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Élisabeth de Hesse-Darmstadt

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Élisabeth Fiodorovna de Russie
Description de l'image Elisabethhesse.gif.

Елизавэта Фёдоровна Романова

Nom de naissance Élisabeth Alexandra Louise Alice de Hesse-Darmstadt(Elisabeth Alexandra Luise Alix von Hessen-Darmstadt)
Alias
Ella
Naissance
Darmstadt
Décès (à 53 ans)
Alapaïevsk, (province de Perm)
Nationalité Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Pays de résidence Russie
Autres activités
Abbesse au monastère des Saintes-Marthe-et-Marie à Moscou
Famille
Signature de Élisabeth Fiodorovna de Russie

Élisabeth de Hesse-Darmstadt (en allemand : Elisabeth von Hessen-Darmstadt ; - ) est une princesse allemande devenue russe par mariage, victime de la Révolution russe, plus connue sous le nom de grande-duchesse Élisabeth. Elle est vénérée comme une sainte martyre par l'Église orthodoxe et fêtée le 18 juillet.

Famille, éducation et mariage

Les quatre filles du grand-duc de Hesse : Irene, Victoria, Elisabeth et Alix (1885)

Seconde fille et second enfant du grand-duc Louis IV de Hesse et de la princesse Alice d'Angleterre, sa famille, dont sa grand-mère la reine Victoria, la surnommait « Ella ».

Le prince consort Albert de Saxe-Cobourg et Gotha pensait promouvoir ses idées libérales dans son Allemagne natale en mariant ses filles avec les souverains germaniques ; Ainsi en 1858 sa fille aînée Victoria avait-elle épousé le prince royal de Prusse; Le mariage de la cadette, Alice, relevait des mêmes dispositions. Cependant, le prince-consort était mort l'année précédente. Tout à son chagrin et constatant, les difficultés rencontrées par sa fille aînée à la cour de Berlin, la reine Victoria abandonna l'entreprise de son défunt mari et ses autres enfants contractèrent des mariages d'inclination.

La princesse Elisabeth devait son prénom à sa glorieuse ancêtre sainte Élisabeth de Hongrie (1204-1231), fille du roi André II de Hongrie et épouse du margrave Louis IV de Thuringe, dont sont issus les grand-ducs de Hesse.

Armoiries d'Élisabeth.

À sa naissance, son grand-oncle Louis III de Hesse règne sur le grand-duché. Il prend parti pour l'Autriche lors de la guerre qui oppose l'Autriche et ses alliés à la Prusse en 1866. Vaincu, il ne doit la survie de son trône qu'à l'entremise du tsar de Russie qui est son beau-frère. Pour les protéger du danger, il a envoyé ses deux petites-nièces aînées de leur grand-mère au Royaume-Uni.

La famille princière loge au palais de Darmstadt où Elisabeth partage jusqu'à leur mariage respectif la chambre de sa sœur aînée Victoria.

En 1871, la Hesse intègre le nouvel Empire Allemand.

En 1875, alors qu'elle n'a que 11 ans, son cousin utérin, le futur Kaiser Guillaume II d'Allemagne, alors adolescent de 16 ans, s'éprend d'elle et souhaite à terme l'épouser, mais bien que ce mariage soit conforme aux règles dynastiques, les deux familles s'y opposent sans raison apparente.

En fait, la grande-duchesse Alice, mère d'Élisabeth, a hérité de sa mère le gène de l'hémophilie et l'a transmis à ses filles et à un de ses fils, Frédéric, mort d'hémorragie après une chute à l'âge de 3 ans en 1873. Elisabeth avait alors neuf ans. Il n'est pas pensable qu'un fils du futur Kaiser - devant forcément exercer le métier des armes - puisse être atteint de ce terrible mal comme le seront les neveux d'Élisabeth, le tsarévitch Alexis, fils de la tsarine Alexandra et du tsar Nicolas II de Russie ou les fils de la princesse Irène et du prince Henri de Prusse.

En 1877 le grand-duc meurt laissant le trône au père d'Elisabeth qui règne sous le nom de Louis IV de Hesse.

En 1878, la princesse Marie, petite sœur d'Élisabeth meurt, victime de la diphtérie. La grande-duchesse Alice qui a veillé sa fille jusqu'au bout a contracté la maladie et la suit dans la tombe. Cet exemple de dévouement chrétien impressionne fortement la jeune adolescente de 14 ans. Désormais, c'est la grand-mère maternelle des petits princes, la puissante reine Victoria, qui veille de Londres sur leur éducation, favorisant parfois les mariages d'amour plutôt que les mariages dynastiques. La princesse Victoria, aînée de la fratrie sert de mère à ses frères et sœurs.

La princesse Élisabeth épouse le 3 juin 1884, au Palais d'Hiver de Saint-Pétersbourg, son cousin le grand-duc Serge Alexandrovitch de Russie, fils cadet du tsar Alexandre II. Le couple n'a pas eu d'enfants.

