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Version du 24 juillet 2022 à 10:56

Île Bougainville
Carte politique de l'île Bougainville.
Carte politique de l'île Bougainville.
Géographie
Pays Drapeau de la Papouasie-Nouvelle-Guinée Papouasie-Nouvelle-Guinée
Archipel Îles Salomon
Localisation Océan Pacifique
Coordonnées 6° S, 155° E
Superficie 10 049 km2
Point culminant Mont Balbi (2 715 m)
Administration
Région Îles
Province Bougainville
Démographie
Population 175 160 hab. (2000)
Densité 17,43 hab./km2
Gentilé Bougainvillais
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+10
Géolocalisation sur la carte : Papouasie-Nouvelle-Guinée
(Voir situation sur carte : Papouasie-Nouvelle-Guinée)
Île Bougainville
Île Bougainville
Îles en Papouasie-Nouvelle-Guinée

L'île Bougainville est une île de Papouasie-Nouvelle-Guinée en voie d'indépendance, l'une des plus grandes des îles Salomon dans le sud-ouest de l'océan Pacifique. Avec l'île Buka au nord et d'autres petites îles environnantes, elle constitue depuis 2002 la province autonome de Bougainville de Papouasie-Nouvelle-Guinée, rattachée à la région des Îles. Lors du référendum du , les électeurs de Bougainville se sont exprimés à plus de 98 % pour son indépendance. Le processus qui doit y aboutir est toujours en cours en .

Drapeau de la Région autonome de Bougainville.

Géographie

Carte topographique de l'île Bougainville.
White Island.

Bougainville, île de Papouasie-Nouvelle-Guinée en voie d'indépendance depuis 2020, est située géographiquement dans le nord de l'archipel des îles Salomon. L'île est située tout au long d'une zone de subduction et est soumise occasionnellement à de forts séismes.

Histoire

Période antérieure au référendum pour l'indépendance

Période coloniale

Explorée le par le navigateur français Louis-Antoine de Bougainville dont on lui attribue par la suite le nom, l'île est colonisée en 1884, ainsi que le Nord de l'actuelle Papouasie-Nouvelle-Guinée, par l'Empire colonial allemand. Après la Première Guerre mondiale et le traité de Versailles de 1919 où l'Allemagne perd toutes ses colonies, le territoire passe entièrement sous souveraineté britannique et son administration est confiée à l'Australie.

La Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'île est occupée par les forces japonaises à partir de mars 1942.
C'est le , que se produit l'évènement le plus marquant de la guerre pour l'île : au cours de l'Opération Vengeance, des P38-Lightning américains abattent le Mitsubishi G4M qui transporte le chef de la marine impériale et principal stratège japonais, Isoroku Yamamoto. Le bimoteur s'écrase sur Bougainville, tuant tous ses occupants. C'est l'opération de secours du lendemain qui découvre l'identité des cadavres.
L'occupation japonaise se poursuit jusqu'en novembre 1943 (voir campagne de Bougainville), date à laquelle les forces alliées débarquent et le gros des forces japonaises est forcé de se retirer dans le centre de l'île. Le , les forces japonaises tentent de reprendre l'île lors de la contre-attaque de Bougainville. Ils y resteront jusqu'à la capitulation du Japon, les Américains puis leurs alliés australiens ne jugeant pas que la reconquête complète de l'île vaille la peine d'y monter une opération.

La seconde moitié du XXe siècle

En 1947, l'île est placée par les Nations unies sous la tutelle de l'administration australienne avant d'être intégrée en 1975 à la Papouasie-Nouvelle-Guinée au moment où cette dernière obtient paisiblement son indépendance de l'Australie, alors que, géographiquement, l'Île Bougainville est rattachée à l'archipel des îles Salomon.

La guerre civile et ses conséquences

Les problèmes écologiques liés à l'exploitation intensive des gisements miniers font renaître, à la fin des années 1980, la tentation séparatiste, dont l’île a une longue tradition. En 1989, l'Armée révolutionnaire de Bougainville lance une insurrection qui conduit rapidement à la fermeture des mines de cuivre. L'armée de Papouasie-Nouvelle-Guinée doit se retirer de l'île en et l'Armée révolutionnaire proclame la création de la République Indépendante de Bougainville, renommée en République de Mekamui deux mois plus tard. C'est le début d'une guerre civile qui dure jusqu'en 2001.

En , un accord de paix est signé mais les combats reprennent au retour des troupes gouvernementales dans l'île en . Une conférence de paix en aboutit à une trêve, mais l'assassinat en 1996 du chef du gouvernement transitoire de Bougainville relance les combats. En , le Premier ministre est contraint de démissionner sous la pression de l'armée et de l'opposition.

En , le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée et les séparatistes de l'île Bougainville parviennent à un accord prévoyant la création d'un gouvernement autonome et la tenue d'un référendum sur l'indépendance de l'île à l'issue d'une période d'autonomie.
Le bilan de la guérilla s'élèverait à près de 20 000 morts[1].

