Blas de Otero

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Blas de Otero
Nom de naissance Blas de Otero Muñoz
Naissance
Bilbao
Décès (à 63 ans)
Majadahonda (près de Madrid)
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Espagnol
Mouvement Poésie sociale
Genres

Blas de Otero Muñoz (Bilbao 15 Mars 1916 - Majadahonda, Madrid, le 30 Juin, 1979) était l'un des principaux représentants de la poésie sociale des années 1950 en Espagne.

Biographie

Enfance et jeunesse

Blas de Otero est né le 15 Mars 1916 à Bilbao. A 7 ans, il entra à l'école de Joan Whitney, puis il étudia dans un collège jésuite. Sa maison était pour lui un refuge et un havre de paix, habité par lui-même, ses parents, son frère de 3 ans son aîné, ses soeurs et sa gouvernante. Au contraire, l'école représentait pour l'enfant une sorte d'enfer répressif. La famille, ruinée, dut déménager à Madrid. C'est alors qu'il commença à écrire. Il avait 13 ans quand son frère mourut. Trois ans après, ce fut son père qui disparut. Le caractère, joyeux par nature, de Blas de Otero s'aigrit. Il est devenu introverti et pessimiste. À cet âge a commencé sa hantise de la mort. En 1931, il a commencé un diplôme en droit, obtenu en 1935 à Saragosse; en 1933, il a dû revenir à Bilbao avec sa famille. Son rôle de soutien de famille pesait trop lourd sur ses épaules. D'équilibre fragile, il rechercha le soutien de la religion, de l'amitié, et de l'art. Il était notamment membre de la Fédération des étudiants catholiques de Biscaye. Il signait ses poèmes, à l'époque,"Blas de Otero, CM" (Congrégation de Marie). Certains versets sont clairement influencés par les mystiques espagnols et la littérature chrétienne: les Humbles Baladitas, publiés dans la revue jésuite. Avec ses amis, il a créé différents groupes poétiques: d'abord "Les Luises", puis "Alea" et enfin "Nuestralia". Pendant la guerre civile, il a combattu avec les nationalistes, mais "sans peine ni gloire" selon l'article espagnol de Wikipédia. Après la guerre, il a fait publier, dans Cahiers d'Alea, le Cantique spirituel, sa première oeuvre d'importance. Nuestralia, un noyau formé par Blas de Otero et quatre autres amis, fut important pour la consolidation poétique d'Otero. Ils étaient influencés par Juan Ramón Jiménez et la Génération de 27, par des poètes aussi divers que Rabindranath Tagore, Miguel Hernández et César Vallejo. Très probablement, Blas de Otero a adopté à ce moment l'une de ses ressources les plus intéressantes: l'intertextualité. En 1941, il a commencé à travailler en tant que conseiller juridique,en même temps que grandissait sa réputation d'écrivain. En 1943, il est retourné à Madrid pour s'inscrire au cours de Lettres et philosophie, dans l'espoir d'obtenir une chaire de Littérature. Cependant, le niveau des échanges culturels le déçut, et il rentra à Bilbao où, d'ailleurs, sa famille avait besoin de son soutien. Saisi par un terrible sentiment de culpabilité pour avoir abandonné sa mère et ses sœurs, il brûla tous ses poèmes en expiation. Il se mit à enseigner le droit et à passer des concours.

Affirmation de la vocation poétique: 1944-1955

En 1945, il a subi une terrible dépression, soignée au sanatorium Usúrbil. Sa vision bucolique de l'amitié, son fort sentiment religieux et sa poésie "candide" furent atteints. Cependant, il trouva dans la création artistique la meilleure thérapie. Dans ces années sont nées, presque entièrement, les trois œuvres de son cycle existentiel: Ángel fieramente humano(Ange farouchement humain), Redoble de conciencia (Rappel de conscience), et Ancia. Ángel fieramente humano fut cité pour le prix Adonais de poésie, qui lui fut finalement refusé, sans doute pour des motifs religieux. Redoble de conciencia reçut le prix Boscán en 1950. En 1950, il a rencontré à Paris l'actrice et poète basque Tachia Quintanar, avec qui il eut une relation et une amitié tout au long de sa vie. Depuis 1955, il est considéré comme l'un des grands poètes de l'après-guerre. Sa poésie met face à face le «moi», solitaire, et sa souffrance, à la recherche de Dieu, «Toi». Le Moi ne trouve que le silence. L'union mystique avec Dieu se révèle impossible. Reste une alternative: l'union par la création poétique. L'expérience religieuse devient l'expérience esthétique. Blas de Otero reniera ses écrits antérieurs à Ángel fieramente humano, qu'il considèrera comme le véritable début de son oeuvre.

