Maçonnerie à pierres sèches

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MAÇONNERIE À PIERRES SÈCHES

Définition La maçonnerie à pierres sèches (ou maçonnerie à sec ou encore maçonnerie sèche) est la pose de moellons, de plaquettes, de blocs, de dalles, bruts ou ébauchés, sans recourir à un quelconque mortier à liant, pour monter un mur, un voûtement.

On ne la confondra pas avec la maçonnerie à joints vifs, qui désigne une maçonnerie de pierres de taille sans mortier.

Emplois
La maçonnerie à sec se trouve employée pour la confection d'une part de murs extérieurs (de clôture, de démarcation, de soutènement, d'épierrement, etc.), d'autre part de murs d'habitations rurales et de bâtiments annexes.

Origine et qualité du matériau.
Le matériau d'élection de ce type de maçonnerie est généralement un matériau provenant de zones proches de la surface du sol, soit issu du dérochement lors de la construction de champs ou de terrasses, soit fourni par l'épierrement des parcelles cultivées; plus rarement, c'est un matériau extrait de découvertes ou de carrières.
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Lors des travaux agricoles (défonçage, labour, piochage, etc.) en terrain à substrat rocheux affleurant, le paysan débarrasse sa parcelle de la pierre qui est remontée, en la portant à un tas ou à un mur. En région calcaire, ce matériau provient de la partie superficielle du socle rocheux, laquelle, sous l'effet du gel périglaciaire il y a plusieurs dizaines de millénaires, s'est clivée en strates et fracturée en blocs arrondis, en dalles, en plaquettes, etc., en conformité avec sa structure (phénomène de macrogélifraction). Ce n'est donc pas un matériau de qualité comme la pierre de taille qui vient de bancs plus profonds : il est, en règle générale, friable, gélif, peu résistant.

Règles de l'art
Il serait toutefois illusoire de croire qu'un mur en pierres sèches, même bien fait, est inférieur de très loin à une quelconque limousinerie. Simplement, sa construction, du fait de l'absence de mortier et, partant, d'adhérence entre les éléments, doit obéir à plusieurs règles dont le respect exige davantage de travail et de soin :

- l'emploi, comme assise, du socle rocheux lorsqu'il affleure, après l'avoir préalablement dégagé et assaini;

- la disposition, lorsque le sol est de terre ou de cailloutis, de fondations de gros blocs;

- le ménagement d'un fruit au parement (dans le cas principalement d'un mur de soutènement, lequel doit résister à une poussée latérale);

- l'édification d'assises horizontales autant que le matériau le permet (puisque la charge transmise, correspondant au poids propre de la maçonnerie, est verticale);

- la pose des pierres dans le sens du lit de carrière et jamais en délit, de manière à ce qu'elles n'éclatent pas sous le poids de la maçonnerie supérieure;

- un ajustage serré des pierres de façon à avoir des joints réduits au minimum;

- le remplissage des interstices entre les pierres par des éclats de calage;

- l'imbrication verticale des pierres de façon à obtenir des joints croisés (ou découpés);

- un enchevêtrement transversal des pierres : boutisses, carreaux et parpaings;

- le pendage intérieur ou extérieur des pierres selon que l'on veuille une meilleure résistance aux poussées latérales (pour les murs de soutènement) ou une meilleure imperméabilité du parement (pour les murs de soutènement également);

- la pose de blocs plus lourds et plus allongés dans les deux dernières assises de façon à renforcer le liaisonnement (ce rôle peut être tenu également par une faîtée de grandes dalles posées à plat ou transversalement sur la tranche).

Le savoir-faire du maçon
Une maçonnerie en pierres sèches est comme un jeu de patience en volume, un puzzle dans l'espace. Elle requiert un choix et un positionnement judicieux du matériau, un ajustage minutieux et un emboîtement précis des éléments. Le maçon à pierre sèche, paysan ou spécialiste, doit avoir un bon coup d'œil pour trouver une place à chaque pierre et une pierre pour chaque place.

En règle générale, le matériau employé dans les murs extérieurs est laissé à l'état brut, naturel (matériau d'épierrement). Il peut être toutefois sommairement rectifié ou ébauché à coups de marteau. La pierre sèche ne fait l'objet d'une préparation plus soignée – équarrissage de moellons – que pour les murs d'habitations.

Maçonnerie à mortier de terre
Certaines cabanes et granges, aux murs prétendument à pierres sèches, sont en réalité bâties à l'aide d'un mortier de terre ou "mortier d'hirondelle", invisible en parement. Ce mortier a davantage un rôle d'étanchéisation à l'air qu'une fonction de liaisonnement. Il ne dispense pas de souder entre eux les deux parements à l'aide de boutisses traversantes.

Voûte encorbelée et voûte clavée se rencontrent combinées à l'emploi d'un mortier (d'argile, de terre argileuse, de marne, voire de chaux) dans un type d'architecture populaire situé un cran au-dessus de la simple cabane : le pigeonnier, la bergerie, l'habitation saisonnière, etc. La voûte encorbelée acquiert alors, pour sa part, une petite force de tension au lieu de travailler principalement par la compression engendrée par la pesée verticale.

Parfois même, le mortier sera non plus du mortier d'argile mais du mortier de chaux.

Outre une nécessité d'étanchéisation (à la pluie ou à l'air), on peut invoquer comme raisons une commodité et une rapidité d'exécution plus grandes : il n'est plus nécessaire d'être minutieux dans le choix, l'agencement et l'équilibrage des pierres et, qui plus est, on s'évite un travail fastidieux de calage des moellons.

Source : Christian Lassure, La maçonnerie à pierres sèches : vocabulaire, dans www.pierreseche.com/vocabulaire_pierreseche_M.html