Pogroms en Russie

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Les Pogroms en Russie — sont des actions de masse violentes envers les Juifs en tant que minorité nationale et religieuse. Les pogroms représentent une des manifestations typiques de l'antisémitisme[1],[2].

Les pogroms apparaissent à des époques différentes dans beaucoup de pays où vivent les juifs.

Comme l'écrit la «Petite encyclopédie juive», c'est dans l' Empire russe au XIXe siècle qu'il faut chercher l'origine de la diffusion de ce mot «pogrom». Du fait même de la survenance de nombreux pogroms en Russie, le mot russe pour désigner ces actions est passé dans toutes les langues européennes[3].

Avant le XIXe siècle

Bien que les juifs vécussent déjà depuis longtemps dans la Rus' de Kiev (depuis 1113) de violents pogroms s'y déroulèrent dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Mais le nombre de Juifs qui vivaient en Russie n'était pas fort élevé[4]. Siméon Doubnov remarque qu' : «En Pologne, au moyen-âge, le nombre de Juifs s'accrut tout le temps du fait de l'afflux des migrations en provenance de l'ouest, alors que la Rus' voisine nous était pratiquement fermée»[5]. Après le partage de la Raspopolita Partages de la Pologne, des centaines de milliers de juifs se retrouvèrent sous juridiction russe[6],[7],[8]

Des zones de résidence de la population juive furent créées dans un nombre limité d'oblasts, hors des frontières desquelles il était interdit aux Juifs de s'établir. Le professeur Samuel Ettinger de l'Université hébraïque de Jérusalem écrit que : «le partage de la Pologne entre la Russie, l'Autriche et la Prusse, provoqua un bouleversement violent dans la vie de la population juive»[9]

Les pogroms de 1821—1904

Кишинёв/ Chisinau pogrom(1903)
Кишинёв/ Chisinau pogrom (1903)

Le premier pogrom juif connu dans le Tsarat de Russie se déroula en 1821 à Odessa. Le motif invoqué était une rumeur à propos de la participation de Juifs au meurtre, à Istambul, du patriarche greco-orthodoxe Grégoire V de Constantinople[3]. En 1859 et 1871 des pogroms se déroulèrent encore à Odessa où, en 1871, des centaines de magasins, tavernes et maisons juives furent saccagés (sans qu'il y eut toutefois de tués).

En 1862, un pogrom se déclencha à Akkerman (actuellement Bilhorod-Dnistrovskyï), en Ukraine. La plupart des participants étaient des Grecs de la ville. L'hostilité existant entre les Grecs et les Juifs était née suite à la concurance commerciale réciproque. Ainsi le pogrom d'Odessa fut organisé par des marchands Grecs en réponse au fait que les Juifs leur avaient ravi le contrôle de la plupart des banques et du commerce d' exportations[10].

Le règne d' Alexandre III de Russie fut marqué, à ses débuts, par les pogroms des années 1881 et 1882 [11],[12]. Ces pogroms se produisirent sur un fond d'instabilité politique règnant dans la Russie impériale, après l'assassinat d' Alexandre II de Russie par les partisants du parti "Narodnaïa Volia (XIXe siècle)" (le 1er mars 1881 ).

Dans les années 1890 les pogroms recommencèrent. Selon la déclaration du gouverneur de Nijni-Novgorod : «… dans la population apparaît le sentiment de totale impunité quant aux crimes les plus graves , lorsque ils sont commis à l'encontre de Juifs».[3]. À Starodoub (Gouvernement de Tchernigov), le 29 septembre 1891, se déroula un pogrom, dont les marchands locaux furent les principaux participants, c'étaient des Orthodoxes vieux-croyants, mécontents de la concurence de la part des Juifs[13].

En 1895 eut lieu un pogrom à Koutaïssi. En 1897, dans le bourg de Chpola, Gouvernement de Kiev,(les 18—19 février) et dans le bourg de Kantakouzenka, Gouvernement de Kherson (les 16 et 17 avril), des meneurs de la population locale saccagèrent et pillèrent des magasins et des maisons appartenant aux Juifs. Quelques habitants prévinrent les autorités de la préparation de ce pogrom, mais les détachements de soldats arrivèrent trop tard. Du 19 au 21 avril 1899, au moment des fêtes de Pâques, eut lieu un troisième pogrom à Mykolaïv (oblast de Mykolaïv).