De l'existentialisme au co-existencialisme: 1955-1964

La solitude de Blas de Otero grandissait avec son prestige. Echouant à dialoguer avec le Toi, il trouve le soulagement de sa solitude dans la rencontre avec l'autre : être un homme parmi les hommes. Ainsi est apparu le «nous» dans sa poésie, la découverte de la solidarité humaine, qui a donné une nouvelle dimension à son oeuvre et lui a rendu la paix spirituelle. La poésie du déracinement est devenue la poésie de la rencontre. Ses nouveaux amis, poètes et artistes du groupe de Bilbao, ont accompagné cette évolution. Cependant, un sentiment d'amour et de répulsion à la fois envers l'Espagne l'a amené à l'auto-exil à Paris. Là, il a rejoint le Parti communiste. Il y voyait reflétés ses idéaux humanistes. Le marxisme lui donnait une explication globale de l'homme dans l'histoire. A Paris, il conçut Pido la paz y la palabra, (Je demande la paix et la parole), des vers pour essayer de changer le monde. Mais plus tard dans la même année, il revint vers son pays avec la ferme intention de mieux le connaître et de traiter avec les gens ordinaires. Il vécut et travailla avec les mineurs, fit le tour des villes de Castille et Léon, avec peu d'argent, vivant de son travail et de ce que lui offraient des amis le long du chemin. Il termina Je demande la paix et la parole, et écrivit En castillan.
Entre 1956 et 1959, il a vécu à Barcelone, où il s'est lié aux groupes artistiques locaux. En castillan fut censuré, mais il put publier Ancia qui regroupait Ange farouchement humain et Rappel de conscience, plus quelques nouveaux poèmes. Ancia a remporté le Prix de la Critique en 1958 et le Prix Fastenrath en 1961.
En 1960, il voyagea en URSS et en Chine, invité par la Société internationale des écrivains. A cette époque ont été publiés (toujours hors d'Espagne en raison de la censure) Ceci n'est pas un livre (Puerto Rico, 1963) et A propos de l'Espagne (Paris, 1964). En 1964 il s'installa à Cuba, où il reçut le Prix Casa de las Américas. Il épousa la Cubaine Yolanda Pina et vécut à La Havane avec elle. En 1967 il divorça et revint à Madrid, où il reprit la vieille amitié et l'amour avec Sabina de la Cruz, relation qui se maintint jusqu'à la mort du poète.

Les dernières années: 1964-1979

Ce fut une période de publication de nombreux recueils compilés par lui-même, outre de nouveaux poèmes. Il se consacra aussi à la réécriture d'anciens poèmes, raison pour laquelle il existe de nombreuses variantes de sa poésie. Sa confrontation avec le franquisme fut constante. Il aspirait à la démocratie et la chanta pendant 40 ans. Il a combattu pour elle, est apparu lors des meetings, des conférences et des récitals pour les premières élections. Cependant, il n'a jamais vu son rêve pleinement réalisé. Le 29 Juin 1979, il est mort à Majadahonda (Madrid) d'une embolie pulmonaire, à la fin d'une longue recherche poétique et vitale. Il est enterré dans le cimetière civil de Madrid.

Œuvres

  • Parler clair / En castellano, Pierre Seghers, París, 1959. Edition bilingue de Claude Couffon.
  • Blas de Otero. Je demande la paix et la parole : Pido la paz y la palabra, poèmes traduits de l'espagnol par Claude Couffon
  • L'Oeuvre poétique de Blas de Otero, Evelyne Perriot Martin-Hernandez (Mme), 1991 - 632 pages

Notes et références


Liens externes