Monnaie

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La monnaie est un bien économique qui a trois fonctions :

En outre, la monnaie peut servir indirectement d'outil de taxation par le pouvoir émetteur

Définition

La monnaie matérialise la croyance en une valeur d'échange, un crédit. Certains groupes humains furent amenés à produire des excédents, et donc à posséder et accumuler des biens. Ils pouvaient donc s'en séparer pour en acquérir d'autres dont ils avaient besoin, qu'ils estimaient nécessaires ou qu'ils désiraient. La monnaie remplaça le troc. La monnaie (souvent du sel, avant d'être des morceaux de métal fondus) représentait la dette contractée par l'acheteur auprès du vendeur pour l'achat d'un bien. Avec cette « reconnaissance de dette » le vendeur pouvait - là où avait cours la monnaie - acquérir un autre bien, un service ou autre chose ailleurs et à un autre moment que lors du troc. La monnaie reçue lors d'une opération économique ou commerciale ne valant que par la possibilité d'être acceptée par un grand nombre d'utilisateurs. Mais pour être « valable », une monnaie devait avoir une certaine valeur d'échange ou être « garantie » (exactement comme un garant ou une caution pour un prêt).

Des billets furent émis qui représentaient une contrepartie en or. Car pour ainsi dire partout l'or pouvait être reçu en échange. Comme seules les banques (après les villes, seigneurs, guildes et autres groupes humains) reçurent le privilège d'émettre des billets (et singulièrement la banque centrale à partir du XVIIIe siècle en Angleterre et en France (sous Napoléon) elles devaient posséder pour chaque billet émis la garantie or. L'accroissement de la masse monétaire ainsi permis facilita la croissance économique. Mais un tel monopole garanti par l'État allait permettre de se passer de la garantie or. Subissant une crise économique il fut décidé de « libérer » la monnaie de sa garantie or. Cela permis aux états occidentaux de pouvoir émettre plus de monnaie qu'il en existait de contrepartie. Ils pallièrent ainsi la crise économique en endettant les citoyens.

En règle générale, chaque pays donne un monopole à une seule monnaie, contrôlée par une Banque centrale d'État, bien qu'il existe des exceptions. Plusieurs pays peuvent utiliser le même nom, chacun pour sa propre monnaie (par exemple franc français, belge, suisse, CFA), plusieurs pays peuvent utiliser la même monnaie (par exemple l'euro) ou bien un pays peut déclarer que la monnaie d'un autre pays a cours légal (souvent le dollar).

L'unité monétaire majeure est habituellement subdivisée en unités mineures. Très souvent, l'unité de subdivision monétaire a une valeur égale à 1/100 de l'unité de base. Cependant, certains pays ont une subdivision valant 1/10, 1/20, 1/1000 ou même 1/5 de l'unité de base, alors que quelques-uns, comme le l'Italie avant l'euro ou le Japon, n'en possèdent pas car leur monnaies est de valeur suffisamment faible.

Étymologie

Le terme monnaie vient du verbe latin monere, qui signifie « avertir ».

En effet la monnaie romaine fut d'abord frappée dans le temple de Junon Moneta — Junon « qui avertit » — sur le Capitole. Ce temple avait reçu ce surnom avec l'épisode des oies du Capitole, car ce sont les oies sacrées de ce temple qui en furent les « héroïnes ».

Les différents types de monnaie

Si nous avons maintenant l'habitude de compter et de payer dans la même monnaie, il n'en a pas toujours été ainsi. On pourrait même considérer cette conjonction entre la monnaie de compte et la monnaie d'échange comme exceptionnelle.

Origine de la valeur de la monnaie

Historiquement (depuis Aristote, qui, le premier, donne une définition de la monnaie), deux théories se sont succédé :

  • la première implique que la monnaie utilisée ait une valeur intrinsèque (commodity money). En fait, l'achat avec de la monnaie n'est alors considéré que comme un troc particulier. Beaucoup de supports ont servi de monnaie, puis au fil des siècles des métaux tels que l'argent et l'or se sont imposés, en effet ils répondent parfaitement aux critères de durabilité, de relative rareté et de divisibilité ; des substituts papier à cette monnaie peuvent aussi avoir cours (representative money).
  • La seconde théorie, qui est celle de l'ère moderne (abandon de l'étalon-or au cours du XXe siècle) mais qui apparaît très tôt, considère la monnaie comme une convention sociale : peu importe qu'elle n'ait aucune valeur intrinsèque (le papier-monnaie n'est que du papier, pratiquement inutilisable pour un autre usage que celui de monnaie) du moment que tout le monde l'accepte comme monnaie(de gré ou de force ...). On parle alors de monnaie fiduciaire (de fides : la foi, la confiance) ou de monnaie décrétée (fiat money).