Biographie

Enfance

La grande-duchesse Élisabeth

Dès sa plus tendre enfance, la princesse Élisabeth avait un profond attachement pour la nature, et portait un grand intérêt aux fleurs. Passionnée d'horticulture, elle planta elle-même des fleurs dans le parc du château[1]. Elle fut éduquée selon la stricte étiquette de la Cour royale d'Angleterre. Son régime alimentaire, sa garde-robe étaient d'une grande simplicité. Les trois filles aînées du grand-duc Louis IV de Hesse-Darmstadt remplissaient différentes tâches ménagères, Ella nettoyait sa chambre, faisait son lit, rangeait ses vêtements, allumait le feu dans la cheminée[2]. Les travaux de couture et la broderie n'avaient aucun secret pour elle. En 1918, l'un des gardes d'Alapaïevsk étonné par son expérience culinaire, lui demanda où elle avait acquis cette habileté, et la princesse répondit qu'elle avait acquis ses connaissances en cuisine dès sa plus jeune enfance à la Cour d'Angleterre[1]. La jeune princesse reçut une éducation très religieuse. Sa mère, la princesse Alice, l'initia très tôt à ses œuvres de charité, et Ella visitait les malades dans les hôpitaux avec sa mère, « Le Seigneur a béni le travail et la pauvreté, » disait la princesse Alice, « mais avant tout l'amour et la compassion pour ton prochain. »[3] Auprès de sa mère, elle apprit donc à panser les malades, à communiquer avec les personnes issues de différentes couches de la société. Au cours de ses visites aux malades, elle apportait un bouquet de fleurs et en les plaçant dans un vase, elle disait « maintenant il faut guérir ! »[4] La princesse Alice était aussi très attentive aux passions de ses enfants, et elle s'évertuait à développer les talents de chacun d'entre eux. Ella se prit de passion pour la peinture et le dessin. Ses parents lui offrirent donc un chevalet, des pinceaux et de la peinture. Son premier tableau représentant un bouquet de violettes dans un vase fut offert à sa mère.

Le 29 mai 1873, la famille de Hesse-Darmstadt fut endeuillée par le décès accidentel du prince Frédéric de Hesse-Darmstadt.

Le 8 août 1878, sa sœur cadette, la princesse Marie de Hesse et du Rhin décéda de la diphtérie. La princesse Alice ayant contracté la diphtérie en soignant ses enfants décéda elle aussi le 14 décembre 1878. Sur son lit de mort, la princesse encouragea Ella à prendre en exemple la vie de sainte Élisabeth de Hongrie qui se consacrait aux pauvres. « Vous portez le nom de la sainte. Elle a choisi la voie de l'abnégation et l'amour du prochain ... »[4] Après le décès de sa mère, l'éducation de la princesse Élisabeth se poursuivit à la Cour de la reine Victoria, sa grand-mère maternelle, ainsi que celle de sa jeune sœur Alix. C'était une enfant très pieuse qui priait chaque jour. Avec le décès de sa mère, l'enfance d'Ella prit fin.

Comme le fut une génération plus tôt une autre Elisabeth, l'impératrice d'Autriche (Sissi), elle aussi prénommée comme la sainte qui était également son ancêtre, la princesse Élisabeth de Hesse-Darmstadt était considérée comme l'une des jeunes princesses les plus belles de son époque. Elle possédait en outre une voix très agréable. Elle repoussa de nombreuses demandes en mariage.

Mariage

La grande-duchesse Élisabeth

En 1883, au cours d'un voyage en Europe occidentale, le grand-duc Serge Alexandrovitch de Russie, frère cadet du tsar Alexandre III, rencontra la jeune princesse Élisabeth alors âgée de dix-neuf ans. Le grand-duc était un cousin germain du père d'Elisabeth. Sa mère, la tsarine Maria Fiodorovna, était une princesse de Hesse-Darsmatadt.

Quelques années plus tôt, en accompagnant celle-ci en séjour en Allemagne, il avait déjà eu l'occasion de rencontrer la jeune Ella, mais c'est pendant ce second séjour que le grand-duc, âgé de 26 ans, porta beaucoup d'intérêts à la jeune princesse allemande, et très vite des liens d'amitié étroits les unirent. La jeune fille lui proposa la visite de son jardin, et le jeune homme lui décrivit la Russie sous la neige. Elle lui remit un petit bouquet de fleurs que le grand-duc plaça soigneusement dans ses Évangiles. Quelque temps plus tard, le grand-duc Serge demanda la main de la princesse Élisabeth qui accéda à sa demande.

La princesse épousa le grand-duc le 3 juin 1884, dans la chapelle du Palais d'Hiver de Saint-Pétersbourg. Le couple vécut dans la propriété d'Ilinskoïe située à l'ouest de Moscou. Pendant leurs séjours à Saint-Pétersbourg, ils vivaient dans un palais situé à l'angle de la Fontanka et de la perspective Nevski. Plus tard, le grand-duc Serge acquit le palais Biélosselsky-Biélozersky qui par la suite prit le nom de Palais Serge[5].

La grande-duchesse, épouse du grand-duc Serge

La grande-duchesse Élisabeth

Très vite, la grande-duchesse se passionna pour sa nouvelle patrie. Elle apprit la langue russe qu'elle maîtrisa rapidement. Elle parlait russe presque sans accent.

En 1888, à l'occasion de la consécration de l'église Sainte Marie-Madeleine construite sur le Mont des Oliviers à Jérusalem, le couple se rendit en Terre sainte. Les Saints Lieux impressionnèrent tant Ella qu'elle émit ce souhait : « Je voudrais être enterrée là ». Son vœu fut respecté en 1920[6].

Le 25 avril 1891, la grande-duchesse, qui était demeurée luthérienne après son mariage, prend la décision de se convertir à l'Orthodoxie et prit le nom d'Élisabeth Fiodorovna (Elizaveta Fiodorovna en russe).

