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Le '''charisme''' est la qualité d'une personne ou d'un groupe qui séduit, influence, voire fascine, les autres par ses discours, ses attitudes, son tempérament, ses actions. Un charisme puissant trouble et neutralise le jugement d'autrui ; le charisme aide à diriger, voire à [[Manipulation mentale|manipuler]], les autres.
Le '''charisme''' est la qualité d'une personne ou d'un groupe qui séduit, influence, voire fascine, les autres par ses discours, ses attitudes, son tempérament, ses actions. Un charisme puissant trouble et neutralise le jugement d'autrui ; le charisme aide à diriger, voire à [[Manipulation mentale|manipuler]], les autres.

Indépendamment de toute théorie particulière du charisme, on suggère différentes caractéristiques qui sont le plus souvent associées aux personnes charismatiques.

Les personnes charismatiques sont généralement :

* émotionnellement expressives,
* Enthousiastes,
* motivées,
* éloquentes,
* visionnaires,
* sûres d'elles,
* sensibles aux autres.


== Psychologie ==
== Psychologie ==

Version du 25 mars 2023 à 13:15

Le charisme est la qualité d'une personne ou d'un groupe qui séduit, influence, voire fascine, les autres par ses discours, ses attitudes, son tempérament, ses actions. Un charisme puissant trouble et neutralise le jugement d'autrui ; le charisme aide à diriger, voire à manipuler, les autres.

Indépendamment de toute théorie particulière du charisme, on suggère différentes caractéristiques qui sont le plus souvent associées aux personnes charismatiques.

Les personnes charismatiques sont généralement :

  • émotionnellement expressives,
  • Enthousiastes,
  • motivées,
  • éloquentes,
  • visionnaires,
  • sûres d'elles,
  • sensibles aux autres.

Psychologie

Philosophiquement, le charisme peut être décrit comme une forme spécifique d'autorité qui dériverait du talent[1]. Cependant la personnalité charismatique résulte moins du talent lui-même que de la capacité à fasciner par son talent. Briller devant les autres implique d'avoir le talent de mettre en scène son talent (réel ou usurpé).

"La personne charismatique est par conséquent ressentie comme unique, différente... au- dessus et à côté à la fois. Et, le paradoxe,

c’est qu’elle sera perçue comme encore plus extraordinaire si elle est simple, proche des gens, dépourvue d’arrogance, qu’elle traitera les autres d’égal à égal ! En résumé, une personne charismatique agit sur les autres au niveau rationnel et émotionnel."[2]

Une autorité « charismatique » est une façon de diriger les gens en prenant l'ascendant sur eux au moyen de son charisme. Concernant la capacité de certains à mener des groupes en jouant sur les aspects émotionnels, on parle de « héros charismatique » ou « chef charismatique ».

Bien que le charisme ait été largement discuté en sociologie, psychologie, politique, science, communication et d'autres disciplines, c'est une construction très insaisissable.

Il existe d’ailleurs plusieurs définitions du charisme.

Étymologie

Le terme est d'origine grecque : χάρισμα (khárisma) est une faveur gratuitement accordée. Cette notion a pour racine le mot χάρις (kháris), qui signifie « grâce ». Certains dérivés de cette racine (y compris "grâce") ont des significations similaires au sens moderne du charisme de la personnalité, tels que "rempli d'attrait ou de charme", "gentillesse", "donner une faveur ou un service" ou "être favorisé ou blessé".

Théologie

Le mot « grâce », en hébreu, est exprimé par la racine trilittère חנן (Ḥ-N-N). Il est employé dans la Bible hébraïque à propos de la faveur donnée par Dieu. Dans la Septante, il est traduit par kháris. Le concept est repris dans la théologie chrétienne à partir du corpus paulinien, en particulier l'Épître aux Romains ainsi que la Première et la Deuxième Épître aux Corinthiens. Il signifie alors une faveur, un don, accordé par le Saint-Esprit à un individu ou à un groupe.

Les théologiens et les spécialistes des sciences sociales ont élargi et modifié la signification grecque originale en deux sens distincts : le charisme de la personnalité et le charisme conféré par Dieu.

Le sens du charisme s'est considérablement diffusé à partir de son sens originel conféré par Dieu, et même du sens du charisme de la personnalité dans les dictionnaires anglais modernes, qui se réduit à un mélange de charme et de statut.

