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De février à avril 1968, les Beatles sont à [[Rishikesh]] au nord de l'[[Inde]], dans l'[[âshram]] du [[Maharishi Mahesh Yogi]], pour recevoir son enseignement sur la [[méditation transcendantale]]. Hormis le fait qu'ils y vivent une extraordinaire période créative, composant plus de 40 chansons qui rempliront la quasi-totalité de l'[[The Beatles (album)|album blanc]] et jusqu'à leurs albums solos après leur séparation, en passant par quelques titres d'[[Abbey Road (album)|Abbey Road]], ils terminent ce séjour dans la désillusion. Et même, dans le cas de John Lennon, dans le ressentiment le plus total.
De février à avril 1968, les Beatles sont à [[Rishikesh]] au nord de l'[[Inde]], dans l'[[âshram]] du [[Maharishi Mahesh Yogi]], pour recevoir son enseignement sur la [[méditation transcendantale]]. Hormis le fait qu'ils y vivent une extraordinaire période créative, composant plus de 40 chansons qui rempliront la quasi-totalité de l'[[The Beatles (album)|album blanc]] et jusqu'à leurs albums solos après leur séparation, en passant par quelques titres d'[[Abbey Road (album)|Abbey Road]], ils terminent ce séjour dans la désillusion. Et même, dans le cas de John Lennon, dans le ressentiment le plus total.


Une rumeur courant l'âshram met le feu aux poudres. D'une part, les Beatles commencent à se demander si le Maharishi n'en veut pas qu'à leur argent. D'autre part, ce dernier aurait fait des avances à [[Mia Farrow]]<ref name="turner">Steve Turner, l'Intégrale Beatles, Éditions Hors Collection, 1999, P.166</ref>, l'actrice américaine présente lors de ce séjour en compagnie de sa sœur Prudence ;cette dernière aura par ailleurs droit à sa [[Dear Prudence|chanson]].
Une rumeur courant l'âshram met le feu aux poudres. D'une part, les Beatles commencent à se demander si le Maharishi n'en veut pas qu'à leur argent. D'autre part, ce dernier aurait fait des avances à [[Mia Farrow]]<ref name="turner">Steve Turner, l'Intégrale Beatles, Éditions Hors Collection, 1999, P.166</ref>, l'actrice américaine présente lors de ce séjour en compagnie de sa sœur Prudence ; cette dernière aura par ailleurs droit à sa [[Dear Prudence|chanson]].


« On a prétendu qu'il avait essayé de se faire Mia Farrow et quelques autres filles », raconte John Lennon, « On a discuté toute la nuit pour tenter de savoir si c'était vrai ou pas et [[George Harrison|George]] a commencé à penser que c'était possible. Alors, si George doutait du Maitre, il devait y avoir quelque chose là-dessous. On est allés voir le Maharishi. Toute la bande a déboulé dans sa cabane, un très luxueux bungalow dans la montagne. Comme d'habitude quand il s'agissait de sale boulot, il a fallu que je sois le meneur. Quel que soit le problème, c'était moi qui prenais la parole quand il fallait y aller. J'ai dit : « On s'en va ! Mais si vous êtes tellement cosmique, vous devez connaitre la raison ! ». Comme ses assistants nous laissaient tout le temps entendre qu'il faisait des miracles, j'ai dit « Vous savez pourquoi ! ». Il m'a jeté un regard qui voulait dire : « Salaud, je te tuerai ! », un regard... Au moment où il m'a regardé comme ça, j'ai su que j'avais percé son bluff. J'ai été un peu dur avec lui. J'attends toujours trop des gens. J'ai attendu ma mère et elle n'est pas venue, c'est pour ça »<ref name="anthology">The Beatles Anthology, 2000, Seuil, P.285</ref>.
« On a prétendu qu'il avait essayé de se faire Mia Farrow et quelques autres filles », raconte John Lennon, « On a discuté toute la nuit pour tenter de savoir si c'était vrai ou pas et [[George Harrison|George]] a commencé à penser que c'était possible. Alors, si George doutait du Maitre, il devait y avoir quelque chose là-dessous. On est allés voir le Maharishi. Toute la bande a déboulé dans sa cabane, un très luxueux bungalow dans la montagne. Comme d'habitude quand il s'agissait de sale boulot, il a fallu que je sois le meneur. Quel que soit le problème, c'était moi qui prenais la parole quand il fallait y aller. J'ai dit : « On s'en va ! Mais si vous êtes tellement cosmique, vous devez connaitre la raison ! ». Comme ses assistants nous laissaient tout le temps entendre qu'il faisait des miracles, j'ai dit « Vous savez pourquoi ! ». Il m'a jeté un regard qui voulait dire : « Salaud, je te tuerai ! », un regard... Au moment où il m'a regardé comme ça, j'ai su que j'avais percé son bluff. J'ai été un peu dur avec lui. J'attends toujours trop des gens. J'ai attendu ma mère et elle n'est pas venue, c'est pour ça »<ref name="anthology">The Beatles Anthology, 2000, Seuil, P.285</ref>.