En 1891, son époux fut nommé gouverneur de Moscou. La vie de la grande-duchesse en fut transformée. En raison du poste occupé par son époux, ses soirées étaient consacrées aux réceptions et aux bals. Ses journées étaient employées à la gestion des associations de charité. Elle visitait des hospices de pauvres et des orphelinats. Sur son instance, un hôpital fut construit à Illinskoïe. En 1892, la grande-duchesse fonda la Société bénévole Elizaveta destinée aux mères célibataires. En outre, elle s'occupait de la filiale russe du Comité des Dames de la Croix-Rouge dont elle fut nommée présidente après la mort de son mari (1905).

Pendant la Guerre russo-japonaise, la grande-duchesse, déjà présidente de la Croix-Rouge, organisa un comité chargé de porter assistance aux soldats, dans le grand palais du Kremlin. Ce comité réunissait des dons destinés aux soldats : des bandages, des vêtements, etc. À Port-Arthur, elle fit parvenir aux combattants des icônes, des Évangiles et des livres de prières.

Le couple n'eut pas d'enfant et d'aucuns prétendent que le grand-duc était homosexuel. Quant à Frédéric Mitterrand dans son ouvrage Les Aigles Foudroyés, il le définit « comme un être atteint de névrose et de nature perverse »[7]. Ce mariage ne fut, semble-t-il, jamais consommé[8]. Le couple vécut comme frère et sœur[9]. Élisabeth n'en mena pas moins une vie édifiante d'épouse. Lorsque le grand-duc Paul fut exilé à Paris par Nicolas II, il laissa ses deux enfants, le grand-duc Dimitri et la grande-duchesse Marie, à la grande-duchesse Élisabeth et au grand-duc Serge. Elle s'occupera, après le décès de son époux, d'unir Marie au second fils de Gustave V de Suède, le prince Guillaume, duc de Sudermanie, mais cela se fit sans demander l'avis de la jeune fille.

La grande-duchesse, sœur de la tsarine

En 1894, sa jeune sœur Alix de Hesse-Darmstadt épousa le tsar Nicolas II de Russie, union brillante qui impressionnait jusqu'à leur grand-mère la reine Victoria du Royaume-Uni. Sa jeune sœur devenait la nièce par alliance mais surtout la souveraine d'Ella.

Si Alix dut se convertir pour des raisons politiques à l'orthodoxie et prit le nom d'Alexandra Fiodorovna, elle adopta sincèrement le religion de ses sujets. Cependant sa foi tenait plus de la religion populaire que de la mystique ou de la théologie. La grande duchesse n'eut jamais de réelle influence sur sa sœur, femme angoissée, arrivée en Russie derrière un cercueil (le tsar Alexandre III était mort pendant les fiançailles), qui accordait sa confiance à des charlatans et devint de plus en plus impopulaire.

Assassinat du grand-duc Serge

Le grand-duc Serge et son épouse la grande-duchesse Élisabeth Fiodorovna surnommée « Ella »

En 1905, les révolutionnaires prirent la décision d'assassiner le grand-duc Serge. Comme ils connaissaient la compassion d'Ella pour les pauvres et qu'ils redoutaient les réactions du peuple, ils décidèrent de laisser la vie sauve à la grande-duchesse. C'est aussi à cette même époque, que des lettres anonymes lui furent adressées, pour lui conseiller de ne pas accompagner son époux dans ses déplacements afin de rester en vie. Les terroristes méconnaissaient le caractère énergique d'Ella, car à la réception de ces lettres, elle accompagna son époux à tous ses voyages.

Le 15 février 1905, la famille assista à un concert au théâtre du Bolchoï pour des aides aux organismes de bienfaisance de la Croix-Rouge de la grande-duchesse[10]. Une organisation terroriste connaissant l'itinéraire avait prévu d'assassiner le grand-duc ce jour-là, mais l'un d'entre eux aperçut les enfants dans la voiture, et se ravisa. Il prit la décision de ne pas jeter le mouchoir, signal convenu pour le jet de la bombe par ses camarades. Leur but était d'assassiner le grand-duc, pas de tuer son épouse et ses enfants innocents de sang-froid, ce qui aurait provoqué une vague d'indignation à travers l'Empire et fait reculer la cause révolutionnaire pour des années[11].

Ce 17 février 1905, après avoir déjeuné avec son épouse au Palais Nikolaïevsky, le grand-duc Serge se rendit seul au palais du gouverneur général où il avait encore du travail à faire dans son bureau personnel[12]. Informé du danger, il se rendit malgré tout sans escorte, refusant d'être accompagné par son ordonnance Alexeï, marié et père d'enfants en bas âge, afin de le protéger.

Près de la Tour Nikolskaïa, Ivan Platonovitch Kaliaïev (1877-1905), membre du parti des Combattants socialistes révolutionnaires, fit un pas, jeta sa bombe chargée de nitroglycérine à l'intérieur de la voiture du grand-duc[12]. L'explosion désintégra la voiture, et le grand-duc fut tué sur le coup.

Après l'assassinat de son époux, la grande-duchesse ramassa un à un les restes disséminés sur le sol enneigé. Ce travail macabre terminé, elle revêtit des vêtements de deuil et se rendit seule, de nuit à la prison de Moscou. Avec patience et bonté, elle tenta de convertir l'assassin du grand-duc : « Je vous ai apporté le pardon de Serge Alexandrovitch et je vous demande une chose : le repentir de vos actes ! »[13]. Elle tenta d'obtenir également son repentir, sans succès. Le matin venu, elle demanda avant de quitter la prison la grâce du détenu, mais elle lui fut refusée. Un deuil de quarante jours fut décrété. Au cours de cette période consacrée à la prière pour le repos de l'âme du défunt grand-duc, la grande-duchesse touchant les reliques de saint Alexis se sentit appelée par Dieu[13]. Elle prit la décision de consacrer sa vie à Dieu et aux pauvres.

