la victime peut exécuter parce qu'elle pense qu'il s'agit du seul moyen de conserver l'affection du trafiquant. À partir de là, les demandes deviennent de plus en plus poussées et la victime peut éprouver des difficultés à s'y soustraire[42]. Même si les enlèvements sont relativement rares, plusieurs victimes en ont subi[44]. Les réseaux sociaux sont parfois utilisés pour appâter la victime ou pour lui attirer de la clientèle[45].

Une fois que la victime est aux mains du criminel, il existe plusieurs stratagèmes pour lui restreindre l'accès avec les communications chez elle, par exemple en lui infligeant des punitions corporelles jusqu'à ce qu'elle se plie aux exigences du trafiquant, ou en formulant des menaces de la blesser ou même de la tuer ou de tuer sa famille[43]. Parfois, la victime succombe au syndrome de Stockholm parce que le ravisseur prétend éprouver de l'« amour » et le « besoin d'elle », allant jusqu'à lui promettre le mariage et une stabilité dans l'avenir. Ce stratagème est particulièrement redoutable contre les plus jeunes victimes, qui par manque d'expérience sont plus fragiles face aux manipulations[46].

En Inde, les trafiquants qui conduisent des jeunes filles vers la prostitution sont souvent des femmes qui, elles-mêmes, ont été victimes de trafiquants. Une fois adultes, elles exploitent leurs relations personnelles ou la confiance dont elles bénéficient dans leur village d'origine pour recruter d'autres filles[47]. Par ailleurs, certains travailleurs sexuels migrants (en) peuvent tomber aux mains de trafiquants car les femmes savent qu'elles vont exercer une activité de prostitution ; néanmoins, leur « employeur » leur a fourni une présentation fausse de leurs conditions d'exercice. Par conséquent, elles deviennent exploitées, à cause d'une vision faussée des conditions d'exercice de leurs activités une fois arrivées dans le pays de destination[48],[49].

Trafic sous le contrôle de réseaux criminels

Le trafic sexuel aux mains de bandes criminelles présente de nombreux points communs avec celui mené par des proxénètes. Ils se différencient principalement par le fais que les bandes criminelles forment un groupe étendu de personnes, là où le trafic par un proxénète est dirigé par un individu isolé[50]. En général, les membres d'une réseau criminel sont censés ou forcés de participer à des activités de nature criminelle ou violente. Ces comportements criminels peuvent recouvrir des activités comme la distribution de drogues, le viol qualifié, le trafic de stupéfiants, l'extorsion, le meurtre[51]...

L'un des moyens de récolter de l'argent, même si le réseau n'est pas affilié à une bande criminelle, est la traite sexuelle des êtres humains. Les réseaux criminels se tournent vers le trafic sexuel car cette activité est considérée comme moins dangereuse et plus lucrative que le trafic de stupéfiants[52]. Les réseaux criminels peuvent obtenir de l'argent plus rapidement et en quantité supérieure en vendant le corps d'autrui, et les risques d'être arrêté sont moindres[53]. Dans certaines circonstances, des bandes criminelles concluent une alliance avec leurs homologues sur un même territoire et s'organisent en réseau de trafic sexuel.

Plusieurs raisons peuvent présider à cette décision des bandes criminelles. L'une des motivations est que cette alliance leur permet d'échanger des filles, des femmes, des garçons ou des hommes. Leurs clients ont ainsi accès à une « gamme » plus étendue. Les clients sont souvent prêts à payer plus cher pour une expérience sexuelle avec une personne qu'ils n'ont pas encore exploitée. Une autre motivation poussant les bandes criminelles à se partager les femmes et filles est qu'ils brouillent les pistes auprès des organismes d'application des lois, ce qui permet d'échapper aux enquêtes concluantes[51].

Comme chez les proxénètes, les réseaux criminels sélectionnent leurs victimes et gagnent sa confiance grâce aux techniques de grooming. Cette phase consiste à offrir des cadeaux, flatter la victime, lui réserver des attentions pour instaurer une relation affective et psychologique entre la victime et les trafiquants. Ces stratagèmes sont parfois désignés sous le nom de « méthode Roméo »[54]. La victime subit des procédés de manipulation : un membre du réseau l'emmène dans un restaurant élégant, la couvre de cadeaux somptueux, l'emmène dans des fêtes où elle reçoit un accès illimité à de l'alcool et à des drogues. Le trafiquant en profite pour repérer les faiblesses de la victime, découvrir ses fragilités ; une fois ces éléments identifiés, ils les retournent contre la victime[55].

