Féminisation des noms de métiers en français

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La féminisation des noms de métiers est un ensemble de procédés linguistiques consistant à rendre visible la présence des femmes dans la vie publique.

On distingue, d'une part la féminisation de la terminologie, ou création de termes désignant au féminin des métiers, titres, grades et fonctions, et d'autre part la féminisation des textes, ou techniques d'introduction explicite des marques du féminin lors de la rédaction de textes (notes de service, articles de journal, etc.).

Présentation

En français, le genre grammatical est censé être une pure propriété formelle de certains mots. Exemple : une chenille mâle, un colibri femelle. Cependant les êtres vivants (humains, mais cela est souvent étendu aux animaux) de sexe féminin sont désignés par les pronoms grammaticaux féminins, et inversement. Par exemple en français, « fille » est féminin et « garçon » masculin. De là, la représentation de l’opposition masculin-féminin comme renvoyant à la répartition des sexes. Le débat sur l'anti-sexisme dans la langue existe aussi dans d'autres langues comme l'allemand ou l'anglais[1].

Aux yeux des partisans de la féminisation comme la philosophe et écrivaine féministe Monique Wittig ou la linguiste Claire Michard, cette représentation est lourde de conséquences sur le plan social[2]. En principe en français, le masculin peut être employé comme genre générique (« un professeur » peut désigner indifféremment un homme ou une femme) et est le genre d'un groupe constitué d'individus des deux sexes. Cependant, cet usage a été perçu par les chercheuses féministes comme occultant le rôle des femmes dans la scène publique, pouvant entre autres produire des résistances psychologiques à la candidature de certains postes[3],[4]. La question du genre des mots désignant les êtres humains dans leur statut ou leurs activités professionnelles n’est donc pas simplement une question formelle de grammaire, mais une question de sociolinguistique intimement liée aux images qu'une société se fait des relations entre sexes, et pouvant même influer sur ces relations.

On remarque que certains noms de métiers mis aux féminins sont utilisés quand le poste est occupé par une femme, alors qu'à une époque où il était peu concevable qu'une femme les occupe, la mise au féminin désignait l'épouse de l'homme occupant la fonction[5].

Pour éviter tout quiproquo il est préférable d'employer chaque fois que possible un nom épicène. Exemple : une gynécologue pour une femme docteur en gynécologie.[réf. nécessaire].

Certains pays dans la zone de la francophonie comme la Suisse n'utilisent pas le terme de « féminisation  » mais d'utilisation d'un langage épicène (neutre du point de vie du genre)[6]. Il est en effet considéré que le but n'est pas tant la « féminisation » que la neutralité, et que l'utilisation systématique du masculin générique constitue un frein à l'objectif d'égalité des chances qui est un droit inscrit dans la loi :

« Les collectivités publiques se doivent de réaliser le mandat constitutionnel de pourvoir à l’égalité de droit et de fait entre les femmes et les hommes. Le langage, écrit ou parlé, fait partie des outils permettant l’accession à cette égalité. C’est pourquoi les textes émanant des législatifs ou des administrations cantonales oude toute la Romandie devraient être désormais rédigés de manière à respecter le principe d’égalité[6]. »

L'Académie française considère que la féminisation peut introduire un déséquilibre dans les structures mêmes de la langue et rendre malaisée la formulation des phrases les plus simples[7]. La récente féminisation de certains noms existant déjà dans la langue française au genre féminin, par exemple « chercheure » pour « chercheuse » ou « instituteure » pour « institutrice », montre également que la modification de la grammaire française pour des motifs idéologiques avec l'introduction de ce qui sont des néologismes pour les uns, des barbarismes pour les autres, touche à des problématiques fondamentales et dépassant l'argutie linguistique. La controverse oppose souvent les Français et les Québécois[8].

Historique

Au long de l’histoire du français, on a systématiquement utilisé le féminin pour désigner les femmes, sans le réserver aux fonctions subalternes (reine, impératrice, etc.)