En même temps, il faut remarquer que la tentative des polonais d'organiser un pogrom à Częstochowa en 1902, fut écrasée par les forces russes avec détermination ; les meneurs furent sévèrement sanctionnés.

Les 6 et 7 avrils 1903, à l'époque de la Pâques orthodoxe, eurent lieu les violents Pogroms de Kichinev de 1903, provoqués par des calomnies et l' accusation à l'encontre des Juifs de meurtres rituels dans les environs de Dubăsari et par des instigations antisémites parues dans le journal «Bessarabie», dont le rédacteur était Pavel Krouchevan. 49 personnes furent tuées et 586 blessées. Les organisations juives de Russie et d'autres régions firent preuve de générosité vis-à-vis des victimes de ce pogrom. Haïm Nahman Bialik, visitant Kichinev pour rassembler des informations sur place écrivit, sous l'inspiration de ce qu'il avait vu, le poème «légendes du pogrom». Beaucoup de représentants de l'intelligentia russe condamnèrent ce ghetto de Kichinev (Léon Tolstoï, Vladimir Korolenko et d'autres encore).

Après le ghetto de Kichinev, dans la plupart des raïons, furent créés des détachements juifs d'auto-défense. Ces détachements furent très utiles et actifs à l'époque du pogrom de Gomel, le 29 août et le 1er septembre 1903. Egalement en août-septembre 1904, dans les villes et villages d'Ukraine et de Biélorussie, des conscrits appelés pour la guerre russo-japonaise, organisèrent une série de pogroms. Ceux de la ville d'Oleksandriïa furent les plus cruels de l'Oblast de Kirovohrad. La foule fit irruption dans la synagogue le jour du Yom Kippour et tua des gens en prière, (ce qui fit environ 20 tués).


Pogroms des années 19051907

Екатеринослав 1905 (Dnipropetrovsk) — enfants juifs victimes des pogroms
Moïse Maymona «Опять на родине» (1906)/("enfin en famille!")

Durant la période de la Révolution de 1905, le premier pogrom se produisit à Melitopol les 18 et 19 avril 1905. Dans un réflexe de légitime défense les jeunesses juives et russes arrêtèrent le progrom. Mais ceux-ci reçurent du renfort et commencèrent à piller les magasins et boutiques des chrétiens. Le 19 avril, l'intervention de l'armée fit cesser le pogrom. Les raison invoquées du pogrom du 22 avril 1905 à Simferopol furent la rumeur suivant laquelle des jeunes juifs avaient profané une icône. Ce pogrom fut également arrêté par les forces juives d'auto-défense et par l'armée. Le troisième jour de pogrom, qui eut lieu à Jitomir, de par son ampleur (20 juifs environ furent tués à Jitomir, 10 au village de Troianov, et quelques autres encore dans les villes environnantes) et de par ses caractéristiques semble bien une répétition des vagues de pogrom qui sévirent en octobre 1905[3],[14]. En effte, les désordres commencèrent après que la rumeur provocatrice se fusse répandue suivant laquelle, dans les faubourgs, des juifs avaient tiré sur un portrait du Tsar. Les soldats défendirent alors les organisateur du pogrom et empêchèrent la défense juive de s'opposer ç celui-ci.


Le 26 mai à Minsk et le 29 mai 1905 à Brest (Biélorussie) les soldats et les cosaques tirèrent sur les Juifs dans les rues.

Le 30 juin 1905 à Bialystok, un anarchiste juif jeta une bombe sur une patrouille de soldats dans une rue animée. L'explosion de l'engin blessa un officier, quatre soldats, l'anarchiste lui-même et tua un propagandiste du Bund[15]. En réponse à cet attentats, les soldats fusillèrent des juifs dans les rues de Bialystok ; une dizaine d'entre eux furent tués et une dizaine d'autres furent blessés.

Lors de pogromes du 20 juillet 1905 à Ekaterinoslav, les forces juives d'auto-défense se montrèrent très actives. Il y eut davantage de victimes tuées ou blessées au sein des organistateurs du pogrom que parmi les juifs[16].

