Déradicalisation

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Le terme déradicalisation est un néologisme politique du XXe siècle qui implique une action pour inverser le processus de radicalisation, pour adoucir les positions et les actions. Il a pris un sens nouveau à l'échelle mondiale avec la montée des extrémismes politiques et religieux au début du XXIe siècle.

La déradicalisation consiste à « faire changer un individu déjà radicalisé pour lui faire abandonner ses vues »[1].

Cette action, entreprise par des organisations non-gouvernementales avec parfois l'appui d'organismes d'État, prend différentes formes dans les pays en fonction de l'ampleur des phénomènes de radicalisation, de l'impact dans la société et de la volonté de lutter contre le phénomène.

Europe

France

Les différentes structures

Centre de prévention des dérives sectaires liées à l'Islam

Fondé en 2014 par Dounia Bouzar, le bilan de son action est contesté et l'association renonce à ses financements de l'Etat début 2016. Olivier Roy, professeur à l’Institut universitaire européen de Florence refuse la théorie de CPDSI de l’emprise sectaire. Pour lui, c'« est un refus de comprendre, c’est nier à quelqu'un la raison de son action. Ces jeunes sont volontaires. Ce sont eux qui vont chercher sur des sites » [2].

Une inspection interministérielle audite en décembre 2015 le dispositif national de lutte contre la radicalisation. Elle s'inquiète des conflits d'intérêt entre le CPDSI et « Bouzar Expertises » qui vend des prestations de formation à des collectivités susceptibles de travailler avec l'association. Le préfet Pierre N'Gahane déclare : « pour éviter les soupçons de conflits d'intérêts, nous ne renouvellerons pas sa mission de formation pour l'année 2016, Dounia Bouzar consacrera désormais exclusivement son action aux familles[3]. »

La jeune Léa (prénom modifié), suivie par le CPDSI après avoir projeté un attentat-suicide contre une synagogue de Lyon à l'été 2014 est montrée en exemple par la CSPDI pour sa réinsertion. Elle est cependant de nouveau emprisonnée en janvier 2016 après avoir renoué avec les jihadistes. Dounia Bouzar dit avoir demandé quelques mois plus tôt qu'elle soit admise dans un centre éducatif fermé « pour qu'elle ait un rappel à la loi, et qu'elle n'ait plus du tout moyen d'avoir internet », mais que la Justice aurait refusé sa demande[4]

Maison de prévention pour les familles

La Maison de prévention pour les familles a été créée en septembre 2014 à Aulnay-sous-Bois et dirigée par Sonia Imloul, cette dernière était partisane d’une approche « cultuelle », à l'inverse de Dounia Bouzar. Elle faisait appel à des salafistes dits « quiétistes » pour remettre les jeunes dans le droit chemin. Le gouvernement n’a pas renouvelé le contrat du MPF en novembre 2015 justifiant cela par l’absence de résultats tangibles avec « aucun justificatif de l'utilisation de l'argent, aucune feuille de paye, pas de contrat de travail. Madame Imloul a été l'une des premières à comprendre le phénomène et à tenter d'y apporter des solutions, mais il a été impossible de vérifier le travail réalisé », selon une source policière[5] ». Dans un livre intitulé Cellule de déradicalisation. Chronique d'une désillusion, un ex-employé de la structure, raconte les multiples dysfonctionnements de cette expérience[6]

Centres de déradicalisation de l’État

Le premier centre de déradicalisation en France a ouvert ses portes en septembre 2016, à Beaumont-en-Véron, en Indre et Loire.

L'État profite de la fermeture en juin 2016 centre éducatif et de formation professionnelle de Pontourny qui accueillait des mineurs et majeurs isolés étrangers ainsi que des jeunes français placés par l'Aide Sociale à l'Enfance. Il doit être reconverti en « centre de déradicalisation » puis « centre de prévention à la radicalisation ». Il a pour but de prendre en charge dans un centre en milieu ouvert (mais sous vidéo-surveillance 24h/24) des « volontaires » qui souhaitent sortir d'un processus de radicalisation, avec une prise en charge de 10 mois sur site. La capacité d'accueil du centre serait d'une trentaine de personnes.

Pour le préfet d'Indre-et-Loire Louis Le Franc, il s'agit « d'inciter ces jeunes de 18 à 30 ans à être volontaires » pour les aider à se déradicaliser. Le projet vise à « démonter la théorie du complot » que représente la radicalisation. Le public accueilli dans ce centre serait de niveau 1 : il n'est pas fiché S, n'a pas fait le Djihad et n'est pas en procédure judiciaire). Durant ces 10 mois, le projet consiste selon le préfet d'Indre et Loire de « les occuper de 7h à 22h » avec port de l'uniforme (jean et basket) et lever de drapeau matinal. Il n'est pas question de formation et d'éducation scolaire mais de prise en charge sous forme d'ateliers de jardinage, de citoyenneté et de recherche de stages et d'emplois.

Les élus locaux ont accepté l'ouverture du centre de déradicalisation uniquement si les 47 emplois de l'ancienne structure étaient sauvés et ce, malgré les fortes réticences des habitants. Le centre accueille ses six premiers "volontaires" mi-septembre 2016 encadrés par plus d'une vingtaine d'employés du GIP (Groupement d'Intérêt Général).

Royaume-Uni

La stratégie de déradicalisation est définie dans le programme « Prevent »[7].

Notes

  1. Diploweb
  2. « Dounia Bouzar renonce à sa mission sur la déradicalisation pour protester contre la déchéance », Le Monde, 11 février 2016
  3. Marie-Christine Tabet, « Face aux critiques, Dounia Bouzar s'explique », sur LeJDD.fr,
  4. Agence France Presse, « Léa, jeune "déradicalisée" emprisonnée après avoir replongé: "un cas d'école" », nouvelobs.com, (consulté le )
  5. « Une cellule de déradicalisation met la clé sous la porte », leparisien.fr, (consulté le )
  6. « En Seine-Saint-Denis, l'arnaque de la déradicalisation », lepoint.fr, (consulté le )
  7. « 2010 to 2015 government policy: counter-terrorism »

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