Émission de monnaie

Par des individus

Lorsque la monnaie est constituée de biens dont la valeur est reconnue sans qu'une autorité particulière l'impose, elle peut-être émise par n'importe qui. C'était probablement le cas dans les premier temps, cela l'est encore dans certaines circonstances (ruée vers l'or).

Mais les possibilités que donne le pouvoir de « battre monnaie », notamment les manipulations de valeur et la taxation implicite que cela représente, on rapidement conduit les autorités politiques à chercher à se réserver l'émission monétaire.

Par les autorités financières

La croissance de la population et de l'économie augmente les besoins de monnaies circulante. Pour éviter les problèmes économiques, il est donc nécessaire d'augmenter constamment la « masse monétaire ».

D'autre part, la plupart des pouvoirs politiques sont conduit à augmenter leurs dépenses au-delà de leurs recettes. Pour combler la différence, la manipulation monétaire recèle des possibilités intéressante. Certes, elle est néfaste pour la valeur de la monnaie, et même pour l'économie générale si on abuse, mais pratiquée raisonnablement elle est un impôt implicite relativement indolore et juste (il frappe les possesseurs de monnaies indistinctement : les truands comme les honnêtes gens, les étrangers comme les nationaux, et les riches plus que les pauvres).

Par les banques

En pratique la monnaie fiduciaire est continuellement créée par les banques : tout titre qui représente une quantité de monnaie est lui-même de la monnaie, qui peut servir à tout les usages de la monnaie, y compris celui de servir de caution pour un nouveau titre, etc. La seule limite est qu'à chaque étape, on doit conserver une confiance dans la possibilité de retrouver la monnaie initiale : cette confiance se prouve par le fait qu'à tout moment la conversion est possible chez le dépositaire.

Du temps de l'étalon or, le mécanisme était le suivant : si 100 personnes déposent de l'or dans une banque, parce qu'il est plus pratique de se servir de chèques et qu'en plus la banque rémunère le dépôt, la banque constate rapidement qu'elle n'a besoin de conserver à tout moment qu'un fraction de l'or (par exemple celui de 8 personnes), et prêter (credit money) le reste contre garantie et rémunération. Ainsi, sont en circulation 92% de l'or initial, et des titres qui représentent 100 % de cet or : la quantité de monnaie à été pratiquement doublée. En outre, l'or remis en circulation peut lui même revenir dans les coffres de la banque, et servir à alimenter le mécanisme : au final circuleront 12,5 fois (100 / 8) la quantité d'or initiale. La banque peut même n'avoir pas besoin de décaisser l'or, et faire le prêt par un simple jeu d'écritures : elle « crédite » le compte de son débiteur, auquel elle accorde la faculté d'émettre des chèques au-delà de son dépôt initial, avec la garantie de la banque.

De nos jours, l'étalon or ayant définitivement disparu dans les années 70, les banques travaillent sans or, sur la base de leurs « fonds propres ». La banque centrale est censée contrôler cette création monétaire en dernier ressort, et garantir la banque « de dépôt » contre une panique qui pousserait tous les déposants à retirer leurs avoirs en même temps (il lui suffit de faire un prêt temporaire, le temps que les épargnants reviennent placer leurs économies dans la première banque ou une autre)

Historique

Depuis des temps préhistoriques, les hommes ont compté leur biens. Rapidement, un étalon s'impose dans chaque groupe humain : coquillage, minéraux précieux ou utiles comme le sel, petit lingots de métal (fer, puis argent ou or), etc.

On en trouve les premières traces moderne en Europe chez les Grecs anciens, au VIe siècle av. J.-C..

Alors que la monnaie représente déjà une certaine quantité de biens, qu'on ne pourrait pas manipuler aussi facilement, l'étape suivante est la mise en place d'une monnaie de second niveau, qui elle-même représente une grande quantité de monnaie métallique laissée en dépôt en lieu sur. Ainsi apparaît la monnaie papier (le billet de banque, connu en Chine dès le VIIIe siècle), qui ne représente originellement qu'une dette payable à vue sous forme de métal ou d'autres biens.

