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L'origine du groupe couronne des mammifères remonte au [[Jurassique]], avec des découvertes importantes dans les affleurements du [[Jurassique supérieur]] du [[Portugal]] et de la [[Chine]]. Certains spécimens fossilisés possedaient déjà de la fourrure, indiquant que les ancêtres des mammifères avaient déjà développé cette caractéristique majeur qui les définis.
L'origine du groupe couronne des mammifères remonte au [[Jurassique]], avec des découvertes importantes dans les affleurements du [[Jurassique supérieur]] du [[Portugal]] et de la [[Chine]]. Certains spécimens fossilisés possedaient déjà de la fourrure, indiquant que les ancêtres des mammifères avaient déjà développé cette caractéristique majeur qui les définis.
== Diversité ==
== Description ==
Les plus anciens mammaliaformes connus ressemblent généralement à des [[musaraigne]]s en apparence et en taille, et la plupart de leurs caractéristiques distinctives étaient internes. En particulier, la structure des mâchoires des mammaliaformes (incluant les [[mammifère]]s) et la disposition des [[dent]]s sont presque uniques. Au lieu d'avoir de nombreuses dents qui sont fréquemment remplacées, les mammifères ont un ensemble de [[Dent temporaire|dents de lait]] et plus tard un ensemble de dents adultes qui s'emboîtent avec précision. On pense que cela aide à broyer les aliments pour les rendre plus rapides à digérer<ref name=Colbert>{{cite book|langue=en|first1=Edwin H.|last1=Colbert|author1-link=Edwin Harris Colbert|first2=Michael|last2=Morales|first3=Eli C.|last3=Minkoff|title=Colbert's evolution of the vertebrates: a history of the backboned animals through time|year=2001|publisher=Wiley|location=New York|isbn=978-0-471-38461-8|edition=5th}}</ref>. Les animaux à sang chaud ont besoin de plus de calories que ceux à sang froid, donc accélérer le rythme de la digestion est une nécessité. L'inconvénient de la dentition fixe est que les dents usées ne peuvent pas être remplacées, comme cela est possible pour les ancêtres [[reptiliomorphe]]s des mammifères. Pour compenser, les mammifères développent un [[Émail_dentaire#Structure|émail prismatique]], caractérisé par des [[Joint de grains|discontinuités de cristallites]] qui permettent de répartir la force de la morsure<ref>{{cite journal |langue=en|last1=Line |first1=S. R. P. |last2=Novaes |first2=P. D. |year=2005 |title=The development and evolution of mammalian enamel: Structural and functional aspects |journal=Brazilian Journal of Morphological Sciences |volume=22 |issue=2 |pages=67–72 |issn=0102-9010 |url=http://jms.org.br/PDF/v22n2a02.pdf}}</ref>.
Les Mammaliaformes sont des précurseurs des mammifères modernes. Ils avaient cependant, eux-mêmes, déjà atteint une diversité écomorphologique considérable<ref name="Luo_2017">{{en}} Luo ZX, Meng QJ, Grossnickle DM, et al. New evidence for mammaliaform ear evolution and feeding adaptation in a Jurassic ecosystem. Nature. 2017;548(7667):326–329. doi:10.1038/nature23483</ref>.


