« Élections générales uruguayennes de 1971 » : différence entre les versions

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Version du 2 décembre 2009 à 20:37

Les élections générales de novembre 1971 se déroulèrent dans un contexte de crise économique, sociale et politique qui affectait l'Uruguay, culminant un an et demi plus tard dans le coup d'Etat de juin 1973. Outre les deux partis traditionnels, le Parti colorado et le Parti blanco, une coalition de gauche, le Front large, s'était formée, avec comme candidat à la présidence le général Líber Seregni, qui avait démissionné en 1969 de l'armée en protestation contre l'autoritarisme du président Jorge Pacheco Areco.

La présidentielle, entachée de fraudes multiples, fut remportée le par Juan María Bordaberry (colorado), avec 40,3% des voix contre 40,1% pour le candidat blanco, Wilson Ferreira Aldunate, tandis que le Front large (coalition de gauche tout juste créée) remporte 18,6% des voix. 1 878 132 électeurs étaient appelés à se prononcer, la participation s'élevant à 88,6% (1 664 119), le vote étant obligatoire depuis la réforme constitutionnelle de 1966.

D'autre part, en nombre absolu de voix, Wilson Ferreira avait obtenu plus de voix que Bordaberry (près de 440 000 contre environ 380 000). Cependant, en raison de la ley de lemas régissant le système électoral uruguayen, Bordaberry gagnait: en effet, cette forme de scrutin proportionnel uninominal à un seul tour conduit à additionner les suffrages obtenues par les différentes listes d'un parti, et à accorder la victoire au parti ayant obtenu le plus de voix; au sein de ce parti, c'est la liste ayant obtenue le plus de voix par rapport aux autres de son parti qui remporte l'élection présidentielle.

En d'autres termes, en réunissant toutes les listes de chaque parti, le Parti colorado avait obtenu plus de voix que le Parti blanco (681 624 contre 668 822), mais la liste de Wilson Ferreira (« wilsoniste ») avait, de façon isolée, remportée plus de voix que celle de Bordaberry.

Concernant les parlementaires, il s'agissait d'une sorte de scrutin proportionnel plurinominal (plusieurs postes sont à pourvoir, contrairement à la présidentielle). Sur un total de 30 sénateurs, le Parti colorado en obtint ainsi 13; les Blancos douze, et le Front large 5. Et sur 99 députés, les Colorados en eurent 41, les Blancos 40, et le Front large 18. Malgré la défaite de la coalition de gauche, c'était la première fois que la gauche uruguayenne obtenait un tel succès.

Les candidatures colorada: Bordaberry et les autres

Au sein du Parti colorado, l'Union nationale réélectionniste (es), qui milite pour une réforme constitutionnelle afin de permettre à Pacheco Areco de briguer un second mandat, présente néanmoins Juan María Bordaberry comme candidat présidentiel, flanqué de Jorge Sapelli comme co-listier, aux élections de novembre 1971, au cas où la réforme constitutionnelle serait rejetée.

D'autres tendances coloradas présentent des candidats, dont notamment Jorge Batlle, avec comme co-listier Renán Rodríguez, et Amílcar Vasconcellos, avec comme co-listier Manuel Flores Mora.

Les candidatures blanca: Wilson Ferreira et les autres

Le Parti blanco présente lui aussi plusieurs listes électorales, avec Wilson Ferreira Aldunate sur la liste Pour la patrie, qui devient la première tendance du parti. La candidature rivale la plus importante est celle du militaire anti-communiste Mario Aguerrondo, accompagné de Alberto Héber Usher, président du Conseil national du gouvernement en 1966-67.

La campagne électorale

La campagne électorale est marquée par la crise économique et sociale, ainsi qu'un affrontement politique important, avec notamment l'activité de la guérilla des Tupamaros, qui ont toutefois baissé le ton lors de la campagne dans le cadre de leur « soutien critique » au Front large, matérialisé notamment par la création du Mouvement du 26 mars, tandis que les escadrons de la mort organisent des attentats, tentant notamment d'assassiner le candidat du Front, le général Líber Seregni. Le Front large, qui présentait un programme similaire à celui de l'Unité populaire chilienne, ayant mené Salvador Allende à la victoire, réunissait du Parti communiste (PCU) au Parti démocrate chrétien (PDC), en passant par des dissidents des partis traditionnels, dont la liste 99 (Pour le gouvernement du peuple) de Zelmar Michelini (assassiné en 1976), et des groupes plus radicaux (Mouvement révolutionnaire oriental, etc.).