George Harrison raconte la suite : « On a pris une des voitures qui étaient montées jusque là (...) pour retourner à [[Delhi]]. On a conduit des heures, John chantait une chanson qu'il venait de commencer : « ''Maharishi, what have you done?''/Maharishi, qu'as-tu fait ? », « Tu ne peux pas dire ça, c'est ridicule » ai-je répondu. J'ai alors trouvé le titre « Sexy Sadie » et John a utilisé ce nom à la place de Maharishi »<ref name="anthology" />.
George Harrison raconte la suite : « On a pris une des voitures qui étaient montées jusque là (...) pour retourner à [[Delhi]]. On a conduit des heures, John chantait une chanson qu'il venait de commencer : « ''Maharishi, what have you done?'' / Maharishi, qu'as-tu fait ? », « Tu ne peux pas dire ça, c'est ridicule » ai-je répondu. J'ai alors trouvé le titre « Sexy Sadie » et John a utilisé ce nom à la place de Maharishi »<ref name="anthology" />.


« Je me suis dégonflé, Je n'ai pas voulu écrire « Maharishi, qu'as-tu fait, tu t'es foutu de nous ! », explique John Lennon. Sa chanson commencera donc par les mots « ''Sexy Sadie, what have you done? You made a fool of everyone'' ». Et il écrit plus loin dans son texte, sarcastiquement : « ''We gave her everything we owned, just to sit at her table, Just a smile would lighten everything, Sexy Sadie, she's the latest and the greatest of them all''/Nous lui avons donné tout ce que nous possédions rien que pour nous asseoir à sa table, Un simple sourire illuminait toute chose, Sexy Sadie, le/la dernier(e) et le/la plus grand(e) de tous ».<br />« Je l'ai composée au moment de notre départ » confirme-t-il.
« Je me suis dégonflé, Je n'ai pas voulu écrire « Maharishi, qu'as-tu fait, tu t'es foutu de nous ! », explique John Lennon. Sa chanson commencera donc par les mots « ''Sexy Sadie, what have you done? You made a fool of everyone'' ». Et il écrit plus loin dans son texte, sarcastiquement : « ''We gave her everything we owned, just to sit at her table, Just a smile would lighten everything, Sexy Sadie, she's the latest and the greatest of them all'' / Nous lui avons donné tout ce que nous possédions rien que pour nous asseoir à sa table, Un simple sourire illuminait toute chose, Sexy Sadie, le/la dernier(e) et le/la plus grand(e) de tous ».<br />« Je l'ai composée au moment de notre départ » confirme-t-il.


== Enregistrement ==
== Enregistrement ==

Version du 21 janvier 2012 à 14:20

Sexy Sadie
[[Fichier: |frameless |upright=1 |alt=Description de l'image . ]]
Chanson de The Beatles
extrait de l'album The Beatles
Sortie
Durée 3:17
Genre Rock
Auteur John Lennon & Paul McCartney
Compositeur John Lennon & Paul McCartney
Producteur George Martin

Sexy Sadie est une chanson des Beatles écrite par John Lennon (créditée Lennon/McCartney), évoquant en termes accusateurs le Maharishi Mahesh Yogi, parue sur le disque 2 du double Album blanc le .

Genèse et composition

De février à avril 1968, les Beatles sont à Rishikesh au nord de l'Inde, dans l'âshram du Maharishi Mahesh Yogi, pour recevoir son enseignement sur la méditation transcendantale. Hormis le fait qu'ils y vivent une extraordinaire période créative, composant plus de 40 chansons qui rempliront la quasi-totalité de l'album blanc et jusqu'à leurs albums solos après leur séparation, en passant par quelques titres d'Abbey Road, ils terminent ce séjour dans la désillusion. Et même, dans le cas de John Lennon, dans le ressentiment le plus total.