On pense également que la [[lactation]], ainsi que d'autres caractéristiques caractéristiques des mammifères, caractérisent les mammaliaformes, mais ces traits sont difficiles à étudier dans les archives fossiles. Des preuves de lactation sont présentes chez les {{Lien|trad=Morganucodonta|fr=morganucodontes}}, via des schémas de remplacement des dents<ref>{{article|nom=Panciroli|prénom=E.|nom2=Benson|prénom2=R. B. J.|nom3=Walsh|prénom3=S.|date=04 May 2017|titre=The dentary of Wareolestes rex (Megazostrodontidae): a new specimen from Scotland and implications for morganucodontan tooth replacement.|journal=Papers in Palaeontology|langue=en|volume=3|numéro=3|pages=373-386|doi=10.1002/spp2.1079|accès doi=payant}}</ref>. Combiné avec les [[tritylodontidés]] plus [[Base (phylogénétique)|basaux]] qui affichent également des preuves de lactation<ref>{{Cite journal|nom=Hu|prénom=Y.|nom2=Meng|prénom2=J.|nom3=Clark|prénom3=J. M.|title=A new tritylodontid from the Upper Jurassic of Xinjiang, China|journal=[[Acta Palaeontologica Polonica]] |volume=54|issue=3|pages=385–391|year=2002|doi=10.4202/app.2008.0053|accès doi=libre}}</ref>, cela semble impliquer que le [[lait]] est une caractéristique ancestrale dans ce groupe. Cependant, le ''Sinoconodon'' assez dérivé semble avoir complètement rejeté le lait. Avant l'éclosion, les glandes mammaires fourniraient de l'humidité aux œufs coriaces, une situation que l'on trouve encore chez les [[monotrème]]s<ref>{{Cite journal|langue=en| last=Oftedal|first=O.T.|title=The mammary gland and its origin during synapsid evolution|journal=Journal of Mammary Gland Biology and Neoplasia |volume=7|issue=3|pages=225–252|year=2002|doi=10.1023/A:1022896515287|pmid=12751889 |s2cid=25806501}}</ref>.
Les Mammaliaformes primitifs étaient autrefois considérés comme ne disposant que de peu possibilités écologiques pour se diversifier durant une [[ère (géologie)|ère]] [[Mésozoïque]] dominée par les [[dinosaure]]s. Cependant les découvertes au début du {{s|XXI}}, particulièrement dans le [[Jurassique]] de Chine, ont montré des fossiles de [[Genre (biologie)|genres]] déjà très diversifiés comme les [[Docodonta|docodontes]] fouisseur ''[[Docofossor]]'', arboricole ''[[Agilodocodon]]'', piscivore aquatique ''[[Castorocauda]]'' et l'[[Haramiyida|haramiyidien]] « volant » ''[[Arboroharamiya]]''... qui fournissent des preuves évidentes que ces formes ancestrales de « proto-mammifères » s'étaient adaptées à des environnements très variés malgré la concurrence des dinosaures<ref name="BBC_2015">{{lien web|langue=anglais | url =http://www.bbc.com/earth/story/20150212-remarkable-early-mammals-revealed| titre=Early mammal fossils reveal remarkable diversity | série=BBC News |auteur=Michelle Douglass|date=13 Feb 2015| consulté le = 13 janvier 2020}}</ref>{{,}}<ref name="SciNews_2015">{{Lien web |langue=en |titre=Two New Jurassic Mammals Discovered in China |url=http://www.sci-news.com/paleontology/science-two-new-jurassic-mammals-china-02493.html |date= 13 février 2015|site=http://www.sci-news.com/|consulté le=13 janvier 2020}}</ref>{{,}}<ref name="PourlaScience_2016">{{Lien web |langue=fr | titre=Le surprenant succès des mammifères au temps des dinosaures | url=https://www.pourlascience.fr/sd/evolution/le-surprenant-succes-des-mammiferes-au-temps-des-dinosaures-9276.php | date= 28 septembre 2016|site=https://www.pourlascience.fr/|consulté le=14 janvier 2020}}</ref>.

