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L'[[atoll de Bikini]] a auparavant été le théâtre d'essais nucléaires en 1946 lors de l'[[opération Crossroads]] où deux prototypes d'armes atomiques ont explosé dans le lagon. Par la suite, les essais nucléaires américains sont déplacés à l'atoll d'[[Eniwetok]] où se trouvent de plus grandes îles et des eaux plus profondes. Ces deux atolls font partie du ''[[Pacific Proving Grounds]]''.
L'[[atoll de Bikini]] a auparavant été le théâtre d'essais nucléaires en 1946 lors de l'[[opération Crossroads]] où deux prototypes d'armes atomiques ont explosé dans le lagon. Par la suite, les essais nucléaires américains sont déplacés à l'atoll d'[[Eniwetok]] où se trouvent de plus grandes îles et des eaux plus profondes. Ces deux atolls font partie du ''[[Pacific Proving Grounds]]''.

En 1952, l'essai ''[[Ivy Mike]]'' a permis de tester le premier prototype de [[bombe H]], c'est-à-dire que l'explosion tire en partie son énergie d'une réaction de [[fusion nucléaire]]. Le combustible nucléaire de ce prototype est du [[deutérium]] liquide, d'où le qualificatif de « bombe mouillée » ({{Citation étrangère|lang=en|wet bomb}}). Ce liquide est maintenu à une température proche du [[zéro absolu]] grâce à des [[vase Dewar|vases Dewar]] alimentés en énergie par une installation haute de trois étages et qui pèse {{unité|82|tonnes}} en tout, ce qui interdit son transport par la voie des airs<ref>{{Harvsp|Rhodes|1995|p=495}}</ref>. Lorsque l'essai ''Ivy Mike'' démontre la validité de la [[Bombe H#Bombe H type « Teller-Ulam »|bombe H de type « Teller-Ulam »]], la recherche s'oriente vers une bombe dite à « combustible sec » ({{Citation étrangère|lang=en|dry fuel}}) dans le but de pouvoir la transporter par un aéronef. Dès lors, les États-Unis pourraient commencer la fabrication de ces armes en grand nombre, tout comme les déployer en n'importe quel endroit du globe. La conception retenue fait appel au [[Hydrure de lithium|deutéride de lithium]], un composé chimique solide qui s'enflamme spontanément à la température de la pièce s'il est mis en contact avec de l'eau, mais beaucoup plus simple à manipuler que le deutérium liquide. Les études théoriques ont montré une réduction considérable de la taille et de la masse d'une bombe H de type « Teller-Ulam », tout en simplifiant sa conception et sa fabrication. L'opération Castle doit servir à valider quatre prototypes de bombes à combustible sec, deux prototypes à combustible mouillé et un autre prototype de plus petite taille.


{{Palette|Armes nucléaires des États-Unis}}
{{Palette|Armes nucléaires des États-Unis}}

Version du 25 septembre 2012 à 23:02

Champignon atomique suite à l'explosion de Castle Romeo sur le Pacific Proving Grounds.

L'opération Castle est une série de six essais nucléaires atmosphériques complétée au Pacific Proving Grounds en 1954 par les États-Unis. Elle suit l'opération Upshot-Knothole et précède l'opération Teapot. Cette série d'explosions de grandes puissances supervisée par le Joint Task Force SEVEN (JTF-7) débute en mars 1954 sur l'atoll de Bikini et se termine en mai 1954. Exercice militaire conjoint de la Commission de l'énergie atomique des États-Unis (AEC) et du Département de la Défense des États-Unis (DoD), son objectif principal est de valider les conceptions d'un nouveau type d'armes thermonucléaires pouvant être transportées par des aéronefs.

Les représentants officiels du gouvernement fédéral des États-Unis ont jugé que l'opération Castle est un succès car elle a démontré l'efficacité des armes thermonucléaires à « combustible sec » (« dry fuel »). De plus, ces nouvelles armes peuvent être transportées par un aéronef, au contraire de l'engin explosif ayant servi à l'essai Ivy Mike. Quelques problèmes sont apparus pendant les essais : un prototype a dégagé une puissance explosive moindre que calculée (un long feu) et deux autres ont dégagé au-delà du double de ce qui a été calculé. L'essai Castle Bravo a provoqué une contamination radiologique des îles autour du site de l'explosion (y compris des habitants et des soldats américains stationnés sur place), ainsi que d'un navire de pêche japonais (Daigo Fukuryū Maru), causant une mort et une série de maladies chroniques chez les pêcheurs exposés. La réaction publique et la prise de conscience des incidences des retombées radioactives auraient contribué à lancer des négociations qui débouchèrent sur le Traité d'interdiction partielle des essais nucléaires signé en août 1963.

Contexte

Autorisation de l'AEC pour l'opération Castle.

L'atoll de Bikini a auparavant été le théâtre d'essais nucléaires en 1946 lors de l'opération Crossroads où deux prototypes d'armes atomiques ont explosé dans le lagon. Par la suite, les essais nucléaires américains sont déplacés à l'atoll d'Eniwetok où se trouvent de plus grandes îles et des eaux plus profondes. Ces deux atolls font partie du Pacific Proving Grounds.

En 1952, l'essai Ivy Mike a permis de tester le premier prototype de bombe H, c'est-à-dire que l'explosion tire en partie son énergie d'une réaction de fusion nucléaire. Le combustible nucléaire de ce prototype est du deutérium liquide, d'où le qualificatif de « bombe mouillée » (« wet bomb »). Ce liquide est maintenu à une température proche du zéro absolu grâce à des vases Dewar alimentés en énergie par une installation haute de trois étages et qui pèse 82 tonnes en tout, ce qui interdit son transport par la voie des airs[1]. Lorsque l'essai Ivy Mike démontre la validité de la bombe H de type « Teller-Ulam », la recherche s'oriente vers une bombe dite à « combustible sec » (« dry fuel ») dans le but de pouvoir la transporter par un aéronef. Dès lors, les États-Unis pourraient commencer la fabrication de ces armes en grand nombre, tout comme les déployer en n'importe quel endroit du globe. La conception retenue fait appel au deutéride de lithium, un composé chimique solide qui s'enflamme spontanément à la température de la pièce s'il est mis en contact avec de l'eau, mais beaucoup plus simple à manipuler que le deutérium liquide. Les études théoriques ont montré une réduction considérable de la taille et de la masse d'une bombe H de type « Teller-Ulam », tout en simplifiant sa conception et sa fabrication. L'opération Castle doit servir à valider quatre prototypes de bombes à combustible sec, deux prototypes à combustible mouillé et un autre prototype de plus petite taille.

  1. Rhodes 1995, p. 495