Busing

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En anglais, on appelle busing [bus-ing] une organisation du transport scolaire visant à promouvoir la mixité sociale ou raciale au sein des établissements scolaires publics en partant du constat que la ségrégation sociale ou raciale est aussi géographique, et que les itinéraires des bus scolaires peuvent être déterminés de façon à privilégier la mixité scolaire.

Origines

Le busing a été mis en œuvre pour la première fois aux États-Unis en 1971 dans la ville de Charlotte[1]. Le but était de brasser les enfants blancs et les enfants noirs, qui fréquentaient des écoles différentes malgré les lois de déségrégation. En effet, compte tenu de l'homogénéité raciale des quartiers, les itinéraires de bus uniquement basés sur des critères de proximité géographique conduisaient à maintenir des écoles noires et des écoles blanches.

Conséquences

Au regard des expériences américaines, le busing a mené à une conséquence inattendue. Dans les zones soumises au busing, les familles blanches ont eu tendance à inscrire leurs enfants dans les écoles privées, qui ne sont pas soumises au busing. De même, la loi américaine ayant limité le busing aux frontières géographiques des districts, les familles blanches ont eu tendances à déménager dans des districts où les minorités étaient peu présentes.

Aujourd'hui, le busing a été presque totalement abandonné aux États-Unis suite aux trop nombreuses protestations des familles concernées et au manque de résultats de cette expérience.

Le busing dans le monde

Aux États-Unis

Le busing a été très utilisé du milieu des années 1970 jusqu'aux années 1990, malgré l'opposition assez forte de la population. Il consistait à affecter et à transporter en bus des enfants blancs vers des écoles majoritairement noires ou latinos, ou inversement[2]. Toutefois, par la suite, le système a été peu à peu abandonné au profit du système des magnet schools, soit des établissement publics qui se spécialisent dans une discipline particulière et cherchent à attirer les meilleurs élèves.

En Angleterre

Le busing a été expérimenté brièvement en Angleterre dans les années 1960 ; il s'agissait d'un busing unidirectionnel (transport d’enfants immigrés dans des écoles principalement blanches) entrepris sous la pression de familles blanches[3].

En France

Une expérimentation de busing ont eu lieu dès 1966 dans deux écoles du port de Gennevilliers[4]. D'autres expérimentations ont été menées, dans les communes de Bergerac (dès 1996) et de Oullins (dès 2004). Quelques autres expérimentations ont été entreprises en 2008 dans le cadre d'une initiative étatique.

Initiatives locales

Lors de la mise en place de l'expérimentation à Bergerac, les syndicats d'enseignants se sont majoritairement opposés à cette expérimentation, de même que la gauche locale[5], craignant que la venue d'élèves de la cité sensible de Bergerac ne fasse baisser le niveau des autres écoles[6]. Aujourd'hui, l'expérience de Bergerac est souvent citée comme une expérience de busing globalement réussie[5],[7].

La commune d'Oullins a également expérimenté le busing. Le bilan de l'expérimentation est beaucoup moins consensuel qu'à Bergerac et fait apparaître un net clivage droite/gauche. Ainsi, Fadela Amara, la majorité municipale UMP et une partie de la communauté scolaire mettent en avant une expérience réussie[8],[9], tandis que le PS local la rejette, pointant les répercussions sur le rythme des enfants et la vie sociale des parents[10].

Initiatives suscitées par le plan Espoir Banlieues

Le plan Espoir Banlieues de 2008, préparé sous la présidence de Nicolas Sarkozy par la secrétaire d'État Fadela Amara dans un contexte d'assouplissement de la carte scolaire, prévoyait une expérimentation du busing (transports d'élèves de CM1 et CM2 de quartiers difficiles vers des écoles socialement plus hétérogènes)[11]. Lancée à la rentrée scolaire 2008 avec un financement étatique, couvrant le transport et la restauration, garanti pour trois années, celle-ci s'est avérée modeste au regard du nombre de communes impliquées[12]. Trois ans plus tard était annoncée la fin de cette expérimentation[13].

Parmi les cinq communes françaises ayant expérimenté le busing, on compte la ville de Courcouronnes. Dans cette commune, le budget annuel de cette expérience s'élève à 120 000 euros correspondant essentiellement aux coûts de transport (bus) et de restauration (cantine) pour les 25 enfants déplacés[14],[15].

La ville d'Asnières-sur-Seine a tenté, de son côté, de développer un busing à double sens, dans lequel les élèves du centre-ville intégreraient volontairement les établissements des quartiers de la périphérie rendus attractifs pour l'occasion par le développement d'activités d'excellence, sur le modèle des magnet schools[16],[17],[18],[19].

Sources

Notes et références

  1. Jugement Swann contre Charlotte-Mecklenburg Board of Education (1971)
  2. Babylon By Bus ? Combattre la ségrégation scolaire aux États-Unis, Olivier ESTEVES, 22 avril 2014
  3. Babylon By Bus ? Combattre la ségrégation scolaire en Angleterre, Olivier ESTEVES, 23 avril 2014
  4. Face aux inégalités sociales et territoriales de réussite scolaire, que peut la sectorisation ? - ANDEV
  5. a et b Les limites du "busing" contre les ghettos scolaires sur le site Médiapart - 11 février 2008
  6. A Bergerac, le "busing" permet de scolariser les enfants d’origine immigrée hors de leur cité - Le Monde - 22/03/07
  7. L’école et le défi ethnique - Françoise LORCERIE - 2003 - p. 246 et s.
  8. La Saulaie fait école dans le plan banlieue - 20 minutes - 18/01/2008
  9. Le bus qui roule pour la mixité sociale - Libération - 23/09/2008
  10. « Quand la politique locale se veut nationale - PS Oullins - 04/06/2008 », (archivé sur Internet Archive)
  11. Dossier de présentation - Juin 2008
  12. "Busing" : ambitions revues à la baisse - Le Figaro - 01/09/2008
  13. La fin de l'expérience « busing » - Le Parisien - 08/09/20011
  14. Laurent Savariaud et Sandrine Frentz, L'École d'en face, une expérience de « busing », documentaire de 52 min. produit par Injam productions en 2009.
  15. Pour continuer le busing, il faudra trouver des sous - Le Parisien - 01/06/2010
  16. A Asnières, le busing a trouvé son rythme - Le Parisien - 03/09/2010
  17. Orchestre et studio radio remotivent les écoliers - Le Parisien - 11/09/2010
  18. Asnières veut poursuivre sur la voie du busing - Le Parisien - 09/09/2011
  19. Les parents du centre-ville boudent les classes d'excellence des quartiers - Le Parisien - 18/09/2012

Liens externes