Les premiers mammaliaformes disposent de {{Lien|tradHarderian gland|fr=glandes de Harder}}. Chez les mammifères modernes, cela est utilisé pour nettoyer la fourrure, ce qui indique que contrairement à leurs ancêtres [[cynodonte]]s, ces derniers auraient une couverture de fourrure. Un revêtement isolant est nécessaire pour garder au chaud un animal [[homéotherme]] s'il est très petit, moins de {{unité|5|centimètres}} de long<ref name="RubenJones2000FurAndFeathers">{{Cite journal|langue=en|author1=Ruben, J.A. |author2=Jones, T.D. |name-list-style=amp | title=Selective Factors Associated with the Origin of Fur and Feathers | journal=American Zoologist | year=2000 | volume=40 | issue=4 | pages=585–596 |doi=10.1093/icb/40.4.585 | doi-access=free }}</ref>.''[[Hadrocodium]]'', mesurant {{unité|3,2|centimètres}}, devait donc avoir de la fourrure, mais ''[[Morganucodon]]'', mesurant {{unité|10|centimètres}} n'en aurait peut-être pas eu besoin. Le [[docodonte]] ''[[Castorocauda]]'', plus éloigné du [[groupe-couronne]] des mammifères que ''Hadrocodium'', aurait deux couches de fourrure, des poils de garde et un sous-poil, comme les mammifères d'aujourd'hui<ref>{{cite journal |langue=en|author= Qiang Ji|year=2006 |title=A Swimming Mammaliaform from the Middle Jurassic and Ecomorphological Diversification of Early Mammals |journal=Science |volume=311 |issue=5764 |pages=1123–27 |doi=10.1126/science.1123026 |pmid=16497926|s2cid=46067702 |display-authors=etal}}</ref>.

Il est possible que les premiers mammaliaformes aient eu des [[vibrisse]]s ; Les [[Tritheledontidae]], un groupe de cynodontes, auraient probablement eu cette caractéristiques<ref>{{cite web|langue=en|url=https://www.pbs.org/your-inner-fish/about/episode-guide/|work=PBS|title=Your Inner Fish: Episode Guide|year=2014|access-date=August 7, 2014}}</ref>. Un ancêtre commun de tous les mammifères [[thériens]] l'aurait également eu<ref name=rodandmar>{{cite journal|langue=en|title=Active vibrissal sensing in rodents and marsupials|journal=Phil. Trans. R. Soc. B|date= 12 November 2011|volume= 366|issue= 1581|pages=3037–3048|doi=10.1098/rstb.2011.0156|last1=Mitchinson|first1=B.|last2=Grant|first2=R. A.|last3=Arkley|first3=K.|last4= Rankov|first4=V.|last5=Perkon| first5=I.|last6=Prescott|first6=T.J.|pmid=21969685|pmc=3172598}}</ref>. En effet, certains [[Homo sapiens|humains]] développent même encore des muscles vibrisseaux résiduels dans la lèvre supérieure<ref>{{cite journal |langue=en| title=Vestiges of vibrissal capsular muscles exist in the human upper lip | doi=10.1002/ca.20497 | pmid=17458869 | volume=20 | issue=6 |date=August 2007 | journal=Clin Anat | pages=628–31 | last1=Tamatsu | first1=Yuichi | last2=Tsukahara | first2= Kazue | last3=Hotta | first3=Mitsuyuki | last4=Shimada | first4=Kazuyuki| s2cid=21055062 }}</ref>. Ainsi, il est possible que le développement du système sensoriel des moustaches ait joué un rôle important dans le développement des mammifères, plus généralement<ref name=rodandmar />.

Comme les monotrèmes d'aujourd'hui, les pattes des premières formes de mammifères étaient quelque peu étalées, donnant une démarche plutôt « reptilienne ». Cependant, il y a une tendance générale à avoir des membres antérieurs plus dressés, certains comme les [[Eutriconodonta|eutriconodonte]]s ayant même une anatomie des membres antérieurs fondamentalement moderne tandis que les membres postérieurs restent « primitifs »<ref name=Ch7Eutriconodontans>{{Cite book| author = [[Zofia Kielan-Jaworowska]], Richard L. Cifelli, Zhe-Xi Luo | title = Mammals from the Age of Dinosaurs: origins, evolution, and structure | publisher = Columbia University Press | location = New York | year = 2004 | pages =[https://archive.org/details/mammalsfromagedi00kiel_769/page/n234 216]–248 | chapter = Chapter 7: Eutriconodontans | isbn = 0-231-11918-6 | url =https://archive.org/details/mammalsfromagedi00kiel_769| url-access = limited }}</ref>, tendance en quelque sorte encore observée chez les mammifères thériens modernes, qui ont souvent des membres postérieurs plus étendus<ref>{{Cite journal|nom=Kielan−Jaworowska|prénom=Z.|nom2=Hurum|prénom2=J. H.|title=Limb posture in early mammals: Sprawling or parasagittal|journal=[[Acta Palaeontologica Polonica]] |volume=51|issue=3|pages= 393-406|year=2006|doi=}}</ref>. Dans certaines formes, les pattes postérieures portent probablement un éperon semblable à ceux trouvés chez les monotrèmes. Un tel éperon aurait été relié à une glande à [[venin]] pour la protection ou la compétition d'accouplement<ref>{{cite journal|langue=en|last=Hurum|first=J.H.|author-link=Jørn Hurum |author2=Luo, Z-X |author3=[[Zofia Kielan-Jaworowska|Kielan-Jaworowska, Z.]]|title=Were mammals originally venomous?|journal=Acta Palaeontologica Polonica|year=2006|volume=51|issue=1|pages=1–11|url=http://www.app.pan.pl/archive/published/app51/app51-001.pdf}}</ref>.

