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Les chansons de Tindley sont composées dans un dialecte enraciné dans les traditions folkloriques afro-américaines, utilisant des intervalles [[Gamme pentatonique|pentatoniques]], avec suffisamment d'espace pour une interpolation improvisée, l'ajout de [[Tierce (musique)|tierces]] et de [[Septième (musique)|septièmes]] « [[Note bleue|bleues]] », et comportant fréquemment de courts refrains auxquels la congrégation peut se joindre. Cependant, Tindley est important surtout en tant que parolier et poète. Ses paroles parlent directement aux sentiments de son public, dont beaucoup sont d'anciens esclaves, souvent pauvres, analphabètes et nouvellement arrivés dans le [[Nord des États-Unis|Nord]]. « Encore aujourd'hui, écrit le musicologue Horace Boyer, les pasteurs citent ses textes au milieu de leurs sermons comme s'il s'agissait de poèmes, ce qu'ils sont en effet »<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Horace Clarence |nom1=Boyer |titre=Charles Albert Tindley: Progenitor of Black-American Gospel Music |périodique=The Black Perspective in Music |volume=11 |numéro=2 |mois=automne |année=1983 |pages=113}}.</ref>.
Les chansons de Tindley sont composées dans un dialecte enraciné dans les traditions folkloriques afro-américaines, utilisant des intervalles [[Gamme pentatonique|pentatoniques]], avec suffisamment d'espace pour une interpolation improvisée, l'ajout de [[Tierce (musique)|tierces]] et de [[Septième (musique)|septièmes]] « [[Note bleue|bleues]] », et comportant fréquemment de courts refrains auxquels la congrégation peut se joindre. Cependant, Tindley est important surtout en tant que parolier et poète. Ses paroles parlent directement aux sentiments de son public, dont beaucoup sont d'anciens esclaves, souvent pauvres, analphabètes et nouvellement arrivés dans le [[Nord des États-Unis|Nord]]. « Encore aujourd'hui, écrit le musicologue Horace Boyer, les pasteurs citent ses textes au milieu de leurs sermons comme s'il s'agissait de poèmes, ce qu'ils sont en effet »<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Horace Clarence |nom1=Boyer |titre=Charles Albert Tindley: Progenitor of Black-American Gospel Music |périodique=The Black Perspective in Music |volume=11 |numéro=2 |mois=automne |année=1983 |pages=113}}.</ref>.

La structure de ''We Shall Overcome'' est influencée à la fois par le texte et la mélodie de ''I'll Overcome Some Day''. L'air est modifié pour faire écho à la mélodie d'ouverture et de fin de ''No More Auction Block For Me'', également connue sous le nom de son refrain ''Many Thousands Gone''<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Thomas Wentworth |nom1=Higginson |titre=Negro Spirituals |périodique=The Atlantic Monthly |volume=19 |numéro=116 |mois=juin |année=1867 |pages=685–694 |url texte=https://www.theatlantic.com/issues/1867jun/spirit.htm }}.</ref>. Par coïncidence, [[Bob Dylan]] prétend qu'il a utilisé le même motif mélodique de ''No More Auction Block'' pour sa composition, ''[[Blowin' in the Wind]]''<ref>Lors d'une interview pour la radio, à Rochester, le {{date-|26 septembre 1978}}, Dylan déclare au journaliste Marc Rowland : « ''Blowin' in the Wind'' a toujours été un [[negro spiritual|spiritual]]. Je l'ai imité d'une chanson intitulée ''No More Auction Block'' - c'est un spiritual, et ''Blowin' in the Wind'' suit en quelque sorte le même sentiment… »</ref>.

La première moitié de ''We Shall Overcome'' ressemble aussi beaucoup au célèbre hymne catholique laïc ''[[O Sanctissima]]'', également connu sous le nom de ''The Sicilian Mariners Hymn'', publié pour la première fois par un magazine londonien en 1792 et puis par un magazine américain en 1794 et largement diffusé dans les cantiques américains.