Sociologie

L’un des domaines dans lequel la notion de charisme est la plus étudiée est la sociologie (3452 occurrences obtenues sur Cairn.info). Le mot a été introduit en sociologie en 1912 par Ernst Troeltsch[3] pour désigner la domination basée sur l’autorité de type charismatique au sein d’un groupe religieux minoritaire (notion de secte). Parmi les travaux majeurs impliquant ce sujet, on notera ceux de Max Weber sur les religions et la structure de certaines sociétés. L’une des raisons amenant à revisiter les analyses de Weber sur le sujet, tient dans le fait que ces dernières ont été interprétées et critiquées par divers anthropologues et sociologues ; parmi lesquels Pierre Bourdieu.

Max Weber et Pierre Bourdieu

D'après le sociologue Max Weber[4], le charisme est « la croyance en la qualité extraordinaire […][5] d'un personnage, qui est, pour ainsi dire, doué de forces ou de caractères surnaturels ou surhumains ou tout au moins en dehors de la vie quotidienne, inaccessible au commun des mortels ; ou encore qui est considéré comme envoyé par Dieu ou comme un exemple, et en conséquence considéré comme un « chef ». »

L’une des raisons amenant à revisiter les analyses de Weber sur le sujet, tient dans le fait que ces dernières ont été interprétées et critiquées par divers anthropologues et sociologues ; parmi lesquels Pierre Bourdieu. En ce qui concerne le charisme, le reproche majeur fait par Bourdieu consistait en une retenue de Weber à formuler une vision sociologique du charisme, basée sur des relations inter-individuelles soumise à des déterminismes. Ainsi Bourdieu, pour souligner les hésitations supposées de Weber, pointera des incohérences dans les définitions qu’il proposera du charisme.[6] Bourdieu, dans sa revue des travaux de Weber, suppose qu’il attribue injustement au charisme des qualités métaphysiques et endogène à l’individu. Bourdieu reproche à Weber, principalement sa conception uniforme du charisme, qui relèverait plus d’une forme de prédisposition que d’interaction ou de projections entre individus.

Modes de Charisme

La germaniste, Isabelle Kalinowski[7], propose de nuancer cette critique de Bourdieu à l’égard de Weber, en cernant les différents regards que l’on peut poser sur la notion de charisme[3]. En résumé des études approfondies d’Isabelle Kalinowski, on peut identifier 3 modes de charismes. Non-exclusifs les uns aux autres, ces modes de charisme figureraient les pôles d’un même phénomène. L’essentiel du propos dans cette section d’article se base sur la contextualisation proposée par Isabelle Kalinowski.

Charisme héréditaire ou gentilice

Le 1er mode de charisme identifié par Isabelle Kalinowski est un mode qu’on peut qualifier arbitrairement de charisme par ascendance. Il se caractérise soit par un lien de filiation direct, ou par une lignée. Dans le 1er cas, on parle de charisme héréditaire dont bénéficie un individu, à la suite du legs d’un ascendant de 1er rang. Le 2ème cas de charisme par ascendance est le charisme gentilice. Il repose sur la reconnaissance d’un clan envers lui-même ou un de ses membres, en référence à un ou plusieurs ancêtres communs. Le charisme gentilice résulte souvent de la glorification des liens du sang.

Sur la base du modèle charismatique héréditaire, dans le cas de la caste indienne des Brahman, Weber conclura que la reconnaissance des compétences se base sur des compétences (i.e. savoir-faire, initiation), elles-mêmes découlant de qualités proprement charismatiques (i.e. hérédité, prédisposition). Weber, par ces travaux sur le charisme héréditaire, aboutit à l’identification de 3 dimensions applicables au charisme : l’hérédité, les propriétés spécifiques de l’individu, l’attestation de compétences. Il interroge donc le caractère purement inné du charisme, en soulignant « la compétence qu’il implique.

Charisme de fonction

À la suite d’une controverse initiée par l’africaniste Luc de Heush[8], une distinction sera faite entre :

-          le charisme dans son assertion standard visant un individu aux facultés extraordinaires et doté d’un rayonnement personnel, lui permettant de réalisées certaines œuvres ;

-          le charisme obtenu par procuration via des rites ou manipulations mystiques ou religieuse, conférant aux charismatique les propriétés associées.

