Alexandre Nikolaïevitch Iakovlev

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 11 mars 2014 à 23:49 et modifiée en dernier par Despointes (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Alexandre N. Yakovlev

Alexandre Nikolaïevitch Iakovlev ou Yakovlev (en russe : Александр Николаевич Яковлев), né le et mort le , est le principal architecte de la perestroïka jouant ainsi un rôle historique dans une des plus grandes ruptures de l'histoire.

Origine et Formation

Alexandre Yakovlev, né dans une famille paysanne très pauvre de la région de Yarolsav, combat dans l'Armée Rouge pour la défense de Léningrad (1941/43) et est démobilisé à la suite d'une blessure. Il étudie à la faculté d'histoire de Université Pédagogique de Yaroslav en 1943/44, puis à l'Ecole du Parti Communiste. En 1958, il passe un an à l'Université de Columbia (USA).

Un apparatchik hétérodoxe

Entré au Département de l'Idéologie et de la Propagande du Parti en 1969, il en est exclu en 1973 pour des positions jugées trop éloignées de la ligne du Parti et est envoyé comme ambassadeur au Canada pendant 10 ans. En 1983, il reçoit Gorbatchev en visite au Canada et a avec lui un entretien au cours duquel il insiste sur la nécessité de réformes radicales pour sauver l'Union Soviétique. Andropov, nouvellement élu Secrétaire Général du Parti, le rappelle pour le nommer Directeur de l'Institut de l'Economie et des Relations Internationales. Il est élu Secrétaire du Comité Central, puis rentre au Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique au milieu des années 1980 ; il est à l'origine de la politique d'ouverture lancée par le dernier président de l'Union soviétique Mikhaïl Gorbatchev pour libéraliser la société soviétique et exposer les crimes des gouvernements passés. Devenu Éminence grise, les vétérans du KGB accusaient Iakovlev d'avoir « hypnotisé » Gorbatchev .

Yakovlev portait, dans le sérail soviétique des années 1980, le surnom que la France révolutionnaire et napoléonienne avait attribué à Talleyrand : « le Diable boiteux ». Au moment de la réunification allemande, Vladimir Krioutchkov, chef du KGB, a présenté à Mikhaïl Gorbatchev un dossier sans fondement qui accusait Iakovlev d'être manipulé par la CIA, avec pour résultat une brouille entre le numéro un soviétique et son principal inspirateur[1]. Alexandre Iakovlev est décédé le à Moscou à l'âge de 81 ans.

Ami de Pierre Elliott Trudeau, il était l'inspirateur du prénom d'un des fils Trudeau, Alexandre.

Un fossoyeur du communisme

Dans le domaine politique, il préconisait une transformation totale du système. Son but n'était pas de préserver le communisme mais de sauver le pays d'un chaos sanglant inévitable s’il n’arrivait pas à sortir du totalitarisme.

Le plan prévoyait en conséquence des élections libres, un multipartisme, garantissait la liberté de la presse et introduisait le parlementarisme et l'indépendance des juges. Certes, les idées y étaient plus vagues en matière économique, grand point d'interrogation de la pensée de la perestroïka. Il proposait néanmoins d'en finir avec le monopole d'état du commerce extérieur et de donner beaucoup plus d'indépendance aux entreprises dans le cadre de l'économie de marché. Les communistes orthodoxes ont souvent dit de Yakovlev qu’il était le « messager du mal ». L’une des donnes majeures de son action fut d'apporter au pays une parole de liberté.

On ne peut pas présenter Yakovlev comme un « homme de l'ombre », car ce qualificatif convient plutôt à ses adversaires du KGB, cette armée des ténèbres qui tétanisait le pays. On le compare volontiers, en revanche, à un starets. Dostoïevski décrivait ainsi ces vieux sages de l’orthodoxie en quête de spiritualité absolue, qui vivaient en marge de la hiérarchie ecclésiastique.

Notes et références

  1. "Le jour même de la réunification allemande, [Kryuchkov] est allé voir Gorbatchev pour lui annoncer qu'il détenait la preuve, dossier à l'appui, que Iakovlev était un agent américain. Le dossier était un vrai « faux-dossier », bien sûr, bourré de témoignages sur mesure d'agents dormants, mais dénués de tout fondement. De tels dossiers étaient monnaie courante à l'époque. […] [Gorbatchev] a [cru cette information] ou a fait semblant de la croire. Lui et Iakovlev ont été en froid pendant plusieurs années. Pourtant, Iakovlev n'avait guère le profil d'un espion. C'était un intellectuel, un idéaliste, un penseur, pas un agent.", Vladimir Fédorovski, entretien dans le Spectacle du Monde no 561 de novembre 2009

Bibliographie

  • (en) Abel Aganbegi︠a︡n et Alexandre N. Yakovlev, Perestroika 1989, New York, Charles Scribner's Sons,‎ , trade paperback (ISBN 0684191172)
  • (en) Alexandre Yakovlev, USSR : the decisive years, Toronto USSR, Key Porter Books Novosti, , hardcover (ISBN 1550134108)
  • Alexander Yakovlev et Catherine A. Fitzpatrick, The Fate of Marxism in Russia, Yale University Press (1993), hardcover, ISBN 0-300-05365-7; trade paperback, Lightning Source, UK, Ltd. (17 november 2004) (ISBN 0-300-10540-1)
  • (en) A. N. I︠A︡kovlev et Paul Hollander (trad. Anthony Austin), A century of violence in Soviet Russia, New Haven, CT, Yale University Press,‎ , 254 p., hardcover (ISBN 0300103220);
  • (en) Alexander N. Yakovlev, Digging out : how Russia liberated itself from the Soviet Union, San Francisco, Encounter Books, , 375 p. (ISBN 1594030553)

Liens externes