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''{{langue|en|Martha My Dear}}'' est publiée sur l'album ''[[The Beatles (album)|The Beatles]]'' le {{date|22|novembre|1968|en musique}} au [[Royaume-Uni]] et trois jours plus tard aux [[États-Unis]] sous le label [[Apple Corps|Apple]]. La chanson figure sur la [[Face (disque)|face B]] du disque n°1<ref group="H" name="H321">{{harvsp|Hill|2008|p=321}}.</ref>. [[Paul McCartney]] est satisfait du travail réalisé sur sa chanson et donne une interview au ''{{langue|en|[[New Musical Express]]}}'' une semaine après la sortie de l'album, dans laquelle il traite du titre. {{citation|Il parle vraiment de ma chienne, Martha, car l'idée m'est venue quand j'écrivais le morceau. Ce ne sont que des mots qui vont avec musique et on y lit ce qu'on veut}}, déclare t-il<ref name="RS63">{{Article |langue= fr |auteur1= Alan Smith |titre= ''The Beatles - Archives 1968'' |périodique= ''[[Rock & Folk]]''|volume= |numéro= 14 |date= 2020 |pages= 110}}.</ref>.
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== Notes et références ==
== Notes et références ==

Version du 15 juin 2022 à 10:40

Martha My Dear

Chanson de The Beatles
extrait de l'album The Beatles
Sortie
Durée 2:28
Genre Pop baroque
Auteur John Lennon et Paul McCartney
Producteur George Martin
Label Apple

Pistes de The Beatles

Martha My Dear est une chanson des Beatles écrite et composée par Paul McCartney, et signée Lennon/McCartney. Enregistrée aux studios Trident de Londres les 4 et , elle est publiée sur l'album The Beatles le au Royaume-Uni et trois jours plus tard aux États-Unis sous le label Apple. Martha My Dear est écrite dans un contexte difficile pour le groupe, qui subit de nombreuses tensions depuis la fin de son séjour en Inde.

L'enregistrement de la trentaine de chansons de l'album The Beatles se passe mal au point que l'ingénieur du son Geoff Emerick démissionne de son poste et que les disputes entre les musiciens sont de plus en plus récurrentes. Ce climat renforce les individualités de chacun, ce qui pousse Paul McCartney a écrire et composer certaines chansons sans l'aide son partenaire John Lennon, ce qui est le cas pour Martha My Dear. McCartney se présente sans les trois autres Beatles aux studios Trident et assure l'enregistrement du chant et de tous les instruments traditionnels du groupe, aidé par George Martin et un orchestre de quatorze musiciens.

La titre de la chanson s'inspire de la chienne bobtail de McCartney, prénommée Martha, tandis que les paroles font à la fois référence à son expérience personnelle amoureuse et un secret de famille concernant une liaison extraconjugale. Aucun de ses trois camarades n'apporte sa contribution à la chanson, qui se révèle être un défi technique pour McCartney en raison de sa partition complexe de piano. Comme de nombreuses chansons du groupe, Martha My Dear fait l'objet de reprises de la part de plusieurs musiciens et renforce la position de McCartney en tant qu'auteur-compositeur au sein du tandem Lennon/McCartney.

Genèse

Contexte

En 1967, les Beatles consacrent exclusivement leur temps de travail au studio d'enregistrement[T 1]. Le groupe cesse en effet les tournées en après un ultime concert au Candlestick Park à San Francisco, à la suite d'une lassitude générale[B 1]. John Lennon déclare à propos de leur dernière représentation : « Ce n'était qu'une sorte d'exhibition de monstres : les Beatles étaient le spectacle et la musique n'avait rien à voir avec tout ça »[B 2]. Libérés de toute contrainte des tournées, le groupe met à profit le temps disponible pour produire l'album expérimental Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, considéré comme un immense succès critique et commercial[T 1],[B 3]. Deux mois plus tard, le manager des Beatles Brian Epstein est retrouvé mort à son domicile suite à une overdose, ce qui anéantit le moral des musiciens[H 1],[B 4]. « On aimait Brian. C'était un homme généreux. On lui doit tant » déclare Ringo Starr[B 4]. Malgré ce contexte éprouant, les Beatles enregistrent Magical Mystery Tour et tournent le film associé. Si l'album est une réussite commerciale malgré un démarrage difficile, le film fait face à de nombreuses critiques négatives[H 2],[T 2].