A la fin du mois de juillet 1905, dans les faubourgs de la ville de Makarevo, Oblast de Nijni Novgorod, survint également un pogrom. À Kertch, le 31 juillet, une manifestation patriotique (avec à sa tête le gouverneur de province), se transforma en pogrom contre les Juifs. Durant le pogrom, par une décision du gouverneur, la troupe ouvrit le feu contre les brigades juives d'auto-défense ; deux de leurs membres furent tués (un des deux était un gymnaste russe du nom de P. Kirylenko). A ce pogrom se joignirent les dockers du port et d' autres habitants locaux, des tsiganes d'un campement qui étaient arrivés dans la ville pour participer au pillage des biens appartenant aux Juifs. Après ce pogrom un autre eut encore lieu à Yeni-Kale, duquel tous les juifs furent obligés de s'enfuir.

Après la publication par le Tsar Nicolas II de Russie du Manifeste d'octobre en 1905, un des plus importants pogroms de l'époque de la Russie tsariste se déclara au sud et au sud-ouest de la Zone de Résidence. Selon l'historien S.A.Stépanov, en octobre 1905, se déroulèrent jusqu'à 690 pogroms, dans 102 villes et bourgades différentes. Les victimes n'étaient pas toujours juives mais très souvent. Elles appartenaient parfois à d'autres communautés également[17] 24 pogroms se déroulèrent au delà de la zone de Résidence, mais ils furent menés contre des révolutionnaires et pas contre des juifs.

Durant le pogromes d'octobre 1905, 800 juifs furent tués (sans compter ceux qui moururent des suites de ce pogroms par la suite); les dégâts matériels furent évalués à plus de 70 millions de roubles ; selon d'autres sources les victimes s'élevèrent à 4 000 tués et 10 000 blessés[18] A Odessa il y eut plus de 400 Juifs tués, à Rostov-sur-le-Don, plus de 150 [19], à Ekaterinoslav 67 ; à Minsk 54, ) à Simferopol plus de 40 et à Orcha plus de 30.

Pogrom de Bialystok 1905 -caricature de Henryk Nowodworski


En 1906, différents pogroms eurent lieu dans l'empire russe en Biélorussie et en Pologne : en janvier à Gomel ; en juin à Białystok (environ 80 tués), en août à Siedlce (environ 30 tués). Les soldats et les policiers étaient les plus nombreux à y participer.

En 1907 les pogroms cessèrent.

En 1911, après l'assassinat de Piotr Stolypine, par le nationaliste juif Dmitri Bogrov se déclencha un grand pogrom à Kiev, qui fut étouffé grâce à l'action décidée des forces de l'ordre ayant à leur tête le gouverneur général Fiodore Triepov et le successeur de Stolypine ,Vladimir Nikolaïevitch Kokovtsov[20].

Histoire des pogroms jusqu'à la révolution

Les pogrom qui eurent lieu de 1880 jusqu'à la révolution, d'après les historiens, ont été soutenus par le pouvoirs et sa police plutôt que simplement ignorés par eux[21],[22],[11],[23]. La politique de complaisance du pouvoir s'accompagnait de la rumeur suivant laquelle il existait une volonté du gouvernement de tuer les Juifs[24],.[3],[23]. C'est pour cette raison que l'historien Gennadiy Kostyrenko remarque que le gouvernement n'a pas organisé les pogroms, mais que «prenant des dispositions anti-juives, favorisant les organisations et les dispositions fort libérales à l'égard des organisateurs de pogroms» — tout cela «créa une atmosphère dans laquelle les pogroms pouvaient prendre un caractère de mouvement de masse»[25]. Une opinion analogue est exposée dans l' «Encyclopædia Britannica»[26]. À la même époque, le professeur de la faculté de judaïsme et de recherches de l' University College de Londres, John Klier, dans son ouvrage «Les Russes, les Juifs et les pogroms 1881—1882» écrit : «les recherches actuelles ont répandu le mythe suivant lequel les pouvoirs russes portent une responsabilité pour l'instigation, l'admission et l'approbation des pogroms»[27] Il remarquait que : [28]

« : Les dispositions antisémites du gouvernement de l'empire ont créé les conditions, pour stimuler le transfert des Juifs vers l'opposition, c'est-à-dire soit la révolution soit l'embourgeoisement… Les pogroms anti-juifs, alors qu'ils obscurcissent notre époque, sont considérés par le Tsar comme une expression du soutien populaire à son régime, qui a tourné le gouvernement vers l'expression, fut-elle symbolique, d'une approbation des actions des éléments de droite, utilisant l'antisémitisme comme une plate-forme idéologique. »