Au Moyen Âge le langage utilisé est épicène avec mention systématique de la forme masculine et féminine censée rendre compte de l'ordre créé par Dieu. Ainsi on trouvera dans le Mesnagier de Paris[9] (qui est un ouvrage d'économie domestique qu'on ne peut taxer d'un parti pris en faveur de l'émancipation des femmes) en 1393 les termes suivants : « Premièrement d'orgueil j'ai esté orgueilleux ou orgueilleuse et ay eu vaine gloire de ma beauté, de ma force de ma louenge, de mon excellent aournement, et de l'abilité de mes membres et en ay donné matière et exemple de péchier à moult de hommes et de femmes qui me regardoient si orgueilleusement (...) p 32[9]. » « Certes, belle seur, je ne voy mie que, se la benoite vierge Marie sa mère ne nous sequeurt comme advocate (...) p 23[9]. »

Les textes attestent aussi que François Ier questionnant son poète Clément Marot sur le bon usage de la langue française concernant les questions d'accord se vit donner la règle de l'accord au plus proche[10] suivante:

Enfants, oyez une leçon :
Nostre langue a ceste facon,
Que le terme qui va devant,
Voluntiers regist le suyvant.
Les vieux exemples je suyvray
Pour le mieulx : car, à dire vray ;
La chanson fut bien ordonnée
Qui dit : m'amour vous ay donnée.
Et du bateau est estonné
Qui dit : M'amour vous ay donné[Note 1]

Voila la force que possède
Le femenin quand il precede.
Or prouveray par bons temoings
Que tous pluriers n'en font pas moins ;
Il fault dire en termes parfaictz :
Dieu en ce monde nous a faictz ;
Fault dire en parolles parfaictes :
Dieu en ce monde les a faictes ;
Et ne fault point dire en effect :
Dieu en ce monde les a faict.

Ne nous a faict, pareillement,
Mais nous a faictz tout rondement.
L'italien, dont la faconde
Passe les vulgaires du monde,
Son langage a ainsi basty
En disant : Dio noi a fatti.

— Clément Marot, Épigramme à ses disciples, CIX

C’est avec l'avènement des conquêtes territoriales que se constitue la nécessité d'unifier un territoire par la langue, afin de pouvoir transmettre les règles administratives. Ivan Illitch le décrit très bien pour la genèse de la grammaire espagnole de Nebrija[11] dans ses travaux sur la disparition de l'usage de la langue vernaculaire. En France c'est Richelieu[12] qui initie ce mouvement d'unification du territoire par la langue, pendant aux conquêtes territoriales. Il crée l'Académie française en 1634. La monarchie absolue exige aussi le contrôle des esprits par le contrôle de la langue[13]. Les grammairiens du XVIIe entreprennent donc de réformer la langue pour la codifier. La masculinisation ne fait pas d'emblée consensus et provoque de grands débats.

Sur le plan du genre des noms de fonction, en 1607 Charles Maupas publie sa Grammaire Françoise contenant règles très certaines[14] dans laquelle il énonce : « Tout nom concernant office d'homme est de genre masculin, et tout nom concernent la femme est féminin, de quelque terminaison qu'ils soient[12],[14] p 84. » Antoine Oudin reprend plus tard la règle, qui est largement appliquée[12]. Fréron écrit dans l'année littéraire de 1768 : « (...) spectacle lyrique de Mlle Saint André, artificière du Roi, seule approuvée de l'Académie Royale des Sciences[12],[15] p 118-119. » Sur la question de l'accord en genre cependant, un grammairien illustre, Claude Favre de Vaugelas affirme depuis 1647 dans un ouvrage de grammaire qui devient vite une référence majeure : « Le genre masculin étant le plus noble, il doit prédominer chaque fois que le féminin et le masculin se trouvent ensemble[16],[17]. » Cette posture ne fut pas unanimement acceptée. Ainsi Vaugelas note-t-il lui même la résistance des femmes de cours à cette masculinisation et propose-t-il de se soumettre à l'usage : « Néanmoins, puisque toutes les femmes aux lieux où l'on parle bien, disent la et non le, peut-être que l'usage l'emportera sur la raison, et que ce ne sera plus une faute ». » Cette résistance est aujourd'hui attestée et documentée. Gilles Ménage rapporte ainsi une conversation avec Madame de Sévigné :

