Chant de la Sibylle

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Le chant de la Sibylle de Majorque *
Pays * Drapeau de l'Espagne Espagne
Liste Liste représentative
Année d’inscription 2010
* Descriptif officiel UNESCO

Le chant de la Sibylle, en espagnol « Canto de la Sibila » et en catalan « el Cant de la Sibil·la » donne aux humains les signes qui annonceront la fin des temps.

Il est interprété lors des Matines de Noël, lors des Vigiles de la nuit du 24 décembre, dans toutes les églises de Majorque, et quelques églises de Catalogne. « Le chant de la Sibylle de Majorque » a été inscrit en 2010 par l'UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité[1].

Histoire

Le texte en latin du chant de la Sibylle se trouve à partir du Xe siècle en Catalogne, en Italie, en Castille et en France. Les premières versions en langue catalane sont produites à partir du XIIIe siècle.

Le chant de la Sibylle, en latin Judicii Signum, prend son origine dans un texte oraculaire grec de vingt-sept hexamètres attribué à la célèbre Sibylle Erythrea d’Asie Mineure[2] ; il se présente sous forme d’un poème acrostiche dont les premières lettres de chaque vers composent l’expression : « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur ».

Il apparaît initialement en grec, au IIIe siècle[3] ; il est cité par l'empereur Constantin.

Traduit en latin, ce poème figure au IVe siècle dans "la Cité de Dieu" de Saint Augustin[4] et [5]. Il se retrouve dans un manuscrit du IXe siècle, au monastère Saint Martial de Limoges.

Il se diffuse Europe méridionale durant le Moyen Âge, pour parvenir à Majorque. A partir du XIIIe siècle, étant fort populaire, il est traduit dans les langues locales, dont le catalan et le majorquin.

Joachim du Bellay y fait allusion[6], en 1549.

Il résiste à l'impulsion du Concile de Trente, qui souhaite alléger la liturgie de Noël. En 1967, l'évêque de Palma obtient de la papauté que le chant fasse officiellement partie de cette liturgie, pour l'île baléares de Majorque.

En 2010, il est enregistré au patrimoine mondial de l'Humanité.[7]

Chant

Ce chant grégorien est exécuté a cappella par un garçon ou une fille[8], accompagné par au moins deux enfants de chœur, et de la musique jouée à l’orgue entre les versets[1].

Au Monastère de Lluc, centre de pèlerinage, spirituel et culturel de Majorque, il est interprété par l'un des chanteurs de la manécanterie Es Blauets.

Structure

Le poème procure à ses auditeurs les signes qui indiqueront que la fin des temps est arrivée.

En grec, chaque vers débute par une série de lettres identiques[9].

La version médiévale latine du chant est constituée par le premier vers « Judicii signum tellus sudore madescet », alternant avec treize couplets, regroupant deux par deux les vingt-six vers suivants.

Le chant s'appuie sur la répétition du même dessin mélodique. Le refrain est répété en réponses par un chœur, en alternance avec les strophes, interprétées par un soliste, en général, un jeune garçon.

Textes

En grec

En latin

En majorquin

En français

Le texte en français considéré aujourd’hui comme le plus représentatif est le suivant[7] :

« 

Le jour du jugement
ceux qui auront bien servi seront récompensés
Jésus-Christ, Roi de l’Univers
homme et véritable Dieu éternel
viendra du ciel pour juger
et donner à chacun le plus juste

Un grand feu descendra du ciel :
mer, sources et rivières, il brûlera tout.
Les poissons pousseront de grands cris
Perdant les délits naturels
Devant le Jugement viendra l’Antéchrist
et donnera du tourment à tout le monde
et il se fera servir comme Dieu
et fera mourir celui qui ne lui obéira pas.
Son règne sera très bref ;

En ce temps-là, sous son pouvoir,
mourront en martyrs en un lieu
les deux saints Elie et Enoc.
Le soleil perdra sa clarté
S'assombrira et se voilera
la lune ne donnera plus de lumière
et le monde ne sera que tristesse.

Le Malin dira très méchamment :
- Allez, maudits, dans le tourment !
allez, allez au feu éternel
avec votre prince de l’enfer.

Le Bon Dieu dira : - Venez mes enfants !
bienheureux vous possédez
le règne qui est préparé
depuis la création du monde.
Oh humble Vierge ! Vous qui avez enfanté
l’Enfant Jésus cette nuit-là,
veuillez prier votre Fils
qu’il nous préserve de l’enfer.

Le jour du jugement
Ceux qui auront bien servi seront récompensés.

 »

Notes et références

Voir aussi