Cependant il y eut directement des accusations du côté des députés de la Douma à propos de l'engagement des pouvoirs russes dans l'organisation de pogroms. L'historien A. Mindline, à ce propos, rappelle ces faits, rendus publics, lorsqu'un capitaine gendarme, Michaïl Kommissar, avait utilisé de presses d'imprimeur pour imprimer des tracts incitant à des pogroms dans le bâtiment même du département de police. Un autre officier de police, A. Budogosky, propagea des tracts similaires avec l'approbation tacite de la police.

Cela a permis de condamner le département de la Police tout entier pour le fait que "afin de pousser une partie de la population contre une autre, il s'en est suivi un massacre de civils". Le gouvernement, quant à lui, a nié ces accusations, ramenant tout à des actions délictueuses d'individus isolés. [29].

L'historien et politologue Walter Laqueur écrivait que : «La cruauté particulière des pogroms, l'inaction du gouvernement central et l'incitation claire à ceux-ci de la part de nombreux représentants locaux» souleva un tempête de protestation, en Europe de l'ouest et aux États-Unis[23].

Les historiens remarquent non seulement la politique antisémite du pouvoir mais aussi l'enracinement profond d'un antisémitisme invétéré, condition qui encourageait les pogroms[3],[30];[23]. Les traits caractéristiques des pogroms des années 1905—1906, sont la composition hétérogène des participants, la motivation politique, et l'étendue des zones d'habitat juif en forte densité.

L'historien Dina Amanjalova dans une monographie sur «Des sources des conflits interethniques en Russie (1905—1916)» écrit:[17]

«  L'idéologie politique délibérée de l'antisémitisme s'est établie au cours des pogroms. Le facteur ethnique dans le résultat des émeutes a agi comme suit : ,en politique, si on a affaire à un Juif - c'est un révolutionnaire, et vice versa, si c'est à un révolutionnaire - c'est un Juif.  »

Pogroms durant la Première Guerre mondiale et durant la Guerre civile en Russie

Le 7 mai 1916 se produisit un pogrom à Krasnoïarsk[31],[32],[33]. En septembre 1917, les soldats revenant du front pillèrent des propriétés juives. Cependant, ces pogroms (la plupart se déroulèrent à Kiev, dans le gouvernement de Volhynie et dans le Gouvernement de Podolie), ne provoquèrent pas de tueries[3],[34].

Selon l'historien Gennadi Kostyrtchenko, à l'époque de la guerre civile en Russie, 1236 endroits sont recensés où se déroulèrent des actes anti-juifs, parmi lesquels 887 peuvent être imputés à des pogroms, à des actions à l'encontre d'un ensemble de personnes réunies et en grand nombre[35].

L'historien Oleg Bouditskïy considère que ces données sont sous-estimées[36]. Selon lui , de 1918 à 1920, rien qu'en Ukraine, plus de 1 500 pogroms se produisirent à 1 300 emplacements différents. Suivant diverses évaluations entre 50 000 et 200 000 Juifs furent tués ou blessés. Environ 200 000 furent blessés ou mutillés. Des milliers de femmes furent violées. Environ 50 000 épouses devinrent veuves, environ 300 000 enfants devinrent orphelins[37]. Selon I.B. Chekhtama, rien que l'Armée des volontaires organisa presque 300 pogroms soit 17% du total[38].

L'historien Norman Kon estime le nombre de juifs tués dans les pogroms de 1918 à 1921 à100 000[39]. Le démographe Sergueï Maksoudov cite des chiffres similaires[40].

Selon Léonide Smilovitskiï, rien que durant l'année 1921, en Biélorussie, les pogroms se déroulèrent à 177 endroits différents, ou vivaient 7 316 familles, soit 29 270 personnes. Le nombre des familles victimes s'élève à 1 748, le nombre de morts à 1 700 tués, 150 blessés, 1 250 violées[41].