''Hadrocodium'' n'a pas les multiples os de sa mâchoire inférieure que l'on voit chez les [[reptile]]s. Ceux-ci sont toujours conservés, cependant, dans les mammaliaformes antérieurs<ref>{{cite book |langue=en|title=The Origin and Evolution of Mammals |url=https://archive.org/details/originevolutionm00kemp |url-access=limited |last=Kemp |first=T. S. |year=2005 |publisher= Oxford University Press|isbn=0-19-850760-7 |page=[https://archive.org/details/originevolutionm00kemp/page/n159 149]}}</ref>.

À l'exception possible de ''Megazostrodon'' et ''[[Erythrotherium]]'' (ainsi que des mammifères [[placentaire]]s<ref>{{en}} Jason A. Lillegraven, Zofia Kielan-Jaworowska, William A. Clemens, Mesozoic Mammals: The First Two-Thirds of Mammalian History, University of California Press, 17/12/1979 - 321</ref>), tous les mammifères possèdent des os épipubiens, une [[synapomorphie]] possible avec les tritylodontidés, qui en ont également<ref>{{en}} Stephen Reily and Thomas White, Hypaxial Motor Patterns and the Function of Epipubic Bones in Primitive Mammals, ARTICLE in SCIENCE 299(5605):400-2 · FEBRUARY 2003, Department of Biological Sciences, Ohio University, Athens, OH 45701, USA. Impact Factor: 33.61 · {{DOI|10.1126/science.1074905}} · Source: PubMed</ref>. Ces os pelviens renforcent le torse et soutiennent la musculature abdominale et postérieure. Cependant, ils empêchent l'expansion de l'abdomen et forcent ainsi les espèces qui les possèdent soit à donner naissance à des jeunes larves (comme chez les [[Marsupialia|marsupiaux]] modernes), soit à produire de minuscules œufs qui éclosent en jeunes larves (comme chez les monotrèmes modernes)<ref>{{en}} Michael L. Power, Jay Schulkin. ''The Evolution Of The Human Placenta''. pp. 68–.</ref>. ]La plupart des mammaliaformes auraient donc probablement les mêmes contraintes, et certaines espèces auraient pu porter des poches.


== Phylogénie ==
== Phylogénie ==

Version du 22 avril 2022 à 19:47

Les mammaliaformes (Mammaliaformes) constituent un clade de cynodontes probainognathiens qui contient le groupe-couronne Mammalia et leurs plus proches branches disparues[1]. Les cynodontes ont été décimés lors de l'extinction du Trias-Jurassique et les survivants ont subi une radiation évolutive menant principalement aux mammaliaformes. Ceux-ci regroupent le clade originaire du plus récent ancêtre commun de Morganucodon et du groupe-couronne des mammifères ; ce dernier étant le clade originaire des plus récents ancêtres communs aux monotrèmes, marsupiaux et placentaires[2]. En plus de Morganucodon et de Mammalia, les mammaliaformes incluent aussi les Docodonta et des genres basaux comme Hadrocodium ainsi que Tikitherium, le membre le plus ancien connu du groupe[3].

