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==Origines==
==Origines==
Pendant longtemps et jusqu'en 1771, le Parlement britannique fut un corps législatif extrêmement secret. Les décisions du Parlement étaient bien sûr rendues publiques, mais il n'existait pas de comptes rendus des débats. Bien plus, révéler des propos tenus à la Chambre constituait une atteinte aux privilèges parlementaires, et était punissable par les deux Chambres. Comme de plus en plus de personnes s'intéressaient aux débats parlementaires, de plus en plus de particuliers se mirent à publier des comptes rendus officieux de ces débats. Les rédacteurs s'exposaient au pire des cas à des amendes. Certains d'entre eux présentaient les débats parlementaires comme des débats de sociétés ou d'institutions imaginaires. Par exemple, ces débats étaient publiés sous les titres de ''Discussions à la Chambre basse de la Société de [[Robin des bois]]''<ref>[http://www.hansard-westminster.co.uk/story.asp Story of Hansard]</ref>, ou ''Débats du sénat de Magna Lilliputia'', chronique de [[Samuel Johnson]] dans [[The Gentleman's Magazine]].
Pendant longtemps et jusqu'en 1771, le Parlement britannique fut un corps législatif extrêmement secret. Les décisions du Parlement étaient bien sûr rendues publiques, mais il n'existait pas de comptes rendus des débats. Bien plus, révéler des propos tenus à la Chambre constituait une atteinte aux privilèges parlementaires, et était punissable par les deux Chambres. Comme de plus en plus de personnes s'intéressaient aux débats parlementaires, de plus en plus de particuliers se mirent à publier des comptes rendus officieux de ces débats. Les rédacteurs s'exposaient au pire des cas à des amendes. Certains d'entre eux présentaient les débats parlementaires comme des débats de sociétés ou d'institutions imaginaires. Par exemple, ces débats étaient publiés sous les titres de ''Discussions à la Chambre basse de la Société de [[Robin des bois]]''<ref name = Story>[http://www.hansard-westminster.co.uk/story.asp Story of Hansard]</ref>, ou ''Débats du sénat de Magna Lilliputia'', chronique de [[Samuel Johnson]] dans [[The Gentleman's Magazine]].


En 1771 [[Brass Crosby]], alors [[Lord-maire de Londres]], convoqua un imprimeur, appelé Miller, qui osait publier les comptes rendus des discussions parlementaires. Il relâcha l'homme, mais par la suite, il fut lui-même appelé à comparaître devant le [[Parlement du Royaume-Uni|Parlement]] pour expliquer sa conduite. Crosby fut incarcéré à la [[Tour de Londres]], mais lors du procès, plusieurs juges refusèrent d'entendre cette affaire, et après des protestations du public, Crosby fut libéré<ref>[http://www.bromley.gov.uk/environment/conservation_urban_design/blueplaques/brass_crosby_%281725-1793%29.htm Bromley : Brass Crosby]</ref>{{,}}<ref>[http://www.stockton.gov.uk/yourcouncil/about/mayor/halloffame/brasscrosby/ Stockton-on-Tees : Crosby]</ref>.
En 1771 [[Brass Crosby]], alors [[Lord-maire de Londres]], convoqua un imprimeur, appelé Miller, qui osait publier les comptes rendus des discussions parlementaires. Il relâcha l'homme, mais par la suite, il fut lui-même appelé à comparaître devant le [[Parlement du Royaume-Uni|Parlement]] pour expliquer sa conduite. Crosby fut incarcéré à la [[Tour de Londres]], mais lors du procès, plusieurs juges refusèrent d'entendre cette affaire, et après des protestations du public, Crosby fut libéré<ref>[http://www.bromley.gov.uk/environment/conservation_urban_design/blueplaques/brass_crosby_%281725-1793%29.htm Bromley : Brass Crosby]</ref>{{,}}<ref>[http://www.stockton.gov.uk/yourcouncil/about/mayor/halloffame/brasscrosby/ Stockton-on-Tees : Crosby]</ref>.

Le Parlement cessa d'interdire la publication de ses débats, en partie grâce aux campagnes de [[John Wilkes]] en faveur de la [[liberté d'expression|liberté de parole]]. À partir de ce moment, plusieurs se lancèrent dans ce genre de publication . Parmi les premières réussites, on peut citer le ''Parliamentary Register'', publié par John Almon et John Debrett de 1775 jusqu'en 1813.

[[William Cobbett]], un éditeur, radical notoire, commença à publier en 1802 ''Parliamentary Debates'' en tant que supplément de son ''[[Political Register]]'', qui lui-même remontait à ''Parliamentary History''. Les comptes rendus de Cobbett furent imprimés à partir de 1809 par [[Thomas Curson Hansard]]; en 1812, ses affaires périclitant, Cobbett vendit les ''Debates'' à Hansard. À partir de 1829, le nom « Hansard » apparut sur la première page de chaque numéro<ref name = Story/>.

Ni Cobbett, ni Hansard n'employèrent quelqu'un pour prendre note des débats. Leurs informations provenaient d'une multitude de sources tirées des journaux du matin. Pour cette raison, les premières éditions du ''Hansard'' ne sont absolument pas des références fiables du contenu des discussions parlementaires.

Hansard réussit remarquablement à écarter ses concurrents, comme Almon et Debrett, puis le ''Mirror of Parliament'' publié par J.H. Barrow de 1828 à 1843. Le travail de Barrow était plus complet, mais il vérifiait tous les discours avec les députés qui les avaient prononcés, autorisant ceux-ci à « corriger » tout ce qu'ils regrettaient d'avoir dit. La dernière tentative d'un rival commercial fut ''[[The Times]]'', qui publia les débats dans les [[années 1880]]. En 1889, le Parlement décida de subventionner la publication d'Hansard, de façon à assurer la permanence de l'enregistrement. Elle contint alors plus de discours, ceux des ministres étant rapportés presque mot à mot.