Certains auteurs remarquent que, bien que les pogroms étaient menés par toutes les parties prenant part aux différents conflits armés, les actions de ce genre de la part de l'Armée rouge furent impitoyablement réprimées, y compris le fait de fusiller des organisateurs de pogroms. Toutefois chez les Russes blancs, de telles répressions ne se rencontraient pas. [42][34]. Ilia Tcherikover cite les généraux Mamontov, Schiffner-Markiewicz, Irmanova, Dragomirova et d'autres selon lesquels les pogroms et actes antisémites étaient directement liée aux excès de l'Armée des volontaires, une de premières armées blanches de la guerre civile russe et à la connivence et l'encouragement des autorités[43].

D'autre part, l'historien Poutchenkov affirme, les pogroms en Ukraine étaient engendrés en premier lieu par l'anarchie qui régnait dans la province à la suite de la guerre civile, et avaient lieu le plus souvent avec l'accord tacite et parfois avec la participation active de la population non-juive locale[44]. Quant à Dimitri Lekhovitch (biographe d'Anton Dénikine), il écrit que le commandement des Armées blanches, composé des généraux Constantin Mamontov, Andreï Chkouro, Anton Dénikine, Alexandre Koutepov, n'ont jamais appelé à des pogroms et que leurs forces armées ont combattu les pogroms, ont puni les émeutiers et assuré la protection de tous les habitants juifs innocents. [45],[44].

Anton Dénikine, Abraham Dragomirov, Vladimir Maï-Maïevski, Fiodor Bredow et d'autres commandants des Armées blanches, de peur d'émeutes dues à la réduction de la discipline dans les forces armées, et des réactions de pays étrangers dont ils avaient reçu de l'aide, publièrent de nombreux ordres. Ceci, suite à des rapports de massacres reçus, qui imposaient l'utilisation de sanctions les plus sévères contre les émeutiers, y compris la peine de mort. Beaucoup de ces ordres, en réalité, ne furent pas exécutés du fait qu'il s'agissait de petits délinquants et du risque d'incidence globale de ces mesures sur la discipline parmi les troupes : le maintien à la fois d'une politique répressive contre les pogroms et en même temps d'une politique générale de discipline de la troupe était incompatible [44].

Ainsi, par exemple, en alla-t-il d'une ordonnance générale condamnant les massacres du 23 janvier 1920, alors que les Armées blanches avaient déjà pratiquement perdu la guerre dès la fin de l'année 1919. [46].

Comme l'écrit le Dr Aron Schneier, la vie elle-même a forcé les Juifs à : "chercher la protection de ce pouvoir et de soutenir ce pouvoir et ce parti, qui avait déclaré officiellement l'antisémitisme et les organisateurs de pogroms hors la loi. " [47].

L'historien Poutchenkov fait remarquer que beaucoup de ses contemporains chercheurs ont expliqué la haine particulière a l'encontre des Juifs, pendant la guerre civile, s'est formée suit à l'opinion suivant laquelle les Juifs étaient des participants actifs dans la Terreur rouge (Russie). [44].

En URSS

Après la fin de la guerre civile les pogroms disparurent pratiquement entièrement. L'historien Jacob Basin rappelle le pogrom contre les magasins juifs de Moguilev en 1928, provoqués soi-disant suite à l'exemption de service militaire des Juifs dans l'Armée rouge[48].

Durant la Seconde Guerre mondiale des pogroms eurent lieux organisés par les nazis et leurs collaborateurs dans les territoires occupés de l'URSS

En 1944—1945 lors de la libération de l'Ukraine de l'occupation allemande se produisirent une série de pogroms. Les pires moments de cette vague se déroulèrent lors du pogrom de Kiev le 7 septembre 1945, quand environ 100 juifs furent sauvagement battus, 37 furent ensuite hospitalisés et 5 décédèrent des suites de leurs blessures[49].

Par la suite ni en URSS, ni dans la Fédération de Russie après la dislocation de l'URSS aucun pogrom ne fut à déplorer.

