« Déclaration de Cocoyoc » : différence entre les versions

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* [http://www.monde-diplomatique.fr/2011/12/BERNIER/47041 Conférence de Cocoyox], sur ''Le Monde diplomatique''. Consulté le 2 juillet 2012.
* [http://www.monde-diplomatique.fr/2011/12/BERNIER/47041 Conférence de Cocoyoc], sur ''Le Monde diplomatique''. Consulté le 2 juillet 2012.


[[Catégorie:Écologie politique]]
[[Catégorie:Écologie politique]]

Version du 2 juillet 2012 à 15:07

La déclaration de Cocoyoc du 23 octobre 1974, est un texte publié à l'issue d'un colloque des Nations unies organisé du 8 au 12 octobre 1974 dans la ville de Cocoyoc (Mexique)[1]. Ce colloque réunissait des experts internationaux pour débattre de « L'utilisation des ressources, de l'environnement et des stratégies de développement ». Il s'agit d'une déclaration radicale qui condamne l'ordre économique international et propose de le refondre.

Contexte

La Déclaration de Cocoyoc est publiée peu de temps après le premier choc pétrolier de 1973 et le premier sommet de la Terre, qui s'était tenu du 5 au 12 juin 1972 à Stockholm. Cette période correspond également à l'apogée du Mouvement des non alignés, qui critique la domination des pays riches et refuse l'alignement sur le bloc l'Est ou de l'Ouest. Les pays "non alignés", bien que très divers politiquement, réclament la mise en place d'un "Nouvel ordre économique international (NOEI)"

Les participants

Le symposium de Cocoyoc est co-présidé par deux personnalités de pays en développement : le Docteur Wilbert K. Chagula, Ministre des affaires économiques et de la planification du développement de la Tanzanie, et le Professeur mexicain Rodolfo Stavenhagen. Les rapporteurs sont Barbara Ward pour les questions de ressources naturelles et Johan Galtung pour les questions de développement[2]. Parmi les autres participants, on trouve notamment le président mexicain Luis Echeverría Álvarez, l'homme d'affaires canadien, directeur exécutif du PNUE, Maurice Strong, l'économiste et diplomate Sri-Lankais, secrétaire général de la CNUCED, Gamani Corea, l'économiste franco-égyptien Samir Amin.

Contenu de la déclaration

La Déclaration de Cocoyoc est constituée d'une longue entrée en matière, de quatre paragraphes et d'un épilogue.

Le début du texte point l'échec des Nations unies à mettre en place un ordre international juste.

"La plus grande partie du monde n'a pas encore émergé des conséquences historiques de près de cinq siècle de contrôle colonial qui a massivement concentré le pouvoir économique entre les mains d'un petit groupe de nations. A ce jour, au moins les trois quarts des richesses, des investissements, des services et presque toute la recherche mondiale sont dans les mains d'un quart de la population." Les rapporteurs critiquent un système basé sur l'économie de marché :

"Les solutions à ces problèmes ne peuvent pas provenir de l'auto-régulation par les mécanismes de marché. Les marchés classiques donnent un accès aux ressources à ceux qui peuvent payer plutôt qu'à ceux qui en ont besoin, ils stimulent une demande artificielle et génèrent des déchets dans le processus de production, et certaines ressources sont même sous-utilisées."

Première partie : Le but du développement

La Déclaration critique vivement l'utilisation qui est faite de la croissance, que les pays richent estiment indispensable au développement des pays pauvres :

"Une croissance qui bénéficie seulement à la minorité la plus riche et maintien ou accroît les disparités entre et au sein des pays n'est pas du développement. C'est de l'exploitation."

Les auteurs de la déclaration donnent ensuite leur propre vision du développement :

"Le développement ne doit pas être limité à la satisfaction des besoins fondamentaux. Il y a d'autres besoins, d'autres buts et d'autres valeurs. Le développement inclut la liberté d'expression et de publication, le droit de donner et de recevoir des idées et des impulsions. Il y a un profond besoin social de participation pour poser les bases de sa propre existence et pour contribuer à créer le monde futur. Par dessus tout, le développement englobe le droit de travailler, ce qui ne signifie pas seulement le droit d'avoir un travail, mais celui d'y trouver un accomplissement personnel, le droit de ne pas être aliéné à travers des procédés de production qui utilisent les hommes comme des outils."