=== Chanson protestataire ===
=== Chanson protestataire ===

Version du 24 février 2023 à 17:04

Joan Baez chantant We Shall Overcome en 1963 à Washington, D.C.

We Shall Overcome (« Nous triompherons ») est une protest song tirée d'un vieux gospel de Charles Albert Tindley (en) intitulé I'll Overcome Someday et paru pour la première fois en 1900 ou 1901[1],[2]. La chanson est surtout célèbre pour avoir servi d'hymne lors des marches du Mouvement des droits civiques aux États-Unis.

Histoire

Origine

We Shall Overcome tire son origine d'un chant gospel intitulé I'll Overcome Some Day, écrit par le révérend Charles Albert Tindley (en) et publié pour la première fois en 1900[3],[4]. Pasteur renommé de l'Église épiscopale méthodiste, Tindley est l'auteur d'environ 50 hymnes évangéliques, dont We'll Understand It By and By et Stand By Me. Le texte publié porte l'épigraphe « Ye shall overcome if ye faint not » dérivé de l'Épître aux Galates (6: 9).

Les chansons de Tindley sont composées dans un dialecte enraciné dans les traditions folkloriques afro-américaines, utilisant des intervalles pentatoniques, avec suffisamment d'espace pour une interpolation improvisée, l'ajout de tierces et de septièmes « bleues », et comportant fréquemment de courts refrains auxquels la congrégation peut se joindre. Cependant, Tindley est important surtout en tant que parolier et poète. Ses paroles parlent directement aux sentiments de son public, dont beaucoup sont d'anciens esclaves, souvent pauvres, analphabètes et nouvellement arrivés dans le Nord. « Encore aujourd'hui, écrit le musicologue Horace Boyer, les pasteurs citent ses textes au milieu de leurs sermons comme s'il s'agissait de poèmes, ce qu'ils sont en effet »[5].

La structure de We Shall Overcome est influencée à la fois par le texte et la mélodie de I'll Overcome Some Day. L'air est modifié pour faire écho à la mélodie d'ouverture et de fin de No More Auction Block For Me, également connue sous le nom de son refrain Many Thousands Gone[6]. Par coïncidence, Bob Dylan prétend qu'il a utilisé le même motif mélodique de No More Auction Block pour sa composition, Blowin' in the Wind[7].

La première moitié de We Shall Overcome ressemble aussi beaucoup au célèbre hymne catholique laïc O Sanctissima, également connu sous le nom de The Sicilian Mariners Hymn, publié pour la première fois par un magazine londonien en 1792 et puis par un magazine américain en 1794 et largement diffusé dans les cantiques américains.

Chanson protestataire

La version moderne de la chanson aurait été chantée pour la première fois par des ouvriers du tabac, dirigés par Lucille Simmons lors d'une grève en 1945 à Charleston, en Caroline du Sud. En 1947, la chanson fut publiée sous le titre We Will Overcome dans une édition du People's Songs Journal (une publication de People's Songs, une organisation dont Pete Seeger était le directeur)[8], à titre de contribution et avec une introduction de Zilphia Horton, alors directrice musicale de la Highlander Folk School de Monteagle, au Tennessee (une école de formation des adultes qui a formé les délégués syndicaux). Horton a dit qu'elle avait appris la chanson de Simmons et qu'elle la considérait comme sa chanson préférée. Elle l'enseigna à beaucoup d'autres, y compris Pete Seeger, [9] qui l'incluait dans son répertoire, de même que de nombreux autres chanteurs activistes, tels que Frank Hamilton et Joe Glazer, qui l'avaient enregistrée en 1950.