Fondation du monastère Marthe et Marie

Sculpture de la grande-duchesse Élisabeth d'après une œuvre de Paul Troubetzkoy en 1899.

Peu de temps après l'assassinat de son époux, la grande-duchesse vendit ses bijoux (les bijoux appartenant à la famille impériale furent rendus au Trésor impérial) et ses biens. Avec les fonds récoltés, elle acheta au 34, rue Bolchaïa Ordynka à Moscou quatre maisons avec un vaste jardin. En , elle y fonda le couvent Saintes-Marthe-et-Marie. Les six premières religieuses eurent pour vocation de s'occuper des pauvres de Moscou. Le 10 février 1909, la grande-duchesse quitta le Palais Nikolaïevsky et s'établit avec quelques religieuses au couvent[14]. Ce couvent abritait un hôpital, un orphelinat pour les toutes jeunes filles, un dispensaire, une excellente pharmacie et un bâtiment réservé aux religieuses. Par la suite, seront construites l'église Saintes Marthe-et-Marie et la collégiale de la Bienheureuse Vierge Marie. Élisabeth Fiodorovna fit ériger une petite chapelle pour recevoir le jour venu sa dépouille, dans la collégiale, mais le destin en décida autrement[15]. On organisait en outre au couvent des conférences spirituelles et éducatives au couvent, des entretiens, et des lectures spirituelles, mais également des conférences tenues par la Société impériale de Palestine orthodoxe et par la Société impériale de géographie.

Avec la permission des autorités religieuses, la grande-duchesse avait donc fondé une communauté de religieuses non-cloîtrées - ce qui était exceptionnel à l'époque - dont elle était devenue la mère supérieure (ou grande-mère). La grande-duchesse prononça ses vœux le 15 avril 1910. La tenue de ses religieuses différaient des autres ordres monastiques, car elles étaient vêtues de blanc et portaient un long voile blanc (l'apostolnik - Апостольник), avec une grande croix orthodoxe russe autour du cou. En 1909, la congrégation des sœurs des Saintes-Marthe-et-Marie comprenait six religieuses, en 1910, 17 religieuses, en 1914, leur nombre s'élevait à 97[16].

La vie monastique du couvent des Saintes-Marthe-et-Marie

Le couvent des Saintes-Marthe-et-Marie à Moscou

Les religieuses du couvent des Saintes-Marthe-et-Marie faisaient vœux de chasteté, d'obéissance, et de pauvreté, mais, contrairement aux autres ordres religieux, elles pouvaient quitter le couvent pour visiter les pauvres. Les sœurs du couvent des Saintes-Marthe-et-Marie recevaient un enseignement spirituel, psychologique, méthodologique et une formation médicale. Elles bénéficiaient des enseignements des meilleurs médecins de Moscou, et avaient pour confesseur le père Mitrophane Serbriansky (1870-1948), (en 1919 archimandrite Serge) et le père Evgueni Sinadsky.

Les religieuses du couvent des Saintes-Marthe-et-Marie et leur mère supérieure suivaient strictement la règle des ascètes : la nuit, elles dormaient sur une simple planche de bois et portaient en pénitence sous leurs robes un cilice. Elles s'astreignaient aussi à un jeûne très strict et pratiquaient souvent le végétalisme.

Engagement des religieuses du couvent des Saintes-Marthe-et-Marie

L'engagement des religieuses était de soulager les souffrances humaines.

Les religieuses du couvent des Saintes-Marthe-et-Marie prenaient gratuitement en charge des patients atteints de maladies graves et lorsqu'un patient venait à mourir, la nuit était consacrée à la psalmodie de la prière des morts. La grande-duchesse se rendaient au marché Khitrov (situé entre 1824 et 1950 dans le centre de Moscou), où le taux de criminalité était très élevé. Les religieuses recueillaient les enfants des rues. En raison de leur digne engagement dans la charité, les religieuses étaient fort respectées par les occupants des taudis de Khitrov.

Chaque dimanche, la grande-duchesse ouvrait une école destinée aux ouvriers d'usine, avec une bibliothèque dont les livres étaient distribués gratuitement aux pauvres. En outre, trois cents repas étaient distribués gratuitement aux déshérités et également aux familles nombreuses.

Élisabeth Fiodorovna fut le guide spirituel du prince Félix Youssoupov lorsque celui-ci perdit son frère aîné, Nikolaï, en 1907.

Au cours de la Première Guerre mondiale, la grande-duchesse Élisabeth prêta assistance aux armées russes, en prodiguant des soins aux soldats blessés, mais aussi en rendant visite aux prisonniers allemands, ce qui provoqua des rumeurs l'accusant de trahir la Russie.

La grande-duchesse condamnait fermement l'attitude de Raspoutine qu'elle ne rencontra jamais, provoquant en cela sa rupture avec sa sœur cadette, l'impératrice. En 1917, Ella considérait que l'assassinat du « starets » était un acte patriotique.

Révolution d'Octobre

Elisabeth Fiodorovna

En mars 1917, le gouvernement provisoire de Russie tenta vainement de convaincre la grande-duchesse de quitter son couvent afin de se réfugier au Kremlin. La grande-duchesse Élisabeth refusa toutes les propositions qui auraient pu lui sauver la vie. De son côté, l'empereur Guillaume II d'Allemagne, après avoir permis à Lénine et à ses partisans de rentrer en Russie, tenta à plusieurs reprises de sauver la grande-duchesse Élisabeth dont il avait dans sa jeunesse convoité la main en vain (Féru de marine, il avait également baptisé l'un de ses yachts du nom de la princesse).