Une rumeur courant l'âshram met le feu aux poudres. D'une part, les Beatles commencent à se demander si le Maharishi n'en veut pas qu'à leur argent. D'autre part, ce dernier aurait fait des avances à Mia Farrow[1], l'actrice américaine présente lors de ce séjour en compagnie de sa sœur Prudence ; cette dernière aura par ailleurs droit à sa chanson.

« On a prétendu qu'il avait essayé de se faire Mia Farrow et quelques autres filles », raconte John Lennon, « On a discuté toute la nuit pour tenter de savoir si c'était vrai ou pas et George a commencé à penser que c'était possible. Alors, si George doutait du Maitre, il devait y avoir quelque chose là-dessous. On est allés voir le Maharishi. Toute la bande a déboulé dans sa cabane, un très luxueux bungalow dans la montagne. Comme d'habitude quand il s'agissait de sale boulot, il a fallu que je sois le meneur. Quel que soit le problème, c'était moi qui prenais la parole quand il fallait y aller. J'ai dit : « On s'en va ! Mais si vous êtes tellement cosmique, vous devez connaitre la raison ! ». Comme ses assistants nous laissaient tout le temps entendre qu'il faisait des miracles, j'ai dit « Vous savez pourquoi ! ». Il m'a jeté un regard qui voulait dire : « Salaud, je te tuerai ! », un regard... Au moment où il m'a regardé comme ça, j'ai su que j'avais percé son bluff. J'ai été un peu dur avec lui. J'attends toujours trop des gens. J'ai attendu ma mère et elle n'est pas venue, c'est pour ça »[2].

George Harrison raconte la suite : « On a pris une des voitures qui étaient montées jusque là (...) pour retourner à Delhi. On a conduit des heures, John chantait une chanson qu'il venait de commencer : « Maharishi, what have you done? / Maharishi, qu'as-tu fait ? », « Tu ne peux pas dire ça, c'est ridicule » ai-je répondu. J'ai alors trouvé le titre « Sexy Sadie » et John a utilisé ce nom à la place de Maharishi »[2].

« Je me suis dégonflé, Je n'ai pas voulu écrire « Maharishi, qu'as-tu fait, tu t'es foutu de nous ! », explique John Lennon. Sa chanson commencera donc par les mots « Sexy Sadie, what have you done? You made a fool of everyone ». Et il écrit plus loin dans son texte, sarcastiquement : « We gave her everything we owned, just to sit at her table, Just a smile would lighten everything, Sexy Sadie, she's the latest and the greatest of them all / Nous lui avons donné tout ce que nous possédions rien que pour nous asseoir à sa table, Un simple sourire illuminait toute chose, Sexy Sadie, le/la dernier(e) et le/la plus grand(e) de tous ».
« Je l'ai composée au moment de notre départ » confirme-t-il.

Enregistrement

Les Beatles répètent et enregistrent 21 prises de la chanson le 19 juillet 1968 dans le studio 2 d'Abbey Road. John Lennon se lâche, et durant cette session, montre à ses camarades le vrai sens de son texte en proférant une bordée d'injures à l'adresse du Maharishi, notamment « who the fuck do you think you are? »[3]. Différentes variantes du titre sont enregistrées, dont la longueur varie de 5'36" à 8'00", certaines plus bluesy, d'autres moins. Mais à la fin de cette journée, Lennon dit : « Je n'aime pas beaucoup le son pour un début, et vous ? ». Tout est à refaire[3].

Ils s'y remettent le 24 juillet, réalisent 23 nouvelles prises, mais ce n'est toujours pas ça... Enfin, le 13 août, en partant de la « prise 100 », les nouvelles « piste de base » comprennent batterie, piano (les accords montant et descendant qui donnent une couleur spéciale à ce titre sont joués par Paul McCartney), guitare fuzz et voix de John Lennon. La prise 107, considérée comme la meilleure, est choisie pour y effectuer un « reduction mixdown » (le report de plusieurs pistes sur une seule afin d'en libérer des nouvelles), prête à recevoir des overdubs. Le 21 août, la chanson est complétée avec le chant définitif de John Lennon, de l'orgue, la basse, les chœurs et un tambourin[3].

Personnel

Références

  1. Steve Turner, l'Intégrale Beatles, Éditions Hors Collection, 1999, P.166
  2. a et b The Beatles Anthology, 2000, Seuil, P.285
  3. a b et c Mark Lewisohn, The Complete Beatles Recording Sessions, Hamlyn, 1988, P.144-163


Modèle:The Beatles (album)