Le taxon Mammaliaformes est un terme de la classification phylogénétique. En revanche, l'attribution d'organismes à Mammalia a traditionnellement été fondée sur des traits et, sur cette base, les mammifères sont légèrement plus inclusifs que les mammaliaformes. En particulier, la taxonomie basée sur les traits inclut généralement Adelobasileus et Sinoconodon dans Mammalia, bien qu'ils ne relèvent pas de la définition des mammaliaformes. Ces genres sont inclus dans le clade plus large des mammaliamorphes, défini phylogénétiquement comme le clade originaire du dernier ancêtre commun des tritylodontidés et du groupe couronne des mammifères[2].

L'origine du groupe couronne des mammifères remonte au Jurassique, avec des découvertes importantes dans les affleurements du Jurassique supérieur du Portugal et de la Chine. Certains spécimens fossilisés possedaient déjà de la fourrure, indiquant que les ancêtres des mammifères avaient déjà développé cette caractéristique majeur qui les définis.

Description

Les plus anciens mammaliaformes connus ressemblent généralement à des musaraignes en apparence et en taille, et la plupart de leurs caractéristiques distinctives étaient internes. En particulier, la structure des mâchoires des mammaliaformes (incluant les mammifères) et la disposition des dents sont presque uniques. Au lieu d'avoir de nombreuses dents qui sont fréquemment remplacées, les mammifères ont un ensemble de dents de lait et plus tard un ensemble de dents adultes qui s'emboîtent avec précision. On pense que cela aide à broyer les aliments pour les rendre plus rapides à digérer[4]. Les animaux à sang chaud ont besoin de plus de calories que ceux à sang froid, donc accélérer le rythme de la digestion est une nécessité. L'inconvénient de la dentition fixe est que les dents usées ne peuvent pas être remplacées, comme cela est possible pour les ancêtres reptiliomorphes des mammifères. Pour compenser, les mammifères développent un émail prismatique, caractérisé par des discontinuités de cristallites qui permettent de répartir la force de la morsure[5].

On pense également que la lactation, ainsi que d'autres caractéristiques caractéristiques des mammifères, caractérisent les mammaliaformes, mais ces traits sont difficiles à étudier dans les archives fossiles. Des preuves de lactation sont présentes chez les morganucodontes (en), via des schémas de remplacement des dents[6]. Combiné avec les tritylodontidés plus basaux qui affichent également des preuves de lactation[7], cela semble impliquer que le lait est une caractéristique ancestrale dans ce groupe. Cependant, le Sinoconodon assez dérivé semble avoir complètement rejeté le lait. Avant l'éclosion, les glandes mammaires fourniraient de l'humidité aux œufs coriaces, une situation que l'on trouve encore chez les monotrèmes[8].

Les premiers mammaliaformes disposent de glandes de Harder. Chez les mammifères modernes, cela est utilisé pour nettoyer la fourrure, ce qui indique que contrairement à leurs ancêtres cynodontes, ces derniers auraient une couverture de fourrure. Un revêtement isolant est nécessaire pour garder au chaud un animal homéotherme s'il est très petit, moins de 5 centimètres de long[9].Hadrocodium, mesurant 3,2 centimètres, devait donc avoir de la fourrure, mais Morganucodon, mesurant 10 centimètres n'en aurait peut-être pas eu besoin. Le docodonte Castorocauda, plus éloigné du groupe-couronne des mammifères que Hadrocodium, aurait deux couches de fourrure, des poils de garde et un sous-poil, comme les mammifères d'aujourd'hui[10].

Il est possible que les premiers mammaliaformes aient eu des vibrisses ; Les Tritheledontidae, un groupe de cynodontes, auraient probablement eu cette caractéristiques[11]. Un ancêtre commun de tous les mammifères thériens l'aurait également eu[12]. En effet, certains humains développent même encore des muscles vibrisseaux résiduels dans la lèvre supérieure[13]. Ainsi, il est possible que le développement du système sensoriel des moustaches ait joué un rôle important dans le développement des mammifères, plus généralement[12].