Les membres d'une bande criminelle tendent souvent à arborer des vêtements ou couleurs identiques pour montrer leur engagement ou leur loyauté au gang ; certains tatouent les victimes de trafic sexuel pour montrer qu'elle leur appartient[56]. Des réseaux tatouent les victimes de force pour en revendiquer la propriété[57].

Trafic sexuel intra-familial

Dans le trafic sexuel intra-familial, la victime est dominée par des membres de sa famille, qui la livrent à l'exploitation sexuelle en contrepartie de biens de valeur, comme des drogues ou de l'argent. Cette variante est la plus courante dans le trafic sexuel de mineurs (par exemple, une mère peut laisser son petit ami abuser d'un enfant en échange d'un logement). D'après une enquête, 60 % de toutes les victimes mineures de ce trafic sont apparentées au trafiquant[58]. Une autre enquête montre que le trafic intra-familial est le plus souvent orchestré par la mère : elle est le principal trafiquant dans 64,5 % des cas. Le trafiquant est le père dans 32,3 % des cas, et il s'agit d'un autre membre de la famille dans 3,2 % des cas[59]. Il peut être difficile d'identifier le trafic intra-familial parce que les enfants qui en sont victimes ont souvent davantage de liberté et parfois, ils continuent de fréquenter l'école et les activités périscolaires. Les enfants ne comprennent pas toujours qu'ils font l'objet d'un trafic, ou alors ils ne voient aucun moyen de s'y soustraire. Pour certains auteurs, le trafic intra-familial est la forme de trafic sexuel la plus courante sur le sol des États-Unis[42],[60].

Cette forme de trafic sexuel est aussi extrêmement courante hors des États-Unis. De nombreuses familles vivant dans des secteurs pauvres (Inde, Thaïlande, Philippines, etc) sont confrontées à des problèmes tels que le règlement d'une dette ou les traditions, qui conduisent à vendre un enfant, le plus souvent une fille. En Thaïlande, la tradition appelée bhun kun veut que la plus jeune fille d'un couple devienne responsable, sur le plan économique, de ses parents quand ils deviennent âgés. Kara Siddharth a interrogé une jeune victime qui déclare que, même si elle déteste l'hommeavec qui elle vit, « elle se sent fière de remplir ses devoirs envers ses parents, car le propriétaire du bordel envoie de petites sommes d'argent à son père une fois que la dette issue du trafic est payée ». Dans ce pays, comme dans de nombreux autres, les classes sociales les plus précaires se tournent vers cette source de revenus. De nombreux enfants sont vendues pour rembourser une dette ou, tout simplement, pour que la famille puisse se nourrir pendant un mois[61],[62].

Trafic sexuel par Internet

Le trafic sexuel par Internet repose sur le trafic d'êtres humains et sur la diffusion en direct par Internet d'actes sexuels contraints ou de viols filmés au moyen d'une webcam[63],[64],[65]. Les victimes sont enlevées, menacées ou victimes d'une imposture puis livrées à des « antres du cybersexe » (cybersex dens)[66],[67],[68]. Ces « antres » peuvent renvoyer à n'importe quel lieu où les trafiquants sexuels par Internet disposent d'un ordinateur, d'une tablette ou d'un smartphone doté d'une connexion à Internet[64]. Les criminels passent par les réseaux sociaux, les visioconférences, les sites de partage de vidéos pornographiques, les sites de rencontre, les salons de discussion, les applications mobiles, le dark web[69] et d'autres interfaces[70].

Ce type de trafic sexuel a explosé depuis l'avènement de l'ère numérique[63],[64] et le développement des systèmes de paiement en ligne[69],[71],[72] et des cryptomonnaies qui permettent de dissimuler l'identité des auteurs des transactions[73]. Chaque année, les autorités reçoivent des millions de signalement d'abus sexuels par Internet[74]. Au XXIe siècle, la lutte contre cette forme de criminalité appelle de nouvelles législations et de nouvelles procédures policières[75].

Mariage forcé

Le mariage forcé est une union conjugale dans laquelle l'une des parties, voire les deux, sont mariées sans avoir formulé librement leur consentement[76].

Le « mariage servile » est un mariage dans lequel l'une des parties fait l'objet d'une vente, d'un transfert de propriété ou d'un héritage[77]. D'après l'ECPAT, « le trafic d'enfant à des fins de mariage forcé n'est qu'une déclinaison de la traite des êtres humains, et cette variante n'est pas circonscrite à une nationalité ou à un pays en particulier »[78].