A l’issue de ce débat, un cas particulier sera fait du charisme par procuration. Isabelle Kalinowski évacue l’hypothèse selon laquelle Weber aurait été aveugle à ce 2ème mode de charisme. En effet, ce dernier, l’avait déjà identifié notamment dans ses travaux sur les cérémonies d’ordination des prêtres ou de sacralisation des rois. Weber avait qualifié ce charisme de « charisme de fonction » et lui avait assigné les particularités suivantes :

-          la croyance charismatique est moins dépendante des qualités intrinsèques du charismatique, que du vecteur et du cérémonial de transfert des facultés ;

-          la notion de charactère indélébile qui rend définitif et irrévocable le statut du charismatique, bien qu’il n’en ait plus les attributs ou l’usage ;

-          l’intériorisation ou l’inférence par le public ou les croyants charismatique de valeurs morales indissociables des attributs charismatiques, bien qu’elles ne soient pas confirmées (e.g. travaux de Weber sur le Calvinisme qui userait de ce procédé édifier des personnalités religieuses influentes). A la différence des charismes par ascendance, le processus d’intériorisation du charisme de fonction permet aux croyants ordinaires de prétendre aux attributs charismatiques et donc indirectement à la grâce divine ;

-          la démonstration, par le charismatique, d’un dévouement excessif à la fonction assignée dans le but d’éviter tout soupçon d’extériorité des attributs charismatiques. On a dans ce cas un imitation des dispositions du charisme héréditaire (i.e. charisme d’origine interne) ;

-          la sacralisation de la fonction et de la personne charismatique, bien que la 1ère sacralisation puisse être évincée au profit de ressorts divins (e.g. puritanisme protestant). Ce qui peut compromettre la hiérarchisation des fonctions au sein d’une société et s’oppose donc à un système de castes ;

L’ensemble de ces particularités, et surtout la désacralisation de la fonction charismatique, vont contribuer à une rationalisation du charisme de fonction par les croyants. Cette rationalisation aboutira dans le puritanisme a une organisation du travail par division, de sorte à ne pas offenser les dogmes religieux et ne pas favoriser des personnalités en concurrence avec le divin. Cette organisation du travail a auguré de la transition vers le modèle de société capitaliste et le déclin du statut charismatique. Toutefois, dans la société capitaliste américaine du début du 20ème siècle, une résurgence de la sacralisation de la personne et de la fonction a été observé par Weber, en opposition au mythe du « self-made man ».

Charisme personnel et psychologie du charismatique

Le 3ème mode de charisme étudié par Weber est le charisme personnel. Cette assertion découle du mode de domination spécifique qu’il génère et qui est qualifié de labile ou instable.

Additionnée aux phénomènes d’intériorisation et de naturalisation qu’il partage avec les autres modes de charismes, le charisme personnel est également soumis à une individualisation. Cette individualisation souligne tant l’appropriation d’attributs par un individu charismatique que la possibilité qu’il en soit déchu. Cette possibilité de perte des attributs charismatiques est perceptible dans les deux autres modes de charisme.

L’instabilité du charisme personnel réside dans le fait qu’il ne nécessite pas une validation formelle des croyants charismatiques. Par ailleurs, ce mode de charisme met l’accent sur l’expérience du charismatique. Ainsi on pourrait l’étiqueter comme un charisme de la défaillance ou « charisme-fardeau » dont Weber va caractériser l’essentialisation à travers des troubles physiques ou symptômes psychiques, dans la religion judaïque.

Ces afflictions chez les charismatiques n’étaient pas perçues en tant que déviances de la norme. En effet, les croyants charismatiques considéraient ces troubles comme des traits singuliers/uniques chez les prophètes judaïques. Cette valorisation des manifestations psychiques n’est pas une constante dans toutes les civilisations et varie notamment en fonction des classes sociales.

De la même façon que le lien entre charisme et propriétés supposées naturelles n’étaient pas toujours fondées, mais projetées par le charismatiques ou ses croyants (i.e. intériorisation), il était fréquent que les traits physiques du charismatique soient injustement corrélées au charisme ou naturalisées. Cette corrélation obéirait, selon Weber, à des critères propres à chaque culture ou religion (e.g. Lalitavistara dans le corpus bouddhique).