Comme les monotrèmes d'aujourd'hui, les pattes des premières formes de mammifères étaient quelque peu étalées, donnant une démarche plutôt « reptilienne ». Cependant, il y a une tendance générale à avoir des membres antérieurs plus dressés, certains comme les eutriconodontes ayant même une anatomie des membres antérieurs fondamentalement moderne tandis que les membres postérieurs restent « primitifs »[14], tendance en quelque sorte encore observée chez les mammifères thériens modernes, qui ont souvent des membres postérieurs plus étendus[15]. Dans certaines formes, les pattes postérieures portent probablement un éperon semblable à ceux trouvés chez les monotrèmes. Un tel éperon aurait été relié à une glande à venin pour la protection ou la compétition d'accouplement[16].

Hadrocodium n'a pas les multiples os de sa mâchoire inférieure que l'on voit chez les reptiles. Ceux-ci sont toujours conservés, cependant, dans les mammaliaformes antérieurs[17].

À l'exception possible de Megazostrodon et Erythrotherium (ainsi que des mammifères placentaires[18]), tous les mammifères possèdent des os épipubiens, une synapomorphie possible avec les tritylodontidés, qui en ont également[19]. Ces os pelviens renforcent le torse et soutiennent la musculature abdominale et postérieure. Cependant, ils empêchent l'expansion de l'abdomen et forcent ainsi les espèces qui les possèdent soit à donner naissance à des jeunes larves (comme chez les marsupiaux modernes), soit à produire de minuscules œufs qui éclosent en jeunes larves (comme chez les monotrèmes modernes)[20]. ]La plupart des mammaliaformes auraient donc probablement les mêmes contraintes, et certaines espèces auraient pu porter des poches.

Phylogénie

Le cladogramme ci-dessous suit l'analyse de Luo et de ses collègues en 2015[21] :

Mammaliamorpha

Tritylodontidae




Pachygenelus


Mammaliaformes

Adelobasileus



Sinoconodon




Morganucodonta

Megazostrodon



Morganucodon






Docodonta

Haldanodon



Castorocauda






Haramiyida


Thomasia



Haramiyavia





Megaconus




Shenshou





Eleutherodon



Sineleutherus





Arboroharamiya



Xianshou








Mammalia
Yinotheria

Shuotheriidae


Australosphenida

Monotremata



Theriiformes

Fruitafossor




Eutriconodonta




Tinodon



Allotheria

Multituberculata




Trechnotheria

Développé ci-dessous













Développé d'en haut

Trechnotheria

Spalacotheriida




Henkelotherium


Cladotheria

Dryolestes




Amphitherium


Zatheria

Peramus



Vincelestes



Nanolestes




Kielantherium




Aegialodon


Theria
Metatheria

Marsupialia


Eutheria

Placentalia










Cladogramme basé sur Rougier et al. (1996)[22] avec Tikitherium inclus à la suite de Luo et Martin (2007)[23].

  Mammaliamorpha

Tritylodontidae




Adelobasileus




Sinoconodon


Mammaliaformes

Morganucodontidae

Morganucodon






Tikitherium


Docodonta


Haldanodon



Castorocauda





Mammalia
Monotremata

Ornithorhynchidae



Tachyglossidae



Theriiformes

Eutriconodonta, Multituberculata, Marsupialia et Placentalia









Notes et références

Notes

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Mammaliaformes » (voir la liste des auteurs).