Défense des droits civiques

La chanson a été associée au mouvement des droits civiques à partir de 1959, lorsque Guy Carawan est intervenu avec sa version et celle de Seeger en tant que leader de la chanson à Highlander, qui était alors axée sur l'activisme non violent des droits civils. Il est rapidement devenu l'hymne non officiel du mouvement. Seeger et d'autres chanteurs célèbres du début des années 1960, tels que Joan Baez, ont chanté la chanson lors de rassemblements, de festivals folkloriques et de concerts dans le Nord et ont contribué à sa diffusion. Depuis qu'elle a pris de l'importance, la chanson et les chansons qui en découlent ont été utilisées dans diverses manifestations à travers le monde.

Copyright

Le copyright américain du numéro du People's Songs Bulletin qui contenait We Will Overcome a expiré en 1976, mais la Richmond Organization a revendiqué un droit d'auteur sur les paroles de We Shall Overcome, enregistrées en 1960. En 2017, en réponse à une action en justice contre TRO À propos d'allégations de fausses allégations de droit d'auteur, un juge américain a rendu un avis selon lequel l'œuvre enregistrée était suffisamment différente des paroles de We Will Overcome qui étaient tombées dans le domaine public en raison du non-renouvellement. En , la société a accepté un règlement en vertu duquel elle ne revendiquerait plus aucune revendication de droit d'auteur sur la chanson.

Interprétations

Joan Baez chantant We Shall Overcome en 2010 à la Maison-Blanche.

We Shall Overcome a notamment été enregistré par Pete Seeger, Joan Baez, Frank Hamilton (en), Joe Glazer (en), Bruce Springsteen, Peter, Paul and Mary, les Mountain Men, Roger Waters des Pink Floyd...

En 2012, HK et Les Saltimbanks l'ont reprise sur l'album Les Temps modernes et Roger Waters l’interprète de Pink Floyd[Quand ?] dans une vidéo en ligne protestant contre la politique israélienne vis-à-vis du peuple palestinien de Gaza.

En 2017, Yo-Yo Ma la reprend avec son ensemble « The Silk Road Ensemble », pour la musique du film documentaire de Ken Burns The Vietnam War.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Victor V. Bobetsky (éd.), We shall overcome : essays on a great American song, Lanham (Maryland), Rowman & Littlefield, 2015 (ISBN 978-1-4422-3602-8).

Liens externes

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Notes et références

  1. (en) Victor Bobetsky, « The complex ancestry of "We Shall Overcome" », Choral Journal, vol. 57,‎ , p. 26–36.
  2. (en) Dorian Lynskey, 33 revolutions per minute : a history of protest songs, from Billie Holiday to Green Day, New York, Faber & Faber, (ISBN 978-0061670152, lire en ligne), p. 33.
  3. (en) Charles Albert Tindley, biographie sur le site du musée « Taylor House Museum » (taylorhousemuseum.org).
  4. (en) C. Austin Miles (dir.), Maurice A. Clifton (dir.) et C. Albert Tindley, New Songs of the Gospel : for Use in Religious Meetings, Philadelphie, Hall-Mack Co., (lire en ligne), chap. 27.
  5. (en) Horace Clarence Boyer, « Charles Albert Tindley: Progenitor of Black-American Gospel Music », The Black Perspective in Music, vol. 11, no 2,‎ , p. 113.
  6. (en) Thomas Wentworth Higginson, « Negro Spirituals », The Atlantic Monthly, vol. 19, no 116,‎ , p. 685–694 (lire en ligne).
  7. Lors d'une interview pour la radio, à Rochester, le , Dylan déclare au journaliste Marc Rowland : « Blowin' in the Wind a toujours été un spiritual. Je l'ai imité d'une chanson intitulée No More Auction Block - c'est un spiritual, et Blowin' in the Wind suit en quelque sorte le même sentiment… »
  8. (en) Jon Pareles, « Pete Seeger, Champion of Folk Music and Social Change, Dies at 94 », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  9. (en) Pete Seeger, Where have all the flowers gone : a musical autobiography, Sing Out!, (ISBN 1881322106 et 9781881322108, OCLC 36207625, lire en ligne)