Un mariage forcé peut correspondre à une forme de traite d'êtres humains dans certaines situations. Ainsi, lorsqu'une femme est déplacée à l'étranger, forcée de se marier puis obligée d'accepter des actes sexuels avec son « conjoint », son expérience relève du trafic sexuel. Si la « mariée » est traitée comme esclave domestique par son nouveau « mari » et/ou par la famille de celui-ci, alors il s'agit d'une forme de « trafic lié au travail forcé »[79].

D'après l'ONU, entre 2011 et 2020, environ 140 millions de jeunes filles de moins de 15 ans (soit 39 000 chaque jour) sont contraintes d'accepter un mariage précoce[80]. Le mariage forcé, que les Nations unies qualifient de « forme d'esclavage contemporain », est conclu sans le consentement réel de l'homme ou de la femme et il est corrélé à des menaces formulées par la famille de l'épouse ou de l'époux. Le mariage forcé peut aussi se produire aux États-Unis, où il est nécessaire de clarifier ce qui constitue un mariage forcé[60].

Causes

Le trafic sexuel n'est pas l'effet d'une seule cause simple ; il repose sur de multiples facteurs interdépendants dans les sphères politique, socioéconomique, gouvernementale et sociétale[81]. Les moteurs du trafic sexuel, quand ils sont identifiés, se trouvent aux carrefours de tous les facteurs précédents. Trois types de moteurs ont été recensés : les hiérarchies de genre, les migrations de travail (facteur d'appel) et la mondialisation néolibérale (facteur de sortie).

De nombreux universitaires critiquent les hiérarchies de pouvoir fondées sur le genre, la couleur et les classes sociales, qui sous-tendent les systèmes économiques et perpétuent l'exposition des femmes au risque de trafic sexuel. Lauren Copley affirme que les femmes vivant dans les pays sous-développés se trouvent sans recours devant les hiérarchies du pouvoir[82]. Karmen Matusek la rejoint et relève que la mondialisation étend les hiérarchies de pouvoir à mesure que s'étendent les politiques économiques[83]. Les conceptions sur le genre sont donc perpétuées par la mondialisation et renforce la vulnérabilité des femmes[83]. Matusek estime que la masculinité occupe une place privilégiée en termes de pouvoir et de contrôle au sein de ces hiérarchies[83]. Elle relève que la féminité est rattachée à des qualités de soumission et de passivité[83]. Le manque de pouvoir de la féminité conduit les femmes à être exploitées par les hommes, qui finissent par les voir comme à leur disposition[83]. Cette vision sur les femmes se perpétue par la mondialisation des hiérarchies de pouvoir qui, pour Matusek, justifient et banalisent la violence et le pouvoir exercés contre les femmes[83]. Cette normalisation de la violence et du pouvoir joue un rôle central dans l'existence et la perpétuation du trafic sexuel[84].

Vesna Nikolic-Ristanovic examine le rôle de la féminité perçue dans l'exposition des femmes au trafic sexuel en analysant particulièrement les liens entre le militarisme et la sexualité féminine[84]. L'autrice exprime une connection entre les viols de guerre, la prostitution forcée et le trafic sexuel[84]. La manière dont le corps des femmes sont utilisés en temps de guerre dépend de la normalisation de la violence et du pouvoir contre les femmes[84]. Nikovic-Ristanovic soutient que la présence de militaires, même en temps de paix, soutient des conceptions de genre qui fragilisent les femmes[84]. Ces conceptions de genre renvoient à la masculinité hégémonique, que l'autrice décrit comme l'hyper sexualité des hommes et la soumission ou la passivité des femmes et des filles[84]. Nikolic-Ristanovic remarque que l'intégration mondiale de cette définition justifie l'exploitation et la violence contre les femmes, puisque les femmes sont vues comme des objets sexuels voués à assouvir le désir sexuel des hommes[84]. L'autrice affirme que cet idéal occidental de sexualité hétéronormée se perpétue dans les médias et la publicité, où les femmes sont incitées à paraître sexuellement désirables pour les hommes[84].

Kim Anh Duong estime que les constructions sociales sur les femmes qui naissent des hiérarchies de pouvoir, conjuguées aux réalités économiques des femmes, exposent celles-ci à l'exploitation et au trafic sexuel[85]. Duong s'appuie sur les récits, largement représentés, des femmes qui se trouvent dans la situation de victimes désavantagées[85]. Elle estime que cette construction sociale provoque l'impuissance des femmes, qui est perpétuée par les realités sociales et économiques qui dérivent du processus de développement dans lequel les femmes sont dépendantes des hommes[85]. À cause de cette impuissance générale, d'après Duong, les femmes sont des proies faciles à des fins d'exploitation et de violence[85].

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Annexes

Articles connexes

Liens externes