Références

  1. (en) F. Abdala, « Redescription of Platycraniellus Elegans (Therapsida, Cynodontia) from the Lower Triassic of South Africa, and the cladistic relationships of eutheriodonts », Palaeontology, vol. 53, no 3,‎ , p. 591–618 (DOI 10.1111/j.1475-4983.2007.00646.x)
  2. a et b (en) T. Rowe, « Definition, diagnosis, and origin of Mammalia », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 8, no 3,‎ , p. 241–264 (DOI 10.1080/02724634.1988.10011708, lire en ligne)
  3. (en) P. M. Datta, « Earliest mammal with transversely expanded upper molar from the Late Triassic (Carnian) Tiki Formation, South Rewa Gondwana Basin, India », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 25, no 1,‎ , p. 200–207 (DOI 10.1671/0272-4634(2005)025[0200:EMWTEU]2.0.CO;2)
  4. (en) Edwin H. Colbert, Michael Morales et Eli C. Minkoff, Colbert's evolution of the vertebrates: a history of the backboned animals through time, New York, 5th, (ISBN 978-0-471-38461-8)
  5. (en) S. R. P. Line et P. D. Novaes, « The development and evolution of mammalian enamel: Structural and functional aspects », Brazilian Journal of Morphological Sciences, vol. 22, no 2,‎ , p. 67–72 (ISSN 0102-9010, lire en ligne)
  6. (en) E. Panciroli, R. B. J. Benson et S. Walsh, « The dentary of Wareolestes rex (Megazostrodontidae): a new specimen from Scotland and implications for morganucodontan tooth replacement. », Papers in Palaeontology, vol. 3, no 3,‎ , p. 373-386 (DOI 10.1002/spp2.1079 Accès payant)
  7. Y. Hu, J. Meng et J. M. Clark, « A new tritylodontid from the Upper Jurassic of Xinjiang, China », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 54, no 3,‎ , p. 385–391 (DOI 10.4202/app.2008.0053 Accès libre)
  8. (en) O.T. Oftedal, « The mammary gland and its origin during synapsid evolution », Journal of Mammary Gland Biology and Neoplasia, vol. 7, no 3,‎ , p. 225–252 (PMID 12751889, DOI 10.1023/A:1022896515287, S2CID 25806501)
  9. (en) Ruben, J.A. et Jones, T.D., « Selective Factors Associated with the Origin of Fur and Feathers », American Zoologist, vol. 40, no 4,‎ , p. 585–596 (DOI 10.1093/icb/40.4.585)
  10. (en) Qiang Ji, « A Swimming Mammaliaform from the Middle Jurassic and Ecomorphological Diversification of Early Mammals », Science, vol. 311, no 5764,‎ , p. 1123–27 (PMID 16497926, DOI 10.1126/science.1123026, S2CID 46067702)
  11. (en) « Your Inner Fish: Episode Guide », PBS, (consulté le )
  12. a et b (en) B. Mitchinson, R. A. Grant, K. Arkley, V. Rankov, I. Perkon et T.J. Prescott, « Active vibrissal sensing in rodents and marsupials », Phil. Trans. R. Soc. B, vol. 366, no 1581,‎ , p. 3037–3048 (PMID 21969685, PMCID 3172598, DOI 10.1098/rstb.2011.0156)
  13. (en) Yuichi Tamatsu, Kazue Tsukahara, Mitsuyuki Hotta et Kazuyuki Shimada, « Vestiges of vibrissal capsular muscles exist in the human upper lip », Clin Anat, vol. 20, no 6,‎ , p. 628–31 (PMID 17458869, DOI 10.1002/ca.20497, S2CID 21055062)
  14. (en) Zofia Kielan-Jaworowska, Richard L. Cifelli, Zhe-Xi Luo, Mammals from the Age of Dinosaurs: origins, evolution, and structure, New York, Columbia University Press, , 216–248 (ISBN 0-231-11918-6, lire en ligne), « Chapter 7: Eutriconodontans »
  15. Z. Kielan−Jaworowska et J. H. Hurum, « Limb posture in early mammals: Sprawling or parasagittal », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 51, no 3,‎ , p. 393-406
  16. (en) J.H. Hurum, Luo, Z-X et Kielan-Jaworowska, Z., « Were mammals originally venomous? », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 51, no 1,‎ , p. 1–11 (lire en ligne)
  17. (en) T. S. Kemp, The Origin and Evolution of Mammals, Oxford University Press, (ISBN 0-19-850760-7, lire en ligne), 149
  18. (en) Jason A. Lillegraven, Zofia Kielan-Jaworowska, William A. Clemens, Mesozoic Mammals: The First Two-Thirds of Mammalian History, University of California Press, 17/12/1979 - 321
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Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Références taxonomiques