Il est également postulé que Weber attribue la cause de cette naturalisation du charisme personnel à son rôle de révélateur et structurant de la croyance charismatique au quotidien. Les disciples, par la naturalisation, espéraient ancrer dans le temps et l’espace les aptitudes du charismatique. En définitive, la naturalisation opérée les croyants remplissait deux objectifs :

-          lutter contre la nature précaire du charisme, sous la menace d’un démenti en l’absence de manifestations charismatiques récurrentes ou à la suite d’une perte d’efficacité des œuvres charismatiques ;

-          se préserver de modes de dominations plus stables que celui du charisme personnel, mais d’ordres autoritaire ou despotique.

Outre la naturalisation véhiculée par l’essentialisation des afflictions, Isabelle Kalinowski attribue à Weber les constatations suivantes sur le charisme personnel :

-          il ferait partie intégrante des deux autres modes de charisme, dans des proportions variables ;

-          il ne relèverait moins de rites initiatiques ou d’un apprentissage, que d’une révélation (e.g. proclamation des prophètes religieux dans le « Judaïsme antique »);

-          il s’accompagnerait de phénomènes psychiques notables tant sur le charismatique que sur ses disciples (e.g. abnégation, transcendance des troubles, vœux de silence, interprétation des afflictions et des perceptions etc.)

Weber aurait ainsi conclu que la restitution des paroles sacrées par le charismatique et leur interprétation sont le résultat d’une survivance du charismatique à l’encontre de ces états psychiques. Ainsi le charismatique transcenderait ses troubles et ses perceptions, pour accéder à leur interprétation ; elle même provenant des entités sacrées ou de divinités.

On peut noter que les aspects psychopathologiques des phénomènes charismatiques ont été l’objet d’obsessions de Max Weber. Obsessions qui l’auraient mené à établir des parallèles entre sa personne et celle du prophète Jérémie. Parmi ses autres interprétations sur la psychopathologie des prophètes, Weber aurait admis une proximité entre «la folie » et la « création » des prophètes.

Politique

Il arrive que des personnalités publiques, chefs de partis politiques ou fondateurs de mouvements religieux, soient qualifiées de « charismatiques ».

Bibliographie

  • Bryman, A. (1992). Charisma and leadership. London: Sage. Conger, J. A., & Kanungo, R.N. (1998).
  • Ian Kershaw, Hitler – Essai sur le charisme en politique, Gallimard, Paris, 1995.
  • Économie et société (posthume 1921), traduction du tome 1 par Julien Freund, Plon, 1971 ; édition de poche, Pocket, 1995 et 2003 (sous-titre : Les Catégories de la sociologie)
  • Kalinowski I. (2016) , Max Weber et la nature du charisme, Sensibilités 2016/1 (N° 1), pages 11 à 25.

Notes et références

  1. Bernard Bourrit, Du charisme : essai de démystification., Zürich, Abrüpt, , 144 p. (ISBN 9783036101811, lire en ligne)
  2. Béatrice Toulon, Oui, vous avez du charisme, Dunod, dl 2015, cop. 2015 (ISBN 978-2-10-071566-4 et 2-10-071566-6, OCLC 911000391, lire en ligne)
  3. Die Soziallehren der christlichen Kirchen und Gruppen (Les doctrines sociales des Églises et groupes chrétiens), 1912.
  4. Max Weber dans Économie et société.
  5. À l'origine déterminée de façon magique tant chez les prophètes et les sages, thérapeutes et juristes, que chez les chefs des peuples chasseurs et les héros guerriers.
  6. PIERRE BOURDIEU, « Une interprétation de la théorie de la religion selon Max Weber », European Journal of Sociology / Archives Européennes de Sociologie / Europäisches Archiv für Soziologie, vol. 12, no 1,‎ , p. 3–21 (ISSN 0003-9756, lire en ligne, consulté le )
  7. Isabelle Kalinowski, « Max Weber et la nature du charisme: », Sensibilités, vol. N° 1, no 1,‎ , p. 11–25 (ISSN 2496-9087, DOI 10.3917/sensi.001.0011, lire en ligne, consulté le )
  8. Luc de Heush, Charisme et Royauté, Paris, Société d'Ethnologie, (ISBN 2901161723), p. 9-10