On peut distinguer plusieurs étapes dans l'évolution historique qui a conduit de la monnaie métallique à la monnaie fiduciaire que nous connaissons aujourd'hui :

- le système bi-métallique (jusqu' aux XIXe siècle) Toutes les monnaies sont définie à la fois par rapport à l'or et par rapport à l'argent (métal). Chaque état, en fonction de ses disponibilités métalliques, utilisent préférentiellement l'un ou l'autre métal, et se sert de l'autre comme appoint. Mais les découvertes minières et les évolutions financières dans une économie largement mondialisée à l'époque font fluctuer les proportions entre les deux métal, et le développement de la monnaie papier et du crédit permettent de limiter les besoins de métal, et de supprimer l'argent-métal comme étalon.

- l'étalon-or « classique » (jusqu'en 1914) : toutes les monnaies sont définies par rapport à l'or. La monnaie-papier est un substitut à l'or (une once d'or équivaut à 20 dollars, 4 livres anglaises, etc.). Les taux de conversions de cahque monnaies en or, et donc entre les monnaies, sont fixes. Cela assure la stabilité de la monnaie et empêche une inflation provoquée artificiellement par une augmentation de la masse monétaire (procédé auquel les états auront constamment recours par la suite).

En 1865, est crée L'Union Latine, une convention monétaire entre la Belgique, la France, l'Italie et la Suisse, convention à laquelle adhère la Grèce en 1868. Cette convention est restée en vigueur, moyennant plusieurs aménagements, jusqu'au 1er janvier 1927. Elle avait pour but d'harmoniser les monnaies de ces pays (module, titre, poids) qui avaient ainsi une circulation transfrontalière.

- l'étalon de change-or (1914-1971) : il s'agit d'un système mixte par lequel certains pays veulent conserver les avantages de l'étalon-or, alors que d'autres veulent se garder la latitude (via la « planche à billets ») d'avoir des taux de change variables. Ce système va devenir caduc en quelques décennies :

  • Première Guerre mondiale : en raison du coût de la guerre toutes les monnaies européennes sont fortement dévaluées par rapport à l'or.
  • 1922 : conférence de Gênes. Un nouvel ordre monétaire est mis en place où seuls les États-Unis conservent l'étalon-or classique. Le dollar repose sur l'or, la livre anglaise sur le dollar, et les autres monnaies européennes sur la livre anglaise.
  • 1931 : le Royaume-Uni, conduit à augmenter sa masse monétaire, abandonne le système de change-or.
  • 1934 : le dollar est défini comme 1/35 d'once d'or. Les citoyens étatsuniens n'ont pas le droit de posséder de l'or.
  • 1944 : accords de Bretton Woods : le système monétaire repose sur le dollar, seule monnaie encore ancrée à l'or
  • 1971 : sous Nixon, les États-Unis, ne pouvant plus maintenir le prix de l'or à 35 dollars l'once ni éviter une dévaluation du dollar, abandonnent l'étalon-or.

- Système à taux de change variable (à partir de 1973) : après l'abandon des accords de Bretton Woods, les monnaies varient entre elles selon la quantité de crédit émise par chaque pays (une politique monétaire laxiste est « punie » par une baisse de la valeur de la monnaie locale par rapport aux autres devises). Il n'y a plus de contrepartie métallique à la monnaie émise, seulement de la dette.

Monnaies atypiques

Monnaie de nécessité

À l'occasion de grandes difficultés économiques (guerres, sièges, crise économique) la monnaie courante d'un pays, particulièrement les pièces divisionnaires, peut disparaître rapidement, pour permettre néanmoins les échanges, des organismes public ou privés sont amenés à émettre une monnaie temporaire et locale, la monnaie de nécessité. Ce phénomème se produisit avec une ampleur considérable en France entre 1914 et 1926.

Monnaie fondante

La valeur de la monnaie est variable, et relativement incontrôlée. Mais, dans certaines circonstances économiques, une des principales qualités de la monnaie (sa capacité à être stockée) devient un grave défaut : en période de déflation, il est plus avantageux de stocker le numéraire que de s'en servir, car le prix des bien s'effondre. La généralisation d'un tel comportement conduit à une grave crise économique, la production locale devient une activité à perte croissante jusqu'à la faillite, alors que les importations peuvent se poursuivre.

Une solution (déjà employée) consiste à lutter contre le sentiment de stabilité de la monnaie par l'usage de monnaie « fondante », par différents moyens qui organise une sorte d'inflation forcée :

  • chaque billet est daté, et sa durée de vie est limité ; au terme de sa courte vie il sera échangé contre une coupure plus faible.
  • chaque billet est muni d'un coupon dont on détache chaque jour un morceau, ce qui lui fait perdre une partie de sa valeur
  • etc.