Après la Révolution d'Octobre 1917, les religieuses du monastère des Saintes-Marthe-et-Marie ne furent pas inquiétées.

Exil à Perm

En , la grande-duchesse fut arrêtée et exilée à Perm. Avant de quitter le monastère, elle bénit les religieuses en larmes. Seules, la sœur Varvara Yakovleva et la sœur Catherine Yanytcheva suivirent la grande-duchesse dans son exil.

Exil à Ekaterinbourg

En , la grande-duchesse et les deux religieuses furent transférées au monastère Novo-Tikhvine[17] à Ekaterinbourg situé non loin de la Maison Ipatiev où sa sœur l'impératrice était retenue prisonnière avec son époux et ses enfants. Peu de temps après, Élisabeth Fiodorovna et les deux religieuses rejoignirent les princes Ioann, Constantin, et Igor de Russie, ainsi que le prince Vladimir Pavlovitch Paley, le grand-duc Serge Mikhaïlovitch et son secrétaire personnel Fiodor Semionovitch détenus à l'hôtel Atamanovka depuis le 3 mai 1918. Cet immeuble où furent incarcérés la grande-duchesse et ses compagnons d'exil était sale et les détenus étaient logés dans une seule chambre. La grande-duchesse y fit la connaissance du jeune prince Vladimir Paley, neveu de son époux et issu du mariage morganatique du grand-duc Paul et de son épouse Olga Valerianovna, princesse Paley, qui était fort douée et avait passé toute sa jeunesse en France en exil. Avant la Révolution russe, elle avait pourtant éprouvé une certaine hostilité envers la mère du prince et ses enfants. La grande-duchesse, qui, quelques années auparavant, s'était naturellement opposée au mariage morganatique du grand-duc Paul, se prit d'affection pour son neveu morganatique.

Exil à Alapaïevsk

Après deux semaines de détention à Ekaterinbourg, ville minière de l'Oural, le Soviet régional de l'Oural décida le transfert des détenus. Le 20 mai 1918, la grande-duchesse et les autres détenus arrivèrent en gare d'Alapaïevsk, petite bourgade minière de l'Oural située sur la rivière Neiva à quelques verstes d'Ekaterinbourg. Les détenus furent acheminés vers leur dernier lieu de détention, l'école désaffectée Napolnaïa, petite bâtisse de briques rouges construite à la périphérie de la ville. (cette bâtisse existe toujours). À leur arrivée, leurs gardes distribuèrent à chacun des détenus une carte d'identité leur permettant de circuler librement dans la ville, et lorsque l'un d'entre eux quittait l'école, il devait en informer la garde. Ils pouvaient ainsi se rendre librement à l'église, et étaient autorisés à correspondre avec leurs proches[18].

Le 21 juin 1918, le régime carcéral de la grande-duchesse et des autres détenus se durcit brusquement. Les personnes chargées de leur surveillance, le Conseil des travailleurs et les délégués des paysans et la Commission spéciale d'enquête d'Alapaïevsk se saisirent de presque tous leurs objets personnels : chaussures, vêtements, literie, argent et autres objets de valeur, ne leur laissant que le strict nécessaire. Les promenades en ville leur furent interdites, les rations alimentaires diminuées[19]. Il leur fut interdit en outre d'écrire des lettres et même de recevoir de la correspondance. Les Bolcheviks renvoyèrent la religieuse Ekaterina Yanycheva, deux valets de chambre, et le docteur Sergueï Mikhaïlovitch Helmersen[13]. Parmi les rares lettres adressées à sa mère, le prince Paley décrivit leurs conditions d'exilés : ils dormaient à même le sol, mais pouvaient se déplacer à leur guise, pour subvenir à leurs besoins ; ils cultivaient un jardinet pour leur permettre de ne pas mourir de faim. Chaque soirée était consacrée à la prière. Les détenus se réunissaient dans une pièce et priaient avec la grande-duchesse et le prince Ioann[20].

Élisabeth Fiodorovna fit preuve d'un grand courage et d'une grande abnégation en soutenant ses compagnons d'infortune pendant sa détention.

Assassinat de la grande-duchesse Élisabeth

Modèle:À vérifier/biographie

La Portrait de la grande-duchesse en religieuse

Tard dans la nuit du 18 juillet 1918, les Bolcheviks amenèrent deux charrettes près de l'école, puis réveillèrent la grande-duchesse et la sœur Varvara, vint ensuite le tour des hommes. Les révolutionnaires bandèrent les yeux et lièrent les mains de chaque détenu. Les gardes rouges firent monter la grande-duchesse et son amie dans la première charrette, dans la seconde, les jeunes princes Constantinovitch et le prince Paley, le grand-duc Serge Mikhaïlovitch et son secrétaire. Arrivées à proximité du puits de mine Selimskaïa les charrettes s'immobilisèrent, et les gardes rouges firent descendre les prisonniers. Les révolutionnaires disposèrent une planche au-dessus du puits de mine d'une profondeur de 15 mètres puis un à un les prisonniers furent amenés sur ce pont de fortune. Les gardes rouges assénèrent alors un coup derrière la tête de chaque victime et les jetèrent vivants dans le vide, à l'exception du grand-duc Serge qui, se débattant, fut tué d'une balle dans la tête avant d'être à son tour jeté dans les profondeurs du puits. La première victime jetée dans le puits de mine fut la grande-duchesse qui, se signant, dit à haute voix : « Seigneur, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font »[21] Dans leur chute, certains heurtèrent des troncs d'arbres disposés dans la mine en guise d'étais. La chute n'ayant pas été fatale, les bourreaux tentèrent de les achever en jetant de gros morceaux de bois et des grenades au fond du puits. Certaines victimes comme la grande-duchesse et le prince Ioann ne survécurent pas à leur chute, d'autres moururent après une longue agonie.