En , les Beatles ressentent le besoin de se détacher des contraintes liées à leur célébrité. « Quand 1968 est arrivé, je crois qu'on était spirituellement épuisés » remarque Paul McCartney[B 5]. George Harrison s'intéresse à la culture et musique indienne ainsi qu'à la méditation transcendantale, et propose ainsi à ses camarades d'effectuer un séjour en Inde afin de suivre les cours de Maharishi Mahesh Yogi sur ce concept[B 5]. Dès lors, le groupe vit au rythme de la communauté de la centaine de personnes qui participe au voyage, en pratiquant la méditation et jouant de la musique[B 6]. À leur retour, les Beatles ont écrit une trentaine de chansons acoustiques et souhaitent les publier sur un nouvel album[T 3]. Le concept du disque est à l'opposé de ce que le groupe a proposé avec Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band. Les Beatles souhaitent en effet proposer un son plus rock, moins sophistiqué, et une pochette d'album sobre[G 1].

Écriture et composition

Photographie d'un chien de race bobtail blanc sur une parcelle de pelouse.
Paul McCartney adopte un chien de race bobtail, qu'il prénomme Martha, et qui lui inspire le titre de la chanson.

Bien que les Beatles aient été musicalement productifs durant leur séjour en Inde, Martha My Dear ne fait pas partie de la liste des chansons écrites durant cette période. En effet, aucun clavier ni piano n'est présent durant le voyage ; Paul McCartney n'a pas la possibilité de composer la chanson sur place[T 3]. La chanson est écrite trois jours avant que Paul McCartney n'investisse les studios Trident de Londres pour son enregistrement[G 2]. Paul McCartney écrit et compose seul le titre alors qu'il est au piano. « Quand j'ai appris tout seul à jouer du piano, j'aimais voir jusqu'où je pouvais aller, et ce morceau est né comme un petit exercice de piano ou une leçon. C'est assez difficile pour moi, c'est un truc où les deux mains sont indépendantes » déclare le musicien[Mi 1].

Suite à cet exercice technique, les premiers mots qui viennent au chanteur sont « Martha My Dear ». George Harrison fait part de son incompréhension à McCartney face à l'invention de ce personnage. « Je crois qu'en profondeur ils ont une signification pour moi, mais en surface, ce ne sont que des fantasmes : (...) « ma chère Martha » » remarque Paul McCartney[Mi 1]. Le chanteur s'inspire de sa chienne de race bobtail prénommée Martha, âgée de deux ans[T 4]. McCartney se remémore le caractère « vraiment adorable » de l'animal, qui plaît particulièrement à John Lennon, qui lui donne l'idée de ce personnage[Mc 1]. « Les gens pourraient croire qu'il s'agit d'une chanson qui s'adresse à une fille s'appelant Martha, mais en fait c'était le nom de ma chienne, et notre relation était platonique, croyez-moi » finit-il par conclure[Mi 2]. En plus du piano, McCartney souhaite la présence d'instruments à cordes et à vents pour embellir la chanson ; il confie ainsi à George Martin une démo que le producteur retravaille hâtivement[G 2],[G 3].

Enregistrement

Photographie d'une entrée d'immeuble avec façade blanche, portes et fenêtres bleues et noires.
Paul McCartney est le seul membre des Beatles présent lors de l'enregistrement de la chanson aux studios Trident de Londres.