« Madame de Sévigné s'informant sur ma santé, je lui dis: madame, je suis enrhumé. Je la suis aussi, me dit-elle. Il me semble, Madame, que selon les règles de notre langue, il faudrait dire: je le suis. Vous direz comme il vous plaira, ajouta-t-elle, mais pour moi, je croirais avoir de la barbe au menton si je disais autrement » p 27-28[18].

A la veille de la révolution selon Elaine Viennot, Beaumarchais écrit dans les Noces de Figaro : « J'étais née, moi encore, pour être sage, et je la suis devenue (...)[12]. » En France, l'avènement de la bourgeoisie consacre la règle établie par les spécialistes de la grammaire qui veut que l'on utilise le masculin pour désigner aussi bien des femmes que des hommes (d’où des locutions comme « madame le secrétaire général », etc.)[19]. Il a aussi été d'usage d'utiliser les formes féminines pour désigner les épouses d'un professionnel (« boulangère » pour l'épouse du boulanger[20]). C'est bien plus tard qu'au lieu d'invoquer la supériorité du genre masculin l'Académie Française le désigne comme genre « non marqué » ou "neutre"[21] pour conserver cette règle qui date du XVIIe siècle seulement dans l'histoire de la langue française.

Lorsque des ministres sont conviés avec leurs conjoints à une réception, le ou la titulaire du titre est désigné en premier, et le conjoint se voit attribuer son prénom. Ainsi en décide le protocole et on a donc pu voir des invitations adressées à Madame le ministre et monsieur Simone Veil[réf. nécessaire]. En revanche, si la doctoresse est bien la femme docteur, la colonelle reste bien l'épouse du colonel[22].

C’est cette dernière situation qui est dénoncée à partir des années 1960 par les mouvements féministes, en Amérique d’abord, puis en Europe, à un moment où la morphologie sociale s’est largement remodelée, les femmes étant désormais plus nombreuses à occuper des postes à responsabilité. Ces mouvements pensent que les étiquettes masculines occultent ces réalités nouvelles et qu'elles font par conséquent peser une hypothèque sur la promotion des femmes, en confortant l’idée que la qualification et le prestige sont liés à la masculinité. Dans le cadre de leurs politiques sociales, les États démocratiques ont dès lors souhaité imposer à leurs administrations l’usage d’une terminologie équitable et ont prôné les techniques non sexistes de rédaction des textes. Ce mouvement, qui affecte toutes les langues, s’observe aussi dans les grands organismes internationaux, comme l’ONU, l’UNESCO et le Conseil de l'Europe.

En francophonie, c’est le Québec qui, stimulé par la proximité des États-Unis, a été le premier à intervenir : dès 1979, la Gazette officielle du Québec adresse aux administrations des recommandations visant à féminiser les noms de métiers. En France, la première initiative allant dans le même sens date de 1984 avec la création d'une commission de terminologie suivie de la publication d'une circulaire du Premier Ministre Laurent Fabius en 1986. Mais un changement de majorité politique condamnera cette initiative. Le mouvement reprendra sous le gouvernement Jospin, et sera consacré par une nouvelle circulaire de 1998. En Suisse, la Confédération n’a pas formellement légiféré — à la différence du canton de Genève, où une loi de 1988 féminise les noms de profession —, mais elle a donné des instructions pour l’adoption de dénominations non discriminantes. En Communauté française de Belgique, un décret de 1993, étudié par le Conseil supérieur de la langue française impose la féminisation aux administrations de la Communauté et aux institutions qu'elle subventionne.