En plus de la grande-duchesse Élisabeth font partie des victimes :

Modèle:Message galerie

Après l'assassinat

La remontée des corps de suppliciés d'Alapaïevsk

Les dépouilles de la grande-duchesse Élisabeth (à droite), du prince Ioann Constantinovitch de Russie (à gauche)

Malgré cette tentative, les victimes étaient encore en vie. Après le départ des bolcheviks, un homme des environs s'approcha discrètement du puits et entendit un chant religieux s'élevant des profondeurs du puits.[réf. nécessaire]

Le 27 septembre 1918, l'armée de l'amiral Koltchak, commandant l'Armée blanche prit la ville d'Alapaïevsk et le 6 octobre 1918, le policier T. Malchikov donna l'ordre de rechercher les cadavres. Suivant les témoignages des habitants d'Alapaïevk, les investigations pour retrouver les corps furent entreprises autour des puits de mine. Le 19 octobre 1918, ils retrouvèrent une casquette ayant appartenu à l'un des princes, puis le lendemain, ils retrouvèrent le lieu du supplice. Pendant quatre jours, ils remontèrent un à un les corps des malheureuses victimes[22].

  • Le 21 octobre 1918 : la dépouille de Fiodor Semionovitch Remez, secrétaire du grand-duc Serge Mikhaïlovitch de Russie ;
  • Le 22 octobre 1918 : les dépouilles de sœur Varvara Yakovleva et du prince Vladimir Pavlovitch Paley ;
  • Le 23 octobre 1918 : les dépouilles des princes Constantin et Igor de Russie et du grand-duc Serge Mikhaïlovitch ;
  • Le 24 octobre 1918 : les dépouilles de la grande-duchesse Élisabeth et du prince Ioann de Russie.

Le pouce, l'index et le majeur de la main du prince Ioann Constantinovitch, de la grande-duchesse Élisabeth Fiodorovna et de son amie, sœur Varvara étaient joints pour le signe de croix[23] (dans la religion orthodoxe on se signe avec le pouce, l'index et le majeur, ils représentent la Sainte Trinité).

Autopsie et examen médico-légal des corps des suppliciés d'Alapaïevsk

Après avoir retiré les corps des suppliciés de la mine, ils furent soumis à un examen médical et à une minutieuse autopsie.

« Sur les personnes remontées de la mine, seul le grand-duc Serge Mikhaïlovitch de Russie a une blessure par balle, qui est située à l'arrière de la tête au bas de la nuque. Les autres victimes ont été jetées vivantes dans la mine et sont mortes de faim ou des suites de leurs blessures dues à une chute sur les parties saillantes des arbres, utilisés comme étais du puits de mine. En dépit de son long séjour au fond du puits de mine inondé, le corps de la grande-duchesse Élisabeth Fiodorovna a été retrouvé intact. Le visage de la grande-duchesse avait conservé l'expression d'un sourire, sa main droite avait conservé le geste d'une bénédiction. Le corps du prince Ioann Constantinovitch de Russie était, quant à lui, soumis à un degré plus ou moins grand de décomposition »[24].

Lors de la remontée des corps des suppliciés d'Alapaïevsk, il fut constaté que certaines victimes étaient mortes presque immédiatement, tandis que d'autres étaient mortes de faim ou des suites de leurs blessures[25]. Ainsi le prince Ioann était tombé près de la grande-duchesse et, comme il était blessé au cou, elle pansa la blessure du prince avec son voile. Le prince Paley fut retrouvé dans une position assise. Des paysans des environs, qui s'étaient approchés du puits de mine, avaient entendu un chant religieux s'élever des profondeurs[26].

Après avoir lavé et enveloppé les corps de linceuls blancs, les dépouilles des victimes furent placées dans des cercueils dont l'intérieur était recouvert de tôle ondulée. Elles furent transportées, après un office religieux dans la crypte de la cathédrale de la Sainte-Trinité[27].

Le médecin responsable des autopsies sur les victimes d'Alapaïevsk conclut à différentes causes de décès selon les victimes :

  • Fiodor Semionovitch Remez décéda d'une hémorragie de la cavité pleurale et de la dure-mère ;
  • Le grand-duc Serge Mikhaïlovitch fut blessé par une balle de revolver venue se loger sous la dure-mère, et les tissus cérébraux furent détruits provoquant ainsi une mort instantanée.
  • Le prince Ioann présentait des blessures aux deux cavités pleurales et à la dure-mère, causées soit lors du coup donné par les Bolcheviks avant sa chute, soit par un objet (étai) heurté pendant sa chute dans le puits de mine ;
  • Le prince Constantin décéda des suites d'une hémorragie des cavités pleurales et de la dure-mère, causée par le coup asséné par les gardes rouges ; la première par un objet (étai) heurté au cours de sa chute dans le puits ;
  • Élisabeth Fiodorovna décéda des suites d'une hémorragie de la dure-mère due au coup asséné par les révolutionnaires avant sa précipitation dans le puits ou par la rencontre d'une objet (étai) lors de sa chute ;
  • Le prince Vladimir Paley décéda des suites d'une hémorragie de la dure-mère, du cerveau et de la zone pleurale, causée par un objet (étai) rencontré lors de sa chute dans le puits de mine ;
  • Le prince Igor décéda des suites d'une hémorragie située sous la dure-mère, les os de la boîte crânienne et de sa base étant en grande partie détruits. En outre une blessure de la cavité péritonéale et de la cavité pleurale provoqua une grave hémorragie, due au coup asséné par les gardes rouges ou par des objets (étais) rencontrés lors de sa chute dans le puits de mine ;
  • Varavara Yakovleva décéda d'une blessure importante à la dure-mère, causée par un coup de bâton asséné par les Bolcheviks ou par des objets (étais) rencontrés lors de sa chute dans le puits de mine[18].