Monnaie à droits spéciaux

Lorsqu'une monnaie est trop déstabilisée, il arrive qu'on la remplace par une nouvelle. Pour que l'opération se fasse, il fait que la nouvelle monnaie présente un avantage pour les utilisateurs, ce qui implique souvent l'attribution d'avantages spécifique.

  • accès prioritaire, voir accès exclusif, pour l'achat de biens que l'état va aliéner (Cf. Assignats de la Révolution française, gagés sur les « biens nationaux »)
  • réduction fiscale pour les paiements en cette nouvelle monnaie
  • etc.

Monnaies restreintes

Il est fréquent de mettre en place des monnaies spécialisées, qui permettent d'acheter seulement certains types de biens.

  • Chèques repas
  • jeton de kermesse ou de fête foraine
  • monnaie de SEL (Cf. infra)

Monnaie de système d'échanges locaux

Monnaie privée

Comme indiqué plus haut, la plus grosse part de la monnaie (monnaie scripturale) est aujourd'hui créée par le système bancaire, mais sous le contrôle les Banques Centrales des États ou d'Unions d'États (cas de l'euro). Certains rares économistes, dont fut Friedrich Hayek, prix Nobel d'économie 1974, soutiennent la thèse que la totale privatisation de la monnaie serait non seulement faisable, mais encore souhaitable.

En Écosse, entre 1750 et 1850, la monnaie était entièrement privée. Une trentaine de banques émettaient de la monnaie. Chaque banquier garantissait d'échanger chaque billet de banque par une certaine masse d'or. La masse monétaire totale émise par ces banques privées fut environ dix fois supérieure à la masse d'or détenue par ces banques. Ce système monétaire fonctionna avec satisfaction pendant une centaine d'années, malgré la faillite d'une des banques. Un millier de clients en furent alors victimes, mais pour des faibles sommes.

Une monnaie privée pourra exister dans un pays lorsque l'État adaptera le droit, les règles comptables et la fiscalité afin de ne pas rendre l'utilisation d'une monnaie privée plus coûteuse que l'utilisation de la monnaie de la Banque Centrale actuelle. La nature d'une monnaie privée serait alors de la même nature que tout titre financier. Une monnaie privée serait alors un contrat librement cessible, rédigé par l'émetteur de monnaie, c'est-à-dire une banque privée, sans responsabilité de la Banque Centrale.

Ce contrat est alors nommé « contrat de monnaie ». Ce contrat de monnaie définit les conditions d'utilisation de la monnaie émise par le banquier privé. En particulier, ce contrat de monnaie définira les conditions par lesquelles l'émetteur garantit la valeur et la liquidité de sa monnaie. Dans tous les cas, le banquier veillera à ce que la valeur de ses actifs restent durablement supérieure à la masse monétaire qu'il a émise. L'essentiel des actifs de l'émetteur d'une monnaie sont les créances qu'il possède.

Ainsi, un banquier pourra émettre une monnaie dont l'étalon de mesure de la valeur serait l'or. Un autre banquier pourra émettre une monnaie dont l'étalon de mesure sera le US dollar, et sans autorisation de la Fed. Tel autre banquier pourra émettre une monnaie dont l'étalon de mesure sera lié à un indice, tel l'indice des prix dans tel pays.

Il existe un débat universitaire sur les avantages et les inconvénients des monnaies privées. Comme la valeur d'une monnaie privée est déterminée par un contrat avec une banque, elle ne dépend donc pas des aléas politiques et ne peut être dévaluée. L'avantage d'une monnaie étatique est que certains États ont un moindre risque faillite qu'une banque privée.

Voir aussi

Musées monétaires

Liens externes (articles idéologiques d'Attac)

Liens externes (non orientés)

Bibliographie

  • Histoire de la monnaie, Véronique Lecomte-Collin et Bruno Collin, Éditions Trésor du Patrimoine, 2004
  • Histoire de la Monnaie, du troc à l'euro, Jean-Marie Albertini, Véronique Lecomte-Collin et Bruno Collin, Éditions Sélection du Reader's Digest, 2000
  • Histoire morale et immorale de la monnaie, René Sédillot, Éditions Bordas, coll. « Cultures », 1989

Monnaie est une commune française d'Indre-et-Loire

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