La féminisation s’est implantée rapidement dans le grand public québécois et canadien, touchant à la fois la terminologie (notamment grâce à l'utilisation très large du féminin en « –eure » (autrefois très rare, il concernait principalement des fonctions religieuses : prieure, supérieure, etc.)), mais aussi la rédaction des textes. En Suisse, et dans une moindre mesure en Belgique, la féminisation terminologique s’est largement répandue, quoique moins spectaculairement. C‘est sans doute en France qu’elle s’impose avec le moins de vigueur : les controverses y ont été plus vives et les résistances plus fortes. Mais ces dernières se sont manifestées ailleurs encore, notamment en Belgique et en Suisse, où a parfois été exprimée l’idée que le droit d’initiative en matière de langue était un monopole français.

Ces différences dans les pratiques « féminisantes » ne sont pas que nationales : on peut aussi les corréler avec la sensibilité politique des parties prenantes, autant qu’avec des phénomènes proprement linguistiques ; et certaines réticences ont pu être le fait de féministes militantes, désireuses d’affirmer l’identité de leur travail avec celui des hommes. En dépit de ces différences de rythme, le mouvement de féminisation est, dans toute la francophonie, profond et rapide[réf. nécessaire], eu égard à la lenteur habituelle des innovations linguistiques.

Belgique

Le décret pris en 1993 par la Communauté française de Belgique a été étudié par le Conseil supérieur de la langue française, alors sous la présidence du professeur Jean-Marie Klinkenberg. La Communauté française de Belgique a publié à l'intention du large public un Guide de féminisation, qui a connu une seconde édition mise à jour en 2005[23].

Sources

Sur le site du Service de la langue française de la Communauté française de Belgique :

  • Arrêté du Gouvernement de la Communauté française du 13 décembre 1993 établissant les règles de féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre[24].
  • Liste des noms[25]

France

Le gouvernement français intervient une première fois en 1984 avec la création d'une commission de terminologie relative à cette question, présidée par Benoîte Groult[26], par la publication en 1986 d'une directive sous l'impulsion d'Yvette Roudy, alors ministre des droits de la femme.

L'implication du gouvernement français dans le processus d'évolution de la langue est motivée par la volonté de renforcer le rôle des femmes dans la vie publique et sa reconnaissance, ainsi que de permettre aux femmes d'accéder plus facilement à des fonctions jusqu'alors réservées aux hommes[27].

L'Académie française, elle, s'oppose formellement à ces modifications, qu'elle juge arbitraires et portant atteinte à ses prérogatives. En 2002, elle publie un arrêt de l'Académie, rédigé par Georges Dumézil et Claude Lévi-Strauss, qui précise que « l’application ou la libre interprétation de "règles" de féminisation édictées, de façon souvent arbitraire, par certains organismes français ou francophones, a favorisé l’apparition de nombreux barbarismes[7]. » En particulier, Maurice Druon, secrétaire perpétuel de l'Académie française de 1985 à 1999, condamne la féminisation par la publication de plusieurs articles[Quand ?],[réf. souhaitée]. L'Académie souligne également que « le choix systématique et irréfléchi de formes féminisées établit (...) à l’intérieur même de la langue, une ségrégation qui va à l’encontre du but recherché. »[7],[28],[29]

Le gouvernement persiste, et en 1999 le premier ministre Lionel Jospin préface le guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions[30], publié sous la responsabilité du professeur Bernard Cerquiglini, linguiste alors vice-président du Conseil supérieur de la langue française. Ce guide contient une liste de métiers, titres, grades et fonctions qui indique quel nom utiliser lorsque la personne concernée est une femme.