Le plébiscite constitutionnel

Les électeurs eurent aussi à se prononcer sur un référendum-plébiscite visant à réformer la Constitution afin de permettre la réélection immédiate de Jorge Pacheco Areco. Pour être réussi, ce plébiscite qui aurait immédiatement reconduit à la présidence Areco - annulant de ce fait l'élection présidentielle tenue au même moment -, il devait réunir la majorité des suffrages, supérieure à 35% des électeurs de droit, ce qui équivalait à 832 060 suffrages. De fait, seul le secteur « pachéquiste » à l'intérieur du Parti colorado, qui présentait par ailleurs la candidature de Bordaberry en cas d'échec de ce plébiscite, était logiquement amené à voter OUI à ce plébiscite. Avec 491 680 suffrages, soit 29,55% des électeurs de jure, cette option fut rejetée.

Victoire de Bordaberry dans un contexte de fraudes

Bordaberry est élu président avec 40,3% des voix contre 40,1% pour le candidat blanco, Wilson Ferreira Aldunate, tandis que le Front large (coalition de gauche tout juste créée) remporte 18,6% des voix. Les élections sont néanmoins entachées de fraudes nombreuses, organisées notamment à l'instigation de la junte militaire brésilienne, dirigée par le général Emílio Garrastazu Médici, avec le soutien passif de Richard Nixon, président des Etats-Unis, qui veut en effet éviter une version uruguayenne de la victoire de l'Unité populaire chilienne [1]. Wilson Ferreira déclara alors qu'on lui avait « volé sa victoire » [2], tandis que la Cour électorale fut qualifiée de « comité public du Parti colorado ».

Dans les année suivantes, l'autoritarisme et l'intervention de l'armée augmenta rapidement, culminant dans le coup d'Etat de juin 1973.

Tableau du résultat des élections

Parti Candidats Votes Pourcentage des suffrages au sein du parti Pourcentage des suffrages sur l'ensemble des électeurs
Parti Colorado Juan María Bordaberry - Jorge Sapelli 379.515 55,68% 22,81%
Jorge Batlle - Renán Rodríguez 242.804 35,62% 14,59%
Amílcar Vasconcellos - Manuel Flores Mora 48.844 7,17% 2,94%
Juan Luis Pintos - Torielli 5.402 0,79% 0,32%
Juan Pedro Ribas - Gorlero 4.025 0,59% 0,24%
Al lema 1.034 0,15% 0,06%
Total 681.624 100,00% 40,96%
Parti blanco Wilson Ferreira Aldunate - Carlos Julio Pereyra 439.649 65,73% 26,42%
Mario Aguerrondo - Alberto Héber Usher 228.569 34,17% 13,74%
Fadol - Arias 35 00,01% 00,00%
Al lema 569 00,09% 00,03%
Total 668.822 100,00% 40,19%
Parti démocrate chrétien-Front large [3] Líber Seregni - Juan José Crottogini 304.275 100,00% 18,28%
Union radicale chrétienne Daniel Pérez del Castillo - Saralegui 8.844 100,00% 00,53%
Partido de los Jubilados y Pensionistas [4] Vázquez - Rodríguez 288 100,00% 00,02%
Movimiento Justiciero [5] Espínola - Álvarez Varela 241 100,00% 00,01%
Partido Juventud por el Desarrollo Oriental [6] Suárez - Irujo de Grendene 25 100,00% 00,00%

Notes et références

  1. NIXON: "BRAZIL HELPED RIG THE URUGUAYAN ELECTIONS," 1971, National Security Archive Electronic Briefing Book n°71, 20 juin 2002.
  2. El fraude de 1971. Respuesta a Sanguinetti, La Republica, 25 septembre 2007
  3. En raison des restrictions successives apportées à la ley de lemas, la coalition du Front large devait concourir sur la lema du Parti démocrate chrétien pour bénéficier des avantages afférents aux partis politiques institués. Voir l'encadré sur la ley de lemas de Gerardo Caetano, Uruguay, la tradición innovada, Le Monde diplomatique édition du Cône sud, n°1, janvier 1999.
  4. Parti des retraités
  5. Mouvement justicier
  6. Parti jeune pour le développement oriental. L'Uruguay s'appelle officiellement République orientale de l'Uruguay.

Voir aussi