Le long voyage des dépouilles des victimes d'Alapaïevsk

Monastère de Pokrovsky à Tchita

En , devant l'avancée des troupes de l'Armée rouge, les soldats de l'Armée blanche craignant une profanation des dépouilles des victimes d'Alapaïevsk prirent la décision d'enlever les corps des suppliciés. L'abbé Seraphim (Kouznetzov) (1873-1959) du monastère Saint-Nicolas Belogorski à Ekaterinbourg, le général Mikhaïl Konstantinovitch Dieterichs (1874-1937) en informèrent l'amiral Alexandre Koltchak, chef du Mouvement blanc de l'Est de la Russie qui accorda sa permission. Ce 14 juillet 1919, les huit cercueils furent placés dans un wagon en partance pour Tchita. L'abbé Seraphim (Kouznetzov) et deux novices accompagnèrent les restes des suppliciés d'Alapaïevsk[28]. Les cercueils arrivèrent en gare de Tchita le 30 août 1919 et furent transportés au couvent Pokrovsky par l'ataman des Cosaques du Baïkal, Grigori Mikhaïlovitch Semionov (1890-1946), puis furent posés sur le plancher de la cellule de l'abbé Seraphim. Le 5 mars 1920, les huit cercueils furent retirés sur ordre du général Dieterichs, et transportés en Chine. Avant la gare de Hailar, le train où avaient pris place l'abbé Seraphim et les huit cercueils fut arrêté par des troupes Bolcheviks qui venaient de s'emparer de la ville. « Ils voulaient ouvrir le cercueil de Ioann Constantinovitch. Mais le commandant chinois envoya ses troupes qui se saisirent du train au moment même où les Rouges allaient enfoncer le premier cercueil. À partir de ce moment, j'étais sous la protection des autorités militaires chinoises et japonaises qui me traitèrent avec sympathie, ils restèrent sur place et m'accompagnèrent jusqu'à Pékin.... » Mémoires de l'abbé Seraphim (Kouznetzov)[28] En mars 1920, les huit cercueils arrivèrent à Harbin, et furent accueillis par l'évêque du Kamtchatka, le métropolite Nestor (Anissimov) (1885-1962). Un peu plus tard le secrétaire d'ambassade de Russie à Tokyo Koudachev (1868-1925) arriva sur place pour faire ouvrir les cercueils en sa présence, afin de procéder à l'identification des corps. Plus tard, le prince Koudachev témoigna du mauvais état de conservation des corps à l'exception de la dépouille de la grande-duchesse.

Le 8 avril 1920, le train quitta Harbin pour Moukden, et arriva à Pékin le 13 avril 1920. L'archevêque Innokenti (Figourovsky), chef de la Mission orthodoxe russe de Pékin prévenu par l'archevêque d'Orenbourg Mefodi (Guerassimov) entama les discussions sur l'inhumation des suppliciés d'Alapaïevsk. Les huit cercueils furent donc transportés le 16 avril 1920 à la mission orthodoxe russe puis scellés, après un service funèbre. Les victimes furent inhumées au cimetière de l'église Saint-Séraphin de Sarov de Pékin. Quelque temps plus tard, l'ataman Grigori Mikhaïlovitch Semionov fournit des fonds pour construire une crypte dans laquelle les victimes d'Alalapïevsk furent inhumées.

La mission orthodoxe de Pékin

Un mystérieux message de Pékin parvint à Londres ; cette missive était destinée à la marquise Milford-Haven, sœur aînée de la grande-duchesse Élisabeth. Ce message indiquait que plusieurs cercueils se trouvaient en Chine à la frontière russe. Vers 1920, les soldats de l'armée blanche avaient traversé toute la Sibérie avec les cercueils de la grande duchesse Élisabeth et du prince Paley et ceux d'autres membres de la famille impériale. Sa sœur, après un long voyage, identifia les deux corps.

Respectant le vœu de sa sœur, la marquise fit transporter en novembre 1920 son cercueil et celui de son amie, la religieuse Varvara Yakovleva à Tien-tsin. Ensuite les corps partirent de Shanghai par mer jusqu'à Port-Saïd, via le canal de Suez, puis à Jérusalem, accompagnés de l'abbé Seraphin[29]. La marquise de Milford Haven et son époux accueillirent les cercueils avec leur fille Louise, à Port-Saïd, le 28 janvier 1921. À Jérusalem, les dépouilles furent accueillies solennellement par les clergés orthodoxes russe et grec, par des représentants musulmans et par une grande assemblée d'émigrés russes.

Les corps des martyrs d'Alapaïevsk furent transportés à Gethsémani. Après deux jours de prières funèbres, les cercueils de la grande-duchesse et de son amie furent placés dans une crypte de l'église. Un doigt de son époux, le grand-duc Serge Alexandrovitch et une mèche de cheveu du tsarévitch martyr Alexis furent déposés dans le cercueil de la grande-duchesse[30].

Après la canonisation de la grande-duchesse et de son amie, sœur Varvara Yakovleva, par l'Église orthodoxe russe de l'étranger (1er mai 1982), leurs reliques furent transférées dans l'église[31].