En 2005, une étude sur la féminisation des noms de métiers et des titres dans la presse française (1988-2001) fait apparaître un retard de féminisation pour les noms de métiers académiques, tels que « professeur » ou « auteur », contrairement aux métiers appartenant au monde politique ou de l’entreprise, tels que « présidente », « députée », où le nombre d’occurrences est supérieur à 90 %. L’auteur, Itsuko Fujimura, attribue ce décalage au « conservatisme linguistique propre au monde académique, qui joue d’ailleurs un rôle dans la conservation du système de genre lui-même en français » et en premier lieu aux objections de l’Académie française[31]. En 2012, le ministère de la culture se félicite de l'accélération du processus de féminisation, non seulement dans les administrations, mais aussi dans la langue courante, notamment dans les médias[32].

Le 10 octobre 2014, dans un texte intitulé « La féminisation des noms de métiers, fonctions, grades ou titres - Mise au point de l'Académie française»[33], l'Académie rappelle les règles qui s'imposent dans la langue française, à la suite d'un incident de séance à l'Assemblée nationale où un député, Julien Aubert, a persisté à nommer la présidente de séance « Madame le président » au lieu de « Madame la présidente »[34],[35]. L'Académie de fait indique accepter dans son principe la féminisation des noms de métiers et fonction qui seraient entrés dans l'usage (se rapprochant en cela de la position que Vaugelas avait pris au XVIIème siècle) ou qui seraient expressément demandées dans les communications par les personnes concernées :

« (...) L’Académie française n’entend nullement rompre avec la tradition de féminisation des noms de métiers et fonctions, qui découle de l’usage même : c’est ainsi qu’elle a fait accueil dans la 8e édition de son Dictionnaire (1935) à artisane et à postière, à aviatrice et à pharmacienne, à avocatebûcheronnefactricecompositrice, éditrice et exploratrice. Dans la 9e édition, en cours de publication, figurent par dizaines des formes féminines correspondant à des noms de métiers. Ces mots sont entrés naturellement dans l’usage, sans qu’ils aient été prescrits par décret : l’Académie les a enregistrés pourvu qu’ils soient de formation correcte et que leur emploi se soit imposé. »

— Extrait de la déclaration de l'Académie française du 10 octobre 2014[33].

« (...) conformément à sa mission, défendant l’esprit de la langue et les règles qui président à l’enrichissement du vocabulaire, elle rejette un esprit de système qui tend à imposer, parfois contre le vœu des intéressées, des formes telles que professeure, recteure, sapeuse-pompière, auteure, ingénieure, procureure, etc., pour ne rien dire de chercheure, qui sont contraires aux règles ordinaires de dérivation et constituent de véritables barbarismes. Le français ne dispose pas d’un suffixe unique permettant de féminiser automatiquement les substantifs. S’agissant des métiers, très peu de noms s’avèrent en réalité, du point de vue morphologique, rebelles à la féminisation quand elle paraît utile. Comme bien d’autres langues, le français peut par ailleurs, quand le sexe de la personne n’est pas plus à prendre en considération que ses autres particularités individuelles, faire appel au masculin à valeur générique, ou « non marquée ». »

— Extrait de la déclaration de l'Académie française du 10 octobre 2014[33].

« Cependant, la Commission générale de terminologie et de néologie considère — et l’Académie française a fait siennes ces conclusions — que cette indifférence juridique et politique au sexe des individus « peut s’incliner, toutefois, devant le désir légitime des individus de mettre en accord, pour les communications qui leur sont personnellement destinées, leur appellation avec leur identité propre. » Elle estime que, « s’agissant des appellations utilisées dans la vie courante (entretiens, correspondances, relations personnelles) concernant les fonctions et les grades, rien ne s’oppose, à la demande expresse des individus, à ce qu’elles soient mises en accord avec le sexe de ceux qui les portent et soient féminisées ou maintenues au masculin générique selon le cas ». La Commission générale conclut justement que « cette souplesse de l’appellation est sans incidence sur le statut du sujet juridique et devrait permettre de concilier l’aspiration à la reconnaissance de la différence avec l’impersonnalité exigée par l’égalité juridique. »

— Extrait de la déclaration de l'Académie française du 10 octobre 2014[33].