Le , les Beatles investissent les studios EMI de Londres pour débuter l'enregistrement de leur important travail de composition en Inde[H 3]. La présence de Yoko Ono, qui accompagne John Lennon, fait naître de vives tensions entre elle et les musiciens[E 1]. Geoff Emerick, l'ingénieur du son, travaille dans un climat de « tension si lourde qu'on aurait pu la toucher »[E 2]. Exaspéré par l'ambiance délétère de certaines séances, Emerick claque la porte des studios en annonçant au producteur George Martin : « J'ai décidé que je ne pouvais pas en supporter plus. Je laisse tomber »[E 3]. La plupart des sessions d'enregistrement sont en effet de plus en marquées par l'individualisme des quatre musiciens, qui apportent de moins en moins leur contribution sur les chansons de leurs camarades[H 4]. Ainsi, Lennon déteste ouvertement travailler sur Ob-La-Di, Ob-La-Da, une composition du bassiste, tandis que Paul McCartney n'apprécie pas d'enregistrer Revolution 9, que le groupe répète inlassablement[E 4],[E 5]. Ringo Starr quitte provisoirement les Beatles fin août, lassé par les nombreuses tensions subies, et le groupe, réduit à trois membres, délaisse les studios EMI pour les studios Trident[G 4]. Après son retour le , la formation alterne les séances de travail entre les deux studios[L 1].

L'enregistrement de Martha My Dear se fait dans cet d'esprit d'individualité, puisque aucun des trois autres musiciens n'apporte sa contribution à la chanson de Paul McCartney[H 4]. Ce dernier se présente sans ses camarades au sein des studios Trident le . Barry Sheffield est l'ingénieur du son, George Martin officie en tant que producteur et chef d'orchestre[G 2]. En effet, quatorze musiciens professionnels sont présents pour travailler sur la chanson selon le souhait de McCartney, et sont supervisés par Martin[H 5]. L'enregistrement de Martha My Dear débute à 21 h 0 et se poursuit toute la nuit jusqu'à h 30[L 2]. Une seule prise est réalisée, puis retravaillée à l'aide de la technique du re-recording[L 2]. Paul McCartney assure seul la partie de chant, de piano, de batterie et ajoute des claps de mains[G 2]. Le lendemain, une partie de guitare et de basse sont ajoutées, également jouées par McCartney, et le mixage audio est effectué dans la même journée[G 3].

Caractéristiques techniques

Musique et paroles

Martha My Dear est issue de la collaboration musicale entre Paul McCartney, qui joue tous les instruments traditionnels du groupe, et George Martin, qui dirige l'orchestre. La formation classique du producteur a déjà permis aux deux hommes de travailler sur deux chansons à succès de McCartney, Yesterday et Eleanor Rigby, qui comportent des parties de violon, d'alto et de violoncelle[1],[2]. Les quatorze musiciens présents sur Martha My Dear sont quatre violonistes, deux altistes, deux violoncellistes, trois trompettistes, un tromboniste, un joueur de cor d'harmonie et de tuba[L 2]. La chanson comporte une introduction, deux couplets avec chant, un couplet instrumental et deux ponts. Selon le musicologue Alan Pollack, Martha My Dear est une chanson aux sonorités jazz et blues[3]. Elle débute par une introduction au piano, suivi du premier couplet où Paul Mcartney entame le chant. La partition de piano est relativement complexe, avec de nombreux accords, et les arrangements orchestrés par George Martin sont tantôt discrets, pour mettre en valeur la partition de piano pour les cordes, tantôt appuyés sur chaque pulsation pour les cuivres lors des ponts[3]. La batterie et la basse font leur apparition à la fin du premier pont. Le pont instrumental comprend une partition de trompette, rythmée par les clappements de mains qui prennent le dessus sur la batterie. La ligne de basse est davantage mise en valeur jusqu'à la fin du dernier couplet, tandis que la chanson se termine par une partie de cordes[3].

Plusieurs niveaux de lecture sont possibles quant à l'interprétation des paroles. Bien que Paul McCartney ait été inspiré par sa chienne Martha pour le titre, celui-ci affirme que les vers ne lui sont pas destinées[Mi 2]. L'auteur emploie en effet les termes « Martha my love » (« Martha mon amour ») et « silly girl » (« fille stupide ») à plusieurs reprises[Mc 2]. Selon Steve Turner, la chanson serait « une supplique à la fille qui a toujours été la muse du chanteur » et pourrait être destinée à Jane Asher. Le couple est pourtant déjà séparé depuis plus de trois mois lorsque la chanson est écrite, et Paul McCartney fréquente déjà Linda Eastman[T 4]. Paul McCartney admet par ailleurs que la chanson s'inspire en partie d'une liaison extraconjugale d'un membre de sa famille. Cette personne, dont l'identité n'est pas connue, s'est en effet confiée au chanteur avant l'écriture du morceau[Mc 1]. « Je suis le seul à savoir que la chanson parle de quelqu'un qui a eu une liaison, ce qui donne aux mots « when you find yourself in a thick of it » (« quand tu te retrouves pris là-dedans ») une touche supplémentaire d'émotion », finit-il par conclure[Mc 1].