Deuxième partie : La diversité du développement

Dans cette partie du texte, non sans humour, les auteurs estiment que les chemins du développement sont nécessairement divers, et qu'il faut éviter de généraliser les pratiques des pays riches. Au contraire, il faudrait aider ces derniers à surtir de la surconsommation :

"Le monde ne doit pas seulement faire face à l'anomalie du sous-développement. Nous devons aussi parler de types de développement surconsommateurs qui violent les limites intérieures de l'homme et les limites extérieures de la nature. Vu de cette manière, nous avons tous besoin de redéfinir nos buts, d'adopter de nouveaux modes de vie, avec des comportements de consommation plus modestes chez les riches. Même si la priorité est de sécuriser le minimum vital, nous devrions étudier ces stratégies de développement qui pourraient aussi aider pays prospères, pour leur propre intérêt, à trouver des modes de vie plus humains, exploitant moins la nature, les autres, et eux-mêmes."

Troisième partie : L'autonomie

Les auteurs reprennent à leur compte le concept de "self reliance" inventé par Gandhi.

"Nous croyons qu'une stratégie de base pour le développement passe par l'amélioration de l'autonomie nationale."

Cette partie du texte assume clairement la rupture avec l'ordre économique mondial.

"Pour atteindre cette autonomie, des changements économiques, sociaux et politiques fondamentaux des structures de la société seront souvent nécessaires. De même, le développement d'un système international compatible et capable de supporter les évolutions vers plus d'autonomie est tout aussi nécessaire. L'autonomie au niveau national implique aussi un détachement temporaire du système économique actuel. Il est impossible de développer l'autonomie au travers de la participation pleine et entière à un système qui perpétue la dépendance économique."

Quatrième partie : Propositions pour l'action

La Déclaration de Cocoyoc réaffirme l'importance des Nations unies comme cadre de négociations sur les questions de développement et d'environnement, mais en partant d'un principe de base qui est la souveraineté nationale sur les ressources.

"Dans un cadre qui assurerait la souveraineté nationale sur les ressources naturelles, les gouvernements et les institutions internationales devraient placer la gestion des ressources et de l'environnement à un niveau global. L'objectif premier serait de faire bénéficier ceux qui ont le plus besoin de ces ressources et de le faire en respectant le principe de solidarité avec les générations futures."

Elle appelle également à un système international de taxation et de redistribution des richesses.

"L'accès aux biens communs devrait être taxé au bénéfice des couches les plus pauvres des pays les plus pauvres. Ce serait une première étape vers la mise en oeuvre d'un système de taxation international qui génèrerait des transferts automatiques de ressources vers l'aide au développement."

Epilogue

Dans l'épilogue, les rédacteurs réaffirment leur optimisme et concluent sur des principes généraux, qui se rapprochent de la déclaration de Stockholm adoptée lors du premier sommet de la Terre.

"Nous croyons que ces modes de vie et les systèmes sociaux peuvent évoluer pour devenir plus justes, moins arrogants dans leurs exigences matérielles, plus respectueux de l'environnement planétaire dans son ensemble."

Les impacts de la déclaration de Cocoyoc

Peu de temps après sa publication, elle fait l'objet d'une vive critique de la part du Secrétaire d'État Américain Henry Kissinger.[3]

Dans son livre Comment la mondialisation a tué l'écologie (Mille et une nuits, 2012), Aurélien Bernier analyse la déclaration de Cocoyoc comme un texte fondateur de l'écologie politique qui anticipe la réflexion des années 2000 sur la démondialisation. Il estime qu'elle fut censurée par les Nations unies et oubliée par les écologistes.

Notes et références

  1. Symposium de Cocoyoc sur le site des Nations unies [1]
  2. La déclaration de Cocoyoc sur le site de Johan Galtung [2]
  3. A la conférence de Cocoyoc, le Sud liait écologie et égalité, Le Monde diplomatique, décembre 2011.

Voir aussi

Texte intégral en français de la Déclaration de Cocoyoc

Articles connexes

Liens externes