Donc, selon l'Académie française, dans la vie quotidienne (correspondances, entretiens), la féminisation des grades ou des fonctions peut avoir lieu à la demande expresse des personnes concernées[33].

Québec

Le Québec a entrepris la féminisation de tous les titres de métier, de profession et de fonction à la suite d'un avis de recommandation officielle de l’Office québécois de la langue française (OQLF) publié en 1979. La féminisation s'est d'abord manifestée dans les textes administratifs et dans les conventions collectives, pour ensuite passer dans l'usage dans les journaux, puis pour finalement être adoptée par la société québécoise[36].

Suisse

Sources

  • Sur le site de la Conférence suisse des déléguées à l’égalité : Guide romand d'aide à la rédaction administrative et législative épicène[37] ;
  • Sur le site du canton de Genève : Règlement relatif à l’usage de la forme féminine des noms de métier, de fonction, de grade ou de titre dans les actes officiels[38] ;
  • Sur le site de l'Institut de recherche et de documentation pédagogique : Féminisation de la langue française : une brève histoire des positions politiques et du positionnement linguistique, de Daniel Elmiger[39].

Notes et références

Notes

  1. Amour est féminin au xvie siècle, et l'est toujours aujourd'hui lorsqu'il est au pluriel.

Références

  1. Dans une célèbre émission d'Apostrophes[Laquelle ?], une féministe[Laquelle ?] fit remarquer qu'on disait le soleil (chaud, rassurant) et la lune (froide, inquiétante). Bernard Pivot lui demanda alors comment elle expliquait qu'en allemand on dise la soleil (die Sonne) et le lune (der Mond)
  2. Claire Michard, « Humain / femelle : deux poids deux mesures dans la catégorisation de sexe en français », Nouvelles Questions Féministes, no Vol. 20, No. 1, SEXISME ET LINGUISTIQUE,‎ , pp. 53-95 (lire en ligne)
  3. « Cachons ce féminin que nous ne saurions voir au pouvoir : de la résistance des FrançaisEs à la féminisation des titres glorieux. Entretien avec Maria Candea. », sur nouvelobs.com, (consulté le )
  4. « RECOMMANDATION N°R (90) 4 DU COMITÉ DES MINISTRES AUX ÉTATS MEMBRES SUR L'ÉLIMINATION DU SEXISME DANS LE LANGAGE », Conseil de L'Europe, Comité des Ministres,‎ (lire en ligne)
  5. http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/cogeter/feminisation/4contraintes.html
  6. a et b Marainne Frischknecht, « Avant propos du Guide romand d'aide à la rédaction administrative et législative épicène » [PDF], sur egalite.ch (consulté le )
  7. a b et c http://www.academie-francaise.fr/actualites/feminisation-des-noms-de-metiers-fonctions-grades-et-titres
  8. http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?id=4015
  9. a b et c Le ménagier de Paris, traité de morale et d'économie domestique composé vers 1393 : contenant des preceptes moraux, quelques faits historiques, des instructions sur l'art de diriger une maison, des renseignemens sur la consommation du Roi, des princes et de la ville de Paris à la fin du quatorzième siècle, des conseils sur le jardinage et sur le choix des chevaux, un traité de cuisine fort étendu, et un autre non moins complet sur la chasse à l'épervier,.... Tome 1 / par un bourgeois parisien ; publié pour la première fois par la Société des Bibliophiles françois, (lire en ligne)
  10. Clément Marot, Epigramme à ses disciples tiré de Oeuvres de Clement Marot Valet-de-chambre de François I. Roy de France,: revûes sur plusieurs manuscrits, & sur plus de quarante editions; et augmentées tant de diverses poësies veritables, que de celles qu'on lui a faussement attribuées: avec les ouvrages de Jean Marot son pere, ceux ..., Volume 2, Chez P. Gosse & J. Neaulme, (lire en ligne)