Canonisation

L'église Sainte Marie-Madeleine à Jérusalem

En 1981, la grande duchesse Élisabeth de Russie fut canonisée comme nouvelle martyre par l'Église orthodoxe russe de l'étranger. En 2000, après bien des débats l'Église orthodoxe de Russie déclara la grande-duchesse martyre de l'oppression de l'Union soviétique, elle fut canonisée comme la nouvelle martyre Élisabeth.

Le reliquaire contenant les saintes reliques de la grande-duchesse Élisabeth en l'église Sainte-Marie-Madeleine à Jérusalem

L'Église orthodoxe en Russie déclara la grande-duchesse Élisabeth de Russie victime de l'oppression soviétique, elle fut canonisée en 1992 par l'Église orthodoxe russe. Selon le calendrier orthodoxe russe, sainte Élisabeth Féodorovna de Russie est fêtée le 18 juillet (5 juillet, selon l'ancien calendrier).

Réhabilitation

Le 6 juin 2009, le Parquet général de Russie a annoncé la réhabilitation de la grande-duchesse Élisabeth et des cinq autres membres de la famille impériale assassinés par les Bolcheviks lors de la Révolution russe[32].

Transfert de certaines reliques d'Élisabeth et de sœur Varvara

Le transfert de certaines reliques de la grande duchesse et de la religieuse Varvara intervint le 7 septembre 2009 et on effectua le prélèvement de certains de leurs ossements en , en l'église Sainte-Marie-Madeleine à Jérusalem (deux os des épaules). Les saintes reliques furent déposées dans un reliquaire en bois de cyprès et transférées au couvent des Saintes-Marthe-et-Marie de Moscou[33].

Recherche des dépouilles des suppliciés d'Alapaïevsk

Le 23 juin 2009, le représentant de la famille Romanov en Russie envisage le retour des dépouilles des suppliciés d'Alapaïevsk en Russie. Les historiens chinois et russes travaillent conjointement pour situer l'emplacement exact de l'église où furent inhumés en 1957 les restes des princes Ioann, Igor et Konstantin, du prince Paley et du grand-duc Serge Mikhaïlovitch et de son secrétaire[34].

Reliques de la Grande-duchesse

À Bruxelles, le 26 juin 2011, l'Église orthodoxe russe fêta Tous les Saints (calendrier julien), en ce jour, en la cathédrale orthodoxe russe Saint-Nicolas, une icône-reliquaire de la Sainte martyre Élisabeth Fiodorovna de Russie fut bénie. L'image sainte représentant la Grande-duchesse fut peinte par des religieuses du monastère orthodoxe de Sainte-Élisabeth située à Minsk en Biélorussie, au bas de l'icône fut déposée la sainte relique représentant une croix taillée dans le premier cercueil où fut déposée le corps de la princesse martyre.europe.orthodoxe.over.blog.com

Hommages

Le monastère Sainte-Elizaveta à Minsk

Le 24 septembre 1884, le grand-duc Constantin écrivit un poème dédié à la grande-duchesse[35].

En Biélorussie, en Ukraine et en Russie, plusieurs monastères orthodoxes russes portent le nom de la grande-duchesse Élisabeth. On trouve ainsi un monastère Sainte-Élisabeth à Alapaïevsk, à Jovtnevoïe, à Kaliningrad et à Minsk.

La grande-duchesse Élisabeth fait partie des dix Martyrs de l'abbaye de Westminster.

Inspiration

La grande-duchesse Élisabeth et Ivan Kaliaïev, l'assassin de son mari, sont des protagonistes de la pièce d'Albert Camus, Les Justes, dans laquelle il prend fait et cause pour les défenseurs du tsarisme face au "manque d'humanisme" des révolutionnaires russes.

Notes et références

  1. a et b www.greatwomen.com.ua
  2. www.tonnel.ru
  3. romanov-murman.narod.ru
  4. a et b romanov-murman.narod.ru
  5. Christopher Warwick, Ella, princesse sainte et martyre, page 118.
  6. romanov-murman.narod.ru
  7. Frédéric Mitterrand, Les Aigles foudroyés, page 89
  8. Frédéric Mitterrand, Les Aigles foudroyés, page 89 - page 141
  9. Saint-Martyr grande-duchesse Elisabeth
  10. Andreï Maylunas et Sergueï Mironenko Une passion de toujours : Nicolas et Alexandra page 258
  11. John van der Kiste, Les Romanov, 1818-1959
  12. a et b Bruce W. Lincoln, Les Romanov Autocrates de toutes les Russies
  13. a b et c romanov-murman.narod.ru
  14. romanov.murman.narod.ru
  15. www.tonnel.ru
  16. www.tonnel.ru
  17. tyrlevo.orthodoxy.ru
  18. a et b www.nik2.ru www.nik2.ru
  19. www.ptavenc.ru
  20. rys-arhipelag.ucoz.ru
  21. palomnic.org
  22. pravaya.ru
  23. dev.rusk.ru
  24. Journal d'Alalapaïevsk// Journal russe Paris 1924. N° 51
  25. Matveïev, La Tragédie d'Alapaïevsk selon les données des archives du grand-duc André Vladimirovitch de Russie, Paris, 1934 - n) 34 (485)
  26. www.svelizaveta.ru
  27. pravay.ru
  28. a et b pravaya.ru
  29. www.pravenc.ru
  30. www.pravaya.ru
  31. www.pravenc.ru
  32. www.ng.ru
  33. www.rian.ru
  34. www.orthodox.cn
  35. www.pravoslavie.ru

Bibliographie et sources

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes