Coup d'État de la Saint-Sylvestre

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Le coup d'État de la Saint-Sylvestre est un coup d'État organisé par Jean-Bedel Bokassa, chef de file de l'armée de la République centrafricaine (RCA), et ses officiers, notamment Alexandre Banza, contre le gouvernement du président David Dacko le 31 décembre 1965 et le 1er janvier 1966. David Dacko, un cousin de Bokassa, a pris les rênes du pays en 1960 tandis que Bokassa, officier dans l'armée française, rejoint l'armée centrafricaine en 1962. En 1965, le pays est dans un profond désordre en raison de la corruption et de la faible croissance économique, tandis que ses frontières sont régulièrement franchies par des rebelles venant des pays voisins. Dacko reçoit une aide financière de la part de la République populaire de Chine mais, malgré ce soutien, les problèmes persistent. De son côté, Bokassa planifie le renversement du gouvernement, ce dont est conscient Dacko qui crée une gendarmerie dirigée par Jean Izamo, qui devient rapidement le plus proche conseiller de Dacko.

Soutenu par le capitaine Alexandre Banza, Bokassa déclenche son coup d'état lors de la nuit de la Saint-Sylvestre de 1965. Tout d'abord, il fait prisonnier Jean Izamo en l'enfermant dans un cellule à Camp de Roux. Par la suite, les hommes de Bokassa occupent la capitale Bangui et soumettent la gendarmerie et toute forme de résistance. Après minuit, Dacko décide de quitter la capitale mais il est rapidement capturé, forcé de démissionner avant d'être emprisonné à Camp Kassaï. Selon les rapports officiels, huit personnes sont tués pour avoir résisté au coup d'état. A la fin du mois de janvier 1966, Izamo est torturé à mort tandis que Dacko est épargné à la demande du gouvernement français, dont Bokassa recherche le soutien. Bokassa justifie son intervention en affirmant qu'il a préservé son pays de l'influence du communisme et coupé les relations diplomatiques avec la Chine. Au tout début de son gouvernement, Bokassa dissout l'assemblée nationale, abolit la Constitution et passe plusieurs décrets interdisant, entre autres, la mendicité, l'excision et la polygamie. Ensuite, il se bat pour obtenir une reconnaissance internationale de son gouvernement. Après une rencontre fructueuse avec le président du Tchad, Bokassa est reconnu par les autres pays africains puis la France, l'ancienne puissance coloniale.

Banza, l'homme de main de Bokassa, tente lui-même de le renverser en avril 1969 mais l'un des conspirateurs informe le président. Banza est interpellé et présenté devant un tribunal militaire qui le condamne à être exécuté par un peloton d'exécution. Dacko reste à l'isolement à Camp de Roux mais envoie une lettre à l'ambassadeur chinois à Brazzaville en juin 1969, interceptée par Bokassa. Celui-ci accuse Dacko de menacer la sécurité nationale et le transfère dans la sinistre prison de Ngaragba où de nombreux prisonniers capturés lors du coup d'état sont toujours incarcérés. Un juge local convainc Bokassa qu'il manque de preuves pour condamner Dacko, finalement placé en résidence surveillée. En septembre 1976, Dacko devient le conseiller personnel du président et le gouvernement français parvient à le convaincre de participer au renversement de Bokassa, alors fortement critiqué pour son régime dictatorial de plus en plus brutal. Ce nouveau coup d'état intervient les 20 et 21 septembre 1979 et Dacko devient à nouveau président avant d'être renversé deux ans plus tard.

Contexte

En 1958, après que la Quatrième République française a commencé à lancer le processus d'indépendance de ses colonies africaines, le chef nationaliste Barthélémy Boganda rencontre le Premier ministre Charles de Gaulle pour discuter des termes de l'indépendance du territoire alors connu sous le nom d'Oubangui-Chari. De Gaulle accepte sur le principe et, le 1er décembre 1958, Boganda déclare la création d'une République centrafricaine autonome amené à rapidement être indépendant. Il devient le premier ministre de ce territoire autonome et ambitionne d'en devenir le premier président. Toutefois, il est tué dans un accident d'avion le 29 mars 1959, alors qu'il se dirige vers Bangui.

Abel Goumba, le bras droit de Boganda, lui succède. Toutefois, en mai 1959, David Dacko prend le contrôle du gouvernement. Ancien membre du cabinet de Boganda et chef du parti du Mouvement pour l'évolution sociale de l'Afrique noire, reçoit le soutien du haut commissaire français Roger Barberot, de la chambre de commerce de Bangui et de Michelle Jourdain, la veuve de Boganda. Deux mois plus tard, Dacko congédie Gomba de son nouveau poste de ministre des finances. Goumba et Pierre Maleombho, l'ancien président de l'assemblée nationale démis de ses fonctions par Dacko, quittent le MESAN et créent un nouveau parti d'opposition, le Mouvement pour l'évolution démocratique de la Centrafrique (MEDAC), le 25 juin 1960. Dans le même temps, le 13 août 1960, le projet de Boganda se réalise avec l'obtention de l'indépendance pour la Centrafrique.

Bibliographie

  • (en) Pierre Kalck, Historical Dictionary of the Central African Republic, Lanham, Maryland: The Scarecrow Press, (ISBN 0-8108-4913-5)
  • Pierre Péan, Bokassa Ier, Paris, Editions Alain Moreau, (OCLC 4488325)
  • (en) Brian Titley, Dark Age: The Political Odyssey of Emperor Bokassa, Montréal, McGill-Queen's University Press, (ISBN 0-7735-1602-6)