Bibliographie

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Liens

Références

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  25. статья|автор=Костырченко Г. В.|заглавие=Выбор. О книге Олега Будницкого «Российские евреи между белыми и красными (1917– 1920)». М.: РОССПЭН, 2005. – 552 с.|издание=Лехаим|тип=журнал|год=август 2006|номер=8 (172)
  26. Pogrom
  27. John Doyle Klier Russians, Jews, and the Pogroms of 1881—1882 Cambridge University Press 2011 p.xiv
  28. Почему российские евреи не были верноподдаными, стр. 561—562
  29. (ru)Миндлин А. «Еврейская политика» Столыпина. Общество «Еврейское Наследие». Серия препринтов. Вып. 19. М. 1996.(Stolypin "politique juive")
  30. (ru)Русский либерализм в период войн и революций: мифы кадетской партии(Le libéralisme russe pendant la guerre et la révolution: mythe du parti des cadets.)
  31. (ru) Oleg Bounditskiy Российские евреи между красными и белыми (1917—1920), стр. 304 (Les juifs russes entre les rouges et les blancs)
  32. (ru)История еврейских общин Сибири и Дальнего Востока: материалы II региональной научно-практической конференции (25-27 августа 2001), 2001, ISBN 978-5-94491-010-3, стр. 52(histoire de la communauté juive de Sibérie et de l'est lointain)
  33. (ru)Революционное движение в армии и на флоте в годы Первой Мировой войны, 1914- февраль 1917: сборник документов, «Наука», 1966, стр. 426(mouvements révolutionnaires dans la flotte et l'armée durant la première guerre mondiale)
  34. a et b Будницкий О. В. Русский либерализм в период войн и революций: мифы кадетской партии
  35. Костырченко Г. В. Тайная политика Сталина: Власть и антисемитизм. — М.: Международные отношения, 2001. — С. 56.(Kostyrtchenko : Politique secrète de Staline)
  36. Карающий штык добровольца
  37. (ru)книга|автор=Будницкий О. В.|заглавие=Российские евреи между красными и белыми (1917-1920)|место=М.|издательство=Российская политическая энциклопедия|год=2005|страницы=7, прим. 2|isbn=5-8243-0666-4|тираж=1000
  38. книга|автор=Шехтман И. Б.|заглавие=История погромного движения на Украине. Том 2. Погромы Добровольческой армии на Украине|ссылка=http://ftp2.mnib.org.ua/mnib401-Shextman-PogromyDobrovolcheskojArmiji.pdf%7Cгод=1932%7Cстраниц=394%7Cместо-Берлин
  39. (ru)Норман Кон. «Благословение на геноцид». Москва. Прогресс. 1990( approbation du génocide)
  40. Похищенное слово
  41. (ru)статья|автор=Léonid Smilovitskiï /Смиловицкий, Леонид Львович|Смиловицкий Л. Л.|заглавие=Погромы в Турове|ссылка=http://berkovich-zametki.com/Nomer16/Smilovicky1.htm%7Cиздание=Заметки по еврейской истории|тип=интернет-журнал|год=7 июля 2002|выпуск=16
  42. (ru)Задрапировать конформизмом. «Книга погромов, 1918—1922»
  43. Погромы Добровольческой армии, Берлин 1932, стр 16-17
  44. a b c et d (ru)статья|автор=Пученков, А. С.|заглавие=Национальный вопрос в идеологии и политике южнорусского Белого движения в годы Гражданской войны. 1917—1919 гг.|ссылка=|издание=Из фондов Российской государственной библиотеки|тип=Диссертация канд. ист. наук. Специальность 07.00.02. — Отечественная история|год=2005|
  45. (ru)Лехович Д. В.( D V Lekhovitch) Белые против красных. — М.: Воскресенье, 1992.( Blancs contre rouges)
  46. (ru)История погромного движения на Украине 1917—1921, стр. 16-19(histoire des pogroms en Ukraine)
  47. (ru)книга|автор=Шнеер, Арон Ильич|Шнеер А. И.]]|часть=Часть1. Глава 1. Евреи в Красной Армии в годы Гражданской войны 1918–1922 гг.|заглавие=Плен|ссылка=http://www.jewniverse.ru/RED/Shneyer/glava1kr_ar%5B2%5D.htm%7Cиздательство=Гешарим — Мосты культуры|год=2005|том=2|страниц=620|isbn=5-93273-195-8}}( Les Juifs et l'Armée rouge pendant la guerre civile)
  48. (ru)« Яков Басин. Большевизм и евреи: Белоруссия, 20-е. Исторические очерки - Нон-фикшн - Еврейские тексты и темы... » [archive du ], booknik.ru (consulté le )
  49. Сотворяя смысл войны