Fiche technique

Musiciens[L 2]
Personnel technique[L 2]

Postérité

Martha My Dear est publiée sur l'album The Beatles le au Royaume-Uni et trois jours plus tard aux États-Unis sous le label Apple. La chanson figure sur la face B du disque n°1[H 6]. Paul McCartney est satisfait du travail réalisé sur sa chanson et donne une interview au New Musical Express une semaine après la sortie de l'album, dans laquelle il traite du titre. « Il parle vraiment de ma chienne, Martha, car l'idée m'est venue quand j'écrivais le morceau. Ce ne sont que des mots qui vont avec musique et on y lit ce qu'on veut », déclare t-il[4].

Notes et références

Bibliographie

  • (fr) The Beatles, The Beatles Anthology : Par les Beatles, San Francisco: Chronicle Books, , 370 p. (ISBN 0-8118-2684-8)
  1. The Beatles 2000, p. 228.
  2. The Beatles 2000, p. 229.
  3. The Beatles 2000, p. 242.
  4. a et b The Beatles 2000, p. 264.
  5. a et b The Beatles 2000, p. 281.
  6. The Beatles 2000, p. 283.
  • (fr) Geoff Emerick et Howard Massey, En Studio Avec Les Beatles, Le mot et le reste, , 488 p. (ISBN 978-2-36054-145-4)
  • (fr) Jean-Michel Guesdon et Philippe Margotin, Les Beatles la totale : Les 211 chansons expliquées, Éditions du Chêne, , 672 p. (ISBN 978-2-85120-833-0)
  • (fr) Tim Hill (trad. de l'anglais), The Beatles : Quatre garçons dans le vent, Paris, Éditions Place des Victoires, , 448 p. (ISBN 978-2-84459-199-9)
  1. Hill 2008, p. 288
  2. Hill 2008, p. 283.
  3. Hill 2008, p. 320.
  4. a et b Hill 2008, p. 322.
  5. Hill 2008, p. 330.
  6. Hill 2008, p. 321.
  • (en) Mark Lewisohn, The Complete Beatles Recording Sessions - The Official Story of the Abbey Road years 1962-1970, London, Hamlyn - EMI, , 204 p. (ISBN 978-0-600-63561-1)
  1. Lewisohn 1988, p. 153.
  2. a b c d et e Lewisohn 1988, p. 159.
  • (fr) Paul McCartney (trad. de l'anglais), Paul McCartney : Paroles & souvenirs de 1956 à aujourd'hui, New-York, Buchet-Chastel, , 874 p. (ISBN 978-2-283-03560-3)
  1. a b et c McCartney 2021, p. 459.
  2. McCartney 2021, p. 458.
  • (fr) Barry Miles (trad. de l'anglais), Paul McCartney : Many Years From Now : Les Beatles, les sixties et moi, France, Flammarion, , 699 p. (ISBN 2-08-068725-5)
  1. a et b Miles 2004, p. 525.
  2. a et b Miles 2004, p. 526.
  • (fr) Steve Turner (trad. de l'anglais), Beatles : L'intégrale de toutes leurs chansons, Paris, Hors Collection, , 352 p. (ISBN 978-2-258-13711-0)
  1. a et b Turner 2016, p. 174.
  2. Turner 2016, p. 202.
  3. a et b Turner 2016, p. 228.
  4. a et b Turner 2016, p. 242.

Autres références

  1. Andy Greene, « Help! - Morceau par morceau », Rolling Stone, no 43,‎ , p. 49.
  2. Alan Light, « Revolver - Morceau par morceau », Rolling Stone, no 43,‎ , p. 63.
  3. a b et c (en) Alan W. Pollack, « Notes on "Martha My Dear" », sur icce.rug.nl, (consulté le )
  4. Alan Smith, « The Beatles - Archives 1968 », Rock & Folk, no 14,‎ , p. 110.