  11. Ivan Illitch, Le travail fantôme in Œuvres complètes, tome 2, (Le Chômage créateur - Le Travail fantôme - Le Genre vernaculaire - H2O, les eaux de l'oubli - Du lisible au visible - Dans le miroir du passé), Fayard, 2005, Fayard,
  12. a b c d et e Elaine Viennot, Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin!, Editions IXe, (ISBN 979-10-90062-20-7)
  13. « Non le masculin ne l'emporte pas sur le féminin ! Entretien avec Eliane Viennot (2) - Féministes en tous genres », sur feministesentousgenres.blogs.nouvelobs.com (consulté le )
  14. a et b « CTLF - Notices », sur ctlf.ens-lyon.fr (consulté le )
  15. Fréron, L'année littéraire 1768 III,
  16. « Le genre masculin, étant le plus noble, doit... : citation de VAUGELAS dans le dictionnaire de français Littré adapté du grand dictionnaire de la langue française d'Emile Littré », sur littre.reverso.net (consulté le )
  17. Claude Favre de Vaugelas, Remarques sur la langue françoise utiles à ceux qui veulent bien parler et bien escrime, Paris, Veuve jean Camusat et Pierre Le Petit,
  18. Gille Ménage, Menagiana, ou les bons mots, les pensées critiques, historiques, morales et d'érudition de Monsieur Ménage, recueillies par ses amis.Seconde édition augmentée, Paris, Delausne,
  19. Eliane Viennot, Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin ! petite histoire des résistances de langue française, Donnemarie-Dontilly, éditions iXe,
  20. http://www.cnrtl.fr/definition/boulang%C3%A8re
  21. « Féminisation des titres et des fonctions | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le )
  22. Dans son roman Les Dompteurs de l'or, Paul d'Ivoi use du néologisme l'ingénieure pour qualifier son héroïne.
  23. Mettre au féminin - Guide de féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre, 2de édition, 2005
  24. http://www.cfwb.be/franca/publicat/pg006.htm
  25. Guide de féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre
  26. Journal Officiel, 29 février 1984.
  27. http://www.dglf.culture.gouv.fr/cogeter/feminisation/3cadrage.html
  28. Maurice Druon, « Madame le ministre, Monsieur la souris », Le Figaro,‎
  29. Maurice Druon, Hélène Carrère d'Encausse et Hector Bianciotti, « L'Académie française veut laisser les ministres au masculin », Le Figaro, no 16611,‎ , p. 25
  30. Femme, j'écris ton nom - guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions. Ministère de la Culture, Direction générale de la langue française, 1999.
  31. « La féminisation des noms de métiers et des titres dans la presse française » (1988-2001), Itsuko Fujimura, Usages politiques du genre 78/2005, Éditions ENS Lyon, 2005.
  32. « La féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre », Ministère de la Culture.
  33. a b c d et e « La féminisation des noms de métiers, fonctions, grades ou titres - Mise au point de l'Académie française », Déclaration de l’Académie française, sur le site academie-francaise.fr - 10 octobre 2014, publié le 13 octobre 2014.
  34. « « Madame le président » : Julien Aubert soutenu par 139 députés », Libération.fr avec AFP - 9 octobre 2014.
  35. « Féminisation des noms : la mise au point de l'Académie française », Mohammed Aissaoui pour Le Figaro, sur le site lefigaro.fr - 15 octobre 2014.
  36. « Multidictionnaire de la langue française », sur Le centre de communication écrite, Université de Montréal (consulté le ).
  37. http://www.equality.ch/f2/publications/pdf/guide.pdf
  38. http://www.ge.ch/legislation/rsg/f/rsg_b2_05p13.html
  39. http://publications.irdp.relation.ch/ftp/1346159227elmiger_langage_genre.pdf

Voir aussi

Articles connexes