Après l'accord de paix de 2001 entre le gouvernement de Bougainville et celui de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, une période d'autonomie avant la tenue d'un référendum sur l'indépendance a été adoptée. Le premier gouvernement autonome a été élu en 2005 avec à sa tête le président Joseph Kabui[2].

Chemin de l'indépendance

Déjà dotée d'un large statut d'autonomie après les 12 ans de guérilla, l'île obtient finalement, entre le et le , un référendum sur l'indépendance. La question du référendum est : « Êtes-vous d'accord pour que Bougainville obtienne : (1) une plus grande autonomie, (2) l'indépendance ? ».
Le , le président de la commission pour le référendum annonce les résultats du scrutin : 176 928 électeurs ont voté en faveur de l’indépendance, soit plus de 98 % des voix en faveur de l'indépendance[3].
Cette consultation n'est toutefois pas juridiquement contraignante pour le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée et il faut attendre l'aval du parlement de Papouasie Nouvelle-Guinée, après débat et vote de ratification, pour finaliser les résultats[4],[5].
Mais cette nouvelle souveraineté de Bougainville qui, en 2022, n'est même pas encore de jure, prendra plusieurs années avant que le pays puisse être indépendant de facto, à cause de la longue mise en place des institutions et les tergiversations du parlement papouasien qui craint un émiettement de son pays[6].
Le résultat du référendum n'est que le début d'un nouveau long processus de négociations entre les autorités de Bougainville et celles de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Une déclaration commune signée en décembre 2021 confirme que ce processus doit conduire à une indépendance de Bougainville entre 2025 et 2027, avec la présentation devant les deux gouvernements d'une feuille de route avant le 31 janvier 2022 [7],[8].

En cas de reconnaissance par la communauté internationale au terme d'une indépendance bilatérale, Bougainville devrait devenir le 194e membre des Nations unies[9].

Violences envers les femmes

L'île de Bougainville affiche un des taux de violences envers les femmes (viol) les plus élevés au monde. En effet, lors d'une grande enquête de l'ONU dans la région Asie-Pacifique publiée le , 62 % des hommes interrogés (âgés de 18 à 49 ans et sous couvert de l'anonymat) reconnaissent avoir déjà commis un viol[10],[11].

Environnement

Les activités de la compagnie minière anglo-australienne Rio Tinto ont provoqué des dommages considérables à l'environnement. Plus d’un milliard de tonnes de résidus miniers sont restés à proximité de l'ancienne mine de Panguna, empoisonnant les champs et les rivières. Les quelque 12 000 villageois locaux continuent de payer un lourd tribut à son exploitation. « Leurs terres sont devenues infertiles. Leur eau est terriblement polluée. Ils ont faim. Ils sont malades. Leur espérance de vie s’est réduite. Et la situation se dégrade car il y a des glissements de terrain continuels », souligne Theonila Roka Matbob, originaire de la vallée et ministre de l’éducation de la région autonome de Bougainville[12].

Référence

  1. (en) Keri Phillips, « Bougainville at a crossroads: independence and the mine » [« Bougainville à un carrefour : l'indépendance et les mines »], Australian Broadcasting Corporation, (consulté le )
  2. (en) "Bougainville elects Joseph Kabui as president", The Age, 5 juin 2005
  3. « Papouasie-Nouvelle-Guinée. Bougainville vote massivement en faveur de son indépendance », sur Courrier international, (consulté le )
  4. (en-GB) Kate Lyons, « Bougainville referendum: region votes overwhelmingly for independence from Papua New Guinea », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) "Bougainville referendum not binding - PM", Radio New Zealand International, 11 mars 2019
  6. « Après le référendum, la longue route de l’île de Bougainville pour devenir un État », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. https://www.rnz.co.nz/international/pacific-news/457800/png-and-bougainville-make-some-progress-in-referendum-talks
  8. https://postcourier.com.pg/government-abg-sign-resolutions-to-bolster-agreement/
  9. https://www.huffingtonpost.fr/entry/lile-de-bougainville-va-devenir-un-etat-independant_fr_5df13549e4b01e0f2958de2a
  10. (en) Prevalence of and factors associated with non-partner rape perpetration: findings from the UN Multi-country Cross-sectional Study on Men and Violence in Asia and the Pacific, The Lancet Global Health le 10 septembre 2013
  11. En Asie-Pacifique, un quart des hommes ont déjà commis un viol, Le Monde le 10 septembre 2013
  12. « La réputation dynamitée du groupe minier Rio Tinto », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

Filmographie

  • The Coconut Revolution (en), un documentaire de Dom Rotheroe qui relate les évènements des années 1990 en mettant l'accent sur la capacité d’adaptation des habitants, soumis à un blocus, pour tirer tous leurs besoins de la flore de l'ile.