Le ''Hansard'' actuel, qui offre le compte rendu complet de chaque discours, a débuté en 1909, lorsque le [[Parlement du Royaume-Uni|Parlement]] reprit la publication. Dans le même temps, la décision fut prise de publier les débats des deux Chambres dans deux volumes séparés, et de changer la couleur de la couverture du rouge orangé au bleu clair. En 1980, lors d'un changement de technologie, un format plus grand de page fut adopté.


==Notes et références==
==Notes et références==
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Version du 28 février 2010 à 00:10

Hansard est le nom traditionnellement donné aux transcriptions officielles des débats parlementaires dans les gouvernements de type Westminster. En effet, un Hansard est tenu non seulement au Parlement du Royaume-Uni[1] et dans les institutions régionales de ce royaume, mais également à l'Oireachtas de la République d'Irlande[2], au Parlement du Canada[3] et dans les corps législatifs provinciaux de ce pays, au Parlement d'Australie[4] et dans les Parlements des États australiens, au Parlement d'Afrique du Sud[5] et dans les institutions provinciales de ce pays, à l'Assemblée législative de la Communauté d'Afrique de l'Est, au Parlement de Nouvelle-Zélande[6], au Parlement des Fidji[7], au Conseil législatif de Hong Kong[8], au Parlement de Malaisie[9], au Parlement de Singapour[10], au Conseil législatif de Brunei, au Parlement du Sri Lanka, au Parlement de Trinité-et-Tobago, à l'Assemblée nationale du Kenya, à l'Assemblée nationale de Tanzanie, au Parlement du Ghana, au Parlement de l'Ouganda[11], au Parlement du Zimbabwe[12], au Parlement de Maurice et au Sénat de Jamaïque.

Origines

Pendant longtemps et jusqu'en 1771, le Parlement britannique fut un corps législatif extrêmement secret. Les décisions du Parlement étaient bien sûr rendues publiques, mais il n'existait pas de comptes rendus des débats. Bien plus, révéler des propos tenus à la Chambre constituait une atteinte aux privilèges parlementaires, et était punissable par les deux Chambres. Comme de plus en plus de personnes s'intéressaient aux débats parlementaires, de plus en plus de particuliers se mirent à publier des comptes rendus officieux de ces débats. Les rédacteurs s'exposaient au pire des cas à des amendes. Certains d'entre eux présentaient les débats parlementaires comme des débats de sociétés ou d'institutions imaginaires. Par exemple, ces débats étaient publiés sous les titres de Discussions à la Chambre basse de la Société de Robin des bois[13], ou Débats du sénat de Magna Lilliputia, chronique de Samuel Johnson dans The Gentleman's Magazine.

En 1771 Brass Crosby, alors Lord-maire de Londres, convoqua un imprimeur, appelé Miller, qui osait publier les comptes rendus des discussions parlementaires. Il relâcha l'homme, mais par la suite, il fut lui-même appelé à comparaître devant le Parlement pour expliquer sa conduite. Crosby fut incarcéré à la Tour de Londres, mais lors du procès, plusieurs juges refusèrent d'entendre cette affaire, et après des protestations du public, Crosby fut libéré[14],[15].

Le Parlement cessa d'interdire la publication de ses débats, en partie grâce aux campagnes de John Wilkes en faveur de la liberté de parole. À partir de ce moment, plusieurs se lancèrent dans ce genre de publication . Parmi les premières réussites, on peut citer le Parliamentary Register, publié par John Almon et John Debrett de 1775 jusqu'en 1813.

William Cobbett, un éditeur, radical notoire, commença à publier en 1802 Parliamentary Debates en tant que supplément de son Political Register, qui lui-même remontait à Parliamentary History. Les comptes rendus de Cobbett furent imprimés à partir de 1809 par Thomas Curson Hansard; en 1812, ses affaires périclitant, Cobbett vendit les Debates à Hansard. À partir de 1829, le nom « Hansard » apparut sur la première page de chaque numéro[13].

Ni Cobbett, ni Hansard n'employèrent quelqu'un pour prendre note des débats. Leurs informations provenaient d'une multitude de sources tirées des journaux du matin. Pour cette raison, les premières éditions du Hansard ne sont absolument pas des références fiables du contenu des discussions parlementaires.

Hansard réussit remarquablement à écarter ses concurrents, comme Almon et Debrett, puis le Mirror of Parliament publié par J.H. Barrow de 1828 à 1843. Le travail de Barrow était plus complet, mais il vérifiait tous les discours avec les députés qui les avaient prononcés, autorisant ceux-ci à « corriger » tout ce qu'ils regrettaient d'avoir dit. La dernière tentative d'un rival commercial fut The Times, qui publia les débats dans les années 1880. En 1889, le Parlement décida de subventionner la publication d'Hansard, de façon à assurer la permanence de l'enregistrement. Elle contint alors plus de discours, ceux des ministres étant rapportés presque mot à mot.

Le Hansard actuel, qui offre le compte rendu complet de chaque discours, a débuté en 1909, lorsque le Parlement reprit la publication. Dans le même temps, la décision fut prise de publier les débats des deux Chambres dans deux volumes séparés, et de changer la couleur de la couverture du rouge orangé au bleu clair. En 1980, lors d'un changement de technologie, un format plus grand de page fut adopté.

Notes et références